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La '''centralisation''' est un mode d'organisation administratif d'un [[État]] dans lequel toutes les décisions seraient prises dans un même lieu pour garantir l'égalité de traitement des administrés. Elle est inspirée du [[jacobinisme]] venant de la [[Révolution française]]. Cependant, la centralisation administrative ne pourrait être réalisée de façon concrète de par sa lourdeur administrative ainsi que par l'absence de conscience du particularisme des régions éloignées de la capitale administrative<ref>{{Lien web|titre=Centralisation|url=http://www.lemondepolitique.fr/cours/droit_public/principes/centralisation.html|site=lemondepolitique.fr|consulté le=2017-01-08}}</ref>.
La '''centralisation''' est un mode d'organisation administratif d'un [[État]] dans lequel toutes les décisions seraient prises dans un même lieu pour garantir l'égalité de traitement des administrés. Elle est inspirée du [[jacobinisme]] venant de la [[Révolution française]]. Cependant, la centralisation administrative ne pourrait être réalisée de façon concrète de par sa lourdeur administrative ainsi que par l'absence de conscience du particularisme des régions éloignées de la capitale administrative<ref>{{Lien web|titre=Centralisation|url=http://www.lemondepolitique.fr/cours/droit_public/principes/centralisation.html|site=lemondepolitique.fr|consulté le=2017-01-08}}</ref>.
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=== Ancien Régime ===
=== Ancien Régime ===
La [[société d'ordres|société ternaire]] était caractérisée par des pouvoirs [[Régalien|régaliens]] locaux entièrement contrôlés par des nobles ou le clergé, la [[monarchie]] avait ainsi peu de pouvoirs sur des territoires précis. La centralisation a débuté au début du {{S-|XVI}} <abbr>avant de s'accélérer jusqu'au début du</abbr> {{S-|XX}}<abbr>, notamment par la division du nombre de nobles et de membres du clergé par deux à la fin du</abbr> {{S-|XVII}} <abbr>et par la [[Révolution française]]</abbr><ref>{{Ouvrage|prénom1=Thomas|nom1=Piketty|titre=Capital et idéologie|éditeur=Éditions du Seuil|collection=Les livres du nouveau monde|date=2019|isbn=978-2-02-133804-1|consulté le=2023-07-28|numéro chapitre=1, 2}}</ref>.
La [[société d'ordres|société ternaire]] était caractérisée par des pouvoirs [[régalien]]s locaux entièrement contrôlés par des nobles ou le clergé, la [[monarchie]] avait ainsi peu de pouvoirs sur des territoires précis. La centralisation a débuté au début du {{S-|XVI}} <abbr>avant de s'accélérer jusqu'au début du</abbr> {{S-|XX}}<abbr>, notamment par la division du nombre de nobles et de membres du clergé par deux à la fin du</abbr> {{S-|XVII}} <abbr>et par la [[Révolution française]]</abbr><ref>{{Ouvrage|prénom1=Thomas|nom1=Piketty|titre=Capital et idéologie|éditeur=Éditions du Seuil|collection=Les livres du nouveau monde|date=2019|isbn=978-2-02-133804-1|consulté le=2023-07-28|numéro chapitre=1, 2}}</ref>.


[[Alexis de Tocqueville]], dans la tradition libérale classique, notait également dans ''[[L'Ancien Régime et la Révolution]]'' ([[1856]]) que la centralisation avait commencé avant la [[Révolution française]].
[[Alexis de Tocqueville]], dans la tradition libérale classique, notait également dans ''[[L'Ancien Régime et la Révolution]]'' ([[1856]]) que la centralisation avait commencé avant la [[Révolution française]].
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* En [[1695]], instauration de la [[capitation]].
* En [[1695]], instauration de la [[capitation]].
* [[Jean-Baptiste Colbert]] y contribue sur le plan économique par le [[colbertisme]] en introduisant des monopoles étatiques ([[manufacture]]s : [[Sèvres - Manufacture et Musée nationaux|Manufacture nationale de Sèvres]] — porcelaine, [[manufacture de Beauvais]]<ref>cette dernière s'ajoute à celle des [[Manufacture des Gobelins|Gobelins]], [[Manufacture de la Savonnerie]] créées précédemment.</ref> — tapisserie) dont les résultantes sont devenues de grandes entreprises publiques passées depuis au secteur privé (exemple : [[Saint-Gobain]], la ''Compagnie des Glaces'').
* [[Jean-Baptiste Colbert]] y contribue sur le plan économique par le [[colbertisme]] en introduisant des monopoles étatiques ([[manufacture]]s : [[Sèvres - Manufacture et Musée nationaux|Manufacture nationale de Sèvres]] — porcelaine, [[manufacture de Beauvais]]<ref>cette dernière s'ajoute à celle des [[Manufacture des Gobelins|Gobelins]], [[Manufacture de la Savonnerie]] créées précédemment.</ref> — tapisserie) dont les résultantes sont devenues de grandes entreprises publiques passées depuis au secteur privé (exemple : [[Saint-Gobain]], la ''Compagnie des Glaces'').

* L'État français était déjà extrêmement centralisé à la fin des [[Guerres de Religion (France)|guerres de religion]] sous le gouvernement du [[Armand Jean du Plessis de Richelieu|Cardinal de Richelieu]]. Cette centralisation [[Absolutisme|absolutiste]] s'intensifia après l'échec de la [[Fronde (histoire)|Fronde]] et [[Jules Mazarin|Mazarin]], mais s'est largement accélérée lors de la [[Première République (France)|Première République]] et surtout au moment du [[Code civil (France)|Code Napoléon]] qui organisa définitivement le pays sous le mode de l'administration militaire romaine avec l'instauration des [[préfecture]]s.
* L'État français était déjà extrêmement centralisé à la fin des [[Guerres de Religion (France)|guerres de religion]] sous le gouvernement du [[Armand Jean du Plessis de Richelieu|Cardinal de Richelieu]]. Cette centralisation [[Absolutisme|absolutiste]] s'intensifia après l'échec de la [[Fronde (histoire)|Fronde]] et [[Jules Mazarin|Mazarin]], mais s'est largement accélérée lors de la [[Première République (France)|Première République]] et surtout au moment du [[Code civil (France)|Code Napoléon]] qui organisa définitivement le pays sous le mode de l'administration militaire romaine avec l'instauration des [[préfecture]]s.

* Cependant, cette centralisation a connu dès le départ une résistance importante ; c'est, par exemple, ce que [[Pierre Rosanvallon]] analyse tout au long de son ouvrage ''Le Modèle politique français''. Il analyse, dans la tradition libérale tocquevillienne, l'État comme une force dominant les citoyens, force contre laquelle les corps sociaux s'élèveraient progressivement. On pourrait par exemple noter la timide tentative de décentralisation qui a eu lieu pendant la première moitié de la [[Troisième République (France)|Troisième République]].
* Cependant, cette centralisation a connu dès le départ une résistance importante ; c'est, par exemple, ce que [[Pierre Rosanvallon]] analyse tout au long de son ouvrage ''Le Modèle politique français''. Il analyse, dans la tradition libérale tocquevillienne, l'État comme une force dominant les citoyens, force contre laquelle les corps sociaux s'élèveraient progressivement. On pourrait par exemple noter la timide tentative de décentralisation qui a eu lieu pendant la première moitié de la [[Troisième République (France)|Troisième République]].


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Les Trente Glorieuses sont caractérisées par une très forte centralisation économique : le capital national était détenu à 30 % par l’État, et le capital industriel à 50 %<ref>{{Ouvrage|prénom1=Thomas|nom1=Piketty|titre=Le capital au XXIe siècle|passage=542, 549, 550|éditeur=Éd. du Seuil|collection=Les livres du nouveau monde|date=2013|pages totales=976|isbn=978-2-02-108228-9|consulté le=2023-07-28}}</ref>.
Les Trente Glorieuses sont caractérisées par une très forte centralisation économique : le capital national était détenu à 30 % par l’État, et le capital industriel à 50 %<ref>{{Ouvrage|prénom1=Thomas|nom1=Piketty|titre=Le capital au XXIe siècle|passage=542, 549, 550|éditeur=Éd. du Seuil|collection=Les livres du nouveau monde|date=2013|pages totales=976|isbn=978-2-02-108228-9|consulté le=2023-07-28}}</ref>.


La forte [[stagflation]] amenant à la fin des trente glorieuses causée par la [[Crise pétrolière de 1973|crise pétrolière]] a remis en cause cette forte centralisation économique, aboutissant au [[tournant de la rigueur]], soit une décentralisation de l'économie par des [[Privatisation|privatisations]] d'[[Entreprise publique|entreprises publiques]].
La forte [[stagflation]] amenant à la fin des trente glorieuses causée par la [[Crise pétrolière de 1973|crise pétrolière]] a remis en cause cette forte centralisation économique, aboutissant au [[tournant de la rigueur]], soit une décentralisation de l'économie par des [[privatisation]]s d'[[Entreprise publique|entreprises publiques]].


== Caractéristiques ==
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== Voir aussi ==
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=== Bibliographie ===
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* {{pdf}} "[http://tel.archives-ouvertes.fr/docs/00/35/62/28/PDF/_Essai_sur_la_centralisation_et_la_decentralisation_-_Reflexions_a_partir_de_la_theorie_de_C._Eisenmann_.pdf Essai sur la centralisation et la décentralisation - Réflexions à partir de la théorie de Ch. EISENMANN]" par Joël THALINEAU. <br /> {{en}} {{fr}} [http://tel.archives-ouvertes.fr/index.php?halsid=605vnfn95uttjvep5e5u3ktuq1&view_this_doc=tel-00356228&version=1 fiche avec un résumé de la thèse]
* {{pdf}} "[http://tel.archives-ouvertes.fr/docs/00/35/62/28/PDF/_Essai_sur_la_centralisation_et_la_decentralisation_-_Reflexions_a_partir_de_la_theorie_de_C._Eisenmann_.pdf Essai sur la centralisation et la décentralisation - Réflexions à partir de la théorie de Ch. EISENMANN]" par Joël THALINEAU. <br /> {{mul|en|fr}} [http://tel.archives-ouvertes.fr/index.php?halsid=605vnfn95uttjvep5e5u3ktuq1&view_this_doc=tel-00356228&version=1 fiche avec un résumé de la thèse]


=== Articles connexes ===
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[[Catégorie:Aménagement du territoire]]
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[[en:Centralised government]]
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[[eu:Estatu zentralista]]
[[eu:Estatu zentralista]]

Version du 18 novembre 2023 à 13:23

La centralisation est un mode d'organisation administratif d'un État dans lequel toutes les décisions seraient prises dans un même lieu pour garantir l'égalité de traitement des administrés. Elle est inspirée du jacobinisme venant de la Révolution française. Cependant, la centralisation administrative ne pourrait être réalisée de façon concrète de par sa lourdeur administrative ainsi que par l'absence de conscience du particularisme des régions éloignées de la capitale administrative[1].

Chronologie

Ancien Régime

La société ternaire était caractérisée par des pouvoirs régaliens locaux entièrement contrôlés par des nobles ou le clergé, la monarchie avait ainsi peu de pouvoirs sur des territoires précis. La centralisation a débuté au début du XVIe siècle avant de s'accélérer jusqu'au début du XXe siècle, notamment par la division du nombre de nobles et de membres du clergé par deux à la fin du XVIIe siècle et par la Révolution française[2].

Alexis de Tocqueville, dans la tradition libérale classique, notait également dans L'Ancien Régime et la Révolution (1856) que la centralisation avait commencé avant la Révolution française.

  • En 1635, des commissaires, les intendants sont envoyés directement par le roi dans différentes généralités.
  • En 1661, Louis XIV ne nomme pas de Premier ministre et concentre à lui seul tous les pouvoirs. Début du « mal français » selon Alain Pierrefitte.
  • En 1682, la cour s'installe à Versailles — « système de cour » — les nobles vont auprès du roi, auprès du soleil.
  • En 1695, instauration de la capitation.
  • Jean-Baptiste Colbert y contribue sur le plan économique par le colbertisme en introduisant des monopoles étatiques (manufactures : Manufacture nationale de Sèvres — porcelaine, manufacture de Beauvais[3] — tapisserie) dont les résultantes sont devenues de grandes entreprises publiques passées depuis au secteur privé (exemple : Saint-Gobain, la Compagnie des Glaces).
  • L'État français était déjà extrêmement centralisé à la fin des guerres de religion sous le gouvernement du Cardinal de Richelieu. Cette centralisation absolutiste s'intensifia après l'échec de la Fronde et Mazarin, mais s'est largement accélérée lors de la Première République et surtout au moment du Code Napoléon qui organisa définitivement le pays sous le mode de l'administration militaire romaine avec l'instauration des préfectures.
  • Cependant, cette centralisation a connu dès le départ une résistance importante ; c'est, par exemple, ce que Pierre Rosanvallon analyse tout au long de son ouvrage Le Modèle politique français. Il analyse, dans la tradition libérale tocquevillienne, l'État comme une force dominant les citoyens, force contre laquelle les corps sociaux s'élèveraient progressivement. On pourrait par exemple noter la timide tentative de décentralisation qui a eu lieu pendant la première moitié de la Troisième République.

Les critiques violentes aux phénomènes de centralisation n'ont pas manqué. Par exemple, l'auteur franc-maçon américain Albert Pike écrivait :

« La France devint centralisée dans son gouvernement davantage par l'apathie et l'ignorance de ses peuples que par la tyrannie de ses rois. Quand la plus intime vie locale est abandonnée à la tutelle directe de l'État, et que la réparation du beffroi d'une église de campagne requiert un ordre écrit du pouvoir central, un peuple est en état de gâtisme. Les hommes sont élevés dans l'imbécillité, dès l'aube de la vie sociale. Quand le gouvernement central nourrit des portions de la population, il les prépare à être esclaves. Quand il dirige lui-même les affaires des paroisses et des comtés, ils sont déjà des esclaves. L'étape suivante est de réguler le travail et les salaires. »

— Albert Pike, Morales et Dogme, 1871

Trente Glorieuses

Les Trente Glorieuses sont caractérisées par une très forte centralisation économique : le capital national était détenu à 30 % par l’État, et le capital industriel à 50 %[4].

La forte stagflation amenant à la fin des trente glorieuses causée par la crise pétrolière a remis en cause cette forte centralisation économique, aboutissant au tournant de la rigueur, soit une décentralisation de l'économie par des privatisations d'entreprises publiques.

Caractéristiques

La centralisation se traduit par une volonté unique, celle de l'État, qui part du sommet de l'État et se transmet jusqu'aux extrémités du pays, imposant une administration fortement unifiée et hiérarchisée.

Notes et références

  1. « Centralisation », sur lemondepolitique.fr (consulté le )
  2. Thomas Piketty, Capital et idéologie, Éditions du Seuil, coll. « Les livres du nouveau monde », (ISBN 978-2-02-133804-1), chap. 1, 2
  3. cette dernière s'ajoute à celle des Gobelins, Manufacture de la Savonnerie créées précédemment.
  4. Thomas Piketty, Le capital au XXIe siècle, Éd. du Seuil, coll. « Les livres du nouveau monde », , 976 p. (ISBN 978-2-02-108228-9), p. 542, 549, 550

Voir aussi

Bibliographie

Articles connexes

Liens externes