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« Influence (politique) » : différence entre les versions

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==Notes et références==
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Version du 14 mai 2012 à 13:52


L’influence a pour objectif de modifier le comportement d’une cible sans recours à la contrainte ou la coercition. Dans ce cas, les individus ciblés agissent de leur plein gré, consciemment ou pas, alors que dans le cas de la contrainte ils agissent consciemment contre leur gré.

L'influence est également l'un des 11 facteurs d'intelligence économique, dans le modèle de l'AFDIE (Association française pour le développement de l'intelligence économique). Lorsqu'il s'agit d'influence à des fins négatives on parle alors de manipulation.

L'influence en politique

Cela suppose souvent des stratégies : elles suscitent l’imitation d’un modèle, ou recherchent la persuasion grâce à une rhétorique efficace, agissant parfois sur les catégories mentales de l'influencé (en le "formatant") ou encore elles organisent la coopération d'acteurs en vue d’une action commune sur l'opinion de l'influencé. Ce qui correspond à la capacité d’émettre des images, de diffuser des messages persuasifs et d’organiser la synergie de réseaux. Soit, par exemple la politique de prestige d'un pays, une campagne médiatique ou l'action d'un groupe de pression sur les élus.

Il existe des organisations vouées à l'influence : les lobbies, les think tanks, les sociétés de pensée, les ONG, etc : si elles n'exercent pas (ou peu) de pouvoir direct, elles sont efficaces par leur capacité de convaincre, de faire partager leur point de vue, leurs valeurs, leurs objectifs ou leurs idéaux.

L’influencé éprouve l’influence comme si elle n’avait fait que lui révéler ce qu’il désirait secrètement, comme si la relation était spontanée, symétrique et égalitaire. Mais cela peut dissimuler le caractère parfois manipulateur et occulte de l'influence.

Il est coutumier d'opposer l'influence à l'autorité en politique intérieure. La seconde est ostensible, asymétrique, basée sur la croyance en la légitimité de celui (ou de l'institution) qui commande et vise à obtenir une obéissance intériorisée.

En politique étrangère, on oppose plutôt l'influence à la puissance (ressources, armées, terres, population...). Par l'influence (les Américains disent volontiers le "soft power") un État peut en amener un autre à partager ses vues, voire ses valeurs ou son idéologie, à imiter ses institutions, ses mœurs ou son économie, à valoriser son image, à apprécier sa culture ou ses produits... et cela rejoint l'influence en intelligence économique, où elle peut être un relais de la puissance économique, par exemple pour gagner des marchés.

L'influence en intelligence économique et stratégique

Plusieurs définitions de l'intelligence économique considèrent même que l'influence - en tant qu'action indirecte sur l'environnement à travers les perceptions des autres acteurs - en constitue le troisième volet avec l'acquisition de l'information par la veille et la protection de son propre patrimoine informationnel.

Le modèle de l'AFDIE définit l'influence comme « le processus qui, à l'initiative d'un organisme, vise à modifier favorablement les interactions de celui-ci avec son environnement. »

Le modèle de l'AFDIE identifie quatre critères :

  1. Connaître l'environnement global,
  2. Définir et conduire la stratégie d'influence,
  3. Maîtriser les moyens de protection et de riposte,
  4. Avoir une communication de crise et préserver la cohésion de l'entreprise.

L'exemple du protocole de Londres sur la non-traduction des brevets européens montre que l'influence s'exerce dans plusieurs domaines à la fois :

  • la langue,
  • le droit,
  • l'ingénierie,
  • les technologies de l'information (il existe des systèmes informatiques très sophistiqués pour gérer les brevets).

Techniques d'influence

L'influence peut employer des moyens légaux et loyaux.

Elle peut parfois se manifester sous la forme de la manipulation, comme la diversion. C'est une technique peu orthodoxe mais tout de même très efficace.

Influences dans les institutions européennes

L'influence dans et sur les institutions européennes a deux volets: d'une part politique, exercée par les grands États au travers des nominations et décisions politiques du Conseil, et d'autre part technique, via le lobbying exercé par divers groupes d'intérêt.

L'influence au sein du Conseil est essentiellement celle des grands États (Allemagne, France, Grande-Bretagne, Italie; Espagne) qui y disposent naturellement de plus de voix. Des arrangements semi-informels, tels le compromis de Ioannina (désormais officialisé par des règles de majorité qualiifiée), ont visé à rééquilibrer le pouvoir de décision entre "grands" et "petits".

La pratique du lobbying s'est pour sa part développée suivant le modèle anglo-saxon, notamment par le biais de groupes d'intérêt de tous horizons qui interviennent auprès des membres du Parlement européen et des services de la Commission, que ce soit directement ou par lors des périodes de consultation qui précèdent la publication de la version finale d'un rapport d'orientation ou Livre vert par cette dernière[1].

Voir aussi

Notes et références

  1. Sonia Mazey, Jeremy J. Richardson, « La Commission européenne : une bourse pour les idées et les intérêts », Revue française de sciences politiques, vol. 46, no 3,‎ , p. 409-430 (lire en ligne)

Bibliographie

  • L'autre guerre des États-Unis, économie : les secrets d'une machine de conquête, Claude Revel et Eric Denécé, Robert Laffont.
  • Business sous influence, sous la direction de Ludovic François, Éditions d'organisation 2004, ISBN : 2-7081-3102-8
  • Puissance et influence', revue Agir n° 14, Printemps 2003 ISBN : 2-914319-08-8
  • François-Bernard Huyghe, Maîtres du faire croire. De la propagande à l'influence, Vuibert, 2008, ISBN 978-2-7117-1194-9.
  • Laurent Jacquet, "Lexique du Renseignement, de l'Information et de l'Influence", Editions L'Esprit du Livre, Paris 2010.