The Washington Post

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Pays Drapeau des États-Unis États-Unis
Langue Anglais
Périodicité Journalier
Format Grand format
Genre Généraliste
Diffusion 474 767 ex.
Date de fondation 1877
Éditeur The Washington Post Company
Ville d’édition Washington

Propriétaire Jeff Bezos
ISSN 0190-8286
Site web www.washingtonpost.com

The Washington Post est un journal de la capitale des États-Unis, Washington D.C. Le centre de gravité était plutôt de centre gauche avant la mort de sa propriétaire Katharine Graham. Depuis, sous la direction de son fils, Donald E. Graham, le journal se rapproche du centre droit mais la ligne éditoriale reste centriste.

Le Washington Post s'est taillé une réputation d'indépendance et de recherche intransigeante de la vérité depuis la publication des rapports secrets du Pentagone sur la guerre du Viêt Nam en 1971 ou les révélations sur le scandale du Watergate (1972-1974). Il s'est ainsi fait le soutien de la protection des sources d'information des journalistes. Pour autant, cela ne doit pas occulter d'autres aspects moins reluisants du quotidien : édulcoration d'une enquête de Robert Parry sur le financement de la guérilla d'extrême-droite au Nicaragua (1987)[1], soutien appuyé au déclenchement de la guerre d'Irak (2003) ou encore tentative avortée de monnayer des « dîners politiques » avec ses journalistes et des personnalités influentes (2009)[2].

Le Post est sorti de l'anonymat dans les années 1930 grâce à la ligne éditoriale — toujours suivie — et la politique commerciale agressive mises en place par son directeur Eugene Meyer, futur président de la Banque mondiale. Premier quotidien à paraître sept jours sur sept (en 1880) et à charger un médiateur de veiller sur l'indépendance du journal (dès 1970), le Post a toujours su évoluer pour devenir l'un des journaux mondiaux les plus influents. En 1999, la couleur y fait son apparition.

À partir de 2013, il est la propriété du milliardaire Jeff Bezos, fondateur et président-directeur général d'Amazon.

Histoire

Premier siège du Washington Post, en 1948.
« Eagle a atterri » : édition du Washington Post parue le , au lendemain des premiers pas sur la Lune des astronautes d’Apollo 11.

Le Washington Post est fondé en 1877 par Stilson Hutchins, journaliste favorable au Parti démocrate américain. Le premier numéro qui paraît le [3] et les suivants comprennent quatre pages et coûtent trois cents. En 1889, Hutchins vend le quotidien à Frank Hatton et Beriah Wilkins, lesquels créent The Washington Post Company, aujourd’hui propriétaire de Newsweek, de chaînes de télévision, de réseaux câblés et, jusqu'en 2003, de la moitié du capital de l’International Herald Tribune, publié à Paris. John R. McLean, patron du Cincinnati Enquirer, rachète la publication en 1905 : il l’agrémente de dessins humoristiques en couleurs et lui donne une orientation « sensationnaliste », mettant l’accent sur les faits divers et les scandales. Son fils, Edward McLean, lui succède en 1916, mais la révélation du Teapot Dome, présenté comme un scandale alors qu’il n’en est rien, et portant sur la concession de champs de pétrole nationaux à des exploitants privés, le conduit devant les tribunaux et détruit la réputation de son journal, dont les ventes et les recettes publicitaires s’effondrent, causant ainsi sa faillite.

En 1933, un banquier d’affaires, Eugene Meyer, rachète le Post au cours d’une vente aux enchères. S’il n’a pas d’expérience de journaliste, il ne manque pas, en revanche, d’idées sur la façon de gérer un organe de presse. Sous sa direction en effet, le tirage triple en dix ans. En 1946, lorsque Meyer est nommé premier président de la Banque mondiale, il passe la main à Philip Graham, son gendre, avant de lui céder, ainsi qu’à sa fille, Katharine Meyer Graham, la propriété du journal, en 1948.

Philip Graham crée des bureaux à l’étranger. En 1954, il fait l’acquisition du Washington Times Herald et prend aussi une participation dans le capital du Los Angeles Times, afin de fonder une agence de presse destinée à vendre les mêmes articles à ces journaux. Par ailleurs, le groupe diversifie ses prises d’intérêts, notamment avec l’achat de stations de radio et de chaînes de télévision. En 1961, il acquiert Newsweek, et en 1967, le Post et le New York Times lancent conjointement l’International Herald Tribune.

Dans les années 1970 et 1980, le groupe vend ses dernières stations de radio et acquiert de nouvelles chaînes de télévision. Il investit dans la télévision câblée en achetant Legi-Slate, un service en ligne qui fournit des informations générales et juridiques. Il devient également propriétaire de Kaplan Educational Centers, une école qui assure, entre autres, un soutien scolaire et délivre des conseils en matière de recherche d’emploi.

Siège du Washington Post jusqu'en 2013.

En 1993, le groupe crée Digital Ink Company, destinée à gérer le développement des services d’information électronique du Post, accessibles essentiellement sur Internet. Les 160 millions de pages vues mensuellement en témoignent, ce site d'information est l'un des plus complets dans son secteur. Mise en ligne du journal du jour, suivi de l'actualité, dossiers thématiques… Le site, créé en 1996, attire de nombreux internautes de l'étranger. Seules les archives de plus d'une semaine sont payantes.

Depuis 1999, le journal n'est plus imprimé à Washington, au siège du journal, mais dans la banlieue de la capitale fédérale[4].

En , Jeff Bezos, fondateur d'Amazon.com achète le Washington Post (alors propriétaire du groupe Graham Holdings) pour un montant de 250 millions de US dollars[5]. En novembre de la même année, Graham Holdings vend le siège historique du journal, qui était resté sa propriété. Le bâtiment, situé sur la 15e Rue, près de la Maison-Blanche, est acheté par le groupe immobilier Carr Properties pour 159 millions de dollars ; celui-ci compte le détruire pour construire à la place un hôtel ou un immeuble mi-résidentiel, mi-commercial. Malgré son histoire, l'ancien siège du quotidien n'est en effet pas classé « site historique ». Les journalistes devraient commencer à quitter les lieux lorsqu'un nouveau site sera trouvé, à Washington. La diffusion est alors de 474 767 exemplaires en semaine et de 838 014 exemplaires le dimanche[6].

En , lors des Jeux olympiques d'été de 2016, le journal s'illustre en utilisant notamment le robot Heliograf pour couvrir l'événement et partager automatiquement les résultats de la compétition sur les réseaux sociaux[7].

En , revenant sur les erreurs d'analyses de leurs rédactions durant l'élection présidentielle américaine de 2016, le Washington Post et The New York Times font leur mea culpa reconnaissant n'avoir pas été capables de prendre le pouls du pays[8].

Investigation

En 1971, sa rédaction publie des extraits des Pentagon Papers, qui dévoilent les mensonges dont le gouvernement américain s’est rendu responsable durant la guerre du Viêt Nam.

En 1972, deux journalistes du Post, Bob Woodward et Carl Bernstein, révèlent le scandale du Watergate. Ce scandale conduit le président Richard Nixon à la démission et entraîne la condamnation de plusieurs de ses collaborateurs. L’article qui a déclenché ce scandale vaudra l’attribution du prix Pulitzer au journal et la célébrité à ses auteurs.

Critiques

Les journalistes Serge Halimi et Pierre Rimbert portent un regard critique sur l'attitude d'une partie de la presse américaine, qui se livrerait à une « surenchère » anti-iranienne, et de la « dissymétrie du traitement médiatique occidental, selon que le pays qui enfreint le droit international est une (gentille) démocratie libérale ou un (méchant) pays autoritaire ». Dans une analyse comparée de la couverture médiatique de la destruction par les Soviétiques du vol 007 Korean Air Lines et de la destruction par les Américains du vol 655 Iran Air, les journalistes relèvent que les qualificatifs les plus courants dans les articles du Washington Post sont, dans un cas, « brutal », « barbare », « délibéré », « criminel » et, dans l’autre, « par erreur », « tragique », « fatal », « compréhensible », « justifié »[9].

Une indépendance éditoriale qui prête à débat

Le rachat du journal par le milliardaire Jeff Bezos a suscité des inquiétudes jusqu'au sein de la rédaction du journal. Le nouveau propriétaire a jugé bon de publier une lettre ouverte dans laquelle il affirme qu'il « ne dirigera pas le Washington Post au jour le jour »[10].

Dans un article paru dans le mensuel Extra!, de l'association Fairness and Accuracy in Reporting, en , Keane Bhatt dénonce un possible conflit d'intérêt entre Jeff Bezos, propriétaire d'Amazon, et la CIA, cette dernière ayant payé environ 600 millions dollars à Amazon pour des contrats demeurés secrets[11].

Slate.fr

Le groupe Washington Post détient 17 % du magazine en ligne Slate.

Notes et références

  1. Norman Solomon, « The real story behind Katharine Graham and "The Post" », The Huffington Post, 20 décembre 2017.
  2. (en) « WaPo cancels lobbyist event », sur politico.com, .
  3. Jean-Gustave Padioleau, "Le Monde" et le "Washington Post" : précepteurs et mousquetaires, Presses universitaires de France, coll. « Sociologies », , 372 p. (ISBN 978-2130391241, lire en ligne), p. 23.
  4. Pierre-Yves Dugua, « Le Washington Post va quitter son immeuble historique », Le Figaro,‎ , encart « Économie », p. 24.
  5. « Le fondateur d'Amazon Jeff Bezos rachète le Washington Post pour 250 millions de dollars », sur lexpansion.lexpress.fr, .
  6. (en) « Total Circ for US Newspapers », Alliance for Audited Media (en), (consulté le ).
  7. « JO 2016 : Le Washington Post utilise un robot-reporter pour couvrir la compétition », sur 20minutes.fr, .
  8. Après la victoire de Donald Trump, l'heure est au mea culpa dans la presse américaine, lefigaro.fr, 10 novembre 2016.
  9. Serge Halimi et Pierre Rimbert, « Si tu veux la guerre, prépare la guerre », sur Le Monde diplomatique,
  10. The Washington Post, 5 août 2013.
  11. (en) Keane Bhatt, « Jeff Bezos and the Imperial Paper », sur Fair.org, .

Article connexe

Liens externes

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