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Élections législatives françaises de 1997

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Élections législatives françaises de 1997
et
Corps électoral et résultats
Votants au 1er tour 26 635 942
67,92 % en diminution 1
Votants au 2d tour 27 353 998
71,08 %
Gauche plurielle – Lionel Jospin
Voix au 1er tour 10 915 516
43,09 %
en augmentation 13,7
Voix au 2e tour 12 364 197
48,25 %
Députés élus 312 en augmentation 215
Majorité présidentielle – Alain Juppé
Voix au 1er tour 9 250 869
36,51 %
en diminution 6,4
Voix au 2e tour 11 798 362
46,04 %
Députés élus 251 en diminution 221
FN – Jean-Marie Le Pen
Voix au 1er tour 3 785 383
14,94 %
en augmentation 2,5
Voix au 2e tour 1 434 854
5,59 %
Députés élus 1 en stagnation
Représentation de l'assemblée
Diagramme
Gouvernement
Sortant Élu
Juppé II
Union pour la France (RPR, UDF, DVD)
Jospin
Gauche plurielle (PS, PCF, PRG, MDC, Les Verts)
Législature élue
XIe de la Ve République

Les élections législatives françaises de 1997 ont lieu le et le , soit un an avant le terme de la précédente mandature (XIe législature de la Cinquième République) en raison de la dissolution de l'Assemblée nationale décidée par le président de la République, Jacques Chirac.

Alors que la droite (RPR-UDF) était initialement donnée en tête des intentions de vote, les élections aboutissent à la victoire de la coalition de gauche plurielle (PS, PCF, LV, MDC, PRS) et à une nouvelle période de cohabitation en France. Le premier secrétaire du PS, Lionel Jospin, est alors nommé à la tête d'un gouvernement de coalition (gouvernement Lionel Jospin), inaugurant ainsi la troisième cohabitation (1997-2002).

Contexte politique

Deux ans après son élection à la présidence de la République et tandis que la majorité parlementaire soutenant le gouvernement Alain Juppé est écrasante — mais non dénuée de divisions — Jacques Chirac est conscient que la rentrée sociale s'annonce particulièrement agitée à l'automne 1997, que les élections européennes de 1999 se révèlent cruciales, l'Europe devant se mettre d'accord sur la liste des pays devant participer au lancement de la monnaie unique. Dans ce contexte, le gouvernement doit absolument respecter les critères de convergence imposés par le traité de Maastricht mais la faible croissance laisse peu d'espoir dans ce domaine.

François Léotard, le président de l'UDF, souhaite que Chirac appuie sur un des « trois boutons : dissolution, remaniement, référendum ». Un remaniement fut tenté en novembre 1995, mais Chirac refuse de se séparer de Juppé. En mars 1997, alors que des enquêtes d'opinion donnent sa majorité gagnante, Chirac se rallie à la première solution[1]. Plusieurs conseillers et proches lui déconseillent cette option, notamment Philippe Séguin et Pierre Mazeaud, qui lui aurait déclaré : « Tu ne vas quand même pas dissoudre. De Gaulle dissout quand les mecs sont dans la rue. Tu es un arbitre, article 5. »[2]. Un an plus tôt, Chirac avait affirmé que la dissolution n'était utile qu'en cas de crise politique[3].

Chirac estime en effet que les échéances à venir et les réformes en cours nécessitent « une majorité ressourcée et disposant du temps nécessaire à l'action » et « qu'il faut, dès maintenant, aller plus loin sur le chemin des changements. Il faut que l'action politique monte en puissance pendant les cinq années qui viennent. Pour réussir, la France a besoin d'un nouvel élan. Cet élan ne peut être donné que par l'adhésion, clairement exprimée, du peuple français » (déclaration télévisée, 21 avril 1997)[4].

Selon le chiraquien Jean-Louis Debré, la dissolution avait pour but de « renforcer l'autorité politique de Juppé, modérer les ardeurs contestataires de Séguin, contenir les ambitions clairement exprimées de Sarkozy et anéantir les ultimes prétentions de Balladur »[5].

Entre-deux-tours

La plupart des analystes prévoient une cohabitation après les mauvais résultats du premier tour. Chirac s'exprime à la télévision le 27 mai[6],[2],[7].

Sondages

Premier tour

Institut Date Extrême gauche PS-PCF Les Verts RPR-UDF FN Autres
Ipsos 22 au 30 novembre 1996 1.0 28.5 7.0 39.5 14.0 10.0
Ipsos 21 et 22 mars 1997 1.0 36.0 8.0 40.0 15.0 N.t
CSA 7 et 8 avril 1997 2.0 37.0 7.0 38.0 16.0 N.t
Dissolution de l'Assemblée nationale (21 avril 1997)
Louis Harris 18-19 avril 1997 2.0 35.5 8.5 40.0 14.0 N.t
CSA 22 avril 1997 37.0 7.0 43.0 13.0 N.t
Ipsos 22-23 avril 1997 1.5 39.0 5.0 39.5 15.0 N.t
Louis Harris 25-26 avril 1997 2.0 36.0 7.0 40.0 15.0 N.t
Ipsos 29-30 avril 1997 1.0 38.0 5.0 40.5 15.5 N.t
BVA 30 avril-3 mai 1997 2.5 37.0 7.5 40.0 13.0 N.t
Louis Harris 2-3 mai 1997 2.0 38.0 7.0 38.0 15.0 N.t
Louis Harris 5 mai 1997 2.0 38.0 6.5 39.0 14.5 N.t
CSA 5-6 mai 1997 41.5 4.5 40.5 13.5 N.t
Ipsos 6-7 mai 1997 1.5 38.0 6.0 38.0 16.0 0.5
BVA 9-10 mai 1997 1.5 38.5 8.0 37.5 14.5 N.t
Louis Harris 9-10 mai 1997 2.0 37.0 6.0 40.0 15.0 N.t
CSA 12-13 mai 1997 40.0 7.0 39.5 13.5 N.t
Ipsos 13-14 mai 1997 1.5 37.5 5.5 39.0 16.0 1.5
CSA 15-16 mai 1997 40.5 7.5 38.0 14.0 N.t

Projections en sièges

Institut Date Extrême gauche PCF PS - DVG Les Verts RPR-UDF-DVD FN
BVA 30 avril-3 mai 0 24 - 28 212 - 252 1 - 4 271 - 317 0 - 2
Premier tour des élections législatives (25 mai 1997)
BVA 25-26 mai 0 17 - 23 255 - 280 2 - 5 250 - 270 0 - 1

Résultats

Avec 43,1  % des voix au premier tour, la gauche plurielle devance la majorité présidentielle (36,5 %) et le Front national (14,9 %). Arbitre du second tour, le FN maintient ses candidats dans 76 circonscriptions, contribuant dans les triangulaires à la défaite de la droite parlementaire[8].

Au niveau national

Carte des résultats par circonscription au soir du 1er juin 1997.
Résultats des élections législatives des et
Premier tour
Second tour
Nombre % des inscrits Nombre % des inscrits
Inscrits 39 217 241 100,00 38 487 205 100,00
Abstentions 12 581 299 32,08 11 133 207 28,92
Votants 26 635 942 67,92 27 353 998 71,08
% des votants % des votants
Bulletins blancs et nuls 1 301 456 4,9 1 727 669 6,3
Suffrages exprimés 25 334 486 95,1 25 626 329 93,7
Étiquette politique Voix % des exprimés Voix % des exprimés Sièges Évo.
Parti socialiste 5 961 612 23,53 9 751 423 38,05 255 +202
Rassemblement pour la République 3 977 964 15,70 5 846 717 22,81 139 -103
Front national 3 785 383 14,94 1 434 854 5,59 1 0
Union pour la démocratie française 3 601 279 14,21 5 323 177 20,77 112 -84
Parti communiste français 2 519 281 9,94 982 990 3,83 35 +11
Écologistes (dont Les Verts) 1 726 018 6,81 414 871 1,61 7[9] +6
Divers droite 1 671 626 6,60 628 468 2,45 0 -
Divers gauche (dont le MDC) 708 605 2,80 652 882 2,54 4 +4
Extrême gauche 638 710 2,52 0 0 0 -
Parti radical-socialiste 366 067 1,44 562 031 2,19 12 +6
Divers 351 503 1,39 28 916 0,11 5 -
Extrême droite 26 438 0,10 0 0 0 -
Source : Résultats publiés sur le site de l'Assemblée nationale

Par département

Composition de l'Assemblée nationale

Cette liste regroupe la composition de l'Assemblée nationale après le deuxième tour du 1er juin 1997. La composition a changé à la suite de législatives partielles ou de députés changeant de groupe. Courant 1998, 30 députés du groupe UDF quittent leur formation d'origine pour fonder le groupe Démocratie libérale et Indépendants (DLI).

Composition de l'Assemblée nationale
Groupe parlementaire Députés Président déclaré
Membres Apparentés Total
SRC Socialiste, radical, citoyen 242 8 250 Jean-Marc Ayrault
RPR Rassemblement pour la République 134 6 140 Philippe Séguin (1997),
Jean-Louis Debré (1997-2002)
UDF Union pour la démocratie française (1997-1998) 107 6 113 François Bayrou (1997-1998)
UDF Union pour la démocratie française (1998-2002) 77 5 82 Philippe Douste-Blazy (1998-2002)
DLI Démocratie libérale (1998-2002) 30 0 30 José Rossi (1998-2000),
Jean-François Mattei (2000-2002),
François d'Aubert (2002)
COM Communiste 34 2 36 Alain Bocquet
RCV Radical, citoyen et vert 33 0 33 Michel Crépeau (1997-1999),
Roger-Gérard Schwartzenberg (1999-2000),
Bernard Charles (2000-2002)
Total de députés membre de groupes 572
Députés non-inscrits 5
Total des sièges pourvus 577

Suites

La droite est surprise par l'ampleur de sa défaite. Il s'agit d'« une des plus grandes cagades que la science politique puisse offrir pour les cent prochaines années » selon Jean-François Probst[3]. Beaucoup accusent Dominique de Villepin d'avoir été l'initiateur de la dissolution, même si Jean-François Copé déclare que c'était un bouc émissaire, une grande partie des proches à l'Élysée ayant apparemment demandé la dissolution[10].

Dans cette troisième cohabitation, Lionel Jospin est nommé Premier ministre et conduira sa majorité gouvernementale au sein d'un mouvement appelé majorité plurielle, associant les socialistes, les communistes, le Mouvement des citoyens, les Verts et les radicaux de gauche au sein du gouvernement qu'il animera de 1997 à l'élection présidentielle française de 2002.

Notes et références

  1. Histoire secrète de la dissolution, Plon, , p. 60.
  2. a et b « Une présidence sans cesse perdue et reconquise », sur Le Monde,
  3. a et b Chirac le Vieux Lion de Patrick Rotman
  4. « Déclaration de Jacques Chirac dissolution de l'Assemblée Nationale » [vidéo], sur ina.fr, France 2, (consulté le ).
  5. Debré, Jean-Louis,, Tu le raconteras plus tard (ISBN 9782221198773 et 2221198778, OCLC 1006391219, lire en ligne)
  6. « JA2 20H : émission du 27 mai 1997 », sur YouTube / INA
  7. « Législatives 97. Chirac seul sur la passerelle. Alain Juppé paie les erreurs d'une partie écrite à l'Elysée. », sur Libération,
  8. Michel Robert, Petit manuel anti-FN : pour un réveil citoyen, Golias, , p. 201.
  9. « INA - Jalons - Les résultats du second tour des élections législatives de 1997 - Ina.fr », sur INA - Jalons (consulté le )
  10. Les Fauves (documentaire sur la rivalité entre Dominique de Villepin et Nicolas Sarkozy) de Patrick Rotman

Articles connexes