James M. Buchanan

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James McGill Buchanan Jr., né le et mort le [1], est un économiste américain qui a reçu le « prix Nobel » d'économie en 1986 « pour ses développement sur les bases contractuelles et constitutionnelles de la théorie de la prise de décision politique et économique » (“for his development of the contractual and constitutional bases for the theory of economic and political decision-making."). Il est également un des foondateurs de la théorie du choix public (Public Choice theory) qui critique les dysfonctionnements de l'intervention publique et explique les comportements de l'État à partir des agents qui le constituent. Il fait ainsi suite aux premiers travaux effectués par Amilcare Puviani quelques années auparavant.

Biographie

Né dans une famille agricole à Murfreesboro, Tennessee, États-Unis, il est l'ainé des enfants de James et Lila (Scott) Buchanan, une famille d'émigrants irlanais et écossais. Il est le petit-fils de John P. Buchanan, gouverneur du Tennessee autour de 1890[2]. Il étudie d'abord à Middle Tennessee State College (depuis 1965, Middle Tennessee State University) en 1940 tandis qu'il travaille dans la ferme familiale. Il obtient en 1941 son master en sciences à l' Université du Tennessee. Il sert ensuite dans la marine des États-Unis dans l'état-major de l'amiral Chester Nimitz à Honolulu. Là il rencontrez une infirmière de la base militaire Anne Bakke avec qui il se marie en 1945. Anne, d'asendance norvégienne mourra en 2005.

De retour de la marine, il intégre l'université de Chicago où Il suit les cours de Frank Knight (fondateur de l'école de Chicago) qui le font évoluer des idées socialistes à la défense du laissez-faire[3]. Buchanan passe son doctorat en 1948 avec une thèse intitulée "Fiscal Equity in a Federal State" marquée par les idées de Knight. C'est aussi un des premiers à Chicago à lire et à s'intéresser au travail de l'économiste suédois Knut Wicksell[4]. Des photographies de Knight et Wicksell orneront longtemps son bureau. En 1962, il publie conjointement avec Gordon Tullock L'analyse du consentement. Fondations logiques de la démocratie constitutionnelle (The Calculus of Consent: Logical Foundations of Constitutional Democracy) qui sera l'ouvrage de référence d'un nouveau champ d'analyse, le choix public. Selon ces auteurs, les individus se comportent de la même façon sur les marchés et dans la vie politique. Les hommes politiques, les électeurs et les administrations agissent en fonction de leur propre intérêt et non de l'intérêt public.

Il a été en 1985 le président de la Société du Mont-Pèlerin une association de chercheurs libéraux (fondée par Friedrich Hayek et qui réunit par exemple Walter Eucken, Karl Popper ou Milton Friedman).

Il meurt le à Blacksburg à l'age de 93 ans[4] Le The New York Times à cette occasion a souligné que le prix Nobel d'économie qui a marqué l'école du public choice a marqué une génération de penseurs qualifiés par l'article de conservateurs sur les thèmes des impôts, des déficits publics et de la taille du gouvernment. Le Badische Zeitung (Freiburg) quant-à-lui le désigne comme le fondateur de la nouvelle économie politique[5] .

Œuvre

Économie politique constitutionnelle

Buchanan a fait d'importantes contributions au constitutionnalisme en développant une discipline complémentaire : l'économie constitutionnelle[6]. Buchanan se veut un constitutionaliste contractualiste. Il écrit sur ce point :

« constitutionalist in the sens that I recognize that the rules of order are must to be selected at a different level and via a different process than the decision made within those rules; and contractarian in the sense that I believe that a conceptual agreement among individuals provides the only benchmark against which to evaluate observed rules and actions taken within those rules. »

« Constitutionnaliste dans le sens ou je reconnais que les règles de l'ordre doivent être choisies à un niveau différent et via un autre processus que les décisions prises dans le cadre de ses lois; et contractualiste en ce sens que je crois qu'un accord conceptuel entre les individus fournit le seul critère permettant d'évaluer les règles et actions prises dans ce cadre (1977b)[7] »

On peut être pour les constitutions et ne pas être contractualiste par exemple on peut fixer des règles du jeu sans se soucier de chercher un accord. Mais chez Buchanan, selon Geoffroy Brennan en fait la partie contractuelle est première et d'une certaine façon il est constitutionaliste parce qu'il est contractualiste[8] et parce qu'il adopte une approche normative. Sur ce point pourtant il se méfie des autres théories normatives telle celle de Richard Musgrave ou celle de Paul Samuelson (Fonction de bien-être). En effet, il pense que ces approches conduisent à des politiques coonduisant à croire à un despotisme bienveillant. Or pour lui ce type de gouvernement c'est la tyrannie. De plus, comme chez Kenneth Arrow ou Downs chez Buchanan les valeurs sont des préférences, des gôuts des intérêts qu'il est difficile d'agréger[9].

Pou Buchanan, il faudrait tous ce mettre d'accord sur le but du jeu politique mais, dand le livre écrit avec Gordon tullock, il a montré qu'il était imllusoire d'atteindre l'unanimité. Toutefois comme pour les marchés s'il est impossible de se fixer le but on peut s'accorder assez unaniment posur les règles du jeu. Aussi pens-t-il qu'il est en politique possible de s'accorder sur une constitution fixant les règles du jeu poltique [10]. Buchanan défend également l'approche constitutionnele contractualiste en disant : si la politique comme l'a dit Hobbes c'est la guerre de tous contre tous alors on a intérêt à s'enttendre sur un certain nombre de règles du jeu[11]

Théorie des choix publics

Buchanan est largement à l'origine d'une renaissance de l'économie politique dans le champ universitaire[12]. Il souligne que l'économie publique ne peut plus être vue seulement en termes de redistribution mais doit toujours se préoccuper des règles du jeu qui engendrent des normes d'échange et de distribution. En fait l'apport de Buchanan se fait via La Théorie des choix publics dont il est un des principaux fondateurs. Pour comprendre la problématique dans laquelle s'inscrit cette dernière, il faut comprendre que Buchanan commence sa carrière dans les années cinquante au moment où les économistes mettent l'accent sur les défaillances de marché et que la question posée est quand l'Etat doit-il intervenir ?[13]. Buchanan qui considère que les marchés comme l'Etat reposent sur des institutions estiment que les modèles politiques doivent être analysés avec la même rigueur analytique que les marchés. En effet, ils considèrent qu'en politique comme en économie les agents une fois les règles fixées vont tenter de les utiliser au mieux de leurs intérêts[13]. Cela l'amène à dististinguer les domaines reespectifs de la philosophie sociale, de la science économique et de l'économie politique :

« Questions about what are good rules of the game are in the domain of social philosophy, whereas questions about the strategies that players will adopt given those rules is the domain of economics, and it is the play between the rules (social philosophy) and the strategies (economics) that constitutes what Buchanan refers to as constitutional political economy"[14]. »

« Les questions relatives aux bonnes règles du jeu sont du domaine de la philosophie sociale, tandis que les questions concernant la stratégie que vont adopter les joueurs est du domaine de la science économique (economics). Le jeu entre entre les règles (philosophie sociale) et les stratégies (science économique) constitue l'économie politique constitutionnelle »

Buchanan et les finances publiques

C'est un sujet de prédilection de James Buchnan qui écrit en 1980 qu'en « qu'en dépit de (ses) diverses excursions dans les champs de l'éthique, de la loi de la politique et de la philosophie...(il) est un économiste des finances publiques »[15].

Théorie des impôts et taxes et dépenses de l'Etat

Contrairement à l'approche oridinaire qui abordent les recettes et les dépenses sans établir de lien entre elles, Buchanan, à la suite De Lindahls et de Wicksell abborde ensemble ces deux sujets. En un mot, pour lui les citoyens donnent des ressources à l'Etat en échange de biens publics aptes à les satisfaire. La connection entre les reccettes et les dépenses est réalisée par un processus politique qu'il convient d'analyser [16]. L'illusion fiscale est chez lui un point importannt contrairement à ce que pensent usuellement d'autress courants de pensée. Pour lui ce qui est importants à analyser ce sont les effets réels sur l'éfficience et l'équité pas les effets perçus[17]. Dans son livre Public Finance in a Democratic Process (1966), il estime que parceque la structure des taxes détermine les prix auquel les citoyens paient les biens et services public, elle doit être traitée comme une part du jeu politique et non comme quelque d'interne au jeu politique  [17]. En clair comme cela est précisé dans des ouvrages ultérieurs, les impôts et taxe relèvent de la Constitution et plus spécifiquement d'une constitution fiscale  [17]. En effet dans son livre The Power to Tax (1980) il soutient que l'Etat ne se contente d'agréger les préférences des individus mais qu'il a un pouvoir propre à gouverner qui fait qu'il est en réalité peu contraint par les processus électoraux [17].

Buchanan et la dette publique

Son premier ouvrage important sur ce sujet, date de 1958 et s'intitule Public Principle of Public Debt, son deuxième ouvrage sur la question Democracy in Deficit (1977) est plus orienté Théorie des choix publics[18].Selon lui, la révolutionj keynésienne a favorisé l'acceptation des déficits public en répendant les idéees que 1) le déficit est peu important et 2) est nécessaire à une gestion responsable de la macro-économie[18]. Il n'est pas non d'accord avec Robert Barro et le principe d'équivalence ricardienne selon le quel le déficit financé par la dette engendre une épargne csuupémentaire et donc est en quelque sorte stabilisateur. Selon lui la dette ne reposent pas vraiment sur les prêteurs mais surtout et de façon involontaire sur les citoyens. Selon lui les processus politiques qui conduisent aux déficits ne peuvent pas conduire à une macro-économie stable bien au contraire. Selon lui si l'on impose pas aux politiques des règles du jeu visant à un équilibre budgétaire on a peut de change d'arriver à une limitation de la dette[19]

Quelques évaluations de l'oeuvre

Amartya Sen

Si son travail sur la théorie du choix public est souvent vu comme la quintessence de l'impérialisme économique [20] pour Amartya Sen il ne convient pas d'intéprêter ainsi l'œuvre de Buchanan car, il a fait plus que la plupart des économistes pour introduire l'éthique, la pensée juridique, politique et sociale dans le champ de l'économie.

Buchanan et la question des frontières des champs universitaires

Pour Swedberg [21] dans le système de pensée de Buchanan ce qui est crucial c'est la différence qu'il fait entre la philosophie sociale, la science économique et l'économie politique.

Critique de Nancy MacLean

Selon Nancy McLean dans Democray in Chains: The Deep History of the Radical Right's Stealth Plan for America [22] paru en 2017, Buchanan défend une opposition entre la liberté économique et la liberté politique et qu'il proposait une "conspiration secrète" dans le but de réaliser "un programme secret visant à la suppression de la démocratie au profit des plus riches"[23]. Ce livre est fortement controversé. Il est notamment critiqué (pas uniquement par des libertaires) pour son usage douteux des sources et des citations. Henry Farell et Steven Teles ont qualifié le livre de "conspirationnisme sous couvert d'histoire de la pensée"[24].

En particulier, la thèse selon laquelle Buchanan était pro-ségrégation est discutée car il a joué un rôle clef pour permettre à William Harold Hutt d'être professeur invité à l'Université de Virginie en 1965 lorsqu'il fut le porte-parole de l'opposition de la communauté académique à l'apartheid.

Sélection de publications

  • Public Principles of Public Debt, 1958
  • Fiscal Theory and Political Economy, 1960
  • The Calculus of Consent (avec Gordon Tullock), 1962
  • Public Finance in Democratic Process, 1967
  • Demand and Supply of Public Goods, 1968
  • Cost and Choice, 1969
  • The Limits of Liberty, 1975
  • Democracy in Deficit (avec Richard E. Wagner), 1977
  • Freedom in Constitutional Contract, 1978
  • What Should Economists Do? 1979
  • The Power to Tax (avec Geoffrey Brennan), 1980
  • The Reason of Rules (avec Geoffrey Brennan), 1985
  • Liberty, Market and State, 1985
  • Why I, Too, Am Not a Conservative: The Normative Vision of Classical Liberalism (Cheltenham UK: Edward Elgar), 2005
  • Economics from the Outside In: Better than Plowing and Beyond (College Station: Texas A&M Press), 2007

Notes et références

  1. (en) « Professor James M Buchanan: Economist who won the Nobel Prize », sur The Independent (consulté le )
  2. Reuben Kyle, From Nashborough to the Nobel Prize: The Buchanans of Tennessee (Murfreesboro: Twin Oaks Press, 2012).
  3. (en) Sam Tanenhaus (en), « The Architect of the Radical Right », sur The Atlantic, july/august 2017 issue (consulté le )
  4. a et b McFadden, Robert D., « James M. Buchanan, Economic Scholar and Nobel Laureate, Dies at 93 », sur The New York Times, (consulté le )
  5. (de) « Nobelpreisträger James M. Buchanan ist tot », Badische Zeitung,‎ (lire en ligne)
  6. « Constitutional Economics » (consulté le )
  7. Bren 1987, p. 2.
  8. Bren 1987, p. 3.
  9. Bren 1987, p. 4.
  10. Bren 1987, p. 5.
  11. Bren 1987, p. 9.
  12. Peter Boettke, "James M. Buchanan and the Rebirth of Political Economy", in Against the Grain: Dissent in Economics, ed. S. Press and R. Holt (Aldershot, UK: Edward Elgar Publishing, 1998), p. 21-39.
  13. a et b Bren 1987, p. 10.
  14. "Where Economics and Philosophy Meet: Review of The Elgar Companion to Economics and Philosophy with responses from the authors", The Economic Journal, 116 (June), 2006
  15. Bren 1987.
  16. Bren 1987, p. 17.
  17. a b c et d Bren 1987, p. 18.
  18. a et b Bren 1987, p. 20.
  19. Bren 1987, p. 21.
  20. Amartya Sen, in Economics and Sociology, ch. 14, Princeton: Princeton University Press. p. 263
  21. R. Swedberg, Economics and Sociology: On Redefining Their Boundaries (New Jersey: Princeton University Press, 1990), p. 263.
  22. MacLean, Nancy. Democracy in Chains: The Deep History of the Radical Right's Stealth Plan for America. New York: Viking, 2017. (ISBN 9781101980989)
  23. (en) George Monbiot, « A Despot in Disguise: One Man's Mission to Rip Up Democracy », The Guardian,‎ (lire en ligne)
  24. Henry Farrell and Steven Teles, "Even the intellectual left is drawn to conspiracy theories about the right. Resist them." Vox, Oct 9, 2017, 1:50pm EDT

Voir aussi

Bibliographie

  • (en) John Meadowcroft, James M. Buchanan, Continuum, New York, London, 2011, 176 p. (ISBN 978-0-8264-3080-9)
  • (en) Howard R. Vane et Chris Mulhearn, James M. Buchanan, Gary S. Becker, Daniel Kahneman and Vernon L. Smith, Edward Elgar, Cheltenham, 2011, 528 p. (ISBN 978-1-8498-0400-4)
  • (en) Peter Boettke (dir.), Special issue on the work of James Buchanan, in Journal of Economic Behavior & Organization, , vol. 80, p. 265-274 no 2
  • (en) James E. Alt, Margaret Levi, Elinor Ostrom (eds), Competition and Cooperation, Russell Sage Foundation, .
    • (en) Editeur1, « James H. Buchanan A Biographical Sketch », dans Competition and Cooperation,
  • (en) Geoffrey Brennan, « The Buchanan Contribution », FinanzA/Public Finance Analysis, vol. 45, no 1,‎ (www.jstor.org/stable/40912092)

Articles connexes

Liens externes