Aller au contenu

« Paléolithique inférieur » : différence entre les versions

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Contenu supprimé Contenu ajouté
mAucun résumé des modifications
Keranplein (discuter | contributions)
Mise à jour
Ligne 1 : Ligne 1 :
[[Fichier:Biface Silex Venerque MHNT PRE .2009.0.194.1 Fond.jpg|thumb|300px|[[Biface]] - Paléolithique inférieur - Collection [[Jean-Baptiste Noulet|Noulet]] - [[Muséum de Toulouse]].]]
[[Fichier:Biface Silex Venerque MHNT PRE .2009.0.194.1 Fond.jpg|vignette|300px|[[Biface]] - Paléolithique inférieur - Collection [[Jean-Baptiste Noulet|Noulet]] - [[Muséum de Toulouse]]]]
[[Fichier:Homo rudolfensis-KNM ER 1470.jpg|thumb|Moulage du crâne d’''[[Homo rudolfensis]]'' découvert à Koobi Fora, Kenya.]]


[[Fichier:Homo rudolfensis-KNM ER 1470.jpg|vignette|230px|Crâne d’''[[Homo rudolfensis]]'' (moulage), découvert à Koobi Fora, Kenya]]
Le '''Paléolithique inférieur''' est la première période de la [[Préhistoire]], marquée par l'apparition de l'[[Homo|Homme]] en [[Afrique]]. Selon les points de vue et les critères retenus, elle débute entre 3 et {{nombre|2.5|millions}} d'années [[avant le présent]] (ou 2,5 [[million d'années|Ma]] [[avant le présent|BP]]). Elle se termine il y a environ {{nombre|300000|ans}}, lorsque des changements au niveau de l'outillage et de l'évolution humaine annoncent le début du [[Paléolithique moyen]]. Les [[industrie lithique|industries lithiques]] associées au Paléolithique inférieur sont l'[[Oldowayen]] et l'[[Acheuléen]]. Dans le cas de l'Europe, le [[Chelléen]] et l'[[Abbevillien]] sont des subdivisions du Paléolithique inférieur qui ont tendance à tomber en désuétude.


Le '''Paléolithique inférieur''' est la première période de la [[Préhistoire]]. Selon les points de vue et les critères retenus, il débute il y a 3,3 millions d'années, avec l'apparition des premiers outils lithiques, ou il y a 2,8 millions d'années, avec le premier fossile attribué au [[genre (biologie)|genre]] ''[[Homo]]'' en [[Afrique]]. Il se termine il y a environ {{nb|300000 ans}}, lorsque l'émergence de nouveaux outillages lithiques marquent le début du [[Paléolithique moyen]]. Les [[industrie lithique|industries lithiques]] associées au Paléolithique inférieur sont l'[[Oldowayen]] et l'[[Acheuléen]].
Certains auteurs, minoritaires, distinguent un [[Très Ancien Paléolithique]] ou Paléolithique archaïque correspondant au début de cette période<ref>Bonifay, E. (2002) - ''Les premiers peuplements de l'Europe'', La Maison des Roches, p. 11.</ref>{{,}}<ref>Jaubert, J. (2010) - « Les premiers peuplements de la France (env. 1 Ma - 0,5 Ma) », in: ''La France préhistorique'', Clottes, J., (Éd.), Gallimard, pp. 21-41.</ref>.

Certains auteurs distinguent un [[Très Ancien Paléolithique]], ou Paléolithique archaïque, correspondant au début du Paléolithique inférieur<ref>Bonifay, E. (2002) - ''Les premiers peuplements de l'Europe'', La Maison des Roches, p. 11</ref>{{,}}<ref>Jaubert, J. (2010) - « Les premiers peuplements de la France (env. 1 Ma - 0,5 Ma) », in : ''La France préhistorique'', Clottes, J., (Éd.), Gallimard, pp. 21-41</ref>.


== Le Paléolithique inférieur en Afrique ==
== Le Paléolithique inférieur en Afrique ==
Les principales découvertes concernant les débuts de l’aventure humaine ont pour cadre le continent africain, et tout particulièrement l’Afrique orientale et australe. C’est de ces régions que proviennent les plus anciens fossiles attribués à la famille des [[Hominidés]] : parmi ces ancêtres - ou proches parents - de l’Homme on trouve les [[Australopithèque]]s (dont ''[[Australopithecus afarensis]]'' et la fameuse [[Lucy (australopithèque)|Lucy]], puis ''[[Australopithecus africanus]]'' et ''[[Paranthropus robustus]]'') et les premiers représentants du genre humain proprement dit (''[[Homo rudolfensis]]'' puis ''[[Homo habilis]]'', le premier à avoir une capacité crânienne de plus de {{unité|600|cm|3}}).


Les principales découvertes paléontologiques et archéologiques concernant les débuts de l’aventure humaine ont pour cadre le continent africain, et tout particulièrement l’Afrique orientale et australe. C’est de ces régions que proviennent la plupart des plus anciens fossiles attribués à la [[Tribu (biologie)|sous-tribu]] des [[Hominina]]. Parmi ces ancêtres - ou proches parents - de l’Homme on trouve les ''[[Australopithèque]]s'', les ''[[Paranthropus|Paranthropes]]'', et les premiers représentants du genre ''[[Homo]]'', ''[[Homo rudolfensis]]'' et ''[[Homo habilis]]'', les premiers à avoir une capacité crânienne de plus de {{unité|550 cm3}}.
C’est de également que proviennent les plus anciens outils taillés connus à ce jour : ils ont été découverts au Kenya, à [[Lomekwi 3]], dans des terrains datés d’environ {{nombre|3.3|Ma BP}} BP<ref>Harmand, S., Lewis, J.E., Feibel, C.S., Lepre, C.J., Prat, S., Lenoble, A., Boës, X., Quinn, R.L., Brenet, M., Arroyo, A., Taylor, N., Clément, S., Daver, G., Brugal, J.-Ph., Leakey, L., Mortlock, R.A., Wright, J.D., Lokorodi, S., Kirwa, Ch., Kent, D.V. et Roche, H. (2015) - « 3.3-million-year-old stone tools from Lomekwi 3, West Turkana, Kenya », ''Nature'', vol. 521, pp. 310-315. ({{en}} [http://www.nature.com/nature/journal/v521/n7552/full/nature14464.html résumé], [http://www.nature.com/nature/journal/v521/n7552/extref/nature14464-s1.pdf informations supplémentaires en ligne])</ref>. Ils supplantent en ancienneté ceux de Kada Gona en Éthiopie, datant de {{nombre|2.6|Ma}}. Si ces premiers outils sont généralement peu élaborés, des découvertes récentes effectuées dans le site de Lokalalei au Kenya (ouest du [[lac Turkana]]), ont montré que la taille de la pierre pouvait être assez organisée et révélait une certaine habileté technique dès {{nombre|2.3|Ma BP}}.


C’est d'[[Afrique de l'Est|Afrique orientale]] que proviennent les plus anciens outils taillés connus à ce jour : ils ont été découverts au [[Kenya]], à [[Lomekwi 3]], dans des terrains datés d’environ {{nb|3,3 Ma}}<ref>{{en}} Sonia Harmand, Lewis, J.E., Feibel, C.S., Lepre, C.J., Prat, S., Lenoble, A., Boës, X., Quinn, R.L., Brenet, M., Arroyo, A., Taylor, N., Clément, S., Daver, G., Brugal, J.-Ph., Leakey, L., Mortlock, R.A., Wright, J.D., Lokorodi, S., Kirwa, Ch., Kent, D.V. et Roche, H. (2015) - « 3.3-million-year-old stone tools from Lomekwi 3, West Turkana, Kenya », ''Nature'', vol. 521, pp. 310-315, [http://www.nature.com/nature/journal/v521/n7552/full/nature14464.html résumé], [http://www.nature.com/nature/journal/v521/n7552/extref/nature14464-s1.pdf informations supplémentaires en ligne]</ref>. Ils supplantent en ancienneté ceux de [[Awash|Kada Gona]] en [[Éthiopie]], datés de {{nb|2,6 Ma}}. Si ces premiers outils sont peu élaborés, des découvertes récentes effectuées sur le site de Lokalalei au [[Kenya]] (ouest du [[lac Turkana]]), ont montré que la taille de la pierre pouvait être assez organisée et révélait une certaine habileté technique dès {{nb|2,3 Ma}}.
Après une période durant laquelle ils sont rares, les sites à outils lithiques se multiplient à partir de {{nombre|1.9|Ma BP}}. Les sites d’[[Gorges d'Olduvai|Olduvai]] en Tanzanie ou de Koobi Fora au Kenya ont livré de nombreux vestiges de cette industrie appelée [[Oldowayen]]. Les instruments de cette époque restent très simples et comportent essentiellement des éclats et des galets taillés.


Après une période durant laquelle ils sont rares, les sites à outils lithiques se multiplient à partir de {{nb|1,9 Ma}}. Les sites d’[[Gorges d'Olduvai|Olduvai]] en Tanzanie ou de [[Lac Turkana|Koobi Fora]] au Kenya ont livré de nombreux vestiges de cette industrie appelée [[Oldowayen]]. Les outils de cette époque restent très simples et comportent essentiellement des éclats et des galets taillés.
À partir de 1,6 Ma BP, toujours en Afrique, on assiste à l’apparition de nouvelles espèces d’Hominidés fossiles et d’une nouvelle industrie lithique :
* en effet, on trouve à cette époque, aux côtés des ''[[Paranthropus robustus]]'', les ''[[Homo ergaster]]'' puis les ''[[Homo erectus]]'' ;
* d’autre part, on voit apparaître de nouveaux outils, plus grands et plus élaborés, tels que les [[biface]]s, les [[hachereau]]x ou les [[Bolas (arme)|bolas]], qui caractérisent l’[[Acheuléen]]. Les sites de cette époque sont extrêmement nombreux mais on peut retenir les noms d’Olduvai (Tanzanie), [[Olorgesailie]], Kilombe, Isenya (Kenya), [[Melka Kunture]], Gadeb (Éthiopie).


À partir de 1,76 Ma on assiste à l’apparition en [[Afrique de l'Est]] d’une nouvelle industrie lithique, avec des outils plus élaborés, tels que les [[biface]]s, les [[hachereau]]x ou les [[Bolas (arme)|bolas]], qui caractérisent l’[[Acheuléen]]. Les sites de cette époque sont extrêmement nombreux mais on peut retenir les noms d’Olduvai (Tanzanie), [[Olorgesailie]], Kilombe, Isenya (Kenya), [[Melka Kunture]], Gadeb (Éthiopie). L'industrie [[acheuléen]]ne se répand rapidement dans toute l'Afrique, puis à partir de 1,5 Ma, gagne le [[Moyen-Orient]] et l'[[Inde]].
== Le Paléolithique inférieur en Europe ( - 1 Ma - 300 000 ans) ==


== Le Paléolithique inférieur en Europe (de 1,6 Ma à 300 000 ans AP) ==
Bien que l’un de ses prédécesseurs – qui reste à définir – ait pu s’aventurer hors d’Afrique comme en témoignent les découvertes réalisées à Dmanissi (Géorgie ; - {{nombre|1.7|Ma}} ?), c’est l’''Homo erectus'' qui va véritablement peupler progressivement le [[Proche-Orient]] (-{{nombre|1.4|Ma}} en Palestine), l’Asie (-{{nombre|1|Ma}} / - {{nombre|800000|ans}} en Chine et à Java, où il a été reconnu sous le nom de [[Pithécanthrope]]) et l’Europe (- {{nombre|1|Ma}}). Les fossiles européens de [[Ceprano]] et d’[[Altamura]] (Italie), de [[Mauer (Bade-Wurtemberg)|Mauer]] (Allemagne), de [[Homme de Tautavel|Tautavel]] (France), de [[Atapuerca]] (Espagne) ou de [[Petralona]] (Grèce) peuvent être considérés comme des ''[[Homo heidelbergensis]]'', des ''[[Homo erectus]]'' évolués comportant déjà certains traits propres à leurs descendants directs, les [[Homme de Néandertal|Hommes de Néandertal]].


[[Fichier:Homo antecessor child cast Natural History Museum London.jpg|vignette|230px|Crâne d’''[[Homo antecessor]]'', [[Sierra d'Atapuerca|Atapuerca]], Espagne]]
Les premiers ensembles lithiques clairement identifiés en Europe comportent essentiellement des éclats et des galets ou blocs taillés, parfois associés à quelques [[biface]]s et quelques éclats retouchés (transformés en outils plus spécialisés par de petits enlèvements sur les bords). On peut mentionner notamment les sites de Monte Poggiolo, Isernia La Pineta, Venosa-Notarchirico (Italie), Atapuerca, Orce (Espagne), Soleilhac, Abbeville et Saint-Acheul (France), qui s’échelonnent entre {{nombre|1|Ma}} et {{nombre|500000|ans}} BP.

Ces industries sont progressivement remplacées, peut-être lors d’une deuxième vague de peuplement, par des [[acheuléen|industries acheuléennes]] à bifaces et hachereaux nettement plus nombreux : on en trouve la trace, entre 500 et {{nombre|300000|ans}} [[avant le présent|BP]], dans les sites de Torre in Pietra, Castel di Guido, Fontana Ranuccio, Venosa (Italie), de Pinedo, Aridos, Torralba, Ambrona, Atapuerca (Espagne), de [[Terra Amata (site archéologique)|Terra Amata]], [[Caune de l'Arago|Tautavel]], Orgnac 3, Cagny (France), de Swanscombe, Hoxne (Angleterre), de Kärlich, Schöningen, Bilzingsleben (Allemagne).
De probables représentants du genre [[Homo]] ont laissé des vestiges lithiques en [[Europe]] à partir de 1,6 Ma, à Bogatyri ([[Kouban]]) au nord du [[Caucase]], à [[Lézignan-la-Cèbe]] ([[Hérault (département)|Hérault]]) en France, et à Pirro Nord en [[Italie]]. Ces sites n'ont pas livré de restes humains associés.<br>
Le plus ancien fossile humain découvert à ce jour en [[Europe]] est une dent isolée, datée d'environ 1,5 Ma, trouvée dans la grotte de [[Kozarnika]], en [[Bulgarie]]. On ne connait pas encore les espèces humaines qui vivaient en Europe à cette lointaine époque, antérieurement à ''[[Homo antecessor]]'', plus ancienne espèce européenne identifiée à ce jour, dont les fossiles sont datés en [[Espagne]] d'environ {{nb|820000 ans}}.

Les premiers ensembles lithiques clairement identifiés en Europe comportent essentiellement des éclats et des galets ou blocs taillés. On peut mentionner notamment les sites de Monte Poggiolo, Isernia La Pineta, Venosa-Notarchirico (Italie), Atapuerca, Orce (Espagne), Soleilhac (France), qui s’échelonnent jusqu'à {{nb|650000ans}} [[avant le présent|AP]].

Ces industries sont progressivement remplacées, peut-être lors d’une nouvelle vague de peuplement, par des [[acheuléen|industries acheuléennes]] à bifaces et hachereaux : on en trouve la trace, entre {{nb|665000}} et {{nb|100000 ans}} [[avant le présent|AP]], sur les sites de Torre in Pietra, Castel di Guido, Fontana Ranuccio, Venosa (Italie), de Pinedo, Aridos, Torralba, Ambrona, Atapuerca (Espagne), de Saint-Acheul, [[Terra Amata (site archéologique)|Terra Amata]], [[Caune de l'Arago|Tautavel]], Orgnac 3, Cagny (France), de Swanscombe, Hoxne (Angleterre), de Kärlich, Schöningen, Bilzingsleben (Allemagne).

À partir d'environ {{nb|300000 ans}} [[avant le présent|AP]] émerge l'industrie [[moustérien]]ne, qui marque le début du [[Paléolithique moyen]] en [[Europe]].


== Modes de vie au Paléolithique inférieur ==
== Modes de vie au Paléolithique inférieur ==

Les indications concernant directement la vie quotidienne sont extrêmement rares pour ces périodes reculées, du fait de la mauvaise conservation générale des vestiges en matériaux périssables. Il est le plus souvent impossible de déterminer la fonction des vestiges lithiques eux-mêmes, faute d’une bonne conservation de leurs traces d’utilisation. De plus la répartition spatiale des objets découverts lors des fouilles archéologiques correspond rarement à leur disposition originelle et il est difficile de savoir comment s’organisait l’habitat.
Les indications concernant directement la vie quotidienne sont extrêmement rares pour ces périodes reculées, du fait de la mauvaise conservation générale des vestiges en matériaux périssables. Il est le plus souvent impossible de déterminer la fonction des vestiges lithiques eux-mêmes, faute d’une bonne conservation de leurs traces d’utilisation. De plus la répartition spatiale des objets découverts lors des fouilles archéologiques correspond rarement à leur disposition originelle et il est difficile de savoir comment s’organisait l’habitat.


Mais quelquefois des découvertes exceptionnelles permettent d’entrevoir des comportements complexes : ainsi la pratique de la chasse a pu être démontrée grâce à la mise au jour d’épieux en bois travaillés, notamment à Clacton-on-Sea (Angleterre) et Schöningen (Allemagne). Même si le charognage a pu jouer un rôle important, dès cette époque les espèces chassées sont très variées, leur taille pouvant aller de celle du lapin à celle du [[mammouth]].
Mais quelquefois des découvertes exceptionnelles permettent d’entrevoir des comportements complexes : ainsi la pratique de la chasse a pu être démontrée grâce à la mise au jour d’épieux en bois travaillés, notamment à [[Clacton-on-Sea]] (Angleterre) et à [[Schöningen]] (Allemagne), au Paléolithique inférieur tardif. Même si le charognage a pu jouer un rôle important, dès cette époque les espèces chassées sont très variées, allant du lapin au [[mammouth]].


Une découverte majeure de cette fin du Paléolithique ancien est la [[Feu#Domestication par l'Homme|domestication du feu]]: elle est peut-être à mettre à l’actif d’''[[Homo erectus]]'', mais elle n'est fréquemment attestée qu'à partir d’environ - {{nombre|400000|ans}}, notamment dans les sites de [[Terra Amata (site archéologique)|Terra Amata]], [[Menez Dregan]] ([[France]]), [[Bilzingsleben]] ([[Allemagne]]) ou [[Vértesszőlős]] ([[Hongrie]]).
Une innovation majeure de cette fin du Paléolithique inférieur est la [[domestication du feu]], attestée à partir d’environ {{nb|400000ans}} [[avant le présent|AP]], notamment sur les sites de [[Terra Amata (site archéologique)|Terra Amata]], [[Menez Dregan]] ([[France]]), [[Bilzingsleben]] ([[Allemagne]]) ou [[Vértesszőlős]] ([[Hongrie]]).


== Notes et références ==
== Notes et références ==
{{Références}}
{{Références}}

== Articles connexes ==
* [[Paléolithique]]
* [[Paléolithique moyen]]
* [[Paléolithique supérieur]]


{{Palette Âges préhistoriques}}
{{Palette Âges préhistoriques}}
Ligne 38 : Ligne 50 :
{{Portail|Préhistoire|Paléontologie}}
{{Portail|Préhistoire|Paléontologie}}


{{DEFAULTSORT:Paleolithique inferieur}}
[[Catégorie:Paléolithique]]
[[Catégorie:Paléolithique]]

[[sv:Paleolitikum#Tidigpaleolitikum]]

Version du 30 mars 2018 à 20:22

Biface - Paléolithique inférieur - Collection Noulet - Muséum de Toulouse
Crâne d’Homo rudolfensis (moulage), découvert à Koobi Fora, Kenya

Le Paléolithique inférieur est la première période de la Préhistoire. Selon les points de vue et les critères retenus, il débute il y a 3,3 millions d'années, avec l'apparition des premiers outils lithiques, ou il y a 2,8 millions d'années, avec le premier fossile attribué au genre Homo en Afrique. Il se termine il y a environ 300 000 ans, lorsque l'émergence de nouveaux outillages lithiques marquent le début du Paléolithique moyen. Les industries lithiques associées au Paléolithique inférieur sont l'Oldowayen et l'Acheuléen.

Certains auteurs distinguent un Très Ancien Paléolithique, ou Paléolithique archaïque, correspondant au début du Paléolithique inférieur[1],[2].

Le Paléolithique inférieur en Afrique

Les principales découvertes paléontologiques et archéologiques concernant les débuts de l’aventure humaine ont pour cadre le continent africain, et tout particulièrement l’Afrique orientale et australe. C’est de ces régions que proviennent la plupart des plus anciens fossiles attribués à la sous-tribu des Hominina. Parmi ces ancêtres - ou proches parents - de l’Homme on trouve les Australopithèques, les Paranthropes, et les premiers représentants du genre Homo, Homo rudolfensis et Homo habilis, les premiers à avoir une capacité crânienne de plus de 550 cm3.

C’est d'Afrique orientale que proviennent les plus anciens outils taillés connus à ce jour : ils ont été découverts au Kenya, à Lomekwi 3, dans des terrains datés d’environ 3,3 Ma[3]. Ils supplantent en ancienneté ceux de Kada Gona en Éthiopie, datés de 2,6 Ma. Si ces premiers outils sont peu élaborés, des découvertes récentes effectuées sur le site de Lokalalei au Kenya (ouest du lac Turkana), ont montré que la taille de la pierre pouvait être assez organisée et révélait une certaine habileté technique dès 2,3 Ma.

Après une période durant laquelle ils sont rares, les sites à outils lithiques se multiplient à partir de 1,9 Ma. Les sites d’Olduvai en Tanzanie ou de Koobi Fora au Kenya ont livré de nombreux vestiges de cette industrie appelée Oldowayen. Les outils de cette époque restent très simples et comportent essentiellement des éclats et des galets taillés.

À partir de 1,76 Ma on assiste à l’apparition en Afrique de l'Est d’une nouvelle industrie lithique, avec des outils plus élaborés, tels que les bifaces, les hachereaux ou les bolas, qui caractérisent l’Acheuléen. Les sites de cette époque sont extrêmement nombreux mais on peut retenir les noms d’Olduvai (Tanzanie), Olorgesailie, Kilombe, Isenya (Kenya), Melka Kunture, Gadeb (Éthiopie). L'industrie acheuléenne se répand rapidement dans toute l'Afrique, puis à partir de 1,5 Ma, gagne le Moyen-Orient et l'Inde.

Le Paléolithique inférieur en Europe (de 1,6 Ma à 300 000 ans AP)

Crâne d’Homo antecessor, Atapuerca, Espagne

De probables représentants du genre Homo ont laissé des vestiges lithiques en Europe à partir de 1,6 Ma, à Bogatyri (Kouban) au nord du Caucase, à Lézignan-la-Cèbe (Hérault) en France, et à Pirro Nord en Italie. Ces sites n'ont pas livré de restes humains associés.
Le plus ancien fossile humain découvert à ce jour en Europe est une dent isolée, datée d'environ 1,5 Ma, trouvée dans la grotte de Kozarnika, en Bulgarie. On ne connait pas encore les espèces humaines qui vivaient en Europe à cette lointaine époque, antérieurement à Homo antecessor, plus ancienne espèce européenne identifiée à ce jour, dont les fossiles sont datés en Espagne d'environ 820 000 ans.

Les premiers ensembles lithiques clairement identifiés en Europe comportent essentiellement des éclats et des galets ou blocs taillés. On peut mentionner notamment les sites de Monte Poggiolo, Isernia La Pineta, Venosa-Notarchirico (Italie), Atapuerca, Orce (Espagne), Soleilhac (France), qui s’échelonnent jusqu'à 650 000 ans AP.

Ces industries sont progressivement remplacées, peut-être lors d’une nouvelle vague de peuplement, par des industries acheuléennes à bifaces et hachereaux : on en trouve la trace, entre 665 000 et 100 000 ans AP, sur les sites de Torre in Pietra, Castel di Guido, Fontana Ranuccio, Venosa (Italie), de Pinedo, Aridos, Torralba, Ambrona, Atapuerca (Espagne), de Saint-Acheul, Terra Amata, Tautavel, Orgnac 3, Cagny (France), de Swanscombe, Hoxne (Angleterre), de Kärlich, Schöningen, Bilzingsleben (Allemagne).

À partir d'environ 300 000 ans AP émerge l'industrie moustérienne, qui marque le début du Paléolithique moyen en Europe.

Modes de vie au Paléolithique inférieur

Les indications concernant directement la vie quotidienne sont extrêmement rares pour ces périodes reculées, du fait de la mauvaise conservation générale des vestiges en matériaux périssables. Il est le plus souvent impossible de déterminer la fonction des vestiges lithiques eux-mêmes, faute d’une bonne conservation de leurs traces d’utilisation. De plus la répartition spatiale des objets découverts lors des fouilles archéologiques correspond rarement à leur disposition originelle et il est difficile de savoir comment s’organisait l’habitat.

Mais quelquefois des découvertes exceptionnelles permettent d’entrevoir des comportements complexes : ainsi la pratique de la chasse a pu être démontrée grâce à la mise au jour d’épieux en bois travaillés, notamment à Clacton-on-Sea (Angleterre) et à Schöningen (Allemagne), au Paléolithique inférieur tardif. Même si le charognage a pu jouer un rôle important, dès cette époque les espèces chassées sont très variées, allant du lapin au mammouth.

Une innovation majeure de cette fin du Paléolithique inférieur est la domestication du feu, attestée à partir d’environ 400 000 ans AP, notamment sur les sites de Terra Amata, Menez Dregan (France), Bilzingsleben (Allemagne) ou Vértesszőlős (Hongrie).

Notes et références

  1. Bonifay, E. (2002) - Les premiers peuplements de l'Europe, La Maison des Roches, p. 11
  2. Jaubert, J. (2010) - « Les premiers peuplements de la France (env. 1 Ma - 0,5 Ma) », in : La France préhistorique, Clottes, J., (Éd.), Gallimard, pp. 21-41
  3. (en) Sonia Harmand, Lewis, J.E., Feibel, C.S., Lepre, C.J., Prat, S., Lenoble, A., Boës, X., Quinn, R.L., Brenet, M., Arroyo, A., Taylor, N., Clément, S., Daver, G., Brugal, J.-Ph., Leakey, L., Mortlock, R.A., Wright, J.D., Lokorodi, S., Kirwa, Ch., Kent, D.V. et Roche, H. (2015) - « 3.3-million-year-old stone tools from Lomekwi 3, West Turkana, Kenya », Nature, vol. 521, pp. 310-315, résumé, informations supplémentaires en ligne

Articles connexes