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Clergé

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Le clergé désigne l'ensemble des hommes et des femmes consacrés qui font partie d'un ministère ecclésiastique et peuvent réaliser des sacrements. Le terme désignant les différentes institutions d'une religion, il n'y a donc pas un seul, mais plusieurs clergés.

Étymologie

Le mot, en ancien français clergié (Xe siècle), provient du latin ecclésiastique clericatus, forgé sur clericus (clerc) pouvant être traduit par « qui a reçu un ordre sacré »[1].

Le mot vient du grec : klêrikos.

Présentation

Représentants de différents clergés (anglican, israélite, chiite bosniaque, chrétien évangélique) au Forum économique mondial de Davos, 2009.

Pour parler du clergé, il convient de rappeler ce qui distingue les religions entre elles, puisque chaque religion dispose d'un clergé autonome.

D'une part, les religions monothéistes que sont le judaïsme, le christianisme, et l'islam. Ces trois religions ont pour point commun l'idée d'une révélation primitive. Le bouddhisme, en tant que religion fondée sur les enseignements de Bouddha. D'autre part, des religions ou des spiritualités polythéistes, telles que l'hindouisme.

Dans le christianisme, certains ministères chrétiens (évêque, presbytres, diacres) se sont regroupés, à l'aube du IIIe siècle, autour d'un statut commun en un « clergé »[2]. Au sens large, à quelque degré que ce soit, le clergé désignait alors l’ensemble des personnes proches d'un statut « ecclésiastique », d’une église, d'une ville, d’un pays[3]. Cela commençait au niveau des simples enfants (appelés aussi les « petits clercs »), acolytes, sous-diacres, diacres, prêtres, et plus tard les membres des universités médiévales, etc.

Bien qu'il existe des rassemblements œcuméniques, la religion chrétienne est divisée en plusieurs branches qui sont : le clergé catholique, le clergé protestant et le clergé orthodoxe.

Clergé catholique

Situation juridique

La division qui sépare les clercs et les laïques consiste à distinguer, dans l’Église catholique, ceux qui enseignent et ceux qui reçoivent l'enseignement. Dès le IVe siècle, Constantin désigne les ecclésiastiques attachés au service des églises par le nom de clercs par exemple. La préséance des clercs sur les laïques a été théorisée par les pères de l’Église. Jérôme de Stridon attribue aux ministres ecclésiastiques le fait de ne rien posséder au sens où la part de leur héritage leur vient de Dieu et sont dévoués au service du culte[4].

Dans l'ancienne nomenclature des clercs, les tonsurés et les moines sont tout d'abord exclus du clergé. Progressivement les moines, et certains religieux, nommés par les évêques pour assurer l'exercice du ministère paroissial, furent également inclus dans les privilèges ecclésiastiques et reconnus clercs. Ainsi est apparue la distinction entre les clercs réguliers d'une part, étant des moines, ou des religieux, avec des missions paroissiales, mais vivant dans des communautés religieuses ; et les clercs séculiers d'autre part, ayant des missions identiques mais destinés à vivre hors des monastères ou des communautés[4].

Le clergé bénéficie de privilèges qui le protège dans ses mission. L’Église assure à toutes ces personnes l'exemption du for séculier (privilegium fori) ainsi que le privilège du canon (privilegium canonis). Par ce dernier, toute personne qui leur portait outrage pouvaient encourir l'excommunication, il s'agissait d'une immunité ecclésiastique. De plus, en cas de persécution par exemple, tout clerc trouvant refuge dans une église était protégé contre la poursuite légale. Cette règle a existé sous Léon X et Pi IX. Cette distinction avait une très grande importance, également sur le plan civil jusqu'à la Révolution. Le clergé, considéré comme le premier corps de l’État, bénéficiait de privilèges, abolis en 1789[4].

Obligations des clercs

La vocation est un aspect important de l'accès au clergé. Il s'agit du fait que la nomination vient de Dieu. Le rôle ecclésiastique fait suite à un appel divin, et prend en compte la pureté des intentions, la science, la vertu, l'esprit de désintéressement[4].

Les clercs doivent également posséder de grandes connaissances en science, bien que le degré d'exigence varie selon les époques. Les sciences nécessaires et spécifiques au clergé sont notamment la philosophie scolastique, visant à réfuter le rationalisme ; l'étude des sciences naturelles ; la théologie dogmatique ; la théologie morale ; l'étude de l'écriture sainte ; l'histoire ecclésiastique et le droit canon. L'étude, tout au long de la vie est une condition du maintien dans le clergé. De plus, lorsque les clercs exercent un ministère auprès des ouvriers, il leur est nécessaire de connaitre les questions liées aux classes laborieuses. C'est ce que rappelle l'encyclique Rerum novarum, publiée par Léon XIII en 1891[4].

La sainteté de vie est également une obligation des clercs qui doivent avoir un zèle et s'occuper du salut des âmes, tendre vers la perfection. La piété s'ajoute à la science pour l'aspect surnaturel qui est lié à la réalisation des ministères ecclésiastiques. Les activités de prière, de lecture spirituelle, de méditation font partie des obligations de la vie ecclésiastique. La prière est un devoir qui n'est pas réservé aux clercs, mais la pratique régulière est une obligation particulière propre au clergé. Cette obligation et les sanctions encourues en cas de non respect, ont été règlementés par plusieurs conciles[4].

L'habit ecclésiastique est une manière de signifier la vocation et la modestie intérieure. Au début du christianisme, les clercs ne se distinguaient pas des laïques par leur style vestimentaire. Suite à de nombreux conciles et décrets, l'habit ecclésiastique s'est imposé et c'est le concile de Trente qui le rend obligatoire et l'habit de couleur noire est devenue le vêtement ordinaire[4].

La hiérarchie de l’Église étant considérée comme divine, les clercs ont une obligation d'obéissance à l'évêque. Ensemble, ils doivent obéissance au pape. Il s'agit d'une forme de soumission qui comprend la doctrine, la morale, la discipline, le culte divin, les lois de réforme, les causes judiciaires. Cela se traduit par par le fait qu'un clerc ne peut pas quitter ou changer sa mission ecclésiastique sans le consentement de l'évêque[4].

Le pape, élu par les cardinaux, nomme en général les évêques qui ordonnent et nomment les prêtres et les diacres. Les religieux (moines, religieuses, etc.) élisent leurs supérieurs (abbés, etc.).

A ces règles s'ajoutent également des interdictions. Les clercs n'ont pas le droit d'acheter un objet pour le vendre à profit sans modification. Toute activité de commerce de cette sorte est prohibée afin d'éloigner du clergé le danger de l'injustice, de mensonge, l'appât du gain. Ces préoccupations étant considérées contraire au développement de la vie spirituelle et aux conseils que les clercs doivent prodiguer aux fidèles. Certaines activités ont été interdites par les papes successifs à savoir : les jeux de bourse, les placements de capitaux dans les sociétés de spéculation, l'administration des banques etc. De même, il leur est interdit d'administrer les biens d'autrui donc les professions telles que procureur, notaire, avocat des causes civiles leurs sont également interdites. La profession des armes est considérée comme incompatible avec le rôle ecclésiastique. Enfreindre ces règles est considéré, par les théologiens, comme un manquement[4].

Dans le droit ancien, la chasse est interdite aux clercs. Car parmi les membres du clergé, nombreux venaient de famille nobles, et possédaient des forêts réservées pour la chasse. Lors du quatrième concile de Latran, l'Église s'est donc positionnée contre la pratique de la battue, avec armes, meutes, faucons etc[4].

Clergé anglican

Clergé orthodoxe

Clergé protestant

Lors de la Réforme protestante, les notions théologiques et sociales régissant le clergé furent profondément modifiées.

En effet, Luther considère comme central le principe dit du « sacerdoce universel » selon lequel chaque baptisé est « prophète, prêtre et roi » sous la seule seigneurie du Christ. Ce concept anéantit toute hiérarchie au sein de l'Église, à commencer par celle qui place les prêtres en position d'intermédiaire entre le croyant et Dieu. Chaque baptisé a une place de valeur identique, y compris les ministres (dont les pasteurs font partie). Issus d'études de théologie et reconnus par l'Église, ils sont au service de la communauté pour l'annonce de la Parole de Dieu (prédication et sacrements) et les missions particulières qui en découlent. En aucun cas ils ne détiennent le pouvoir d'absolution.

En conséquence, pour Martin Luther, la gouvernance de l'église ne peut qu'être démocratique. Il affirme clairement qu'une assemblée chrétienne a le pouvoir de juger ce qui est enseigné et d’élire et de destituer ses responsables[5].

Organisation du clergé

Les églises protestantes sont organisées selon l'une des modalités suivantes :

  • Système épiscopal : pratiqué notamment dans les pays scandinaves où les diocèses catholiques sont devenus luthériens en bloc lors de la Réforme, il n'implique cependant qu'une fonction de l'Église et non un ordre sacramentel. Doté d'un double rôle pastoral et administratif, l’évêque est chargé de veiller sur les pasteurs de son ressort et sur le maintien du bon ordre dans les paroisses. Dans les églises luthériennes de France, cette fonction porte le titre d'inspecteur ecclésiastique, retour au sens originel du mot évêque qui provient du grec Επίσκοπος. L'inspecteur ecclésiastique étant élu par le synode régional, cela n'empêche pas les églises luthériennes de France de relever du système presbytérien synodal ci-dessous ;
  • Système presbytérien synodal : ce système de gouvernement de l'Église repose sur une complémentarité des niveaux local et national : le niveau local est celui des Anciens du consistoire, dit aussi Conseil presbytéral (du grec presbuteroi, les plus anciens, désignant déjà les responsables de la cité ou de la communauté). Il est directement responsable de la vie spirituelle et matérielle de la communauté, et, généralement, élit et révoque le(s) pasteur(s). Le niveau national est celui des synodes, composés de pasteurs et de délégués des conseils presbytéraux. Dans l'Église réformée de France, le synode national est responsable de la confession de foi et de l'organisation générale (la Discipline), de la formation, du recrutement et du salaire des ministres, des relations avec les autres Églises, etc. ;

Universalité d'accès aux ministères

Les femmes ont accès aux ministères de la plupart des Églises protestantes, y compris aux fonctions hiérarchiques[6].

Clergé musulman

Dans le sunnisme, il n'y a pas de clergé à proprement parler, le mot d'ecclésiastique (qui vient du mot église) est donc impropre. Le chef, ou savant, religieux est appelé mufti, `alim ou encore cheikh. Le terme imam est généralement employé pour se référer aux formes diverses que peuvent prendre les chefs religieux et peut désigner aussi bien une personne présidant une prière qu'un membre d'un groupe de savants (oulémas) composés de juristes (faqih) et de muftis. Aucun d'entre eux n'a de connaissances ésotériques. Ces savants musulmans sont principalement consacrés à l'étude et peuvent être impliqués dans la mise en œuvre de la charia dont les muftis ont autorité pour émettre des avis juridiques (appelés fatwas) mais leurs infaillibilités (`isma) n'est pas une condition, contrairement au chiisme. Dans une mosquée, le muezzin fait l'appel à la prière, l'imam guide la prière et le recteur s'occupe des opérations administratives de la mosquée. Le calife est le titre porté par les successeurs de Mahomet après sa mort en 632 jusqu'à l'abolition de cette fonction par Mustafa Kemal Atatürk en 1924. Les califes réunissaient le pouvoir temporel au pouvoir spirituel. Le porteur du titre a pour rôle de garder l'unité de l'islam et tout musulman lui doit obéissance : c'est le dirigeant de l’oumma, la communauté des musulmans. L'autorité d'un calife s'étend sur un califat. Il porte aussi le titre de commandeur des croyants (`amir al-mou'minin).

L'imamat

Dans le chiisme, le terme imam possède par contre des significations plus spécifiques et il ne peut être que le seul guide à la fois spirituel et temporel[réf. nécessaire]. La « guidance » spirituelle de l'imam ne saurait être assurée sans le lien direct avec Dieu. Le chiisme originel était composé de certains compagnons qui estimaient que `Alî, gendre et cousin de Mahomet, avait été choisi, par lui, pour lui succéder après la conquête de La Mecque, et l'aurait explicitement désigné comme son successeur et son exécuteur testamentaire (wasî) près du ruisseau de Khumm[7]. Dès la deuxième moitié du Ier siècle de l'Hégire, cette précellence de l'imam Alî est devenue un élément fondamental du chiisme et elle est au cœur de son principe de foi.

La prophétie en tant que message révélé (risâla) a pris la forme d'un livre, le Coran, mais le lien (imamat) qui lie les êtres humains à Dieu se poursuit et se poursuivra jusqu'à la fin des temps. Pour ce faire, l'humanité a besoin d'un Guide spirituel (imam) pour transmettre l'exégèse spirituelle du Coran et actualiser le message prophétique selon les conditions de l'époque. Les chiites vont mettre de l'importance sur la bivalence du Coran : l'exotérique (zâhir) et l'ésotérique (bâtin). La connaissance exotérique est donnée à toutes les personnes sans exception alors que l'ésotérique n'est accordée qu'aux initiés. L'imam est le continuateur de la pédagogie prophétique. L'imam détient sa connaissance (`ilm) directement par illumination divine.

Clergé juif

Femmes du clergé (judaïsme)

Bouddhisme

Hindouisme

Notes et références

  1. « CLERC : Etymologie de CLERC », sur www.cnrtl.fr (consulté le )
  2. Alexandre Faivre, Chrétiens et Églises : des identités en construction. Acteurs, structures, frontières du champ religieux chrétien, Paris, Cerf-Histoire, 2011, « klèros/laïkos. Deux ensembles flous à l'origine d'une dichotomie mutuellement exclusive »[réf. incomplète], p. 243-311.
  3. « CLERGÉ : Définition de CLERGÉ », sur www.cnrtl.fr (consulté le )
  4. a b c d e f g h i et j A. Vacant, E. Mangenot et E. Amann 1938.
  5. M. Luther, Œuvres, tome IV, Labor et Fides, Genève, 1958, p. 84 : « Qu’une assemblée ou communauté chrétienne a le droit et le pouvoir de juger toutes les doctrines, d’appeler, d’installer et de destituer des prédicateurs. »
  6. Voir la page Wikipédia en anglais Ordination of women in Protestant churches (en).
  7. On parle ainsi du hadith de ghadir khumm.

Voir aussi

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Bibliographie

Il existe une catégorie consacrée à ce sujet : Clergé.
  • A. Vacant, E. Mangenot et E. Amann, DIctionnaire de théologie catholique, t. III : Première partie Clarke - Constantinople, Letoyzey et Ané, , « Clercs (définition) », p. 225-235.

Articles connexes

Christianisme, catholicisme

Liens externes