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[[Fichier:Blason ville fr Lure (Haute-Saône).svg|vignette|[[Blason (héraldique)|Blason]] proposé au jeune [[Louis XIII]] pour son « nouveau royaume » de la « France équinoctiale », le soleil y brillant toute l'année, avec la devise {{citation|Indis sol splendet, splendescunt lilia Gallis}} (Resplendit le soleil d'Inde, fleurissent les [[Fleur de lys|lys]] de [[Royaume de France|France]])<ref>[[Claude d'Abbeville|C. d'Abbeville]], ''[http://biblio.etnolinguistica.org/abbeville-1614-histoire Histoire de la mission des pères Capucins en l'isle de Maragnan et terres circonvoisines]'', {{p.|10 v.}}, F. Huby, [[Paris]], 1614.</ref>.]]
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'''France équinoxiale''' a été le nom donné au projet de [[colonisation]] conduit par la [[France]] au {{XVIIe siècle}} en [[Amérique du Sud]] dans les régions proches de l'[[Équateur (ligne équinoxiale)|équateur]], entreprise qui aboutira à la création de la [[Guyane]]. Le terme « équinoxiale » renvoie à la [[Équinoxe|durée égale du jour et de la nuit]], phénomène qui sous ces [[latitude]]s se prolonge tout au long de l'année.
'''France équinoxiale''' a été le nom donné au projet de [[colonisation]] conduit par la [[France]] au {{XVIIe siècle}} en [[Amérique du Sud]] dans les régions proches de l'[[Équateur (ligne équinoxiale)|équateur]], entreprise qui aboutira à la création de la [[Guyane]]. Le terme « équinoxiale » renvoie à la [[Équinoxe|durée égale du jour et de la nuit]], phénomène qui sous ces [[latitude]]s se prolonge tout au long de l'année.


== Présentation ==
== Présentation ==
L'histoire de la France équinoxiale commence en [[1612]], quand une expédition française part de [[Cancale]], en Bretagne, sous le commandement de [[Daniel de La Touche]], seigneur de la Ravardière et de l'amiral [[François de Razilly]]. Avec cinq cents colons à son bord, elle aborde sur la côte nord de ce qui est aujourd'hui l'État du [[Maranhão]], au [[Brésil]]. Daniel de la Touche avait découvert cette région en 1604, mais la mort d'[[Henri IV de France|Henri IV]] en [[1610]] avait reporté le lancement du projet de colonisation. À la différence de la [[France antarctique]], cette entreprise coloniale n'était pas motivée par la volonté d'échapper aux persécutions religieuses.
L'histoire de la France équinoxiale commence en [[1612]], quand une expédition française part de [[Cancale]], en Bretagne, sous le commandement de [[Daniel de La Touche]], seigneur de la Ravardière et de l'amiral [[François de Razilly]]. Avec cinq cents colons à son bord, elle aborde sur la côte nord de ce qui est aujourd'hui l'État du [[Maranhão]], au [[Brésil]]. Daniel de La Touche avait découvert cette région en 1604, mais la mort d'[[Henri IV de France|Henri IV]] en [[1610]] avait reporté le lancement du projet de colonisation. À la différence de la [[France antarctique]], cette entreprise coloniale n'était pas motivée par la volonté d'échapper aux persécutions religieuses.


Les colons fondèrent un village, qu'on appela Saint-Louis, en l'honneur du roi [[Louis XIII de France|Louis XIII]]<ref name="SL">{{pt}} [http://www.saoluis.ma.gov.br/frmPagina.aspx?id_pagina_web=120 ''Breve Histórico da Cidade de São Luís''] sur le site de la préfecture de São Luís.</ref> ; il porte aujourd'hui le nom de [[São Luís (Maranhão)|São Luís]] en portugais, ce qui en fait la seule capitale d'État du Brésil à n'avoir pas été fondée par les Portugais ou les Brésiliens. Le {{date-|8 septembre}}, les [[Frères mineurs capucins|frères capucins]] qui accompagnaient l'expédition célébrèrent leur première messe sur le sol américain, et les soldats commencèrent d'en construire des fortifications.
Les colons fondent un village, qu'on appelle Saint-Louis en l'honneur du roi [[Louis XIII de France|Louis XIII]]<ref name="SL">{{pt}} [http://www.saoluis.ma.gov.br/frmPagina.aspx?id_pagina_web=120 ''Breve Histórico da Cidade de São Luís''] sur le site de la préfecture de São Luís.</ref> ; il deviendra [[São Luís (Maranhão)|São Luís]] après sa prise par les Portugais, seule capitale d'État du Brésil à n'avoir pas été fondée par les Portugais ou les Brésiliens — si on ne veut pas considérer [[Fort Coligny]] comme le premier établissement européen de [[Rio de Janeiro]]. Le {{date-|8 septembre}}, les quatre [[Frères mineurs capucins|frères capucins]], choisis par leur ordre pour accompagner l'expédition et évangéliser les Indiens du Brésil, célèbrent leur première messe sur le sol américain, et les soldats commencent à en construire des fortifications.


La colonie ne devait pas subsister longtemps. Les Portugais rassemblèrent une armée dans l'[[Pernambouc (État)|État du Pernambouc]], qui chassa les colons français en [[1615]], moins de quatre ans après leur arrivée. Quelques années plus tard, des colons portugais arrivèrent en grand nombre et São Luís commença à grandir peu à peu, avec une économie reposant sur les [[plantation]]s de [[canne à sucre]].
La colonie ne subsistera pas longtemps. Les Portugais rassemblent une armée dans l'[[Pernambouc (État)|État du Pernambouc]], qui chasse les colons français en [[1615]], moins de quatre ans après leur arrivée. Quelques années plus tard, des colons portugais arrivent en grand nombre et São Luís commence à grandir peu à peu, avec une économie reposant sur les [[plantation]]s de [[canne à sucre]].


L'expédition de La Touche et Razilly est relatée dans les deux livres de [[Claude d'Abbeville]] et Simon Michellet, en religion [[Yves d'Évreux|Yves d’Évreux]], deux de ces capucins. Le premier publie, à son retour en 1614, l'''Histoire de la mission des pères Capucins en l'Isle de Maragnan et terres circonvoisines...<ref name=":0" />,'' qui relate l'échec colonial du Maranhão. Le second y donne un an plus tard une suite : la ''Svitte de l'histoire des choses plvs memorables aduenuës en Maragan, és annees 1613. & 1614''<ref>''Svitte de l'histoire des choses plvs memorables aduenuës en Maragan, és annees 1613. & 1614'', Paris, F. Huby, 1615, [https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5732857p?rk=21459;2 lire en ligne]</ref>.
Des marchands et des colons français tentèrent à nouveau d'établir une France équinoxiale plus au nord, dans ce qui est aujourd'hui la [[Guyane française]], en 1626, 1635 (date à laquelle fut fondée [[Cayenne]]) et 1643. La [[Compagnie de la France équinoxiale]] fut fondée à deux reprises, en 1643 et 1645, mais sans grand succès. C'est seulement après 1674, lorsque la [[colonie]] passa sous le contrôle direct de la couronne de France et qu'un gouverneur fut nommé, que la France équinoxiale devint une réalité<ref>{{Ouvrage|langue=français|auteur1=Pierre Pelleprat, Jean Grillet, Pierre Aimé Lombard|titre=Mission de Cayenne et de la Guyane française avec une carte géographique|passage=|lieu=Paris|éditeur=Julien, Lanier, Cosnard|date=1857|pages totales=544|isbn=|lire en ligne=http://www.manioc.org/patrimon/HASH010006620745ed990d30e490}}</ref>.

Des marchands et des colons français tentent à nouveau d'établir une France équinoxiale plus au nord, dans ce qui est aujourd'hui la [[Guyane française]], en 1626, 1635 (date à laquelle est fondée [[Cayenne]]) et 1643. La [[Compagnie de la France équinoxiale]] fut fondée à deux reprises, en 1643 et 1645, mais sans grand succès. C'est seulement après 1674, lorsque la [[colonie]] passe sous le contrôle direct de la couronne de France et qu'un gouverneur est nommé, que la France équinoxiale devient une réalité.<ref>{{Ouvrage|langue=français|auteur1=Pierre Pelleprat, Jean Grillet, Pierre Aimé Lombard|titre=Mission de Cayenne et de la Guyane française avec une carte géographique|passage=|lieu=Paris|éditeur=Julien, Lanier, Cosnard|date=1857|pages totales=544|isbn=|lire en ligne=http://www.manioc.org/patrimon/HASH010006620745ed990d30e490}}</ref>


Le nom de « France équinoxiale » a aussi été donné en 1763-1764 à la colonie de [[Kourou]], en Guyane, menée à la demande de [[Étienne François de Choiseul|Choiseul]], par le chevalier Turgot, [[Jean-Baptiste Thibault de Chanvalon]] et Préfontaine, mais celle-ci s'est terminée par un désastre.
Le nom de « France équinoxiale » a aussi été donné en 1763-1764 à la colonie de [[Kourou]], en Guyane, menée à la demande de [[Étienne François de Choiseul|Choiseul]], par le chevalier Turgot, [[Jean-Baptiste Thibault de Chanvalon]] et Préfontaine, mais celle-ci s'est terminée par un désastre.

Version du 19 août 2020 à 19:01

Blason proposé au jeune Louis XIII pour son « nouveau royaume » de la « France équinoctiale », le soleil y brillant toute l'année, avec la devise « Indis sol splendet, splendescunt lilia Gallis » (Resplendit le soleil d'Inde, fleurissent les lys de France)[1].

France équinoxiale a été le nom donné au projet de colonisation conduit par la France au XVIIe siècle en Amérique du Sud dans les régions proches de l'équateur, entreprise qui aboutira à la création de la Guyane. Le terme « équinoxiale » renvoie à la durée égale du jour et de la nuit, phénomène qui sous ces latitudes se prolonge tout au long de l'année.

Présentation

L'histoire de la France équinoxiale commence en 1612, quand une expédition française part de Cancale, en Bretagne, sous le commandement de Daniel de La Touche, seigneur de la Ravardière et de l'amiral François de Razilly. Avec cinq cents colons à son bord, elle aborde sur la côte nord de ce qui est aujourd'hui l'État du Maranhão, au Brésil. Daniel de La Touche avait découvert cette région en 1604, mais la mort d'Henri IV en 1610 avait reporté le lancement du projet de colonisation. À la différence de la France antarctique, cette entreprise coloniale n'était pas motivée par la volonté d'échapper aux persécutions religieuses.

Les colons fondent un village, qu'on appelle Saint-Louis en l'honneur du roi Louis XIII[2] ; il deviendra São Luís après sa prise par les Portugais, seule capitale d'État du Brésil à n'avoir pas été fondée par les Portugais ou les Brésiliens — si on ne veut pas considérer Fort Coligny comme le premier établissement européen de Rio de Janeiro. Le , les quatre frères capucins, choisis par leur ordre pour accompagner l'expédition et évangéliser les Indiens du Brésil, célèbrent leur première messe sur le sol américain, et les soldats commencent à en construire des fortifications.

La colonie ne subsistera pas longtemps. Les Portugais rassemblent une armée dans l'État du Pernambouc, qui chasse les colons français en 1615, moins de quatre ans après leur arrivée. Quelques années plus tard, des colons portugais arrivent en grand nombre et São Luís commence à grandir peu à peu, avec une économie reposant sur les plantations de canne à sucre.

L'expédition de La Touche et Razilly est relatée dans les deux livres de Claude d'Abbeville et Simon Michellet, en religion Yves d’Évreux, deux de ces capucins. Le premier publie, à son retour en 1614, l'Histoire de la mission des pères Capucins en l'Isle de Maragnan et terres circonvoisines...[1], qui relate l'échec colonial du Maranhão. Le second y donne un an plus tard une suite : la Svitte de l'histoire des choses plvs memorables aduenuës en Maragan, és annees 1613. & 1614[3].

Des marchands et des colons français tentent à nouveau d'établir une France équinoxiale plus au nord, dans ce qui est aujourd'hui la Guyane française, en 1626, 1635 (date à laquelle est fondée Cayenne) et 1643. La Compagnie de la France équinoxiale fut fondée à deux reprises, en 1643 et 1645, mais sans grand succès. C'est seulement après 1674, lorsque la colonie passe sous le contrôle direct de la couronne de France et qu'un gouverneur est nommé, que la France équinoxiale devient une réalité.[4]

Le nom de « France équinoxiale » a aussi été donné en 1763-1764 à la colonie de Kourou, en Guyane, menée à la demande de Choiseul, par le chevalier Turgot, Jean-Baptiste Thibault de Chanvalon et Préfontaine, mais celle-ci s'est terminée par un désastre.

Voir aussi

Références

  1. a et b C. d'Abbeville, Histoire de la mission des pères Capucins en l'isle de Maragnan et terres circonvoisines, p. 10 v., F. Huby, Paris, 1614, lire en ligne.
  2. (pt) Breve Histórico da Cidade de São Luís sur le site de la préfecture de São Luís.
  3. Svitte de l'histoire des choses plvs memorables aduenuës en Maragan, és annees 1613. & 1614, Paris, F. Huby, 1615, lire en ligne
  4. Pierre Pelleprat, Jean Grillet, Pierre Aimé Lombard, Mission de Cayenne et de la Guyane française avec une carte géographique, Paris, Julien, Lanier, Cosnard, , 544 p. (lire en ligne)

Bibliographie

  • Andréa Daher, Les Singularités de la France Équinoxiale : Histoire de la mission des pères capucins au Brésil (1612-1615). Préface de Roger Chartier., Paris, Champion, coll. « Les Géographies du Monde », , 346 p.