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Coup d'État de 1973 au Chili

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Début du 20ème siècle, le Chili connaît une industrialisation galopante soutenue par la forte progression économique des USA. Cette dépendance vis-à-vis des USA fait que la crise économique des années 30 se répercute durement sur le Chili. Suite à cette crise, une certaine sensibilité sociale s'impose dès 1938 avec l'arrivée du Frente Popular au pouvoir. Le Chili s'engage alors sur la voie des réformes : rôle accru de l'Etat dans l'économie, législation et protection sociale. Lors du scrutin présidentiel de 1958, Jorge Alessandri arrive au pouvoir soutenu par les partis de droite. Dès 1960, il doit affronter une forte agitation sociale et lors des élections de 1964, Salvador Allende ( coalition socialo-communiste ) s'oppose à Edouardo Frei ( démocrate-chrétien ). Celui-ci est soutenu par le centre et la droite ( opposés à Allende ) ainsi que par les USA qui financent sa campagne électorale et une propagande anticommuniste. Frei gagne les élections, met en place un tas de réformes : syndicats, éducation, réforme agraire, services sociaux. Mais il doit faire face au Congrès ( qui ne le soutient plus ), à ses propres partisans ( doutant de sa réforme agraire ) ainsi qu'à l'inflation. Au scrutin de 1970, la gauche et la droite se livrent à un combat de coqs. L'Unité Populaire ( alliance des partis de gauche ) présente Allende comme candidat et prône d'importantes réformes, "une révolution par voies légales" ( expropriation des grands propriétaires terriens, nationalisations. ). Face à Allende, se présentent Rodomiro Tomic pour la démocratie-chrétienne et Alessandri ( président en 1958 ). Les résultats sont très serrés : 27.8 % pour Tomic, 34.9 % pour Alessandri et 36.3 % pour Allende. Puisqu'il n'y a pas de majorité absolue, et comme le veut la constitution, c'est au Congrès qu'il revient de confirmer l'élu à la présidence. Celui-ci adopte précipitamment plusieurs amendements constitutionnels visant à limiter les pouvoirs du futur gouvernement et confirme Allende en tant que président de la République. Le nouveau président met rapidement en place le programme de l'Unité Populaire et les premiers résultats ne tardent pas à se faire sentir.

Mais les USA ne sont guère satisfaits de l'expropriation des grandes compagnies américaines du cuivre et de l'entente entre la Havane et Santiago. Les USA décident un blocus vis-à-vis du Chili et coupent tous les crédits sauf ceux pour l'armée chilienne et ils offrent des stages aux officiers chiliens. Des difficultés d'approvisionnement, l'inflation galopante et les grèves auront vite fait de mettre Allende dos au mur. Celui-ci nomme Carlos Prats, chef des armées, au poste de ministre de l'intérieur. Lors des législatives de 1973, l'Unité Populaire obtient 44 % des voix prouvant le soutient populaire dont bénéficie Allende. Il semble que la décision d'une intervention militaire ait été prise à ce moment-là. Bien qu'il ait sauvé le gouvernement d'un premier putsch en juin 1973, Prats devra démissionner suites à de nouvelles grèves dans les professions libérales ( financées par les USA ). Il sera remplacé par Augusto Pinochet. Allende prépare un discours aux Chiliens pour annoncer un plébiscite le 11 septembre, mais il n'aura pas l'occasion de le prononcer. Le 11 septembre 1973 à 9h du matin, le palais présidentiel est assiégé par l'armée sous le commandement de Pinochet. On ne laisse qu'une seule alternative à Allende : s'exiler, mais il refusera. Il mourra les armes à la main après s'être adresser une dernière fois à son peuple. Un gouvernement militaire s'installe dirigé par Pinochet, le Congrès est dissout tout comme les syndicats, les partis politiques, les conseils municipaux ; la liberté de presse est abolie, la littérature de gauche est brûlée. Sous cette dictature, des milliers de Chiliens seront arrêtés, torturés, déportés, exécutés ( avec les tristement célèbres "Caravanes de la Mort" ). Quelques chiffres peut-être : 50000 morts, 400000 personnes emprisonnées, un million d'exilés dont 160000 exilés politiques.

Le Chili aujourd'hui

Vers 1985, Pinochet veut donner à sa dictature une image plus humaine, et il organise un plébiscite en 1988 : 55 % des Chiliens disent "non" à Pinochet. Aujourd'hui, le Chili est à nouveau une démocratie, mais de nombreuses questions sur l'époque Pinochet n'ont pas encore trouvé de réponse. L'impunité règne pour les complices de Pinochet et de nombreux corps de disparus, enlevés par les "Caravanes de la Mort" n'ont pas encore été retrouvés empêchant ainsi les familles de faire leur deuil. De plus, les femmes de disparu se sont regroupées pour demander justice et réclamer du gouvernement des enquêtes approfondies mais celles-ci reçoivent des menaces non pas du gouvernement qui tente de les protéger mais des nombreux complices de Pinochet. C'est en soutien à ces femmes et à tous les Chiliens, que nous penserons à ce qui s'est passé au Chili, il y a 30 ans.