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{{Article principal|Disque compact}}
La '''crise du disque''' est due au développement du support [[numérique]] et à la distribution de la musique sous forme de fichiers. La crise est devenue plus importante dans les [[années 2000]].
[[Fichier:CD autolev crop.jpg|vignette|[[Disque compact]].]]


Tout au long de son histoire, l'[[industrie musicale]] enregistrée a connu des crises relatives à d'importants changements, techniques et économiques.
La '''crise du disque''' est une crise liée au déclin des ventes des [[disque compact|CD]], du au développement du support [[numérique]] et à la distribution de la musique sous forme de fichiers. La crise prend de l'ampleur dans les [[années 2000]]. Tout au long de son histoire, l'[[industrie musicale]] enregistrée a connu des crises relatives à d'importants changements, techniques et économiques.


== Chiffres du déclin ==
== Constat de la crise dans les années 2000 ==
À partir des [[années 2000]] les ventes de [[Disque compact|CD]] connaissent des reculs dans tous les pays développés (en France la première baisse de chiffre d'affaires des maisons de disques apparaît en 2002).
À partir des [[années 2000]] les ventes de [[Disque compact|CD]] connaissent des reculs dans tous les pays développés (en France la première baisse de chiffre d'affaires des maisons de disques apparaît en 2002).


* Marché mondial : les ventes de disques auraient reculé de 10 % en 2007 selon le syndicat mondial des producteurs de musique [[IFPI]]<ref name=Echos25>''[[Les Échos]]'', 25-26 janvier 2008, p. 29</ref>.
* Marché mondial : les ventes de disques auraient reculé de {{%|10}} en [[2007]] selon le syndicat mondial des producteurs de musique [[Fédération internationale de l'industrie phonographique|IFPI]]<ref name=Echos25>{{article|lang=fr|titre=Les Échos|périodique=[[Les Échos]]|date=25-26 janvier 2008|page=29}}</ref>.
* Marché français : il est entré plus tard dans la crise que les autres marchés européens, mais la chute est ensuite devenue très forte. Les ventes de disque auraient ainsi baissé de 17 % en 2007 (marché de gros hors taxe) selon le [[syndicat national de l'édition phonographique]]<ref name=LeMonde26>[https://www.lemonde.fr/culture/article/2008/01/25/apres-la-chute-des-ventes-de-disques-l-industrie-musicale-se-recompose_1003673_3246.html Après la chute des ventes de disque, l’industrie musicale se recompose] - ''[[Le Monde]]'', 25 janvier 2008</ref>{{,}}<ref name=Echos25/>, ou de 19 % (marché physique)<ref name=EchosNegre>[[Pascal Nègre]], in ''Les Échos'', 25-26 janvier 2008</ref>. C’est la plus forte chute d’Europe<ref name=EchosNegre/>. Début 2008, le quotidien économique français ''[[La Tribune (France)|La Tribune]]'' écrit : {{citation|En cinq ans, le chiffre d’affaires de l’édition phonographique en France a perdu la moitié de sa valeur}}<ref name=Tribune25>''Les majors de la musique changent de disque'', in ''[[La Tribune (France)|La Tribune]]'', 25 janvier 2008, p. 30-31</ref>.
* Marché français : il est entré plus tard dans la crise que les autres marchés européens, mais la chute est ensuite devenue très forte. Les ventes de disque auraient ainsi baissé de {{%|17}} en 2007 (marché de gros hors taxe) selon le [[syndicat national de l'édition phonographique]]<ref name=Echos25/>{{,}}<ref name=LeMonde26>{{lien web|lang=fr|url=https://web.archive.org/web/20240000000000*/https://www.lemonde.fr/culture/article/2008/01/25/apres-la-chute-des-ventes-de-disques-l-industrie-musicale-se-recompose_1003673_3246.html|titre=Après la chute des ventes de disque, l’industrie musicale se recompose|site=[[Le Monde]]|date=25 janvier 2008}}.</ref>, ou de {{%|19}} (marché physique)<ref name=EchosNegre>{{article|lang=fr|auteur=[[Pascal Nègre]]|titre=Les Échos|périodique=Les Échos|date=25-26 janvier 2008}}.</ref>. C’est la plus forte chute d’Europe<ref name=EchosNegre/>. En début 2008, le quotidien économique français ''[[La Tribune (France, 1985)|La Tribune]]'' écrit : {{citation|En cinq ans, le chiffre d’affaires de l’édition phonographique en France a perdu la moitié de sa valeur}}<ref name=Tribune25>{{article|lang=fr|titre=''Les majors de la musique changent de disque''|périodique=[[La Tribune (France, 1985)|La Tribune]]|date=25 janvier 2008|page=30-31}}.</ref>.
* Marché britannique : les ventes ont reculé de 10 % en 2007<ref name=Echos25/>.
* Marché britannique : les ventes ont reculé de {{%|10}} en 2007<ref name=Echos25/>.
* Marché des États-Unis : les ventes de disques ont reculé de 15 % en 2007<ref name=LeMonde26/>{{,}}<ref name=Echos25/>. En 2007, 48 % des jeunes Américains n'ont pas acheté de CD, contre 38 % un an plus tôt selon l'institut d'études NPD Group qui estime que {{unité|5|millions}} de consommateurs ont basculé dans la musique dématérialisée sur la période<ref>Le Figaro Économie, 28 février 2008, p. 26</ref>.
* Marché des États-Unis : les ventes de disques ont reculé de {{%|15}} en 2007<ref name=LeMonde26/>{{,}}<ref name=Echos25/>. En 2007, {{%|48}} Des jeunes [[Américains (peuple)|Américains]] n'ont pas acheté de CD, contre {{%|38}} un an plus tôt selon l'institut d'études NPD Group qui estime que {{unité|5|millions}} de consommateurs ont basculé dans la musique dématérialisée sur la période<ref>{{article|lang=fr|titre=''Le Figaro Économie''|périodique=Le Figaro[|date=28 février 2008|page=26}}.</ref>.


== Les causes de la crise ==
== Causes ==
=== Piratage ===
=== Le piratage pointé du doigt par les syndicats de producteurs de disque ===
Selon l'[[Fédération internationale de l'industrie phonographique|IFPI]] et le [[Syndicat national de l'édition phonographique|SNEP]], la chute du marché est attribuée au partage de fichiers sur Internet. Cependant, plusieurs études concluent sur l'impact minime de ces échanges sur les ventes comme l'affirment notamment : un rapport commandé par le gouvernement canadien<ref>{{lien web|lang=en-CA|url=https://web.archive.org/web/20141115090948/https://www.ic.gc.ca/eic/site/ippd-dppi.nsf/vwapj/IndustryCanadaPaperMay4_2007_en.pdf/$FILE/IndustryCanadaPaperMay4_2007_en.pdf|titre=The Impact of Music Downloads and P2P File-Sharing|traduction titre=L'impact de téléchargement de musique et du partage en P2P sur l'achat de musique : une étude pour [[Innovation, Sciences et Développement économique Canada|Industry Canada]]|format=pdf|éditeur=web.archive.org|site=ic.gc.ca|consulté le=24 janvier 2024}}.</ref>, une étude française de l'[[Université Paris-Sud|université Paris XI]] (laboratoire ADIS) et de [[Union fédérale des consommateurs-Que Choisir|UFC-QueChoisir]]<ref>{{lien web|lang=fr|url=https://web.archive.org/web/20230124124327/https://www.quechoisir.org/action-ufc-que-choisir-peer-to-peer-gravure-echanges-une-etude-inedite-des-comportements-des-internautes-n13249/|titre=Peer-to-peer, gravure, échanges ; une étude inédite des comportements des internautes|date=20 décembre 2005|éditeur=web.archive.org|site=UFC Que Choisir|consulté le=24 janvier 2024}}.</ref>, une étude commandée par le gouvernement néerlandais<ref>{{lien web|lang=en|url=https://web.archive.org/web/20090508042032/http://tno.nl/content.cfm?context=markten&content=publicatie&laag1=182&item_id=473&Taal=2|titre=Ups and downs – The economic and cultural effects of file sharing on music, film and games|traduction titre=Hauts et bas - Les effets économiques et culturels du partage de fichier sur la musique, les films et les jeux vidéo |éditeur=web.archive.org|site=tno.nl|consulté le=24 janvier 2024}}.</ref>, un rapport de l'[[Organisation de coopération et de développement économiques|OCDE]]<ref>{{lien web|lang=en|url=https://web.archive.org/web/20071216044219/http://www.oecd.org/document/46/0,3343,en_2649_34223_34994926_1_1_1_1,00.html|titre=OECD Report on Digital Music: Opportunities and Challenges|éditeur=web.archive.org|traduction titre=Rapport de l'OCDE sur la musique numérique : opportunités et défis|site=OCDE|consulté le=24 janvier 2024}}.</ref>, et un rapport de [[Tariq Krim]] pour l'[[Société civile pour l'administration des droits des artistes et musiciens interprètes|ADAMI]]<ref>{{lien web|lang=fr|url=https://archive.is/Il8q|titre=Le peer to peer un autre modèle économique pour la musique|site=irma.asso.fr|éditeur=archive.is|consulté le=24 janvier 2024}}.</ref>.
Selon l'[[IFPI]] et le [[Syndicat national de l'édition phonographique|SNEP]], la chute du marché est attribuée au partage de fichiers sur Internet.


Une étude de la [[Harvard Business School]] et de l'[[Université de Caroline du Nord à Chapel Hill|University of North Carolina]] : ''The Effect of File Sharing on Record Sales - An Empirical Analysis'' (« Les effets du partage de fichiers sur les ventes de disques - une analyse empirique »)<ref>{{lien web|lang=en|url=https://web.archive.org/web/20040531052739/http://www.unc.edu/~cigar/papers/FileSharing_March2004.pdf|titre=The Effect of File Sharing on Record Sales : An Empirical Analysis|traduction titre= Les effets du partage de fichiers sur les ventes de disques - une analyse empirique|auteur=Felix Oberholzer|éditeur=Harvard Business School|date=mars 2004|format=pdf|consulté le=24 janvier 2024}}.</ref>.
Cependant plusieurs études concluent sur l'impact minime de ces échanges sur les ventes :
* un rapport commandé par le gouvernement canadien intitulé ''The Impact of Music Downloads and P2P File-Sharing on the Purchase of Music: A Study for Industry Canada'' (en français : « L'impact de téléchargement de musique et du partage en P2P sur l'achat de musique : une étude pour [[Industry Canada]] »)<ref>{{en}} [http://www.ic.gc.ca/eic/site/ippd-dppi.nsf/vwapj/IndustryCanadaPaperMay4_2007_en.pdf/$FILE/IndustryCanadaPaperMay4_2007_en.pdf The Impact of Music Downloads and P2P File-Sharing]</ref>
* une étude française, de l'[[Université Paris-Sud 11|université Paris XI]] (laboratoire ADIS) et [[Union fédérale des consommateurs - Que choisir|UFC-QueChoisir]]<ref>[https://www.quechoisir.org/telecom-multimedia/image-son/musique/communique-peer-to-peer-gravure-echanges-une-etude-inedite-des-comportements-des-internautes une étude du comportement des internautes Peer-to-peer, gravure, échanges Une étude inédite des comportements des internautes]</ref>
* une étude commandée par le gouvernement néerlandais : ''Ups and downs – The economic and cultural effects of file sharing on music, film and games'' (« Hauts et bas - Les effets économiques et culturels du partage de fichier sur la musique, les films et les jeux vidéo »)<ref>{{en}} [http://tno.nl/content.cfm?context=markten&content=publicatie&laag1=182&item_id=473&Taal=2 Ups and downs – The economic and cultural effects of file sharing on music, film and games] ou http://www.seo.nl/en/publications/reports/2009/2009-02A.html</ref>
* un rapport de l'[[Organisation de coopération et de développement économiques|OCDE]] : ''OECD Report on Digital Music: Opportunities and Challenges'' (« Rapport de l'OCDE sur la musique numérique : opportunités et défis »)<ref>{{en}} [http://www.oecd.org/document/46/0,3343,en_2649_34223_34994926_1_1_1_1,00.html OECD Report on Digital Music: Opportunities and Challenges]</ref>
* un rapport de [[Tariq Krim]] pour l'[[Société civile pour l'administration des droits des artistes et musiciens interprètes|ADAMI]] : ''Le Peer to Peer, un autre modèle économique pour la musique''<ref>[http://www.irma.asso.fr/article.php3?id_article=87 Le peer to peer un autre modèle économique pour la musique] ou http://www.irma.asso.fr/spip.php?action=dw2_out&id=103</ref>
* une étude de la [[Harvard Business School]] et de l'[[Université de Caroline du Nord à Chapel Hill|University of North Carolina]] : ''The Effect of File Sharing on Record Sales - An Empirical Analysis'' (« Les effets du partage de fichiers sur les ventes de disques - une analyse empirique »)<ref>{{en}} [http://www.unc.edu/~cigar/papers/FileSharing_March2004.pdf The Effect of File Sharing on Record Sales : An Empirical Analysis] - Felix Oberholzer, Harvard Business School, mars 2004 {{pdf}}</ref>


=== Les avancées technologiques ===
=== Avancées technologiques ===
La chute du marché est attribuée, selon le quotidien français ''[[Le Monde]]'' en 2008, à « l’arrivée massive de nouveaux médias (téléphonie, [[Web]], [[baladeurs numériques]]…) et les habitudes de gratuité acquises par les consommateurs »<ref name=LeMonde26/>.
La chute du marché est attribuée, selon le quotidien français ''[[Le Monde]]'' en [[2008]], à « l’arrivée massive de nouveaux médias (téléphonie, [[World Wide Web|web]], [[Baladeur numérique|baladeurs numériques]]…) et les habitudes de gratuité acquises par les consommateurs »<ref name=LeMonde26/>.


Le prix Nobel d'économie [[Paul Krugman]] donne une cause possible. Il estime que le modèle économique dont le but est de vendre des copies d'une œuvre n'est plus viable puisqu'en informatique la copie d'information ne coûte quasiment plus rien. Avant l'ère de l'internet, le disque représentait indirectement la fourniture d'un service : la copie d'une œuvre. Étant donné le faible coût d'une copie actuellement, le prix de la fourniture d'une copie semble aux yeux du consommateur de moins en moins justifié. Ainsi, l'argent dans la culture ne peut plus être réalisé dans la vente de disques, mais dans la vente de produits dérivés et de services autres que la fourniture d'une copie<ref name="numerama">[http://www.numerama.com/magazine/10833-Le-Nobel-d-economie-P-Krugman-favorable-au-telechargement-gratuit.html Le Nobel d'économie P. Krugman favorable au téléchargement gratuit] - Numerama, 13 octobre 2008</ref>.
Le prix Nobel d'économie [[Paul Krugman]] donne une cause possible. Il estime que le modèle économique dont le but est de vendre des copies d'une œuvre n'est plus viable puisqu'en informatique la copie d'information ne coûte quasiment plus rien. Avant l'ère de l'internet, le disque représentait indirectement la fourniture d'un service : la copie d'une œuvre. Étant donné le faible coût d'une copie actuellement, le prix de la fourniture d'une copie semble aux yeux du consommateur de moins en moins justifié. Ainsi, l'argent dans la culture ne peut plus être réalisé dans la vente de disques, mais dans la vente de produits dérivés et de services autres que la fourniture d'une copie<ref name="numerama">{{lien web|lang=fr|url=https://web.archive.org/web/20240101152758/https://www.numerama.com/politique/10833-le-nobel-d-economie-p-krugman-favorable-au-telechargement-gratuit.html|titre=Le Nobel d'économie P. Krugman favorable au téléchargement gratuit|site=[[Numerama]]|date=13 octobre 2008|éditeur=web.archive.org|consulté le=24 janvier 2024}}.</ref>.


{{citation bloc|Octet après octet, tout ce qui peut-être numérisé sera numérisé, rendant la propriété intellectuelle toujours plus facile à copier et toujours plus difficile à vendre plus cher qu'un prix nominal. Et nous devrons trouver les modèles économiques et les modèles d'affaires qui prennent cette réalité en compte.|Paul Krugman<ref name="numerama"/>}}
{{citation bloc|Octet après octet, tout ce qui peut-être numérisé sera numérisé, rendant la propriété intellectuelle toujours plus facile à copier et toujours plus difficile à vendre plus cher qu'un prix nominal. Et nous devrons trouver les modèles économiques et les modèles d'affaires qui prennent cette réalité en compte.|Paul Krugman<ref name="numerama"/>}}


=== Le conservatisme des industries musicales ===
=== Conservatisme des industries musicales ===
À chaque évolution technologique, que ce soit avec la radiodiffusion, la cassette audio, les chaînes de télévision musicales<ref>à l'apparition de [[Music Television|MTV]] aux États-Unis</ref>, le magnétoscope, les lecteurs MP3, et maintenant Internet, l'industrie phonographique, menacée par ces nouvelles concurrences ou ces nouveaux usages et accès à la musique produite par elle, a adopté des stratégies défensives<ref>Le développement de la radio à partir de la fin des années 1920 qui, de plus, était conjointe à la crise économique, avait décimé l'industrie du disque : aux États-Unis par exemple les principales firmes de disques (Victor Records, Columbia) se font racheter par les nouveaux groupes de radio (RCA, CBS). Cf. Mario d'Angelo, La renaissance du disque. Les mutations mondiales d'une industrie culturelle, La Documentation Française, 1990.</ref>.
À chaque évolution technologique, que ce soit avec la [[radiodiffusion]], la [[cassette audio]], les chaînes de télévision musicales (à l'apparition de [[MTV]] aux [[États-Unis]]), le [[magnétoscope]], les [[baladeur numérique|lecteurs MP3]], et maintenant Internet, l'industrie phonographique, menacée par ces nouvelles concurrences ou ces nouveaux usages et accès à la musique produite par elle, a adopté des stratégies défensives<ref>{{ouvrage|lang=fr|passage=Le développement de la radio à partir de la fin des années 1920 qui, de plus, était conjointe à la crise économique, avait décimé l'industrie du disque : aux États-Unis par exemple les principales firmes de disques (Victor Records, Columbia) se font racheter par les nouveaux groupes de radio (RCA, CBS)|auteur=Mario d'Angelo|titre=La Renaissance du disque. Les mutations mondiales d'une industrie culturelle|éditeur=La Documentation Française|année=1990}}.</ref>.


La guerre juridique contre les innovations d'Internet a commencé avec [[Napster]] au début des années 2000. Paradoxalement, les industriels de la musique enregistrée ont soit tardé à mettre en place des offres « légales » par des plates-formes de téléchargement, soit freiné la vente de leurs catalogues aux plates-formes qui se mettaient en place. L'offre de [[Téléchargement de musique|téléchargement légal]] reste donc encore actuellement restreinte. Certains critiqueront qu'elle est encore peu concurrentielle, ce qui ne favoriserait pas l'innovation et donc l'attractivité des offres légales sur le web.
La guerre juridique contre les innovations d'Internet a commencé avec [[Napster]] au début des années 2000. Paradoxalement, les industriels de la musique enregistrée ont soit tardé à mettre en place des offres « légales » par des plates-formes de téléchargement, soit freiné la vente de leurs catalogues aux plates-formes qui se mettaient en place. L'offre de [[Téléchargement de musique|téléchargement légal]] reste donc encore actuellement restreinte. Certains critiqueront qu'elle est encore peu concurrentielle, ce qui ne favoriserait pas l'innovation et donc l'attractivité des offres légales sur le web.


L'offre légale de musique par téléchargements Internet a décollé à partir de 2005 sans pour autant pouvoir compenser la chute des ventes de CD, mettant les producteurs de disque dans la crise la plus grave qu'ils aient jamais connue. Le développement du téléchargement de la musique sur les [[téléphone portable|mobiles]] a, quant à lui, décollé en 2008.
L'offre légale de musique par téléchargements Internet a décollé à partir de 2005 sans pour autant pouvoir compenser la chute des ventes de CD, mettant les producteurs de disque dans la crise la plus grave qu'ils aient jamais connue. Le développement du téléchargement de la musique sur les [[téléphone mobile|mobiles]] a, quant à lui, décollé en 2008.


Plus belles encore seraient les promesses des nouveaux services d'écoute de musique en [[streaming]], qui partant d'usages communautaires tels que [[YouTube]] ou [[Dailymotion]], tentent à présent de développer des offres en abonnements (comme [[Deezer]] soutenu en cela par Orange). Si quelques-uns de ces sites (YouTube, Deezer, Spotify) sont extrêmement fréquentés et proposent des offres étoffées (Deezer propose ainsi plus de six millions de titres fin 2010), leurs chiffres d'affaires restent très faibles. Les producteurs ont adopté une position consistant à mettre leurs catalogues à disposition moyennant des prix élevés<ref>En France, les revenus provenant du streaming ont doublé entre 2008 et 2009. Voir les données économiques sur le site du SNEP</ref> et se faisant fortement critiquer de ne pas favoriser l'émergence de ce mode d'écoute de la musique.
Plus belles encore seraient les promesses des nouveaux services d'écoute de musique en [[streaming]], qui partant d'usages communautaires tels que [[YouTube]] ou [[Dailymotion]], tentent à présent de développer des offres en abonnements (comme [[Deezer]] soutenu en cela par Orange). Si quelques-uns de ces sites (YouTube, Deezer, Spotify) sont extrêmement fréquentés et proposent des offres étoffées (Deezer propose ainsi plus de six millions de titres fin 2010), leurs chiffres d'affaires restent très faibles. Les producteurs ont adopté une position consistant à mettre leurs catalogues à disposition moyennant des prix élevés et se faisant fortement critiquer de ne pas favoriser l'émergence de ce mode d'écoute de la musique. En France, les revenus provenant du streaming ont doublé entre 2008 et 2009. Voir les données économiques sur le site du SNEP{{refnec|date=janvier 2024}}.


== Conséquences ==
== Les conséquences de la crise ==
=== Conséquences économiques ===
=== Conséquences économiques ===
Les majors affirment que leur marché s'est réduit de moitié entre 2000 et 2008, soit d'environ {{unité|606|millions}} d'euros<ref>[http://www.lexpansion.com/high-tech/10-chiffres-pour-comprendre-la-crise-du-disque_172553.html 10 chiffres pour comprendre la crise du disque] - ''[[L'Expansion]]'', 20 janvier 2009</ref>.
Les [[major (industrie musicale)|majors]] affirment que leur marché s'est réduit de moitié entre 2000 et 2008, soit d'environ {{unité|606|millions}} d'euros<ref>{{lien web|lang=fr|url=https://web.archive.org/web/20110425015056/http://lexpansion.lexpress.fr/high-tech/10-chiffres-pour-comprendre-la-crise-du-disque_172553.html|titre=10 chiffres pour comprendre la crise du disque|site=[[L'Expansion]]|date=20 janvier 2009|éditeur=web.archive.org|consulté le=24 janvier 2024}}.</ref>.


=== Une remise en cause du « ''star system'' » ? ===
=== Remises en cause ===
La crise du disque remet en cause plusieurs logiques traditionnelles de cette filière, de même que son modèle économique lié à deux lois : celle des économies d'échelle et celle de la notoriété. Elles se résument ainsi : {{citation|on produit à perte jusqu’au succès, en finançant les jeunes talents par les profits réalisés sur les [[vedette (personnalité)|vedettes]], rendues captives par des [[avance]]s conséquentes}}<ref name=LeMonde26/>.
La crise du disque remet en cause plusieurs logiques traditionnelles de cette filière, de même que son modèle économique lié à deux lois : celle des économies d'échelle et celle de la notoriété. Elles se résument ainsi : {{citation|on produit à perte jusqu’au succès, en finançant les jeunes talents par les profits réalisés sur les vedettes, rendues captives par des avances conséquentes}}<ref name=LeMonde26/>.


L'ensemble de la filière est ainsi dans une logique de construction de stars universelles qui assurent ensuite des rentes sur une longue période, et ceci quel que soit le genre musical. Bien sûr ce sont les stars des variétés internationales anglo-saxonnes qui sont les principaux outils de ce fonctionnement. La crise du disque et le développement de pratiques totalement nouvelles sur Internet hors de l'échange économique (et non monétisables) qui menacent les modèles économiques et les modèles d'affaires auront sans doute des conséquences importantes sur la fabrication des stars comme le note [[Mario d'Angelo]] dans un article de ''[[La Tribune (France)|La Tribune]]'' : {{citation|Tout le système médiatico-culturel générant des produits musicaux universels, transculturels, intergénérationnels et à forte rentabilité est en train de perdre la main. Or, c'est ce système qui a jusqu'à présent "fait" les monstres sacrés à la Michael Jackson… dont l'espèce est peut-être en voie de disparition}}<ref>[http://www.latribune.fr/opinions/20090708trib000397166/michael-jackson-la-fin-d-un-certain-business-model.html Michael Jackson, la fin d'un certain "business model"] - Mario, d'Angelo, ''[[La Tribune (France)|La Tribune]]'', 8 juillet 2009</ref>.
L'ensemble de la filière est ainsi dans une logique de construction de stars universelles qui assurent ensuite des rentes sur une longue période, et ceci quel que soit le genre musical. Bien sûr ce sont les stars des variétés internationales anglo-saxonnes qui sont les principaux outils de ce fonctionnement. La crise du disque et le développement de pratiques totalement nouvelles sur Internet hors de l'échange économique (et non monétisables) qui menacent les modèles économiques et les modèles d'affaires auront sans doute des conséquences importantes sur la fabrication des stars comme le note [[Mario d'Angelo]] dans un article de ''[[La Tribune (France, 1985)|La Tribune]]'' : {{citation|Tout le système médiatico-culturel générant des produits musicaux universels, transculturels, intergénérationnels et à forte rentabilité est en train de perdre la main. Or, c'est ce système qui a jusqu'à présent « fait » les monstres sacrés à la Michael Jackson… dont l'espèce est peut-être en voie de disparition}}<ref>{{lien web|lang=fr|url=https://web.archive.org/web/20240000000000*/http://www.latribune.fr/opinions/20090708trib000397166/michael-jackson-la-fin-d-un-certain-business-model.html|titre=Michael Jackson, la fin d'un certain "business model"|auteur=Mario, d'Angelo|site=[[La Tribune (France, 1985)|La Tribune]]|date=8 juillet 2009|éditeur=web.archive.org|consulté le=24 janvier 2024}}.</ref>.


=== Des fermetures de labels ===
=== Fermetures de labels ===
Bien que le [[jazz]] soit moins touché que les genres plus populaires<ref>[[Jazzman (magazine)|Jazzman]]142, Janvier 2008, p. 5</ref>, l'un des labels de jazz et de [[musiques du monde]] le plus important de France, [[Label Bleu]], a dû arrêter toute production en {{date-|juillet 2007}}<ref name =Jazzman08>[[Jazzman (magazine)|Jazzman]]143, Février 2008, p. 48, 49, 50.</ref>, laissant des artistes comme [[Henri Texier]] ou [[Julien Lourau]] sans label et sans information quant au devenir de leurs [[Bande (musique)|bande]]s<ref name =Jazzman08/>.
Bien que le [[jazz]] soit moins touché que les genres plus populaires<ref>{{ouvrage|lang=fr|titre=Jazzman|périodique=[[Jazzman (magazine)|Jazzman]]|numéro=142|date=Janvier 2008|page=5}}.</ref>, l'un des labels de jazz et de [[musiques du monde]] le plus important de France, [[Label Bleu]], a dû arrêter toute production en {{date-|juillet 2007}}<ref name =Jazzman08>{{ouvrage|lang=fr|titre=Jazzman|périodique=[[Jazzman (magazine)|Jazzman]]|numéro=143|date=Février 2008|page=48–50}}.</ref>, laissant des artistes comme [[Henri Texier]] ou [[Julien Lourau]] sans label et sans information quant au devenir de leurs [[bande master|bandes]]<ref name =Jazzman08/>.


== Les stratégies face à la crise ==
== Stratégies face à la crise ==
Face à la crise, les producteurs de phonogramme (ce qui est la notion la plus appropriée, le disque étant en réalité un phonogramme mis sur un support<ref>Cette vision du métier est déjà présente dans les années 1980 lorsque, malgré l'euphorie due aux succès du CD, les producteurs comprennent qu'ils doivent se faire rémunérer toutes les utilisations des musiques qu'ils produisent : vidéomusiques (clips), synchronisations, diffusion par les radios (la rémunération équitable est alors mise en place en France et perçue par la SPRE pour le compte des artistes et des producteurs). Voir Mario d'Angelo, Socio-économie de la musique en France, La Documentation Française, 1997.</ref>) mettent en œuvre plusieurs types de stratégies : diversification des métiers, accentuation des offres légales au format numérique, lobbying pour l'obtention de législations répressives.
Face à la crise, les producteurs de phonogramme (ce qui est la notion la plus appropriée, le disque étant en réalité un phonogramme mis sur un support<ref>{{ouvrage|lang=fr|passage=Cette vision du métier est déjà présente dans les années 1980 lorsque, malgré l'euphorie due aux succès du CD, les producteurs comprennent qu'ils doivent se faire rémunérer toutes les utilisations des musiques qu'ils produisent : vidéomusiques (clips), synchronisations, diffusion par les radios (la rémunération équitable est alors mise en place en France et perçue par la SPRE pour le compte des artistes et des producteurs|auteur=Mario d'Angelo|titre=Socio-économie de la musique en France|éditeur=La Documentation Française|année=1997}}.</ref>) mettent en œuvre plusieurs types de stratégies : diversification des métiers, accentuation des offres légales au format numérique, lobbying pour l'obtention de législations répressives.


=== La stratégie de la diversification (« stratégie 360 degrés ») ===
=== Diversification (« stratégie 360 degrés ») ===
De nombreux producteurs avaient déjà investi dans le rachat d'éditeurs de musique (publishing) et des droits éditoriaux ; en particulier les majors du disque, par un processus qui a commencé dans les [[années 1960]], se sont constituées en multinationales de l'[[édition musicale]].
De nombreux producteurs avaient déjà investi dans le rachat d'éditeurs de musique (publishing) et des droits éditoriaux ; en particulier les majors du disque, par un processus qui a commencé dans les [[années 1960]], se sont constituées en multinationales de l'[[édition musicale]]. La stratégie de [[Diversification (stratégie d'entreprise)|diversification]] s'est donc poursuivie, notamment pour limiter les effets du recul du CD mais tout en restant dans des métiers proches de celui de producteur phonographique. Comme l’explique le quotidien français ''Le Monde'' en 2008 : {{citation|puisque le support disque s’effondre, les entreprises de la filière musicale veulent exploiter les artistes comme des [[Marque (marketing)|marques]]. Afin de dégager du profit, le producteur de phonogramme devient à la fois éditeur, organisateur de concert, patron de salle, manager}}<ref name=LeMonde26/>. C'est ainsi par exemple, que Unviversal Music France rachète l'[[Olympia (Paris)|Olympia]] en 2003. D'autres majors suivront cette voie.


La stratégie 360° consiste en réalité à réaliser une [[intégration horizontale]] des différents métiers qui vendent des produits musicaux souvent identifiés autour d'artistes-interprètes. Elle permet ainsi de développer autour d'un artiste une série de services auxquels se rajoutent souvent la vente d'espaces publicitaires ainsi que des [[Produit dérivé (marketing)|produits dérivés]] (tee-shirts, calendriers, badges). Par exemple, la vente de produits dérivés représentait en 2005 environ {{%|20}} du chiffre d'affaires de [[Universal Music Group|Universal Music France]]. De même, nécessité faisant loi, la vente de musique pour des spots de publicité ou des sonneries de téléphones est devenue une démarche systématique fait l'objet de fonctions bien identifiées au sein des majors ou, parfois, dans des sociétés qui se sont spécialisées dans l'une de ces activités<ref name=Tribune25/>.
La stratégie de [[Diversification (stratégie d'entreprise)|diversification]] s'est donc poursuivie, notamment pour limiter les effets du recul du CD mais tout en restant dans des métiers proches de celui de producteur phonographique. Comme l’explique le quotidien français ''Le Monde'' en 2008 : {{citation|puisque le support disque s’effondre, les entreprises de la filière musicale veulent exploiter les artistes comme des [[Marque commerciale|marque]]s. Afin de dégager du profit, le producteur de phonogramme devient à la fois éditeur, organisateur de concert, patron de salle, manager}}<ref name=LeMonde26/>. C'est ainsi par exemple, que Unviversal Music France rachète l'[[Olympia (Paris)|Olympia]] en 2003. D'autres majors suivront cette voie.


Comme l’explique le quotidien économique français ''La Tribune'' : {{citation|face au déclin du CD, le métier d’éditeur, qui gère les droits d’un catalogue de chansons cédés pour différentes exploitations (cinéma, publicité, compilations, illustration, sonnerie de téléphone…), apparaît depuis quelques années comme une garantie de revenus récurrents}}<ref name=Tribune25/>. Par exemple, [[Madonna]] confie en [[2007]] la gestion de ses intérêts à la société [[Live Nation Entertainment|Live Nation]], au détriment de la major Warner Music<ref name=LeMonde26/>{{,}}<ref name=Tribune25/>. [[Paul McCartney]] choisit le label Hear Music, codétenu par la chaîne de cafés [[Starbucks]]<ref name=Tribune25/>. En France, les sociétés [[Because Music]] et [[Naïve Records|Naïve]] commencent à diversifier leurs activités<ref name=LeMonde26/>. Pour Because, « le [[disque compact|CD]] permet de construire les actifs de la société et les tournées d’équilibrer les résultats »<ref name=Tribune25/>. Les majors se sont également diversifiées dans la production de concerts : [[Warner Music Group|Warner Music]] rachète ainsi en {{date-|janvier 2008}} Jean-Claude Camus Productions (la société qui gère les tournées de [[Michel Sardou]], [[Jean-Michel Jarre]] ou encore [[Johnny Hallyday]])<ref name=LeMonde26/>. Sony elle, rachète Arachnée Production. Universal Music rachète BMG Publishing (édition musicale), la société Sanctuary (produits dérivés) et développe des activités de « management d’artistes » et de coproduction de [[concert]]. Selon son patron [[Pascal Nègre]], en 2007, « plus de la moitié des profits d’[[Universal Music Group]] ne dépendant plus directement de la vente de CD<ref name=Tribune25/>.
La stratégie 360° consiste en réalité à réaliser une [[intégration horizontale]] des différents métiers qui vendent des produits musicaux souvent identifiés autour d'artistes-interprètes. Elle permet ainsi de développer autour d'un artiste une série de services auxquels se rajoutent souvent la vente d'espaces publicitaires ainsi que des [[Produit dérivé (mercatique)|produits dérivés]] (tee-shirts, calendriers, badges). Par exemple, la vente de produits dérivés représentait en 2005 environ 20 % du chiffre d'affaires de [[Universal Music Group|Universal Music France]]<ref>Cf. le livre blanc de la Commission de la relance de la politique culturelle, 2006. Voir le [http://www.spedidam.fr/pdf/CRPC.pdf communiqué] de la [[Société de perception et de distribution des droits des artistes-interprètes|SPEDIDAM]] {{pdf}}</ref>.


On peut bien sûr s'interroger sur la compétence des maisons de disques à se substituer, dans de tels contrats, aux managers d'artistes ainsi que sur les possibles conflits d'intérêts inhérents à ce genre de collaboration<ref>{{ouvrage|lang=fr|auteur=Hubert Mansion|titre=Tout le monde vous dira non : There is no business like show business|éditeur=Stanké|lieu=[[Montréal]]|année=2003|collection=Autour du livre|isbn=2-9165-6017-3}}.</ref>. On doit aussi constater que la diversification hormis quelques exceptions (ouverture d'une plate-forme de téléchargement par Sony Music ou antérieurement Universal), les investissements massifs ne se sont pas faits dans la musique numérique mais dans les métiers « traditionnels » de la musique (édition musicale, production de spectacles et lieux de spectacles, management d'artistes, produits dérivés{{etc.}}
De même, nécessité faisant loi, la vente de musique pour des spots de publicité ou des sonneries de téléphones est devenue une démarche systématique fait l'objet de fonctions bien identifiées au sein des majors ou, parfois, dans des sociétés qui se sont spécialisées dans l'une de ces activités<ref name=Tribune25/>.


=== Ventes au format numérique ===
Comme l’explique le quotidien économique français ''La Tribune'' : {{citation|face au déclin du CD, le métier d’éditeur, qui gère les droits d’un catalogue de chansons cédés pour différentes exploitations (cinéma, publicité, compilations, illustration, sonnerie de téléphone…), apparaît depuis quelques années comme une garantie de revenus récurrents}}<ref name=Tribune25/>.
La diversification des firmes phonographiques et en premier lieu des majors s'installent sur le marché du disque dans les métiers « traditionnels » de la musique (édition musicale, production de spectacles et lieux de spectacles, management d'artistes, produits dérivés{{etc.}}) hormis quelques exceptions comme l'ouverture d'un site en [[streaming]] par [[Sony Music Entertainment|Sony Music]] ou antérieurement une plate-forme de téléchargements par Universal. Pas d'investissements massifs réalisés directement dans la diffusion numérique. La stratégie poursuivie consiste avant tout à rester des fournisseurs de phonogrammes pour des services en ligne qui ne dépendent pas des anciens producteurs-distributeurs de disque. Elle passe parfois par le financement de la musique gratuite par la [[publicité]]. Elle doit cependant avant tout trouver les moyens d’échapper à ce que les producteurs appellent la « [[contrefaçon]] » par la mise en place de techniques de protection sûres ([[Gestion des droits numériques|DRM]]). Cette stratégie passe en particulier par des alliances avec les [[Opérateur de télécommunications|opérateurs de télécom]].


En [[2008]], le cabinet d’étude Juniper Networks estime cependant que les recettes issues des téléchargement payants ne parviendront pas à compenser le déclin des ventes de CD avant l’année 2010<ref name=Tribune25/>. Estimation qui s'est révélée fausse : en France par exemple, les téléchargements internet et mobiles dépassent à peine {{unité|67|millions}} d'euros en [[2009]] (chiffres SNEP).
Quelques illustrations de la « stratégie 360° » :
* [[Madonna]] a confié en 2007 la gestion de ses intérêts à la société [[Live Nation]], au détriment de la major [[Warner Music]]<ref name=LeMonde26/>{{,}}<ref name=Tribune25/>.
* [[Paul McCartney]] a choisi le label [[Hear Music]], codétenu par la chaîne de cafés [[Starbucks]]<ref name=Tribune25/>.
* En France, les sociétés [[Because Music]] et [[Naïve]] ont commencé à diversifier leurs activités<ref name=LeMonde26/>. Pour Because, « le [[CD]] permet de construire les actifs de la société et les tournées d’équilibrer les résultats »<ref name=Tribune25/>.
* Les majors se sont également diversifiées dans la production de concerts : [[Warner Music]] a ainsi racheté en {{date-|janvier 2008}} Jean-Claude Camus Productions (la société qui gère les tournées de [[Michel Sardou]], [[Jean-Michel Jarre]] ou encore [[Johnny Hallyday]])<ref name=LeMonde26/>. Sony a quant à elle racheté Arachnée production.
* [[Universal Music]] a racheté [[BMG Publishing]] (édition musicale), la société Sanctuary (produits dérivés) et développe des activités de « management d’artistes » et de coproduction de [[concert]].
* Selon son patron [[Pascal Nègre]], en 2007, « plus de la moitié des profits d’[[Universal Music Group]] ne dépendant plus directement de la vente de CD<ref name=Tribune25/>.


En [[France]], la première alliance entre un producteur de musique et un opérateur télécom. a été passée entre [[Universal Music Group|Universal]] et [[Neuf Cegetel]], basée sur une formule d’accès à la musique (et aux clips vidéo) gratuite et une autre payante en {{date-|août 2007}} Le Monde, {{date-|26 janvier 2008}}, idem. Les concurrents suivent : [[EMI Group|EMI Music]] a choisi l’opérateur [[Alice ADSL|Alice]]<ref name=LeMonde26/>. Dans le monde, les ventes légales de musique numérisées ont progressé de {{%|40}} en 2007, selon le syndicat mondial des producteurs de musique IFPI, mais c’est insuffisant pour compenser la baisse des ventes de disques car le numérique ne représente que {{%|15}} des recettes de musique ({{unité|2.9|milliards}} de dollars de [[chiffre d'affaires]] pour le numérique en 2007)<ref name=Echos25/>. Ainsi, en [[2007]], {{%|13}} des ventes d’Universal Music en France ont été réalisées sous format numérique<ref name=EchosNegre/>. [[Pascal Nègre]] mise sur deux formes de vente de fichier audio numérique : le téléchargement à l’acte et surtout les abonnements. Des indépendants tels que [[Abeille Musique]] se sont également lancés dans la réalisation de plateforme de téléchargement (en l'occurrence Qobuz.com lancé fin 2009). Ces nouvelles activités supposent évidemment de gros investissements de départ ; de plus, dans des genres musicaux tels que la musique classique, jusqu'en 2008 les procédés techniques ne permettaient pas une qualité sonore comparable à celle du disque audionumérique (Qobuz utilise notamment le procédé LossLess).
On peut bien sûr s'interroger sur la compétence des maisons de disques à se substituer, dans de tels contrats, aux managers d'artistes ainsi que sur les possibles conflits d'intérêts inhérents à ce genre de collaboration<ref>Hubert Mansion, ''Tout le monde vous dira non : There is no business like show business'', Stanké, Montréal, 2003, Autour du livre, 2010 {{ISBN|2-9165-6017-3}}</ref>.


Le format numérique permet en théorie à l'artiste de se passer de producteur et distributeur officiel. Le groupe [[Radiohead]] a ainsi pu, grâce à sa notoriété, laisser les internautes décider eux-mêmes du prix d’achat de leur album, ''{{lang|en|[[In Rainbows]]}}''<ref name=Tribune25/>. L'abandon progressif des [[Gestion des droits numériques|DRM]] et la facilité de distribution a également permis aux indépendants de réapparaître sur le marché grâce à des sites comme Airtist, Xtrib.com ou Hotzic. Des « labels participatifs » se sont créés pour institutionnaliser cette méthode : Sellaband aux Pays-Bas, ou [[My Major Company]] et Yourmusichall en France<ref name=Tribune25/>.
On doit aussi constater que la diversification hormis quelques exceptions (ouverture récente d'une plate-forme de téléchargement par Sony Music ou antérieurement Universal), les investissements massifs ne se sont pas faits dans la musique numérique mais dans les métiers « traditionnels » de la musique (édition musicale, production de spectacles et lieux de spectacles, management d'artistes, produits dérivés etc.


=== Les ventes au format numérique ===
=== Récupération accrue des droits ===
La stratégie d’Universal Music prévoit aussi d’une meilleure récupération des droits auprès des [[station de radio|stations de radio]] (la rémunération des radios privées a été augmentée fin 2007-début 2008) et des lieux publics sonorisés ([[Commerce de détail|magasin]]s{{etc.}})<ref name="EchosNegre"/>.
On doit aussi constater que la diversification des firmes phonographiques et en premier lieu des majors installées sur le marché du disque dans les métiers « traditionnels » de la musique (édition musicale, production de spectacles et lieux de spectacles, management d'artistes, produits dérivés etc.) hormis quelques exceptions comme l'ouverture récente d'un site en streaming par Sony Music ou antérieurement une plate-forme de téléchargements par Universal. Pas d'investissements massifs réalisés directement dans la diffusion numérique. La stratégie poursuivie consiste avant tout à rester des fournisseurs de phonogrammes pour des services en ligne qui ne dépendent pas des anciens producteurs-distributeurs de disque. Elle passe parfois par le financement de la musique gratuite par la [[publicité]]. Elle doit cependant avant tout trouver les moyens d’échapper à ce que les producteurs appellent la « [[contrefaçon]] » par la mise en place de techniques de protection sûres ([[Gestion des droits numériques|DRM]]). Cette stratégie passe en particulier par des alliances avec les [[Opérateur de télécommunications|opérateurs de télécom]].


=== Fusions de producteurs ===
En 2008, le cabinet d’étude Juniper Networks estime cependant que les recettes issues des téléchargement payants ne parviendront pas à compenser le déclin des ventes de CD avant l’année 2010<ref name=Tribune25/>. Estimation qui s'est révélée fausse : en France par exemple, les téléchargements internet et mobiles dépassent à peine {{unité|67|millions}} d'euros en 2009 (chiffres SNEP).
Sur un marché en crise, les fusions sont censées permettre de sauver les marges en amortissant les coûts sur un chiffre d’affaires élargi. Les [[major (industrie musicale)|majors]] se sont ainsi concentrés ces dernières années, à l’image de la fusion entre [[Sony]] et [[BMG Entertainment|BMG]]<ref>{{article|lang=fr|titre=''La Tribune''|périodique=La Tribune|date=25 janvier 2008|page=30-31}}.</ref>.


=== Nouveaux modes de distribution ===
En France, la première alliance entre un producteur de musique et un opérateur télécom. a été passée entre [[Universal Music]] et [[Neuf Cegetel]], basée sur une formule d’accès à la musique (et aux clips vidéo) gratuite et une autre payante en {{date-|août 2007}} Le Monde, {{date-|26 janvier 2008}}, idem. Les concurrents ont suivi : [[EMI Music]] a choisi l’opérateur [[Alice ADSL|Alice]]<ref name=LeMonde26/>.

Dans le monde, les ventes légales de musique numérisées ont progressé de 40 % en 2007, selon le syndicat mondial des producteurs de musique IFPI, mais c’est insuffisant pour compenser la baisse des ventes de disques car le numérique ne représente que 15 % des recettes de musique ({{unité|2.9|milliards}} de dollars de [[chiffre d’affaires]] pour le numérique en 2007)<ref name=Echos25/>.

Ainsi, en 2007, 13 % des ventes d’Universal Music en France ont été réalisées sous format numérique<ref name=EchosNegre/>. [[Pascal Nègre]] mise sur deux formes de vente de fichier audio numérique : le téléchargement à l’acte et surtout les abonnements. Des indépendants tels que [[Abeille Musique]] se sont également lancés dans la réalisation de plateforme de téléchargement (en l'occurrence Qobuz.com lancé fin 2009). Ces nouvelles activités supposent évidemment de gros investissements de départ ; de plus, dans des genres musicaux tels que la musique classique, jusqu'en 2008 les procédés techniques ne permettaient pas une qualité sonore comparable à celle du disque audionumérique (Qobuz utilise notamment le procédé LossLess).

Le format numérique permet en théorie à l'artiste de se passer de producteur et distributeur officiel. Le groupe [[Radiohead]] a ainsi pu, grâce à sa notoriété, laisser les internautes décider eux-mêmes du prix d’achat de leur album, ''[[In Rainbows]]''<ref name=Tribune25/>.

L'abandon progressif des [[Gestion des droits numériques|DRM]] et la facilité de distribution a également permis aux indépendants de réapparaître sur le marché grâce à des sites comme Airtist, Xtrib.com ou Hotzic.

Des « labels participatifs » se sont créés pour institutionnaliser cette méthode : [[Sellaband]] aux Pays-Bas ou [[MyMajorCompany]] et Yourmusichall en France<ref name=Tribune25/>.

=== Une récupération accrue des droits ===
La stratégie d’Universal Music prévoit aussi d’une meilleure récupération des droits auprès des [[stations de radio]] (la rémunération des radios privées a été augmentée fin 2007-début 2008) et des lieux publics sonorisés ([[Commerce de détail|magasin]]s, etc.)<ref name="EchosNegre"/>.

=== Une stratégie défensive : les fusions de producteurs ===
Sur un marché en crise, les fusions sont censées permettre de sauver les marges en amortissant les coûts sur un chiffre d’affaires élargi. Les majors du disque se sont ainsi concentrés ces dernières années, à l’image de la fusion entre [[Sony]] et [[BMG Entertainment|BMG]]<ref>''La Tribune'', 25 janvier 2008, p. 30-31</ref>.

=== Les partenariats de producteurs ou d'artistes pour de nouveaux modes de distribution ===
Certains producteurs ou artistes choisissent d'établir des partenariats pour assurer leurs ventes de CD. Bien que les clauses de ces arrangements soient rarement dévoilées, on imagine que le producteur ou l'artiste reçoit un montant défini à l'avance pour l'écoulement d'un stock de CD.
Certains producteurs ou artistes choisissent d'établir des partenariats pour assurer leurs ventes de CD. Bien que les clauses de ces arrangements soient rarement dévoilées, on imagine que le producteur ou l'artiste reçoit un montant défini à l'avance pour l'écoulement d'un stock de CD.


Par exemple le groupe de [[musique soul|soul]]/[[funk]] [[Kool and the Gang]] a distribué en France son album ''Still Kool'', paru en 2007, avec les paquets de lessive [[Bonux]]. Le partenariat a été monté entre [[Universal Music Group|Universal]] et [[Procter & Gamble]]<ref>{{lien web|lang=fr|url=https://archive.is/71iUv|titre=Kool and the Gang lavent plus blanc|auteur=Philippe Barbot|site=[[Yahoo!]]|date=3 octobre 2008}}.</ref>. Le groupe de [[hard rock]] australien [[AC/DC]] a distribué son album ''{{lang|en|[[Black Ice (album)|Black Ice]]}}'' (2008) en exclusivité dans les magasins [[Walmart]] aux États-Unis. Le chanteur et musicien [[Prince (musicien)|Prince]] (qui est également son propre producteur) a été l'auteur de plusieurs coups d'éclat dans le domaine de la distribution de musique. En 2004, il offre son CD ''{{lang|en|Musicology}}'' pour tout achat d'un billet de concert. En 2007, son CD ''Planet Earth'' a été distribué en Grande-Bretagne avec un hebdomadaire, ''{{lang|en|The Mail of Sunday}}'', tiré pour l'occasion à trois millions d'exemplaires. En 2009, il donne l'exclusivité de la distribution d'un coffret de trois disques, ''Lotusflow3r'', aux magasins [[Target Corporation|Target]] aux États-Unis. En 1997, le quintuple CD ''Crystal Ball'' avait été le premier disque de l'histoire à être vendu sur pré-commande et uniquement sur internet. Cela lui a valu une distinction spéciale lors des [[Webby Awards]] de 2006<ref>[https://archive.is/Cj6z L'usage visionnaire d'Internet de Prince récompensé aux Webby Awards] - ''Échos du Net'', 4 juin 2006</ref>.
Par exemple :
* Le groupe de [[soul]]/[[funk]] [[Kool & The Gang]] a distribué en France son album ''Still Kool'', paru en 2007, avec les paquets de lessive [[Bonux]]. Le partenariat a été monté entre [[Universal Music]] et [[Procter & Gamble]]<ref>[http://new.fr.music.yahoo.com/blogs/blog_c_ma_tournee/1744/kool-and-the-gang-lavent-plus-blanc/ Kool and the Gang lavent plus blanc] - Philippe Barbot, Blog ''C'est ma tournée !'', 3 octobre 2008</ref>.
* Le groupe de [[hard rock]] australien [[AC/DC]] a distribué son album ''[[Black Ice (album)|Black Ice]]'' (2008) en exclusivité dans les magasins [[Walmart]] aux États-Unis.
* Le chanteur et musicien [[Prince_Rogers_Nelson|Prince]] (qui est également son propre producteur) a été l'auteur de plusieurs coups d'éclat dans le domaine de la distribution de musique. En 2004, il offrit son CD ''Musicology'' pour tout achat d'un billet de concert. En 2007, son CD ''Planet Earth'' a été distribué en Grande-Bretagne avec un hebdomadaire, ''The Mail Of Sunday'', tiré pour l'occasion à trois millions d'exemplaires. En 2009, il donne l'exclusivité de la distribution d'un coffret de trois disques, ''Lotusflow3r'', aux magasins [[Target Corporation|Target]] aux États-Unis. En 1997, le quintuple CD ''Crystal Ball'' avait été le premier disque de l'histoire à être vendu sur pré-commande et uniquement sur internet. Cela lui a valu une distinction spéciale lors des [[Webby Award]]s de 2006<ref>[http://www.echosdunet.net/news/breve_2301_l+usage+visionnaire+internet+prince+recompense+aux+webby+awards.html L'usage visionnaire d'Internet de Prince récompensé aux Webby Awards] - ''Échos du Net'', 4 juin 2006</ref>.


== Notes et références ==
== Notes et références ==
{{Références}}
{{Références}}


== Bibliographie ==
== Annexes ==
=== Bibliographie ===
* Aymeric Pichevin, [https://books.google.ch/books?id=b9oxhCTogmIC&printsec=frontcover&hl=fr ''Le disque à l'heure d'Internet : l'industrie de la musique et les nouvelles technologies de diffusion''], Paris : L'Harmattan, 1997. {{OCLC|38836508}}
* Aymeric Pichevin, [https://books.google.ch/books?id=b9oxhCTogmIC&printsec=frontcover&hl=fr ''Le disque à l'heure d'Internet : l'industrie de la musique et les nouvelles technologies de diffusion''], Paris : L'Harmattan, 1997. {{OCLC|38836508}}
* Xavier Greffe et Sylvie Pflieger, [https://books.google.ch/books?id=RcYrAAAAMAAJ&q=%22Crise+du+disque%22&dq=%22Crise+du+disque%22&lr=&hl=fr&ie=ISO-8859-1&pgis=1 ''Socio₋économie de la culture : livre, musique''], Paris : Anthropos : Diffusion, Economica, 1990. {{OCLC|24174753}}
* Xavier Greffe et Sylvie Pflieger, [https://books.google.ch/books?id=RcYrAAAAMAAJ&q=%22Crise+du+disque%22&dq=%22Crise+du+disque%22&lr=&hl=fr&ie=ISO-8859-1&pgis=1 ''Socio₋économie de la culture : livre, musique''], Paris : Anthropos : Diffusion, Economica, 1990. {{OCLC|24174753}}
Ligne 117 : Ligne 88 :
* Mario d'Angelo, ''La musique dans le flux télévisuel'', Paris, éditions OMF/Université Paris-Sorbonne, 2014.
* Mario d'Angelo, ''La musique dans le flux télévisuel'', Paris, éditions OMF/Université Paris-Sorbonne, 2014.


== Annexes ==
=== Articles connexes ===
=== Articles connexes ===
* [[Gestion des droits numériques]] (mesures techniques de protection des fichiers audio)
* [[Gestion des droits numériques]] (mesures techniques de protection des fichiers audio)
* [[International Federation of the Phonographic Industry]] (IFPI) (lobby international des producteurs de disque)
* [[Fédération internationale de l'industrie phonographique]] (IFPI) (lobby international des producteurs de disque)
* [[Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique]] (SACEM)
* [[Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique]] (SACEM)
* [[Syndicat national de l'édition phonographique]] (SNEP)
* [[Syndicat national de l'édition phonographique]] (SNEP)

Dernière version du 24 janvier 2024 à 19:46

Disque compact.

La crise du disque est une crise liée au déclin des ventes des CD, du au développement du support numérique et à la distribution de la musique sous forme de fichiers. La crise prend de l'ampleur dans les années 2000. Tout au long de son histoire, l'industrie musicale enregistrée a connu des crises relatives à d'importants changements, techniques et économiques.

Chiffres du déclin[modifier | modifier le code]

À partir des années 2000 les ventes de CD connaissent des reculs dans tous les pays développés (en France la première baisse de chiffre d'affaires des maisons de disques apparaît en 2002).

  • Marché mondial : les ventes de disques auraient reculé de 10 % en 2007 selon le syndicat mondial des producteurs de musique IFPI[1].
  • Marché français : il est entré plus tard dans la crise que les autres marchés européens, mais la chute est ensuite devenue très forte. Les ventes de disque auraient ainsi baissé de 17 % en 2007 (marché de gros hors taxe) selon le syndicat national de l'édition phonographique[1],[2], ou de 19 % (marché physique)[3]. C’est la plus forte chute d’Europe[3]. En début 2008, le quotidien économique français La Tribune écrit : « En cinq ans, le chiffre d’affaires de l’édition phonographique en France a perdu la moitié de sa valeur »[4].
  • Marché britannique : les ventes ont reculé de 10 % en 2007[1].
  • Marché des États-Unis : les ventes de disques ont reculé de 15 % en 2007[2],[1]. En 2007, 48 % Des jeunes Américains n'ont pas acheté de CD, contre 38 % un an plus tôt selon l'institut d'études NPD Group qui estime que 5 millions de consommateurs ont basculé dans la musique dématérialisée sur la période[5].

Causes[modifier | modifier le code]

Piratage[modifier | modifier le code]

Selon l'IFPI et le SNEP, la chute du marché est attribuée au partage de fichiers sur Internet. Cependant, plusieurs études concluent sur l'impact minime de ces échanges sur les ventes comme l'affirment notamment : un rapport commandé par le gouvernement canadien[6], une étude française de l'université Paris XI (laboratoire ADIS) et de UFC-QueChoisir[7], une étude commandée par le gouvernement néerlandais[8], un rapport de l'OCDE[9], et un rapport de Tariq Krim pour l'ADAMI[10].

Une étude de la Harvard Business School et de l'University of North Carolina : The Effect of File Sharing on Record Sales - An Empirical Analysis (« Les effets du partage de fichiers sur les ventes de disques - une analyse empirique »)[11].

Avancées technologiques[modifier | modifier le code]

La chute du marché est attribuée, selon le quotidien français Le Monde en 2008, à « l’arrivée massive de nouveaux médias (téléphonie, web, baladeurs numériques…) et les habitudes de gratuité acquises par les consommateurs »[2].

Le prix Nobel d'économie Paul Krugman donne une cause possible. Il estime que le modèle économique dont le but est de vendre des copies d'une œuvre n'est plus viable puisqu'en informatique la copie d'information ne coûte quasiment plus rien. Avant l'ère de l'internet, le disque représentait indirectement la fourniture d'un service : la copie d'une œuvre. Étant donné le faible coût d'une copie actuellement, le prix de la fourniture d'une copie semble aux yeux du consommateur de moins en moins justifié. Ainsi, l'argent dans la culture ne peut plus être réalisé dans la vente de disques, mais dans la vente de produits dérivés et de services autres que la fourniture d'une copie[12].

« Octet après octet, tout ce qui peut-être numérisé sera numérisé, rendant la propriété intellectuelle toujours plus facile à copier et toujours plus difficile à vendre plus cher qu'un prix nominal. Et nous devrons trouver les modèles économiques et les modèles d'affaires qui prennent cette réalité en compte. »

— Paul Krugman[12]

Conservatisme des industries musicales[modifier | modifier le code]

À chaque évolution technologique, que ce soit avec la radiodiffusion, la cassette audio, les chaînes de télévision musicales (à l'apparition de MTV aux États-Unis), le magnétoscope, les lecteurs MP3, et maintenant Internet, l'industrie phonographique, menacée par ces nouvelles concurrences ou ces nouveaux usages et accès à la musique produite par elle, a adopté des stratégies défensives[13].

La guerre juridique contre les innovations d'Internet a commencé avec Napster au début des années 2000. Paradoxalement, les industriels de la musique enregistrée ont soit tardé à mettre en place des offres « légales » par des plates-formes de téléchargement, soit freiné la vente de leurs catalogues aux plates-formes qui se mettaient en place. L'offre de téléchargement légal reste donc encore actuellement restreinte. Certains critiqueront qu'elle est encore peu concurrentielle, ce qui ne favoriserait pas l'innovation et donc l'attractivité des offres légales sur le web.

L'offre légale de musique par téléchargements Internet a décollé à partir de 2005 sans pour autant pouvoir compenser la chute des ventes de CD, mettant les producteurs de disque dans la crise la plus grave qu'ils aient jamais connue. Le développement du téléchargement de la musique sur les mobiles a, quant à lui, décollé en 2008.

Plus belles encore seraient les promesses des nouveaux services d'écoute de musique en streaming, qui partant d'usages communautaires tels que YouTube ou Dailymotion, tentent à présent de développer des offres en abonnements (comme Deezer soutenu en cela par Orange). Si quelques-uns de ces sites (YouTube, Deezer, Spotify) sont extrêmement fréquentés et proposent des offres étoffées (Deezer propose ainsi plus de six millions de titres fin 2010), leurs chiffres d'affaires restent très faibles. Les producteurs ont adopté une position consistant à mettre leurs catalogues à disposition moyennant des prix élevés et se faisant fortement critiquer de ne pas favoriser l'émergence de ce mode d'écoute de la musique. En France, les revenus provenant du streaming ont doublé entre 2008 et 2009. Voir les données économiques sur le site du SNEP[réf. nécessaire].

Conséquences[modifier | modifier le code]

Conséquences économiques[modifier | modifier le code]

Les majors affirment que leur marché s'est réduit de moitié entre 2000 et 2008, soit d'environ 606 millions d'euros[14].

Remises en cause[modifier | modifier le code]

La crise du disque remet en cause plusieurs logiques traditionnelles de cette filière, de même que son modèle économique lié à deux lois : celle des économies d'échelle et celle de la notoriété. Elles se résument ainsi : « on produit à perte jusqu’au succès, en finançant les jeunes talents par les profits réalisés sur les vedettes, rendues captives par des avances conséquentes »[2].

L'ensemble de la filière est ainsi dans une logique de construction de stars universelles qui assurent ensuite des rentes sur une longue période, et ceci quel que soit le genre musical. Bien sûr ce sont les stars des variétés internationales anglo-saxonnes qui sont les principaux outils de ce fonctionnement. La crise du disque et le développement de pratiques totalement nouvelles sur Internet hors de l'échange économique (et non monétisables) qui menacent les modèles économiques et les modèles d'affaires auront sans doute des conséquences importantes sur la fabrication des stars comme le note Mario d'Angelo dans un article de La Tribune : « Tout le système médiatico-culturel générant des produits musicaux universels, transculturels, intergénérationnels et à forte rentabilité est en train de perdre la main. Or, c'est ce système qui a jusqu'à présent « fait » les monstres sacrés à la Michael Jackson… dont l'espèce est peut-être en voie de disparition »[15].

Fermetures de labels[modifier | modifier le code]

Bien que le jazz soit moins touché que les genres plus populaires[16], l'un des labels de jazz et de musiques du monde le plus important de France, Label Bleu, a dû arrêter toute production en [17], laissant des artistes comme Henri Texier ou Julien Lourau sans label et sans information quant au devenir de leurs bandes[17].

Stratégies face à la crise[modifier | modifier le code]

Face à la crise, les producteurs de phonogramme (ce qui est la notion la plus appropriée, le disque étant en réalité un phonogramme mis sur un support[18]) mettent en œuvre plusieurs types de stratégies : diversification des métiers, accentuation des offres légales au format numérique, lobbying pour l'obtention de législations répressives.

Diversification (« stratégie 360 degrés »)[modifier | modifier le code]

De nombreux producteurs avaient déjà investi dans le rachat d'éditeurs de musique (publishing) et des droits éditoriaux ; en particulier les majors du disque, par un processus qui a commencé dans les années 1960, se sont constituées en multinationales de l'édition musicale. La stratégie de diversification s'est donc poursuivie, notamment pour limiter les effets du recul du CD mais tout en restant dans des métiers proches de celui de producteur phonographique. Comme l’explique le quotidien français Le Monde en 2008 : « puisque le support disque s’effondre, les entreprises de la filière musicale veulent exploiter les artistes comme des marques. Afin de dégager du profit, le producteur de phonogramme devient à la fois éditeur, organisateur de concert, patron de salle, manager »[2]. C'est ainsi par exemple, que Unviversal Music France rachète l'Olympia en 2003. D'autres majors suivront cette voie.

La stratégie 360° consiste en réalité à réaliser une intégration horizontale des différents métiers qui vendent des produits musicaux souvent identifiés autour d'artistes-interprètes. Elle permet ainsi de développer autour d'un artiste une série de services auxquels se rajoutent souvent la vente d'espaces publicitaires ainsi que des produits dérivés (tee-shirts, calendriers, badges). Par exemple, la vente de produits dérivés représentait en 2005 environ 20 % du chiffre d'affaires de Universal Music France. De même, nécessité faisant loi, la vente de musique pour des spots de publicité ou des sonneries de téléphones est devenue une démarche systématique fait l'objet de fonctions bien identifiées au sein des majors ou, parfois, dans des sociétés qui se sont spécialisées dans l'une de ces activités[4].

Comme l’explique le quotidien économique français La Tribune : « face au déclin du CD, le métier d’éditeur, qui gère les droits d’un catalogue de chansons cédés pour différentes exploitations (cinéma, publicité, compilations, illustration, sonnerie de téléphone…), apparaît depuis quelques années comme une garantie de revenus récurrents »[4]. Par exemple, Madonna confie en 2007 la gestion de ses intérêts à la société Live Nation, au détriment de la major Warner Music[2],[4]. Paul McCartney choisit le label Hear Music, codétenu par la chaîne de cafés Starbucks[4]. En France, les sociétés Because Music et Naïve commencent à diversifier leurs activités[2]. Pour Because, « le CD permet de construire les actifs de la société et les tournées d’équilibrer les résultats »[4]. Les majors se sont également diversifiées dans la production de concerts : Warner Music rachète ainsi en Jean-Claude Camus Productions (la société qui gère les tournées de Michel Sardou, Jean-Michel Jarre ou encore Johnny Hallyday)[2]. Sony elle, rachète Arachnée Production. Universal Music rachète BMG Publishing (édition musicale), la société Sanctuary (produits dérivés) et développe des activités de « management d’artistes » et de coproduction de concert. Selon son patron Pascal Nègre, en 2007, « plus de la moitié des profits d’Universal Music Group ne dépendant plus directement de la vente de CD[4].

On peut bien sûr s'interroger sur la compétence des maisons de disques à se substituer, dans de tels contrats, aux managers d'artistes ainsi que sur les possibles conflits d'intérêts inhérents à ce genre de collaboration[19]. On doit aussi constater que la diversification hormis quelques exceptions (ouverture d'une plate-forme de téléchargement par Sony Music ou antérieurement Universal), les investissements massifs ne se sont pas faits dans la musique numérique mais dans les métiers « traditionnels » de la musique (édition musicale, production de spectacles et lieux de spectacles, management d'artistes, produits dérivés, etc.

Ventes au format numérique[modifier | modifier le code]

La diversification des firmes phonographiques et en premier lieu des majors s'installent sur le marché du disque dans les métiers « traditionnels » de la musique (édition musicale, production de spectacles et lieux de spectacles, management d'artistes, produits dérivés, etc.) hormis quelques exceptions comme l'ouverture d'un site en streaming par Sony Music ou antérieurement une plate-forme de téléchargements par Universal. Pas d'investissements massifs réalisés directement dans la diffusion numérique. La stratégie poursuivie consiste avant tout à rester des fournisseurs de phonogrammes pour des services en ligne qui ne dépendent pas des anciens producteurs-distributeurs de disque. Elle passe parfois par le financement de la musique gratuite par la publicité. Elle doit cependant avant tout trouver les moyens d’échapper à ce que les producteurs appellent la « contrefaçon » par la mise en place de techniques de protection sûres (DRM). Cette stratégie passe en particulier par des alliances avec les opérateurs de télécom.

En 2008, le cabinet d’étude Juniper Networks estime cependant que les recettes issues des téléchargement payants ne parviendront pas à compenser le déclin des ventes de CD avant l’année 2010[4]. Estimation qui s'est révélée fausse : en France par exemple, les téléchargements internet et mobiles dépassent à peine 67 millions d'euros en 2009 (chiffres SNEP).

En France, la première alliance entre un producteur de musique et un opérateur télécom. a été passée entre Universal et Neuf Cegetel, basée sur une formule d’accès à la musique (et aux clips vidéo) gratuite et une autre payante en Le Monde, , idem. Les concurrents suivent : EMI Music a choisi l’opérateur Alice[2]. Dans le monde, les ventes légales de musique numérisées ont progressé de 40 % en 2007, selon le syndicat mondial des producteurs de musique IFPI, mais c’est insuffisant pour compenser la baisse des ventes de disques car le numérique ne représente que 15 % des recettes de musique (2,9 milliards de dollars de chiffre d'affaires pour le numérique en 2007)[1]. Ainsi, en 2007, 13 % des ventes d’Universal Music en France ont été réalisées sous format numérique[3]. Pascal Nègre mise sur deux formes de vente de fichier audio numérique : le téléchargement à l’acte et surtout les abonnements. Des indépendants tels que Abeille Musique se sont également lancés dans la réalisation de plateforme de téléchargement (en l'occurrence Qobuz.com lancé fin 2009). Ces nouvelles activités supposent évidemment de gros investissements de départ ; de plus, dans des genres musicaux tels que la musique classique, jusqu'en 2008 les procédés techniques ne permettaient pas une qualité sonore comparable à celle du disque audionumérique (Qobuz utilise notamment le procédé LossLess).

Le format numérique permet en théorie à l'artiste de se passer de producteur et distributeur officiel. Le groupe Radiohead a ainsi pu, grâce à sa notoriété, laisser les internautes décider eux-mêmes du prix d’achat de leur album, In Rainbows[4]. L'abandon progressif des DRM et la facilité de distribution a également permis aux indépendants de réapparaître sur le marché grâce à des sites comme Airtist, Xtrib.com ou Hotzic. Des « labels participatifs » se sont créés pour institutionnaliser cette méthode : Sellaband aux Pays-Bas, ou My Major Company et Yourmusichall en France[4].

Récupération accrue des droits[modifier | modifier le code]

La stratégie d’Universal Music prévoit aussi d’une meilleure récupération des droits auprès des stations de radio (la rémunération des radios privées a été augmentée fin 2007-début 2008) et des lieux publics sonorisés (magasinsetc.)[3].

Fusions de producteurs[modifier | modifier le code]

Sur un marché en crise, les fusions sont censées permettre de sauver les marges en amortissant les coûts sur un chiffre d’affaires élargi. Les majors se sont ainsi concentrés ces dernières années, à l’image de la fusion entre Sony et BMG[20].

Nouveaux modes de distribution[modifier | modifier le code]

Certains producteurs ou artistes choisissent d'établir des partenariats pour assurer leurs ventes de CD. Bien que les clauses de ces arrangements soient rarement dévoilées, on imagine que le producteur ou l'artiste reçoit un montant défini à l'avance pour l'écoulement d'un stock de CD.

Par exemple le groupe de soul/funk Kool and the Gang a distribué en France son album Still Kool, paru en 2007, avec les paquets de lessive Bonux. Le partenariat a été monté entre Universal et Procter & Gamble[21]. Le groupe de hard rock australien AC/DC a distribué son album Black Ice (2008) en exclusivité dans les magasins Walmart aux États-Unis. Le chanteur et musicien Prince (qui est également son propre producteur) a été l'auteur de plusieurs coups d'éclat dans le domaine de la distribution de musique. En 2004, il offre son CD Musicology pour tout achat d'un billet de concert. En 2007, son CD Planet Earth a été distribué en Grande-Bretagne avec un hebdomadaire, The Mail of Sunday, tiré pour l'occasion à trois millions d'exemplaires. En 2009, il donne l'exclusivité de la distribution d'un coffret de trois disques, Lotusflow3r, aux magasins Target aux États-Unis. En 1997, le quintuple CD Crystal Ball avait été le premier disque de l'histoire à être vendu sur pré-commande et uniquement sur internet. Cela lui a valu une distinction spéciale lors des Webby Awards de 2006[22].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d et e « Les Échos », Les Échos,‎ 25-26 janvier 2008, p. 29
  2. a b c d e f g h et i « Après la chute des ventes de disque, l’industrie musicale se recompose », sur Le Monde, .
  3. a b c et d Pascal Nègre, « Les Échos », Les Échos,‎ 25-26 janvier 2008.
  4. a b c d e f g h i et j « Les majors de la musique changent de disque », La Tribune,‎ , p. 30-31.
  5. « Le Figaro Économie », Le Figaro[,‎ , p. 26.
  6. (en-CA) « The Impact of Music Downloads and P2P File-Sharing » [« L'impact de téléchargement de musique et du partage en P2P sur l'achat de musique : une étude pour Industry Canada »] [PDF], sur ic.gc.ca, web.archive.org (consulté le ).
  7. « Peer-to-peer, gravure, échanges ; une étude inédite des comportements des internautes », sur UFC Que Choisir, web.archive.org, (consulté le ).
  8. (en) « Ups and downs – The economic and cultural effects of file sharing on music, film and games » [« Hauts et bas - Les effets économiques et culturels du partage de fichier sur la musique, les films et les jeux vidéo »], sur tno.nl, web.archive.org (consulté le ).
  9. (en) « OECD Report on Digital Music: Opportunities and Challenges » [« Rapport de l'OCDE sur la musique numérique : opportunités et défis »], sur OCDE, web.archive.org (consulté le ).
  10. « Le peer to peer un autre modèle économique pour la musique », sur irma.asso.fr, archive.is (consulté le ).
  11. (en) Felix Oberholzer, « The Effect of File Sharing on Record Sales : An Empirical Analysis » [« Les effets du partage de fichiers sur les ventes de disques - une analyse empirique »] [PDF], Harvard Business School, (consulté le ).
  12. a et b « Le Nobel d'économie P. Krugman favorable au téléchargement gratuit », sur Numerama, web.archive.org, (consulté le ).
  13. Mario d'Angelo, La Renaissance du disque. Les mutations mondiales d'une industrie culturelle, La Documentation Française, , Le développement de la radio à partir de la fin des années 1920 qui, de plus, était conjointe à la crise économique, avait décimé l'industrie du disque : aux États-Unis par exemple les principales firmes de disques (Victor Records, Columbia) se font racheter par les nouveaux groupes de radio (RCA, CBS).
  14. « 10 chiffres pour comprendre la crise du disque », sur L'Expansion, web.archive.org, (consulté le ).
  15. Mario, d'Angelo, « Michael Jackson, la fin d'un certain "business model" », sur La Tribune, web.archive.org, (consulté le ).
  16. Jazzman, , chap. 142, p. 5.
  17. a et b Jazzman, , chap. 143, p. 48–50.
  18. Mario d'Angelo, Socio-économie de la musique en France, La Documentation Française, , Cette vision du métier est déjà présente dans les années 1980 lorsque, malgré l'euphorie due aux succès du CD, les producteurs comprennent qu'ils doivent se faire rémunérer toutes les utilisations des musiques qu'ils produisent : vidéomusiques (clips), synchronisations, diffusion par les radios (la rémunération équitable est alors mise en place en France et perçue par la SPRE pour le compte des artistes et des producteurs.
  19. Hubert Mansion, Tout le monde vous dira non : There is no business like show business, Montréal, Stanké, coll. « Autour du livre », (ISBN 2-9165-6017-3).
  20. « La Tribune », La Tribune,‎ , p. 30-31.
  21. Philippe Barbot, « Kool and the Gang lavent plus blanc », sur Yahoo!, .
  22. L'usage visionnaire d'Internet de Prince récompensé aux Webby Awards - Échos du Net, 4 juin 2006

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]