« Opération Undergo » : différence entre les versions

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L''''opération ''Undergo''''' est une attaque de la [[3e Division du Canada|3{{e}} division d'infanterie canadienne]] contre la garnison allemande et les fortifications du port français de [[Calais]] en [[Septembre 1944 (guerre mondiale)|septembre 1944]].
L''''opération ''Undergo''''' est une attaque de la [[3e Division du Canada|{{3e}} division d'infanterie canadienne]] contre la garnison allemande et les fortifications du port français de [[Calais]] en [[Septembre 1944 (guerre mondiale)|septembre 1944]].


Une opération subsidiaire fut exécutée pour capturer l'artillerie lourde allemande à longue portée au [[Cap Gris-Nez]], qui menaçait les approches maritimes de [[Boulogne-sur-Mer|Boulogne]]. L'opération faisait partie de la [[Opération Paddle|libération de la côte normande]] entreprise par la [[1re Armée canadienne|{{1re}} armée canadienne]], après la victoire de l'[[Bataille de Normandie|opération ''Overlord'']] après le [[débarquement de Normandie]]. L'assaut sur Calais utilisa la tactique de l'[[Opération Wellhit|opération ''Wellhit'']] à Boulogne, scellant la ville, effectuant des bombardements terrestres, maritimes et aériens, suivis d'assauts d'infanterie appuyés par des blindés, y compris des chars lance-flammes et des [[Tir de barrage|tirs de barrages]].
Une opération subsidiaire fut exécutée pour capturer l'artillerie lourde allemande à longue portée au [[Cap Gris-Nez]], qui menaçait les approches maritimes de [[Boulogne-sur-Mer|Boulogne]]. L'opération faisait partie de la [[Opération Paddle|libération de la côte normande]] entreprise par la [[1re Armée canadienne|{{1re}} armée canadienne]], après la victoire de l'[[Bataille de Normandie|opération ''Overlord'']] après le [[débarquement de Normandie]]. L'assaut sur Calais utilisa la tactique de l'[[Opération Wellhit|opération ''Wellhit'']] à Boulogne, scellant la ville, effectuant des bombardements terrestres, maritimes et aériens, suivis d'assauts d'infanterie appuyés par des blindés, y compris des chars lance-flammes et des [[Tir de barrage|tirs de barrages]].


La ville avait été déclarée ''{{lang|de|[[Poches de l'Atlantique|Festung]]}}'' (forteresse) mais une fois pressée, sa garnison de second ordre n'avait besoin que de peu de persuasion pour se rendre. Cette réticence à se battre jusqu'au bout se répéta au [[cap Gris-Nez]]. Les [[7e Brigade d'infanterie canadienne|7{{e}}]] et [[8e Brigade d'infanterie canadienne|8{{e}} brigades d'infanterie canadiennes]] lancèrent l'attaque principale du sud-ouest de Calais et dégagèrent les défenses extérieures des côtés sud et ouest du port. La 8{{e}} brigade canadienne fut ensuite transférée du côté est et les lignes défensives intérieures furent attaquées des deux côtés. Les Allemands appelèrent à une trêve qui, après un malentendu, conduisit à une reddition inconditionnelle de la garnison. La [[9e Brigade d'infanterie canadienne|9{{e}} brigade]] captura les batteries lourdes sur le cap Gris-Nez au même moment.
La ville avait été déclarée ''{{lang|de|[[Poches de l'Atlantique|Festung]]}}'' (forteresse) mais une fois pressée, sa garnison de second ordre n'avait besoin que de peu de persuasion pour se rendre. Cette réticence à se battre jusqu'au bout se répéta au [[cap Gris-Nez]]. Les [[7e Brigade d'infanterie canadienne|7{{e}}]] et [[8e Brigade d'infanterie canadienne|{{8e}} brigades d'infanterie canadiennes]] lancèrent l'attaque principale du sud-ouest de Calais et dégagèrent les défenses extérieures des côtés sud et ouest du port. La {{8e}} brigade canadienne fut ensuite transférée du côté est et les lignes défensives intérieures furent attaquées des deux côtés. Les Allemands appelèrent à une trêve qui, après un malentendu, conduisit à une reddition inconditionnelle de la garnison. La [[9e Brigade d'infanterie canadienne|{{9e}} brigade]] captura les batteries lourdes sur le cap Gris-Nez au même moment.


== Contexte ==
== Contexte ==


=== Percée alliée ===
=== Percée alliée ===
Dans le nord de la France, toutes les forces armées allemandes de la [[Wehrmacht]] se retirèrent après la catastrophe de la [[poche de Falaise]] et la percée alliée marquant la fin de la [[bataille de Normandie]]. Aucune défense de réserve n'était disponible car [[Adolf Hitler]] avait interdit leur mise en œuvre. Les avancées rapides des Alliés dans l'est de la France et à travers la Belgique étirèrent leurs lignes de ravitaillement. La capture des ports pour l'approvisionnement fut la tâche confiée à la [[1re Armée canadienne|{{1re}} armée canadienne]] par le général [[Bernard Montgomery]], qui jugea qu'il avait besoin des ports de la Manche du [[Le Havre|Havre]], [[Dieppe (Seine-Maritime)|Dieppe]], [[Boulogne-sur-Mer|Boulogne]], [[Calais]] et [[Dunkerque]] pour approvisionner le [[21e groupe d'armées (Royaume-Uni)|21{{e}} groupe d'armées]], dans une tentative de percée vers l'Allemagne sans passer par la libération d'[[Anvers]]. La plupart des ports avaient été fortifiés et devaient être tenus par leurs garnisons le plus longtemps possible{{Sfn|Monahan|1947|p=74}}.
Dans le nord de la France, toutes les forces armées allemandes de la [[Wehrmacht]] se retirèrent après la catastrophe de la [[poche de Falaise]] et la percée alliée marquant la fin de la [[bataille de Normandie]]. Aucune défense de réserve n'était disponible car [[Adolf Hitler]] avait interdit leur mise en œuvre. Les avancées rapides des Alliés dans l'est de la France et à travers la Belgique étirèrent leurs lignes de ravitaillement. La capture des ports pour l'approvisionnement fut la tâche confiée à la [[1re Armée canadienne|{{1re}} armée canadienne]] par le général [[Bernard Montgomery]], qui jugea qu'il avait besoin des ports de la Manche du [[Le Havre|Havre]], [[Dieppe (Seine-Maritime)|Dieppe]], [[Boulogne-sur-Mer|Boulogne]], [[Calais]] et [[Dunkerque]] pour approvisionner le [[21e groupe d'armées (Royaume-Uni)|{{21e}} groupe d'armées]], dans une tentative de percée vers l'Allemagne sans passer par la libération d'[[Anvers]]. La plupart des ports avaient été fortifiés et devaient être tenus par leurs garnisons le plus longtemps possible{{Sfn|Monahan|1947|p=74}}.


Après sa reddition, le commandant de la forteresse, l'''[[Oberstleutnant]]'' Ludwig Schroeder, dissout la garnison composée de 7 500 marins, aviateurs et soldats, dont seulement 2 500 étaient aptes à servir en tant qu'[[infanterie]]. Beaucoup d'entre-eux étaient ''[[Volksdeutsche]]'' ({{citation|Allemands de souche}} nés à l'étranger) ou [[Hiwi|''Hiwis'']] (volontaires étrangers) ; le moral était au plus bas et ceux-ci étaient sensibles à la propagande alliée. Un rapport sur les interrogatoires de prisonniers après la bataille conclut :
Après sa reddition, le commandant de la forteresse, l'''[[Oberstleutnant]]'' Ludwig Schroeder, dissout la garnison composée de {{formatnum:7500}} marins, aviateurs et soldats, dont seulement {{formatnum:2500}} étaient aptes à servir en tant qu'[[infanterie]]. Beaucoup d'entre-eux étaient ''[[Volksdeutsche]]'' ({{citation|Allemands de souche}} nés à l'étranger) ou [[Hiwi|''Hiwis'']] (volontaires étrangers) ; le moral était au plus bas et ceux-ci étaient sensibles à la propagande alliée. Un rapport sur les interrogatoires de prisonniers après la bataille conclut :


{{citation bloc|Le personnel de l'armée était âgé, malade et manquait à la fois de volonté au combat et durant les interrogatoires ; le personnel naval de la même tranche d'âge n'était pas adapté à la guerre terrestre ; seuls les aviateurs de l'armée de l'air et les artilleurs montraient tous signe de bon moral, qui formaient également le seul contingent jeune de toute la garnison{{sfn|Monahan|1947|p=74}}.}}
{{citation bloc|Le personnel de l'armée était âgé, malade et manquait à la fois de volonté au combat et durant les interrogatoires ; le personnel naval de la même tranche d'âge n'était pas adapté à la guerre terrestre ; seuls les aviateurs de l'armée de l'air et les artilleurs montraient tous signe de bon moral, qui formaient également le seul contingent jeune de toute la garnison{{sfn|Monahan|1947|p=74}}.}}
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=== Terrain ===
=== Terrain ===
[[Fichier:Côte_d'Opale_topographic_map-fr.svg|vignette|Carte de la [[côte d'Opale]].]]
[[Fichier:Côte_d'Opale_topographic_map-fr.svg|vignette|Carte de la [[côte d'Opale]].]]
La côte française s'étend vers le nord depuis de Boulogne et tourne brusquement au cap Gris-Nez vers une ligne à peu près nord-nord-est, qui continue au-delà de la frontière belge. Il n'y a aucun grand port naturel mais d'importants quais ont été construits dans les basses terres de Calais. Le paysage autour du cap Gris-Nez et du [[cap Blanc-Nez]] à proximité, est une continuation des collines du [[Boulonnais]] rural vallonné. Calais est sur le bord côtier d'une plaine basse drainée par le fleuve [[Aa (fleuve)|Aa]] et des cours d'eau artificiels. La ville était fortifiée depuis des siècles ; les défenses furent utilisées par les Britanniques et les Français lors du [[Siège de Calais (1940)|siège de Calais]] en {{date-|juin 1940}} et ajoutées au système de défense côtière du [[mur de l'Atlantique]] allemand construit après 1940{{Sfn|Copp|2006|p=76}}. En 1944, les Allemands disposaient de 42 canons lourds dans les environs de Calais, notamment cinq [[Batteries d'artillerie côtières du mur de l'Atlantique|batteries d'artillerie côtières le long de la Manche]], la batterie ''Lindemann'' (quatre canons de {{Nobr|406 mm}} à [[Sangatte]]), la batterie ''Wissant'' (canons de 150 mm près de [[Wissant]]), [[Batterie Todt|batterie ''Todt'']] (quatre canons de {{Nobr|380 mm}}), ''Grosser Kurfust'' (quatre canons de {{Nobr|280 mm}}) et ''Gris-Nez'' (trois canons de {{Nobr|170 mm}}{{Sfn|Stacey|1960|p=352}}). Les Allemands avaient cassé les systèmes de drainage, inondant l'arrière-pays et mis en place de grands enchevêtrements de [[Fil de fer barbelé|barbelés]], des champs de mines et des blockhaus{{Sfn|Copp|2006|p=76}}.
La côte française s'étend vers le nord depuis de Boulogne et tourne brusquement au cap Gris-Nez vers une ligne à peu près nord-nord-est, qui continue au-delà de la frontière belge. Il n'y a aucun grand port naturel mais d'importants quais ont été construits dans les basses terres de Calais. Le paysage autour du cap Gris-Nez et du [[cap Blanc-Nez]] à proximité, est une continuation des collines du [[Boulonnais]] rural vallonné. Calais est sur le bord côtier d'une plaine basse drainée par le fleuve [[Aa (fleuve)|Aa]] et des cours d'eau artificiels. La ville était fortifiée depuis des siècles ; les défenses furent utilisées par les Britanniques et les Français lors du [[Siège de Calais (1940)|siège de Calais]] en {{date-|juin 1940}} et ajoutées au système de défense côtière du [[mur de l'Atlantique]] allemand construit après 1940{{Sfn|Copp|2006|p=76}}. En 1944, les Allemands disposaient de 42 canons lourds dans les environs de Calais, notamment cinq [[Batteries d'artillerie côtières du mur de l'Atlantique|batteries d'artillerie côtières le long de la Manche]], la batterie ''Lindemann'' (quatre canons de {{Nobr|406 mm}} à [[Sangatte]]), la batterie ''Wissant'' (canons de {{unité|150|mm}} près de [[Wissant]]), [[Batterie Todt|batterie ''Todt'']] (quatre canons de {{Nobr|380 mm}}), ''Grosser Kurfust'' (quatre canons de {{Nobr|280 mm}}) et ''Gris-Nez'' (trois canons de {{Nobr|170 mm}}{{Sfn|Stacey|1960|p=352}}). Les Allemands avaient cassé les systèmes de drainage, inondant l'arrière-pays et mis en place de grands enchevêtrements de [[Fil de fer barbelé|barbelés]], des champs de mines et des blockhaus{{Sfn|Copp|2006|p=76}}.


== Prélude ==
== Prélude ==
Les Alliés ont jugé essentiel de réduire au silence les lourdes batteries côtières allemandes autour de Calais qui pourraient menacer les navires à destination de Boulogne et bombarder [[Douvres]] et des cibles intérieures{{Sfn|Stacey|1960}}. Spry conçut un plan similaire que lors de l'[[Opération Wellhit|opération ''Wellhit'']], la prise de Boulogne un peu plus tôt en septembre. Un bombardement terrestre, maritime et aérien {{citation|adoucirait}} les défenseurs, même en échouant à détruire les défenses. Des assauts d'infanterie suivraient, précédés de bombardements locaux afin de garder les défenseurs retranchés, pour permettre l'assaut des véhicules lance-flammes [[Churchill Crocodile]] et [[Universal Carrier]]. Des véhicules blindés de [[transport de troupes Kangaroo]] seraient ensuite déployés pour débarquer l'infanterie au plus près possible de leurs objectifs.
Les Alliés ont jugé essentiel de réduire au silence les lourdes batteries côtières allemandes autour de Calais qui pourraient menacer les navires à destination de Boulogne et bombarder [[Douvres]] et des cibles intérieures{{Sfn|Stacey|1960}}. Spry conçut un plan similaire que lors de l'[[Opération Wellhit|opération ''Wellhit'']], la prise de Boulogne un peu plus tôt en septembre. Un bombardement terrestre, maritime et aérien {{citation|adoucirait}} les défenseurs, même en échouant à détruire les défenses. Des assauts d'infanterie suivraient, précédés de bombardements locaux afin de garder les défenseurs retranchés, pour permettre l'assaut des véhicules lance-flammes [[Churchill Crocodile]] et [[Universal Carrier]]. Des véhicules blindés de [[transport de troupes Kangaroo]] seraient ensuite déployés pour débarquer l'infanterie au plus près possible de leurs objectifs.


Les assauts étaient prévus pour s'approcher de Calais par l'ouest et le sud-ouest, évitant les zones les plus inondées et les principales agglomérations. L'attaque de la [[8e Brigade d'infanterie canadienne|8{{e}} brigade canadienne]] venant de l'ouest était contre les positions d'[[Escalles]], près du cap Blanc-Nez et de Noires Mottes. La [[7e Brigade d'infanterie canadienne|7{{e}} brigade canadienne]] devait attaquer les garnisons de Belle Vue, [[Coquelles]] et Calais. Le côté est de la ville sera cerné par les [[Cameron Highlanders of Ottawa]] pour empêcher toute fuite ; la [[9e Brigade d'infanterie canadienne|9{{e}} brigade canadienne]] prendrait le relais du 7{{e}} régiment de reconnaissance au cap Gris-Nez et se préparait à y capturer les batteries.
Les assauts étaient prévus pour s'approcher de Calais par l'ouest et le sud-ouest, évitant les zones les plus inondées et les principales agglomérations. L'attaque de la [[8e Brigade d'infanterie canadienne|{{8e}} brigade canadienne]] venant de l'ouest était contre les positions d'[[Escalles]], près du cap Blanc-Nez et de Noires Mottes. La [[7e Brigade d'infanterie canadienne|{{7e}} brigade canadienne]] devait attaquer les garnisons de Belle Vue, [[Coquelles]] et Calais. Le côté est de la ville sera cerné par les [[Cameron Highlanders of Ottawa]] pour empêcher toute fuite ; la [[9e Brigade d'infanterie canadienne|{{9e}} brigade canadienne]] prendrait le relais du {{7e}} régiment de reconnaissance au cap Gris-Nez et se préparait à y capturer les batteries.


Montgomery avait reçu l'ordre prendre Anvers et pressa rapidement le général [[Harry Crerar|Crerar]] de capturer les ports de cette zone de la Manche. Crerar déploya les efforts considérables pour capturer ceux-ci et les remettre en service en un temps imparti. Après avoir obtenu les directives de la Royal Navy, il décida qu'il était prêt à accepter un « masquage » (isolement de la garnison ennemie avec une force réduite) de Calais et le redéploiement des troupes et du matériel à Anvers. Cependant, cette annonce ne fut pas transmise au [[major général]] {{lien|Daniel Spry}} qui poursuivit son assaut sur Calais{{sfn|Copp|2006|pp=75–76}}.
Montgomery avait reçu l'ordre prendre Anvers et pressa rapidement le général [[Harry Crerar|Crerar]] de capturer les ports de cette zone de la Manche. Crerar déploya les efforts considérables pour capturer ceux-ci et les remettre en service en un temps imparti. Après avoir obtenu les directives de la Royal Navy, il décida qu'il était prêt à accepter un « masquage » (isolement de la garnison ennemie avec une force réduite) de Calais et le redéploiement des troupes et du matériel à Anvers. Cependant, cette annonce ne fut pas transmise au [[major général]] {{lien|Daniel Spry}} qui poursuivit son assaut sur Calais{{sfn|Copp|2006|pp=75–76}}.
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=== Wissant ===
=== Wissant ===
La 7{{e}} brigade canadienne avait bouclé Calais début septembre et les ''Regina Rifles'' s'emparèrent de la ville côtière de [[Wissant]], isolant les batteries du cap Gris-Nez de Calais et prirent la batterie ''Wissant'' avec ses quatre canons de {{Nobr|150 mm}}. Ce succès incita Spry à attaquer le cap Gris-Nez avec deux bataillons, mais la tentative échoua et la zone fut laissée pour plus tard{{Sfn|Copp|2006|p=76}}.
La {{7e}} brigade canadienne avait bouclé Calais début septembre et les ''Regina Rifles'' s'emparèrent de la ville côtière de [[Wissant]], isolant les batteries du cap Gris-Nez de Calais et prirent la batterie ''Wissant'' avec ses quatre canons de {{Nobr|150 mm}}. Ce succès incita Spry à attaquer le cap Gris-Nez avec deux bataillons, mais la tentative échoua et la zone fut laissée pour plus tard{{Sfn|Copp|2006|p=76}}.


=== Calais ===
=== Calais ===
[[Fichier:Bundesarchiv_Bild_146-1986-104-10A,_Atlantikwall,_Batterie_"Todt".jpg|vignette|Canon de 380 mm de la batterie ''Todt''.]]
[[Fichier:Bundesarchiv_Bild_146-1986-104-10A,_Atlantikwall,_Batterie_"Todt".jpg|vignette|Canon de {{unité|380|mm}} de la batterie ''Todt''.]]
Les 7{{e}} et 8{{e}} brigades d'infanterie canadiennes débutèrent leur attaque sur Calais et ses défenses côtières de l'ouest à 10 h 15 le {{date-|25 septembre}} après un jour de retard, à la suite de bombardements aériens et d'artillerie préparatoires{{Sfn|Stacey|1960|p=349}}. Le [[régiment de la Chaudière]] devait avancer par Escalles, prendre le cap Blanc-Nez et se relier près de [[Sangatte]] avec le [[The North Shore (New Brunswick) Regiment|North Shore Regiment]]. Les North Shores se virent confier la difficile tâche de prendre les Noires Mottes fortifiées, sur les hauteurs près de Sangatte et sur le site de la batterie ''Lindemann''. Pour protéger les activités canadiennes d'observation autour du cap Blanc-Nez et de Calais, et des interférences des batteries du cap Gris-Nez, un grand [[écran de fumée]] fut établi le long d'une ligne intérieure de {{unité|3|km}} de Wissant, pendant cinq jours{{Sfn|Copp|2006|p=78}}. La capture du cap Blanc-Nez s'avéra étonnamment facile. Dès que l'assaut du régiment de la Chaudière atteignit les premières défenses, la garnison proposa de se rendre. Cela s'acheva à peine deux heures plus tard, la plupart des défenseurs étant apparemment ivres{{Sfn|Copp|2006|p=76}}{{,}}{{sfn|Stacey|1960|p=349}}.
Les {{7e}} et {{8e}} brigades d'infanterie canadiennes débutèrent leur attaque sur Calais et ses défenses côtières de l'ouest à 10 h 15 le {{date-|25 septembre}} après un jour de retard, à la suite de bombardements aériens et d'artillerie préparatoires{{Sfn|Stacey|1960|p=349}}. Le [[régiment de la Chaudière]] devait avancer par Escalles, prendre le cap Blanc-Nez et se relier près de [[Sangatte]] avec le [[The North Shore (New Brunswick) Regiment|North Shore Regiment]]. Les North Shores se virent confier la difficile tâche de prendre les Noires Mottes fortifiées, sur les hauteurs près de Sangatte et sur le site de la batterie ''Lindemann''. Pour protéger les activités canadiennes d'observation autour du cap Blanc-Nez et de Calais, et des interférences des batteries du cap Gris-Nez, un grand [[écran de fumée]] fut établi le long d'une ligne intérieure de {{unité|3|km}} de Wissant, pendant cinq jours{{Sfn|Copp|2006|p=78}}. La capture du cap Blanc-Nez s'avéra étonnamment facile. Dès que l'assaut du régiment de la Chaudière atteignit les premières défenses, la garnison proposa de se rendre. Cela s'acheva à peine deux heures plus tard, la plupart des défenseurs étant apparemment ivres{{Sfn|Copp|2006|p=76}}{{,}}{{sfn|Stacey|1960|p=349}}.


L'attaque des North Shores sur Noires Mottes fut soutenue par des ''[[Hobart's Funnies]]'' de la [[79e division blindée (Royaume-Uni)|79{{e}} division blindée]] et des tirs du [[The Fort Garry Horse|10{{e}} régiment blindé]] à l'approche des champs de mines et par des [[Churchill Crocodile]] pour réduire les fortifications. Les premières tentatives de reddition de petits groupes d'Allemands furent découragées lorsque certains furent abattus par leur propre camp<ref name="bbc">{{Lien web |auteur=Wareing |prénom=James |titre=Capture of the Cross Channel Guns at Sangatte 1944 |url=http://www.bbc.co.uk/ww2peopleswar/stories/73/a2556173.shtml |série=WW2 People's War |éditeur=BBC |date=23 April 2004 |consulté le=11 Oct 2009}}</ref>. L'avance fut freinée par les défenseurs et les cratères de bombes ayant obstrué l'action des chars Crocodile avant la tombée de la nuit. Des négociations s'ouvrirent avec l'aide de prisonniers allemands et la garnison des Noires Mottes se rendit aux premières lueurs le lendemain matin, {{date-|26 septembre}}. Une formidable position défensive et près de 300 prisonniers avaient été capturés sans grandes pertes ; la batterie de [[Sangatte]] a également été prise{{Sfn|Stacey|1960|p=349}}{{,}}{{Sfn|Ellis|2004|p=65}}. L'examen ultérieur des forts montrera que la plupart avaient été piégés.
L'attaque des North Shores sur Noires Mottes fut soutenue par des ''[[Hobart's Funnies]]'' de la [[79e division blindée (Royaume-Uni)|{{79e}} division blindée]] et des tirs du [[The Fort Garry Horse|{{10e}} régiment blindé]] à l'approche des champs de mines et par des [[Churchill Crocodile]] pour réduire les fortifications. Les premières tentatives de reddition de petits groupes d'Allemands furent découragées lorsque certains furent abattus par leur propre camp<ref name="bbc">{{Lien web |auteur=Wareing |prénom=James |titre=Capture of the Cross Channel Guns at Sangatte 1944 |url=http://www.bbc.co.uk/ww2peopleswar/stories/73/a2556173.shtml |série=WW2 People's War |éditeur=BBC |date=23 April 2004 |consulté le=11 Oct 2009}}</ref>. L'avance fut freinée par les défenseurs et les cratères de bombes ayant obstrué l'action des chars Crocodile avant la tombée de la nuit. Des négociations s'ouvrirent avec l'aide de prisonniers allemands et la garnison des Noires Mottes se rendit aux premières lueurs le lendemain matin, {{date-|26 septembre}}. Une formidable position défensive et près de 300 prisonniers avaient été capturés sans grandes pertes ; la batterie de [[Sangatte]] a également été prise{{Sfn|Stacey|1960|p=349}}{{,}}{{Sfn|Ellis|2004|p=65}}. L'examen ultérieur des forts montrera que la plupart avaient été piégés.


Les premiers succès de la 8{{e}} brigade canadienne, ayant capturé un terrain qui surplombait le front d'attaque de la 7{{e}} brigade canadienne, aida grandement les attaques contre la crête de Belle Vue et Coquelles. Le [[The Canadian Scottish Regiment (Princess Mary's)|''1st Canadian Scottish'']], le [[The Royal Regina Rifles|''Regina Rifles'']] et le [[The Royal Montreal Regiment|''Royal Montreal Regiment'']] devaient attaquer par les fortifications de Belle Vue jusqu'au front de mer juste à l'est de Sangatte. Au début, suivant de près le barrage d'artillerie rampant, les Canadiens envahirent les premières défenses. Le bombardement fut loupé et provoqua la perte d'un certain nombre de soldats du régiment Regina, jusqu'à ce que les réserves, les Canadian Scots et les chars Crocodile ne vainquirent les défenseurs. La 8{{e}} brigade canadienne atteignit Sangatte le matin du {{date-|26 septembre}}, remplissant ainsi ses objectifs. Elle fut ensuite transférée du côté est pour soulager le régiment [[The Queen's Own Cameron Highlanders of Canada|''Camerons'']] tout en exerçant une pression d'une autre direction{{Sfn|Copp|2006|p=79}}{{,}}{{Sfn|Stacey|1960|p=350}}.
Les premiers succès de la {{8e}} brigade canadienne, ayant capturé un terrain qui surplombait le front d'attaque de la {{7e}} brigade canadienne, aida grandement les attaques contre la crête de Belle Vue et Coquelles. Le [[The Canadian Scottish Regiment (Princess Mary's)|''{{1st}} Canadian Scottish'']], le [[The Royal Regina Rifles|''Regina Rifles'']] et le [[The Royal Montreal Regiment|''Royal Montreal Regiment'']] devaient attaquer par les fortifications de Belle Vue jusqu'au front de mer juste à l'est de Sangatte. Au début, suivant de près le barrage d'artillerie rampant, les Canadiens envahirent les premières défenses. Le bombardement fut loupé et provoqua la perte d'un certain nombre de soldats du régiment Regina, jusqu'à ce que les réserves, les Canadian Scots et les chars Crocodile ne vainquirent les défenseurs. La {{8e}} brigade canadienne atteignit Sangatte le matin du {{date-|26 septembre}}, remplissant ainsi ses objectifs. Elle fut ensuite transférée du côté est pour soulager le régiment [[The Queen's Own Cameron Highlanders of Canada|''Camerons'']] tout en exerçant une pression d'une autre direction{{Sfn|Copp|2006|p=79}}{{,}}{{Sfn|Stacey|1960|p=350}}.
[[Fichier:Winnie_14_inch_gun_St_Margaret_March_1941_IWM_H_7918.jpg|vignette|''Winnie'' — [[Canon de 14 pouces BL Mk VII|canon britannique de 14 pouces]] à [[St Margaret-at-Cliffe]] près de [[Douvres]].]]
[[Fichier:Winnie_14_inch_gun_St_Margaret_March_1941_IWM_H_7918.jpg|vignette|''Winnie'' — [[Canon de 14 pouces BL Mk VII|canon britannique de {{nobr|14 pouces}}]] à [[St Margaret-at-Cliffe]] près de [[Douvres]].]]
Les étapes suivantes furent l'avancée de la 7{{e}} brigade canadienne à travers Coquelles et le terrain inondé vers Fort Nieulay et une attaque frontale sur Calais par les Regina Rifles, suivant un chemin de fer par bateau à travers un terrain plus inondé au sud-ouest de la zone d'usine de la ville. Ces avancées furent difficiles face à des défenseurs déterminés, qui durent être dépassés pas à pas. Les Canadian Scots reçurent l'ordre de mener une attaque de nuit le long de la côte jusqu'à Fort Lapin. Le {{date-|27 septembre}}, les Canadiens se retirèrent temporairement lors d'une attaque de [[Bombardier lourd|bombardiers lourds]] sur les points forts allemands. Fort Lapin tomba qu'après de nouvelles attaques aériennes et le soutien de chars et de chars lance-flammes{{Sfn|Ellis|2004}}. Les ''Winnipegs'', de nouveau aidés par des chars lance-flammes, capturèrent Fort Nieulay et les Reginas atteignirent leur cible immédiate, le district de l'usine{{Sfn|Monahan|1947|p=86}}.
Les étapes suivantes furent l'avancée de la {{7e}} brigade canadienne à travers Coquelles et le terrain inondé vers Fort Nieulay et une attaque frontale sur Calais par les Regina Rifles, suivant un chemin de fer par bateau à travers un terrain plus inondé au sud-ouest de la zone d'usine de la ville. Ces avancées furent difficiles face à des défenseurs déterminés, qui durent être dépassés pas à pas. Les Canadian Scots reçurent l'ordre de mener une attaque de nuit le long de la côte jusqu'à Fort Lapin. Le {{date-|27 septembre}}, les Canadiens se retirèrent temporairement lors d'une attaque de [[Bombardier lourd|bombardiers lourds]] sur les points forts allemands. Fort Lapin tomba qu'après de nouvelles attaques aériennes et le soutien de chars et de chars lance-flammes{{Sfn|Ellis|2004}}. Les ''Winnipegs'', de nouveau aidés par des chars lance-flammes, capturèrent Fort Nieulay et les Reginas atteignirent leur cible immédiate, le district de l'usine{{Sfn|Monahan|1947|p=86}}.


D'autres avancées furent établies par la 7{{e}} brigade canadienne le {{date-|28 septembre}} mais deux compagnies des Canadian Scots, ayant traversé le canal protégeant le côté ouest de Calais, furent bloquées et coupées jusqu'à la trêve. Des plans étaient en cours d'élaboration pour d'autres traversées de la ville lorsque Schroeder demanda que Calais soit déclarée [[ville ouverte]]. Cela fut rejeté en tant que tactique dilatoire, mais une trêve convenue le {{date-|29 septembre}} permettra l'évacuation en toute sécurité de {{nombre|20000}} civils{{Sfn|Monahan|1947|p=86}}. Des plans furent établis pour une attaque sur Calais appuyée par de nombreuses attaques aériennes dès que la trêve expira à midi le {{date-|30 septembre}}{{Sfn|Monahan|1947|p=88}}.
D'autres avancées furent établies par la {{7e}} brigade canadienne le {{date-|28 septembre}} mais deux compagnies des Canadian Scots, ayant traversé le canal protégeant le côté ouest de Calais, furent bloquées et coupées jusqu'à la trêve. Des plans étaient en cours d'élaboration pour d'autres traversées de la ville lorsque Schroeder demanda que Calais soit déclarée [[ville ouverte]]. Cela fut rejeté en tant que tactique dilatoire, mais une trêve convenue le {{date-|29 septembre}} permettra l'évacuation en toute sécurité de {{nombre|20000}} civils{{Sfn|Monahan|1947|p=86}}. Des plans furent établis pour une attaque sur Calais appuyée par de nombreuses attaques aériennes dès que la trêve expira à midi le {{date-|30 septembre}}{{Sfn|Monahan|1947|p=88}}.


Les Canadiens attaquèrent immédiatement après l'expiration de la trêve, malgré les tentatives allemandes de reddition ; Crerar déclara que {{citation|les Hun, s'ils voulaient démissionner, pouvaient marcher les mains levées, sans bras et arborant des drapeaux blancs de la manière habituelle}}. L'''[[Oberstleutnant]]'' Schroeder avait ordonné à la garnison de cesser toute résistance et la 7{{e}} brigade canadienne, entrant par l'ouest, ne rencontra aucune opposition, les troupes allemandes se rendant de toute part. Il fallut qu'un officier canadien, le lieutenant-colonel P. C. Klaehn (commandant des ''Cameron Highlanders''), prenant un certain risque personnel, entre dans Calais pendant un bombardement d'artillerie pour accepter la reddition officielle. Ludwig Schroeder quitta Calais à 19 h 00 en tant que [[prisonnier de guerre]]{{Sfn|Monahan|1947|p=96}}.
Les Canadiens attaquèrent immédiatement après l'expiration de la trêve, malgré les tentatives allemandes de reddition ; Crerar déclara que {{citation|les Hun, s'ils voulaient démissionner, pouvaient marcher les mains levées, sans bras et arborant des drapeaux blancs de la manière habituelle}}. L'''[[Oberstleutnant]]'' Schroeder avait ordonné à la garnison de cesser toute résistance et la {{7e}} brigade canadienne, entrant par l'ouest, ne rencontra aucune opposition, les troupes allemandes se rendant de toute part. Il fallut qu'un officier canadien, le lieutenant-colonel P. C. Klaehn (commandant des ''Cameron Highlanders''), prenant un certain risque personnel, entre dans Calais pendant un bombardement d'artillerie pour accepter la reddition officielle. Ludwig Schroeder quitta Calais à 19 h 00 en tant que [[prisonnier de guerre]]{{Sfn|Monahan|1947|p=96}}.


=== Cap Gris-Nez ===
=== Cap Gris-Nez ===
[[Fichier:RAF_Reco_of_Cap_Gris_Nez.jpg|vignette|Photo aérienne du cap Gris-Nez, prise par la RAF avant le bombardement.]]
[[Fichier:RAF_Reco_of_Cap_Gris_Nez.jpg|vignette|Photo aérienne du cap Gris-Nez, prise par la RAF avant le bombardement.]]
La première tentative des éléments de la 7{{e}} brigade canadienne de prendre le cap Gris-Nez du 16 au {{date-|17 septembre}} échoua ; la brigade fut redéployée pour son rôle à Calais et remplacée par le 7{{e}} régiment de reconnaissance jusqu'à la disponibilité d'une force plus considérable{{Sfn|Stacey|1960}}. La 9{{e}} brigade canadienne, avec le soutien blindé du [[1st Hussars|{{1er}} Hussards]] (6{{e}} régiment blindé) et des [[Hobart's Funnies#Crab|chars à fléaux]], des [[Churchill Crocodile]] et des [[Armoured Vehicle Royal Engineers|véhicules blindés du génie royal]] (AVRE) de la 79{{e}} division blindée, fut déployée au Cap Gris-Nez pour prendre les trois batteries lourdes restantes. À droite, le ''[[The Royal Highland Fusiliers of Canada|Highland Light Infantry of Canada]]'' (HLI) attaque les deux batteries nordiques, ''Grosser Kürfurst'' à Floringzelle et ''Gris Nez'' à environ {{unité|1.25|km}} au sud-est du Cap Gris-Nez. À gauche, les ''[[North Nova Scotia Highlanders]]'' (NNS) faisaient face à la [[Batterie Todt|batterie ''Todt'']] à Haringzelles, à {{unité|2|km}} au sud de la batterie ''Grosser Kürfurst''. Côté terre, les canons étaient protégés par des champs de mines, des barbelés, des blockhaus et des positions antichar{{Sfn|Stacey|1960}}.
La première tentative des éléments de la {{7e}} brigade canadienne de prendre le cap Gris-Nez du 16 au {{date-|17 septembre}} échoua ; la brigade fut redéployée pour son rôle à Calais et remplacée par le {{7e}} régiment de reconnaissance jusqu'à la disponibilité d'une force plus considérable{{Sfn|Stacey|1960}}. La {{9e}} brigade canadienne, avec le soutien blindé du [[1st Hussars|{{1er}} Hussards]] ({{6e}} régiment blindé) et des [[Hobart's Funnies#Crab|chars à fléaux]], des [[Churchill Crocodile]] et des [[Armoured Vehicle Royal Engineers|véhicules blindés du génie royal]] (AVRE) de la {{79e}} division blindée, fut déployée au Cap Gris-Nez pour prendre les trois batteries lourdes restantes. À droite, le ''[[The Royal Highland Fusiliers of Canada|Highland Light Infantry of Canada]]'' (HLI) attaque les deux batteries nordiques, ''Grosser Kürfurst'' à Floringzelle et ''Gris Nez'' à environ {{unité|1.25|km}} au sud-est du Cap Gris-Nez. À gauche, les ''[[North Nova Scotia Highlanders]]'' (NNS) faisaient face à la [[Batterie Todt|batterie ''Todt'']] à Haringzelles, à {{unité|2|km}} au sud de la batterie ''Grosser Kürfurst''. Côté terre, les canons étaient protégés par des champs de mines, des barbelés, des blockhaus et des positions antichar{{Sfn|Stacey|1960}}.


L'infanterie fut précédée d'attaques par 532 avions du [[Royal Air Force Bomber Command|RAF Bomber Command]] le {{date-|26 septembre}} et par 302 bombardiers le {{date-|28 septembre}}. Bien que ceux-ci aient probablement affaibli les défenses ainsi que la volonté des défenseurs de se battre, la cratérisation du sol empêcha l'utilisation des blindés, entraînant l'enlisement des chars. Le tir précis par ''Winnie'' et ''Pooh'', deux [[Canon de 14 pouces BL Mk VII|canons lourds britanniques de 14 pouces]] à Douvres, réduit au silence la batterie ''Grosser Kürfurst''{{Sfn|Copp|2006|p=82}}. La batterie avait tiré à l'intérieur des terres et causa quelques pertes parmi l'artillerie britannique assemblée à l'intérieur de Wissant, malgré l'écran de fumée{{Sfn|Stacey|1960|p=353–354}}{{,}}{{Sfn|9 AGRA|2008|p=?}}.
L'infanterie fut précédée d'attaques par 532 avions du [[Royal Air Force Bomber Command|RAF Bomber Command]] le {{date-|26 septembre}} et par 302 bombardiers le {{date-|28 septembre}}. Bien que ceux-ci aient probablement affaibli les défenses ainsi que la volonté des défenseurs de se battre, la cratérisation du sol empêcha l'utilisation des blindés, entraînant l'enlisement des chars. Le tir précis par ''Winnie'' et ''Pooh'', deux [[Canon de 14 pouces BL Mk VII|canons lourds britanniques de {{nobr|14 pouces}}]] à Douvres, réduit au silence la batterie ''Grosser Kürfurst''{{Sfn|Copp|2006|p=82}}. La batterie avait tiré à l'intérieur des terres et causa quelques pertes parmi l'artillerie britannique assemblée à l'intérieur de Wissant, malgré l'écran de fumée{{Sfn|Stacey|1960|p=353–354}}{{,}}{{Sfn|9 AGRA}}.


Le {{date-|29 septembre}}, l'artillerie ouvrit le feu à 6 h 35 du matin et l'attaque d'infanterie débuta après dix minutes derrière un [[Tir de barrage|barrage rampant]] qui garda les défenseurs à l'abri. Les Allemands se rendirent sans résistance à l'arrivée des assaillants. Le HLI avait capturé la batterie ''Grosser Kürfurst'' à 10 h 30, moins de trois heures avant la prise de la batterie {{Langue|de|Gris Nez}} dans l'après-midi. Le NNS rencontra encore moins de résistance, atteignant les bunkers sans opposition. Les murs de béton résistaient aux mortiers AVRE, mais leur bruit et les commotions provoquées, ainsi que plusieurs [[Grenade à main|grenades à main]] jetées dans des embrasures, incitèrent les artilleurs allemands à se rendre en milieu de matinée. Le NNS continua à capturer le quartier général allemand local à Cran-aux-Œufs{{Sfn|Stacey|1960|p=353}}. Malgré les fortifications allemandes impressionnantes, les défenseurs refusèrent de se battre et l'opération s'acheva avec relativement peu de pertes humaines{{Sfn|Copp|2006|p=82}}{{,}}{{Sfn|Stacey|1960|p=354}}.
Le {{date-|29 septembre}}, l'artillerie ouvrit le feu à 6 h 35 du matin et l'attaque d'infanterie débuta après dix minutes derrière un [[Tir de barrage|barrage rampant]] qui garda les défenseurs à l'abri. Les Allemands se rendirent sans résistance à l'arrivée des assaillants. Le HLI avait capturé la batterie ''Grosser Kürfurst'' à 10 h 30, moins de trois heures avant la prise de la batterie {{Langue|de|Gris Nez}} dans l'après-midi. Le NNS rencontra encore moins de résistance, atteignant les bunkers sans opposition. Les murs de béton résistaient aux mortiers AVRE, mais leur bruit et les commotions provoquées, ainsi que plusieurs [[Grenade à main|grenades à main]] jetées dans des embrasures, incitèrent les artilleurs allemands à se rendre en milieu de matinée. Le NNS continua à capturer le quartier général allemand local à Cran-aux-Œufs{{Sfn|Stacey|1960|p=353}}. Malgré les fortifications allemandes impressionnantes, les défenseurs refusèrent de se battre et l'opération s'acheva avec relativement peu de pertes humaines{{Sfn|Copp|2006|p=82}}{{,}}{{Sfn|Stacey|1960|p=354}}.
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== Conséquences ==
== Conséquences ==
[[Fichier:04-06-10_a_deutsches_Fort_bei_Cap_Gris-Nez_04.JPG|vignette|Arrière de la batterie ''Todt'', maintenant ouverte au public.]]
[[Fichier:04-06-10_a_deutsches_Fort_bei_Cap_Gris-Nez_04.JPG|vignette|Arrière de la batterie ''Todt'', maintenant ouverte au public.]]
Les dommages au port furent considérables et les installations ne furent disponibles qu'en novembre, après la [[Bataille de l'Escaut|libération d'Anvers]]{{Sfn|Stacey|1960|p=352}}. La réduction des batteries côtières lourdes allemandes permit l'utilisation du port de Boulogne; le déminage avait commencé quelques heures après le succès de la 9{{e}} brigade canadienne. La capture des canons allemands sur le cap Gris-Nez mit fin à quatre ans d'échanges d'artillerie entre la côte française et la côte anglaise. Douvres subit son dernier bombardement le {{date-|26 septembre}} et le maire reçut après un drapeau allemand des batteries pour marquer l'événement{{Sfn|Roskill|2004|p=137}}{{,}}{{Sfn|Stacey|1960|p=354}}.
Les dommages au port furent considérables et les installations ne furent disponibles qu'en novembre, après la [[Bataille de l'Escaut|libération d'Anvers]]{{Sfn|Stacey|1960|p=352}}. La réduction des batteries côtières lourdes allemandes permit l'utilisation du port de Boulogne; le déminage avait commencé quelques heures après le succès de la {{9e}} brigade canadienne. La capture des canons allemands sur le cap Gris-Nez mit fin à quatre ans d'échanges d'artillerie entre la côte française et la côte anglaise. Douvres subit son dernier bombardement le {{date-|26 septembre}} et le maire reçut après un drapeau allemand des batteries pour marquer l'événement{{Sfn|Roskill|2004|p=137}}{{,}}{{Sfn|Stacey|1960|p=354}}.


Les Canadiens furent critiqués pour leur performance à Calais et dans les autres ports de la Manche ; leur progression fut comparée défavorablement à celle des autres unités alliées. Montgomery fit remarquer que l'Armée canadienne avait été « mal gérée et très lente ». Il avait une mauvaise opinion de [[Harry Crerar|Crerar]] et il y eut des spéculations selon lesquelles le départ de celui-ci en congé de maladie était un euphémisme pour sa révocation du commandement. Son remplaçant, l'énergique [[Guy Simonds]], fut préféré par Montgomery et celui-ci commanda les forces qui permettront de dégager les approches d'Anvers{{Sfn|Copp|2006}}.
Les Canadiens furent critiqués pour leur performance à Calais et dans les autres ports de la Manche ; leur progression fut comparée défavorablement à celle des autres unités alliées. Montgomery fit remarquer que l'Armée canadienne avait été « mal gérée et très lente ». Il avait une mauvaise opinion de [[Harry Crerar|Crerar]] et il y eut des spéculations selon lesquelles le départ de celui-ci en congé de maladie était un euphémisme pour sa révocation du commandement. Son remplaçant, l'énergique [[Guy Simonds]], fut préféré par Montgomery et celui-ci commanda les forces qui permettront de dégager les approches d'Anvers{{Sfn|Copp|2006}}.


Le commandant du 84{{e}} groupe de la RAF, le [[Air vice-marshal|vice-maréchal de l'Air]] {{lien|fr=Leslie Oswald Brown|trad=Leslie Brown (RAF officer)}}, mécontenta le [[Air marshal|maréchal de l'Air]] [[Arthur Coningham]] par sa coopération étroite avec l'armée canadienne. Coningham souhaitait voir l'armée de l'Air agir de manière indépendante, non en étroite coopération avec l'armée et cherchait « quelqu'un de moins subordonné à l'armée ». Une fois Anvers ouvert, il remplaça Brown par le vice-maréchal de l'air {{lien|Edmund Hudleston}}{{Sfn|Copp|2006a|p=30}}.
Le commandant du {{84e}} groupe de la RAF, le [[Air vice-marshal|vice-maréchal de l'Air]] {{lien|fr=Leslie Oswald Brown|trad=Leslie Brown (RAF officer)}}, mécontenta le [[Air marshal|maréchal de l'Air]] [[Arthur Coningham]] par sa coopération étroite avec l'armée canadienne. Coningham souhaitait voir l'armée de l'Air agir de manière indépendante, non en étroite coopération avec l'armée et cherchait « quelqu'un de moins subordonné à l'armée ». Une fois Anvers ouvert, il remplaça Brown par le vice-maréchal de l'air {{lien|Edmund Hudleston}}{{Sfn|Copp|2006a|p=30}}.


== Ordres de bataille ==
== Ordres de bataille ==
'''Allié'''
'''Allié'''


* 3{{e}} division d'infanterie canadienne{{Sfn|Monahan|1947|loc=appendix C}}
* {{3e}} division d'infanterie canadienne{{Sfn|Monahan|1947|loc=appendix C}}
** [[The Royal Canadian Hussars (Montreal)|7{{e}} régiment de reconnaissance (17{{e}} Duke of York's Royal Canadian Hussars)]]
** [[The Royal Canadian Hussars (Montreal)|{{7e}} régiment de reconnaissance ({{17e}} Duke of York's Royal Canadian Hussars)]]
** [[The Cameron Highlanders of Ottawa (Duke of Edinburgh's Own)|Cameron Highlanders of Ottawa]] (mitrailleuse)
** [[The Cameron Highlanders of Ottawa (Duke of Edinburgh's Own)|Cameron Highlanders of Ottawa]] (mitrailleuse)
** 7{{e}} régiment moyen, Artillerie royale canadienne
** {{7e}} régiment moyen, Artillerie royale canadienne
** 12{{e}} régiment d'artillerie de campagne, [[Régiment royal de l'Artillerie canadienne|Artillerie royale canadienne]]
** {{12e}} régiment d'artillerie de campagne, [[Régiment royal de l'Artillerie canadienne|Artillerie royale canadienne]]
** 13{{e}} régiment d'artillerie de campagne, Artillerie royale canadienne
** {{13e}} régiment d'artillerie de campagne, Artillerie royale canadienne
** 14{{e}} régiment d'artillerie de campagne, Artillerie royale canadienne
** {{14e}} régiment d'artillerie de campagne, Artillerie royale canadienne
** 3{{e}} régiment [[Lutte antichar|antichar]]
** {{3e}} régiment [[Lutte antichar|antichar]]
** 4{{e}} régiment [[Lutte antiaérienne|antiaérien]] léger
** {{4e}} régiment [[Lutte antiaérienne|antiaérien]] léger
** 16{{e}} compagnie de terrain
** {{16e}} compagnie de terrain
** 3{{e}} Canadian Divisional Signals, Royal Canadian Corps of Signals
** {{3e}} Canadian Divisional Signals, Royal Canadian Corps of Signals
** No. 3 Defense and Employment Platoon ([[The Lorne Scots (Peel, Dufferin and Halton Regiment)|Lorne Scots]])
** {{lang|en|texte=No. 3 Defense and Employment Platoon}} ([[The Lorne Scots (Peel, Dufferin and Halton Regiment)|Lorne Scots]])
** "C" Flight, 660 (Air Observation Post) Squadron, RAF
** "C" Flight, 660 (Air Observation Post) Squadron, RAF
* [[7e Brigade d'infanterie canadienne|7{{e}} brigade d'infanterie canadienne]]
* [[7e Brigade d'infanterie canadienne|{{7e}} brigade d'infanterie canadienne]]
** [[The Royal Winnipeg Rifles]]
** [[The Royal Winnipeg Rifles]]
** [[The Royal Regina Rifles]], moins d'1 compagnie
** [[The Royal Regina Rifles]], moins d'1 compagnie
** 1 compagnie, [[The Royal Montreal Regiment]]{{Sfn|Copp|2006|p=79}}
** 1 compagnie, [[The Royal Montreal Regiment]]{{Sfn|Copp|2006|p=79}}
** {{1er}} bataillon [[The Canadian Scottish Regiment (Princess Mary's)|The Canadian Scottish Regiment]]
** {{1er}} bataillon [[The Canadian Scottish Regiment (Princess Mary's)|The Canadian Scottish Regiment]]
** Peloton de défense terrestre de la 7{{e}} brigade d'infanterie canadienne ([[The Lorne Scots (Peel, Dufferin and Halton Regiment)|Lorne Scots]])
** Peloton de défense terrestre de la {{7e}} brigade d'infanterie canadienne ([[The Lorne Scots (Peel, Dufferin and Halton Regiment)|Lorne Scots]])
* [[8e Brigade d'infanterie canadienne|8{{e}} brigade d'infanterie canadienne]]
* [[8e Brigade d'infanterie canadienne|{{8e}} brigade d'infanterie canadienne]]
** [[The Queen's Own Rifles of Canada]]
** [[The Queen's Own Rifles of Canada]]
** [[Le Régiment de la Chaudière]]
** [[Le Régiment de la Chaudière]]
** [[The North Shore (New Brunswick) Regiment|The North Shore]]
** [[The North Shore (New Brunswick) Regiment|The North Shore]]
** Peloton de défense terrestre de la 8{{e}} brigade d'infanterie canadienne ([[The Lorne Scots (Peel, Dufferin and Halton Regiment)|Lorne Scots]])
** Peloton de défense terrestre de la {{8e}} brigade d'infanterie canadienne ([[The Lorne Scots (Peel, Dufferin and Halton Regiment)|Lorne Scots]])
* [[9e Brigade d'infanterie canadienne|9{{e}} brigade d'infanterie canadienne]]
* [[9e Brigade d'infanterie canadienne|{{9e}} brigade d'infanterie canadienne]]
** [[The Royal Highland Fusiliers of Canada]]
** [[The Royal Highland Fusiliers of Canada]]
** [[Stormont, Dundas and Glengarry Highlanders]]
** [[Stormont, Dundas and Glengarry Highlanders]]
** [[North Nova Scotia Highlanders]]
** [[North Nova Scotia Highlanders]]
** Peloton de défense terrestre de la 9{{e}} brigade d'infanterie canadienne ([[The Lorne Scots (Peel, Dufferin and Halton Regiment)|Lorne Scots]])
** Peloton de défense terrestre de la {{9e}} brigade d'infanterie canadienne ([[The Lorne Scots (Peel, Dufferin and Halton Regiment)|Lorne Scots]])


'''Artillerie'''
'''Artillerie'''


* Artillerie royale du 9{{e}} groupe d'armées
* Artillerie royale du {{9e}} groupe d'armées
** 9{{e}} régiment moyen d'artillerie royale
** {{9e}} régiment moyen d'artillerie royale
** 10{{e}} Régiment moyen d'artillerie royale
** {{10e}} Régiment moyen d'artillerie royale
** 11{{e}} régiment moyen d'artillerie royale
** {{11e}} régiment moyen d'artillerie royale
** 107{{e}} régiment moyen d'artillerie royale
** {{107e}} régiment moyen d'artillerie royale
** 51{{e}} régiment d'artillerie royale lourde
** {{51e}} régiment d'artillerie royale lourde
* 2{{e}} groupe d'armées de l'Artillerie royale canadienne
* {{2e}} groupe d'armées de l'Artillerie royale canadienne
** 3{{e}} régiment moyen, Artillerie royale canadienne
** {{3e}} régiment moyen, Artillerie royale canadienne
** 4{{e}} régiment moyen, Artillerie royale canadienne
** {{4e}} régiment moyen, Artillerie royale canadienne
** 15{{e}} régiment moyen d'artillerie royale
** {{15e}} régiment moyen d'artillerie royale
** {{1re}} Heavy Regiment Royal Artillery
** {{1re}} Heavy Regiment Royal Artillery
** "C" Flight, 661 (Air Observation Post) Squadron, RAF
** "C" Flight, 661 (Air Observation Post) Squadron, RAF
Ligne 134 : Ligne 134 :
'''Chars et véhicules spécialisés'''
'''Chars et véhicules spécialisés'''


* 2{{e}} brigade blindée canadienne
* {{2e}} brigade blindée canadienne
** 6{{e}} régiment blindé ([[1st Hussars|{{1er}} Hussars]])
** {{6e}} régiment blindé ([[1st Hussars|{{1er}} Hussars]])
** 10{{e}} régiment blindé ([[The Fort Garry Horse]])
** {{10e}} régiment blindé ([[The Fort Garry Horse]])
* [[79e division blindée (Royaume-Uni)|79{{e}} division blindée]]
* [[79e division blindée (Royaume-Uni)|{{79e}} division blindée]]
** 141{{e}} Régiment, [[Royal Armoured Corps]] ([[Churchill Crocodile]] (chars lance-flammes)
** {{141e}} Régiment, [[Royal Armoured Corps]] ([[Churchill Crocodile]] (chars lance-flammes)
** 6{{e}} régiment d'assaut des [[Royal Engineers]] (AVRE)
** {{6e}} régiment d'assaut des [[Royal Engineers]] (AVRE)
** {{1er}} {{lien|Lothians and Border Horse}} (chars à fléaux)
** {{1er}} {{lien|Lothians and Border Horse}} (chars à fléaux)
** Escadron « C », 22{{e}} Dragoons (chars à fléaux)
** Escadron « C », {{22e}} Dragoons (chars à fléaux)
** [[31 Combat Engineer Regiment|25{{e}} régiment blindé de livraison canadien (The Elgins)]]
** [[31 Combat Engineer Regiment|{{25e}} régiment blindé de livraison canadien (The Elgins)]]
** {{1er}} escadron blindé de transport de troupes canadien {{Efn|Le {{1er}} escadron blindé de transport de troupes canadien était à la base du ''1st Armored Carrier Regiment'', formé en octobre 1944.}}
** {{1er}} escadron blindé de transport de troupes canadien {{Efn|Le {{1er}} escadron blindé de transport de troupes canadien était à la base du ''1st Armored Carrier Regiment'', formé en octobre 1944.}}
* [[51e division d'infanterie (Highland)|51{{e}} division d'infanterie (Highland)]]
* [[51e division d'infanterie (Highland)|{{51e}} division d'infanterie (Highland)]]
** 12{{e}} régiment d'artillerie de campagne, Artillerie royale
** {{12e}} régiment d'artillerie de campagne, Artillerie royale
** 13{{e}} régiment d'artillerie de campagne, Artillerie royale
** {{13e}} régiment d'artillerie de campagne, Artillerie royale
** 14{{e}} régiment d'artillerie de campagne, Artillerie royale
** {{14e}} régiment d'artillerie de campagne, Artillerie royale


'''Garnison allemande'''
'''Garnison allemande'''
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* Troupes antiaériennes de la ''[[Luftwaffe (Wehrmacht)|Luftwaffe]]''
* Troupes antiaériennes de la ''[[Luftwaffe (Wehrmacht)|Luftwaffe]]''
* Détachements de batteries côtières de la ''[[Kriegsmarine]]''
* Détachements de batteries côtières de la ''[[Kriegsmarine]]''
** 242{{e}} Naval Coastal Artillery Battalion (cap Gris-Nez)
** {{242e}} Naval Coastal Artillery Battalion (cap Gris-Nez)
** Infanterie (divers)
** Infanterie (divers)


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=== Bibliographie ===
=== Bibliographie ===
* {{ouvrage|editor-first=Terry|editor-last=Copp|titre=Montgomery's Scientists: Operational Research in Northwest Europe. The work of No.2 Operational Research Section with 21 Army Group June 1944 to July 1945|lieu=Waterloo, Ont|éditeur=LCMSDS|année=2000|isbn=978-0-9697955-9-9}}
* {{ouvrage|auteur=Terry Copp|titre=Montgomery's Scientists: Operational Research in Northwest Europe. The work of No.2 Operational Research Section with 21 Army Group June 1944 to July 1945|lieu=Waterloo, Ont|éditeur=LCMSDS|année=2000|isbn=978-0-9697955-9-9}}
* {{ouvrage|nom=Copp|prénom=Terry|titre=Cinderella Army: The Canadians in Northwest Europe, 1944–1945|éditeur=[[University of Toronto Press]]|année=2006|lieu=Toronto, Ont|url=https://books.google.com/?id=eIr0mfiTqJ8C&pg=PA76&lpg=PA76&dq=calais+1944#v=onepage&q=calais%201944&f=false|isbn=978-0-8020-3925-5}}
* {{ouvrage|nom=Copp|prénom=Terry|titre=Cinderella Army: The Canadians in Northwest Europe, 1944–1945|éditeur=[[University of Toronto Press]]|année=2006|lieu=Toronto, Ont|url=https://books.google.com/?id=eIr0mfiTqJ8C&pg=PA76&lpg=PA76&dq=calais+1944#v=onepage&q=calais%201944&f=false|isbn=978-0-8020-3925-5}}
* {{ouvrage|prénom=Terry |nom=Copp |titre=The Siege of Boulogne and Calais |volume=IX |numéro=1 |éditeur=The Canadian Army Journal |date=Spring 2006 |issn=1713-773X |url=http://dsp-psd.pwgsc.gc.ca/Collection/D12-11-9-1E.pdf |consulté le=27 janvier 2018 |pages=30–48 }}
* {{ouvrage|prénom=Terry |nom=Copp |titre=The Siege of Boulogne and Calais |volume=IX |numéro=1 |éditeur=The Canadian Army Journal |date=Spring 2006 |issn=1713-773X |url=http://dsp-psd.pwgsc.gc.ca/Collection/D12-11-9-1E.pdf |consulté le=27 janvier 2018 |pages=30–48 }}
* {{ouvrage|titre=Victory in the West: The Defeat of Germany|numéro d'édition=pbk repr. Naval & Military Press, Uckfield|origyear=1968|année=2004|lieu=London|éditeur=HMSO|volume=II|collection=History of the Second World War United Kingdom Military Series|prénom1=Major L. F.|editor-link=James Ramsay Montagu Butler|editor-first=J. R. M.|editor-last=Butler|nom2=with Warhurst|prénom2=Lieutenant-Colonel A. E.|nom1=Ellis|isbn=978-1-84574-059-7}}
* {{ouvrage|titre=Victory in the West: The Defeat of Germany |éditeur=Naval & Military Press |année première édition=1968 |année=2004 |lieu=Londres |langue=en |volume=II |collection=History of the Second World War United Kingdom Military Series |auteur1= L. F. Ellis |auteur2= G. R. G. Allen |auteur3= A. E. Warhurst |auteur4= James Robb|isbn=978-1-84574-059-7 |oclc=945790291}}
* {{cite report|last=Monahan|first=J. W.|series=CMHQ Reports (184)|title=The Containing of Dunkirk|work=Canadian Participation in the Operations in North-west Europe 1944. Part V: Clearing the Channel Ports, 3 Sep 44 – 6 Feb 45|year=1947|publisher=Historical Section, Canadian Military Headquarters|url=http://www.cmp-cpm.forces.gc.ca/dhh-dhp/his/rep-rap/doc/cmhq/cmhq184.pdf|format=pdf|edition=online|oclc=961860099|accessdate=27 January 2018}}
* {{cite report|last=Monahan|first=J. W.|docket=CMHQ Report # 184|title=The Containing of Dunkirk|work=Canadian Participation in the Operations in North-west Europe 1944. Part V: Clearing the Channel Ports, 3 Sep 44 – 6 Feb 45|year=1947|publisher=Historical Section, Canadian Military Headquarters|url=http://www.cmp-cpm.forces.gc.ca/dhh-dhp/his/rep-rap/doc/cmhq/cmhq184.pdf|format=pdf|edition=online|oclc=961860099|accessdate=27 January 2018}}
* {{ouvrage|nom=Roskill|prénom=S.|lien auteur=Stephen Roskill|collection=History of the Second World War United Kingdom Military Service|titre=The War at Sea 1939–1945: The Offensive, Part II 1st June 1944 – 14th August 1945|année=2004|origyear=1961|éditeur=HMSO|lieu=London|numéro d'édition=pbk. repr. Naval & Military Press, Uckfield|isbn=978-1-84342-806-0}}
* {{ouvrage|nom=Roskill|prénom=S.|lien auteur=Stephen Roskill|collection=History of the Second World War United Kingdom Military Service|titre=The War at Sea 1939–1945: The Offensive, Part II 1st June 1944 – 14th August 1945|année=2004|origyear=1961|éditeur=HMSO|lieu=London|numéro d'édition=pbk. repr. Naval & Military Press, Uckfield|isbn=978-1-84342-806-0}}
* {{ouvrage|nom=Stacey|prénom=Colonel C. P.|auteur2=Bond, Major C. C. J.|collection=Official History of the Canadian Army in the Second World War|volume=III|titre=The Victory Campaign: The operations in North-West Europe 1944–1945|éditeur=The Queen's Printer and Controller of Stationery Ottawa|année=1960|url=http://www.cmp-cpm.forces.gc.ca/dhh-dhp/his/docs/Victory_e.pdf|consulté le=27 janvier 2018|format=pdf|oclc=606015967}}
* {{ouvrage|nom=Stacey|prénom=Colonel C. P.|auteur2=Bond, Major C. C. J.|collection=Official History of the Canadian Army in the Second World War|volume=III|titre=The Victory Campaign: The operations in North-West Europe 1944–1945|éditeur=The Queen's Printer and Controller of Stationery Ottawa|année=1960|url=http://www.cmp-cpm.forces.gc.ca/dhh-dhp/his/docs/Victory_e.pdf|consulté le=27 janvier 2018|format=pdf|oclc=606015967}}


=== Liens externes ===
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* {{lien web|auteur=<!--Staff writer(s); no by-line.--> |titre=The History of 9 Army Group Royal Artillery |url=http://www.mail-1.connectfree.co.uk/artill1.htm |consulté le=22 Oct 2009 |archiveurl=https://web.archive.org/web/20080807115137/http://www.mail-1.connectfree.co.uk/artill1.htm |archivedate=7 August 2008 |ref={{harvid|9 AGRA|nd}} }}
* {{lien archive |langue=en |titre=The History of 9 Army Group Royal Artillery |url=http://www.mail-1.connectfree.co.uk/artill1.htm |horodatage archive= 20080807115137 |libellé=9 AGRA |id=9 AGRA}}
* [https://web.archive.org/web/20080807115137/http://www.mail-1.connectfree.co.uk/artill1.htm 9 Army Group Royal Artillery history]
* {{lien archive |langue=en |horodatage archive= 20080807115137 |url=http://www.mail-1.connectfree.co.uk/artill1.htm |titre= 9 Army Group Royal Artillery history}}
* [https://www.canadiansoldiers.com/history/battlehonours/northwesteurope/calais1944.htm canadiansoldiers.com article "Calais, 1944"]
* {{lien web |url= https://www.canadiansoldiers.com/history/battlehonours/northwesteurope/calais1944.htm |langue=en |site=canadiansoldiers.com |titre=Calais, 1944}}


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Opération Undergo
Siège de Calais (1944)
Description de cette image, également commentée ci-après
Soldat britannique posant à côté d'un canon allemand de 380 mm de la batterie Todt récemment capturé au cap Gris-Nez.
Informations générales
Date du 22 septembre au
Lieu Calais, France
50° 57′ 22,12″ N, 1° 50′ 28,9″ E
Issue Victoire des Alliés
Belligérants
Drapeau du Canada Canada
Drapeau du Royaume-Uni Royaume-Uni
Drapeau de l'Allemagne nazie Reich allemand
Commandants
Drapeau du Canada Daniel Spry (en) Drapeau de l'Allemagne Ludwig Schroeder
Forces en présence
Inconnues 7 500
Pertes
260 tués ou blessés 9 128 capturés

Front de l'Ouest de la Seconde Guerre mondiale

Batailles

L'opération Undergo est une attaque de la 3e division d'infanterie canadienne contre la garnison allemande et les fortifications du port français de Calais en septembre 1944.

Une opération subsidiaire fut exécutée pour capturer l'artillerie lourde allemande à longue portée au Cap Gris-Nez, qui menaçait les approches maritimes de Boulogne. L'opération faisait partie de la libération de la côte normande entreprise par la 1re armée canadienne, après la victoire de l'opération Overlord après le débarquement de Normandie. L'assaut sur Calais utilisa la tactique de l'opération Wellhit à Boulogne, scellant la ville, effectuant des bombardements terrestres, maritimes et aériens, suivis d'assauts d'infanterie appuyés par des blindés, y compris des chars lance-flammes et des tirs de barrages.

La ville avait été déclarée Festung (forteresse) mais une fois pressée, sa garnison de second ordre n'avait besoin que de peu de persuasion pour se rendre. Cette réticence à se battre jusqu'au bout se répéta au cap Gris-Nez. Les 7e et 8e brigades d'infanterie canadiennes lancèrent l'attaque principale du sud-ouest de Calais et dégagèrent les défenses extérieures des côtés sud et ouest du port. La 8e brigade canadienne fut ensuite transférée du côté est et les lignes défensives intérieures furent attaquées des deux côtés. Les Allemands appelèrent à une trêve qui, après un malentendu, conduisit à une reddition inconditionnelle de la garnison. La 9e brigade captura les batteries lourdes sur le cap Gris-Nez au même moment.

Contexte[modifier | modifier le code]

Percée alliée[modifier | modifier le code]

Dans le nord de la France, toutes les forces armées allemandes de la Wehrmacht se retirèrent après la catastrophe de la poche de Falaise et la percée alliée marquant la fin de la bataille de Normandie. Aucune défense de réserve n'était disponible car Adolf Hitler avait interdit leur mise en œuvre. Les avancées rapides des Alliés dans l'est de la France et à travers la Belgique étirèrent leurs lignes de ravitaillement. La capture des ports pour l'approvisionnement fut la tâche confiée à la 1re armée canadienne par le général Bernard Montgomery, qui jugea qu'il avait besoin des ports de la Manche du Havre, Dieppe, Boulogne, Calais et Dunkerque pour approvisionner le 21e groupe d'armées, dans une tentative de percée vers l'Allemagne sans passer par la libération d'Anvers. La plupart des ports avaient été fortifiés et devaient être tenus par leurs garnisons le plus longtemps possible[1].

Après sa reddition, le commandant de la forteresse, l'Oberstleutnant Ludwig Schroeder, dissout la garnison composée de 7 500 marins, aviateurs et soldats, dont seulement 2 500 étaient aptes à servir en tant qu'infanterie. Beaucoup d'entre-eux étaient Volksdeutsche (« Allemands de souche » nés à l'étranger) ou Hiwis (volontaires étrangers) ; le moral était au plus bas et ceux-ci étaient sensibles à la propagande alliée. Un rapport sur les interrogatoires de prisonniers après la bataille conclut :

« Le personnel de l'armée était âgé, malade et manquait à la fois de volonté au combat et durant les interrogatoires ; le personnel naval de la même tranche d'âge n'était pas adapté à la guerre terrestre ; seuls les aviateurs de l'armée de l'air et les artilleurs montraient tous signe de bon moral, qui formaient également le seul contingent jeune de toute la garnison[1]. »

Schroeder fut jugé par ses interrogateurs comme un chef « médiocre et accidentel », devenu commandant par hasard[1].

Terrain[modifier | modifier le code]

Carte de la côte d'Opale.

La côte française s'étend vers le nord depuis de Boulogne et tourne brusquement au cap Gris-Nez vers une ligne à peu près nord-nord-est, qui continue au-delà de la frontière belge. Il n'y a aucun grand port naturel mais d'importants quais ont été construits dans les basses terres de Calais. Le paysage autour du cap Gris-Nez et du cap Blanc-Nez à proximité, est une continuation des collines du Boulonnais rural vallonné. Calais est sur le bord côtier d'une plaine basse drainée par le fleuve Aa et des cours d'eau artificiels. La ville était fortifiée depuis des siècles ; les défenses furent utilisées par les Britanniques et les Français lors du siège de Calais en et ajoutées au système de défense côtière du mur de l'Atlantique allemand construit après 1940[2]. En 1944, les Allemands disposaient de 42 canons lourds dans les environs de Calais, notamment cinq batteries d'artillerie côtières le long de la Manche, la batterie Lindemann (quatre canons de 406 mm à Sangatte), la batterie Wissant (canons de 150 mm près de Wissant), batterie Todt (quatre canons de 380 mm), Grosser Kurfust (quatre canons de 280 mm) et Gris-Nez (trois canons de 170 mm[3]). Les Allemands avaient cassé les systèmes de drainage, inondant l'arrière-pays et mis en place de grands enchevêtrements de barbelés, des champs de mines et des blockhaus[2].

Prélude[modifier | modifier le code]

Les Alliés ont jugé essentiel de réduire au silence les lourdes batteries côtières allemandes autour de Calais qui pourraient menacer les navires à destination de Boulogne et bombarder Douvres et des cibles intérieures[4]. Spry conçut un plan similaire que lors de l'opération Wellhit, la prise de Boulogne un peu plus tôt en septembre. Un bombardement terrestre, maritime et aérien « adoucirait » les défenseurs, même en échouant à détruire les défenses. Des assauts d'infanterie suivraient, précédés de bombardements locaux afin de garder les défenseurs retranchés, pour permettre l'assaut des véhicules lance-flammes Churchill Crocodile et Universal Carrier. Des véhicules blindés de transport de troupes Kangaroo seraient ensuite déployés pour débarquer l'infanterie au plus près possible de leurs objectifs.

Les assauts étaient prévus pour s'approcher de Calais par l'ouest et le sud-ouest, évitant les zones les plus inondées et les principales agglomérations. L'attaque de la 8e brigade canadienne venant de l'ouest était contre les positions d'Escalles, près du cap Blanc-Nez et de Noires Mottes. La 7e brigade canadienne devait attaquer les garnisons de Belle Vue, Coquelles et Calais. Le côté est de la ville sera cerné par les Cameron Highlanders of Ottawa pour empêcher toute fuite ; la 9e brigade canadienne prendrait le relais du 7e régiment de reconnaissance au cap Gris-Nez et se préparait à y capturer les batteries.

Montgomery avait reçu l'ordre prendre Anvers et pressa rapidement le général Crerar de capturer les ports de cette zone de la Manche. Crerar déploya les efforts considérables pour capturer ceux-ci et les remettre en service en un temps imparti. Après avoir obtenu les directives de la Royal Navy, il décida qu'il était prêt à accepter un « masquage » (isolement de la garnison ennemie avec une force réduite) de Calais et le redéploiement des troupes et du matériel à Anvers. Cependant, cette annonce ne fut pas transmise au major général Daniel Spry (en) qui poursuivit son assaut sur Calais[5].

La bataille[modifier | modifier le code]

Wissant[modifier | modifier le code]

La 7e brigade canadienne avait bouclé Calais début septembre et les Regina Rifles s'emparèrent de la ville côtière de Wissant, isolant les batteries du cap Gris-Nez de Calais et prirent la batterie Wissant avec ses quatre canons de 150 mm. Ce succès incita Spry à attaquer le cap Gris-Nez avec deux bataillons, mais la tentative échoua et la zone fut laissée pour plus tard[2].

Calais[modifier | modifier le code]

Canon de 380 mm de la batterie Todt.

Les 7e et 8e brigades d'infanterie canadiennes débutèrent leur attaque sur Calais et ses défenses côtières de l'ouest à 10 h 15 le après un jour de retard, à la suite de bombardements aériens et d'artillerie préparatoires[6]. Le régiment de la Chaudière devait avancer par Escalles, prendre le cap Blanc-Nez et se relier près de Sangatte avec le North Shore Regiment. Les North Shores se virent confier la difficile tâche de prendre les Noires Mottes fortifiées, sur les hauteurs près de Sangatte et sur le site de la batterie Lindemann. Pour protéger les activités canadiennes d'observation autour du cap Blanc-Nez et de Calais, et des interférences des batteries du cap Gris-Nez, un grand écran de fumée fut établi le long d'une ligne intérieure de 3 km de Wissant, pendant cinq jours[7]. La capture du cap Blanc-Nez s'avéra étonnamment facile. Dès que l'assaut du régiment de la Chaudière atteignit les premières défenses, la garnison proposa de se rendre. Cela s'acheva à peine deux heures plus tard, la plupart des défenseurs étant apparemment ivres[2],[6].

L'attaque des North Shores sur Noires Mottes fut soutenue par des Hobart's Funnies de la 79e division blindée et des tirs du 10e régiment blindé à l'approche des champs de mines et par des Churchill Crocodile pour réduire les fortifications. Les premières tentatives de reddition de petits groupes d'Allemands furent découragées lorsque certains furent abattus par leur propre camp[8]. L'avance fut freinée par les défenseurs et les cratères de bombes ayant obstrué l'action des chars Crocodile avant la tombée de la nuit. Des négociations s'ouvrirent avec l'aide de prisonniers allemands et la garnison des Noires Mottes se rendit aux premières lueurs le lendemain matin, . Une formidable position défensive et près de 300 prisonniers avaient été capturés sans grandes pertes ; la batterie de Sangatte a également été prise[6],[9]. L'examen ultérieur des forts montrera que la plupart avaient été piégés.

Les premiers succès de la 8e brigade canadienne, ayant capturé un terrain qui surplombait le front d'attaque de la 7e brigade canadienne, aida grandement les attaques contre la crête de Belle Vue et Coquelles. Le 1st Canadian Scottish, le Regina Rifles et le Royal Montreal Regiment devaient attaquer par les fortifications de Belle Vue jusqu'au front de mer juste à l'est de Sangatte. Au début, suivant de près le barrage d'artillerie rampant, les Canadiens envahirent les premières défenses. Le bombardement fut loupé et provoqua la perte d'un certain nombre de soldats du régiment Regina, jusqu'à ce que les réserves, les Canadian Scots et les chars Crocodile ne vainquirent les défenseurs. La 8e brigade canadienne atteignit Sangatte le matin du , remplissant ainsi ses objectifs. Elle fut ensuite transférée du côté est pour soulager le régiment Camerons tout en exerçant une pression d'une autre direction[10],[11].

Winniecanon britannique de 14 pouces à St Margaret-at-Cliffe près de Douvres.

Les étapes suivantes furent l'avancée de la 7e brigade canadienne à travers Coquelles et le terrain inondé vers Fort Nieulay et une attaque frontale sur Calais par les Regina Rifles, suivant un chemin de fer par bateau à travers un terrain plus inondé au sud-ouest de la zone d'usine de la ville. Ces avancées furent difficiles face à des défenseurs déterminés, qui durent être dépassés pas à pas. Les Canadian Scots reçurent l'ordre de mener une attaque de nuit le long de la côte jusqu'à Fort Lapin. Le , les Canadiens se retirèrent temporairement lors d'une attaque de bombardiers lourds sur les points forts allemands. Fort Lapin tomba qu'après de nouvelles attaques aériennes et le soutien de chars et de chars lance-flammes[12]. Les Winnipegs, de nouveau aidés par des chars lance-flammes, capturèrent Fort Nieulay et les Reginas atteignirent leur cible immédiate, le district de l'usine[13].

D'autres avancées furent établies par la 7e brigade canadienne le mais deux compagnies des Canadian Scots, ayant traversé le canal protégeant le côté ouest de Calais, furent bloquées et coupées jusqu'à la trêve. Des plans étaient en cours d'élaboration pour d'autres traversées de la ville lorsque Schroeder demanda que Calais soit déclarée ville ouverte. Cela fut rejeté en tant que tactique dilatoire, mais une trêve convenue le permettra l'évacuation en toute sécurité de 20 000 civils[13]. Des plans furent établis pour une attaque sur Calais appuyée par de nombreuses attaques aériennes dès que la trêve expira à midi le [14].

Les Canadiens attaquèrent immédiatement après l'expiration de la trêve, malgré les tentatives allemandes de reddition ; Crerar déclara que « les Hun, s'ils voulaient démissionner, pouvaient marcher les mains levées, sans bras et arborant des drapeaux blancs de la manière habituelle ». L'Oberstleutnant Schroeder avait ordonné à la garnison de cesser toute résistance et la 7e brigade canadienne, entrant par l'ouest, ne rencontra aucune opposition, les troupes allemandes se rendant de toute part. Il fallut qu'un officier canadien, le lieutenant-colonel P. C. Klaehn (commandant des Cameron Highlanders), prenant un certain risque personnel, entre dans Calais pendant un bombardement d'artillerie pour accepter la reddition officielle. Ludwig Schroeder quitta Calais à 19 h 00 en tant que prisonnier de guerre[15].

Cap Gris-Nez[modifier | modifier le code]

Photo aérienne du cap Gris-Nez, prise par la RAF avant le bombardement.

La première tentative des éléments de la 7e brigade canadienne de prendre le cap Gris-Nez du 16 au échoua ; la brigade fut redéployée pour son rôle à Calais et remplacée par le 7e régiment de reconnaissance jusqu'à la disponibilité d'une force plus considérable[4]. La 9e brigade canadienne, avec le soutien blindé du 1er Hussards (6e régiment blindé) et des chars à fléaux, des Churchill Crocodile et des véhicules blindés du génie royal (AVRE) de la 79e division blindée, fut déployée au Cap Gris-Nez pour prendre les trois batteries lourdes restantes. À droite, le Highland Light Infantry of Canada (HLI) attaque les deux batteries nordiques, Grosser Kürfurst à Floringzelle et Gris Nez à environ 1,25 km au sud-est du Cap Gris-Nez. À gauche, les North Nova Scotia Highlanders (NNS) faisaient face à la batterie Todt à Haringzelles, à 2 km au sud de la batterie Grosser Kürfurst. Côté terre, les canons étaient protégés par des champs de mines, des barbelés, des blockhaus et des positions antichar[4].

L'infanterie fut précédée d'attaques par 532 avions du RAF Bomber Command le et par 302 bombardiers le . Bien que ceux-ci aient probablement affaibli les défenses ainsi que la volonté des défenseurs de se battre, la cratérisation du sol empêcha l'utilisation des blindés, entraînant l'enlisement des chars. Le tir précis par Winnie et Pooh, deux canons lourds britanniques de 14 pouces à Douvres, réduit au silence la batterie Grosser Kürfurst[16]. La batterie avait tiré à l'intérieur des terres et causa quelques pertes parmi l'artillerie britannique assemblée à l'intérieur de Wissant, malgré l'écran de fumée[17],[18].

Le , l'artillerie ouvrit le feu à 6 h 35 du matin et l'attaque d'infanterie débuta après dix minutes derrière un barrage rampant qui garda les défenseurs à l'abri. Les Allemands se rendirent sans résistance à l'arrivée des assaillants. Le HLI avait capturé la batterie Grosser Kürfurst à 10 h 30, moins de trois heures avant la prise de la batterie Gris Nez dans l'après-midi. Le NNS rencontra encore moins de résistance, atteignant les bunkers sans opposition. Les murs de béton résistaient aux mortiers AVRE, mais leur bruit et les commotions provoquées, ainsi que plusieurs grenades à main jetées dans des embrasures, incitèrent les artilleurs allemands à se rendre en milieu de matinée. Le NNS continua à capturer le quartier général allemand local à Cran-aux-Œufs[19]. Malgré les fortifications allemandes impressionnantes, les défenseurs refusèrent de se battre et l'opération s'acheva avec relativement peu de pertes humaines[16],[20].

Conséquences[modifier | modifier le code]

Arrière de la batterie Todt, maintenant ouverte au public.

Les dommages au port furent considérables et les installations ne furent disponibles qu'en novembre, après la libération d'Anvers[3]. La réduction des batteries côtières lourdes allemandes permit l'utilisation du port de Boulogne; le déminage avait commencé quelques heures après le succès de la 9e brigade canadienne. La capture des canons allemands sur le cap Gris-Nez mit fin à quatre ans d'échanges d'artillerie entre la côte française et la côte anglaise. Douvres subit son dernier bombardement le et le maire reçut après un drapeau allemand des batteries pour marquer l'événement[21],[20].

Les Canadiens furent critiqués pour leur performance à Calais et dans les autres ports de la Manche ; leur progression fut comparée défavorablement à celle des autres unités alliées. Montgomery fit remarquer que l'Armée canadienne avait été « mal gérée et très lente ». Il avait une mauvaise opinion de Crerar et il y eut des spéculations selon lesquelles le départ de celui-ci en congé de maladie était un euphémisme pour sa révocation du commandement. Son remplaçant, l'énergique Guy Simonds, fut préféré par Montgomery et celui-ci commanda les forces qui permettront de dégager les approches d'Anvers[22].

Le commandant du 84e groupe de la RAF, le vice-maréchal de l'Air Leslie Oswald Brown (en), mécontenta le maréchal de l'Air Arthur Coningham par sa coopération étroite avec l'armée canadienne. Coningham souhaitait voir l'armée de l'Air agir de manière indépendante, non en étroite coopération avec l'armée et cherchait « quelqu'un de moins subordonné à l'armée ». Une fois Anvers ouvert, il remplaça Brown par le vice-maréchal de l'air Edmund Hudleston (en)[23].

Ordres de bataille[modifier | modifier le code]

Allié

Artillerie

  • Artillerie royale du 9e groupe d'armées
    • 9e régiment moyen d'artillerie royale
    • 10e Régiment moyen d'artillerie royale
    • 11e régiment moyen d'artillerie royale
    • 107e régiment moyen d'artillerie royale
    • 51e régiment d'artillerie royale lourde
  • 2e groupe d'armées de l'Artillerie royale canadienne
    • 3e régiment moyen, Artillerie royale canadienne
    • 4e régiment moyen, Artillerie royale canadienne
    • 15e régiment moyen d'artillerie royale
    • 1re Heavy Regiment Royal Artillery
    • "C" Flight, 661 (Air Observation Post) Squadron, RAF

Chars et véhicules spécialisés

Garnison allemande

  • Troupes antiaériennes de la Luftwaffe
  • Détachements de batteries côtières de la Kriegsmarine
    • 242e Naval Coastal Artillery Battalion (cap Gris-Nez)
    • Infanterie (divers)

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes
  1. Le 1er escadron blindé de transport de troupes canadien était à la base du 1st Armored Carrier Regiment, formé en octobre 1944.
Références
  1. a b et c Monahan 1947, p. 74.
  2. a b c et d Copp 2006, p. 76.
  3. a et b Stacey 1960, p. 352.
  4. a b et c Stacey 1960.
  5. Copp 2006, p. 75–76.
  6. a b et c Stacey 1960, p. 349.
  7. Copp 2006, p. 78.
  8. Wareing, « Capture of the Cross Channel Guns at Sangatte 1944 », WW2 People's War, BBC, (consulté le )
  9. Ellis 2004, p. 65.
  10. a et b Copp 2006, p. 79.
  11. Stacey 1960, p. 350.
  12. Ellis 2004.
  13. a et b Monahan 1947, p. 86.
  14. Monahan 1947, p. 88.
  15. Monahan 1947, p. 96.
  16. a et b Copp 2006, p. 82.
  17. Stacey 1960, p. 353–354.
  18. 9 AGRA.
  19. Stacey 1960, p. 353.
  20. a et b Stacey 1960, p. 354.
  21. Roskill 2004, p. 137.
  22. Copp 2006.
  23. Copp 2006a, p. 30.
  24. Monahan 1947, appendix C.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Terry Copp, Montgomery's Scientists: Operational Research in Northwest Europe. The work of No.2 Operational Research Section with 21 Army Group June 1944 to July 1945, Waterloo, Ont, LCMSDS, (ISBN 978-0-9697955-9-9)
  • Terry Copp, Cinderella Army: The Canadians in Northwest Europe, 1944–1945, Toronto, Ont, University of Toronto Press, (ISBN 978-0-8020-3925-5, lire en ligne)
  • Terry Copp, The Siege of Boulogne and Calais, vol. IX, The Canadian Army Journal, , 30–48 p. (ISSN 1713-773X, lire en ligne), chap. 1
  • (en) L. F. Ellis, G. R. G. Allen, A. E. Warhurst et James Robb, Victory in the West: The Defeat of Germany, vol. II, Londres, Naval & Military Press, coll. « History of the Second World War United Kingdom Military Series », (1re éd. 1968) (ISBN 978-1-84574-059-7, OCLC 945790291)
  • (en) J. W. Monahan « The Containing of Dunkirk » (rapport CMHQ Report # 184), Canadian Participation in the Operations in North-west Europe 1944. Part V: Clearing the Channel Ports, 3 Sep 44 – 6 Feb 45, Historical Section, Canadian Military Headquarters,‎ (OCLC 961860099, lire en ligne, consulté le ) [PDF]
  • S. Roskill, The War at Sea 1939–1945: The Offensive, Part II 1st June 1944 – 14th August 1945, London, HMSO, coll. « History of the Second World War United Kingdom Military Service », , pbk. repr. Naval & Military Press, Uckfield éd. (1re éd. 1961) (ISBN 978-1-84342-806-0)
  • Colonel C. P. Stacey et Bond, Major C. C. J., The Victory Campaign: The operations in North-West Europe 1944–1945, vol. III, The Queen's Printer and Controller of Stationery Ottawa, coll. « Official History of the Canadian Army in the Second World War », (OCLC 606015967, lire en ligne [PDF])

Liens externes[modifier | modifier le code]