Utilisateur:Cosmophilus/Brouillon/1

Une page de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Ceci est une version archivée de cette page, en date du 28 avril 2024 à 16:32 et modifiée en dernier par Cosmophilus (discuter | contributions). Elle peut contenir des erreurs, des inexactitudes ou des contenus vandalisés non présents dans la version actuelle.

Pierres d'Ica
L'une des pierres d'Ica, censée représenter un dinosaure.
L'une des pierres d'Ica, censée représenter un dinosaure.
Type Pierres gravées
Poids Jusqu'à plusieurs dizaines de kilogrammes
Inventaire 15 000 pierres
Matériau Andésite
Méthode de fabrication Gravure à la scie à métaux ou à la fraise dentaire
Période Seconde moitié du XXe siècle
Culture Prétendument « glyptolithique »
Lieu de découverte Prétendument Ocucaje (es) (province d'Ica, Pérou)
Coordonnées 14° 21′ 11″ sud, 75° 40′ 18″ ouest
Conservation Museo Científico Javier Cabrera, Ica
Géolocalisation sur la carte : Pérou

Les pierres d'Ica sont un ensemble de 15 000 galets d'andésite gravés à Ocucaje (es), dans la province d'Ica au Pérou, à partir des années 1960.

Ornées de scènes représentant des animaux fantastiques, des dinosaures cohabitant avec des êtres humains ou encore des techniques avancées (opérations chirurgicales, greffes cardiaques, télescopes, fusées, etc.), elles sont vendues par leurs créateurs au chirurgien Javier Cabrera, qui les présente comme d'authentiques témoignages d'une civilisation avancée (les « Glyptolithiques ») ayant disparu en même temps que les dinosaures lors de l'extinction Crétacé-Paléogène il y a 66 millions d'années. Elles font par la suite l'objet d'une récupération par des groupes créationnistes, qui les considèrent comme une preuve de la contemporanéité de l'être humain et des dinosaures — et ce malgré le dévoilement de la supercherie par leurs auteurs, qui révèleront avoir gravé les pierres à la scie à métaux et à la fraise dentaire.

La collection de Javier Cabrera est aujourd'hui exposée à son ancien domicile d'Ica, reconverti en musée privé (le Museo Científico Javier Cabrera, anciennement Museo de las Piedras Grabadas).

Description

Les pierres d'Ica sont réalisées sur des galets d'andésite de dimensions variées[1], pouvant atteindre jusqu'à plusieurs dizaines de kilogrammes[2]. Elles sont gravées superficiellement par incision dans leur patine noire[1],[3] et portent des scènes et des dessins variés, au style manifestement inspiré des iconographies nazca et mochica[4]. Y sont notamment représentés des personnages ressemblant à des Incas ou des Aztèques[5], ainsi que divers animaux fossiles — ptéranodon, stégosaure, brachiosaure, tricératops ou encore tyrannosaure ; ce dernier est montré dressé sur ses pattes arrière comme dans les anciennes reconstitutions des années 1960, et non en posture horizontale comme le veulent les découvertes paléontologiques postérieures[3].

Découverte et exploitation

Humains et dinosaures.
Greffe de cœur.

Quelques auteurs, comme le Professeur Alejandro Pezzia Assereto, ont parlé des pierres du rio Ica quelques années avant leur médiatisation[6],[7].

En 1966, une pierre gravée est offerte au médecin péruvien Javier Cabrera Darquea pour son 42e anniversaire par son ami, le photographe Felix Llosa Romero. Cabrera y reconnaît le dessin d'un poisson éteint depuis des millions d'années[8].

Son père ayant commencé une collection de pierres similaires dans les années 1930, Cabrera, qui s'intéresse à la préhistoire du Pérou, entreprend lui aussi une collection. Il fait l'acquisition de 341 pièces auprès de deux frères, Carlos et Pablo Soldi, qui détiennent des milliers de pierres similaires provenant de la région voisine d'Oucaje qu'ils ont tenté, en vain, de proposer à des archéologues[9]. Par la suite, Cabrera découvre une autre source de pierres gravées auprès d'un agriculteur, Basilio Uschuya, qui lui en vend des milliers. La collection de Cabrera atteint plus de 11 000 objets dans les années 1970[1].

Il publie le livre intitulé The message of the engraved stones of Ica (« Le Message des pierres gravées d'Ica ») où il expose ses théories sur l'origine et la signification des pierres. Il défend notamment l'idée selon laquelle l'homme existe depuis au moins 405 millions d'années et que des êtres venus d'une autre planète ont créé les humains en implantant des codes cognitifs à des primates supérieurement intelligents[10].

Les pierres ont été utilisées par certains créationnistes qui tentent de démontrer que des humains côtoyaient des dinosaures non aviaires, une allégation pour laquelle aucune preuve scientifique n'existe[11] et qui est en contradiction avec la date bien établie de l'extinction des dinosaures non aviaires, antérieure d'environ 65 millions d'années à l'apparition de l'humanité[12].

Certains ufologues les utilisent aussi comme argument en faveur de la théorie des anciens astronautes : les pierres prouveraient l'existence d'une ancienne civilisation disparue, technologiquement avancée. Certains mytho-historiens les ont aussi utilisées comme preuves de la véracité des mythes antiques[5].

Démystification

Lors d'une entrevue avec Erich von Däniken en 1973, Uschuya avoue avoir gravé les pierres[1]. En 1975, Uschuya et une agricultrice nommée Irma Gutiérrez de Aparcana confirment être les auteurs de la supercherie : ils ont gravé les pierres proposées à Cabrera en copiant des images de bandes dessinées et de magazines[5]. Uschuya se rétracte ensuite lors d'un entretien accordé à un journaliste allemand, avançant qu'il a prétendu être l'auteur des gravures pour éviter une condamnation à une peine de prison pour vente de vestiges archéologiques.

En 1977, pour le documentaire de la BBC intitulé Pathway to the Gods (« La Voie des Dieux »), Uschuya fabrique une pierre d'Ica à l'aide d'une fraise de dentiste et indique avoir réalisé la patine en cuisant les pierres dans de la bouse de vache[1] ; la même année, un autre reportage de la BBC propose une analyse sceptique des pierres de Cabrera. Le regain d'attention porté au phénomène incite les autorités péruviennes à arrêter Uschuya pour vente de découvertes archéologiques. Uschuya se rétracte à nouveau, indiquant que les objets sont frauduleux : « Fabriquer ces pierres est plus facile que de cultiver la terre. » Il grave en réalité les pierres en utilisant comme modèles des images de livres et de magazines et en utilisant des couteaux, des ciseaux et une fraise de dentiste[13]. Il indique toutefois qu'il n'est pas l'auteur de toutes les gravures. Il échappe à la condamnation et continue de vendre des pierres similaires aux touristes comme bibelots[1]. Des pierres sont toujours fabriquées et gravées par d'autres artistes comme contrefaçons de contrefaçons[5]. Cabrera abandonne sa carrière médicale en 1996 et ouvre un musée à Ica au Pérou où l'on peut voir plusieurs milliers de pierres gravées[5].

Dans son Encyclopedia of Dubious Archaeology: From Atlantis To The Walam Olum, l'archéologue Ken Feder indique : « Les pierres d'Ica ne sont pas le plus sophistiqué des canulars archéologiques évoqués dans ce livre mais ont certainement le plus haut rang dans l'absurde. »[14].

Notes et références

  1. a b c d e et f (en) Philip Coppens (en), « Jurassic library - The Ica Stones », Fortean Times (en),‎ (lire en ligne). Accessible librement sur philipcoppens.com.
  2. Le Quellec 2023, p. 281.
  3. a et b Le Quellec 2023, p. 283.
  4. Le Quellec 2023, p. 285.
  5. a b c d et e (en) Carroll, Robert T., The Skeptic's Dictionary: a collection of strange beliefs, amusing deceptions, and dangerous delusions, New York, Wiley, , 169–71 (ISBN 0-471-27242-6), également accessible en ligne sur skepdic.com.
  6. Hans-Dietrich Disselhof et Sigwald Linne, L'Amérique précolombienne, Éditions Albin Michel, 1961, p. 152.
  7. (es) Pr Alejandro Pezzia Assereto, Ica y el Peru Precolombino, Tomo I, Arqueologia de la provincia de Ica, Empressa editora liberia Imprenta Ojeda, 1968, p. 216 : « Il est intéressant de noter que les pierres dont nous parlons intriguent les archéologues ; elles ont fait leur apparition pour la première fois en 1960. L'importance de ces pierres est soulignée par la richesse de leurs dessins et de leur symbolisme datant de l'époque de la progression culturelle précolombienne d'Ica ».
  8. (en) Javier Cabrera, The Message of the Stones, Ica, Peru (lire en ligne).
  9. (en) Fillip Coppens, Jurassic library - The Ica Stones, Fortean Times, October 2001.
  10. (en) Javier Cabrera, The message of the engraved stones of Ica, (lire en ligne).
  11. (en) « Claim CH710: », Talk.origins (consulté le ).
  12. (en) « When Did Dinosaurs Go Extinct? Cretaceous-Tertiary Boundary Dating Refined », Science Daily (consulté le ).
  13. (en) Kenneth L. Feder, Encyclopedia of Dubious Archaeology: From Atlantis To The Walam Olum, pages 143 (Greenwood, 2010), (ISBN 978-0-313-37919-2).
  14. (en) Kenneth L. Feder, Encyclopedia of Dubious Archaeology: From Atlantis To The Walam Olum, Greenwood, 2010, pp. 270-271, (ISBN 978-0-313-37919-2).

Bibliographie

  • Robert Charroux, 1976, L'énigme des Andes.
  • Robert Charroux, 1977, Archives des autres mondes, La bataille d'Ica, pages 99-182.
  • Jean-Loïc Le Quellec, « Les pierres d'Ica : complètement stone ! », dans Des Martiens au Sahara : Deux siècles de fake news archéologiques, Bordeaux, Éditions du Détour, , 2e éd. (1re éd. 2009), 436 p. (ISBN 9791097079239), p. 275-289
  • Jean-Paul Demoule, 2012, On a retrouvé l'histoire de France, De l'usage du faux, pages 210-212.