« Élections législatives françaises de 1968 » : différence entre les versions
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Pour ces élections consécutives à la crise de [[Mai 68]], les gaullistes forment l'[[Union pour la défense de la République]] (UDR). Leur thème de campagne est simple et efficace : la défense de l'ordre et la dénonciation de la menace subversive et totalitaire (associée au [[Parti communiste français|Parti communiste]])<ref>[[Serge Berstein]], ''La France de l’expansion. Tome 1 : La république gaullienne, 1958-1969'', Paris, Le Seuil, 1989, {{p.|319}}.</ref>{{,}}<ref>{{Article|auteur1=Philippe Bénéton et Jean Touchard|titre=Les interprétations de la crise de Mai-Juin 1968|périodique=Revue française de science politique|date=1970|issn=|lire en ligne=http://www.persee.fr/doc/rfsp_0035-2950_1970_num_20_3_393237|pages=pp. 503-544|extrait=En juin 1968, M. Georges Pompidou, qui n'avait pas encore eu le loisir d'analyser la crise de la jeunesse comme il devait le faire à San Francisco en février 1970, souligne la responsabilité d'« un parti totalitaire » : « Au début, vous vous en souvenez, des groupes de subversion professionnels, des enragés, des exaltés, des anarchistes entraînent sous le couvert de la solidarité des jeunes et des étudiants. Et puis l'appareil d'un parti totalitaire est entré dans le jeu, cherchant à son tour à s'emparer de la rue, arrêtant l'activité économique, paralysant la vie à payer et, pour finir, réclamant ouvertement le pouvoir. »}}</ref>. Aux côtés de l'UDR, on retrouve également la [[Fédération nationale des républicains indépendants]] et divers centristes (comme [[René Pleven]]) et modérés. |
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Dans l'opposition, pour les communistes comme pour la [[Fédération de la gauche démocrate et socialiste|FGDS]], on ne sait trop comment réagir à [[Mai 68]] : il faut préserver les acquis des [[Accords de Grenelle]], mais sans paraître approuver le désordre. Les socialistes, après le putsch manqué de Mitterrand le 28 mai<ref>{{Lien web|nom1=Ina.fr|prénom1=Institut National de l’Audiovisuel –|titre=Conférence de presse Mitterrand|url=http://www.ina.fr/video/CAF90024818|site=Ina.fr|date=1970-01-01|consulté le=2017-02-06}}</ref>, se retrouvent isolés entre le PSU qu'a rallié [[Pierre Mendès France|Mendès-France]] d'une part, les mouvements d'extrême-gauche étudiants, et le Parti communiste qui a refusé de suivre les tentatives personnelles illustrées par le rassemblement de Charléty<ref>{{Lien web|nom1=Ina.fr|prénom1=Institut National de l’Audiovisuel –|titre=Meeting au stade Charlety en mai 68|url=http://www.ina.fr/video/I05040771|site=Ina.fr|date=1970-01-01|consulté le=2017-02-06}}</ref>. |
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La majorité présidentielle remporte très largement ces élections. Elle recueille 46 % des suffrages et dispose de 144 élus dès le {{1er|tour}}. Au second tour, elle obtient {{nombre|354|sièges}}, dont 293 pour la seule UDR. C'est la première fois dans l'histoire de la République qu'un parti conquiert la majorité absolue à l'Assemblée nationale. Les Républicains indépendants doublent leur nombre d'élus avec {{nombre|61|députés}}. |
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L'opposition enregistre un recul significatif. Le Parti communiste perd {{nombre|39|députés}} et la FGDS 64. |
L'opposition enregistre un recul significatif. Le Parti communiste perd {{nombre|39|députés}} et la FGDS 64. |
Version du 11 février 2020 à 22:16
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Élections législatives françaises de 1968 | ||||||||||||||
487 sièges de l'Assemblée nationale (Majorité absolue : 244 sièges) | ||||||||||||||
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
et | ||||||||||||||
Corps électoral et résultats | ||||||||||||||
Votants au 1er tour | 23 751 213 | |||||||||||||
79,96 % 2 | ||||||||||||||
Votants au 2d tour | 14 577 512 | |||||||||||||
77,83 % | ||||||||||||||
Majorité présidentielle – Georges Pompidou | ||||||||||||||
Voix au 1er tour | 10 585 290 | |||||||||||||
47,79 % | 5 | |||||||||||||
Voix au 2e tour | 7 258 633 | |||||||||||||
49,79 % | ||||||||||||||
Députés élus | 363 | 119 | ||||||||||||
Gauche parlementaire – Waldeck Rochet | ||||||||||||||
Voix au 1er tour | 9 132 145 | |||||||||||||
40,84 % | 2,8 | |||||||||||||
Voix au 2e tour | 6 177 474 | |||||||||||||
42,38 % | ||||||||||||||
Députés élus | 91 | 102 | ||||||||||||
Progrès et démocratie moderne – Jean Lecanuet | ||||||||||||||
Voix au 1er tour | 2 289 849 | |||||||||||||
12,54 % | ||||||||||||||
Voix au 2e tour | 1 141 305 | |||||||||||||
6,96 % | ||||||||||||||
Députés élus | 33 | 8 | ||||||||||||
Représentation de l'assemblée | ||||||||||||||
Gouvernement | ||||||||||||||
Sortant | Élu | |||||||||||||
Pompidou IV Majorité présidentielle (UDR, FNRI, DVD) |
Couve de Murville Majorité présidentielle (UDR, FNRI, DVD) | |||||||||||||
Législature élue | ||||||||||||||
IVe de la Ve République | ||||||||||||||
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Les élections législatives françaises de 1968 ont eu lieu les et , après la dissolution de l'Assemblée nationale par le président de la République Charles de Gaulle pour répondre à la crise de mai 68 (IVe législature). Les partis de gauche, alors considérés comme partiellement responsables de ladite crise, ont subi une cuisante défaite au profit de la majorité sortante, qui avait pourtant éprouvé de sérieuses difficultés à l'emporter lors des précédentes élections, un an auparavant.
Contexte
Pour ces élections consécutives à la crise de Mai 68, les gaullistes forment l'Union pour la défense de la République (UDR). Leur thème de campagne est simple et efficace : la défense de l'ordre et la dénonciation de la menace subversive et totalitaire (associée au Parti communiste)[1],[2]. Aux côtés de l'UDR, on retrouve également la Fédération nationale des républicains indépendants et divers centristes (comme René Pleven) et modérés.
Dans l'opposition, pour les communistes comme pour la FGDS, on ne sait trop comment réagir à Mai 68 : il faut préserver les acquis des Accords de Grenelle, mais sans paraître approuver le désordre. Les socialistes, après le putsch manqué de Mitterrand le 28 mai[3], se retrouvent isolés entre le PSU qu'a rallié Mendès-France d'une part, les mouvements d'extrême-gauche étudiants, et le Parti communiste qui a refusé de suivre les tentatives personnelles illustrées par le rassemblement de Charléty[4].
Les communistes entendent donc représenter lors de cette élection l’exceptionnelle mobilisation qu’a constitué le mouvement de grèves de mai-juin 1968[5]. Voulant s’appuyer sur la classe ouvrière et les organisations de masse avec lesquelles les communistes ont combattu, le Parti communiste tente cependant de se démarquer du désordre provoqué par les mouvances étudiantes parisiennes[6].
Seul le Parti socialiste unifié (PSU), qui présente désormais 300 candidats, revendique l'héritage des thèmes de la crise des étudiants de Mai.
Pour les Français, les thèmes importants restent la peur devant le désordre et la crainte de la remise en question des acquis de Grenelle et des bénéfices de la croissance[7].
Résultats
Au niveau national
Partis ou coalitions | Sigle | 1er tour | 2d tour | ||
---|---|---|---|---|---|
Voix | % | Sièges | |||
Union pour la défense de la République | UDR | 8 442 413 | 38,1 | 294 | |
Fédération nationale des républicains indépendants | RI | 1 225 119 | 5,5 | 64 | |
Divers droite | DVD | 917 753 | 4,1 | 9 | |
Majorité présidentielle | 10 585 285 | 47,8 | 367 | ||
Progrès et démocratie moderne | PDM | 2 289 849 | 10,3 | 27 | |
Parti communiste français | PCF | 4 434 832 | 20,0 | 34 | |
Fédération de la gauche démocrate et socialiste | FGDS | 3 660 250 | 16,5 | 57 | |
Parti socialiste unifié | PSU | 873 581 | 3,9 | - | |
Gauche parlementaire | 9 132 145 | 41,2 | 91 | ||
Divers et sans étiquette | 111 200 | 0,5 | - | ||
Alliance républicaine pour le progrès et les libertés | ARPL | 28 736 | 0,1 | - | |
Total | 22 147 215 | 100 | 485 | ||
Abstention : 20 %, puis 22,2 % |
Composition de l'Assemblée
Groupe parlementaire | Députés | |||||
---|---|---|---|---|---|---|
Membres | Apparentés | Total | ||||
UDR | Union des démocrates pour la République | 270 | 23 | 293 | ||
RI | Fédération nationale des républicains indépendants | 57 | 4 | 61 | ||
FGDS | Fédération de la gauche démocrate et socialiste | 57 | 0 | 57 | ||
COM | Communiste | 33 | 1 | 34 | ||
PDM | Progrès et démocratie moderne | 30 | 3 | 33 | ||
Total de députés membre de groupes | 478 | |||||
Députés non-inscrits | 9 | |||||
Total des sièges pourvus | 487 |
(4) le Groupe socialiste se reconstitue en octobre 1969
Analyse
La majorité présidentielle remporte très largement ces élections. Elle recueille 46 % des suffrages et dispose de 144 élus dès le 1er tour. Au second tour, elle obtient 354 sièges, dont 293 pour la seule UDR. C'est la première fois dans l'histoire de la République qu'un parti conquiert la majorité absolue à l'Assemblée nationale. Les Républicains indépendants doublent leur nombre d'élus avec 61 députés.
L'opposition enregistre un recul significatif. Le Parti communiste perd 39 députés et la FGDS 64.
Dans ces résultats, les Français semblent sanctionner le désordre lié à la crise de Mai 68.
Il y a 1,6 % de femmes députées, soit 8 pour 479 hommes[8], alors qu'elles constituent 3,3 % des candidats[9].
Notes et références
- Serge Berstein, La France de l’expansion. Tome 1 : La république gaullienne, 1958-1969, Paris, Le Seuil, 1989, p. 319.
- Philippe Bénéton et Jean Touchard, « Les interprétations de la crise de Mai-Juin 1968 », Revue française de science politique, , pp. 503-544 (lire en ligne) :
« En juin 1968, M. Georges Pompidou, qui n'avait pas encore eu le loisir d'analyser la crise de la jeunesse comme il devait le faire à San Francisco en février 1970, souligne la responsabilité d'« un parti totalitaire » : « Au début, vous vous en souvenez, des groupes de subversion professionnels, des enragés, des exaltés, des anarchistes entraînent sous le couvert de la solidarité des jeunes et des étudiants. Et puis l'appareil d'un parti totalitaire est entré dans le jeu, cherchant à son tour à s'emparer de la rue, arrêtant l'activité économique, paralysant la vie à payer et, pour finir, réclamant ouvertement le pouvoir. » »
- Institut National de l’Audiovisuel – Ina.fr, « Conférence de presse Mitterrand », sur Ina.fr, (consulté le )
- Institut National de l’Audiovisuel – Ina.fr, « Meeting au stade Charlety en mai 68 », sur Ina.fr, (consulté le )
- F. De Massot, La Grève Générale : Mai-Juin 1968 - Supplément au numéro 437 de Informations Ouvrières, Paris, Informations Ouvrières, , 311 p.
- Waldeck Rochet, Les Enseignements De Mai-Juin 1968, Paris, Éditions Sociales, , 95 p.
- Serge Berstein, La France de l’expansion. Tome 1 : La république gaullienne, 1958-1969, Paris, Le Seuil, 1989, p. 321.
- « Assemblée nationale : élections législatives - Femmes élues députées depuis 1945 », sur www.assemblee-nationale.fr (consulté le )
- « La représentation des femmes à l’Assemblée et au Sénat », sur www.inegalites.fr (consulté le )
Voir aussi
Articles connexes
- Résultats par département des élections législatives françaises de 1968
- Assemblée nationale (France)
- Élections législatives en France
Liens externes
- « Législatives de 1968: élus », sur geoelections.free.fr (consulté le )