« Gabriel Fauré » : différence entre les versions

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* ''[[Nocturnes (Fauré)|Nocturnes]]'' (1883-1921)
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* ''[[Cantique de Jean Racine (Fauré)|Cantique de Jean Racine]]'' (1865)
* ''[[Cantique de Jean Racine (Fauré)|Cantique de Jean Racine]]'' (1865)
:: '''[[Liste des œuvres de Gabriel Fauré]]'''
:: '''[[Liste des œuvres de Gabriel Fauré]]'''
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== Biographie ==
== Biographie ==
Gabriel Fauré est le fils de Toussaint-Honoré Fauré, instituteur à Pamiers, puis directeur de l’école normale d'instituteurs de Foix à Montgauzy, et de Marie-Antoinette-Hélène Lalène-Laprade. Il est placé chez une nourrice, puis, en 1854, il quitte la maison familiale de [[Pamiers|Foix]] ([[Ariège (département)|Ariège]]), et part pour [[Paris]] étudier à l’[[École Niedermeyer de Paris|École Niedermeyer]], école de musique classique et religieuse, qui formait alors des organistes d’église, des [[chef de chœur|chefs de chœur]] et des [[maître de chapelle|maîtres de chapelle]]. Il y étudie onze années et y obtient un {{1er|grand}} prix de piano, un {{1er|grand}} prix de composition et un {{2e|grand}} prix d'Harmonie. Plusieurs musiciens de premier plan, dont [[Camille Saint-Saëns]] qui lui présente la musique des compositeurs contemporains de l’époque ([[Robert Schumann]], [[Franz Liszt]]) et son directeur [[Gustave Lefèvre]], seront ses maîtres. Il est d'abord organiste de l'[[Basilique Saint-Sauveur de Rennes|église Saint-Sauveur]] de Rennes à partir de 1865.
Gabriel Fauré est le fils de Toussaint-Honoré Fauré, instituteur à Pamiers, puis directeur de l’école normale d'instituteurs de Foix à Montgauzy, et de Marie-Antoinette-Hélène Lalène-Laprade. Il est placé chez une nourrice, puis, en 1854, il quitte la maison familiale de [[Pamiers|Foix]] ([[Ariège (département)|Ariège]]), et part pour [[Paris]] étudier à l’[[École Niedermeyer de Paris|École Niedermeyer]], école de musique classique et religieuse, qui formait alors des organistes d’église, des [[chef de chœur|chefs de chœur]] et des [[maître de chapelle|maîtres de chapelle]]. Il y étudie onze années et y obtient un {{1er|grand}} prix de piano, un {{1er|grand}} prix de composition et un {{2e|grand}} prix d'harmonie. Plusieurs musiciens de premier plan, dont [[Camille Saint-Saëns]] qui lui présente la musique des compositeurs contemporains de l’époque ([[Robert Schumann]], [[Franz Liszt]]) et son directeur [[Gustave Lefèvre]], seront ses maîtres. Il est d'abord organiste de l'[[Basilique Saint-Sauveur de Rennes|église Saint-Sauveur]] de Rennes à partir de 1865.


[[Image:Faure gabriel 1860.jpg|vignette|upright|gauche|alt=Portrait (photographie) de Gabriel Fauré, vers 1860|Gabriel Fauré vers 1860, photographie anonyme.]]
[[Fichier:Faure gabriel 1860.jpg|vignette|upright|gauche|alt=Portrait (photographie) de Gabriel Fauré, vers 1860|Gabriel Fauré vers 1860, photographie anonyme.]]


En 1870, Fauré s’engage dans l’armée et prend part aux combats pour lever le [[Siège de Paris (1870)|siège de Paris]] lors de la [[Guerre franco-prussienne]]. Pendant la [[Commune de Paris (1871)|Commune de Paris]], il demeure à [[Rambouillet]] et en [[Suisse]], où il enseigne à l’École Niedermeyer qui y avait été déplacée. Il retourne à Paris en octobre 1871 et tient l'orgue de chœur à l’[[Église Saint-Sulpice de Paris|église Saint-Sulpice]] tout en participant régulièrement au salon de Saint-Saëns et de la célèbre chanteuse [[Pauline Garcia-Viardot]]. Il y rencontre les principaux musiciens parisiens de l’époque et forme avec eux la [[Société nationale de musique]].
En 1870, Fauré s’engage dans l’armée et prend part aux combats pour lever le [[Siège de Paris (1870)|siège de Paris]] lors de la [[Guerre franco-prussienne]]. Pendant la [[Commune de Paris (1871)|Commune de Paris]], il demeure à [[Rambouillet]] et en [[Suisse]], où il enseigne à l’École Niedermeyer qui y avait été déplacée. Il retourne à Paris en octobre 1871 et tient l'orgue de chœur à l’[[Église Saint-Sulpice de Paris|église Saint-Sulpice]] tout en participant régulièrement au salon de Saint-Saëns et de la célèbre chanteuse [[Pauline Garcia-Viardot]]. Il y rencontre les principaux musiciens parisiens de l’époque et forme avec eux la [[Société nationale de musique]].
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En 1874, Fauré arrête de travailler à Saint-Sulpice et remplace Saint-Saëns, qui est souvent absent, à l’[[église de la Madeleine]]. Quand [[Théodore Dubois]] devient titulaire du grand orgue en 1877, Fauré devient [[maître de chapelle]] (maître du chœur, qu'il dirige). À la même époque, il se fiance avec Marianne Viardot, la fille de Pauline, mais ces fiançailles sont rompues par Marianne à la fin octobre. Malheureux, il voyage à [[Weimar]], où il rencontre [[Franz Liszt|Liszt]], et à [[Cologne]] pour y assister aux productions de ''[[L'Anneau du Nibelung]]'' de [[Richard Wagner]]. Si Fauré admire Wagner, il est néanmoins l'un des rares compositeurs de sa génération à ne pas tomber sous son influence.
En 1874, Fauré arrête de travailler à Saint-Sulpice et remplace Saint-Saëns, qui est souvent absent, à l’[[église de la Madeleine]]. Quand [[Théodore Dubois]] devient titulaire du grand orgue en 1877, Fauré devient [[maître de chapelle]] (maître du chœur, qu'il dirige). À la même époque, il se fiance avec Marianne Viardot, la fille de Pauline, mais ces fiançailles sont rompues par Marianne à la fin octobre. Malheureux, il voyage à [[Weimar]], où il rencontre [[Franz Liszt|Liszt]], et à [[Cologne]] pour y assister aux productions de ''[[L'Anneau du Nibelung]]'' de [[Richard Wagner]]. Si Fauré admire Wagner, il est néanmoins l'un des rares compositeurs de sa génération à ne pas tomber sous son influence.


Pendant sa jeunesse, Fauré était très heureux, mais la rupture de ses fiançailles, et ce qu’il perçoit comme un manque de reconnaissance musicale le mènent à la [[Dépression (médecine)|dépression]], qu’il qualifie de «spleen».
Pendant sa jeunesse, Fauré était très heureux, mais la rupture de ses fiançailles, et ce qu’il perçoit comme un manque de reconnaissance musicale le mènent à la [[Dépression (médecine)|dépression]], qu’il qualifie de « spleen ».


[[Image:Fauré-fremiet marie.jpg|vignette|upright|gauche|alt=Marie Fremiet, épouse de Gabriel Fauré|Marie Fremiet, épouse de Gabriel Fauré, photographie anonyme.]]
[[Fichier:Fauré-fremiet marie.jpg|vignette|upright|gauche|alt=Marie Fremiet, épouse de Gabriel Fauré|Marie Fremiet, épouse de Gabriel Fauré, photographie anonyme.]]
En 1883, Fauré épouse Marie Frémiet (1856-1926)<ref>{{Lien web |langue=fr |auteur=Mairie du 16e arrondissement de Paris |titre=Acte de mariage n° 126 du 27/03/1883 photo 4/31 V4E 7283 |url=http://archives.paris.fr/arkotheque/visionneuse/visionneuse.php?arko=YTo2OntzOjQ6ImRhdGUiO3M6MTA6IjIwMjEtMTAtMzAiO3M6MTA6InR5cGVfZm9uZHMiO3M6MTE6ImFya29fc2VyaWVsIjtzOjQ6InJlZjEiO2k6NDtzOjQ6InJlZjIiO2k6MjM4MTMyO3M6MTY6InZpc2lvbm5ldXNlX2h0bWwiO2I6MTtzOjIxOiJ2aXNpb25uZXVzZV9odG1sX21vZGUiO3M6NDoicHJvZCI7fQ==#uielem_move=-559%2C-11&uielem_rotate=F&uielem_islocked=0&uielem_zoom=292 |site=Archives de Paris |consulté le=30/10/2021}}</ref> (fille du sculpteur [[Emmanuel Frémiet]]), avec qui il a [[Emmanuel Fauré-Fremiet|deux fils]]. Pour subvenir aux besoins de sa famille, il assure les services quotidiens à l’église de la Madeleine et donne des leçons de piano et d’harmonie. C’est seulement l’été qu’il a le temps de composer. Il tire peu d’argent de ses compositions. Durant cette période, il écrit plusieurs œuvres importantes, de nombreuses pièces pour piano et des [[Mélodie (genre)|mélodies]], mais les détruit pour la plupart après quelques présentations et n’en retient que quelques éléments pour en réutiliser les motifs. [[Élégie (Fauré)|L'Elégie]] est interprétée par [[Jules Loeb]] le jour de ses 38 ans, à la [[Société nationale de musique]] de Paris.
En 1883, Fauré épouse Marie Frémiet (1856-1926)<ref>{{Lien web |langue=fr |auteur=Mairie du {{16e}} arrondissement de Paris |titre=Acte de mariage {{|126}} du 27/03/1883 photo 4/31 V4E 7283 |url=http://archives.paris.fr/arkotheque/visionneuse/visionneuse.php?arko=YTo2OntzOjQ6ImRhdGUiO3M6MTA6IjIwMjEtMTAtMzAiO3M6MTA6InR5cGVfZm9uZHMiO3M6MTE6ImFya29fc2VyaWVsIjtzOjQ6InJlZjEiO2k6NDtzOjQ6InJlZjIiO2k6MjM4MTMyO3M6MTY6InZpc2lvbm5ldXNlX2h0bWwiO2I6MTtzOjIxOiJ2aXNpb25uZXVzZV9odG1sX21vZGUiO3M6NDoicHJvZCI7fQ==#uielem_move=-559%2C-11&uielem_rotate=F&uielem_islocked=0&uielem_zoom=292 |site=Archives de Paris |consulté le=30/10/2021}}</ref>, fille du sculpteur [[Emmanuel Frémiet]], avec qui il a [[Emmanuel Fauré-Fremiet|deux fils]]. Pour subvenir aux besoins de sa famille, il assure les services quotidiens à l’église de la Madeleine et donne des leçons de piano et d’harmonie. C’est seulement l’été qu’il a le temps de composer. Il tire peu d’argent de ses compositions. Durant cette période, il écrit plusieurs œuvres importantes, de nombreuses pièces pour piano et des [[Mélodie (genre)|mélodies]], mais les détruit pour la plupart après quelques présentations et n’en retient que quelques éléments pour en réutiliser les motifs. [[Élégie (Fauré)|L'Élégie]] est interprétée par [[Jules Loeb]] le jour de ses 38 ans, à la [[Société nationale de musique]] de Paris.


En 1885, il est lauréat du [[prix Chartier]] de l'[[Académie des beaux-arts (France)|Académie des beaux-arts]] qui couronne sa production de [[musique de chambre]]<ref>{{Lien web|langue=FR|titre=La Chronique des arts et de la curiosité : supplément à la Gazette des beaux-arts|url=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k63440824/f5.item|site=Gallica|date=1885-06-13|consulté le=2020-04-11}}</ref>.
En 1885, il est lauréat du [[prix Chartier]] de l'[[Académie des beaux-arts (France)|Académie des beaux-arts]] qui couronne sa production de [[musique de chambre]]<ref>{{Lien web|langue=FR|titre=La Chronique des arts et de la curiosité : supplément à la Gazette des beaux-arts|url=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k63440824/f5.item|site=Gallica|date=1885-06-13|consulté le=2020-04-11}}</ref>.


En 1886, il fait la connaissance de la [[comtesse Greffulhe]], par l'intermédiaire de [[Robert de Montesquiou]]. Dès lors, celle-ci lui apporte un soutien actif. Elle l'associe à la création de la Société des grandes auditions musicales, en 1890. Elle fait jouer ses œuvres et l'invite régulièrement en villégiature à Dieppe. Il l'appelle «Madame ma Fée», «mon roi de Bavière», et l'initie à la musique de Wagner. Il lui dédie sa ''[[Pavane (Fauré)|Pavane]]'', véritable «portrait musical» et lui en offre la partition<ref>{{Ouvrage |langue= |auteur1=Laure Hillerin |titre=La comtesse Greffulhe, L'ombre des Guermantes |lieu= |éditeur=Flammarion |année=2014 |passage=139-147 |pages totales= |isbn= }}</ref>. La chance lui sourit enfin. Dans les années 1890, il voyage à [[Venise]], où il rencontre des amis et écrit plusieurs œuvres. En 1892, il devient inspecteur des conservatoires de musique en province, ce qui signifie qu’il n’a plus à enseigner à des jeunes garçons ou à des adolescents. Cette même année, il fait la rencontre d'[[Emma Bardac]], qui deviendra l'épouse de [[Claude Debussy]] en 1908. Gabriel Fauré et Emma Bardac entament une liaison, dont résulte la [[Dolly (Fauré)|''suite Dolly'']], dédiée à Hélène Bardac, dont le surnom était Dolly, ainsi que [[La Bonne Chanson (Fauré)|''La Bonne Chanson'']], d'après [[La Bonne Chanson (Verlaine)|l'œuvre éponyme]] de [[Paul Verlaine]], qu'il dédie directement à Emma Bardac<ref>{{Lien web |langue=en-US |nom=Interlude |titre=Why was Debussy such a shockingly terrible husband ? |url=https://interlude.hk/debussys-wives/ |date=2018-03-21 |consulté le=2023-06-02}}</ref>.
En 1886, il fait la connaissance de la [[comtesse Greffulhe]] par l'intermédiaire de [[Robert de Montesquiou]]. Dès lors, celle-ci lui apporte un soutien actif. Elle l'associe à la création de la Société des grandes auditions musicales, en 1890. Elle fait jouer ses œuvres et l'invite régulièrement en villégiature à Dieppe. Il l'appelle « Madame ma Fée », « mon roi de Bavière », et l'initie à la musique de Wagner. Il lui dédie sa ''[[Pavane (Fauré)|Pavane]]'', véritable « portrait musical » et lui en offre la partition<ref>{{Ouvrage |auteur1=Laure Hillerin |titre=La comtesse Greffulhe, L'ombre des Guermantes |éditeur=[[Groupe Flammarion|Flammarion]] |année=2014 |passage=139-147 |isbn=}}</ref>. La chance lui sourit enfin. Dans les années 1890, il voyage à [[Venise]], où il rencontre des amis et écrit plusieurs œuvres. En 1892, il devient inspecteur des conservatoires de musique en province, ce qui signifie qu’il n’a plus à enseigner à des jeunes garçons ou à des adolescents. Cette même année, il fait la rencontre d'[[Emma Bardac]], qui deviendra l'épouse de [[Claude Debussy]] en 1908. Gabriel Fauré et Emma Bardac entament une liaison, dont résulte la [[Dolly (Fauré)|''suite Dolly'']], dédiée à Hélène Bardac, dont le surnom était Dolly, ainsi que [[La Bonne Chanson (Fauré)|''La Bonne Chanson'']], d'après [[La Bonne Chanson (Verlaine)|l'œuvre éponyme]] de [[Paul Verlaine]], qu'il dédie directement à Emma Bardac<ref>{{Lien web |langue=en-US |nom=Interlude |titre=Why was Debussy such a shockingly terrible husband ? |url=https://interlude.hk/debussys-wives/ |date=2018-03-21 |consulté le=2023-06-02}}</ref>.


En 1896, il est nommé organiste en chef à l’église de la Madeleine et succède à [[Jules Massenet]] comme professeur de composition au [[Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris|Conservatoire de Paris]]. Il enseigne alors à de grands compositeurs comme [[Georges Enesco]] et [[Maurice Ravel]], ou encore à [[Nadia Boulanger]]. Sa situation financière s'améliore et sa réputation de compositeur s’affirme. En 1899, vraisemblablement dans le projet d'écrire ''[[Prométhée (Fauré)|Prométhée]]'' pour le [[théâtre des Arènes]], sûrement à Béziers pour appréhender les conditions de représentation des œuvres, Gabriel Fauré seconde [[Camille Saint-Saëns]] pour la reprise de [[Déjanire (opéra)|''Déjanire'']] (créée en 1898) et sera appelé à diriger la seconde représentation de 1899<ref>''Le Monde des Artistes'', 23 juillet 1899 et 3 septembre 1899, article de G. Michel-Quatrefages.</ref>.
En 1896, il est nommé organiste en chef à l’église de la Madeleine et succède à [[Jules Massenet]] comme professeur de composition au [[Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris|Conservatoire de Paris]]. Il enseigne alors à de grands compositeurs comme [[Georges Enesco]] et [[Maurice Ravel]], ou encore à [[Nadia Boulanger]]. Sa situation financière s'améliore et sa réputation de compositeur s’affirme. En 1899, vraisemblablement dans le projet d'écrire ''[[Prométhée (Fauré)|Prométhée]]'' pour le [[théâtre des Arènes]], sûrement à Béziers pour appréhender les conditions de représentation des œuvres, Gabriel Fauré seconde [[Camille Saint-Saëns]] pour la reprise de [[Déjanire (opéra)|''Déjanire'']] (créée en 1898) et sera appelé à diriger la seconde représentation de 1899<ref>''Le Monde des Artistes'', 23 juillet 1899 et 3 septembre 1899, article de G. Michel-Quatrefages.</ref>.


[[Image:Ernest Joseph Laurent (1859 - 1929) Gabriel Faure.jpg|vignette|upright|gauche|alt=Portrait de Gabriel Fauré vers 1900, peint par Ernest Laurent|[[Ernest Laurent]], ''Portrait de Gabriel Fauré'' (vers 1900), non sourcé et non localisé.]]
[[Fichier:Ernest Joseph Laurent (1859 - 1929) Gabriel Faure.jpg|vignette|upright|gauche|alt=Portrait de Gabriel Fauré vers 1900, peint par Ernest Laurent|[[Ernest Laurent]], ''Portrait de Gabriel Fauré'' (vers 1900), non sourcé et non localisé.]]
De 1903 à 1921, Fauré est critique au ''[[Le Figaro|Figaro]]''. En 1905, il succède à [[Théodore Dubois]] comme directeur du [[Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris|Conservatoire de Paris]]. Aussitôt, il procède à de nombreux changements, rétablit la discipline et apporte plus de sérieux à un enseignement qui avait beaucoup vieilli. Cette attitude intransigeante lui est d’ailleurs reprochée.
De 1903 à 1921, Fauré est critique au ''[[Le Figaro|Figaro]]''. En 1905, il succède à [[Théodore Dubois]] comme directeur du [[Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris|Conservatoire de Paris]]. Aussitôt, il procède à de nombreux changements, rétablit la discipline et apporte plus de sérieux à un enseignement qui avait beaucoup vieilli. Cette attitude intransigeante lui est d’ailleurs reprochée.


Dans le même temps, Fauré doit faire face, à partir de 1903, à une [[surdité]] presque totale. Il entend les graves mais est sourd aux aigus, handicap qui pourtant n’entrave en rien sa carrière<ref>[[Michel Chion]] in ''Larousse de la musique'', Paris, 1982.</ref>.
Dans le même temps, Fauré doit faire face, à partir de 1903, à une [[surdité]] presque totale. Il entend les graves mais est sourd aux aigus, handicap qui pourtant n’entrave en rien sa carrière<ref>[[Michel Chion]] in ''Larousse de la musique'', Paris, 1982.</ref>.
Fauré est élu à l’[[Institut de France]] en 1909. La [[comtesse Greffulhe]] a soutenu activement sa candidature<ref>Le compositeur était étroitement lié à sa famille. Ainsi, pour la messe de mariage d'[[Élaine Greffulhe]] célébrée à la Madeleine le 14 novembre 1904, Fauré avait composé un ''[[Tantum ergo]]'' le 8 novembre (sans numérotation, mais enregistré par [[Michel Corboz]]) (https://data.bnf.fr/13954460/gabriel_faure_tantum_ergo__1904/).</ref>, et il l'en remercie avec émotion : « Merci d’avoir fait tinter mon nom dans toutes ces vénérables oreilles ! […] Et moi qui croyais vous aimer autant que je puis aimer ! Et il faut que je vous aime encore davantage ! Je vais sécher !!! » Il rompt alors avec la vieille [[Société nationale de musique]].


Fauré est élu à l’[[Institut de France]] en 1909. La [[comtesse Greffulhe]] a soutenu activement sa candidature<ref>Le compositeur était étroitement lié à sa famille. Ainsi, pour la messe de mariage d'[[Élaine Greffulhe]] célébrée à la Madeleine le 14 novembre 1904, Fauré avait composé un ''[[Tantum ergo]]'' le 8 novembre (sans numérotation, mais enregistré par [[Michel Corboz]]) (https://data.bnf.fr/13954460/gabriel_faure_tantum_ergo__1904/).</ref> et il l'en remercie avec émotion : « Merci d’avoir fait tinter mon nom dans toutes ces vénérables oreilles ! […] Et moi qui croyais vous aimer autant que je puis aimer ! Et il faut que je vous aime encore davantage ! Je vais sécher !!! » Il rompt alors avec la vieille [[Société nationale de musique]].
Sa responsabilité au Conservatoire et sa perte d’audition amènent Fauré à reduire grandement sa production. [[Claire Croiza]] rapporte : {{Citation|Fauré était un vivant métronome. C’était d’autant plus frappant à la fin de sa vie, quand il était devenu sourd. Avant, il était galant homme, il aimait les jolies femmes, il faisait quelques concessions. Mais à la fin de sa vie, quand il n’entendait plus, il allait son chemin, impeccablement, sans se douter que la chanteuse avait quelquefois deux ou trois mesures d’écart avec lui, parce qu’elle ralentissait tandis que lui restait fidèle au mouvement<ref>{{Lien web|url=http://www.haubergier.fr/index.php?option=com_content&view=article&id=86:faure-bio&catid=48:faure&Itemid=190|titre=Gabriel Fauré|site=haubergier.fr}}</ref>.}} Proche du jeune [[Jean Wiener]], il invite le jeune homme à entrer au conservatoire. Pendant la [[Première Guerre mondiale]], il reste en France.

Sa responsabilité au Conservatoire et sa perte d’audition amènent Fauré à réduire grandement sa production. [[Claire Croiza]] rapporte : {{Citation|Fauré était un vivant métronome. C’était d’autant plus frappant à la fin de sa vie, quand il était devenu sourd. Avant, il était galant homme, il aimait les jolies femmes, il faisait quelques concessions. Mais à la fin de sa vie, quand il n’entendait plus, il allait son chemin, impeccablement, sans se douter que la chanteuse avait quelquefois deux ou trois mesures d’écart avec lui, parce qu’elle ralentissait tandis que lui restait fidèle au mouvement<ref>{{Lien web|url=http://www.haubergier.fr/index.php?option=com_content&view=article&id=86:faure-bio&catid=48:faure&Itemid=190|titre=Gabriel Fauré|site=haubergier.fr}}</ref>.}} Proche du jeune [[Jean Wiener]], il invite le jeune homme à entrer au conservatoire. Pendant la [[Première Guerre mondiale]], il reste en France.


En 1920, à soixante-quinze ans, il prend sa retraite du Conservatoire. Il reçoit la même année la [[grand-croix de la Légion d'honneur]]<ref>({{Base Léonore|LH/940/44|source=non}})</ref>, une distinction encore rare pour un musicien. Sa santé est devenue fragile, en partie en raison d’une consommation excessive de tabac. Malgré cela, il reste à l’écoute des jeunes compositeurs, en particulier les membres du [[Les Six|groupe des Six]].
En 1920, à soixante-quinze ans, il prend sa retraite du Conservatoire. Il reçoit la même année la [[grand-croix de la Légion d'honneur]]<ref>({{Base Léonore|LH/940/44|source=non}})</ref>, une distinction encore rare pour un musicien. Sa santé est devenue fragile, en partie en raison d’une consommation excessive de tabac. Malgré cela, il reste à l’écoute des jeunes compositeurs, en particulier les membres du [[Les Six|groupe des Six]].


Gabriel Fauré meurt de [[pneumonie]] à Paris le {{date|4|novembre|1924|en musique classique}}. Des funérailles nationales ont lieu à l’[[église de la Madeleine]]. Il est inhumé au [[cimetière de Passy]] à Paris<ref>[[Jacques Hillairet]], ''[[Dictionnaire historique des rues de Paris]]'', [[Les Éditions de minuit]], septième édition, 1963, {{t.|2}} (« L-Z »), « Rue des Réservoirs », {{p.|336-337}}.</ref>. Une plaque commémorative est posée sur sa maison au 32 [[Rue des Vignes (Paris)|rue des Vignes]] ([[16e arrondissement de Paris|16{{e}} arrondissement de Paris]]), où il vit de 1911 jusqu'à son décès.
Gabriel Fauré meurt de [[pneumonie]] à Paris le {{date|4|novembre|1924|en musique classique}}. Des funérailles nationales ont lieu à l’[[église de la Madeleine]]. Il est inhumé au [[cimetière de Passy]] à Paris<ref>[[Jacques Hillairet]], ''[[Dictionnaire historique des rues de Paris]]'', [[Les Éditions de minuit]], septième édition, 1963, {{t.|2}} (« L-Z »), « Rue des Réservoirs », {{p.|336-337}}.</ref>. Une plaque commémorative est posée sur sa maison au 32 [[Rue des Vignes (Paris)|rue des Vignes]] ([[16e arrondissement de Paris|{{16e}} arrondissement de Paris]]), où il vécut de 1911 jusqu'à son décès.


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=== Une œuvre d’intériorité ===
=== Une œuvre d’intériorité ===
Gabriel Fauré s’intéresse manifestement davantage à l’idée musicale qu’à l’orchestration. Ainsi, il laisse près d’une centaine de [[Mélodie (genre)|mélodies]], et un répertoire conséquent en matière de musique de chambre et de salon. Mais seulement une dizaine de pièces pour orchestre, notamment destinées au théâtre, et généralement orchestrées par d'autres compositeurs. Celles-ci comptent de grandes réussites (''[[Pelléas et Mélisande (Fauré)|Pelléas et Mélisande]]'' orchestrée par [[Charles Koechlin]]), mais leur orchestration reste plutôt classique et, de manière générale, les formations adoptées par Gabriel Fauré n’apportent pas de grandes innovations de timbres (il n’utilise pratiquement jamais d’instruments à vent dans sa musique de chambre, par exemple).
Gabriel Fauré s’intéresse manifestement davantage à l’idée musicale qu’à l’orchestration. Ainsi, il laisse près d’une centaine de [[Mélodie (genre)|mélodies]], et un répertoire conséquent en matière de musique de chambre et de salon, mais seulement une dizaine de pièces pour orchestre, notamment destinées au théâtre, et généralement orchestrées par d'autres compositeurs. Celles-ci comptent de grandes réussites (''[[Pelléas et Mélisande (Fauré)|Pelléas et Mélisande]]'' orchestrée par [[Charles Koechlin]]), mais leur orchestration reste plutôt classique et, de manière générale, les formations adoptées par Gabriel Fauré n’apportent pas de grandes innovations de timbres (il n’utilise pratiquement jamais d’instruments à vent dans sa musique de chambre, par exemple).


Le message fauréen est en effet tout en intimité, en intériorité et tend vers la pureté de l’idée musicale. Ceci l’amène à se détourner des grands effets parfois prisés de son époque, telles les audaces orchestrales de [[Richard Wagner|Wagner]], [[Debussy]] ou [[Stravinsky]] (voir Citation plus bas). Si la musique de Fauré n’exclut pas des accents romantiques et des violences passagères (notamment dans sa ''[[Fantaisie pour piano et orchestre (Fauré)|Fantaisie]]''), cet aspect « intérieur » de sa musique s’est accentué avec l’âge, notamment dans les œuvres de la fin de sa vie, qui font preuve d’un « ascétisme » musical qui a dérouté, en son temps et même aujourd’hui, ses adeptes comme ses détracteurs.
Le message fauréen est en effet tout en intimité, en intériorité et tend vers la pureté de l’idée musicale. Ceci l’amène à se détourner des grands effets parfois prisés de son époque, telles les audaces orchestrales de [[Richard Wagner|Wagner]], [[Debussy]] ou [[Stravinsky]] (voir citation plus bas). Si la musique de Fauré n’exclut pas des accents romantiques et des violences passagères, notamment dans sa ''[[Fantaisie pour piano et orchestre (Fauré)|Fantaisie]]'', cet aspect « intérieur » de sa musique s’est accentué avec l’âge, notamment dans les œuvres de la fin de sa vie, qui font preuve d’un « ascétisme » musical qui a dérouté, en son temps et même aujourd’hui, ses adeptes comme ses détracteurs.


Du fait de ce classicisme d’apparence, l’originalité du message fauréen a pu être parfois mal comprise.
Du fait de ce classicisme d’apparence, l’originalité du message fauréen a pu être parfois mal comprise.


=== Influences ===
=== Influences ===
[[Image:John Singer Sargent - Gabriel Fauré.jpg|vignette|[[John Singer Sargent]], ''Gabriel Fauré'' (vers 1889), [[Paris]], [[Cité de la musique]].]]
[[Fichier:John Singer Sargent - Gabriel Fauré.jpg|vignette|[[John Singer Sargent]], ''Gabriel Fauré'' (vers 1889), [[Paris]], [[Cité de la musique]].]]
Ses œuvres vont du pur [[classicisme]] {{incise|lorsqu’au début de sa carrière, il imite le style de [[Joseph Haydn|Haydn]] et [[Felix Mendelssohn|Mendelssohn]]}} au [[Musique romantique|romantisme]], pour aboutir à une esthétique du {{s-|XX|e}}. Elles sont basées sur une profonde assimilation des structures harmoniques qu’il avait apprises, à l’École Niedermeyer, de son professeur [[Gustave Lefèvre]], qui a écrit en 1889 un ''Traité d’harmonie''. Cet ouvrage présente une théorie de l’harmonie sensiblement différente de la théorie classique de [[Jean-Philippe Rameau]] : les accords de septième et de neuvième n’y sont plus considérés comme [[Dissonance (musique)|dissonants]] et la quinte peut être altérée sans changer le mode. Ainsi, avant même de découvrir la musique romantique de son temps, le jeune Gabriel Fauré a d’abord suivi un enseignement dans le cadre de l’école Niedermeyer qui laissait une large place à la musique religieuse et aux modes d’église. Cette influence essentielle contribue à l’originalité de l’écriture fauréenne par rapport aux compositeurs de son temps et se retrouve tout au long de son œuvre, tant par l’usage d’enchaînements harmoniques modaux que par l’écriture de lignes mélodiques à l’ambitus réduit et sans grandes ruptures d’intervalle qui dénotent l’influence du chant grégorien, notamment dans ses [[Mélodie (genre)|mélodies]] ou encore dans son deuxième quintette pour cordes et piano.
Ses œuvres vont du pur [[classicisme]] {{incise|lorsqu’au début de sa carrière, il imite le style de [[Joseph Haydn|Haydn]] et [[Felix Mendelssohn|Mendelssohn]]}} au [[Musique romantique|romantisme]], pour aboutir à une esthétique du {{s-|XX}}. Elles sont basées sur une profonde assimilation des structures harmoniques qu’il avait apprises, à l’École Niedermeyer, de son professeur [[Gustave Lefèvre]], qui a écrit en 1889 un ''Traité d’harmonie''. Cet ouvrage présente une théorie de l’harmonie sensiblement différente de la théorie classique de [[Jean-Philippe Rameau]] : les accords de septième et de neuvième n’y sont plus considérés comme [[Dissonance (musique)|dissonants]] et la quinte peut être altérée sans changer le mode. Ainsi, avant même de découvrir la musique romantique de son temps, le jeune Gabriel Fauré a d’abord suivi un enseignement dans le cadre de l’école Niedermeyer qui laissait une large place à la musique religieuse et aux modes d’église. Cette influence essentielle contribue à l’originalité de l’écriture fauréenne par rapport aux compositeurs de son temps et se retrouve tout au long de son œuvre, tant par l’usage d’enchaînements harmoniques modaux que par l’écriture de lignes mélodiques à l’ambitus réduit et sans grandes ruptures d’intervalle qui dénotent l’influence du chant grégorien, notamment dans ses [[Mélodie (genre)|mélodies]] ou encore dans son deuxième quintette pour cordes et piano.


En opposition avec son style harmonique et mélodique très novateur à cette époque, les subtils motifs rythmiques sont répétitifs, avec des modulations similaires à celles que l’on peut trouver dans la musique de [[Johannes Brahms|Brahms]]. Ainsi, Fauré sous-tend souvent sa ligne mélodique par un flux continu qui divise ses œuvres en grandes courbes dynamiques. Ceci est surtout perceptible dans ses mélodies ou encore ses œuvres pour piano (Nocturnes et Barcarolles).
En opposition avec son style harmonique et mélodique très novateur à cette époque, les subtils motifs rythmiques sont répétitifs, avec des modulations similaires à celles que l’on peut trouver dans la musique de [[Johannes Brahms|Brahms]]. Ainsi, Fauré sous-tend souvent sa ligne mélodique par un flux continu qui divise ses œuvres en grandes courbes dynamiques. Ceci est surtout perceptible dans ses mélodies ou encore ses œuvres pour piano (Nocturnes et Barcarolles).
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Ces dernières font en effet usage d’arpèges et d’une mélodie entremêlée des deux mains, avec des substitutions de doigtés, naturelles chez l’organiste, mais dont l’interprétation est parfois difficile pour le pianiste. Son œuvre pianistique en général n’est pas sans rappeler certaines pièces de [[Franz Liszt|Liszt]], [[Schumann]] ou [[Frédéric Chopin|Chopin]], compositeurs que [[Camille Saint-Saëns]] avait fait découvrir au jeune Gabriel Fauré.
Ces dernières font en effet usage d’arpèges et d’une mélodie entremêlée des deux mains, avec des substitutions de doigtés, naturelles chez l’organiste, mais dont l’interprétation est parfois difficile pour le pianiste. Son œuvre pianistique en général n’est pas sans rappeler certaines pièces de [[Franz Liszt|Liszt]], [[Schumann]] ou [[Frédéric Chopin|Chopin]], compositeurs que [[Camille Saint-Saëns]] avait fait découvrir au jeune Gabriel Fauré.


Enfin, Gabriel Fauré n’ignorait pas la musique de [[Richard Wagner]] dont l’aura était considérable à la fin du {{s-|XIX|e}} dans les milieux culturels européens. S’étant rendu au [[festival de Bayreuth]], il avait composé avec [[André Messager]] une pièce pour piano à quatre mains intitulée ''Souvenirs de Bayreuth'' pastichant les principaux thèmes de la [[L'Anneau du Nibelung|Tétralogie]].
Enfin, Gabriel Fauré n’ignorait pas la musique de [[Richard Wagner]] dont l’aura était considérable à la fin du {{s-|XIX}} dans les milieux culturels européens. S’étant rendu au [[festival de Bayreuth]], il avait composé avec [[André Messager]] une pièce pour piano à quatre mains intitulée ''Souvenirs de Bayreuth'' pastichant les principaux thèmes de la [[L'Anneau du Nibelung|Tétralogie]].


L’influence de Wagner sur la musique de Fauré est d’autant plus discrète que leur tempérament diffère, mais elle reste sensible dans certaines pièces, telles que le Prélude de ''[[Pelléas et Mélisande (Fauré)|Pelléas et Mélisande]]'' ou l’introduction de ''Tendresse'' de la suite ''[[Dolly (Fauré)|Dolly]]''.
L’influence de Wagner sur la musique de Fauré est d’autant plus discrète que leur tempérament diffère, mais elle reste sensible dans certaines pièces, telles que le Prélude de ''[[Pelléas et Mélisande (Fauré)|Pelléas et Mélisande]]'' ou l’introduction de ''Tendresse'' de la suite ''[[Dolly (Fauré)|Dolly]]''.

La ''[[Pavane (Fauré)|Pavane]]'' (1887) de Gabriel Fauré a inspiré une belle adaptation, celle du pianiste de jazz [[Bill Evans (pianiste)|Bill Evans]] (1929-1980).


Il fut un des musiciens longuement étudiés par le philosophe [[Vladimir Jankélévitch]] (1903-1985).
Il fut un des musiciens longuement étudiés par le philosophe [[Vladimir Jankélévitch]] (1903-1985).


=== Évolutions ===
=== Évolutions ===
[[Image:FauréPirou1905.jpg|vignette|upright|alt=photographie : Portrait de Gabriel Fauré en 1905|Gabriel Fauré en 1905 par [[Eugène Pirou]].]]
[[Fichier:FauréPirou1905.jpg|vignette|upright|alt=photographie : Portrait de Gabriel Fauré en 1905|Gabriel Fauré en 1905 par [[Eugène Pirou]].]]


On décrit souvent l’évolution de Gabriel Fauré en distinguant dans son œuvre trois périodes (ou ''manières'')<ref>Voir notamment ''Histoire de la Musique'', In Extenso, Larousse, 1998, {{p.|876}}</ref>.
On décrit souvent l’évolution de Gabriel Fauré en distinguant dans son œuvre trois périodes (ou ''manières'')<ref>Voir notamment ''Histoire de la Musique'', In Extenso, Larousse, 1998, {{p.|876}}</ref>.
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La première période s’étend jusqu’en 1890 et comprend certaines de ses œuvres les plus connues telles que la mélodie ''Après un rêve'' (issue de [[Trois Mélodies, Op. 7 (Fauré)|Trois mélodies, {{op.|7}}]]) ou son ''Élégie'' pour violoncelle et piano. La ''[[Sicilienne (danse)|sicilienne]]'' issue de sa suite ''[[Pelléas et Mélisande (Fauré)|Pelléas et Mélisande]]'' se rattache également à cette première manière. Celle-ci se caractérise par l’influence des musiques allemandes et italiennes et par un certain classicisme.
La première période s’étend jusqu’en 1890 et comprend certaines de ses œuvres les plus connues telles que la mélodie ''Après un rêve'' (issue de [[Trois Mélodies, Op. 7 (Fauré)|Trois mélodies, {{op.|7}}]]) ou son ''Élégie'' pour violoncelle et piano. La ''[[Sicilienne (danse)|sicilienne]]'' issue de sa suite ''[[Pelléas et Mélisande (Fauré)|Pelléas et Mélisande]]'' se rattache également à cette première manière. Celle-ci se caractérise par l’influence des musiques allemandes et italiennes et par un certain classicisme.


On fait généralement débuter la seconde période de Fauré des ''Mélodies de Venise'' (1891) au début du {{s-|XX|e}}. Elle se caractérise par une grande finesse harmonique, un sens de la sensualité et de nombreuses audaces harmoniques (dans ''Shylock'' par exemple).
On fait généralement débuter la seconde période de Fauré par les ''Mélodies de Venise'' (1891). On la fait s'étendre jusqu'au début du {{s-|XX}}. Elle se caractérise par une grande finesse harmonique, un sens de la sensualité et de nombreuses audaces harmoniques, comme dans ''Shylock'' par exemple.


La troisième période comprend les cycles de mélodies de la fin de la vie de Fauré (''La Chanson d'Ève'' (1910), ''Mirages'' (1919) ou encore ''[[L'Horizon chimérique]]'' (1921). On y range également son deuxième quintette en ut mineur (1921) ou encore ses remarquables deux dernières œuvres, le ''[[Trio pour piano, violon et violoncelle (Fauré)|Trio pour piano et cordes opus 120]]'' (1922-23) et le [[Quatuor à cordes (Fauré)|Quatuor à cordes en mi mineur opus 121]] (1923-24). Cette période est contemporaine des problèmes de [[surdité]] qui affectent Gabriel Fauré. On a souvent expliqué de cette manière l'évolution de la musique de Fauré, caractéristique de cette troisième manière, vers un plus grand dépouillement, un plus grand statisme, jusqu’à devenir parfois comme immatérielle.
La troisième période comprend les cycles de mélodies de la fin de la vie de Fauré (''La Chanson d'Ève'' (1910), ''Mirages'' (1919) ou encore ''[[L'Horizon chimérique]]'' (1921). On y range également son deuxième quintette en ut mineur (1921) ou encore ses remarquables deux dernières œuvres, le ''[[Trio pour piano, violon et violoncelle (Fauré)|Trio pour piano et cordes opus 120]]'' (1922-23) et le [[Quatuor à cordes (Fauré)|Quatuor à cordes en mi mineur opus 121]] (1923-24). Cette période est contemporaine des problèmes de [[surdité]] qui affectent Gabriel Fauré. On a souvent expliqué de cette manière l'évolution de la musique de Fauré, caractéristique de cette troisième manière, vers un plus grand dépouillement, un plus grand statisme, jusqu’à devenir parfois comme immatérielle.
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{{Article détaillé|Liste des œuvres de Gabriel Fauré}}
{{Article détaillé|Liste des œuvres de Gabriel Fauré}}
{{Article détaillé|Tableau chronologique des œuvres de Gabriel Fauré}}


=== Piano ===
=== Piano ===
[[Image:Choumoff - Gabriel Fauré at the piano.jpg|vignette|alt=Portrait (photographie) de Gabriel Fauré, par Pierre Choumoff|Gabriel Fauré photographié par [[Pierre Choumoff]].]]
[[Fichier:Choumoff - Gabriel Fauré at the piano.jpg|vignette|alt=Portrait (photographie) de Gabriel Fauré, par Pierre Choumoff|Gabriel Fauré photographié par [[Pierre Choumoff]].]]
Parmi les nombreuses œuvres qu'il a dédiées au piano, on peut citer :
Parmi les nombreuses œuvres qu'il a dédiées au piano, on peut citer :
* ''[[Valses-Caprices]]''
* ''[[Valses-Caprices]]''
* ''[[Impromptus (Fauré)|Impromptus]]''
* ''[[Impromptus (Fauré)|Impromptus]]''
* ''[[Nocturnes (Fauré)|Nocturnes]]'',
* ''[[Nocturnes (Fauré)|Nocturnes]]'',
* ''[[Barcarolles]]''
* ''[[Barcarolles]]''
* ''[[Préludes (Fauré)|Préludes]]'',
* ''[[Préludes (Fauré)|Préludes]]'',
* ''[[Pièces brèves (Fauré)|Pièces brèves]]''
* ''[[Pièces brèves (Fauré)|Pièces brèves]]''
* ''[[Thème et Variations (Fauré)|Thème et Variations]]''
* ''[[Thème et Variations (Fauré)|Thème et Variations]]''
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* ''[[Ballade pour piano et orchestre (Fauré)|Ballade]]'' de 1879, qui existe dans deux versions, piano et orchestre et piano seul
* ''[[Ballade pour piano et orchestre (Fauré)|Ballade]]'' de 1879, qui existe dans deux versions, piano et orchestre et piano seul
* ''[[Fantaisie pour piano et orchestre (Fauré)|Fantaisie]]'' (1898), pour piano et orchestre
* ''[[Fantaisie pour piano et orchestre (Fauré)|Fantaisie]]'' (1898), pour piano et orchestre
* Romance sans paroles op.17


=== Musique de chambre ===
=== Musique de chambre ===
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* ''[[Élégie (Fauré)|Élégie]]'', op. 24 pour violoncelle et piano, créée par [[Jules Loeb]]
* ''[[Élégie (Fauré)|Élégie]]'', op. 24 pour violoncelle et piano, créée par [[Jules Loeb]]
* ''Sicilienne'', op. 78 pour violoncelle et piano.
* ''Sicilienne'', op. 78 pour violoncelle et piano.
* ''[[Romances sans paroles de Fauré|Romances sans parole op. 17]]''


=== Mélodies ===
=== Mélodies ===
Il a composé tout au long de sa vie un très grand nombre de mélodies pour voix et piano. Parmi celles-ci, on compte plusieurs cycles :
Il a composé tout au long de sa vie un très grand nombre de mélodies pour voix et piano. Parmi celles-ci, on compte plusieurs cycles :
* ''{{lien|lang=en|trad=Cinq mélodies "de Venise"|fr=Cinq mélodies de Venise}}'' (1891)
* ''{{lien|lang=en|trad=Cinq mélodies "de Venise"|fr=Cinq mélodies de Venise}}'' (1891) ;
* ''[[La Bonne Chanson (Fauré)|La Bonne Chanson]]'' (1895), sur un cycle de poèmes de [[Paul Verlaine]]
* ''[[La Bonne Chanson (Fauré)|La Bonne Chanson]]'' (1895), sur un cycle de poèmes de [[Paul Verlaine]] ;
* ''[[La Chanson d'Ève]]'' (1910), sur des poèmes de [[Charles van Lerberghe]]
* ''[[La Chanson d'Ève]]'' (1910), sur des poèmes de [[Charles van Lerberghe]] ;
* ''Mirages'' (1919), sur un cycle de poèmes de [[Renée de Brimont]]
* ''Mirages'' (1919), sur un cycle de poèmes de [[Renée de Brimont]] ;
* ''[[L'Horizon chimérique]]'' (1921), sur un cycle de poèmes de [[Jean de la Ville de Mirmont]]
* ''[[L'Horizon chimérique]]'' (1921), sur un cycle de poèmes de [[Jean de la Ville de Mirmont]].
* Il a également composé des duos, moins répandus.
Il a également composé des duos, moins répandus.


=== Vocale ===
=== Vocale ===
[[Image:Fauré Requiem manuscrit.jpg|vignette|upright|alt=Extrait du manuscrit du Requiem de Fauré. Mesures 4–7 de l’Introït et du Kyrie|Extrait du manuscrit du ''Requiem'' de Fauré. Mesures 4–7 de l’« Introït » et du « Kyrie ».]]
[[Fichier:Fauré Requiem manuscrit.jpg|vignette|upright|alt=Extrait du manuscrit du Requiem de Fauré. Mesures 4–7 de l’Introït et du Kyrie|Extrait du manuscrit du ''Requiem'' de Fauré. Mesures 4–7 de l’« Introït » et du « Kyrie ».]]
Son ''[[Cantique de Jean Racine (Fauré)|Cantique de Jean Racine]]'' (pour chœur avec accompagnement au clavier) est probablement sa pièce la plus connue actuellement<ref>{{Article|langue=fr|auteur1=|titre=Attentat de Nice - La playlist de la cérémonie : Nissa La Bella, Chœur de l'opéra, Calogero...|périodique=France 3 Provence-Alpes-Côte d'Azur|date=14 juillet 2017|issn=|lire en ligne=https://france3-regions.francetvinfo.fr/provence-alpes-cote-d-azur/alpes-maritimes/nice/attentat-nice-playlist-ceremonie-nissa-bella-choeur-opera-calogero-1296923.html|consulté le=2018-11-08|pages=}}</ref>. Néanmoins, c'est bien son ''[[Requiem de Fauré|Requiem]]'' de [[1887]] qui est considéré comme une de ses œuvres les plus abouties. Il faut également citer son opéra ''[[Pénélope (opéra)|Pénélope]]'' (1913)<ref>{{Lien web|titre=Pénélope : poème lyrique en trois actes : partition chant et piano|url=https://bibliotheques-specialisees.paris.fr/ark:/73873/pf0000331674/v0001.simple.selectedTab=thumbnail|site=Bibliothèques spécialisées de la Ville de Paris|consulté le=2018-03-03}}</ref>, en trois actes, sur un livret de [[René Fauchois]].
Son ''[[Cantique de Jean Racine (Fauré)|Cantique de Jean Racine]]'' pour chœur avec accompagnement au clavier est probablement sa pièce la plus connue actuellement<ref>{{Article|langue=fr|auteur1=|titre=Attentat de Nice - La playlist de la cérémonie : Nissa La Bella, Chœur de l'opéra, Calogero...|périodique=France 3 Provence-Alpes-Côte d'Azur|date=14 juillet 2017|issn=|lire en ligne=https://france3-regions.francetvinfo.fr/provence-alpes-cote-d-azur/alpes-maritimes/nice/attentat-nice-playlist-ceremonie-nissa-bella-choeur-opera-calogero-1296923.html|consulté le=2018-11-08|pages=}}</ref>. Néanmoins, c'est bien son ''[[Requiem de Fauré|Requiem]]'' de [[1887]] qui est considéré comme une de ses œuvres les plus abouties. Il faut également citer son opéra ''[[Pénélope (opéra)|Pénélope]]'' (1913)<ref>{{Lien web|titre=Pénélope : poème lyrique en trois actes : partition chant et piano|url=https://bibliotheques-specialisees.paris.fr/ark:/73873/pf0000331674/v0001.simple.selectedTab=thumbnail|site=Bibliothèques spécialisées de la Ville de Paris|consulté le=2018-03-03}}</ref>, en trois actes, sur un livret de [[René Fauchois]].


=== Orchestre ===
=== Orchestre ===
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== Hommages ==
== Hommages ==
[[Image:Plaque Gabriel Fauré, 154 boulevard Malesherbes, Paris 17.jpg|vignette|upright=1.15|Plaque commémorative au {{numéro|154}} [[boulevard Malesherbes]] à [[Paris]].]]
[[Fichier:Plaque Gabriel Fauré, 154 boulevard Malesherbes, Paris 17.jpg|vignette|upright=1.15|Plaque commémorative au {{numéro|154}} [[boulevard Malesherbes]] à [[Paris]].]]
* [[Hommage à Gabriel Fauré]], un ensemble de 7 morceaux commandés par ''[[La Revue musicale|La Revue Musicale]]'' à [[Louis Aubert (compositeur)|Louis Aubert]], [[Georges Enesco]], [[Charles Koechlin]], [[Paul Ladmirault]], [[Maurice Ravel]], [[Roger Ducasse]] et [[Florent Schmitt]] ;
* [[Hommage à Gabriel Fauré]], un ensemble de 7 morceaux commandés par ''[[La Revue musicale|La Revue Musicale]]'' à [[Louis Aubert (compositeur)|Louis Aubert]], [[Georges Enesco]], [[Charles Koechlin]], [[Paul Ladmirault]], [[Maurice Ravel]], [[Roger Ducasse]] et [[Florent Schmitt]] ;
* La ''[[Pavane (Fauré)|Pavane]]'' (1887) de Gabriel Fauré a inspiré une belle adaptation, celle du pianiste de jazz [[Bill Evans (pianiste)|Bill Evans]] (1929-1980) ;
* La ville de Paris a donné son nom à un [[Square Gabriel Fauré|square]] du [[17e arrondissement de Paris|{{17e|arrondissement}}]] et au [[Conservatoire de musique, danse et art dramatique en France|conservatoire]] du [[5e arrondissement de Paris|{{5e|arrondissement}}]] ;
* La ville de Paris a donné son nom à un [[Square Gabriel Fauré|square]] du [[17e arrondissement de Paris|{{17e|arrondissement}}]] et au [[Conservatoire de musique, danse et art dramatique en France|conservatoire]] du [[5e arrondissement de Paris|{{5e|arrondissement}}]] ;
* [[Pamiers]], ville natale de Fauré, a donné son nom à l'une de ses rues<ref>Selon l'office de tourisme de Pamiers ; visité le 20 septembre 2003</ref> ;
* [[Pamiers]], ville natale de Fauré, a donné son nom à l'une de ses rues<ref>Selon l'office de tourisme de Pamiers ; visité le 20 septembre 2003</ref> et de nombreuses autres villes l'ont imitée : [[Brest]], [[Compiègne]], [[Montpellier]], [[Nantes]], [[Nice]], [[Saint-Nazaire]], [[Vandœuvre-lès-Nancy]], etc. ;
* Plusieurs collèges et lycées portent son nom ([[avenue de Choisy]] dans le [[13e arrondissement de Paris|{{13e|arrondissement}} de Paris]], [[Lycée Gabriel-Fauré|Annecy]], [[Foix]]) ;
* Plusieurs collèges et lycées portent son nom ([[avenue de Choisy]] dans le [[13e arrondissement de Paris|{{13e|arrondissement}} de Paris]], [[Lycée Gabriel-Fauré|Annecy]], [[Foix]]) ;
* Au {{numéro|154}} [[boulevard Malesherbes]] à [[Paris]], une [[Plaque commémorative|plaque]] commémore le lieu où il composa son ''[[Requiem (Fauré)|Requiem]]'' ;
* Au {{numéro|154}} [[boulevard Malesherbes]] à [[Paris]], une [[Plaque commémorative|plaque]] commémore le lieu où il composa son ''[[Requiem (Fauré)|Requiem]]'' ;
* Les [[Conservatoire à rayonnement départemental d'Angoulême|conservatoires d'Angoulême]] et des Lilas portent son nom ;
* Les [[Conservatoire à rayonnement départemental d'Angoulême|conservatoires d'Angoulême]] et des [[Les Lilas|Lilas]] portent son nom ;
* Plusieurs rues portent son nom ;
* Un arrêt de tram sur la ligne B et C à [[Grenoble]] porte son nom ;
* Un arrêt de tram sur la ligne B et C à [[Grenoble]] porte son nom ;
* Son nom est donné à l'[[astéroïde]] [[(8685) Fauré]]<ref>{{Chapitre|langue=en|titre chapitre=(8685) Fauré|titre ouvrage=Dictionary of Minor Planet Names|éditeur=Springer|date=2007|isbn=978-3-540-29925-7|doi=10.1007/978-3-540-29925-7_7150|lire en ligne=https://doi.org/10.1007/978-3-540-29925-7_7150|consulté le=2022-05-13|passage=660–660}}</ref> ;
* Son nom est donné à l'[[astéroïde]] [[(8685) Fauré]]<ref>{{Chapitre|langue=en|titre chapitre=(8685) Fauré|titre ouvrage=Dictionary of Minor Planet Names|éditeur=Springer|date=2007|isbn=978-3-540-29925-7|doi=10.1007/978-3-540-29925-7_7150|lire en ligne=https://doi.org/10.1007/978-3-540-29925-7_7150|consulté le=2022-05-13|passage=660–660}}</ref>.
* La chanson ''Debussy Gabriel Fauré'' d'[[Alain Souchon]] sur son album ''[[Âme fifties]]'' (2019).
* La chanson ''Debussy Gabriel Fauré'' d'[[Alain Souchon]] lui rend hommage sur l'album ''[[Âme fifties]]'' (2019).


== Discographie ==
== Discographie ==
Parmi les interprètes notables de ses œuvres, on peut citer :
Parmi les interprètes notables de ses œuvres, on peut citer :
* [[Mélodie (genre)|Mélodies]] : les barytons [[Charles Panzéra]], [[Gérard Souzay]], [[Bernard Kruysen]] et [[Camille Maurane]] et les sopranos [[Claire Croiza]], [[Régine Crespin]] et [[Elly Ameling]]
* [[Mélodie (genre)|Mélodies]] : les barytons [[Charles Panzéra]], [[Gérard Souzay]], [[Bernard Kruysen]] et [[Camille Maurane]], le ténor [[Cyrille Dubois]] (intégrale des mélodies) et les sopranos [[Claire Croiza]], [[Régine Crespin]] et [[Elly Ameling]]
* Œuvres pour [[piano]] : [[Albert Ferber]], [[Wilhelm Kempff]] (Nocturne {{Numéro avec majuscule|6}}), [[Germaine Thyssens-Valentin]], [[Marguerite Long]], [[Yvonne Lefébure]], [[Paul Crossley]], [[Vlado Perlemuter]], [[Jean Doyen]], [[Jean Hubeau]], [[Jean-Michel Damase]], [[Pierre-Alain Volondat]], [[Jean-Philippe Collard]], [[Romain Descharmes]], [[Éric Heidsieck]], [[Jean-Claude Pennetier]], [[Pascal Rogé]], [[Éric Le Sage|Éric le Sage]], Jean Martin, [[Louis Lortie]], [[Kun-Woo Paik]], Nicolas Stavy, Sally Pinkas, [[Vladimir Horowitz]] (Nocturne {{Numéro avec majuscule|13}}), [[Arthur Rubinstein]], [[Samson François]], [[Dominique Merlet]], Kathryn Stott, [[Jean-Paul Sevilla|Jean Paul Sevilla]], Laurent Wagschal, [[Delphine Bardin]], Charles Owen, [[Idil Biret]] (Nocturne {{Numéro avec majuscule|13}}), Nicolas Stavy, [[Michel Dalberto]], et [[Émile Naoumoff]].
* Œuvres pour [[piano]] : [[Albert Ferber]], [[Wilhelm Kempff]] (Nocturne {{Numéro avec majuscule|6}}), [[Germaine Thyssens-Valentin]], [[Marguerite Long]], [[Yvonne Lefébure]], [[Paul Crossley]], [[Vlado Perlemuter]], [[Jean Doyen]], [[Jean Hubeau]], [[Jean-Michel Damase]], [[Pierre-Alain Volondat]], [[Jean-Philippe Collard]], [[Romain Descharmes]], [[Éric Heidsieck]], [[Jean-Claude Pennetier]], [[Pascal Rogé]], [[Éric Le Sage|Éric le Sage]], Jean Martin, [[Louis Lortie]], [[Kun-Woo Paik]], Nicolas Stavy, Sally Pinkas, [[Vladimir Horowitz]] (Nocturne {{Numéro avec majuscule|13}}), [[Arthur Rubinstein]], [[Samson François]], [[Dominique Merlet]], Kathryn Stott, [[Jean-Paul Sevilla|Jean Paul Sevilla]], Laurent Wagschal, [[Delphine Bardin]], Charles Owen, [[Idil Biret]] (Nocturne {{Numéro avec majuscule|13}}), Nicolas Stavy, [[Michel Dalberto]], [[Émile Naoumoff]], [[Marc-André Hamelin]] (Nocturnes et Barcarolles).
* Musique symphonique : [[Michel Plasson]] a enregistré une intégrale avec l’[[orchestre du Capitole de Toulouse]]
* Musique symphonique : [[Michel Plasson]] a enregistré une intégrale avec l’[[orchestre du Capitole de Toulouse]]


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{{Autres projets|commons=Category:Gabriel Fauré|wikiquote=Gabriel Fauré}}
{{Autres projets|commons=Category:Gabriel Fauré|wikiquote=Gabriel Fauré}}
=== Bibliographie (ordre chronologique) ===
=== Bibliographie (ordre chronologique) ===
* [[Louis Vuillemin]], ''Gabriel Fauré et son oeuvre'', A. Durand et fils, 1914
* [[Louis Vuillemin]], ''Gabriel Fauré et son œuvre'', A. Durand et fils, 1914
* [[Vladimir Jankélévitch#Œuvres|Vladimir Jankélévitch]], ''Gabriel Fauré et ses mélodies'', Plon, Paris 1938, 250{{Nb p.}} {{lire en ligne|url=https://books.google.fr/Cv0LAQAAIAAJ&pg=PA1}}.
* [[Vladimir Jankélévitch#Œuvres|Vladimir Jankélévitch]], ''Gabriel Fauré et ses mélodies'', Plon, Paris 1938, 250{{Nb p.}} {{lire en ligne|url=https://books.google.fr/Cv0LAQAAIAAJ&pg=PA1}}.
* {{ouvrage|langue=fr|auteur1=[[Jean-Michel Nectoux]]|titre=Fauré|collection=Solfèges|numéro dans collection=33|éditeur=[[Éditions du Seuil|Seuil]]|lieu=Paris|année première édition=1972|année=1995|ISBN=2-020-23488-2|oclc=896791|pages totales=256}}
* {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=[[Jean-Michel Nectoux]]|titre=Fauré|lieu=Paris|éditeur=[[Éditions du Seuil|Seuil]]|collection=Solfèges|numéro dans collection=33|année=1995|année première édition=1972|pages totales=256|isbn=2-020-23488-2|oclc=896791}}
* Vladimir Jankélévitch, ''Gabriel Fauré et l’inexprimable'', Paris : Plon, 1974, rééd. Presses pocket, 1988 (nouvelle édition augmentée)
* Vladimir Jankélévitch, ''Gabriel Fauré et l’inexprimable'', Paris : Plon, 1974, rééd. Presses pocket, 1988 (nouvelle édition augmentée)
* Michel Faure, [http://musique.histoire.free.fr/michel-faure-musique.php?musicologue=these ''La Nostalgie du {{s-|XVIII}} chez Fauré, Debussy et Ravel''], thèse de doctorat, 1974
* Michel Faure, [http://musique.histoire.free.fr/michel-faure-musique.php?musicologue=these ''La Nostalgie du {{s-|XVIII}} chez Fauré, Debussy et Ravel''], thèse de doctorat, 1974
* Marie-Claire Beltrando-Patier, ''Les Mélodies de G. Fauré'', Thèse de doctorat, Université de Strasbourg {{II}}, 1978
* Marie-Claire Beltrando-Patier, ''Les Mélodies de G. Fauré'', Thèse de doctorat, Université de Strasbourg {{II}}, 1978
* {{ouvrage| langue =fr | auteur1=Gabriel Fauré | titre =Correspondance | collection = Harmoniques – Écrits de musiciens | numéro dans collection = | éditeur =Flammarion | lieu =Paris | année =[[1980]] | ISBN =2080642596 | oclc =7279293 |bnf= | pages totales =363 | id = | lire en ligne = }} Présentée et annotée par [[Jean-Michel Nectoux|J.-M. Nectoux]].
* {{Ouvrage| langue=fr| auteur1=Gabriel Fauré| titre=Correspondance| lieu=Paris| éditeur=[[Groupe Flammarion|Flammarion]]| collection=Harmoniques Écrits de musiciens| année=1980| pages totales=363| isbn=2080642596| oclc=7279293}} Présentée et annotée par [[Jean-Michel Nectoux|J.-M. Nectoux]].
* Michel Faure, ''Musique et société du Second Empire aux années vingt autour de Saint-Saëns, Fauré, Debussy et Ravel'', Paris : Flammarion, 1985.
* Michel Faure, ''Musique et société du Second Empire aux années vingt autour de Saint-Saëns, Fauré, Debussy et Ravel'', Paris : Flammarion, 1985.
* {{ouvrage|langue=fr|auteur1=[[Jean-Michel Nectoux]]|titre=Gabriel Fauré|sous-titre=les voix du clair-obscur|collection=Harmoniques|éditeur=Flammarion|lieu=Paris|année=1990|ISBN=2-080-66291-0|oclc=22336667|bnf=412581664|pages totales=616}} Fayard (édition augmentée), Paris 2008, 850{{Nb p.}} {{ISBN|978-2-213-63547-7}}
* {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=[[Jean-Michel Nectoux]]|titre=Gabriel Fauré|sous-titre=les voix du clair-obscur|lieu=Paris|éditeur=[[Groupe Flammarion|Flammarion]]|collection=Harmoniques|année=1990|pages totales=616|isbn=2-080-66291-0|oclc=22336667|bnf=412581664}} Fayard (édition augmentée), Paris 2008, 850{{Nb p.}} {{ISBN|978-2-213-63547-7}}
* Jacques Bonnaure, ''Gabriel Fauré'', Actes Sud, 2017.
* Jacques Bonnaure, ''Gabriel Fauré'', Actes Sud, 2017.
* {{Ouvrage|langue=fr|auteur=[[Maurice Ravel]]|titre=L'intégrale : Correspondance (1895-1937), écrits et entretiens|sous-titre=édition établie, présentée et annotée par [[Manuel Cornejo]]|lieu=Paris|éditeur=Le Passeur Éditeur|année=2018|pages=|isbn=2-36-890577-4|bnf=FRBNF45607052|commentaire=Contient 5 correspondances de Ravel à Fauré (1910-1922), 8 correspondances de Fauré à Ravel (1900-1902) et 4 correspondances de Fauré sur Ravel (1899-1922)}}
* {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=[[Maurice Ravel]]|titre=L'intégrale : Correspondance (1895-1937), écrits et entretiens|sous-titre=édition établie, présentée et annotée par [[Manuel Cornejo]]|lieu=Paris|éditeur=Le Passeur Éditeur|année=2018|isbn=2-36-890577-4|bnf=45607052}}{{Commentaire biblio|Contient 5 correspondances de Ravel à Fauré (1910-1922), 8 correspondances de Fauré à Ravel (1900-1902) et 4 correspondances de Fauré sur Ravel (1899-1922)}}


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Gabriel Fauré
Gabriel Fauré, par Paul Nadar en 1905.
Fonctions
Directeur
Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris
-
Maître de chapelle
Église de la Madeleine
à partir d'
Biographie
Naissance
Décès
(à 79 ans)
Paris (France)
Sépulture
Nom de naissance
Gabriel Urbain Fauré
Nationalité
Formation
Activités
Période d'activité
Père
Toussaint Fauré (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Conjoint
Marie Fauré (d) (de à )Voir et modifier les données sur Wikidata
Enfants
Emmanuel Fauré-Frémiet
Philippe Fauré-Frémiet (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Parentèle
Emmanuel Frémiet (beau-père)Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
A travaillé pour
Membre de
Conflit
Mouvements
Instrument
Maître
Élève
Personne liée
Genre artistique
Influencé par
Distinction
Œuvres principales
signature de Gabriel Fauré
Signature
32 rue des Vignes (Paris).

Gabriel Fauré, né le à Pamiers (Ariège)[2] et mort le à Paris, est un pianiste, organiste et compositeur français.

Élève de Saint-Saëns et de Gustave Lefèvre à l’École Niedermeyer de Paris, il est d'abord maître de chapelle de l'église de la Madeleine à Paris. Il en assure plus tard les fonctions d'organiste, titulaire du grand orgue. Il est ensuite nommé professeur de composition au Conservatoire de Paris, puis directeur de l’établissement de 1905 à 1920.

Il est l’un des plus grands compositeurs français de la fin du XIXe et du début du XXe siècles.

Biographie[modifier | modifier le code]

Gabriel Fauré est le fils de Toussaint-Honoré Fauré, instituteur à Pamiers, puis directeur de l’école normale d'instituteurs de Foix à Montgauzy, et de Marie-Antoinette-Hélène Lalène-Laprade. Il est placé chez une nourrice, puis, en 1854, il quitte la maison familiale de Foix (Ariège), et part pour Paris étudier à l’École Niedermeyer, école de musique classique et religieuse, qui formait alors des organistes d’église, des chefs de chœur et des maîtres de chapelle. Il y étudie onze années et y obtient un 1er grand prix de piano, un 1er grand prix de composition et un 2e grand prix d'harmonie. Plusieurs musiciens de premier plan, dont Camille Saint-Saëns qui lui présente la musique des compositeurs contemporains de l’époque (Robert Schumann, Franz Liszt) et son directeur Gustave Lefèvre, seront ses maîtres. Il est d'abord organiste de l'église Saint-Sauveur de Rennes à partir de 1865.

Portrait (photographie) de Gabriel Fauré, vers 1860
Gabriel Fauré vers 1860, photographie anonyme.

En 1870, Fauré s’engage dans l’armée et prend part aux combats pour lever le siège de Paris lors de la Guerre franco-prussienne. Pendant la Commune de Paris, il demeure à Rambouillet et en Suisse, où il enseigne à l’École Niedermeyer qui y avait été déplacée. Il retourne à Paris en octobre 1871 et tient l'orgue de chœur à l’église Saint-Sulpice tout en participant régulièrement au salon de Saint-Saëns et de la célèbre chanteuse Pauline Garcia-Viardot. Il y rencontre les principaux musiciens parisiens de l’époque et forme avec eux la Société nationale de musique.

En 1874, Fauré arrête de travailler à Saint-Sulpice et remplace Saint-Saëns, qui est souvent absent, à l’église de la Madeleine. Quand Théodore Dubois devient titulaire du grand orgue en 1877, Fauré devient maître de chapelle (maître du chœur, qu'il dirige). À la même époque, il se fiance avec Marianne Viardot, la fille de Pauline, mais ces fiançailles sont rompues par Marianne à la fin octobre. Malheureux, il voyage à Weimar, où il rencontre Liszt, et à Cologne pour y assister aux productions de L'Anneau du Nibelung de Richard Wagner. Si Fauré admire Wagner, il est néanmoins l'un des rares compositeurs de sa génération à ne pas tomber sous son influence.

Pendant sa jeunesse, Fauré était très heureux, mais la rupture de ses fiançailles, et ce qu’il perçoit comme un manque de reconnaissance musicale le mènent à la dépression, qu’il qualifie de « spleen ».

Marie Fremiet, épouse de Gabriel Fauré
Marie Fremiet, épouse de Gabriel Fauré, photographie anonyme.

En 1883, Fauré épouse Marie Frémiet (1856-1926)[3], fille du sculpteur Emmanuel Frémiet, avec qui il a deux fils. Pour subvenir aux besoins de sa famille, il assure les services quotidiens à l’église de la Madeleine et donne des leçons de piano et d’harmonie. C’est seulement l’été qu’il a le temps de composer. Il tire peu d’argent de ses compositions. Durant cette période, il écrit plusieurs œuvres importantes, de nombreuses pièces pour piano et des mélodies, mais les détruit pour la plupart après quelques présentations et n’en retient que quelques éléments pour en réutiliser les motifs. L'Élégie est interprétée par Jules Loeb le jour de ses 38 ans, à la Société nationale de musique de Paris.

En 1885, il est lauréat du prix Chartier de l'Académie des beaux-arts qui couronne sa production de musique de chambre[4].

En 1886, il fait la connaissance de la comtesse Greffulhe par l'intermédiaire de Robert de Montesquiou. Dès lors, celle-ci lui apporte un soutien actif. Elle l'associe à la création de la Société des grandes auditions musicales, en 1890. Elle fait jouer ses œuvres et l'invite régulièrement en villégiature à Dieppe. Il l'appelle « Madame ma Fée », « mon roi de Bavière », et l'initie à la musique de Wagner. Il lui dédie sa Pavane, véritable « portrait musical » et lui en offre la partition[5]. La chance lui sourit enfin. Dans les années 1890, il voyage à Venise, où il rencontre des amis et écrit plusieurs œuvres. En 1892, il devient inspecteur des conservatoires de musique en province, ce qui signifie qu’il n’a plus à enseigner à des jeunes garçons ou à des adolescents. Cette même année, il fait la rencontre d'Emma Bardac, qui deviendra l'épouse de Claude Debussy en 1908. Gabriel Fauré et Emma Bardac entament une liaison, dont résulte la suite Dolly, dédiée à Hélène Bardac, dont le surnom était Dolly, ainsi que La Bonne Chanson, d'après l'œuvre éponyme de Paul Verlaine, qu'il dédie directement à Emma Bardac[6].

En 1896, il est nommé organiste en chef à l’église de la Madeleine et succède à Jules Massenet comme professeur de composition au Conservatoire de Paris. Il enseigne alors à de grands compositeurs comme Georges Enesco et Maurice Ravel, ou encore à Nadia Boulanger. Sa situation financière s'améliore et sa réputation de compositeur s’affirme. En 1899, vraisemblablement dans le projet d'écrire Prométhée pour le théâtre des Arènes, sûrement à Béziers pour appréhender les conditions de représentation des œuvres, Gabriel Fauré seconde Camille Saint-Saëns pour la reprise de Déjanire (créée en 1898) et sera appelé à diriger la seconde représentation de 1899[7].

Portrait de Gabriel Fauré vers 1900, peint par Ernest Laurent
Ernest Laurent, Portrait de Gabriel Fauré (vers 1900), non sourcé et non localisé.

De 1903 à 1921, Fauré est critique au Figaro. En 1905, il succède à Théodore Dubois comme directeur du Conservatoire de Paris. Aussitôt, il procède à de nombreux changements, rétablit la discipline et apporte plus de sérieux à un enseignement qui avait beaucoup vieilli. Cette attitude intransigeante lui est d’ailleurs reprochée.

Dans le même temps, Fauré doit faire face, à partir de 1903, à une surdité presque totale. Il entend les graves mais est sourd aux aigus, handicap qui pourtant n’entrave en rien sa carrière[8].

Fauré est élu à l’Institut de France en 1909. La comtesse Greffulhe a soutenu activement sa candidature[9] et il l'en remercie avec émotion : « Merci d’avoir fait tinter mon nom dans toutes ces vénérables oreilles ! […] Et moi qui croyais vous aimer autant que je puis aimer ! Et il faut que je vous aime encore davantage ! Je vais sécher !!! » Il rompt alors avec la vieille Société nationale de musique.

Sa responsabilité au Conservatoire et sa perte d’audition amènent Fauré à réduire grandement sa production. Claire Croiza rapporte : « Fauré était un vivant métronome. C’était d’autant plus frappant à la fin de sa vie, quand il était devenu sourd. Avant, il était galant homme, il aimait les jolies femmes, il faisait quelques concessions. Mais à la fin de sa vie, quand il n’entendait plus, il allait son chemin, impeccablement, sans se douter que la chanteuse avait quelquefois deux ou trois mesures d’écart avec lui, parce qu’elle ralentissait tandis que lui restait fidèle au mouvement[10]. » Proche du jeune Jean Wiener, il invite le jeune homme à entrer au conservatoire. Pendant la Première Guerre mondiale, il reste en France.

En 1920, à soixante-quinze ans, il prend sa retraite du Conservatoire. Il reçoit la même année la grand-croix de la Légion d'honneur[11], une distinction encore rare pour un musicien. Sa santé est devenue fragile, en partie en raison d’une consommation excessive de tabac. Malgré cela, il reste à l’écoute des jeunes compositeurs, en particulier les membres du groupe des Six.

Gabriel Fauré meurt de pneumonie à Paris le . Des funérailles nationales ont lieu à l’église de la Madeleine. Il est inhumé au cimetière de Passy à Paris[12]. Une plaque commémorative est posée sur sa maison au 32 rue des Vignes (16e arrondissement de Paris), où il vécut de 1911 jusqu'à son décès.

Musique[modifier | modifier le code]

Les œuvres de Fauré se distinguent par la finesse de leur mélodie ainsi que par l’équilibre de leur composition. Le langage harmonique de Gabriel Fauré reste de nos jours étudié dans les conservatoires. C’est un style d’écriture à part entière, présentant de nombreuses idées originales. Si Gabriel Fauré est reconnu pour son génie harmonique (Henri Challan lui consacre même plusieurs exercices dans ses célèbres 380 basses et chants donnés), il est en outre considéré comme le maître de la mélodie française.

Une œuvre d’intériorité[modifier | modifier le code]

Gabriel Fauré s’intéresse manifestement davantage à l’idée musicale qu’à l’orchestration. Ainsi, il laisse près d’une centaine de mélodies, et un répertoire conséquent en matière de musique de chambre et de salon, mais seulement une dizaine de pièces pour orchestre, notamment destinées au théâtre, et généralement orchestrées par d'autres compositeurs. Celles-ci comptent de grandes réussites (Pelléas et Mélisande orchestrée par Charles Koechlin), mais leur orchestration reste plutôt classique et, de manière générale, les formations adoptées par Gabriel Fauré n’apportent pas de grandes innovations de timbres (il n’utilise pratiquement jamais d’instruments à vent dans sa musique de chambre, par exemple).

Le message fauréen est en effet tout en intimité, en intériorité et tend vers la pureté de l’idée musicale. Ceci l’amène à se détourner des grands effets parfois prisés de son époque, telles les audaces orchestrales de Wagner, Debussy ou Stravinsky (voir citation plus bas). Si la musique de Fauré n’exclut pas des accents romantiques et des violences passagères, notamment dans sa Fantaisie, cet aspect « intérieur » de sa musique s’est accentué avec l’âge, notamment dans les œuvres de la fin de sa vie, qui font preuve d’un « ascétisme » musical qui a dérouté, en son temps et même aujourd’hui, ses adeptes comme ses détracteurs.

Du fait de ce classicisme d’apparence, l’originalité du message fauréen a pu être parfois mal comprise.

Influences[modifier | modifier le code]

John Singer Sargent, Gabriel Fauré (vers 1889), Paris, Cité de la musique.

Ses œuvres vont du pur classicisme — lorsqu’au début de sa carrière, il imite le style de Haydn et Mendelssohn — au romantisme, pour aboutir à une esthétique du XXe siècle. Elles sont basées sur une profonde assimilation des structures harmoniques qu’il avait apprises, à l’École Niedermeyer, de son professeur Gustave Lefèvre, qui a écrit en 1889 un Traité d’harmonie. Cet ouvrage présente une théorie de l’harmonie sensiblement différente de la théorie classique de Jean-Philippe Rameau : les accords de septième et de neuvième n’y sont plus considérés comme dissonants et la quinte peut être altérée sans changer le mode. Ainsi, avant même de découvrir la musique romantique de son temps, le jeune Gabriel Fauré a d’abord suivi un enseignement dans le cadre de l’école Niedermeyer qui laissait une large place à la musique religieuse et aux modes d’église. Cette influence essentielle contribue à l’originalité de l’écriture fauréenne par rapport aux compositeurs de son temps et se retrouve tout au long de son œuvre, tant par l’usage d’enchaînements harmoniques modaux que par l’écriture de lignes mélodiques à l’ambitus réduit et sans grandes ruptures d’intervalle qui dénotent l’influence du chant grégorien, notamment dans ses mélodies ou encore dans son deuxième quintette pour cordes et piano.

En opposition avec son style harmonique et mélodique très novateur à cette époque, les subtils motifs rythmiques sont répétitifs, avec des modulations similaires à celles que l’on peut trouver dans la musique de Brahms. Ainsi, Fauré sous-tend souvent sa ligne mélodique par un flux continu qui divise ses œuvres en grandes courbes dynamiques. Ceci est surtout perceptible dans ses mélodies ou encore ses œuvres pour piano (Nocturnes et Barcarolles).

Ces dernières font en effet usage d’arpèges et d’une mélodie entremêlée des deux mains, avec des substitutions de doigtés, naturelles chez l’organiste, mais dont l’interprétation est parfois difficile pour le pianiste. Son œuvre pianistique en général n’est pas sans rappeler certaines pièces de Liszt, Schumann ou Chopin, compositeurs que Camille Saint-Saëns avait fait découvrir au jeune Gabriel Fauré.

Enfin, Gabriel Fauré n’ignorait pas la musique de Richard Wagner dont l’aura était considérable à la fin du XIXe siècle dans les milieux culturels européens. S’étant rendu au festival de Bayreuth, il avait composé avec André Messager une pièce pour piano à quatre mains intitulée Souvenirs de Bayreuth pastichant les principaux thèmes de la Tétralogie.

L’influence de Wagner sur la musique de Fauré est d’autant plus discrète que leur tempérament diffère, mais elle reste sensible dans certaines pièces, telles que le Prélude de Pelléas et Mélisande ou l’introduction de Tendresse de la suite Dolly.

Il fut un des musiciens longuement étudiés par le philosophe Vladimir Jankélévitch (1903-1985).

Évolutions[modifier | modifier le code]

photographie : Portrait de Gabriel Fauré en 1905
Gabriel Fauré en 1905 par Eugène Pirou.

On décrit souvent l’évolution de Gabriel Fauré en distinguant dans son œuvre trois périodes (ou manières)[13].

La première période s’étend jusqu’en 1890 et comprend certaines de ses œuvres les plus connues telles que la mélodie Après un rêve (issue de Trois mélodies, op. 7) ou son Élégie pour violoncelle et piano. La sicilienne issue de sa suite Pelléas et Mélisande se rattache également à cette première manière. Celle-ci se caractérise par l’influence des musiques allemandes et italiennes et par un certain classicisme.

On fait généralement débuter la seconde période de Fauré par les Mélodies de Venise (1891). On la fait s'étendre jusqu'au début du XXe siècle. Elle se caractérise par une grande finesse harmonique, un sens de la sensualité et de nombreuses audaces harmoniques, comme dans Shylock par exemple.

La troisième période comprend les cycles de mélodies de la fin de la vie de Fauré (La Chanson d'Ève (1910), Mirages (1919) ou encore L'Horizon chimérique (1921). On y range également son deuxième quintette en ut mineur (1921) ou encore ses remarquables deux dernières œuvres, le Trio pour piano et cordes opus 120 (1922-23) et le Quatuor à cordes en mi mineur opus 121 (1923-24). Cette période est contemporaine des problèmes de surdité qui affectent Gabriel Fauré. On a souvent expliqué de cette manière l'évolution de la musique de Fauré, caractéristique de cette troisième manière, vers un plus grand dépouillement, un plus grand statisme, jusqu’à devenir parfois comme immatérielle.

Cette « troisième manière » a été parfois sujette à controverse et reste la moins bien connue. Certains l'ont considérée comme une période d’aridité et de déclin mais beaucoup de musiciens et de mélomanes y voient bien plutôt le génial aboutissement d’une quête musicale qui ne doit rien aux évolutions de son temps.

Si pratique qu’elle soit pour décrire l’évolution fauréenne, cette subdivision n’a rien d’absolu, d’autant que ces « périodes » se chevauchent parfois dans le temps. Ainsi la Sérénade pour violoncelle et piano se classe dans la troisième période par sa date de composition (1908), mais se rattache par son style plutôt à la première manière.

Œuvre[modifier | modifier le code]

Gabriel Fauré laisse environ 255 œuvres.

Piano[modifier | modifier le code]

Portrait (photographie) de Gabriel Fauré, par Pierre Choumoff
Gabriel Fauré photographié par Pierre Choumoff.

Parmi les nombreuses œuvres qu'il a dédiées au piano, on peut citer :

Musique de chambre[modifier | modifier le code]

Sa production en ce domaine est magistrale. Ainsi, on peut citer :

Mélodies[modifier | modifier le code]

Il a composé tout au long de sa vie un très grand nombre de mélodies pour voix et piano. Parmi celles-ci, on compte plusieurs cycles :

Il a également composé des duos, moins répandus.

Vocale[modifier | modifier le code]

Extrait du manuscrit du Requiem de Fauré. Mesures 4–7 de l’Introït et du Kyrie
Extrait du manuscrit du Requiem de Fauré. Mesures 4–7 de l’« Introït » et du « Kyrie ».

Son Cantique de Jean Racine pour chœur avec accompagnement au clavier est probablement sa pièce la plus connue actuellement[14]. Néanmoins, c'est bien son Requiem de 1887 qui est considéré comme une de ses œuvres les plus abouties. Il faut également citer son opéra Pénélope (1913)[15], en trois actes, sur un livret de René Fauchois.

Orchestre[modifier | modifier le code]

Chorégraphies sur les compositions de Fauré[modifier | modifier le code]

Un certain nombre de œuvres de Fauré ont été utilisées en danse classique, en raison de la beauté de sa musique, et parfois de la caractéristique destinée au théâtre.

Première partie « Emeraudes » : extraits des musiques de scène Pelléas et Mélisande, op.80 (1898) ainsi que Shylock, op.57 (1889)[17]
(Prélude P1 - Fileuse P2 - Sicilienne P3 - Entracte S2 - Épithalame S4 - Nocturne S5 - Finale S6 - Mort de Mélisande P4)
Tableau III « Les aubépines » : Ballade, op.19 (1881)
Tableau XII « Morel et Saint-Loup ou le combat des anges » : Élégie pour violoncelle et piano, op.24 (1880) ainsi qu’Élégie pour violoncelle et orchestre, op.24 (1896)[18]

Hommages[modifier | modifier le code]

Plaque commémorative au no 154 boulevard Malesherbes à Paris.

Discographie[modifier | modifier le code]

Parmi les interprètes notables de ses œuvres, on peut citer :

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Le 20 février 1923, « Cote LH/940/44 », base Léonore, ministère français de la Culture
  2. Mairie de Pamiers, « Acte de naissance n° 85 du 13/05/1845 photo 431/ 481 1NUM/4E27501842-1846 », sur AD Ariège (consulté le ) : « Gabriel-Urbain Fauré né hier à 4 h du matin, fils de Mr Toussaint Fauré, inspecteur de l'instruction primaire, 36 a et de Marie Antoinette Hélène Lalene 37 a »
  3. Mairie du 16e arrondissement de Paris, « Acte de mariage no 126 du 27/03/1883 photo 4/31 V4E 7283 », sur Archives de Paris (consulté le )
  4. « La Chronique des arts et de la curiosité : supplément à la Gazette des beaux-arts », sur Gallica, (consulté le )
  5. Laure Hillerin, La comtesse Greffulhe, L'ombre des Guermantes, Flammarion, , p. 139-147
  6. (en-US) Interlude, « Why was Debussy such a shockingly terrible husband ? », (consulté le )
  7. Le Monde des Artistes, 23 juillet 1899 et 3 septembre 1899, article de G. Michel-Quatrefages.
  8. Michel Chion in Larousse de la musique, Paris, 1982.
  9. Le compositeur était étroitement lié à sa famille. Ainsi, pour la messe de mariage d'Élaine Greffulhe célébrée à la Madeleine le 14 novembre 1904, Fauré avait composé un Tantum ergo le 8 novembre (sans numérotation, mais enregistré par Michel Corboz) (https://data.bnf.fr/13954460/gabriel_faure_tantum_ergo__1904/).
  10. « Gabriel Fauré », sur haubergier.fr
  11. (« Cote LH/940/44 »)
  12. Jacques Hillairet, Dictionnaire historique des rues de Paris, Les Éditions de minuit, septième édition, 1963, t. 2 (« L-Z »), « Rue des Réservoirs », p. 336-337.
  13. Voir notamment Histoire de la Musique, In Extenso, Larousse, 1998, p. 876
  14. « Attentat de Nice - La playlist de la cérémonie : Nissa La Bella, Chœur de l'opéra, Calogero... », France 3 Provence-Alpes-Côte d'Azur,‎ (lire en ligne, consulté le )
  15. « Pénélope : poème lyrique en trois actes : partition chant et piano », sur Bibliothèques spécialisées de la Ville de Paris (consulté le )
  16. Livret lire en ligne sur Gallica (avec une erreur de date de représentation) ; Archives Municipales de Béziers, 2 R 8 : Dossier du Comité des Fêtes. Répétitions et représentations Ressources iconographique sur Gallica.
  17. Programme de l'Opéra national de Paris, novembre 2005
  18. Programme de l'Opéra national de Paris, mars 2007
  19. Selon l'office de tourisme de Pamiers ; visité le 20 septembre 2003
  20. (en) « (8685) Fauré », dans Dictionary of Minor Planet Names, Springer, (ISBN 978-3-540-29925-7, DOI 10.1007/978-3-540-29925-7_7150, lire en ligne), p. 660–660

Annexes[modifier | modifier le code]

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Bibliographie (ordre chronologique)[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

Bases de données et dictionnaires[modifier | modifier le code]