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Maria Malibran

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Chanteuse dramatique d'origine espagnole, "la" Malibran (1808-1836) connut une gloire inouïe de son temps.

Fille de Manuel Garcia, célèbre ténor de l'époque, Maria-Felicia Garcia naquit à Paris en 1808. Son père lui imposa un enseignement terrifiant, tant par son rythme que par son exigence, et la poussa sur scène dès l'âge de six ans.

En 1825, il l'entraîne dans une tournée aux Amériques pendant laquelle elle échappe au joug paternel grâce au mariage que lui propose un Français du nom d'Eugène Malibran. Ce mariage de complaisance sera annulé quelques années plus tard pour lui permettre d'épouser son amant, le violoniste et compositeur belge Charles-Auguste de Bériot dont elle eut un enfant en 1833 et avec qui elle s'installera à Bruxelles dans un hôtel particulier qui sert aujourd'hui de maison communale à Ixelles.

Sa voix, que l'on qualifierait aujourd'hui de mezzo-soprane, la propulsa d'emblée au sommet de la célébrité. D'une tessiture exceptionnellement étendue, elle se prêtait à une virtuosité très en vogue de son temps. Elle incarna parfaitement la jeune école romantique dans un répertoire comprenant Rossini et Beethoven, mais aussi Bellini ou Donizetti et même Mozart. Son style lui valut de solides adversaires mais aussi le soutien éperdu de Liszt ou Chopin.

Enceinte de quelques mois, elle fit une chute de cheval pendant l'été 1836 mais tenta encore d'honorer son public sur scène. En septembre, elle devait mourir épuisée à Manchester des suites de cet accident. Elle laissa un souvenir ébloui à tous ses admirateurs. Alfred de Musset lui dédiera des stances bouleversées dont celle-ci :

« O Ninette ! où sont-ils, belle muse adorée,
Ces accents pleins d'amour, de charme et de terreur,
Qui voltigeaient le soir sur ta lèvre inspirée,
Comme un parfum léger sur l'aubépine en fleur ?
Où vibre maintenant cette voix éplorée,
Cette harpe vivante attachée à ton cœur ? »

Fantasque mais géniale et généreuse, elle illustre un dévouement héroïque à son public, allant jusqu'au sacrifice suprême. Son enfance martyre fut le creuset de sa virtuosité et cela pose une question grave : l'Art mérite-t-il qu'on lui sacrifie ainsi l'innocence ?

Liens

Stances à la Malibran d'Afred de Musset