« Émeutes de 1992 à Los Angeles » : différence entre les versions

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==== Annonce du verdict ====
==== Annonce du verdict ====
Pendant
Pendant la semaine de délibérations, [[Daryl Gates]], à la tête du LAPD, prévoit un million de dollars de budget pour des heures supplémentaires de ses officiers de police. Pourtant, à l'annonce du verdict, les deux tiers des capitaines de police sont à [[Ventura (Californie)|Ventura]] pour une formation censée durer trois jours<ref name=":5">{{Lien web |titre=The Flawed Emergency Response to the 1992 Los Angeles Riots |url=https://www.hks.harvard.edu/research/publications/cases/1586_0.pdf |éditeur=Kennedy School of Government Case Program |consulté le=14 mai 2016 |page=16–17}}</ref>.

À treize heures, le juge Stanley Weisberg annonce que le verdict est connu et sera annoncé deux heures plus tard, afin de permettre aux journalistes et aux services d'urgence de se coordonner pour réagir aux violences prévues en cas d'acquittement. Le LAPD active l'Emergency Operations Center, ce qui signifie que les policiers sont prêts à réagir mais n'entreprennent aucune action immédiate. Les policiers censés protéger le tribunal ne sont pas tous là avant {{Heure|16|45}}. Le risque de violences est sous-évalué et aucun dispositif n'est prévu pour garder les policiers terminant leur service à quinze heures<ref name=":5" />.

Le verdict est annoncé à {{Heure|15|15}}. Une demi-heure plus tard, plus de {{Unité|300|personnes}} manifestent devant le tribunal. Vers {{Heure|16|15}}, un groupe de personnes pille le Pay-Less Liquor and Deli sur [[Florence Avenue]]. Le fils du propriétaire reçoit un coup de bouteille de bière tandis que deux jeunes manifestants brisent la vitrine du magasin. Deux policiers se rendent sur place et écrivent un rapport, les coupables étant déjà partis<ref name=":02">{{Lien web |titre=LAPD Police Flee Angry Mob – begin of the La riots |url=https://www.youtube.com/watch?v=TKQIeSq4FK4 |éditeur=YouTube |date=19 décembre 2011 |consulté le=6 juin 2015}}</ref>{{,}}<ref name=":13">{{Lien web |titre=Media Interaction with the Public in Emergency Situations: Four Case Studies |url=https://www.loc.gov/rr/frd/pdf-files/Media_Interaction.pdf |éditeur=loc.gov |consulté le=8 juin 2015}}</ref>.

À {{Heure|16|58}}<ref>{{Lien web |titre=Video: Part 1: Anatomy of a Riot (Index 10:41) |url=http://abcnews.go.com/Nightline/video/part-anatomy-riot-9049637 |éditeur=ABC News |consulté le=13 mai 2016}}</ref>, le maire de Los Angeles [[Tom Bradley]] convoque une conférence de presse durant laquelle il demande à la population de garder son calme tout en exprimant sa colère à l'annonce du verdict. Dans l'heure qui suit son discours, les rapports d'incidents de la police augmentent significativement<ref name=":32">{{Ouvrage |langue=en |prénom1=Lou |nom1=Cannon |titre=Official Negligence: How Rodney King and the Riots Changed Los Angeles and the LAPD |passage=284 |éditeur=Reprint |date=1999 |isbn=978-0813337258}}</ref>.

==== Premiers rassemblements à {{71e}} et Normandie ====
Deux policiers demandent de l'aide pour arrêter un jeune homme qui a lancé quelque chose sur leur voiture et qu'ils poursuivent à pied<ref name="lapd.com">{{Lien web |titre=LAPPL – Los Angeles Police Protective League: Controversy over Rodney King beating and L.A. riots reignites |url=http://lapd.com/news/headlines/controversy_over_rodney_king_beating_and_la_riots_reignites/ |éditeur=lapd.com |consulté le=6 juin 2015 |archive-url=https://web.archive.org/web/20150417061706/http://lapd.com/news/headlines/controversy_over_rodney_king_beating_and_la_riots_reignites/ |archive-date=April 17, 2015 |url-status=dead |df=mdy-all}}</ref>. Une vingtaine de policiers, commandés par le lieutenant Michael Moulin, arrêtent l'adolescent, Seandel Daniels, et le jettent sans ménagement à l'arrière d'une voiture de police. L'adolescent est connu dans le quartier et une foule s'amasse rapidement, insultant et critiquant les policiers. Le groupe inclut un photographe du ''New York Times'' et un homme qui filme la scène à l'aide d'un caméscope<ref>{{Article |langue=en |prénom1=Seth |nom1=Mydans |titre=In Los Angeles Riots, a Witness With Videotapes |périodique=The New York Times |date=31 juillet 1992 |issn=0362-4331 |lire en ligne=https://www.nytimes.com/1992/07/31/news/in-los-angeles-riots-a-witness-with-videotapes.html |consulté le=8 juin 2015}}</ref>.

Plusieurs personnes sont arrêtées pour leurs provocations et leur hostilité à l'encontre des policiers. Le lieutenant Moulin ordonne à toutes les forces de l'ordre de quitter le périmètre, inquiet qu'un de ses policiers utilise son arme pour repousser les manifestants en colère ; son inquiétude est aggravée par le fait que l'équipement anti-émeutes de ses policiers est resté au commissariat. Il appelle à la retraite vers {{Heure|17|50}}<ref name="ReferenceA">"The Final Report: The L.A. Riots", ''National Geographic Channel'', aired on October 4, 2006 10&nbsp;pm [[Eastern Daylight Time|EDT]], approximately 38 minutes into the hour (including commercial breaks).</ref>{{,}}<ref name=":02" />. Vers dix-huit heures, un poste de commande est installé à un dépôt de bus<ref name=":7">{{Article |langue=en-US |prénom1=Ted |nom1=Rohrlich |prénom2=LESLIE |nom2=BERGER |titre=Lack of Materiel Slowed Police Response to Riots : LAPD: Chronic shortage of radios, phones and cars forced command center to scramble, records show. |périodique=Los Angeles Times |date=24 mai 1992 |issn=0458-3035 |lire en ligne=http://articles.latimes.com/1992-05-24/news/mn-371_1_emergency-command-center/2 |consulté le=13 décembre 2016}}</ref>. Manquant de téléphones et n'ayant pas de télévisions, les policiers ne sont pas tenus au courant de l'évolution de la situation<ref name=":8">{{Lien web |titre=The Untold Story of the LA Riot |url=https://www.usnews.com/news/articles/1993/05/23/the-untold-story-of-the-la-riot |site=US News & World Report |consulté le=13 mai 2016}}</ref>.

==== Déplacement des violences vers Florence et Normandie ====
[[File:Florence_and_Normandie.jpg|vignette|Vue du Sud-Ouest du croisement de Florence et Normandie, en mars 2010.]]
Après la retraite des policiers sur la {{71e}} et Normandie, une grande partie des manifestants continue vers le Sud, à l'intersection des avenues de Florence et de Normandie<ref name=":02" />. Juste après dix-huit heures, un groupe de jeunes hommes brise le cadenas et les fenêtres de Tom's Liquor, un débit de boissons, permettant à plus de {{nombre|100|personnes}} de piller le magasin<ref>[https://www.usnews.com/news/articles/1993/05/23/the-untold-story-of-the-la-riot "The Untold Story of the LA Riot"], ''US News & World Report'', May 23, 1993</ref>. Des manifestants dans la rue commencent à attaquer des automobilistes blancs ou asiatiques en leur jetant des débris ou en les forçant à sortir de leur voiture quand elle s'arrête. Le [[Los Angeles News Service]], représenté par [[Zoey Tur]] et Marika Gerard, arrive sur place en hélicoptère, filmant l'émeute depuis les airs. La vidéo en direct est retransmise par de nombreuses télévisions de Los Angeles.

Vers {{Heure|18|15}}, Moulin décide de continuer à recevoir les rapports d'incidents sur le vandalisme, les agressions et les pillages, mais de ne plus y envoyer de policiers<ref name="lapd.com" />. Il est remplacé par un capitaine qui a pour seule tâche d'observer ce qu'il se passe sur Florence et Normandie, tout en gardant ses policiers en sécurité<ref>{{Article |langue=en |prénom1=Seth |nom1=Mydans |titre=AFTER THE RIOTS; Reliving Riot Flash Point, Los Angeles Lieutenant Fights Chief |périodique=The New York Times |date=22 mai 1992 |issn=0362-4331 |lire en ligne=https://www.nytimes.com/1992/05/22/us/after-the-riots-reliving-riot-flash-point-los-angeles-lieutenant-fights-chief.html |consulté le=15 décembre 2016}}</ref>. Tur continue à filmer et dit, à {{Heure|18|30}}, que la présence policière est {{Citation|inexistante}}<ref name=":02" />. L'intersection, bien que bloquée par des manifestants, n'est pas interdite aux voitures en l'absence de contrôleurs de la circulation<ref name=":8" />. En parallèle, plusieurs armureries sont pillées ; une d'entre elles en particulier perd {{Unité|1150|armes}} à feu d'un coup<ref name=":8" />.

À {{Heure|18|43}}, un conducteur de camions blanc, Larry Tarvin<ref name=":14">{{Lien web |titre=Media Interaction with the Public in Emergency Situations: Four Case Studies |url=https://www.loc.gov/rr/frd/pdf-files/Media_Interaction.pdf |éditeur=loc.gov |consulté le=8 juin 2015}}</ref>, s'arrête à un feu rouge. Il est arraché de son siège par un groupe d'hommes qui le roue de coups et le frappe avec un extincteur tiré de son propre camion<ref>{{Article |langue=en-US |prénom1=Penelope |nom1=McMillan |titre='Other Trucker' Sues L.A. Over Beating at Outbreak of Riots : Violence: Larry Tarvin was assaulted at Florence and Normandie before Reginald Denny arrived. City claims immunity under state law. |périodique=Los Angeles Times |date=23 février 1993 |issn=0458-3035 |lire en ligne=http://articles.latimes.com/1993-02-23/local/me-411_1_reginald-denny-s-attorney |consulté le=13 mai 2016}}</ref>. Le dernier coup lui fait perdre conscience<ref>{{Lien web |titre=LA Riots, Raw footage of Reginald Denny beatings – April 29, 1992 (index 12:25) |url=https://www.youtube.com/watch?v=kzuWr0FYe5Y |site=YouTube |consulté le=13 mai 2016}}</ref>. Il reste inconscient plus d'une minute pendant que son camion est pillé, puis se relève et trébuche jusqu'à son véhicule. Avec l'aide d'un homme noir, il parvient à quitter le périmètre<ref name=":8" />. Au même moment, une alerte policière est alors lancée sur toute la ville<ref name=":8" />.

==== Agression de Reginald Denny ====

À {{Heure|18|46}}<ref name=":14" />, Reginald Denny, un conducteur de camions blanc, s'arrête au même feu rouge. Quatre hommes noirs l'arrachent de sa voiture et le battent violemment. L'attaque est filmée en direct depuis l'hélicoptère de Tur. [[Damian Williams]] jette une brique sur Denny ; la brique lui cause {{Unité|91|fractures}} du crâne<ref name="TIME">{{Article |langue=en |auteur1=Madison Gray |titre=The L.A. Riots: 15 Years After Rodney King |périodique=Time |date=25 avril 2007 |lire en ligne=http://www.time.com/time/specials/2007/la_riot/article/0,28804,1614117_1614084_1614831,00.html}}</ref>.

La vidéo de Tur permet à un habitant du quartier, Bobby Green Junior, de se dépêcher sur place et de retrouver Denny. Il le trouve assis dans son camion, tentant de partir, mais le conducteur perd connaissance toutes les quelques secondes. Green l'amène à l'hôpital Daniel Freeman à [[Inglewood (Californie)|Inglewood]], où Denny fait une [[crise d'épilepsie]]<ref>{{Lien web |titre=L.A. Riots Reginald Denny beating |url=https://www.youtube.com/watch?v=Wc_SgpyJWRY |éditeur=YouTube |date=29 avril 2010 |consulté le=3 mai 2014}}</ref>{{,}}<ref>{{Lien web |titre=Where they are now |url=http://graphics.latimes.com/towergraphic-where-they-are-now/#card-9 |site=latimes.com |consulté le=12 mai 2016}}</ref>.

==== Agression de Fidel Lopez ====
Vers {{Heure|19|40}}, Fidel Lopez, un immigrant guatémaltèque, est à son tour agressé en voiture et des jeunes hommes, dont Damian Williams, lui volent {{Dollar|2000|1992}}. Les émeutiers lui ouvrent la tête avec son auto-radio<ref name="nytimes_williams">{{Article |langue=en |titre=Man Pleads Guilty to Trying To Rob Trucker During Riot |périodique=The New York Times |date=17 mars 1993 |lire en ligne=https://www.nytimes.com/1993/03/17/us/man-pleads-guilty-to-trying-to-rob-trucker-during-riot.html |consulté le=4 mars 2011}}</ref> et un homme essaie de lui couper une oreille. Quand Lopez perd connaissance, la foule lui peint le torse, la poitrine et les parties génitales en noir à la bombe<ref>{{Ouvrage |prénom1=Von Hoffman |nom1=Alexander |titre=House by House, Block by Block: The Rebirth of America's Urban Neighborhoods |passage=227 |éditeur=Oxford University Press |année=2003 |isbn=0-19-514437-6 |lire en ligne=https://books.google.com/books?id=6tAQFzdJ6x0C&pg=PA227&lpg=PA227&dq=fidel+lopez+riot#PPA227,M1 |consulté le=4 mars 2011}}</ref>. Il est sauvé par le révérend Bennie Newton<ref name=":2">{{Lien web |titre=Victim of mob assault meets man who saved his life |url=http://articles.baltimoresun.com/1992-05-09/news/1992130030_1_lopez-newton-love-church |site=tribunedigital-baltimoresun |consulté le=12 mai 2016}}</ref>. Lopez survivra à l'attaque après plusieurs années de convalescence<ref>[http://articles.latimes.com/2012/may/06/local/la-me-0506-lopez-riot-20120506 "The forgotten victim from Florence and Normandie"]. ''Los Angeles Times'', May 6, 2012.</ref>.

Le soleil se couche à {{Heure|19|36}}<ref>{{Lien web |titre=Weather History for Los Angeles, CA |url=https://www.wunderground.com/history/airport/KLAX/1992/4/29/DailyHistory.html |site=www.wunderground.com |consulté le=29 septembre 2016}}</ref>. Neuf minutes plus tard, le premier appel pour incendie volontaire est enregistré<ref name=":6">{{Lien web |titre=Charting the Hours of Chaos |url=http://www.lafire.com/famous_fires/1992-0429_LA-Riots/LATimes-2002-0429-0501/2002-0429_latimes_ChartingTheHoursofChaos.htm |site=Los Angeles Fire Department Historical Archive |éditeur=Los Angeles Times (orig. archive pqasb.pqarchiver.com/latimes/doc/421691608.html ) |date=29 avril 2002 |consulté le=22 décembre 2017}}</ref>. La police ne revient pas à l'intersection de Florence et Normandie avant {{Heure|20|30}} ; il ne reste alors que des ruines et presque aucun manifestant<ref name=":14" />. Les autorités sont accusées d'avoir empiré la situation en ne répondant pas aux violences : comme elles sont filmées en direct, tous les habitants du quartier voient que la police ne réprime pas les émeutes<ref name=":8" />.

==== Parker Center ====
Une foule commence à s'amasser dès l'annonce du verdict devant le siège de la police de Los Angeles au [[Parker Center]]<ref name=":4">{{Ouvrage |auteur1=Timothy Goldman |titre=Anatomy of the LA Riots (Part II) |date=23 juin 2012 |lire en ligne=https://www.youtube.com/watch?v=XZEWd1e338E |consulté le=13 mai 2016}}</ref>. Les émeutes commencent vers {{Heure|21}}<ref name=":6" />, s'étendant rapidement jusqu'au [[Civic Center (Los Angeles)|Civic Center]]. Les émeutiers attaquent les policiers, renversent des véhicules, commettent des incendies et bloquent les routes. Des pompiers reçoivent des coups de feu en essayant d'éteindre les incendies et l'un d'entre eux est touché par une balle. La [[United States National Guard]] arrive sur place après plusieurs heures de trajet depuis sa caserne principale<ref>{{Lien web |prénom=John |nom=Pike |titre=Operation Garden Plot / JTF-LAJoint Task Force Los Angeles |url=http://www.globalsecurity.org/military/ops/jtf-la.htm |site=www.globalsecurity.org}}</ref>. L'armée distribue alors des [[Gilet pare-balles|gilets pare-balles]] aux pompiers, puis se déploie pour reprendre le centre commercial Martin Luther King à [[Watts]]<ref>[http://timelines.latimes.com/media/event_images/54/m2noy8pd_1.jpg "Timeline"], ''LA Times''</ref>.

==== Lake View Terrace ====
Dans le quartier de [[Lake View Terrace]], 200 à 400 manifestants se regroupent à {{Heure|21|15}} là où Rodney King a été battu l'année précédente<ref name=":6" />{{,}}<ref name=":8" />. Ils se dirigent vers un commissariat de police<ref name=":6" />. Une fois arrivés, ils jettent des pierres, tirent en l'air et allument des feux. La police utilise des tactiques anti-émeutes pour disperser la foule et arrêter les vandales<ref name=":8" />.

=== Jeudi 30 avril ===
À minuit, le maire Bradley impose un couvre-feu applicable du coucher au lever du soleil pour le quartier principal touché par les émeutes<ref name=":62">{{Lien web |titre=Charting the Hours of Chaos |url=http://www.lafire.com/famous_fires/1992-0429_LA-Riots/LATimes-2002-0429-0501/2002-0429_latimes_ChartingTheHoursofChaos.htm |site=Los Angeles Fire Department Historical Archive |éditeur=Los Angeles Times (orig. archive pqasb.pqarchiver.com/latimes/doc/421691608.html ) |date=29 avril 2002 |consulté le=22 décembre 2017}}</ref>. À {{Heure|10|15}}, il étend l'aire affectée par le couvre-feu. En milieu de matinée, les pillages et incendies se sont étendus à l'ensemble du comté de Los Angeles. Les émeutes se déplacent vers le Nord, d'abord au centre de Los Angeles puis à [[Hollywood]]. Les feux touchent [[Hollywood Boulevard]], puis des violences éclatent dans les villes voisines d'[[Inglewood (Californie)|Inglewood]], [[Hawthorne (Californie)|Hawthorne]], [[Compton (Californie)|Compton]] et [[Long Beach (Californie)|Long Beach]]{{Refnec|date=30 décembre 2019}}.

Pendant les violences, les forces de police abandonnent [[Koreatown (Los Angeles)|Koreatown]]<ref>{{Lien web |prénom=Rivas |nom=Jorge |titre='Sa-I-Gu' Documentary Explores How Korean Women Remember the L.A. Riots |url=https://www.colorlines.com/articles/sa-i-gu-documentary-explores-how-korean-women-remember-la-riots |site=Colorlines |date=29 avril 2013}}</ref>. Les routes séparant Koreatown des quartiers blancs plus riches sont bloquées par la police et l'accès à [[Beverly Hills]] et [[West Hollywood]] est fermé<ref>{{Lien web |titre=Strangers in Town |url=http://www.mtv.com/news/3005922/strangers-in-town/ |éditeur=MTV |date=27 avril 2017 |consulté le=1 mai 2017}}</ref>. Certains habitants du quartier affirment que les policiers ont indirectement encouragé les violences dans le quartier pour protéger les plus riches, et que la police n'a pas répondu aux appels au secours<ref name="photogs">{{Article |langue=en-US |prénom1=Andy |nom1=Campbell |prénom2=Matt |nom2=Ferner |titre=What Photographers Of The LA Riots Really Saw Behind The Lens |périodique=Huffington Post |date=2017-04-28 |lire en ligne=https://www.huffingtonpost.com/entry/photographers-los-angeles-riots_us_5902c4ffe4b02655f83b5a86 |consulté le=2018-12-13}}</ref>{{,}}<ref name=":1">{{Article |langue=en |prénom1=Kyung |nom1=Lah |titre=The LA riots were a rude awakening for Korean-Americans |périodique=CNN |date=29 avril 2017 |lire en ligne=https://www.cnn.com/2017/04/28/us/la-riots-korean-americans/index.html |consulté le=13 décembre 2018}}</ref>.

En l'absence de forces policières, les habitants de Koreatown créent leurs propres milices, essentiellement composées de propriétaires de magasins, pour se défendre des pillages<ref name=":1" />. Beaucoup d'entre eux ont fait leur service militaire au sein des [[forces armées de la République de Corée]] avant d'arriver aux États-Unis<ref>{{Article |langue=en |titre=RIOT IN LOS ANGLES: Pocket of Tension; A Target of Rioters, Koreatown Is Bitter, Armed and Determined |date=3 mai 1992 |lire en ligne=https://www.nytimes.com/1992/05/03/us/riot-los-angles-pocket-tension-target-rioters-koreatown-bitter-armed-determined.html |périodique=www.nytimes.com}}</ref>. Plusieurs fusillades sont filmées, y compris un cas où des vendeurs coréens armés de [[Carabine M1|carabines M1]] et de [[Ruger Mini-14]] tirent sur des pilleurs armés jusqu'à les forcer à se retirer<ref>{{Ouvrage |titre=Multiculturalism in the United States: Current Issues, Contemporary Voices |éditeur=Pine Forge Press (SAGE) |année=2000 |editor1=Peter Kivisto |auteur2=Georganne Rundblad}}</ref>. Edward Song Lee, {{Unité|18|ans}}, est tué par des pilleurs à l'arme à feu alors qu'il protège une pizzeria avec trois de ses amis<ref name="photogs" />.

Après ces événements, la {{49e}} brigade de police militaire, basée à [[National City (Californie)|National City]], est redéployée pour protéger le [[Centre culturel coréen]] et le consulat général de Corée du Sud à Los Angeles<ref>{{Lien web |langue=en |titre=When LA Erupted In Anger: A Look Back At The Rodney King Riots |url=https://www.npr.org/2017/04/26/524744989/when-la-erupted-in-anger-a-look-back-at-the-rodney-king-riots |site=NPR.org |consulté le=2018-12-13}}</ref>. On estimera après les émeutes que la moitié des dommages matériels causés à Los Angeles touchent des commerces coréens. Ces dommages encouragent de nombreux Coréano-Américains à militer auprès des autres minorités raciales contre le racisme systémique de la police qui a fait le choix de protéger des quartiers blancs<ref>{{Lien web |langue=en |prénom=Brentin |nom=Mock |titre=What We Forgot About the 1992 L.A. Riots |url=https://www.citylab.com/crime/2017/04/what-was-lost-in-the-fires-of-the-la-riots/524145/ |site=CityLab |consulté le=2018-12-13}}</ref>. Vingt ans plus tard, la population d'origine coréenne de Los Angeles souffre encore d'un retard économique dû aux émeutes de 1992<ref name="photogs" />.

Vers midi, le LAPD et le [[Los Angeles Sheriff Department]] sont prêts à réagir. Ils escortent les policiers de Los Angeles tandis que des renforts sont amenés au centre-ville en hélicoptère. [[George H. W. Bush]] condamne les émeutes et affirme que {{Citation|l'anarchie}} ne sera pas tolérée. Tous les vols de l'[[aéroport international de Los Angeles]] sont modifiés pour ne pas survoler les quartiers touchés par les émeutes{{Refnec|date=30 décembre 2019}}.

Le soir du {{date-|30 avril}}, [[Bill Cosby]] annonce l'épisode final du ''[[Cosby Show]]'' et appelle au calme depuis la station télévisée locale [[KNBC]]<ref>{{Lien web |titre=KNBC Interrupts LA Riot Coverage for Cosby Show Finale |url=https://www.youtube.com/watch?v=KX1Npoy0atU}}</ref>{{,}}<ref>{{Lien web |titre=Bay Weekly: This Weeks Feature Stories |url=http://www.bayweekly.com/year05/issuexiii26/featurexiii26.html |date=23 novembre 2005 |archive-url=https://web.archive.org/web/20051123131342/http://www.bayweekly.com/year05/issuexiii26/featurexiii26.html |archive-date=November 23, 2005 |url-status=dead}}</ref>. Le [[département de la Justice des États-Unis]] annonce reprendre l'enquête sur l'affaire Rodney King au niveau fédéral<ref name=":62" />.

=== Vendredi {{1er}} mai ===
À une heure du matin, le gouverneur Wilson demande une aide fédérale. Bush utilise l'[[Insurrection Act]] dans le cadre de l'[[Executive Order 12804]], rendant la garde nationale californienne fédérale et autorisant les troupes fédérales à rétablir l'ordre. Le Pentagone active l'[[opération Garden Plot]], créant la [[Joint Task Force Los Angeles]] à partir de la garde nationale californienne et des troupes fédérales. Le déploiement n'est pas prêt avant le lendemain, jour de la fin de la majeure partie des violences<ref name="JOINT">{{Lien web |titre=Operation Garden Plot, JTF-LA Joint Task Force Los Angeles |url=http://www.globalsecurity.org/military/ops/jtf-la.htm |éditeur=GlobalSecurity.org |consulté le=24 avril 2012}}</ref>.

Dans la journée, Rodney King convoque une conférence de presse imprévue devant les bureaux de son avocat et demande, les larmes aux yeux, {{Traduction|langue=en|People, I just want to say, you know, can we all get along?|Vous tous, je veux juste dire, vous savez, est-ce qu'on pourrait juste tous bien s'entendre ?}}<ref>{{Ouvrage |prénom1=Ralph |nom1=Keyes |lien auteur1=Ralph Keyes (author) |titre=The Quote Verifier: Who Said What, Where, and When |date=30 mai 2006 |isbn=0-312-34004-4 |lire en ligne=https://archive.org/details/quoteverifierwho00keye |consulté le=27 avril 2017 |website=RalphKeyes.com}}</ref>{{,}}<ref name="NYT_1993-12-09">{{Article |langue=en |prénom1=Seth |nom1=Mydans |titre=Jury Could Hear Rodney King Today |périodique=The New York Times |date=9 décembre 1993 |lire en ligne=https://www.nytimes.com/1993/03/09/us/jury-could-hear-rodney-king-today.html |archiveurl=https://web.archive.org/web/20080120172926/http://query.nytimes.com/gst/fullpage.html?res=9F0CE5DD1331F93AA35750C0A965958260 |archivedate=January 20, 2008 |consulté le=9 janvier 2008 |url-status=live}}</ref>.

Dans la soirée, la quarantième division d'infanterie ({{Unité|4000|membres}}) et la garde nationale ({{Unité|10000|membres}} dépêchés) continuent à patrouiller. La [[Maison-Blanche|Maison Blanche]] fait venir {{Unité|1700|policiers}} spécialisés en [[maintien de l'ordre]] pour protéger les bâtiments fédéraux et soutenir la police locale. Plus tard dans la soirée, le président Bush s'adresse à la nation, dénonçant une « terreur aveugle et un État de non-loi », résumant sa discussion avec le maire [[Tom Bradley]] et le gouverneur Wilson, et soulignant l'assistance fédérale mise à la disposition des autorités locales. Citant le « besoin urgent de restaurer l'ordre », il avertit que la « brutalité d'une foule » ne sera pas tolérée, et qu'il « utilisera toute force nécessaire ». Il commente ensuite l'affaire Rodney King sur un ton plus modéré, soulignant la réaction de « bons et décents policiers » ainsi que celle de « civil rights leaders ». Il indique qu'il a déjà demandé au Département de la Justice de lancer une enquête et que la justice prévaudra<ref>{{Lien web |prénom=George H.W. |nom=Bush |lien auteur=George H. W. Bush |titre=Address to the Nation on the Civil Disturbances in Los Angeles, California |url=http://bushlibrary.tamu.edu/research/papers/1992/92050105.html |éditeur=George Bush Presidential Library |date=1 mai 1992 |consulté le=12 mai 2006 |archive-url=https://web.archive.org/web/20060216041435/http://bushlibrary.tamu.edu/research/papers/1992/92050105.html |archive-date=February 16, 2006}}</ref>. Les services postaux sont interrompus dans Los Angeles, et les habitants sont enjoints à se rendre en personne à la poste centrale de la ville. La file d'attente s'étend sur 40 blocs d'immeubles, et la garde nationale est dépêchée pour y maintenir l'ordre. En parallèle, les violences de Los Angeles s'arrêtent{{Refnec|date=30 décembre 2019}}.

Ce soir-là, de nombreux événements de divertissement sont annulés. Une partie des [[Lakers de Los Angeles]] au cours des [[Playoffs NBA 1992]] est déplacée à [[Las Vegas]] et retardée. Les [[Clippers de Los Angeles]] déplacent leur match à [[Anaheim]]. En baseball, les [[Dodgers de Los Angeles]] retardent tous leurs matchs de quatre jours, y compris une série de trois matchs contre les [[Expos de Montréal]] qui ne sont joués qu'en juillet. À San Francisco, un couvre-feu préventif retarde une partie des [[Giants de San Francisco]] contre les [[Phillies de Philadelphie]]<ref>{{Article |langue=en |titre=Baseball; 4 Doubleheaders For The Dodgers |périodique=The New York Times |date=19 mai 1992 |lire en ligne=https://www.nytimes.com/1992/05/19/sports/baseball-4-doubleheaders-for-the-dodgers.html |consulté le=27 avril 2017}}</ref>. Les hippodromes de Hollywood Park et de Los Alamitos sont fermés. La [[Fiesta Broadway]] est annulée. [[Van Halen]] annule deux concerts à Inglewood, [[Metallica]] et [[Guns N' Roses]] déplacent leurs concerts au [[Rose Bowl (stade)|Rose Bowl]] en raison de l'accès bloqué au Coliseum. [[Michael Bolton]] annule son concert au [[Hollywood Bowl]]{{Refnec|date=30 décembre 2019}} et la [[World Wrestling Entertainment]] annule des événements à [[Long Beach (Californie)|Long Beach]] et [[Fresno (Californie)|Fresno]]<ref>{{Lien web |prénom=Graham |nom=Cawthon |titre=1992 WWF results |url=http://www.angelfire.com/wrestling/cawthon777/92.htm |éditeur=The History of WWE |consulté le=12 janvier 2009 |archive-url=https://web.archive.org/web/20080505064406/http://www.angelfire.com/wrestling/cawthon777/92.htm |archive-date=May 5, 2008}}</ref>.

=== Samedi 2 mai ===

Au quatrième jour, {{unité|4000|soldats}} de l'[[Forces armées des États-Unis|armée]] et des [[United States Marine Corps|Marines]] sont déployés afin de mettre fin aux émeutes et de rétablir l'ordre. Il s'agit de la première occupation militaire de Los Angeles depuis la [[Grève Pullman]] de 1894<ref>{{Lien web |titre=Past Deployment of Military Troops in Los Angeles County, California |url=http://www.laalmanac.com/military/mi07.php |site=www.laalmanac.com |consulté le=2019-12-30}}</ref> et de la première occupation militaire d'une ville américaine pour cause d'émeutes depuis l'[[assassinat de Martin Luther King]] en 1968. Le calme commence à revenir avec le déploiement des forces fédérales.

Ces troupes mettent {{Unité|24|heures}} à se déployer à [[Huntington Park (Californie)|Huntington Park]], montant le nombre de militaires sur place à {{Unité|13500|personnes}} qui soutiennent directement la police locale. Les violences s'étant presque complètement arrêtées, un cortège de {{Unité|30000|manifestants}} se regroupe à onze heures à Koreatown pour soutenir les commerçants locaux et faire passer un message pacifique<ref name=":63">{{Lien web |titre=Charting the Hours of Chaos |url=http://www.lafire.com/famous_fires/1992-0429_LA-Riots/LATimes-2002-0429-0501/2002-0429_latimes_ChartingTheHoursofChaos.htm |site=Los Angeles Fire Department Historical Archive |éditeur=Los Angeles Times (orig. archive pqasb.pqarchiver.com/latimes/doc/421691608.html ) |date=29 avril 2002 |consulté le=22 décembre 2017}}</ref>.

=== Dimanche 3 mai ===
Le calme se réinstalle et le maire Tom Bradley assure à la population que la crise est « pratiquement sous contrôle »<ref name="NYT_ Mydans">{{Article |langue=en |auteur1=Seth Mydans |titre=Verdict in Los Angeles; Fear Subsides With Verdict, But Residents Remain Wary |périodique=[[The New York Times]] |date=19 avril 1993 |lire en ligne=https://www.nytimes.com/1993/04/19/us/verdict-in-los-angeles-fear-subsides-with-verdict-but-residents-remain-wary.html}}.</ref>{{,}}<ref>{{Article |langue=en |auteur1=Del Vecchio, Rick |auteur2=Suzanne Espinosa |auteur3=Carle Nolte |titre=Bradley Ready to Lift Curfew He Says L.A. is 'under control' |périodique=San Francisco Chronicle |date=4 mai 1992 |pages=A1 |last-author-amp=yes}}</ref>. En fin de soirée, la garde nationale tue par balle un conducteur de voiture qui a tenté de forcer un barrage<ref>{{Article |langue=en |auteur1=Karen Ball |auteur institutionnel=Associated Press |titre=Motorist Shooting shakes L.A. calm |périodique=McCook Daily Gazette |date=4 mai 1992 |lire en ligne=https://news.google.com/newspapers?id=itkgAAAAIBAJ&pg=1888,183703 |consulté le=11 août 2011 |pages=1}}</ref>. À Compton, la police et des Marines interviennent dans un cas de violences conjugales où le suspect a pris sa femme et ses enfants en otage. À l'arrivée de la police, le suspect tire deux balles, blessant des policiers. Un policier s'écrie {{Citation|couvrez-moi}}. Dans la formation policière, l'injonction signifie qu'il faut tirer si nécessaire, mais pour les Marines, il s'agit d'un ordre de tirer à vue. Les Marines tirent plus de 200 balles dans la maison. Ni le suspect, ni sa femme et ses enfants ne sont touchés<ref>{{Lien web |titre=The Flawed Emergency Response to the 1992 Los Angeles Riots (C) |url=https://sites.hks.harvard.edu/research/publications/cases/1588_0.pdf |site=Kennedy School of Government Case Program |page=21}}</ref>.

Au {{date-|3 mai}}, {{unité|6345|arrestations}} sont menées et on dénombre {{nombre|44|tués}}, dont sept personnes abattues par les forces de l'ordre<ref>{{Article |langue=en |auteur1=Robert Reinhold |titre=Riot in LA; The Overview; cleanup begins in los angeles; troops enforce surreal calm |périodique=[[The New York Times]] |date=3 mai 1992 |lire en ligne=https://www.nytimes.com/1992/05/03/us/riot-los-angles-overview-cleanup-begins-los-angeles-troops-enforce-surreal-calm.html}}.</ref>.

=== Lundi 4 mai et plus tard ===
Le couvre-feu est levé le {{date-|4 mai}}, ce qui marque la fin officielle des émeutes. Des violences ponctuelles continuent pendant quelques jours supplémentaires. Les troupes fédérales quittent les lieux le {{Date-|9|mai|1992-}}, suivies de la garde nationale le {{Date-|14|mai|1992-}}, bien que ses derniers membres ne soient partis que le {{Date-|27|mai|1992-}}<ref>{{Ouvrage |langue=en |prénom1=Arnold M. |nom1=Howitt |prénom2=Herman B. |nom2=Leonard |titre=Managing Crises: Responses to Large-Scale Emergencies |passage=191 |éditeur=CQ Press |date=2009 |isbn=9781483351322 |lire en ligne=https://books.google.com/books?id=gDRzAwAAQBAJ}}</ref>.

== Bilan ==

La couverture médiatique continue, possible en particulier grâce aux hélicoptères des équipes de télévision, permit une très large diffusion de l’événement, et les scènes de violence montrées (notamment les images de la ville en flammes, des boutiques ouvertement pillées, des curieux battus et les coups de feu tirés par les émeutiers à la police) retinrent l'attention du public. Cependant, bien que les médias se cristallisèrent sur les images des émeutes et l'origine ethnique du conflit, dans certains quartiers les événements {{Référence nécessaire|étaient motivés principalement par la faim, la désillusion et dirigés contre la police et les arnaques des commerçants|date=18 juin 2018}}.

Un couvre-feu et le déploiement de troupes de la [[United States National Guard|garde nationale]] californienne permirent un meilleur contrôle de la situation, et finalement des troupes fédérales furent dépêchées afin de mettre fin au désordre. La réaction officielle à cette émeute fut la plus grande opération de rétablissement de l'ordre coordonnée de l'histoire. Pendant des semaines, des unités de la [[Los Angeles Police Department|police de Los Angeles]] (LAPD) recherchèrent les biens volés en pénétrant dans les logements ouvriers, pendant que les agents de la police des frontières patrouillaient dans les rues à la recherche d'étrangers en situation irrégulière. Les peines d'amende et d'emprisonnement furent dans plusieurs cas complètement disproportionnées<ref name="mikedavis" />.

Les estimations du nombre de vies perdues durant les émeutes varient entre 50 et 60, et {{unité|2383|personnes}} furent blessées. Une étude nominative a relevé {{nombre|53|personnes}} qui ont été directement ou indirectement tuées par les émeutes. 35 le furent par balles, huit lors d'accidents de voiture, cinq ont été brûlées, deux personnes poignardées et un homme a été étranglé{{refnec}}. Parmi les victimes figuraient vingt-cinq Afro-Américains, seize Hispaniques, huit Blancs, deux Asiatiques, un Français d'origine [[algérie]]nne et une personne originaire d'[[Inde]] ou du [[Moyen-Orient]]{{refnec}}. {{nombre|22|décès}} sont encore inexpliqués. Dix de ces personnes ont été tuées par les forces de sécurité.

On estime le coût des dommages matériels entre {{unité|800|millions}} et {{unité|1|milliard}} de [[Dollar américain|dollars]] pour le [[comté de Los Angeles]] (selon la prise en compte ou non des pillages). Approximativement {{unité|3600|incendies}} furent allumés, détruisant {{unité|1100|bâtiments}}, les pompiers recevant par moments un appel par minute. Jusqu'à {{unité|10456|gardes}} nationaux californiens furent déployés et plus de {{unité|11000|personnes}} furent arrêtées<ref name="Sundial" />. Les statistiques montrent que 52 % des personnes interpellées étaient d'origine hispanique, 36 % étaient des Afro-Américains, et 9 % étaient des Blancs. Ces nombres sont proportionnels au nombre de résidents dans la zone de Los Angeles où les émeutes ont eu lieu (le quartier de [[Watts]] principalement) ; cependant, ils ne correspondent pas aux proportions des différentes catégories ethniques de Los Angeles dans son intégralité. Les commerces possédés par des [[Coréano-Américains|Coréens]] et d'autres immigrants asiatiques furent principalement visés, même si ceux des Blancs et Noirs furent également attaqués. Malgré l'image d'émeutes raciales que les événements ont gardée, la majorité des pillages et des violences furent le fait de jeunes hommes, noirs, hispaniques et blancs, et si certains des pillages furent l'occasion de vols de produits de luxe, dans d'autres quartiers moins favorisés, la population se concentra sur des produits de première nécessité. Certains criminels tirèrent profit du chaos, tandis que des gangs en profitèrent pour régler leurs comptes avec d'autres bandes et la police.

Pour l'historien Andrew Diamond, {{Citation|plus qu'un soulèvement noir contre l'establishment blanc, le carnage qui embrase South Central tient davantage d'une rébellion multiethnique, d'une guerre entre communautés. Elle révèle les lignes de faille existant entre trois groupes voisins {{incise|Noirs, Latinos et Coréens}} en concurrence de plus en plus vive pour les emplois, le logement et les rares ressources publiques}}<ref name="LH" />.

D'autres émeutes, plus petites, eurent lieu dans d'autres villes des [[États-Unis]], en particulier à [[Las Vegas]], [[Atlanta]], et [[San Francisco]], mais également à [[Oakland (Californie)|Oakland]], [[New York]], [[Seattle]], [[Chicago]], [[Phoenix (Arizona)|Phoenix]], [[Madison (Wisconsin)|Madison]], et {{Citation nécessaire|même dans la ville canadienne de [[Toronto]]}}.

== Analyses ==

=== Place des Coréano-Américains dans les émeutes ===
Après le meurtre de Latasha Harlins le {{date-|16 mars 1991}} et la peine particulièrement légère de la tueuse, Soon Ja Du, les relations entre les Africains-Américains et les Coréano-Américains de Los Angeles se tendent considérablement<ref>{{Lien web |langue=en |titre=When LA Erupted In Anger: A Look Back At The Rodney King Riots |url=https://www.npr.org/2017/04/26/524744989/when-la-erupted-in-anger-a-look-back-at-the-rodney-king-riots |éditeur=[[National Public Radio]] |date=26 avril 2017}}</ref>.

Dès le premier soir des émeutes, Richard Rhee, qui tient une grande armurerie à Koreatown, garde son parking avec {{nombre|20|employés}} armés<ref name="Los Angeles Times">{{Article |langue=en |prénom1=Robert |nom1=Pittman |titre=Cover Story&nbsp;– The Man Behind the Monster |périodique=Los Angeles Times |date=28 juillet 1991 |lire en ligne=http://articles.latimes.com/1991-07-28/entertainment/ca-436_1_mtv-networks?pg=1 |consulté le=30 août 2009}}</ref>. Des vidéos circulent amplement, dont une montrant deux commerçants coréens tirant plusieurs coups de feu sur des pilleurs. Le ''New York Times'' qualifie la situation de guerre raciale et évoque des justiciers cherchant à se venger eux-mêmes<ref name="NY Times2">{{Article |langue=en |prénom1=Seth |nom1=Mydans |titre=Riot In Los Angeles: Pocket of Tension; A Target of Rioters, Koreatown Is Bitter, Armed and Determined |périodique=The New York Times |date=3 mai 1992 |lire en ligne=https://www.nytimes.com/1992/05/03/us/riot-los-angles-pocket-tension-target-rioters-koreatown-bitter-armed-determined.html?pagewanted=all |consulté le=25 août 2016}}</ref>. Pendant les émeutes, les Coréano-Américains ne reçoivent quasiment aucune aide policière, entre autres en raison de leur statut social peu élevé et de la barrière de la langue<ref name="Kim">{{Article |langue=en |prénom1=Rose M. |nom1=Kim |titre=3. "Violence and Trauma as Constitutive Elements in Korean American Racial Identity Formation: The 1992 L.A. Riots/Insurrection/Saigu." |périodique=Ethnic & Racial Studies |volume=35 |numéro=11 |année=2012 |doi=10.1080/01419870.2011.602090 |pages=1999–2018}}</ref>. Des stations de radio coréennes appellent les immigrants à défendre Koreatown et ils s'y rendent en masse, souvent armés<ref name="LA Times">{{Article |langue=en |prénom1=Ashley |nom1=Dunn |titre=King Case Aftermath: A City In Crisis : Looters, Merchants Put Koreatown Under The Gun : Violence: Lacking Confidence In The Police, Employees And Others Armed Themselves To Protect Mini-Mall |périodique=Los Angeles Times |date=2 mai 1992 |lire en ligne=http://articles.latimes.com/1992-05-02/news/mn-1281_1_police-car |consulté le=25 août 2016}}</ref>.

Bien qu'éloigné de South Central, le quartier de Koreatown est le plus touché par les émeutes<ref name="Kim" />. Plus de {{Unité|2300|petits}} commerces sont pillés ou vandalisés pendant les émeutes, causant plus de {{Unité|400|millions}} de dollars de dégâts<ref name=":3">{{Article |langue=en |titre=25 years after LA riots, Koreatown finds strength in 'Saigu' legacy |périodique=NBC News |date=25 avr. 2017 |lire en ligne=https://www.nbcnews.com/news/asian-america/25-years-after-la-riots-koreatown-finds-strength-saigu-legacy-n749081 |consulté le=2018-05-12}}</ref>. Onze mois après les émeutes, un sondage du ''Los Angeles Times'' montre que près de 40 % des Coréano-Américains ont l'intention de quitter Los Angeles<ref>{{Article |langue=en |auteur1=K. Connie Kang |titre=40% of Koreans in Poll Ponder Leaving : Riots: Survey of business owners finds deep concern. Blacks also voice fears but fewer want to relocate. |périodique=[[Los Angeles Times]] |date=19 mars 1993 |lire en ligne=http://articles.latimes.com/1993-03-19/local/me-12656_1_african-american-business-owners |consulté le=11 août 2011}}</ref>. Un an après les émeutes, moins d'un magasin endommagé sur quatre a rouvert<ref name="NY Times">{{Article |langue=en |prénom1=Seth |nom1=Mydans |titre=Korean Shop Owners Fearful Of Outcome of Beating Trial |périodique=The New York Times |date=10 avril 1993 |lire en ligne=https://www.nytimes.com/1993/04/10/us/korean-shop-owners-fearful-of-outcome-of-beating-trial.html?pagewanted=all |consulté le=25 août 2016}}</ref>. {{Unité|730|Coréano-Américains}} sont traités pour un [[trouble de stress post-traumatique]]<ref name="Kim" />.

Les Coréano-Américains de Los Angeles appellent les émeutes ''Sa-I-Gu'', soit {{Citation|4.29}} en coréen, en référence à la date du début des émeutes<ref name=":3" />. Les réponses de la communauté après le conflit sont variées. Certains créent des organisations militantes comme l'Association des victimes coréano-américaines, d'autres montent des initiatives de collaboration avec les autres groupes ethniques minoritaires, comme la Korean American Coalition<ref>{{Lien web |titre=Untitled Document |url=http://rtjournal.cgu.edu/nancy_park.html |date=4 mars 2009 |archive-url=https://web.archive.org/web/20090304173745/http://rtjournal.cgu.edu/nancy_park.html |archive-date=March 4, 2009 |url-status=dead}}</ref>. Les violences de 1992 sont le catalyseur d'une nouvelle vague de militantisme coréano-américain, divisé en deux camps<ref>{{Lien web |titre=Asian Pacific American Studies |url=http://www.lmu.edu/PageFactory.aspx?PageID=22013 |site=Loyola Marymount University |archive-url=https://web.archive.org/web/20121018180912/http://www.lmu.edu/PageFactory.aspx?PageID=22013 |archive-date=October 18, 2012 |url-status=dead}}</ref>{{,}}<ref>{{Lien web |titre=Edward J.W. Park |url=http://myweb.lmu.edu/epark/ |site=Loyola Marymount University |archive-url=https://web.archive.org/web/20130629205348/http://myweb.lmu.edu/epark/ |archive-date=June 29, 2013 |url-status=dead}}</ref> Les progressistes cherchent à unir leurs forces avec les autres minorités de Los Angeles pour combattre le racisme systémique et la recherche d'un bouc émissaire. Les conservateurs prônent l'ordre et tendent à souligner les différences politiques entre eux-mêmes, souvent Républicains, et les autres minorités raciales plus souvent de gauche<ref>Edward J.W. Park, "Competing visions: Political formation of Korean Americans in Los Angeles, 1992–1997", ''Amerasia Journal'', 1998, Vol. 24 Issue 1, pp. 41–57</ref>{{,}}<ref>Nancy Abelmann and John Lie, ''Blue Dreams: Korean Americans and the Los Angeles Riots'' (1997)</ref>.

== Conséquences ==
Après les émeutes, l'opinion publique réclama un nouveau procès des officiers impliqués dans l'affaire King, et des charges fédérales (violation des droits civils) furent déposées contre eux. Alors que le premier anniversaire de l'acquittement approchait, la ville attendait avec impatience les décisions du jury fédéral ; sept jours de délibération suscitaient la peur d'une nouvelle explosion si le verdict était « non coupables ».

Des mesures de précaution furent prises par le gouvernement et les médias. Ainsi la décision fut lue à 7 heures du matin, lors de la session du tribunal du samedi {{Date|17|avril|1993}}. Deux officiers, l’officier Laurence Powell et le sergent Stacy Koon, furent déclarés coupables tandis que les deux autres furent acquittés.

Conscients des accusations portées sur leur traitement des événements qui avaient suivi la première décision du jury, les médias optèrent pour une couverture plus sobre qui inclut des interviews de passants plus pondérées<ref>{{Article |langue=en |prénom1=Howard |nom1=Rosenberg |titre=Los Angeles TV Shows Restraint |périodique=Chicago Sun-Times |date=19 avril 1993 |pages=22}}.</ref>. La police était mobilisée, avec des officiers effectuant des roulements de douze heures, des convois patrouillant les rues, des hélicoptères en observation, des barrages, des centres de commandement tactique, et le soutien de la [[United States National Guard|Garde nationale]] et des [[United States Marine Corps|Marines]]<ref name="NYT_ Mydans" />{{,}}<ref>{{Article |langue=en |auteur1=Tisdall, Simon, & Christopher Reed |titre=All Quiet on the Western Front After King Verdicts |périodique=[[The Guardian]] |date=19 avril 1993 |pages=20}}.</ref>. Aucune manifestation de violence ne fut observée.

Peter Ueberroth, président du comité d'organisation des [[Jeux olympiques d'été de 1984]] à Los Angeles, tenta de stimuler le développement des zones endommagées en tant que directeur de Rebuild L.A., une organisation créée le {{Date|30|avril|1992}}, après le début des émeutes, à la demande du maire de Los Angeles. À la suite des pressions de l'opinion pour une plus grande diversité raciale, Peter Ueberroth s'adjoignit un Noir, un Blanc, un Hispanique et une Asiatique. Pourtant les résultats financiers représentèrent la moitié de ceux escomptés et il ne réussit pas à attirer d'importants investissements. Les efforts durèrent jusqu'en [[1997]], quand Rebuild L.A transféra ses informations au Los Angeles Community College District, ce dernier prenant désormais la suite.

[[Warren Christopher]] prend la tête d'une commission chargée d'enquêter sur les pratiques racistes au sein de la LAPD. Ses recommandations sur une réforme de la police n'ont cependant pas été appliquées, alors que, une décennie plus tard, le taux de pauvreté à South Central a encore augmenté<ref name="LH" />.

== Notes et références ==
{{Crédit d'auteurs|type=interne|titre=Rodney King}}
{{Références}}

== Voir aussi ==
{{Autres projets |commons= Category:1992 Los Angeles riots |commons titre= Émeutes de 1992 à Los Angeles }}

=== Bibliographie ===
{{Légende plume}}
* {{Ouvrage |prénom1=Michael |nom1=Connelly |titre=Dans la ville en feu |éditeur=Calmann-Lévy |date=2015-03-04 |isbn=9782702154731 |consulté le=2016-06-20}}.
* {{Chapitre|langue=en |prénom1=Mike |nom1=Davis |lien auteur1=Mike Davis (historien) |titre chapitre=Beyond Blade Runner |numéro chapitre=7 |auteurs ouvrage=Mike Davis |titre ouvrage=Ecology of Fear |lieu=New York |éditeur=Metropolitan Books et Henry Holt |année=1998 |commentaire=Publié en [[français]] sous le titre ''Au-delà de Blade Runner : Los Angeles et l'imagination du désastre'', éditions Allia, Paris, 2006 |plume=oui}}
* {{Article |langue=en |titre=États-Unis. 47 morts, plus de 2 000 blessés. Les émeutes de Los Angeles ont été les plus meurtrières de l'après-guerre |périodique=[[Le Monde]] |date=5 mai 1992 |lire en ligne=https://www.lemonde.fr/archives/article/1992/05/05/etats-unis-47-morts-plus-de-2-000-blesses-les-emeutes-de-los-angeles-ont-ete-les-plus-meurtrieres-de-l-apres-guerre_3906367_1819218.html}}.

=== Filmographie ===
* ''[[Dark Blue]]'', film de 2003 qui se déroule pendant les émeutes de [[1992]].
* ''L.A. 24/04/1992, émeutes à Los Angeles'', film sur les émeutes de 1992, à la suite de l'acquittement des policiers impliqués dans le tabassage de [[Rodney King]]. Film de quatre réalisateurs, quatre communautés et quatre points de vue sur les événements.
* ''[[Kings (film, 2017)|Kings]]'', film de 2017 qui se déroule pendant les émeutes de [[1992]].
* ''[[Kings (film, 2017)|Kings]]'', film de 2017 qui se déroule pendant les émeutes de [[1992]].
* ''LA 92'', documentaire de 2017 produit par [[National Geographic]] composé uniquement d'images d'archives, relatant les émeutes ainsi que leur contexte, du tabassage de Rodney King au meurtre de Latasha Harlins.
* ''LA 92'', documentaire de 2017 produit par [[National Geographic]] composé uniquement d'images d'archives, relatant les émeutes ainsi que leur contexte, du tabassage de Rodney King au meurtre de Latasha Harlins.

Version du 14 janvier 2021 à 19:38

Émeutes de 1992 à Los Angeles
Description de cette image, également commentée ci-après
Patrouille de la garde nationale dans les rues de South Central, appelée en renfort pour mettre fin aux pillages.
Informations
Date 29 avril – 4 mai 1992
Localisation Los Angeles, États-Unis
Caractéristiques
Participants Des centaines d'habitants de Los Angeles, principalement de jeunes hommes afro-américains et latinos.
Types de manifestations émeutes, pillages, incendies volontaires, vandalisme, échanges de coups de feu
Bilan humain
Morts entre 53[1] et 55 morts[2]
Blessés plus de 2 300 blessés[2]
Arrestations plus de 11 000

Les émeutes de 1992 à Los Angeles ont débuté le à Los Angeles après qu'un jury, composé de dix Blancs, un Asiatique et un Latino, a acquitté quatre officiers de police blancs accusés d'avoir passé à tabac un automobiliste noir américain, Rodney King, après une course-poursuite pour excès de vitesse. Elles impliquent des centaines d'habitants de Los Angeles, principalement de jeunes hommes afro-américains et latinos.

Les émeutes durent six jours, bien que les événements les plus importants aient eu lieu entre le soir du verdict et le troisième jour. Finalement, on dénombre entre 53[1] et 55 morts[2], plus de 2 300 blessés[2], des milliers d'arrestations[3] et des dommages matériels s'élevant entre 800 millions et un milliard de dollars[1]. Il y a plus de 3 600 départs de feu, détruisant 1 100 bâtiments[2]. Après un déploiement important de la police et de la garde nationale sur place, plusieurs milliers de personnes sont arrêtées, dont 36 % d'Afro-Américains, 52 % d'Hispaniques et 10 % de Blancs[4]. En 1993, les policiers accusés sont rejugés par un tribunal fédéral et condamnés à trente mois de prison.

Des violences ont aussi eu lieu à Seattle, Oakland, San Francisco, Las Vegas et San Diego pour la côte ouest, New York, Philadelphie et Atlanta pour la côte est, sans toutefois atteindre le degré des émeutes de Los Angeles.

Contexte

Tensions raciales

La composition raciale du Sud de Los Angeles, historiquement noir, évolue à l'arrivée de Latinos et de Coréens. Ces derniers en particulier achètent des petites épiceries et des débits d'alcool où ils pratiquent des prix élevés s'appuyant sur leur quasi-monopole, les grandes chaînes de supermarchés ne s'installant pas dans les quartiers pauvres[5]. Dans la zone touchée par les émeutes, la population hispanique a augmenté en une dizaine d'années de 119 %[6].

La compétition économique entre les différentes populations des classes ouvrières et des petites entreprises est à l'origine d'une certaine animosité raciale ; ainsi, dans les années 1980, les entreprises du centre de Los Angeles se séparent de la plupart de leurs employés noirs responsables de l'entretien des bâtiments pour les remplacer par des immigrants latinos, payés moitié moins que leurs prédécesseurs syndiqués. La fracture entre les boutiques coréennes et les habitants noirs est également très prononcée. La communauté noire se plaint de mauvais traitements et de la hausse des prix[réf. nécessaire].

Chômage et pauvreté

Le taux de chômage est extrêmement élevé parmi les résidents de South Central : les quartiers du Sud de Los Angeles sont sévèrement touchés par la récession nationale de la fin des années 1980[5].

La police de Los Angeles, quant à elle, est perçue comme particulièrement violente et accusée de racisme. Son recours régulier au délit de faciès sera confirmé par la commission d'enquête de Warren Christopher après les émeutes[5],[7].

Événements déclencheurs

Affaire Latasha Harlins

Au matin du à South Central, Soon Ja Du, une Coréenne âgée de 51 ans à l'époque, gérante d'une épicerie, voit Latasha Harlins, une Afro-Américaine de 15 ans, mettre une bouteille de jus d'orange dans son sac à dos. Quand Harlins se présente au comptoir, Du lui reprend violemment la bouteille. Au moment où Harlins se retourne pour sortir du magasin, Du sort un revolver et tire derrière la tête de Harlins, qui meurt sur le coup. Le mari de Soon Ja Du, réveillé par les coups de feu, appelle la police pour leur informer qu'un braquage a eu lieu.

L'enquête de police a montré que Harlins prévoyait de payer — les enquêteurs ont trouvé 2 dollars dans sa main gauche — et que celle-ci en avait informé la gérante quand cette dernière l'accusait d'avoir volé, selon les témoignages[8],[9].

Le , la juge Joyce Karlin justifie la réaction de Soon Ja Du et la condamne à 5 ans de prison avec sursis, 400 heures de travaux d'intérêt général et 500 dollars d'amende. Elle va ainsi contre l'avis du jury qui demande 16 ans d'emprisonnement pour homicide volontaire[10]. Le jugement est confirmé en appel le [11].

Affaire Rodney King

Le , à Los Angeles, Rodney King est poursuivi par des policiers du Los Angeles Police Department à la suite d'un excès de vitesse. Il a deux passagers à bord et refuse de s'arrêter. Il a passé la soirée à boire avec ses amis, en regardant un match de basket-ball. Au terme de la poursuite, qui se fait à des vitesses allant d'après la police jusqu'à 190 km/h (117 mph) et sur environ 13 kilomètres, il arrête son véhicule. En quelques secondes, trois voitures de police et un hélicoptère sont sur les lieux. Bryant « Pooh » Allen et Freddie Helms, les deux passagers, obtempèrent aux ordres des policiers et sortent du véhicule, ils sont emmenés à l'écart sans incident, mais King refuse de sortir. Une policière, Melanie Singer, pointe son arme sur lui et lui ordonne de sortir et de s'allonger au sol. Quatre policiers tentent alors de le maîtriser mais King, ivre et musclé, se débat et ils battent en retraite[12].

Le comportement anormal du suspect et son regard « vide » font penser aux officiers (à tort, comme l'indiquera l'enquête) qu'il est sous l'emprise de PCP, une drogue qui occulte la douleur et donne à celui qui est sous son influence l'impression d'avoir une force surhumaine[12].

Le sergent Stacey Koon tire sur King au taser. Il tombe à genoux avant de se relever. Koon tire alors une deuxième fois, ce qui jette Rodney King au sol. King se relève néanmoins une deuxième fois et devant sa résistance, les officiers Laurence Powell et Timothy Wind le rouent de coups, à l'aide de leurs bâtons. Le passage à tabac dure environ une minute vingt et est filmé par George Holliday, un habitant du quartier, réveillé par le bruit et la lumière[13]. Une vingtaine d'autres policiers présents restent en retrait[12].

Après 56 coups de bâton, dont un à la tête, et six coups de pieds, cinq ou six officiers maîtrisent King, le menottent et entravent ses bras et ses jambes à l'aide de cordes. Ils le traînent ensuite à plat ventre vers le bas-côté et attendent une ambulance[14]. Les deux passagers de King sont immédiatement relâchés[12].

À l'hôpital, Rodney King reçoit vingt points de suture dont cinq à l'intérieur de la bouche, l'examen médical montre qu'il a la mâchoire fracturée et la cheville droite cassée[14]. Il est emprisonné quatre jours, puis est relâché, un procureur ayant estimé qu'aucune charge ne peut être retenue contre lui[12],[14].

La vidéo de George Holliday dure au total neuf minutes et vingt secondes ; elle commence avec des images montrant King se jetant sur Powell, puis l'intégralité du tabassage, le menottage, et la fin de l'arrestation[13].

En mars 1992, commence à Simi Valley le procès des policiers Koon, Powell, Wind et Briseno. Ils sont accusés d'« usage excessif de la force » (« use of excessive force »). La défense ayant récusé les Afro-Américains, le jury est composé de dix Blancs, un Asiatique et une Latina[15]. La vidéo de George Holliday est versée au dossier et est examinée image par image par des experts[12].

Le , après sept jours de délibérations du jury, les quatre accusés sont acquittés[16]. Stacey Koon doit être escorté par plusieurs policiers chargés de sa sécurité à la sortie du tribunal[17].

Déroulement

Mercredi 29 avril

Annonce du verdict

Pendant

  • Kings, film de 2017 qui se déroule pendant les émeutes de 1992.
  • LA 92, documentaire de 2017 produit par National Geographic composé uniquement d'images d'archives, relatant les émeutes ainsi que leur contexte, du tabassage de Rodney King au meurtre de Latasha Harlins.
  1. a b et c (en) « Destruction in 1992 L.A. Upheaval: How law enforcement let the largest urban riot/rebellion rage on », sur The Sundial, .
  2. a b c d et e (en) « Ex-police chief: Morale low in Los Angeles force », sur CNN, .
  3. Frédéric Martel, De la culture en Amérique, Paris, Gallimard, (ISBN 2070779319), p. 455.
  4. Davis 1998, p. 40.
  5. a b et c Andrew Diamont, « Émeutes à Los Angeles. La guerre des communautés », L'Histoire no 305, janvier 2006, p. 18-19. Accès payant
  6. (en) Gail Pollard, « Latinos Bring Racial Mix to Boil », The Guardian,‎ , p. 7.
  7. The Independent Commission on the Los Angeles Police Department, Report of the Independent Commission on the Los Angeles Police Department (Christopher Commission Report), (lire en ligne)
  8. (en) « People v. Superior Court (Du) », sur courtroomcast.lexisnexis.com (consulté le )
  9. (en) « 25 years later, vigil marks Latasha Harlins' death, which fed anger during Rodney King riots », sur latimes.com, (consulté le )
  10. (en) « Black People As Criminals First, Citizens Second: The L.A. Riots », sur theshadowleague.com, (consulté le )
  11. (en) « Judge Who Gave Probation in '91 Killing Quits », sur articles.latimes.com, (consulté le )
  12. a b c d e et f (en) An Account of the Los Angeles Police Officers' Trials (The Rodney King Beating Case) - Doug Linder, University of Missouri-Kansas City (UMKC) School of Law, 2001
  13. a et b (en) The Holliday Videotape - University of Missouri-Kansas City (UMKC) School of Law
  14. a b et c (en) Report of the Independent Commission on the Los Angeles Police Department - Chapitre 1, The Rodney King Beating, p. 7, 1991 [PDF]
  15. (en) « After the riots; A Juror Describes the Ordeal of Deliberations », The New York Times,‎ (lire en ligne, consulté le )
  16. (en) « After the riots; A Juror Describes the Ordeal of Deliberations », The New York Times,‎ (lire en ligne, consulté le )
  17. CNN Documentary Race + Rage: The Beating of Rodney King, aired originally on March 5, 2011; approximately 14 minutes into the hour (not including commercial breaks).