Maurille d'Angers

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Saint Maurille d'Angers
Image illustrative de l’article Maurille d'Angers
Évêque d'Angers
Naissance 346
Milan
Décès 13 septembre 453  (90 ans)
Angers
Fête 13 septembre

Saint Maurille ou Maurile, Maurilius en latin († 453) est un évêque d'Angers. Maurille est fêté le 13 septembre[1]. Il est le saint patron des pêcheurs et des jardiniers. Dans l'iconographie catholique romane il est représenté comme un évêque avec un poisson et tenant une clef ou une bêche. Les églises de : Chalonnes-sur-Loire, Vouziers, Chérancé, Saint-Morillon et Saint-Moreil honorent son nom.

Biographie

Les trois sources hagiographiques pour les premiers saints sont des ouvrages monumentaux de Jean Croiset (1656-1738), en français et d'Alban Butler (1710-1773), en anglais, mais traduits en français par Jean-François Godescard (1728-1800) et l’œuvre de la Société des Bollandistes. Le « Butler » a été continuellement augmenté et mis à jour avec des découvertes historiques. La comparaison du texte originel[4], pages 164-165 avec le texte publié en 2015 est édifiant.

La seule authentique Vie de saint Maurille a été écrite par Mainbeuf d'Angers, l'un de ses successeurs, vers 620. D'autres récits, plus tardifs, sont très sujets à caution. L'un d'eux, écrit vers 905 par un certain Archanaldus (qui prétendait que le livre avait été écrit par Venance Fortunat et corrigé par Grégoire de Tours) est la source de l'invention du saint légendaire Saint René d'Angers et de l'iconographie utilisée pour représenter saint Maurille. La supercherie a été découverte seulement en 1649.


Le récit de Mainbeuf

Maurille naquit dans une riche famille milanaise. Ils le mirent très vite sous la houlette du futur Saint Martin qui, venant de Hongrie, avait construit un monastère à Milan pour des jeunes gens. Mais Martin fut contraint de quitter la ville, après avoir été fouetté à tous les carrefours, et d’abandonner son monastère. Il rejoignit Tours.

Saint Ambroise prit alors Maurille comme lecteur. Vers l'âge de vingt ans il quitte sa famille et son pays pour se mettre sous la direction de Martin de Tours, où celui-ci avait été nommé évêque. Martin l’ordonna prêtre et l’envoya à Angers pour y travailler au salut des âmes.

Il y avait, non loin d’Angers un temple où se livrait un culte païen. Maurille pria Dieu de le détruire. Le feu vint alors du ciel et réduisit le temple en cendre. Maurille y construisit alors une église autour de laquelle vinrent se grouper des gens qui donnèrent naissance à la ville de Chalonnes. Maurille y resta douze ans.

Il se mit à faire des miracles.

  • Après avoir passé une nuit en prière, il guérit un habitant de la Possonnière qui était perclus des deux mains.
  • On lui amena aussi une femme aveugle qui était enchaînée et garrottée parce qu’elle était possédée par un démon responsable de son infirmité. Il la regarda d’un œil et son regard était si fort que le démon fut contraint de sortir de la femme. Il fit le signe de la croix sur ses yeux et lui rendit la vue.
  • Par ses prières il obtint un enfant pour une femme d’Angers, qui était stérile et déjà d’un grand âge.
  • Il y avait encore, près de Chalonnes, un temple nommé Prisciacus, dans lequel on rendait des cultes abominables. Il s’y rendit pour le détruire. Les démons lui dirent : “Pourquoi, Maurille, nous persécutez-vous avec tant de rigueur ? Nous ne saurons plus nous cacher dans ce pays. Vous nous cherchez partout et vous nous forcez à nous enfuir.” Maurille les chassa et, après avoir fait un monceau de toutes les idoles, il y mit le feu. Sur les ruines, il bâtit le monastère de Saint Pierre de Chalonnes.
  • Un jour, il rencontra une troupe d’esclaves guidés par des marchands qui les emmenaient en Espagne où ils pourraient facilement les vendre. Un esclave se sauva du groupe et vint se jeter au pied de Maurille, le suppliant de le délivrer. Maurille négocia avec le marchand qui resta inflexible. Maurille fit alors une prière et le marchand fut saisi de fièvre et mourut dans l’instant.
Tous les autres captifs croyant qu’ils subiraient un châtiment pour ce qui s’était passé, supplièrent Maurille d’obtenir la grâce pour le marchand. Maurille se prosterna alors et ne se releva qu’au moment où le marchand ressuscita.
Celui-ci libéra alors les esclaves et fit de grands dons à Maurille.

L’évêque d’Angers était mort en 423. On alla chercher Maurille pour le remplacer. En entrant dans l’église d’Angers, une colombe arriva et se posa sur la tête de Maurille. Saint Martin lui imposa alors les mains et le consacra évêque d'Angers.

Maurille reste évêque pendant trente ans et meurt en 453. Il est enterré dans l'église Notre-Dame d'Angers qu'il a fondée, qui devint plus tard la Cathédrale Saint-Maurice d'Angers. Sous la prélature de l'évêque Neffingue (966-973), lors de la translation des reliques de saint Maurille dans une nouvelle châsse, de nouveaux miracles sont rapportés. On trouve quelques précisions sur ces miracles dans les archives de la Société des Bollandistes[5]. Le concomitance de ces miracles tardifs et la publication de la légende de saint René est à noter.

Le récit d'Archanaldus

L’enfant, qu’il avait réussi à obtenir à la femme, tomba malade gravement. Comme sa mère craignait qu’il ne mourut avant d’avoir obtenu le sacrement de confirmation, elle l’apporta dare-dare à l’église de Maurille. Mais comme celui-ci disait la messe il ne put être interrompu et l’enfant mourut pendant ce temps-là.

Quand Maurille apprit ça, il résolut d’expier cette faute pendant longtemps. Comme ça ne lui était pas facile de le faire sous le regard de son peuple d’Angers, il résolut de partir pour l’Angleterre afin d’y pratiquer les austérités nécessaires. Il sortit en cachette d’Angers et se rendit à un port de pêche pour y prendre un bateau. Pendant qu’il attendait, il tagua son nom, sa qualité et la date de son passage sur une pierre.

Arrivé en pleine mer, il s’aperçut qu’il avait emmené avec lui les clefs des reliques de son église. Comme il les tenait dans ses mains en se demandant pourquoi il les avait emportées, le démon le troubla et les clefs tombèrent dans l’eau. Il fondit alors en larmes et se jura de ne jamais rentrer à Angers sans avoir retrouvé les clefs.

En Angleterre, il s’habilla pauvrement et se loua comme jardinier à un seigneur.

Pendant ce temps là, les angevins étaient attristés de ne plus voir leur évêque et surtout de ne pas savoir où il était passé. Plusieurs dirent que s’ils ne le retrouvaient pas, Angers serait affligée de grands malheurs. Il choisirent donc quatre d’entre eux pour chercher Maurille. Ils parcourent l’Europe pendant sept ans sans rien trouver. Il ne restait plus que l’Angleterre à fouiller. Comme ils attendaient un bateau, ils s’étaient assis sur la pierre taguée et virent l’inscription laissée par Maurille.

Ils s’embarquèrent donc avec joie. Arrivés en pleine mer, un gros poissons s’élança et vint tomber dans leur navire. Cela les étonna mais ils furent encore plus surpris lorsqu’ils eurent ouvert le ventre du poisson, d’y trouver les clefs des reliques d’Angers. Il pensèrent alors que Maurille avait aussi été englouti par un poisson. Mais la nuit suivante ils eurent un songe qui leur ordonnait de poursuivre leur route.

Ses diocésains, dont la douleur était inconsolable, le firent si bien rechercher, qu'on découvrit sa retraite; mais il refusa de revenir au milieu de son troupeau, disant: "Je ne puis; car ayant perdu sur mer les clefs des reliques de ma cathédrale, que j'avais emportées par mégarde, j'ai fait serment de ne plus paraître à Angers avant de les avoir retrouvées.

« Les voici, lui dirent les envoyés; pendant notre traversée, un poisson fut jeté sur le pont du navire par la vague, et dans son ventre on a trouvé ces clefs. »

Maurille obéit à la Volonté du Ciel. A son retour, il se fit conduire au tombeau de l'enfant, et, les yeux baignés de larmes, il demanda à Dieu de lui rendre la vie. Le petit ressuscité reçut, à cause de cette seconde naissance, le nom de René, et fut le successeur de Maurille sur le siège d'Angers et devient saint René d'Angers.

Le successeur de Maurille était Thalasse (453-462). Les clefs et le poisson sont devenus les signes iconographiques de saint Maurille.

Notes et références

  1. Fête de saint Maurille
  2. Jean Croiset, Les vies des saints pour tous les jours de l'année, t. II, Lyon, Frères Bruyat, (lire en ligne)
  3. (en) Alban Butler, Le Lives of the Saints: September, Catholic Way publishing, , 534 p. (lire en ligne)
  4. (en) Alban Butler, The lives of the fathers, martyrs, and other principal saints : compiled from original monuments and other authentic records, t. 9, Derby, Richardson & Sons, , 486 p. (lire en ligne)
  5. « Note sur Le livre des miracles de Saint Maurille, évêque d’Angers, par Harmer », Analecta Bollandiana, vol. 18,‎ , p. 416-417 (lire en ligne, consulté le )}, pages 416-417


Voir aussi