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Explorer 1

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Description de cette image, également commentée ci-après
La maquette d'Explorer 1 solidaire du dernier étage du lanceur Juno I au Smithsonian Air and Space Museum.
Données générales
Organisation Army Ballistic Missile Agency (ABMA) et Jet Propulsion Laboratory (JPL)
Constructeur ABMA
Programme Explorer
Domaine Environnement spatial de la Terre
Statut Mission terminée
Autres noms Satellite 1958 Alpha
Lancement à 03 h 48 TU
Lanceur Juno I
Fin de mission
Durée 111 jours
Désorbitage
Identifiant COSPAR 1958-001A
Site NASA NSSDC Master Catalog
Caractéristiques techniques
Masse au lancement 13,97 kg
Contrôle d'attitude Stabilisé par rotation
Orbite
Orbite Terrestre basse
Périgée 358 km
Apogée 2 550 km
Période de révolution 114,8 minutes
Inclinaison 33,24°

Explorer 1 (officiellement Satellite 1958 Alpha) est le premier satellite artificiel placé en orbite par les États-Unis. Il est lancé le par un lanceur Juno I depuis la base de lancement de Cap Canaveral en Floride. Le lancement d'un satellite est programmé initialement pour l'année géophysique internationale de 1957-1958. Cet objectif se transforme en un enjeu national lorsque l'Union soviétique parvient à devancer les États-Unis en mettant en orbite le premier satellite artificiel Spoutnik 1 le . Des problèmes de mise au point ayant retardé le premier vol du lanceur américain Vanguard désignée pour ce lancement dès 1955.

Les ingénieurs de Wernher von Braun travaillant à l'Agence des missiles balistiques de l'Armée de terre américaine (ABMA) et du Jet Propulsion Laboratory relèvent le défi en mettant au point à la fois le lanceur et le satellite en moins de 90 jours. Le principal instrument scientifique conçu par James Van Allen emporté par ce petit satellite de quelques kilogrammes est chargé de détecter le rayonnement cosmique. Il fournit des résultats anormaux qui sont expliqués quelques mois plus tard par la présence de ceintures de radiation autour de la Terre lesquelles prennent le nom du scientifique.

Contexte : l'Année géophysique internationale et la décision du lancement d'un premier satellite

Au XIXe siècle, l'exploration des régions polaires de la Terre est effectué initialement par des expéditions sous drapeau national (Royaume-Uni, Norvège...). Toutefois, à l'initiative des nations scandinaves, un ensemble coordonné de missions d'exploration rassemblant des chercheurs de plusieurs pays et baptisé Année polaire internationale, est organisée en 1882-1883. Cet événement est répété en 1932-1933 et une troisième édition est prévue en 2007-2008. Le , plusieurs scientifiques de premier plan dont Lloyd V. Berkner, Sydney Chapman, Fred Singer, et Ernest Harry Vestine, se réunissent dans la maison du professeur James Van Allen, spécialiste du rayonnement cosmique. Ces scientifiques, qui disposent de nombreuses relations dans les sphères académiques gouvernementales, estiment que, compte tenu des avancées dans le domaine des équipements permettant l'étude de la Terre tels que les fusées, les radars et les moyens de calcul, un événement scientifique de même type doit être organisé sans attendre. Ils proposent d'étendre le périmètre d'investigation à l'ensemble de la Terre pour en faire une année géophysique internationale[1]. Berkner et Chapman soumettent cette proposition au Conseil international des unions scientifiques (ICSU) dont le rôle est de coordonner les recherches scientifiques des différents pays. Ils suggèrent qu'une Année géophysique internationale soit organisée en 1957-1958, car cette période correspond à un maximum de l'activité solaire[2],[3].

À l'époque, la guerre froide oppose l'Union soviétique et ses alliés aux pays occidentaux. Mais la mort de Joseph Staline en 1953 entraîne une légère détente et les pays du bloc de l'est décident de participer. Les scientifiques décident que, pour couronner cet événement, des satellites artificiels soient placés en orbite pour y collecter des données scientifiques[4]. Le projet rassemble 60 000 scientifiques et 66 pays. Pour marquer l'événement, les deux superpuissances de l'époque proposent en 1954 de placer à cette occasion un satellite artificiel autour de la Terre. Le concept de satellite artificiel est ancien mais c'est seulement au cours des deux dernières décennies, que, sous l'impulsion de l'Allemagne nazie (missile V2) puis des deux superpuissances (développement de missiles balistiques), les avancées technique permettent d'envisager sa mise en œuvre. L'objectif annoncé est entériné le par le comité organisateur de l'année géophysique internationale qui encourage tous les pays à y participer. Aux États-Unis, le lancement d'un satellite est approuvé par le comité national de l'année géophysique internationale réuni le 18 mai 1955. Bien avant cet événement, la conception d'un tel satellite est étudiée par la RAND Corporation et le bureau aéronautique de la Marine américaine, donnant lieu à des rapports publiés dès 1946. Mais pour lancer ce satellite, il faut d'abord disposer d'un lanceur capable de l'accélérer suffisamment (plus de 7 km par seconde) pour qu'il reste en orbite[5].

La sélection du lanceur

En Union soviétique, le programme spatial est à cette époque entièrement géré par l'OKB 1 sous la direction de Sergueï Korolev et constitue en fait un prolongement du programme de missile balistique intercontinental lourd Semiorka en cours de développement pour les forces militaires. Il n'en va pas de même aux États-Unis en 1954. Les trois corps de l'Armée américaine (Armée de l'air, Armée de terre et la Marine) ont chacun des programmes de missiles balistiques. Par ailleurs des scientifiques, comme James Van Allen de l'université de l'Iowa, utilisent des fusées-sondes dérivées des travaux sur les missiles et de plus en plus puissantes pour explorer la haute atmosphère

Le projet Orbiter de von Braun (Armée de Terre)

À l'époque le centre de recherche californien Jet Propulsion Laboratory, qui a acquis une forte expertise dans la propulsion des fusées, leur guidage et leur suivi, est rattaché à l'Armée de Terre et conçoit pour celle-ci des missiles balistiques à courte portée. L'un de ses responsables, William H. Pickering, un ingénieur néo-zélandais devenu un spécialiste des télémesures (guidage et contrôle des fusées) est à la tête du programme de missile Corporal. Travaillant sur la base de de White Sands, il y fait connaissance de James Van Allen qui utilise des fusées V2 mises à disposition par Wernher von Braun pour lancer des expériences scientifiques dans la haute atmosphère. En 1954 l'équipe de von Braun qui dirige les ingénieurs de l’Agence des missiles balistiques de l'Armée de terre américaine située Huntsville (Alabama propose d'utiliser le missile balistique à courte portée Redstone qu'il développe surmonté par un fagot de propulseurs à propergol solide pour en faire un lanceur et placer un satellite artificiel en orbite. Selon ses calculs le projet pourrait aboutir dès septembre 1956. Von Braun envoie au JPL, avec lequel il souhaite travailler, le détail de cette proposition baptisée Project Orbiter. En retour Pickering suggère d'utiliser des fusées Recruit pour les étages supérieurs et d'installer un émetteur radio en cours de développement dans son établissement. Van Allen de son côté tente d'obtenir l'appui des responsables américains à Washington[6].

Le choix du programme Vanguard

Mais ce projet de l'Armée de Terre n'est pas le seul en course pour lancer un satellite artificiel. Le Naval Research Laboratory propose d'utiliser le lanceur Vanguard, une nouvelle fusée consacrée à la recherche scientifique dont le second étage est une fusée-sonde Aerobee fournie par le JPL tandis que l'Armée de l'Air propose son missile balistique intercontinental Atlas. Ces deux fusées sont toutefois à un stade de développement très peu avancé. Le secrétariat de la Défense nomme en août 1955 un comité pour sélectionner un des trois projets. Ce comité est composé de deux représentants de chacune des trois armes et est dirigé par Homer Stewart, un professeur de Caltech également responsable d'une des divisions du JPL. Bien que le projet Orbiter soit le plus abouti c'est le projet Vanguard proposé par le laboratoire de la Marine américaine qui l'emporte par cinq voix contre deux pour le projet Orbiter. Ce choix reflète la volonté du président américain en exercice, Eisenhower, de ne pas associer le programme spatial à une arme. Quelques jours plus tard cette décision est confirmée et l'équipe de von Braun se voit interdire toute tentative de lancement de satellite[6],[7],[8].

Développement d'Explorer et de son lanceur Juno I

Les essais de la Jupiter-C

Les ingénieurs du JPL et de von Braun assemblent un bouclier thermique expérimental en fibre de verre sur une Jupiter-C destiné à protéger les têtes militaires (1957).

À l'automne l'Armée de Terre demande au JPL de l'assister dans la mise au point des têtes militaires des missiles balistiques intercontinentaux. Celles-ci sont soumises lors de leur rentrée atmosphérique à très grande vitesse à des températures de plusieurs milliers de degrés. Von Braun est chargé de tester le recours à un revêtement en fibre de verre qui se sublimerait durant cette phase de vol tout en protégeant la tête militaire. Pour effectuer ces tests, le montage proposé pour le projet Orbiter est utilisé. Le JPL fournit les étages supérieurs (fusées Recruit) ainsi qu'un réseau de stations de poursuite baptisé Microlock qu'il déploie à cette occasion et qui est chargé de recueillir les données transmises par radio par le missile. Le lanceur ainsi obtenu est baptisé Jupiter-C (pour Jupiter Composite Re entry Test Vehicle) Le premier test est effectué en septembre 1956. Pour éviter que la fusée ne place en orbite le dernier étage, celui-ci est rempli avec du sable au lieu de propergol solide. Dès son premier essai la charge utile s'élève jusqu'à 5 391 km établissant un nouveau record d'altitude. Deux mois plus tard, le secrétariat à la Défense, qui veut empêcher qu'un nouveau test n'aboutisse à une mise en orbite qui précèderait le programme Vanguard, envoie un mémo à l'Armée de Terre, l'employeur de von Braun, interdisant tout essai de missile dont la portée excéderait 320 kilomètres[9].

Préparatifs clandestins

Mise en place d'Explorer 1 sur son lanceur Juno I.

Malgré les consignes du secrétariat à la Défense, le général John Medaris directeur de l’Agence des missiles balistiques de l'Armée de terre américaine (ABMA) et von Braun soumettent en avril 1957 un plan de lancement d'une demi-douzaine de satellites artificiels à l'aide du lanceur Jupiter-C dont le premier pourrait être mis en orbite cinq mois plus tard. Cette proposition est rejetée par le secrétariat à la Défense. L'ABMA et le JPL continuent leurs essais sur le bouclier thermique des têtes nucléaires durant l'été 1957 lorsque les responsables soviétiques annoncent que leur pays s'apprête à lancer un satellite artificiel d'ici quelques mois. À l'époque trois Jupiter-C avaient été lancées et il restait une dizaine de fusées de ce type en stock. Medaris, apprenant que le programme Vanguard est en difficulté, donne l'ordre de préparer trois de ces fusées au cas où la Jupiter-C serait amener à remplacer au pied levée le lanceur Vangard. De son côté Pickering prépare la reconversion du JPL. Peu après sa nomination en 1954 il avait convenu avec le responsable du Caltech, gestionnaire du laboratoire JPL, que le missile Sergeant serait la dernière fusée développée par son établissement. Pour Pickering la réalisation d'engins spatiaux, en particulier le développement de l'électronique sophistiquée d'un satellite artificiel, constituait un objectif beaucoup plus prometteur. Durant l'été 1957 il propose de développer un premier satellite dont la charge utile serait une expérience de détection de rayons cosmiques fournie par un professeur de Caltech et un autre instrument fourni par un astronome de l'observatoire du Mont Palomar. Mais sa proposition reste sans suite[10].

Le lancement de Spoutnik 1

Mi-septembre les premières rumeurs d'un lancement imminent d'un satellite par les soviétiques se mettent à circuler. Finalement le 4 octobre les soviétiques annoncent le lancement réussi de Spoutnik 1. Pour le public américain, peu au courant des travaux en cours côté américain, c'est un choc. Dans le climat de guerre froide opposant les États-Unis et l'Union soviétique, ce succès des ingénieurs soviétiques, semble démontrer une supériorité inattendue et est ressenti comme un camouflet par la population américaine et ses dirigeants persuadés de la domination absolue de leur pays. La crise du Spoutnik suscite également un climat de peur car il met en évidence que l'Union soviétique a désormais les moyens de frapper le territoire américain avec un projectile nucléaire sans qu'il existe de parade[11]. Dans ce nouveau contexte, von Braun et Medaris plaident de nouveau la cause de leur lanceur auprès du secrétaire à la Défense Neil McElroy, dans un premier temps sans résultat. Mais après le lancement de Spoutnik 2 qui a lieu le 3 novembre, les équipes du JPL et de von Braun sont autorisées à préparer le lancement d'un satellite. Toutefois le lancement ne sera autorisé que si le programme Vanguard ne parvient pas à tenir ses échéances[12].

La crise du Spoutnik déclenche une Course à l'espace entre les deux superpuissances dont l'objectif est de démontrer leur supériorité. Les responsables américains décident d'optimiser l'organisation du programme spatial civil américain. Celui-ci avait reçu une priorité basse par rapport aux projets militaires de missiles balistiques pour ne pas détourner de celui-ci les rares spécialistes du domaine et ne pas monopoliser les installations de développement et de test. À la suite de la première soviétique, une commission dirigée par James R. Killian, directeur du Massachusetts Institute of Technology (MIT) est créée début novembre par la Maison-Blanche pour déterminer les différents scénarios d'organisation du programme spatial civil dans le but de combler le retard apparent par rapport aux réalisations soviétiques[13]. Ces réflexions aboutiront à la création de l'agence spatiale de la NASA par conversion du centre de recherche aérospatial NACA et regroupement en son sein des différents projets et établissements (Jet Propulsion Laboratory, ABMA, équipe du programme Vanguard) gérés jusque là par les militaires.

Feu vert pour le projet Orbiter

Le JPL et l'Armée de Terre s'engagent à lancer un satellite dans un délai de 90 jours. La distribution des rôles entre le JPL et l'équipe de von Braun sont rapidement figés. Ce dernier souhaitait développer le satellite mais celui-ci est confié au JPL. L'équipe de von Braun prépare le lanceur sous le nom de code missile 29 pour préserver le secret sur ces préparatifs tandis que le JPL crée de nouvelles stations pour permettre le suivi du satellite et met la dernière main au dernier étage du lanceur (une fusée Recruit) qui doit également héberger la charge utile. Un collaborateur de James Van Allen s'installe à Pasadena pour assembler l'expérience sur les rayons cosmiques. Le satellite, dont la masse est de 8,4 kg, emporte outre l'expérience sur les rayons cosmiques, une deuxième expérience destinée à détecter les micro-météorites. Stabilisé par rotation (12 tours par seconde), sa température est contrôlée grâce à l'application de bandes de peinture alternées blanches (non réfléchissantes) et noires (réfléchissantes). Il dispose de deux émetteurs radio et l'énergie est fournie par des batteries qui garantissent une durée de vie de quelques mois. N'ayant pas le temps d'installer un enregistreur à bande magnétique, un système ingénieux est mis au point pour compter le nombre de rayons cosmiques entre deux contacts avec les stations terriennes[14]. Le 6 décembre a lieu le premier lancement de la fusée Vanguard mais celle-ci est détruite immédiatement après son décollage[15].

Lancement d'Explorer 1

Lancement d'Explorer 1 le
Les concepteurs d'Explorer 1 William Pickering, James Van Allen et Wernher von Braun soulèvent une maquette du satellite durant la conférence de presse qui a lieu immédiatement après le lancement.

Le 20 décembre le premier étage du lanceur Jupiter-C arrive à la base de lancement de Cape Canaveral en Floride. Au cours du mois suivant le satellite puis les étages supérieurs sont assemblés sur le pas de tir 26A et une première répétition du lancement est effectuée le 27 janvier 1958. Après avoir différé durant plusieurs jours le décollage à cause de conditions météorologiques défavorables, la fusée Juno I décolle le , à 3h48 UTC et place sur orbite le satellite Explorer 1, qui devient ainsi le premier satellite terrestre américain. Son orbite a un périgée de 358 kilomètres, un apogée de 2 550 kilomètres, avec une période de 114,8 minutes[16],[17],[18]. La masse totale du satellite est de 13,97 kilogrammes, dont 8,3 kg d'instrumentation, batteries comprises.

Peu avant le lancement les trois principaux responsables du projet - Von Braun, Pickering et Van Allen - sont envoyés à Washington pour réaliser une conférence de presse sur les résultats de cette tentative. Compte tenu du nombre d'échecs qui ont précédé ce vol et de la pression des médias et du personnel politique, le climat est tendu. Van Braun a emporté des lunettes noires pour se faufiler à l'extérieur afin de semer les journalistes en cas d'échec. Toutefois il est prévu que la conférence de presse ne sera convoquée que si le lancement est un succès. C'est une station de réception radio située sur la côte ouest qui est chargé de détecter le signal radio que devrait émettre le satellite en cas de succès en survolant cette région du globe. D'après les calculs, le signal devrait être détecté 106 minutes après le décollage de la fusée. Les responsables du projet et quelques officiels sont installés dans la salle de guerre du Pentagone attendant le retour de la station en Californie avec laquelle ils sont en liaison téléphonique. Mais au bout des 106 minutes fatidiques aucune signal n'a été reçu. Les minutes passent et la tension monte quand finalement, à la 114e minute, la station annonce qu'elle a reçu un signal fort signifiant le succès du lancement. L'explication est que le lanceur a été plus efficace que prévu et a placé le satellite sur une orbite plus haute (le satellite met plus de temps à boucler son orbite).

Les journalistes sont convoqués pour une conférence de presse qui doit avoir lieu une heure plus tard (à 2 heures du matin) au siège de l'Académie nationale des sciences. C'est le milieu d'une nuit d'hiver et Van Braun se demande si la conférence de presse ne va pas se dérouler devant une salle vide. Mais à leur arrivée l’amphithéâtre est bondé et van Braun doit se faufiler par une entrée latérale pour pénétrer dans le bâtiment. La conférence tourne à l'hystérie collective. Le clou de l'évènement lorsque les trois héros du jour, de manière spontanée, soulève ensemble une maquette du satellite Explorer 1 pour la présenter à la foule des photographes. Comme pour le Spounik 1 soviétique, le satellite a été lancé sans lui donner de nom. Après le lancement plusieurs sont proposés - Missile 29, Deal, Highball, Topkick - mais le président Eisenhower choisit Explorer (en français explorateur) destiné à marquer le caractère pacifique de l'événement.

Déroulement de la mission

Explorer 1 transmet des données durant 112 jours jusqu'à l'épuisement de ses batteries qui interrompt les échanges le . Le satellite reste en orbite plus de 12 ans. Les forces de trainée générées par l'atmosphère résiduelle diminuent progressivement l'altitude de son périgée et le il pénètre dans les couches d'atmosphères denses et se consume au-dessus de l'Océan Pacifique.

Une réplique en taille réelle d'Explorer 1 est exposée dans la galerie Milestones of Flight, au Smithsonian Institution du National Air and Space Museum.

Caractéristiques techniques du satellite

Explorer 1 est conçu et fabriqué par le Jet Propulsion Laboratory (JPL) du California Institute of Technology sous la direction de William H. Pickering. C'est le second satellite, après Spoutnik 2, à embarquer une charge utile. La conception de son instrumentation scientifique embarquée est confiée à James Van Allen de l'Université de l'Iowa. Elle est constituée de[19] :

  • un tube Geiger-Müller Anton 314 omnidirectionnel, conçu par le Docteur George Ludwig de l'Iowa's Cosmic Ray Laboratory, pour détecter les rayons cosmiques (d'une énergie E > 30 MeV pour les protons et E > 3 MeV pour les électrons). La plupart du temps, l'instrument était saturé[20] ;
  • cinq capteurs de température (un interne, trois externes et un dans la coiffe) ;
  • un microphone (acoustic micrometeorite detector, transducteur et amplificateur état solide) pour détecter les impacts de micrométéorites en captant les vibrations du corps du satellite[21],[22]. ;
  • un détecteur à grille (micrometeorite erosion gauge, wire grid detector), également destiné à détecter les impacts de météorites. En cas d'impact d'une micrométéorite d'environ 10 µm, une connexion électrique est détruite, et l'évènement est enregistré[21],[22].

En raison de l'espace limité et des exigences de poids réduit, l'instrumentation d'Explorer 1 est conçue pour être simple et fiable. L'énergie est fournie par des batteries au mercure qui représentent approximativement 40 % de la masse de charge utile. Les données fournies par ces instruments sont transmises lors du survol de l'une des dix-sept stations au sol par deux antennes opérant à des fréquences de 108,00 et 108,03 MHz[19],[23].

Schéma légendé d'Explorer 1.

Résultats

Les premiers indices de la ceinture de Van Allen

Les compteurs Geiger embarqués à bord d'Explorer I détectent un rayonnement considéré comme conforme aux pronostics effectués avant le vol par les scientifiques (environ 30 particules par seconde) sur une partie de son orbite mais sur d'autres parties de l'orbite aucun rayonnement n'est détecté. Aucune explication satisfaisante n'est trouvée d'autant plus que sur ce premier satellite, il n'existe aucun système d'enregistrement et les données scientifiques sont transmises en temps réel aux stations terriennes. Lorsque aucune station n'est en vue (ce qui est fréquent à faible altitude), les données sont perdues. L'équipe scientifique de l'Université de l'Iowa placée sous la direction de James van Allen, ne sait comment interpréter ces données. Le mystère sera levé avec la découverte de la ceinture de Van Allen en forme de beignet, dans le cadre de la mission Explorer 3. Ce satellite dispose des mêmes instruments mais emporte en plus un enregistreur à bande magnétique qui permet de disposer de l'ensemble des données sur toute l'orbite.

Micrométéorites

Sur une période de onze jours, le microphone détecte et transmet aux stations au sol 145 impacts de poussière cosmique[24], correspondant à un taux de 8 × 10-3 impacts m-2 s-1.

Notes et références

  1. Fae L. Korsmo, « The Genesis of the International Geophysical Year », Physics Today, vol. 60, no 7,‎ , p. 38 (DOI 10.1063/1.2761801, lire en ligne)
  2. « The International Geophysical Year », sur National Academy of Sciences, (consulté le )
  3. Matthew Kohut, « Shaping the Space Age: The International Geophysical Year », ASK Magazine, NASA, no 32,‎ (lire en ligne [archive du ])
  4. [PDF] L'année géophysique internationale, Werner Buedeler, UNESCO, 1957
  5. Homer E. Newell (NASA), « Beyond the Atmosphere : Early Years of Space Science - CHAPTER 5 THE ACADEMY OF SCIENCES STAKES A CLAIM », (consulté le )
  6. a et b Explorer 1 (monographie), p. 15-17
  7. (en) Project Vanguard - Why It Failed to Live Up to Its Name, 21 octobre 1957, Time Magazine
  8. Discovering the cosmos with small spacecraft, p. préambule
  9. Explorer 1 (monographie), p. 21
  10. Explorer 1 (monographie), p. 22
  11. (en) « Sputnik and The Dawn of the Space Age », NASA (consulté le )
  12. Explorer 1 (monographie), p. 22-25
  13. (en) J.R. Killian, « Memorandum on Organizational Alternatives for Space Research and Development », NASA,
  14. Explorer 1 (monographie), p. 25-32
  15. (en) Chapter 11: From Sputnik I to TV-3, McLaughlin Green Constance, Lomask, Milton. Vanguard - A History, NASA, 1970.
  16. (en) Explorer 1 First U.S. Satellite - Fast Facts, JPL, NASA.
  17. (en) Trajectory Details, NSSDC Master Catalog, NASA.
  18. (en) Explorer 1, Solar System Exploration, NASA.
  19. a et b (en) Explorer-I and Jupiter-C, Data Sheet, Department of Astronautics, National Air and Space Museum, Smithsonian Institution.
  20. (en) Cosmic-Ray Detector, NSSDC Master Catalog, NASA.
  21. a et b (en) Micrometeorite Detector, NSSDC Master Catalog, NASA.
  22. a et b Manring, Edward R., Micrometeorite Measurements from 1958 Alpha and Gamma Satellites, Planetary and Space Science, vol. 1, pages 27-31, Pergamon Press, janvier 1959.
  23. (en) Explorer 1, NSSDC Master Catalog, NASA.
  24. (en) [PDF] The meteoritic hazard of the environment of a satellite, John E. Duberg, mai 1962, NASA.

Bibliographie

  • (en) Brian Harvey, Discovering the cosmos with small spacecraft, Springer Praxis, (ISBN 978-3-319-68138-2)
    Histoire du programme Explorer.
  • (en) Franklin O'Donnell, Explorer 1, California Institute of Technology, (lire en ligne) — Histoire du développement du premier satellite artificiel américain Explorer 1

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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