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François-Joseph Talma

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François-Joseph Talma
Statue de l'acteur par David d'Angers.
Fonction
Sociétaire de la Comédie-Française
Biographie
Naissance
Décès
Sépulture
Cimetière du Père-Lachaise, Grave of Talma (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Activités
Conjoints
Julie Talma (à partir de )
Charlotte Vanhove (à partir de )Voir et modifier les données sur Wikidata
Enfants
Marie Péan (d)
Alphonse-Alexandre Bazile-Talma (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Parentèle
Auguste François Talma (d) (neveu)Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
A travaillé pour
Membre de
Maîtres
signature de François-Joseph Talma
Signature
Plaque commémorative à Paris.
Tombe de Talma au cimetière du Père-Lachaise.
Talma dans le rôle de Cinna

François-Joseph Talma, né le à Paris et mort le dans la même ville, est un célèbre comédien français de la Comédie-Française durant la Révolution française et le Premier Empire.

Biographie

En 1776, il se rend en Angleterre pour retrouver son père, devenu dentiste à Londres. Mais son avenir sera plutôt influencé par la découverte du théâtre élisabéthain que par le métier paternel. En Angleterre, il joue en amateur. Rentré en France, en 1785, il s'établit dentiste[1].

Talma s'inscrit à la fondation de l'École royale de déclamation en 1786, abandonnant le métier de dentiste. Il débute à la Comédie-Française en 1787 dans Mahomet puis il y joue Brutus et La Mort de César, des tragédies de Voltaire. Il crée Charles IX de Marie-Joseph Chénier. C'est un immense succès public, mais l'Église fait interdire la pièce à la 33e représentation. Le , la pièce est jouée malgré l'interdiction. La troupe de la Comédie-Française se divise alors entre les révolutionnaires et les autres sociétaires qui refusent de jouer avec Talma. Il s'engage de plus en plus politiquement, n'a pas de grandes affinités avec Robespierre mais se lie d'amitié avec un jeune militaire : Bonaparte... Il est exclu de la Comédie-Française en 1791 et va se réfugier dans un nouveau théâtre rue Richelieu. La salle prend vite le nom de théâtre de la République, et quand les « comédiens-français » sont emprisonnés en septembre 1793, on accuse Talma d'avoir comploté contre ses anciens partenaires.

François-Joseph Talma

Il est réintégré au sein de la Comédie-Française en 1799 et devient officiellement « le comédien préféré de Napoléon », notamment grâce à son jeu, qu'admira énormément l'Empereur, dans Cinna, la pièce de Corneille. En 1799, le théâtre de la rue Richelieu devient la seule salle du Théâtre-Français. Première représentation de sa réouverture : Le Cid, avec Talma dans le rôle de Rodrigue. En 1806 il est nommé professeur au Conservatoire. En 1812 il a une liaison avec la princesse Pauline Bonaparte. En 1813 on relève sa participation aux activités de la Société de la Goguette au côté d'autres comme Carle Vernet, Firmin Didot, Désaugiers, Cicéri, Ravrio[2].

Les critiques sont unanimes sur son immense talent. Talma innove aussi dans le domaine des costumes, en incarnant Titus par exemple (dans Brutus de Voltaire), il s'habille en romain : toge, cothurnes « d'époque » et ce qui choque surtout : bras et jambes nus ! Il propose de jouer les personnages vêtus selon leur temps, et non selon la mode contemporaine. Il réforme entièrement l'esprit des costumes avec les conseils du peintre David. Pionnier d'une révolution esthétique, il adapte la révolution politique à ses idées théâtrales. Il paraît en scène sans perruque, sans déclamer le vers tragique ; il bouscule les conventions du spectacle tragique de telle sorte que la tragédie se dirigea vers un nouveau style : le drame historique et politique. Il faut noter son succès en décembre 1821 dans la tragédie Sylla d'Étienne de Jouy où son physique, allié à une perruque appropriée, lui permet de « faire revivre » Napoléon qui vient de s'éteindre quelques mois auparavant.

Pendant au cou, il portait un portrait de Napoléon, don de ce dernier.

Un an avant sa mort, Talma a rédigé sa vision révolutionnaire du théâtre dans son Mémoire sur Lekain et sur l'art dramatique. Il mourut le au 9 rue de la Tour-des-Dames. Paris tout entier assista à ses funérailles au Père-Lachaise (12e division), sans cérémonie religieuse, le .

Une photo d'Helmut Newton de 1977 montre une tombe fort différente .

Carrière à la Comédie-Française

Entrée en 1787
Nommé 195e sociétaire en 1789
Décès le 19 octobre 1826

Liste non exhaustive de ses rôles[3] :

Théâtre de la République
Théâtre-Français (réunification)

Vie privée

Tombe de Talma au cimetière du Père-Lachaise

Talma était le fidèle ami de Louise Desgarcins, qu'il avait fait entrer au Conservatoire et de l'éditeur Martin Bossange. Il avait épousé en 1791 Julie Careau, danseuse. En 1802 il divorce et épouse Charlotte Vanhove (dite Caroline), comédienne et fille de comédiens. En 1812 Talma a une brève liaison, à Aix-en-Savoie (Aix-les-Bains), avec Pauline Bonaparte, sœur de Napoléon. Les époux se séparent en 1815 mais ne divorcent pas. Talma aura trois enfants de Madeleine Bazile ; après la mort de Talma, Caroline Vanhove-Talma assumera les frais de leur éducation. La tombe de l'acteur se trouve au Père-Lachaise.

Hommages

Quelque temps après sa mort, un comité propose d'ériger un monument lui rendant hommage et un tract en vue d'une souscription est diffusé :

"Talma n'est plus ! Il est du devoir de ses contemporains de consacrer, par un monument durable, la mémoire d'un talent dont le souvenir seul peut se transmettre à la postérité. Une Souscription a été ouverte, un Comité a été organisé. Il se compose de : M. le Baron Gérard, premier peintre du roi ; le Baron Taylor, commissaire-royal près le Théâtre-Français ; M. Alexandre Duval, de l'Académie française ; M J.-G Ymbert, ancien chef de bureau au ministère de la Guerre, M. Kératry, ancien député, M. Moreau, homme de lettres. Les offrandes sont reçues à Paris, dans les Bureaux de la Pandore, rue du Sentier n°15 ; chez M° Maine de Glatigny, notaire, rue de Richelieu n°95 ; et chez M. J.-G. Ymbert, directeur de la Bourse générale, rue de la Michadière (sic)n°4. Tous les amis des arts et de la gloire nationale s'empresseront de seconder une Souscription dont le produit est destiné à rendre hommage au plus beau génie qui ait illustré la scène française."[5]

L’ Académicien Antoine Vincent Arnault dit de lui que « c’était un corps élégant qu’habitait une âme brûlante ; c’était une tête admirable qu’animait une vaste intelligence ; c’était une voix puissante dont l’accent pathétique et solennel servait d’organe à son inépuisable sensibilité, à son infatigable énergie. » Il résume : « Tout ce que la nature peut donner, Talma le possédait, et Talma possédait aussi tout ce que l’art peut acquérir. [6]»

Dans ses Journaux de Théâtre, Alexandre Dumas rend hommage à l'art de Talma dans la dernière décennie de sa vie, et fait le récit de sa mort. Il publiera en 1849 François-Joseph Talma. Mémoires de J.-F. Talma écrits par lui-même et recueillis et mis en ordre sur les papiers de sa famille par Alexandre Dumas.

Gérard de Nerval a composé une élégie intitulée La Mort de Talma (un hommage rendu plus à Napoléon qu'à Talma!) :

« ...Sur un rocher désert notre grand capitaine / Du poids de ses malheurs se sentit accablé/ Et comme lui, plus tard, une plage lointaine /Dévora David exilé !... »

Jules Janin dira lors de sa mort, dans son Talma et Lekain : « Talma n'est plus. En répétant cette pénible nouvelle, chacun semble chercher un démenti. Cette incrédulité publique est un hommage rendu au génie. On a peine à concevoir qu'un feu céleste puisse s'éteindre ; ce sentiment est tellement puissant que tout le temps de sa maladie on se félicitait en apprenant que Talma souffrait encore : il existait. Le mouvement d'orgueil national qu'on éprouvait en prononçant le nom de ce grand comédien sera désormais mêlé de regrets. Nous tous, jeunes contemporains de cet homme célèbre, qui pourtant l'avons applaudi naguère, nous en sommes à envier celui qui peut s'écrier : « J'ai frémi d'enthousiasme à ses dernières inspirations tragiques. » Mais si sa perte nous inspire une douleur si naturelle, combien elle doit être vive pour ceux qui ont vu naître et grandir son talent ! Quelle leçon la mort donne aux citoyens obscurs, lorsqu'elle frappe sans cesse ceux à qui des vertus ou des talents immenses avaient presque donné le droit de demander pour eux une exception dans les lois de la nature ! »

Postérité

François-Joseph a laissé son nom à un lycée à Brunoy, dans le département de l'Essonne[7].

Dans cette même ville, devant le théâtre du Val d’Yerres, une statue de bronze de l’acteur représenté en costume de scène est inaugurée en septembre 2008.

Son nom a également été donné à plusieurs rues à Brunoy, Enghien-les-Bains, Paris (la rue Talma, dans le 16e arrondissement) ou Vitry-sur-Seine.

Un timbre lui est consacré en juin 1961 (série de cinq timbres de comédiens français. Les autres sont La Champmeslé, Rachel, Raimu et Gérard Philipe)

Filmographie

Abel Gance, Napoléon, 1927. Une scène où Talma fait répéter à Bonaparte sa déclaration d'amour à Joséphine. Bien des scènes entre Talma et Bonaparte se trouvent dans le scénario original, mais semblent ne pas avoir été tournées, ou bien coupées au montage.

Notes

  1. Hands Agency, « François-Joseph Talma », sur www.comedie-francaise.fr, Comédie-Française (consulté le )
  2. Voir l'article Société de la Goguette dans Les Sociétés badines, bachiques, chantantes et littéraires : leur histoire et leurs travaux, ouvrage posthume de Arthur Martin Dinaux revu et classé par Gustave Brunet, Librairie Bachelin-Deflorenne, Paris 1867, pages 383-385.
  3. Sources : Base documentaire La Grange sur le site de la Comédie-Française ; et les Rôles de François-Joseph Talma sur Les Archives du spectacle.net
  4. Molière sur le site de la Comédie-Française
  5. Tract se trouvant dans les minutes de Maître Mathieu Vassard, notaire à Chartres. Archives départementales d'Eure-et-Loir, cote 2E51 776.
  6. Alexandre Dumas, Mes mémoires, Tome 2, 1830-1833, Paris, Robert Laffont, , 1175 p. (ISBN 2-221-09768-8), p. 587-588
  7. « Site Internet du lycée Talma de Brunoy » (consulté le )

Liens externes

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