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En [[1937]]<nowiki/>se joue à Saint Louis une nouvelle pièce de théâtre de Williams, en deux actes, ''Candles to the Sun''. La presse locale publie des louanges sur la pièce<ref>Liliane Kerjan, ''Tennessee Williams'', p. 37.</ref>. On encense le talent du jeune auteur pour son sens des dialogues percutants. Ces succès locaux donnent à Williams de l'assurance pour la suite de sa carrière de dramaturge. A la fin de l'été 1937, Williams prend ses distances avec sa famille et quitte Saint-Louis sans regrets car la ville lui laisse de bien mauvais souvenirs. En septembre, il intègre l'[[Université d'État de l'Iowa|Iowa State University]] à Ames (Iowa). Dans le même temps, sa sœur Rose, schizophrène, est déclarée mythomane et dépressive par sa mère Edwina après avoir dénoncé son père pour attouchements sexuels<ref name=":2">Tennessee Williams, ''Théâtre, Roman, Mémoires'', édition établie par Catherine Fruchon-Toussaint, Robert Laffont, 2011, préface p. XXI.</ref> . Edwina refusant obstinément de donner crédit aux propos de sa fille, elle la fait interner dans un sanatorium, puis à l'hôpital<ref name=":2" />. Ces événements plongent Thomas Williams dans une peine profonde qui rejaillira sur son inspiration théâtrale des années 1950.
En [[1937]]<nowiki/>se joue à Saint Louis une nouvelle pièce de théâtre de Williams, en deux actes, ''Candles to the Sun''. La presse locale publie des louanges sur la pièce<ref>Liliane Kerjan, ''Tennessee Williams'', p. 37.</ref>. On encense le talent du jeune auteur pour son sens des dialogues percutants. Ces succès locaux donnent à Williams de l'assurance pour la suite de sa carrière de dramaturge. A la fin de l'été 1937, Williams prend ses distances avec sa famille et quitte Saint-Louis sans regrets car la ville lui laisse de bien mauvais souvenirs. En septembre, il intègre l'[[Université d'État de l'Iowa|Iowa State University]] à Ames (Iowa). Dans le même temps, sa sœur Rose, schizophrène, est déclarée mythomane et dépressive par sa mère Edwina après avoir dénoncé son père pour attouchements sexuels<ref name=":2">Tennessee Williams, ''Théâtre, Roman, Mémoires'', édition établie par Catherine Fruchon-Toussaint, Robert Laffont, 2011, préface p. XXI.</ref> . Edwina refusant obstinément de donner crédit aux propos de sa fille, elle la fait interner dans un sanatorium, puis à l'hôpital<ref name=":2" />. Ces événements plongent Thomas Williams dans une peine profonde qui rejaillira sur son inspiration théâtrale des années 1950.


Au cours de l'été 1938, Williams obtient de l'université d'Iowa son diplôme (Bachelor of Arts) et décide en décembre de partir vivre à la [[La Nouvelle-Orléans|Nouvelle-Orléans]]. Tout au long de l'année 1939, il y mène une vie de bohème, exerce de petits métiers et connaît ses premières expériences homosexuelles. Il écrit des pièces en un acte et signe en septembre un contrat avec Audrey Wood qui devient son agent littéraire et le restera pendant plus de trente ans<ref>Liliane Kerjan, ''Tennessee Williams'', p. 46.</ref>. Il profite de cet élan pour se donner un nom de plume et opte pour le pseudonyme de Tennessee Williams. Au début de 1940, Williams s'installe à New-York. Il n'est pas très fortuné mais il écrit beaucoup et traîne la nuit dans les bars de Times Square. En février est présentée au public avec succès la première de ses pièces montées à New-York, ''The Long Goodbye''. Dans l'été, à Provincetown (Massachussetts), William vit la première des trois grandes liaisons amoureuses de sa vie avec un jeune danseur canadien, Kip Kierna (qui mourra quatre ans plus tard). Il se jette frénétiquement dans cette relation et y développe un appétit sexuel qu'il ne peut réfréner. Il écrira dans ses Mémoires : "Cela ne devait pas être très agréable d'être réveillé quatre ou cinq fois par nuit pour le service répété de mon désir<ref>Tennessee Williams, ''Mémoires d'un vieux crocodile'', p.90.</ref>."
Au cours de l'été 1938, Williams obtient de l'université d'Iowa son diplôme (Bachelor of Arts) et décide en décembre de partir vivre à la [[La Nouvelle-Orléans|Nouvelle-Orléans]]. Tout au long de l'année 1939, il y mène une vie de bohème, exerce de petits métiers et connaît ses premières expériences homosexuelles. Il écrit des pièces en un acte et signe en septembre un contrat avec Audrey Wood qui devient son agent littéraire et le restera pendant plus de trente ans<ref>Liliane Kerjan, ''Tennessee Williams'', p. 46.</ref>. Il profite de cet élan pour se donner un nom de plume et opte pour le pseudonyme de Tennessee Williams. Au début de 1940, Williams s'installe à New-York. Il n'est pas très fortuné mais il écrit beaucoup et traîne la nuit dans les bars de Times Square. En février est présentée au public avec succès la première de ses pièces montées à New-York, ''The Long Goodbye''. Dans l'été, à Provincetown (Massachussetts), William vit la première des trois grandes liaisons amoureuses de sa vie avec un jeune danseur canadien, Kip Kierna (qui mourra quatre ans plus tard). Il se jette frénétiquement dans cette relation et y développe un appétit sexuel qu'il ne peut réfréner. Il écrira dans ses ''Mémoires'' : "Cela ne devait pas être très agréable d'être réveillé quatre ou cinq fois par nuit pour le service répété de mon désir<ref>Tennessee Williams, ''Mémoires d'un vieux crocodile'', p.90.</ref>." A la fin de l'année, sa pièce, ''Battle of Angels'' fait scandale lors de la première à Boston et sera retirée de l'affiche douze jours plus tard.


En 1941, lorsque les États-Unis entrent en guerre, Thomas Williams est réformé en raison de son dossier psychiatrique, de son homosexualité, de son alcoolisme, de ses troubles cardiaques et nerveux. Au cours de l'année 1942, Williams subit une deuxième opération de la cataracte (après en avoir subi une première un an et demi plus tôt). Quelques mois plus tard, en janvier 1943, sa sœur Rose subit une lobotomie préfrontale, événement qui marquera profondément son frère<ref>Tennessee Williams, ''Théâtre, Roman, Mémoire'', préface p. XXI.</ref>.<ref group="Note">Dans la préface à l'ouvrage "Tennesse Williams, ''Théâtre, Roman, Mémoires''" (Robert Laffont, 2011), Catherine Fruchon-Toussaint affirme que, contrairement à ce que la mère Rose et ses deux frères ont toujours soutenu, ce n'est pas en 1937 mais en 1943 que la jeune fille a dû subir une lobotomie.</ref>
Rose subit une [[lobotomie]] en [[1943]] qui la laisse très diminuée (il la prit en charge lorsque, le succès venu, ses moyens financiers furent suffisants). Williams part pour [[La Nouvelle-Orléans]], puis pour [[New York]], où il exerce divers petits métiers, de barman à portier. La nuit, il commence à écrire des pièces en un acte. Lorsque les États-Unis entrent en guerre, il est réformé en raison de son dossier psychiatrique, de son homosexualité, de son alcoolisme, de ses troubles cardiaques et nerveux.


=== Carrière théâtrale ===
=== Carrière théâtrale ===

Version du 1 octobre 2023 à 19:57

Tennessee Williams
Tennessee Williams (âgé de 54 ans) photographié par Orland Fernandez en 1965 pour le vingtième anniversaire de La Ménagerie de verre.
Fonction
Président du jury du festival de Cannes
Biographie
Naissance
Décès
Sépulture
Cimetière du Calvaire de Saint-Louis (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Nom de naissance
Thomas Lanier WilliamsVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Domiciles
Formation
Université de l'Iowa
The New School
University City High School (en)
Université du Missouri à Columbia
Université Washington de Saint-Louis
Soldan International Studies High School (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Activité
Période d'activité
à partir de Voir et modifier les données sur Wikidata
Père
Cornelius Coffin Williams (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Mère
Edwina Estelle Dakin (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
A travaillé pour
Membre de
Maître
Genre artistique
Théâtre parlé (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Influencé par
Distinction
Prix Pulitzer (1948 et 1955)
Archives conservées par
Université Columbia[1]
University of Delaware Library Special Collections (d)[2]
UCLA Library Special Collections (d) (492)[3]
Harry Ransom Center (en) (MS-04535)[4]Voir et modifier les données sur Wikidata
Œuvres principales
signature de Tennessee Williams
Signature

Thomas Lanier Williams III, dit Tennessee Williams, né le à Columbus et mort le à New York, est un dramaturge et écrivain américain dont de nombreuses œuvres ont été portées au cinéma. Aux côtés d'Eugène O'Neill et Arthur Miller, il est considéré comme l'un des dramaturges les plus importants du XXe siècle aux États-Unis[5].

Après des années dans l'obscurité, il devient soudain populaire avec La Ménagerie de verre (1944), qui montre une famille semblable à la sienne, malheureuse et de basse condition. Cette pièce ouvre une période de succès, parmi lesquels Un tramway nommé Désir (1947), La Chatte sur un toit brûlant (1955) et Doux oiseau de jeunesse (1959). Les œuvres de la fin de sa vie manifestent un style nouveau qui plaît moins au public, et sa dépendance à l'alcool et la drogue influence sa créativité. Un tramway nommé Désir figure souvent dans les listes des meilleures pièces américaines du XXe siècle[5].

Biographie

Jeunesse

Thomas Lanier Williams III (il prend le pseudonyme de Tennessee à cause d’un surnom qui lui est attribué par ses amis à l’université) est né à Columbus (Mississippi), le . Sa famille compte des ancêtres anglais, gallois et huguenots. Il est le fils d'Edwina Dakin (1884-1980) et de Cornelius Coffin Williams (1879-1957). Il a une sœur aînée, Rose Isabel Williams (1909-1996)[6] et un frère cadet, Walter Dakin Williams[7] (1919-2008). Il passe son enfance, avec sa mère Edwina et sa sœur Rose qu’il adore, chez son grand-père, pasteur, et son apaisante grand-mère, Rose[Note 1]. Son père Cornelius Williams, qu’il déteste[Note 2], est un voyageur de commerce alcoolique et joueur de poker, presque toujours absent.

Atteint de la diphtérie à l'âge de cinq ans, il occupe alors son temps à écrire des poèmes et saynètes, sous les encouragements de Rose. Il est encouragé dans cette voie en recevant sa première machine à écrire pour son douzième anniversaire. En 1918, son père emmène sa famille à Saint-Louis dans le Missouri où il a décroché un emploi dans une fabrique de chaussures (International Shoe Company (en)). Cornelius Williams regardait l'activité de son fils malade avec dédain et ne l'encourageait pas, contrairement au reste de la famille. De nombreux critiques et historiens[5] notent que Williams a trouvé l'inspiration pour la plus grande partie de son œuvre dans sa propre famille.

Les efforts de sa mère pour trouver la meilleure maison possible pour la famille et le comportement bruyant de son père obligent la famille à déménager de nombreuses fois à Saint Louis. Williams étudie au Soldan High School (en), un lieu auquel il fait allusion dans La Ménagerie de verre. Plus tard, il étudie à l'University City High School (en)[8].

En 1928, il reçoit le troisième prix pour un essai publié dans Small Set intitulé Can a Good Wife Be a Good Sport. La même année, il réalise un voyage en Europe avec son grand-père maternel, voyage pendant lequel il raconte qu'il vit une triple révélation : révélation de son homosexualité lors d'une allusion d'un officier de bord sur le navire qui le conduit en Europe, révélation intellectuelle lors d'une promenade sur un boulevard parisien, révélation mystique dans la cathédrale de Cologne. En 1929, Williams entre à l'université du Missouri, à Columbia, où il suit des études de journalisme. Pendant les trois années qu'il passe dans cette université, Williams affirme ses prétentions littéraires et soumet ses textes au théâtre de la faculté, avec succès. Mais, au bout de ces trois ans, son père décide, pour des raisons d'argent, de le déscolariser. Il le fait placer comme manutentionnaire dans l'usine de chaussures où il travaille. Pendant deux ans et demi, Williams occupe ce poste avec une certaine répulsion ; la nuit, il écrit des poèmes qu'il fait publier. Désenchanté, déprimé, il est hospitalisé en mars 1935 pour dépression nerveuse[9]. Dans cette même période, sa sœur Rose fait sa première crise de démence[9]. Délaissant définitivement l'usine, Williams reprend le chemin des études en s'inscrivant à la Washington University de Saint-Louis (Missouri). Dans cette même année, Williams décide de se consacrer au théâtre. Sa toute première pièce, Cairo Shangai Bombay ! , est jouée dans l'été par une petite troupe de Memphis[10]. La revue de la faculté publie l'été suivant, en 1936, sa nouvelle Vingt-sept remorques pleines de coton (qui inspirera plus tard le film Baby Doll). A l'automne, tandis qu'il poursuit ses études à la Washington University, sa deuxième pièce, The magic tower, est jouée par une troupe de Saint-Louis.

En 1937se joue à Saint Louis une nouvelle pièce de théâtre de Williams, en deux actes, Candles to the Sun. La presse locale publie des louanges sur la pièce[11]. On encense le talent du jeune auteur pour son sens des dialogues percutants. Ces succès locaux donnent à Williams de l'assurance pour la suite de sa carrière de dramaturge. A la fin de l'été 1937, Williams prend ses distances avec sa famille et quitte Saint-Louis sans regrets car la ville lui laisse de bien mauvais souvenirs. En septembre, il intègre l'Iowa State University à Ames (Iowa). Dans le même temps, sa sœur Rose, schizophrène, est déclarée mythomane et dépressive par sa mère Edwina après avoir dénoncé son père pour attouchements sexuels[12] . Edwina refusant obstinément de donner crédit aux propos de sa fille, elle la fait interner dans un sanatorium, puis à l'hôpital[12]. Ces événements plongent Thomas Williams dans une peine profonde qui rejaillira sur son inspiration théâtrale des années 1950.

Au cours de l'été 1938, Williams obtient de l'université d'Iowa son diplôme (Bachelor of Arts) et décide en décembre de partir vivre à la Nouvelle-Orléans. Tout au long de l'année 1939, il y mène une vie de bohème, exerce de petits métiers et connaît ses premières expériences homosexuelles. Il écrit des pièces en un acte et signe en septembre un contrat avec Audrey Wood qui devient son agent littéraire et le restera pendant plus de trente ans[13]. Il profite de cet élan pour se donner un nom de plume et opte pour le pseudonyme de Tennessee Williams. Au début de 1940, Williams s'installe à New-York. Il n'est pas très fortuné mais il écrit beaucoup et traîne la nuit dans les bars de Times Square. En février est présentée au public avec succès la première de ses pièces montées à New-York, The Long Goodbye. Dans l'été, à Provincetown (Massachussetts), William vit la première des trois grandes liaisons amoureuses de sa vie avec un jeune danseur canadien, Kip Kierna (qui mourra quatre ans plus tard). Il se jette frénétiquement dans cette relation et y développe un appétit sexuel qu'il ne peut réfréner. Il écrira dans ses Mémoires : "Cela ne devait pas être très agréable d'être réveillé quatre ou cinq fois par nuit pour le service répété de mon désir[14]." A la fin de l'année, sa pièce, Battle of Angels fait scandale lors de la première à Boston et sera retirée de l'affiche douze jours plus tard.

En 1941, lorsque les États-Unis entrent en guerre, Thomas Williams est réformé en raison de son dossier psychiatrique, de son homosexualité, de son alcoolisme, de ses troubles cardiaques et nerveux. Au cours de l'année 1942, Williams subit une deuxième opération de la cataracte (après en avoir subi une première un an et demi plus tôt). Quelques mois plus tard, en janvier 1943, sa sœur Rose subit une lobotomie préfrontale, événement qui marquera profondément son frère[15].[Note 3]

Carrière théâtrale

Maureen Stapleton et Don Murray dans La Rose tatouée à Broadway (1951).
Tennessee Williams et Anna Magnani.

En 1943, il se rend à Hollywood, engagé grâce à son agent littéraire de renom Audrey Wood, par la Metro-Goldwyn-Mayer pour faire l’adaptation cinématographique d’un roman à succès. Cette tâche de réécriture l’ennuie et il écrit son propre scénario très largement autobiographique, que la MGM refuse. Il en fait une pièce, la Ménagerie de verre — où il met en scène sa mère et sa sœur. Celle-ci est d'abord montée à Chicago en 1944, puis à New York en 1945. Tennessee Williams connaît ainsi, à trente-quatre ans, une célébrité soudaine marquée par la récompense du New York Drama Critics' Circle Awards.

Le succès se confirme deux ans plus tard avec Un tramway nommé Désir, dont Elia Kazan est le metteur en scène, et qui marque les débuts d’un jeune comédien de l’Actors Studio : Marlon Brando. Grâce à cette seconde création, Tennessee Williams remporte le prix Pulitzer en 1948. Par la suite, Kazan adapte la pièce au cinéma. Brando y reprend le rôle tenu sur scène. Le film est nommé pour 12 Oscars, dont celui du meilleur film.

En vingt-quatre ans, dix-neuf pièces de Tennessee Williams sont créées à Broadway. Les plus connues sont Été et fumées (1948), La Rose tatouée (1950), Camino Real (1953), La Chatte sur un toit brûlant (1955), La Descente d’Orphée (1957), Soudain l’été dernier (1958), Doux Oiseau de la jeunesse (1959), La Nuit de l’iguane (1961). La plupart sont jouées en France où le théâtre de Tennessee Williams est apprécié. C’est Jean Cocteau qui adapte Un tramway nommé Désir, et Françoise Sagan Doux oiseau de la jeunesse. Au cinéma, les plus grands réalisateurs de sa génération, de Joseph Mankiewicz (Soudain l'été dernier) à John Huston (La Nuit de l'iguane) et Sydney Pollack (Propriété interdite), signent des adaptations de son œuvre.

Il écrit par deux fois des histoires en songeant à Anna Magnani pour en être l'interprète à la scène ou à l'écran. Le premier des deux sujets, d'abord créé en 1951 à la scène (sans Anna Magnani, indisponible à ce moment-là[16],[Note 4]), La Rose tatouée, est ensuite adapté à l'écran sur un scénario coécrit par Tennessee Williams et Hal Kanter : c'est La Rose tatouée qui, réalisé par Daniel Mann, obtient un beau succès en 1955 (trois Oscars dont l'Oscar de la meilleure actrice pour Anna Magnani). Tennessee Willians écrit ensuite la pièce La Descente d'Orphée (Orpheus Descending) pour laquelle il voudrait Anna Magnani et Marlon Brando comme têtes d'affiche. Mais devant le refus de Marlon Brando de monter sur scène[Note 5], la pièce sera créée en 1957 avec d'autres comédiens[Note 6]. Il faudra attendre 1960 pour que Marlon Brando accepte le rôle dans l'adaptation cinématographique L'Homme à la peau de serpent réalisée par Sidney Lumet.

À partir du milieu des années 1960, l'étoile de Tennessee Williams périclite. Si ses anciennes œuvres sont toujours aussi admirées, sa production plus récente (Au bar d'un hôtel de Tokyo, Pièce à deux, Vieux Carré) suscite des réactions assez tièdes.

Tout le théâtre de Tennessee Williams, où l’on voit l’influence de William Faulkner et de D. H. Lawrence, est traversé par des inadaptés, marginaux, perdants, désemparés auxquels va tout son intérêt, comme il l’explique dans ses Mémoires, parues en France en 1978. À travers ces personnages, dans un mélange de réalisme et de rêve, dans le désastre ou la fantaisie, il mène une remarquable analyse de la solitude, constante de sa vie[17],[18].

Poète, romancier (Le Printemps romain de Mrs. Stone, 1950), il décrit dans ses pièces de théâtre des marginaux, proies des frustrations et des excès de la société.

Tennessee Williams remporte le prix Pulitzer pour Un tramway nommé Désir en 1948 et pour La Chatte sur un toit brûlant en 1955.

L’écrivain fréquente pendant plusieurs années l’île de Key West en Floride, où il a une maison. De 1947 à 1963, il y vit une relation paisible avec Frank Merlo qui meurt d'un cancer du poumon.

Il est aussi président du jury du Festival de Cannes 1976.

Mort

Tennessee Williams est retrouvé mort le dans sa suite de l'Hotel Elysée (en), à New York. Le médecin légiste conclut à une mort par étouffement[19], le bouchon d'un vaporisateur nasal ayant été retrouvé dans le larynx de l'écrivain[Note 7]. Les obsèques sont célébrées en l'église Saint-Malachie du Theater District de New York[20]. Il repose au cimetière Bellefontaine de Saint-Louis, dans le Missouri.

Il est aujourd’hui, selon la SACD, l’un des dramaturges américains les plus joués en France.

Œuvre

Pièces de théâtre

Romans

Recueils de nouvelles

  • The Vengeance of Nitocris, 1928
  • The Field of Blue Children, 1939
  • Oriflamme, 1944
  • The Resemblance Between a Violin Case and a Coffin, 1951
  • Sucre d'orge (Hard Candy: A Book of Stories), 1954
  • Three Players of a Summer Game and Other Stories, 1960
  • La Quête du chevalier (The Knightly Quest: a Novella and Four Short Stories), 1966
  • La Statue mutilée (One Arm and Others Stories), 1967
    • La Statue mutilée (One Arm)
    • Malédiction (The Malediction)
    • Le Poète (The Poet)
    • Chronique d'une dispatition (Chronicle of a Demise)
    • Le Masseur noir (Desire and the Black Masseur)
    • Portrait d'une jeune fille en verre (Portrait of a Girl in Glass)
    • La Chose importante (The Important Thing)
    • L'Ange dans l'alcôve (The Angel in the Alcove)
    • Le Champ des enfants bleus (The Field of Blue Children)
    • La Nuit où l'on prit un iguane (The Night of the Iguana)
    • L'Oiseau jaune (The Yellow Bird)
  • Le Boxeur manchot
  • Le Poulet tueur et la folle honteuse
  • Un sac de dame en perles

Poésie

  • In the Winter of Cities, 1956
  • Androgyne, Mon Amour, 1977
  • Le Belvédère d'été

Essai

  • Le Cri, 1972

Autobiographie

Adaptations cinématographiques de ses œuvres

Mises en scène théâtrales

Emprunts divers

  • La chanson Quelque chose de Tennessee, écrite par Michel Berger pour Johnny Hallyday, lui est dédiée en 1985 (album Rock'n'Roll Attitude).
  • Le groupe The National fait une allusion au dramaturge dans la chanson City Middle parue en 2005 sur l'album Alligator.
  • Le groupe de musique The Strokes le cite dans la chanson What Ever Happened (« Oh Tennessee, what did you write? ») sur l'album Room on Fire de 2003.
  • En 2011, le comédien Benoît Solès joue à Paris la pièce Appelez-moi Tennessee qu'il écrit lui-même à partir d'un entretien inventé, donné en 1962 par Tennessee Williams à l'animateur de télévision # Alvin Baker. C'est l'occasion de retracer sur scène la vie de l’auteur.
  • Dans la série à succès Les Frères Scott, l'un des personnages principaux lui rend hommage dans un épisode en disant l'une de ses citations : « La solitude est un sentiment partagé par tellement de gens que ce serait égoïste de l'éprouver seul ».

Notes et références

Notes

  1. Ce prénom de Rose (sa sœur et sa grand-mère) se retrouve dans plusieurs de ses œuvres
  2. Sa sœur Rose révèle à 28 ans que son père a tenté d'abuser d'elle mais la famille la prétend folle. Cet aveu vaut à Tennessee Williams une profonde répulsion pour l'amour physique pendant de nombreuses années et Rose fait le vœu de rester vierge pour le restant de ses jours.
  3. Dans la préface à l'ouvrage "Tennesse Williams, Théâtre, Roman, Mémoires" (Robert Laffont, 2011), Catherine Fruchon-Toussaint affirme que, contrairement à ce que la mère Rose et ses deux frères ont toujours soutenu, ce n'est pas en 1937 mais en 1943 que la jeune fille a dû subir une lobotomie.
  4. Traduction libre de l'anglais par l'éditeur.
  5. Voir l'article consacré à L'Homme à la peau de serpent.
  6. Créée à la scène française en 1959 et mise en scène par Raymond Rouleau avec, dans le rôle principal, Arletty qui note dans ses mémoires : « Un soir, dans ma loge, visite de Tennessee Williams et la Magnani ; un regard qui remplace tout. Elle crée magistralement le rôle au cinéma » (La Défense, page 201, éditions de la Table ronde, 1971).
  7. Son frère réfute cette version pour contester l'héritage, Tennessee Williams ayant légué le droit moral de ses œuvres à sa grande amie Maria St. Just (en) qu'il soupçonne d'empoisonnement.

Références

  1. « https://findingaids.library.columbia.edu/ead/nnc-rb/ldpd_4079626 » (consulté le )
  2. « https://library.udel.edu/static/purl.php?mss0112 » (consulté le )
  3. Online Archive of California, (collection)Voir et modifier les données sur Wikidata
  4. « https://norman.hrc.utexas.edu/fasearch/findingAid.cfm?eadid=00135 » (consulté le )
  5. a b et c (en) Harold Bloom, Tennessee Williams, Chelsea House Publishing
  6. (en) Philip Hoare, « Obituary: Rose Williams », The Independant, London,‎
  7. (en) David Cuthbert, Theater Guy : Remembering Dakin Williams, Tennessee's professional brother and a colorful fixture at N.O.'s Tenn fest (lire en ligne)
  8. (en) Tennessee Williams et John Waters, Memoirs, New Directions Publishing,
  9. a et b Liliane Kerjan, Tennessee Williams, biographie, Folio Gallimard, p. 34.
  10. Tennessee Williams, Mémoires d'un vieux crocodile, Robert Laffont, traduction de Maurice Pons et Michèle Witta, Robert Laffont, 1978, collection Points, p. 68.
  11. Liliane Kerjan, Tennessee Williams, p. 37.
  12. a et b Tennessee Williams, Théâtre, Roman, Mémoires, édition établie par Catherine Fruchon-Toussaint, Robert Laffont, 2011, préface p. XXI.
  13. Liliane Kerjan, Tennessee Williams, p. 46.
  14. Tennessee Williams, Mémoires d'un vieux crocodile, p.90.
  15. Tennessee Williams, Théâtre, Roman, Mémoire, préface p. XXI.
  16. (en) The TCM Movie Database (États-Unis) : « C'est le premier film hollywoodien d'Anna Magnani et son premier rôle anglophone. Selon The New York Times, Tennessee Williams a écrit sa pièce en pensant à Anna Magnani. Cependant, lorsque la pièce devait être montée à New York, Anna Magnani n'était pas disponible ».
  17. (en) Tennessee Williams sur l’Encyclopædia Britannica .
  18. (en) Biography.org.
  19. « Williams Choked on a Bottle Cap », sur www.nytimes.com (consulté le )
  20. (en) « U-M SMTD - Tennessee Williams @ 100 - About TW », sur smtd.umich.edu
  21. Histoire du théâtre V, Vito Pandolfi, Marabout Université, Vervier, 1969.
  22. Création au Ethel Barrymore Theatre
  23. Eté et Fumée de Tennessee Williams Adaptation française de Roberta Bailey et Gilles Gleizes, L'avant-scène théâtre numéro 897,

Voir aussi

Bibliographie

Filmographie

  • Tennessee Williams (Tennessee Williams, Orpheus of the American Stage), film documentaire de Merrill Brockway et Catherine Tatge, États-Unis, 1994, 90'

Article connexe

Liens externes