« Matador » : différence entre les versions

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Il est chargé de manger le taureau
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[[Fichier:Matador.JPG|thumb|Matador préparant l'[[estocade]], arènes [[Las Ventas]] de [[Madrid]]]]

Le '''matador''' (de l'[[espagnol]] ''matar'' : tuer) est le personnage central de la [[corrida]]. [[Torero]] principal et chef de la ''[[cuadrilla]]'', c'est lui qui est chargé de mettre à mort le [[taureau]].

== Présentation ==
Jusqu'à la seconde moitié du {{s-|XVIII}}, le [[picador]] est le personnage principal de la corrida, les toreros à pied sont tenus dans des rôles subalternes. L'importance du rôle du matador prend une part croissante sous l'influence de [[Costillares]] (1743-1800), jusqu'à devenir centrale au milieu du {{s-|XIX}}.

De nos jours, il est assisté pendant et en dehors de la corrida par un homme de confiance, le « valet d'épées » ''([[mozo de espadas]]).'' Sa carrière est gérée par son fondé de pouvoir ''([[apoderado]])''.

=== Responsabilités ===
Le matador intervient principalement au cours du troisième acte ''(tercio),'' appelé la [[faena]], mais ses responsabilités élargies recouvrent :

* les [[Passe (corrida)|passes]] de ''[[capote (corrida)|capote]]'' (en même temps que ses ''[[peón|peones]]'', lors du premier acte ''(tercio)'') ;
* amener le taureau au cheval (lors du ''tercio de piques'') ;
* les passes de ''[[muleta]]'' (lors de la faena) ;
* la mise à mort par l’[[estocade]] et éventuellement le ''[[descabello]]''.

Le matador peut également poser les [[banderilles]] aux côtés de ses ''peones'' s'il en décide ainsi, mais c'est une tâche qu'en général il leur confie.

=== Rôle ===
[[Fichier:Cayetano Rivera Ordóñez.JPG|thumb|upright|Un matador contre le [[burladero]]]]
[[Fichier:Matador in the Plaza de toros de la Real Maestranza de Caballería in Seville.jpg|vignette|Un matador, de la [[Real Maestranza de Caballería de Séville]]. Mai 2013]]
Le tirage au sort ''([[sorteo]])'', détermine les taureaux attribués à chaque matador. Ces derniers y délèguent un représentant mais, une fois déterminé le lot de chacun, ce sont eux qui décident de l’ordre de sortie des deux taureaux qui leur sont attribués.

Lors du défilé d'ouverture ''([[paseo]]),'' après le passage des [[Alguazil (corrida)|alguazils]], les trois matadors viennent au premier rang, vêtus de leur [[habit de lumières]] et portant un ''[[capote (corrida)|capote de paseo]]'' à l'épaule gauche. Ils sont classés par ordre d’ancienneté : à gauche (dans le sens de la marche) le plus ancien (le [[chef de lidia]]), à droite le deuxième d’ancienneté, au milieu le moins ancien. Si un torero se présente pour la première fois dans la ''« plaza »'', il avance tête nue, sinon il est coiffé du chapeau traditionnel, la ''« [[Glossaire de la tauromachie#M|montera]] »''.

Généralement, le combat oppose six taureaux à trois matadors. Chaque matador combat donc deux taureaux : le matador le plus ancien combat les premier et quatrième, le deuxième par ordre d’ancienneté combat les deuxième et cinquième, le plus jeune combat les troisième et sixième.

Dans le cas du [[mano a mano]], seuls deux matadors affrontent les six taureaux, soit trois chacun. Dans le cas exceptionnel où l'un d'eux est blessé par un taureau, c'est l'autre qui affronte les bêtes restantes. [[Nimeño II]] a ainsi combattu six taureaux aux [[arènes de Nîmes]] le 14 mai 1989, sur ''[[cogida]]'' de [[Victor Mendes]] en début de spectacle.

À l'entrée du taureau, le matador peut choisir de l'attendre ''« [[a porta gayola]] »'', c'est-à-dire seul et agenouillé devant la porte du [[toril]].

Lors du premier acte, le matador et ses peones effectuent des passes de capote. Cette phase permet au matador d’évaluer le comportement du taureau : les peones appellent ce dernier à tour de rôle et l’attirent vers les différents points de l’arène, l’incitant à aller au bout de sa charge, pendant que le matador observe. Puis le matador effectue lui-même quelques passes de capote, afin de compléter son étude.

Au cours du second acte, les [[banderilles]] sont posées par les peones, que l'on appelle pour l'occasion ''[[banderillero]]s''. Le matador peut choisir, dans un geste d'éclat, d'effectuer lui-même cette ''[[Suerte (corrida)|suerte]]'', au son de l'orchestre, s'il est particulièrement doué pour la discipline. On parle alors de ''« matador banderillero ».''

Le troisième acte, la faena, constitue le point d'orgue du combat, préparant le taureau à la mort. La faena est le travail à pied du matador, qu'il mène à l'aide de la [[muleta]], leurre en tissu rouge grâce auquel il réalise une série de ''[[passe (corrida)|passes de muleta]]''. À l’origine, la ''faena de muleta'' se limitait à quatre ou cinq passes. Aujourd’hui, le matador qui en ferait si peu déclencherait une énorme ''[[bronca]]''. Le matador conclut la faena par l'[[estocade]], coup mortel porté au taureau.

Parfois, après l’estocade, le taureau tarde à s’écrouler. Le matador doit alors réaliser un ''« [[descabello]] »'' : il plante une épée spéciale ''([[verdugo]])'' entre la base du crâne et le début de la colonne vertébrale, au même endroit que celui où le [[puntillero]] plantera sa puntilla.

La qualité de la faena et de l'estocade détermineront l'appréciation du public et du président, qui peut accorder selon les circonstances un [[trophée (corrida)|trophée]] : une ou deux oreilles, ou les deux oreilles et la queue du taureau. Le matador ovationné fera un tour de piste en saluant son public (''[[glossaire de la tauromachie#V|vuelta]]''), peut même quitter les arènes ''[[a hombros]]'', c'est-à-dire sur les épaules d'admirateurs. En cas de jugement négatif au contraire, il quittera le ruedo sans trophée, sous les huées (bronca) ou pire, dans le silence.

=== Formation ===
{{Article détaillé|École taurine}}
Le matador commence par une phase d'apprentissage en toréant de jeunes taureaux âgés de moins de trois ans (''[[becerro (corrida)|becerros]]'') au cours de ''[[novillada]]s sans [[picador]]''. Si le talent, le courage et aussi la chance sont là, après un certain nombre de ''[[novillada]]s sans picador'', il pourra se présenter comme ''[[novillero]]'' pour combattre des taureaux de trois à quatre ans (''novillos'') au cours de ''novilladas''.

Enfin, il ''prendra l'[[Alternative (corrida)|alternative]]'' dans une course où, sous le parrainage d'un matador et en présence d’un témoin, il obtiendra le droit de combattre des taureaux de plus de quatre ans.

Le [[toreo de salon]] est aussi une partie importante de la formation du matador, notamment pour améliorer la qualité esthétique de ses gestes. Cette méthode est née avec l'apparition du [[toreo]] de [[Juan Belmonte]] et de celui de [[Joselito (José Gómez Ortega)|« Joselito »]]<ref>{{harvsp|Casanova|Dupuy|1981|p=165}}</ref>.

Depuis 1977 à [[Madrid]] en [[Espagne]], depuis en 1984 en [[France]], les matadors reçoivent une formation dans les [[école taurine|écoles taurines]]<ref>{{harvsp|Bérard|2003|p=476}}</ref>. (Selon Claude Popelin et Yves Harté, l'école de Madrid aurait été ouverte en 1975<ref name="Popelin Harté 119">{{harvsp|Popelin|Harté|1994|p=119}}</ref>.)

=== Matadors célèbres ===
[[File:Castella Bogota 2019.jpg|thumb|Castella, Bogota (2019)]]
{{Article détaillé|Liste de matadors|Liste des matadors morts dans l'arène}}
[[Fichier:Manzanares naturelle.JPG|thumb|[[Manzanares (José María Dolls Abellán)|Manzanares]] en 1994]]
Chaque année, un classement des matadors est effectué : l'[[escalafón]].

Au début du {{XXIe siècle}}, environ deux cent cinquante à trois cents matadors composent chaque année l’''escalafón''. Les ''figuras'' (« vedettes ») font jusqu’à une centaine de corridas dans l’année, alors que beaucoup n’en font qu’une ou deux.

Si le monde des toreros reste à forte dominante espagnole, particulièrement d'origine [[Andalousie|andalouse]]<ref>{{harvsp|Bennassar|1993|p=137}}</ref>, des toreros célèbres venus d'[[corrida en Amérique latine|Amérique latine]] ont triomphé en [[Europe]]. Ils sont particulièrement nombreux au [[Mexique]] : [[Rodolfo Gaona]], [[Carlos Arruza]], [[Humberto Flores]], [[Manolo Mejía]] entre autres.

Les toreros français à réputation internationale sont plus rares. Leur reconnaissance dans le ''mundillo'' est relativement récente (années 1968 et au-delà) avec [[Simon Casas]], Alain Montcouquiol « [[Nimeño I|El Nimeño]] », [[Richard Milian]]. Développée grâce à la mise en place d'[[École taurine|écoles taurines]] dans les années 1980, la tauromachie française compte notamment [[Nimeño II]], [[Juan Bautista]], [[Sébastien Castella]]<ref>{{harvsp|Bérard|2003|p=919}}</ref>.

Les ''toreros exotiques'' désignés ainsi par Robert Bérard<ref name="Bérard 913">{{harvsp|Bérard|2003|p=913}}</ref> regroupent des toreros que leur pays d'origine de destinaient pas à embrasser la carrière taurine : [[Moyen-Orient]], [[Asie]] : le Japonais [[Mitsuya]] installé au Pérou en 1961<ref name="Bérard 913"/> ou Atsuhiro Shimoyama « [[El Niño del Sol Naciente]] » installé à [[Séville]]. Ou encore le Chinois Bong Way Wong installé aux [[États-Unis]] qui paraît en Espagne en 1966, et le torero [[palestinien]]<ref name="Bérard 913"/>, Saïd Kaza Lahmansour né à [[Haïfa]] en 1955<ref name="Bérard 913"/>.

Parmi les toreros ''[[États-Unis|yankees]]'' attirés par le Mexique d'abord, puis l'Espagne, et la [[France]], [[Sidney Franklin (torero)|Sidney Franklin]]<ref>{{harvsp|Bérard|2003|p=494}}</ref> a connu une carrière honorable, et après lui, [[John Fulton (torero)|John Fulton]]. [[Harper B. Lee]] est connu comme le « premier des toreros yankees<ref>{{harvsp|Sherwood|2001|p=49}}</ref>», suivis par le très célébré [[El Texano]]<ref>{{harvsp|Sherwood|2001|p=107 à 137}}</ref>, et [[Robert Ryan (torero)|Robert Ryan]] le « classy » matador<ref>{{harvsp|Sherwood|2001|p=75 à 84}}</ref>. Au [[Royaume-Uni]], on compte [[El Inglés|Frank Evans Kelly]] dont les exploits ont eu beaucoup d'échos dans les journaux et tabloïds britanniques<ref>[https://www.mirror.co.uk/celebs/news/2005/08/25/exclusive-brit-matador-frank-evans-retires-115875-15893141/ Evans le retour]</ref>{{,}}<ref>[http://www.dailyrecord.co.uk/news/editors-choice/2009/06/29/british-matador-defies-medical-advice-to-make-bullfighting-return-aged-67-86908-21480263/ Evans le retour II]</ref>.

== Femmes toreros ==
{{Article détaillé|Femme torero}}

Les [[femme torero|femmes toreros]] sont entrées dans l'arène dès le {{s|XVIII|e}}, notamment « la [[Pajuelera]] »<ref name="Bérard 472">{{harvsp|Bérard|2003|p=472}}</ref>. La première à avoir osé endosser un costume masculin est [[Dolores Sánchez « La Fragosa »|« La Fragosa »]] en 1886, alors que jusque-là les femmes toréaient en jupons comme le montre la gravure de Teresa Bolsi faite par Gustave Doré<ref name="Bérard 486">{{harvsp|Bérard|2003|p=486}}</ref>. La première qui a toréé avec des hommes est [[Juanita Cruz]]<ref name="Bérard 420">{{harvsp|Bérard|2003|p=420}}</ref>. Mais c'est sans conteste après la [[Seconde Guerre mondiale]] que des vedettes comme [[Conchita Cintrón]], [[Marie Sara]]<ref>{{harvsp|Popelin|Harté|1994|p=77}}</ref> ou [[Cristina Sánchez]] ont ouvert la voie au toreo féminin<ref>{{harvsp|Bérard|2003|p=855}}</ref>. L'ouverture des [[École taurine|écoles taurines]] en [[Europe]] et en [[Corrida en Amérique latine|Amérique latine]] est un des facteurs qui a encouragé les jeunes filles à se lancer dans la profession. La plupart des femmes toreros contemporaines en sont issues<ref>{{harvsp|Popelin|Harté|1994|p=111}}</ref>, notamment la [[femme torero|matadora]] [[Mexique|mexicaine]] [[Hilda Tenorio]].

== Bibliographie ==
* Bartolomé Bennassar. ''Qui a inventé la corrida ?'', dans la revue ''Les collections de l'Histoire'' {{numéro|31}} : ''L'Espagne'', avril-juin 2006, p 60-63
* {{Ouvrage |langue= |prénom1= Paul |nom1= Casanova |lien auteur1= |prénom2= Pierre |nom2= Dupuy |titre= Dictionnaire tauromachique |sous-titre= |numéro d'édition= |éditeur= Jeanne Laffitte |lien éditeur= |lieu= Marseille |jour= |mois= |année= 1981 |volume= |tome= |pages totales= |passage= |isbn= 2-862-76043-9 |lire en ligne= |consulté le=}}
* {{Ouvrage |langue= |prénom1= Robert |nom1= Bérard |lien auteur1= |directeur1= oui |titre= Histoire et dictionnaire de la Tauromachie |sous-titre= |numéro d'édition= |éditeur= Bouquins Laffont |lien éditeur= |lieu= Paris |jour= |mois= |année= 2003 |volume= |tome= |pages totales= |passage= |isbn= 2-221-09246-5 |lire en ligne= |consulté le=}}
* {{Ouvrage |langue= |prénom1= Bartolomé |nom1= Bennassar|lien auteur=Bartolomé Bennassar|titre= Histoire de la tauromachie |sous-titre= |numéro d'édition= |éditeur=Desjonqueres|lien éditeur= |lieu= Paris |jour= |mois= |année= 1993 |volume=|tome= |pages totales= |passage= |isbn= 2-904227-73-3 |lire en ligne= |consulté le=}}
* {{Ouvrage |langue= |prénom1= Claude|nom1= Popelin||prénom2=Yves|nom2= Harté|titre= La Tauromachie |sous-titre= |numéro d'édition= |éditeur= Seuil|lien éditeur= |lieu= Paris |jour= |mois= |année= 1994 |volume= |tome= |pages totales= |passage= |isbn= 2-02021-433-4 |lire en ligne= |consulté le=}}
* {{en}} {{Ouvrage |langue= |prénom1= Lynn |nom1= Sherwood |lien auteur=|titre= Yankees in the afternoon, une histoire illustrée des toreros américains|sous-titre= |numéro d'édition= |éditeur= Mac Farland |lien éditeur= |lieu= [[Jefferson (Caroline du Nord)|Jefferson]], [[Caroline du Nord]] |jour= |mois= |année= 2001|volume= |tome= |pages totales= |passage= |isbn=2-86665-034-4|lire en ligne= |consulté le=}} préface de Barnaby Conrad, réédition 2008.
* {{en}} {{Ouvrage |langue= |prénom1= Marshall |nom1= Hail|lien auteur=|titre= Knights in the sun : Harper B. Lee, first yankee matador|sous-titre= |numéro d'édition= |éditeur= Kessinger Publishing reprints |lien éditeur= |lieu= Whitefish [[Montana]] |jour= |mois= |année= 2007|volume= |tome= |pages totales= |passage= |isbn=0-548-44047-6|lire en ligne= |consulté le=}}

== Notes et références ==
{{Références}}

{{Autres projets
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Version du 21 novembre 2019 à 17:21

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