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L'expression '''Gaule narbonnaise''' (''Gallia narbonensis'' en latin) désigne, chez certains historiens du {{s-|XIX|e}}, une [[province romaine]] ainsi nommée dès [[-118|118 {{av JC}}]] après la fondation de la colonie romaine de Narbonne. En réalité, la province a été successivement nommée :
L'expression '''Gaule narbonnaise''' (en latin ''Gallia narbonensis'') désigne dans l'historiographie française
la [[province romaine]] établie dans le sud-est de la [[Gaule]] après la fondation de la colonie romaine de Narbonne en [[-118|118 {{av JC}}]]. Elle s'étend de [[Toulouse]] à [[Vienne]] en passant par [[Narbonne]], [[Nîmes]] et [[Orange]].

Après la conquête de la [[Gaule chevelue]] par [[César]] en -52, cette province romanisée reste à part des Trois Gaules, mais sera intégrée à la [[préfecture du prétoire des Gaules]] par [[Dioclétien]].

Province romaine de Gaule par excellence, elle transmet ce nom à la [[Provence]] au début du Moyen Âge.

== Noms officiels de la Narbonnaise ==
Cette province a été successivement nommée :
* « [[Gaule transalpine]] » après sa conquête par Rome ;
* « [[Gaule transalpine]] » après sa conquête par Rome ;
* « [[Gaule romaine]] » après la [[conquête des Gaules|conquête du reste de la Gaule]] par [[Jules César]], pour la distinguer de la [[Gaule chevelue]] (mais l'expression « Gaule transalpine » a continué d'être utilisée) ;
* « [[Gaule romaine]] » après la [[conquête des Gaules|conquête du reste de la Gaule]] par [[Jules César]], pour la distinguer de la [[Gaule chevelue]] (mais l'expression « Gaule transalpine » a continué d'être utilisée) ;
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La [[Provence]] doit son nom à l'époque [[Rome antique|romaine]] : première conquête de la [[Gaule transalpine]] entre [[-58|58]] et [[-51|51 av. J.-C.]] Selon Victor Chapot, membre de l'Institut de France, elle est intégrée à la [[province romaine]] (en latin ''Provincia'') du nom de [[Viennoise]], dont la capitale est [[Vienne (Isère)|Vienne]], sous le règne de [[Dioclétien]]. [[Jules César|César]] dans ''[[Commentaires sur la guerre des Gaules|La Guerre des Gaules]]'' dit passer de ''Provincia'' en ''Narbonnensis''.
La [[Provence]] doit son nom à l'époque [[Rome antique|romaine]] : première conquête de la [[Gaule transalpine]] entre [[-58|58]] et [[-51|51 av. J.-C.]] Selon Victor Chapot, membre de l'Institut de France, elle est intégrée à la [[province romaine]] (en latin ''Provincia'') du nom de [[Viennoise]], dont la capitale est [[Vienne (Isère)|Vienne]], sous le règne de [[Dioclétien]]. [[Jules César|César]] dans ''[[Commentaires sur la guerre des Gaules|La Guerre des Gaules]]'' dit passer de ''Provincia'' en ''Narbonnensis''.

== La conquête romaine ==
== La conquête romaine ==
[[Fichier:Map Gallia Tribes Towns.png|vignette|upright=1|La Gaule narbonnaise (''Gallia narbonnensis''), avant la conquête romaine par [[Jules César]] ([[-58|58]] {{av JC}}).]]
[[Fichier:Map Gallia Tribes Towns.png|vignette|upright=1|La Gaule narbonnaise (''Gallia narbonnensis''), avant la conquête romaine par [[Jules César]] ([[-58|58]] {{av JC}}).]]

Version du 19 mars 2024 à 21:56

Gaule narbonnaise
(la) Gallia Narbonensis

IIe siècle av. J.-C – 418

Description de cette image, également commentée ci-après
La province romaine de Narbonnaise vers l'an 120
Informations générales
Statut Empire romain d'Occident
Capitale Narbo Martius
Langue(s) Latin vulgaire
Gallo-roman
Histoire et événements
418 Fœdus de 418

Entités précédentes :

Entités suivantes :

L'expression Gaule narbonnaise (en latin Gallia narbonensis) désigne dans l'historiographie française la province romaine établie dans le sud-est de la Gaule après la fondation de la colonie romaine de Narbonne en 118 av. J.-C.. Elle s'étend de Toulouse à Vienne en passant par Narbonne, Nîmes et Orange.

Après la conquête de la Gaule chevelue par César en -52, cette province romanisée reste à part des Trois Gaules, mais sera intégrée à la préfecture du prétoire des Gaules par Dioclétien.

Province romaine de Gaule par excellence, elle transmet ce nom à la Provence au début du Moyen Âge.

Noms officiels de la Narbonnaise

Cette province a été successivement nommée :

À la suite de la réorganisation de l'Empire par Dioclétien (vers 300), sont créées les provinces de Narbonnaise première, de Narbonnaise seconde et de Viennoise.

La Provence doit son nom à l'époque romaine : première conquête de la Gaule transalpine entre 58 et 51 av. J.-C. Selon Victor Chapot, membre de l'Institut de France, elle est intégrée à la province romaine (en latin Provincia) du nom de Viennoise, dont la capitale est Vienne, sous le règne de Dioclétien. César dans La Guerre des Gaules dit passer de Provincia en Narbonnensis.

La conquête romaine

La Gaule narbonnaise (Gallia narbonnensis), avant la conquête romaine par Jules César (58 av. J.-C.).
La Gaule narbonnaise (A.H. Dufour, La Gaule sous l'Empire romain, 1846).

Rome conquiert la région entre 125 av. J.-C. et 121 av. J.-C., après une série de campagnes dirigées notamment par Gnaeus Domitius Ahenobarbus et Fabius Maximus Allobrogicus. Les Romains occupent le territoire allant des Pyrénées aux Alpes et de Toulouse au lac Léman, et la construction de la via Domitia leur permet d'établir une liaison terrestre entre l'Espagne (Hispanie) et le nord de l'Italie (Gaule cisalpine). La ville grecque de Massalia (Marseille), avec son arrière-pays, conserve son statut de cité indépendante, mais alliée à Rome.

Dès la fin de la conquête, sont fondées des villes ou des colonies, parfois associées à des installations celtes ou ligures plus anciennes :

En 107 av. J.-C., une révolte à Tolosa (Toulouse) contre la garnison romaine entraîne une reprise en main de Rome, par Cépion (Quintus Servilius Caepio) en 106 av. J.-C., qui selon la légende pille les sanctuaires gaulois, qui recelaient 70 tonnes d'or. Ce trésor, connu sous le nom de l’« Or de Toulouse », contenait des pièces prises lors des pillages en Grèce, notamment dans les sanctuaires de Delphes, par les Volques Tectosages lors de la « Grande Expédition » des Celtes dans les Balkans en 280 av. J.-C.

Ces installations permettent à Rome de contrôler le territoire et d'assurer, en toutes saisons, la sécurité des liaisons commerciales et militaires entre les provinces romaines de l'Italie et celles de l'Espagne. Ainsi sont sous contrôle côté gaulois tous les cols des Alpes et les routes qui les traversent, toute la vallée du Rhône jusqu'au Lac Léman, englobant la sphère d'activité économique de Massalia, toute la côte du Languedoc entre Rhône et Pyrénées, l'Occitanie jusqu’à Tolosa, et tous les cols des Pyrénées orientales et les routes qui y passent, vers les riches provinces espagnoles. Cette conquête permet aussi à Rome de contrôler les débouchés des routes économiques gauloises vers la Méditerranée, notamment la route de l'étain, et va constituer la première étape de la conquête des Gaules par Rome, achevée par César un siècle plus tard.

La province porte le nom de Gaule transalpine (par opposition à la Gaule cisalpine, conquise par Rome vers -200) ; elle est aussi surnommée Braccata, en allusion aux braies (braccae) portées par ses habitants, alors que les habitants de Gaule cisalpine sont vêtus à la romaine.

En 109 av. J.-C., elle est ravagée par les Cimbres, les Teutons, et les Ambrons durant l'épisode de la guerre des Cimbres.

Jules César, proconsul de Narbonnaise de 58 av. J.-C. à 49 av. J.-C., l'utilise comme base pour la conquête des Gaules, puis il parachève enfin la conquête de la Gaule transalpine en annexant Massilia, qui a pris le parti de Pompée.

Le début de l'Empire

Durant le principat d'Auguste, Narbo Martius (Narbonne) prend de l'importance. En 22 av. J.-C., il réorganise l'administration de la province de Gaule transalpine, qui devient une province sénatoriale, placée sous l'autorité du Sénat. Après avoir fixé la capitale à Narbo Martius, la province prend le nom de « Gaule narbonnaise », divisée en 22 cités (civitates) de taille très inégale. Les plus grandes reprennent, à peu de chose près, les limites des anciens peuples : il en est ainsi pour la cité des Allobroges (Vienne), la cité des Volques (Nîmes), la cité des Cavares (Avignon, Cavaillon et la colonie d’Orange), ou la cité fédérée des Voconces (Vaison).

Narbo Martius devient un des plus grands ports méditerranéens de commerce, au carrefour de deux grandes routes romaines, la via Domitia d'Italie en Espagne par la Gaule narbonnaise, construite en 118 av. J.-C., et la via Aquitania partant de Narbo Martius vers Tolosa (Toulouse) et Burdigala (Bordeaux). Les campagnes alentour sont partagées en de grands domaines agricoles, où on cultive le blé, l’olivier, qui fournit des huiles de qualité, et la vigne, qui produit des vins réputés. Narbo Martius connaît une période de splendeur aux deux premiers siècles de l'ère chrétienne, lorsque les ressources du terroir ainsi que les carrefours routiers et maritimes sont exploités intensivement.

Un texte de Pline l'Ancien décrit la Gaule narbonnaise, et nous donne des indications précieuses sur la manière dont elle était perçue à Rome au Ier siècle :

« Narbonensis provincia appellatur pars Galliarum quae interno mari adluitur, Bracata antea dicta, amne Varo ab Italia discreta Alpiumque vel saluberrimis Romano imperio iugis, a reliqua vero Gallia latere septentrionali montibus Cebenna et Iuribus, agrorum cultu, virorum morumque dignatione, amplitudine opum nulli provinciarum postferenda breviterque Italia verius quam provincia »[1].

« On appelle Province Narbonnaise la partie des Gaules sur le littoral de la Mer Intérieure. Autrefois nommée Bracata, elle est séparée de l'Italie par le fleuve Var et par les hauteurs des Alpes, rempart naturel le plus sûr pour l'Empire romain. Mais au nord, elle est séparée du reste de la Gaule par les montagnes des Cévennes et du Jura ; la Province Narbonnaise ne doit pas être considérée comme la dernière des provinces en raison de la qualité de ses cultures, de la respectabilité de ses habitants et de leurs traditions, et de l'abondance de ses ressources. Bref, la Narbonnaise ressemble plus à l'Italie qu'à une simple province ».

La réforme de Dioclétien et ses suites

Au IVe siècle, sous la tétrarchie, la Gaule narbonnaise est divisée en trois provinces, toutes rattachées à la préfecture du prétoire des Gaules :

Ces trois provinces relevaient du diocèse de Vienne, si bien que la Viennoise était parfois appelée Viennoise première (Viennensis prima) ; la Narbonnaise première, Viennoise seconde (Viennensis secunda) ; la Narbonnaise seconde, Viennoise troisième (Viennensis terta) ; les Alpes-Maritimes, Viennoise quatrième (Viennensis quarta).

Au Ve siècle, la Viennoise est divisée à son tour en deux provinces :

La période des invasions (Ve siècle)

Tracés des grandes invasions entre le IIe et le VIe siècle.

Lors des grandes invasions suivant l'année 406, la Narbonnaise première fut progressivement occupée par les Wisigoths, qui firent de Narbonne la capitale du royaume de Toulouse[2].

La Viennoise et la Narbonnaise seconde formèrent le dernier carré romain avec l’Italie, avant d’être partagées vers 476 entre le royaume burgonde et le royaume d’Odoacre. Celui-ci, maître de l'Italie et de la Dalmatie, l'abandonne bientôt au profit des Wisigoths.

Liste (Partiels) des proconsuls de Narbonnaise

  • Cnaeus Pullius Pollio (-18/-16)
  • Titedius Labeo (sous Tibère)
  • Manius Vibius Balbinus (15/17)
  • Torquatus Novellius Atticus (30/34)
  • Titus Mussidius Pollianus (34/37)
  • Titus Vinius (sous Néron)
  • Lucius V(...)bius Bassus (vers 77)
  • Caius Iulius Cornutus Tertullus (avant 78)
  • Aulus Larcius Priscus (103/109)
  • Marcus Acilius Priscus Egrilius Plarianus (118/120)
  • Lucius Annius Sextius Florentinus (vers 124)
  • Lucius Aurelius Gallus (124/127)
  • Lucius Novius Crispinus Martialis Saturninus (144/145)
  • Caius Seius Calpurnius Quadratus Sitianus (avant 150)
  • Lucius Cestius Gallus (entre 165 et 183)
  • Cnaeus Cornelius Aquilius Niger (entre 138 et 192)
  • Lucius Fabius Cilo (entre 180 et 192)
  • (...)dius T.F. (IIe siècle)
  • Lucius Ranius Optatus Novatus (entre 193 et 217)
  • inconnu, exécuter pour son allégeance à Geta (vers 210)
  • (...)us (entre 210 et 230)
  • Titus Claudius Paullinus (216/217)
  • Caius Aemilius Berenicianus Maximus (entre 222 et 235)
  • Julianus (entre 222 et 235)

Liste des villes de Gaule narbonnaise

Sites archéologiques de Gaule narbonnaise

Notes et références

  1. (la) Pliny The Elder, Naturalis Historia, Livre 3, Chapitre 20.
  2. André Bonnery, « La Septimanie sème la zizanie », Historia,‎ , p. 26-30

Voir aussi

Bibliographie

  • Michel Bats, Bernard Dedet, Pierre Garmy, Thierry Janin, Claude Raynaud et Martine Schwaller, Peuples et territoires en Gaule méditerranéenne - Hommage à Guy Barruol, Montpellier, Revue archéologique de Narbonnaise - Suppl. 35, 2003, 586 p.
  • Michel Christol, Une histoire provinciale. La Gaule narbonnaise de la fin du IIe siècle av. J.-C. au IIIe siècle après J.-C., Paris, Publications de la Sorbonne, 2010, 702 p.
  • Dom Devis et Dom Vaisette, Histoire générale de Languedoc - tome premier, Éditions Privat et Claude Tchou pour la Bibliothèque des Introuvables, 2003, (1re édition au XIXe siècle), 1290 p.
  • Stéphane Drémont, M. David Louka (sous la direction de), Entre Rhône et Pyrénées : Aspects de la vie matérielle en Gaule Narbonnaise entre la fin du Ier siècle av. J.-C. et le VIe siècle apr. J.-C., à paraître aux Éditions M. Mergoil, coll. Archéologie et Histoire romaine, Montagnac.
  • Stéphane Drémont, « Romanisation et occupation du sol en Gaule Transalpine (IIe – Ier siècles av. J.-C.) », in M. Nier Benoit, M. Passelac, Ch. Pellecuer, P. Garmy dir., « Signes de la romanisation », chronique I, Revue arch. de Narbonnaise 31, 1998, p. 301-306.
  • M. Gayraud, « Le proconsulat de Narbonnaise sous le Haut-Empire », Revue des études anciennes, 72, 1970.
  • Pierre Gros, La Gaule Narbonnaise. De la conquête romaine au IIIe siècle apr. J.-C., Paris, Picard, 2008, 166 p.
  • Ella Hémon, « Le problème des sources de la conquête de la Gaule Narbonnaise », Dialogues d'histoire ancienne, 1978, p. 135-169. [1]
  • Stéphane Morabito, « Rome et la conquête des territoires du futur département des Alpes-Maritimes », in Carte Archéologique de la Gaule 06 : Les Alpes-Maritimes, Paris, Académie des inscriptions et belles-lettres, 2010, p. 106-107.

Articles connexes

Antiquité romaine tardive

Liens externes