Histoire de la politique monétaire française

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L'histoire de la politique monétaire est l'histoire de la décision et de la mise en œuvre de la politique monétaire de la France.

Ancien Régime

L’État dispose progressivement d'un monopole sur la monnaie dans le royaume. La livre française est dévaluée de manière successive entre 1602 et 1640, puis entre 1687 et 1715[1]. Elles agissent comme un « stimulant inflationniste »[2].

L'économie française est déjà en grande partie monétarisée au XVIIIe siècle, dont l'économie agraire[3]. Les excédents de la balance commerciale française durant les premières décennies du siècle sont notamment dues, outre l'accroissement du stock de métaux précieux, à l'augmentation de la masse monétaire dans le royaume de France. Les taux d'intérêt sont faibles durant ce siècle, du fait d'une abondance de capitaux[3]. Jean-Charles Asselain soutient que cette abondance a « sans doute aussi contribué indirectement à retarder l’émergence d’une véritable banque nationale »[3].

Première République

Le Consulat marque un « pas décisif » (Jean-Charles Asselain) dans la stabilisation monétaire. Le Consulat remet en ordre la situation monétaire de la France en créant la Banque de France et en instaurant une nouvelle devise, le franc. Si la Banque de France est bien la première banque centrale de la France, son statut est privé, et elle est dirigée par des actionnaires (les deux cent familles). Elle est toutefois pourvue du droit de battre monnaie[3].

Premier Empire

L'inflation reprend en 1806. Le gouvernement resserre les contrôles autour de la politique monétaire en renforçant son contrôle sur la Banque de France, en instituant un gouverneur et deux sous-gouverneurs responsables devant le gouvernement. Les prix augmentent sous l'Empire, mais restent modérés[3].

Restauration

Monarchie de Juillet

Deuxième République

Second Empire

Sous le Second Empire, la Banque de France manie son taux d'escompte de manière conjoncturelle[3].

Troisième République

L'inflation reste stable aux débuts de la Troisième République. La masse monétaire, en effet, n'augmente que de 30 % entre 1873 et 1895. Toutefois, l'augmentation de la masse monétaire à partir de 1895 (elle double entre cette date et 1913) provoque une hausse de l'inflation. Les prix augmentent à 1,7 % par an, ce qui est élevé par rapport à la situation générale du XIXème siècle, plutôt déflationniste. En 1914, le niveau des prix est proche de celui de 1815[3]. Dès avant 1913, la monnaie scripturale est largement supérieure à la monnaie métallique et aux billets[3].

La Banque de France situe son taux d'escompte entre 2 % et 3 % à partir de 1875. Jean-Charles Asselain relèvent qu'à cette époque, « les différentiels d’intérêt entre Paris et la province, qui caractérisaient encore la première moitié du XIXe siècle, se sont sensiblement resserrés »[3].

Régime de Vichy

Quatrième République

La Banque de France pratique les avances au Trésor, provoquant de l'inflation[4]. Le système bancaire est réglementé, et est contraint de se refinancer auprès de la banque centrale par le biais d'effets à court terme réescomptables[4].

Dans le but d'aider à relever l'économie française, la Banque de France est engagée dans une politique coopérative avec le Fonds de modernisation et d'équipement, créé en 1948 pour gérer la reconstruction et l'aide du plan Marshall. Ce fonds prête aux entreprises la contre-valeur en francs nécessaire pour que l'entreprise puisse acheter des dollars américains au guichet de la Banque de France. Cela permet de contourner, pour un temps, le dollar gap[4].

Cinquième République

Présidence de Charles de Gaulle

Charles de Gaulle subordonne la politique monétaire à des objets politiques, dont celui du renforcement de l’État[5].

Le renforcement du marché monétaire dans les années 1960 entraîne une modification dans les méthodes de financement des agents privés et des politiques de la Banque de France. Dès 1964, elle étend sa politique d'open market[4].

Du fait de l'excédent commercial généré durant les premières années du premier mandat de Charles de Gaulle, les réserves de la Banque de France croissent nettement. Alors qu'elle disposait de 516 tonnes d'or à la fin de l'année 1957, elle possède 2 700 tonnes à la fin de l'année 1963[6].

Présidence de Georges Pompidou

Présidence de Valéry Giscard d'Estaing

Les années 1970 sont marquées par des tentatives de convergence des politiques monétaires afin d'assurer une convertibilité facile entre les monnaies et un taux de change stable. La Banque de France participe alors à un effort de stabilisation de la monnaie[4]. En janvier 1971, la banque centrale laisse chuter le chuter le taux du marché monétaire en dessous du taux d’escompte[4].

Durant les mois qui précèdent l'élection de François Mitterrand, les marchés financiers s'affolent et le franc est vendu en masse, ce qui cause une dépréciation. La Banque de France est obligé d'augmenter ses taux d'intérêt jusqu'à 20 % pour attirer des capitaux et soutenir le franc. Elle doit également intervenir sur les marchés de change afin de racheter des francs, puisant dans ses réserves. Entre février et mai 1981, elle dépense 5 milliards de dollars de ses réserves. Entre le 11 et le 15 mai, 3 milliards sont déboursés[7]. Le franc est dévalué en octobre[7].

Présidence de François Mitterrand

Pendant les années 1980, les taux d'intérêt restent élevés afin de lutter contre l'inflation et d'attirer les capitaux nécessaires[4].

Le tournant de la rigueur affecte non seulement la politique budgétaire, mais aussi la politique monétaire française. La politique économique du tournant fixe un objectif de croissance de la masse monétaire à 9 %, et le gouvernement laisse la Banque de France prendre pour ce faire les mesures qui s'imposent, alors qu'elle tablait sur une croissance de 10 % ; l'objectif est de faire passer l'inflation de 11,6 % (1982) à 8 % en 1983[7].

Après l'expulsion de la livre sterling du système monétaire européen, la Banque de France est contrainte à augmenter son taux d'intérêt, au début des années 1990, pour attirer des capitaux et ainsi revaloriser sa monnaie. La Banque de France fait ainsi passer ses taux d'environ 10 % à 13 % en 1992. Cela a toutefois un effet récessif[7].

Le traité de Maastricht, constitutif de l'Union européenne, est adopté en 1992. Il rend possible la création de l'Eurosystème et ainsi d'une politique monétaire unifiée sous l'égide de la Banque centrale européenne[7].

Notes et références

  1. Didier Terrier, Histoire économique de la France d'Ancien régime, (Hachette) réédition numérique FeniXX, (ISBN 979-10-376-1018-8, lire en ligne)
  2. Philippe Montillet, Qu'est-ce que la monarchie ?: Quatre études sur la monarchie, (ISBN 978-2-402-03209-4, lire en ligne)
  3. a b c d e f g h et i Jean-Charles Asselain, Histoire économique de la France du XVIIIe siècle à nos jours: 1.De l'Ancien Régime à la Première Guerre mondiale, Éditions Points, (ISBN 978-2-7578-4558-5, lire en ligne)
  4. a b c d e f et g André Gueslin, Nouvelle histoire économique de la France contemporaine (4): L'économie ouverte (1948-1990), La Découverte (réédition numérique FeniXX), (ISBN 978-2-348-01273-0, lire en ligne)
  5. Collectif, De Gaulle en son siècle, Tome 3, Nouveau Monde éditions, (ISBN 978-2-36583-755-2, lire en ligne)
  6. « L'économie française pendant la présidence du général de Gaulle », Revue de l'OFCE, vol. 121, no 2,‎ , p. 211–236 (ISSN 1265-9576, DOI 10.3917/reof.121.0211, lire en ligne, consulté le )
  7. a b c d et e Jean-Marc Daniel, Le gâchis français, Tallandier, (ISBN 979-10-210-0288-3, lire en ligne)