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Histoire des bourses de valeurs

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L'Histoire des bourses de valeurs s'est faite par étapes progressives, au fil des siècles, avec la réunion de plusieurs conditions nécessaires, comme l'existence de sociétés par actions, l'ouverture aux négociateurs étrangers et la centralisation des échanges sur un seul marché. Plusieurs grandes spéculations ont jalonné cette histoire.

XIIIème siècle et XIWème siècle =

Les moulins du Bazacle à Toulouse

C'est en 1250 que Toulouse a vu naître la première société dont les titres pouvaient s'échanger, leur prix variant en fonction de la conjoncture économique. La Société de moulins de Bazacle regroupait 60 moulins flottants dits à « nef » sur la Garonne. Ces moulins étaient répartis entre trois lieux distincts : La Daurade, Le Château Narbonnais et Le Bazacle. La chaussée du Bazacle faite de pieux de chêne traversait en biais la Garonne, sur une longueur d’environ 450 mètres. Toulouse comptait entre 30.000 et 60.000 habitants Chaque associé recevait en contrepartie de sa participation dans la société, un papier notarié. En fin d’année, il reçoit en nature (c’est-à-dire en farine) sa part des bénéfices, selon sa participation. Les rendements pouvaient atteindre entre 10 et 25% par an. « Dictionnaire universel de France », par Robert de Hesseln 1771 Les actions étaient échangées sur un marché libre comparable à la bourse.[ http://leker.typepad.com/medievaliste/2006/03/index.html Critique de «  La révolution industrielle du Moyen-Age », de Jean Gimpel] Chaque année une assemblée est organisée pour élire les administrateurs, le trésorier et le receveur des grains La première société française par actions : « La Société des Moulins du Bazacle » La Société de moulins de Bazacle est restée cotée jusqu'à très tardivement à la Bourse, 1946, sous le nom de Société toulousaine d'électricité de Bazacle.

= XIVème et XVème siècle

A Bruges, la place de l’auberge des Van der Beurse

La première Bourse moderne, assurant une publicité des informations sur les sociétés cotées, aurait été créée au XIIIe siècle à Bruges[1], lorsque les représentants des comptoirs de grandes activités implantées dans la ville prirent l'habitude de se réunir devant l'hôtel de la famille Van der Buerse[2]. Les principaux comptoirs, appelés « nation » se partageaient les maisons sur la place Ter Buerse. Une nation était une association de marchands étrangers. Ces nations louaient le plus souvent leurs propres bâtiments, appelés les maisons de la nation. Les marchands y échangeaient les monnaies de toute l’Europe et fixaient les prix futurs des marchandises, ce qui nécessitait une évaluation de l'évolution de l'offre et de la demande de chacune d'entre elles aux quatre coins du monde connu. « Des Espagnols, des Italiens, des Anglais, des Allemands, des Orientaux s’y rendent, bref, toutes les nations ensemble », racontent les carnets de voyage d’Hieronymus Muenze, un médecin allemand de Nuremberg en 1495. Bruges a joué un rôle majeur dans la naissance du marché des valeurs.Erreur de référence : Balise fermante </ref> manquante pour la balise <ref>

L’Incantato des galées du marché, à Venise

Bruges était le grand partenaire commercial mais aussi financier de Venise. Le quartier du Rialto de Venise était encore plus proche d'une vraie bourse des valeurs, selon l’historien Fernand Braudel, car les marchands du grand commerce mondial y échangeaient des participations dans les galères vénitiennes, divisées en carats. Le système de l’Incantato des galées du marché[3] a permis à Venise d'entreprendre à partir du XIVe siècle des aventures maritimes à très grande échelle, en armant à son apogée, au milieu du XVe siècle, une flotte totale évaluée à 6 000 galères, dont le nombre permet de prendre des risques, sous forme de convois réguliers, et de régner sur la méditerranée, au détriment des grands rivaux comme Gênes, puis Bruges et Anvers. Le système des galées commerciales est créé dès 1283, sous régie d'État, deux ans après la difficile victoire militaire de Chioggia, qui met fin à une guerre coûteuse contre Gênes. L'État vénitien veut acquérir une taille suffisante pour assurer la sécurité de la lagune. Il faut ensuite attendre 1315 pour les deux premières enchères, à but clairement commercial, concernant les lignes menant à l'Angleterre et aux Flandres[4]. L'État vénitien créé en 1347 une troisième ligne menant à Alexandrie, en 1374 une quatrième vers Beyrouth, en 1402 une cinquième vers Aigues-Mortes, dans l'embouchure du Rhône, puis en 1436 une ligne reliant les ports de la côte africaine à l'Espagne.

XVIème siècle

Anvers prend le relais de Bruges

Le port de Bruges s'ensabla et Anvers, la grande rivale voisine, prit le relais grâce à son port sur l'Escaut, alors principale artère fluviale des Flandres et du Hainaut Anvers deviendra aussi la capitale des premiers imprimeurs, comme le Flamand Plantin, un demi-siècle après l'invention, en Europe, de la presse à imprimer par Gutenberg.

Lyon, place financière de l’escompte et du « grand parti »

En France, jusqu'en 1990, on recensera six bourses des valeurs régionales: Bordeaux, Lille, Lyon, Marseille, Nancy et Nantes. La Bourse de Toulouse remonte à 1549 et celle de Bouen à 1566. La Bourse de Lyon les a précédé, avant de connaître son heure de gloire un peu après la créaton de celle de Toulouse. Née aux environs de 1540, la place de Lyon a surtout pour vocation de centraliser les échanges sur les effets de commerce et de l'escompte[5]. Place forte du protestantisme, ville marchande sur la route de l’Italie, Lyon est aussi une prospère capitale européenne de l’imprimerie et de la culture de la soie, avec sa rivale flamande Anvers

Henri II lance sur la place financière de Lyon en 1555 le Grand parti de Lyon, un emprunt, d'environ deux millions d'écus, dont 75% correspondent à de la dette existante et 25% à des nouveaux fonds.

Cette gigantesque opération est rendue nécessaire par le fait qu’à son arrivée au pouvoir en 1547, l'endettement public dépasse 6,9 millions de livres alors que les recettes du Trésor n'atteignent que 7.2 millions de livres. Le déficit est alors géré avec de la dette à très court terme, par des emprunts à trois mois, généralement renouvelé à l'échéance. Réservé aux marchands de la ville de Lyon, l’emprunt a un taux d'intérêts annuel de 16%, soit 4% par trimestre. Le prêt à intérêt étant interdit par l'Église, il n'est pas fait mention de taux mais de don gratuit du roi. Les porteurs de l’emprunt seront spoliés, car dès 1557, il faut financer quatre armées en Italie, une armée dans le nord de la France et l'expédition victorieuse de Calais. Au même moment intervient une crise monétaire, causée par l'afflux des pièces venues du Mexique et du Potosi, qui bouleversent l’histoire des mines d’argent. En 1604, Sully, ministre des finances d’Henry IV décide une conversion forcée des créances restantes, avec un taux ramené à 4% et une amputation de 40% du capital et des intérêts.

Henri II par François Clouet

A Londres, Thomas Gresham s’inspire d’Anvers

Les nouveaux souverains anglicans envoient sir Thomas Gresham reproduire le fonctionnement de la Bourse d'Anvers sur la place de Londres dès 1575. Le Royal Exchange sera progressivement envahi par les négociants juifs et protestants venus de Hollande au siècle suivant. Leur présence bruyante suscite des remous, ce qui les amène à se réunir dans des cafés pour fonder une bourse concurrente plus moderne, le Stock Echange. Dans son livre Si la Bourse m'était contée, André Kostolany raconte que la première bourse de valeurs organisée d'Europe, en tant que bâtiment dédié, est née à Anvers en 1592, mais qu'il a fallu attendre, en France, 1613, pour qu'un bâtiment spécialisé soit édifié sur le lieu des échanges, au Pont-Neuf. Dans les villes italiennes de Florence et Venise, les échanges avaient lieu aussi sur un pont, respectivement le Ponte Vecchio et le Rialto. En 1572, devant le développement des « courratiers » à Paris, Charles IX rédige un édit fixant les règles de la profession. En 1639, le terme « courratier » est définitivement abandonné pour le terme d'« agent de change », utilisé jusqu'à très récemment. Sur le pont au Change, alors en bois, on échange surtout les centaines de monnaies battues aux quatre coins du Royaume. Le cambiste a son banc, qui est romptu en cas de problème, donnant naissance au mot « banqueroute ».

XVIIème siècle

= Amsterdam : l’or flamand pour les épices de l’Inde

Les guerres de religion déciment Anvers. Les bourgeois protestants fuient au Nord, à Amsterdam la protestante, où une Bourse encore plus moderne voit le jour, avec comme valeur vedette la Compagnie néerlandaise des Indes orientales, dès 1602, qui réussit une énorme levée de fonds auprès des marchands de la ville, la dotant de fonds propres dix fois supérieurs à celle de sa rivale, la Compagnie anglaise des Indes orientales, fondée deux ans plus tôt.

Le bâtiment de la bourse de Hendrick de Keyser.

La bourse d'Amsterdam, considérée comme la plus ancienne du monde encore en activité, n’est bâtie que 9 ans après la création de la Compagnie des Indes orientales (Verenigde Oostindische Compagnie). Au départ, les valeurs étaient activement échangées dans une galerie de l'Hôtel de ville situé sur le Dam. En 1607, le conseil municipal a confié à l'architecte Hendrick de Keyser la construction d’une bourse des matières premières, qui s'est ouverte en 1611]], alors que les Pays-Bas, en guerre contre l’Empire espagnol, n’ont pas encore d’existence officielle. Dès cette date et pour la première fois, les transactions se tenaient dans un lieu qui leur était réservé situé derrière le Rokin, l'actuel magasin Amsterdam Diamond Center (52° 22′ 19,2706″ N, 4° 53′ 35,0837″ E). Ce premier bâtiment est finalement tombé en ruine et a été abandonné en 1835, après quoi la bourse a déménagé plusieurs fois pour s’établir en 1913 à l’emplacement actuel. Au départ, seules des actions à livraison immédiate étaient négociées, mais très vite des options et des contrats à terme ont également été ouverts à la négociation. La Compagnie néerlandaise des Indes orientales est une société anonyme. Parmi ses premiers actionnaires, 38% sont des immigrés venus du sud des Pays-Bas, qui ont fui les guerres de religion et l'empire espagnol pour se réfugier au nord des Pays-Bas[6], des immigrés qui forment aussi la majorité des 320 actionnaires[7] de la Banque d'Amsterdam, créée en 1609[8] et jusqu'à 80% de la population de villes comme Middelburg ou Leiden, la nouvelle capitale de l'imprimerie succédant à Anvers. C’est l’or de ces réfugiés religieux qui est investi dans le capital de la nouvelle société. La compagnie dispose de deux comptabilités, l’une à Amsterdam, l’autre à Batavia :le commerce avec Amsterdam est ainsi séparé de celui effectué à l’intérieur de la région en Asie qui dispose de sa comptabilité propre. A la fin du siècle, la compagnie contrôlera une flotte de 100 à 160 navires selon les estimations. Elle distribue des dividendes qui atteignent jusqu'à 25 à 30% de la valeur faciale, ou initiale, de l'action, si bien que la valeur des actions boursières connaît une forte envolée, passant de 3 000 florins à la création de la compagnie en 1602 à 18 000 florins en 1670

= Révolution britannique, six fois plus d’entreprises cotées en une décennie =

La Glorieuse Révolution britannique de 1688 a favorisé une Révolution financière britannique, qui voit la création de la Banque d'Angleterre, le développement des emprunts pour financer la Royal Navy et l'arrivée de compagnie d'assurances. Le commerce des actions se concentre alors à Londres autour de City's Change Alley, dans deux cafés : Garraway's et Jonathan's Coffee-House. En 1697, le huguenot John Castaing, venu de France, qui travaille dans les bureaux du Jonathan's Coffee-House, publie une liste de cours des actions intitulée « Le cours des échanges et autres choses ». Quatre-vingt ans plus tard, le Jonathan's Coffee-House sera renommé « London Stock Exchange », en 1773.

La croix huguenote

Dans Louis XIV et son temps (PUF, 1973), l'historien Robert Mandrou consacre trois chapitres à l'une des principales innovations de la Glorieuse Révolution britannique : « l'essor des sociétés anonymes par action, au détriment des compagnies à chartes détentrices d'un monopole concédé par l'État. La préférence de la City de Londres va aux associations libres, constituées par les marchands sur des bases financières précises et soumises aux seules règles du marché londonien par l'intermédiaire de la cotation en Bourse. Dans la dernière décennie du siècle, ces sociétés se multiplient à tel point qu'en 1700, il s'en trouve 140 dûment recensées sur la place (il y en avait 24 en 1688). Leur prospérité draine les capitaux anglais et étrangers en particulier hollandais ».

= XVIIIème siècle

La croissance démographique et l’apparition de grandes fortunes nées de la traite négrière et des raids corsaires sont à l’origine des grandes spéculations du siècle suivant, souvent centrées sur des thèmes très précis.

John Law dissout la dette de Louis XIV dans le Mississippi

En 1698 : de nombreux commerçants et artisans écossais souscrivent des actions de la Compagnie du Darién, qui doit installer une colonie sur l’isthme de Panama, pour profiter du commerce dans les Mers du sud, d’où les récits de pirates . La Compagnie du Darién, composée de près de 2000 écossais est décimée par la malaria et l'intervention de troupes espagnoles, mais le mythe des lMers du sud perdure d’autant mieux que plusieurs armateurs malouins bâtissent d’immenses fortunes, en ramenant de l’or et de l’argent de la côte pacifique de l’Amérique du Sud, au début du siècle suivant. En 1711, la création d'une Compagnie des mers du Sud anglaise débouche sur une intense spéculation appelée South Sea Bubble. Cet épisode est suivi de près par un Écossais du nom de John Law immigré en France en 1714 et reçu par le duc d'Orléans, qui le recommande à Desmarets. Louis XIV meurt l’année suivante. Louis XV étant encore enfant, le duc d'Orléans devient Régent. Les finances du royaume sont alors dans un état désastreux suite à des décennies de guerre. La dette s'élève alors à 3,5 milliards de livres[9], soit l'équivalent d'une dizaine d'années de recettes.

L’édit du autorise John Law à créer la Banque générale, un établissement sur le modèle de la banque d'Angleterre, basée rue Quincampoix à Paris, au capital de 6 millions de livres, réparti en 1 200 actions. Ses billets, convertibles en or, peuvent être reçus en paiement des impôts. Puis des actions sont échangées contre les créances sur l’Etat. S’inspirant de la spéculation sur Compagnie des mers du Sud, Law créé une succession de sociétés dont les cours s’envolent, parmi lesquelles la Compagnie sur le Mississippi, chargée de financer le développement de la Louisiane. Le château de cartes finit par s’écrouler. Le 17 juillet 1720, plusieurs milliers de parisiens sont réunis dès cinq heures du matin rue Quincampoix, quand démarre une émeute qui va causer la mort de 15 personnes.

L'établissement légal de la Bourse de Paris date de septembre 1724, quatre ans après la chute du système de Law. Le gouvernement veut lui donner une demeure légale. Elle se tient alors à l'Hôtel de Nevers, après s’être réunie rue Quincampoix, place Vendôme et au palais Royal Aux termes de l'article 28 de l'arrêt du 24 septembre 1724, les particuliers qui voulaient acheter des effets publics ou commerçables, devaient remettre, avant l'heure de la Bourse, l'argent ou les effets aux agents de change. Le législateur avait cru prendre par là une garantie contre le jeu.

Fermetures et lois, sous la Révolution française

La Révolution française et ses chocs économiques et financiers, en particulier l’appropriation des biens nationaux, où encore la fuite d’une partie de la noblesse, n’est pas une période propice à l’investissement financier. Fermée le 27 juillet 1793, la Bourse de Paris rouvrit au Louvre le 10 mai 1795. Fermée de nouveau le 13 décembre de la même année, elle fut rétablie, le 12 janvier suivant, dans l'église des Petits-Pères.

La loi du 30 août 1795 se montra très sévère envers les activités financières, en considérant que "les négociations de la Bourse n'étaient plus qu'un jeu de primes, où chacun vendait ce qu'il n'avait pas, achetait ce qu'il ne voulait pas prendre, et où l'on trouvait partout des commerçants et nulle part du commerce". De plus, la loi a interdit de vendre des marchandises ou effets dont on ne serait pas propriétaire au moment de la transaction. Les peines sont très-sévères : deux ans de détention et exposition publique du coupable avec un écriteau sur la poitrine mentionnant le délit, considéré comme grave, qu'il a commis: « Agioteur ». La loi prévoit aussi l'confiscation au profit de l'État des biens du condamné.

L’arrêté du 21 février 1796, chargé d'assurer l'exécution de cette loi, exige que tout marché conclu par un agent de change ou un courtier soit à la fois écrit et proclamé à haute voix, avec indication du nom et du domicile du vendeur, ainsi que du dépositaire des effets ou espèces. Ce détail permet à la police de vérifier l'existence des objets vendus. La Bourse de Paris sera ensuite transférée, le 7 octobre 1807, au Palais-Royal, et le 23 mars 1818, sur le terrain des Filles-Saint-Thomas, dans un hangar qui ne pouvait être que provisoire. Les frais de construction du palais Brongniart, qui s’installe avec son parvis dans la rue Vivienne ont été couverts en partie par les souscriptions des commerçants et des agents de change. Le gouvernement et la ville ont payé le surplus. L'inauguration a eu lieu en 1826, le 6 novembre.

Londres affolée par la Canal Mania des années 1790

Lancé en 1761 dans le nord de l’Angleterre, le canal de Bridgewater n’est pas coté en Bourse mais sera le premier d’une longue sériée. Il relie sur 65 kilomètres Manchester aux mines de charbon du Duc de Bridgewater et divise par deux le coût du charbon, car un cheval suffit pour tirer six barges reliées les unes aux autres, chargées de 30 tonnes. Un autre canal relie Manchester à la mer. Peu à peu se met en place un audacieux financement des canaux, par le crédit puis par la Bourse, qui complète les aménagements de rivières opérés depuis un siècle par les pouvoirs publics anglais. Chaque nouveau canal valorise un peu plus le réseau général de navigation, et par ricochet facilite la croissance économique. De 1789 à 1792, les journaux anglais parlent de « canal mania ». La spéculation boursière atteint des sommets sur les sociétés par action creusant les canaux. En trois ans seulement, 54 d'entre elles entrent en Bourse de Londres et lèvent un total de six millions de sterling. Les souscriptions d'actions sont annoncées dans les journaux. La société propriétaire de l’un des canaux, bien situé car dans le cœur du réseau fluvial de Birmingham voit son cours quadrupler en quelques années. Les progrès de la machine à vapeur stimulent la demande de charbon, matière première qui circule sur les canaux. Cette demande de charbon, sur fond de forte croissance économique, accentue encore la spéculation boursière sur les actions des canaux. Le temps fort de cette spéculation ? spécifique au Royaume-Uni, est les années 1789 à 1792. Elle correspond à l'invention de la machine textile à vapeur du révérend Edmund Cartwright. L'un des canaux les plus rentables aura été le canal de Leeds à Liverpool achevé en 1816.[10]

L’envol des actions des sociétés ayant bâti les canaux enrichit dans un premier temps les investisseurs. Mais ensuite, à partir du milieu des années 1820, ces actions voient leurs cours chuter, en raison de la concurrence du chemin de fer. Les nouvelles lignes sont venue aussi de la région de Manchester. Sur les 115 introductions en Bourse de Londres de 1825, une vingtaine viennent du rail. Plusieurs canaux se révèleront finalement inutiles. Dès 1830, un sur deux n'est plus rentable. Cette année-là, l'Angleterre est le seul pays européen à bénéficier de 6.000 kilomètres de voies navigables, dont un tiers de rivières aménagées et un tiers de canaux. Ce réseau à forte capillarité complète l'intense cabotage permis par l'insularité.

Sous un arbre à New York, près de la rue du mur

Aux États-Unis d'Amérique, l'indépendance de 1776 est immédiatement suivie de la création de bourses à Boston, Philadelphie et New York où les courtiers se réunissent près de Wall Street vers 1790. Le 17 mai 1792, l'Accord de Buttonwood réunit 24 courtiers dans la partie nord de Wall Street. Ils promettent de ne pas facturer de commissions inférieures à 25 cent. L'année suivante ils sont 200, mais revendent essentiellement des emprunts publics. La Bourse des valeurs ne se développe que lentement. En 1827 à Wall Street, ne sont cotées que 8 emprunts publics, et les actions de 12 banques et 19 compagnies d'assurances contre le feu ou maritimes.[11] La Mowhak and Hudson railroad est la première société de chemins de fer cotée, en 1830. Sept millions de dollars d'obligations sur les canaux sont émis entre 1817 et 1826, les observateurs décrivent un "canal mania" américaine dans les années 1820. Les épargnants s’exposent à tos les risques. En 1842, plusieurs Etats de l'Union font défaut sur leur dette publique.

XIXème siècle

L'Italie et l'Espagne font construire des bourses vers 1830, bien après les pays de l'Europe du Nord et le palais Brongniart parisien, qui est achevé en 1826 mais tarde à offrir un assortiment de sociétés cotées assez large pour drainer des capitaux importants. Jusqu’en 1815, l’économie mondiale est suspendue aux guerres napoléoniennes, mais il faut attendre les années 1820 en Angleterre, et les années 1830 en Belgique, pour que les introductions en Bourse se multiplient.

Les entreprises de canaux françaises

Jusque dans les années 1820, l’action Banque de France totalise à elle seule 100% de la capitalisation de la Bourse de Paris. L'arrivée des compagnies des canaux et des assurances permet ensuite de diversifier la nature des actions dans lesquelles il est possible d’investir. Sur la période 1801-1815 les canaux pèsent 16% de la capitalisation française, avec 19 millions de francs contre 102 millions pour la Banque de France, née sous l’Empire par le biais de plusieurs augmentations de capital.[12]

En 1830, à la fin de la Restauration, huit compagnies d’assurances et six sociétés de canaux représentent 32% d’une capitalisation parisienne totale de 271 millions de francs.[13]

Des banques à Londres, des journaux à Paris

A la fin des années 1820, la Bourse de Paris est encore à la veille de connaître son formidable essor : 44 valeurs seulement y sont cotées en 1830. Ce sera 223 six ans après, en décembre 1836, soit cinq fois plus [14]. La nouvelle Liberté de la presse a fait du secteur des médias l'un des mieux représentés, avec 34 valeurs[15]. Le journal La Bourse d'août 1837, recensera déjà 260 sociétés française cotées, dont 38 journaux, parmi lesquels une foule de publications économiques. Même effervescence à la Bourse de Londres après le Bank Charter Act de 1833, mais dans un autre secteur capital pour l'économie: on compte 30 introductions en bourse de banques anglaises dans les trois années qui suivent, puis 59 l'année suivante, en 1836. Le Bank Charter Act de 1833 affine et développe celui de 1826, en allant dans le même sens, le législateur souhaitant en plus prendre en compte de l'émergence rapide de nouveaux établissements. La règlementation rend ces banques plus sûres, moins risquées pour les épargnants et les déposants, et permet, par l'appel aux capitaux boursiers, de générer plus de concurrence[16]. Sans surprise, les deux premières sociétés étrangères cotées à Paris sont deux banques : la Banca Romana italienne en 1834 et la Banque de Belgique en 1835, rejointes dans les années 1840, par les Mines de charbon de Belgique, premières entreprises industrielles[17]. Les années 1830 sont autant d'années de croissance, en particulier dans les activités spéculatives, comme le montre l'histoire de la culture du coton aux Etats-Unis. Mais cette croissance très rapide est brutalement stoppée par la Panique de 1837, consécutive à la Specie Circular, disposition prise en 1836 par le président américain Andrew Jackson pour exiger que tout achat de terres soit réglé en métaux précieux, ce qui déclenche une perte de confiance dans les actifs papier, comme les billets de banque et les actions de société.

La cotation des mines de charbon belges

La Belgique est dans la première moitié du XIXème siècle le seul pays d'Europe, avec l'Angleterre, où les mines de charbon sont vraiment développées. Plusieurs centaines de sociétés charbonnières avaient créées dès le siècle précédent dans la région de Liège, le plus souvent sous forme coopérative. Malgré un morcellement du capital, les mines belges seront très tôt soucieuses de réguler le niveau de l'offre mondiale, pour maintenir des prix de vente permettant aux différentes exploitations de rester rentables[18]. C’est l’engouement spectaculaire, à partir de 1832 pour les actions d’une société françise, la Compagnie des mines de Douchy, qui a stimulé les investissements dans le charbon belge. Enregistrée sous forme de société par action en décembre 1832, la compagnie des mines de Douchy découvre en mai 1833 une veine de charbon dans l'unique puits qu'elle exploite. Peu après, ses actions ont vu leur cours multiplié par 105 en un an, passant de 2,22 francs en février 1833[19] à 300 francs en janvier 1834[20]. Pourtant, il faudra attendre deux ans, avec l'année 1836, pour que la mine passe le cap d'un million de tonnes métriques produites. Résultat, la Société générale de Belgique joue la carte de la Bourse pour profiter du charbon belge. Au cours des cinq années qui suivent la Révolution belge de 1830, elle investit dans une quarantaine d'entreprises, qui sont introduites en Bourse, dont une quinzaine d'aciéries et sept mines de charbon. Parmi elles, la Société des hauts-fourneaux, usines et charbonnages de Marcinelle et Couillet, la Société des Produits de Flénu[21], au capital de 4 millions de francs[22] et la Société du Levant de Flénu. A la fin des années 1850, les deux dernières donnent des dividendes de 29%. En vingt ans environ, leurs cours ont été multipliés respectivement par 3,5 et 3,4 depuis l'entrée en Bourse[23]. Sur la décennie 1830, la production de charbon de la Belgique va doubler de volume.

L’engouement pour les chemins de fer

Les actions des chemins de fer profitent de la baisse des coûts de revient de la production d’acier, permise par un accès plus facile à la matière première, le charbon. Elles ne commencent à être introduites en Bourse de Paris, timidement, qu’à partir de 1835.Leur arrivée permet au secteur des grandes infrastructures (canaux, chemins de fer et sociétés d’éclairage) de dominer le marché boursier à partir du milieu des années 1830. Le 8 décembre 1836 est cotée la première compagnie ferroviaire, la société de la ligne de Paris à Saint-Germain. Les émissions d’actions et d’obligations ferroviaires vont représenter six milliards de francs entre 1820 et 1849. Les actions cotées passent de 15 à une quarantaine en 1840. Une bulle spéculative touche les d’actions et d’obligations ferroviaires en 1837, suivie par la Panique de 1837.

La capitalisation boursière de Paris double en cinq ans, passant de 638 millions de francs en 1840 à 1,48 milliards en 1845, avec 56 sociétés cotées au lieu de 33. Il y a toujours 8 canaux, 9 assurances et 5 banques, mais les chemins de fer passent de 8 à 20 et les houillères passent de 2 à 3. Les chemins de fer concentrent alors 37% de la capitalisation totale devant 31% pour les banques, parmi lesquelles domine toujours la Banque de France. Malgré cela, en1847, les actions de sociétés cotées en Bourse ne représentent toujours que 2,7% de l’épargne française. Ensuite, les actions des chemins de fer pèsent très vite la moitié de la capitalisation boursière de Paris après la forte croissance économique mondiale des années 1850. Le charbon ne pèse alors que 3,5% et les autres mines 5%.

Les banques de dépôts et les grands magasins débarquent à Paris

Alors que les introductions en Bourse de banque se sont multipliées à Londres dans les années 1830, il faut attendre trois décennies d eplus pour que ce secteur prenne réellement son envol à la Bourse deParis. Les années 1860 permettent la création de deux grandes banques de dépôts : Crédit Lyonnais, Société Générale, dont les actions s’ajoutent à celles de la Banque de France. Le résultat est qu »entre 1849 et 1870, le montant des émissions d’actions par les banques est 16 fois supérieur à celui de la période précédente. Page 406,

La part de la capitalisation boursière de ce secteur se stabilise autour de 25 %, car il faut aussi compter avec le boom des chemins de fer. La spéculation autour des titres bancaires à la fin des années 1870 la fait passer au-dessus de 40 %. Le krach de l'Union Générale de 1882, un événement spécifique à la France, rétablit brutalement cette part à son niveau antérieur de 25 %. La prépondérance du rail diminue ensuite progressivement au profit de deux nouveaux secteurs: commerce et transport maritime. Mais globalement, au XIXème siècle, la Bourse de Paris reste dominée par le secteur ferroviaire et bancaire. Quatre grands magasins sont créés successivement : le Bon Marché 1852, le Louvre en 1855, le Printemps en 1865 et la Samaritaine 1869. Tandis qu’en 1855 dix sociétés fusionnent pour créer la Société des omnibus de Paris.

La liste de 11 valeurs de Charles Dow

Dès 1882, Charles Dow, visionnaire, avait prédit que « le marché des valeurs industrielles deviendrait le grand marché spéculatif des Etats-Unis ». Charles Dow (1851-1902) édite dans son journal, l'« Afternoon News Letter », en 1884, une liste des valeurs de référence qui devient en 1896 l'[[indice Dow Jones, car il s’est associé à son ami Eddie Jones en 1882. Charles Dow et Edward Jones, tous deux journalistes, quittent l'agence de presse financière de New York et se mettent à rédiger des bulletins d'information dans un sous-sol, dans une seule pièce, au numéro 15 de la rue Wall Street. Une feuille quotidienne complète rapidement ce service, elle devient le Wall Street Journal le 8 juillet 1889.

Sur les entreprises de cette liste, neuf étaient des sociétés de chemin de fer, auxquelles s’ajoutaient une entreprise de télégraphie, la Western Union, ainsi qu'une compagnie de transport maritime possédant des bateaux à vapeur, la Pacific Mail. Grâce à l'évolution de la technologie initiée par les travaux de Thomas Edison, la compagnie General Electric est rajoutée à la liste en 1896.[24] Pendant douze ans, l'échantillon du Dow Jones Average fut constamment révisé jusqu'à ce que ses créateurs publient le 26 mai 1896, dans leur « The Wall Street Journal », une première liste composée strictement de valeurs industrielles. Commercialisé sous la forme d’un abonnement annuel de 2 cents par jour et 20 cents par ligne pour les annonces, le Wall Street Journal contenait quatre pages de nouvelles financières et des statistiques, avec les cours des obligations et des matières premières, les actions les plus actives, les bénéfices des sociétés de chemin de fer et des banques. A l'époque, la Bourse new-yorkaise était surtout composée de 53 compagnies ferroviaires. Quant aux actions des banques et des compagnies d'assurances, elles se traitaient plutôt sur le marché hors cote.[25]

Les mines d’or du Transvaal, cotées à Paris

En Afrique du Sud, Au cours de l'année 1871, les géologues commencèrent à découvrir des mines d'or dans le Transvaal, suscitant les convoitises britanniques.[26] La découverte d'or en quantité importante intervient 17 ans après celle du diamant, en 1887 à Krugersdorp, fondée en lieu et place de Paardekraal, par Marthinus Wessel Pretorius, qui rebaptise le site en référence au président du Transvaal, Paul Kruger. L'or est aussi découvert à Johannesburg, fondée la même année au cœur du Witwatersrand, à une cinquante de km de Pretoria, la future capitale du Transvaal. Du jour au lendemain, une ville champignon surgit, qui atteint en quelques années plus de 100 000 habitants, principalement originaires du Cap ou d'outre-mer (les uitlanders). En 1890, la production sud-africaine est de 16 tonnes d'or, ce qui reste inférieur à la moyenne annuelle de 90 tonnes extraites les six premières années lors de la ruée vers l'or en Australie. L'activité s'accrut beaucoup en 1894 et 1895, grâce à l'introduction des actions de mines d'or sud-africaines.[27]

La première guerre des Boers, début 1996, provoque une chute brutale de l’extraction, puis la production reprend son cours. La production aurifère totale, du 1er mai 1887 au 1er août 1902, a atteint 670 tonnes en quinze ans, soit 2 milliards de francs de l'époque[28]. Le total des dividendes distribués par les mines est passé de 0,53 million de francs en 1987 à 10 millions de francs en 1989. Il décolle à 22 millions de francs en 1992, 37 millions en 1994, 66 millions en 1995 et culmine à 127 millions en 1998[29], avec le succès des mines d'or en Bourse, particulièrement à la Bourse de Paris. Au cours du seul mois d'août 1899, la production sud-africaine atteint 14,7 tonnes d'or. Les anglais sont accusés d’avoir provoqué délibérément la guerre en 1899 pour prendre le contrôle du Transvaal, alors une république indépendante, où l’or était devenu une nouvelle industrie majeure[30]. Après 1890, Londres était le centre financier du commerce mondial et un approvisionnement régulier du stock d’or mondial était indispensable pour maintenir cette position.

XXème siècle

La croissance économique mondiale sera nettement plus forte au XXème siècle qu’au XXème siècle, ce qui ouvre de nouvelles opportunités de plus-values en Bourse, d’autant que le nombre des Bourses de valeurs augmente, au rythme de celui des nouveaux pays industriels.

Le krach de 1929

Le krach de 1929 est aussi la conséquence de la forte croissance boursière des années qui l’ont précédé, et qui a amplifié de façon excessive la croissance de l’économie.

Indice Dow Jones de 1921 à septembre 1929

De 1921 à 1929, l’indice Dow Jones progresse en moyenne de 18 % par an, soit une hausse totale de plus de 300 % sur la décennie. Cet engouement repose sur la croissance de la production industrielle américaine, qui a augmenté de de 50 % sur la période. S’ajoutent des phénomènes purement financiers. La bulle spéculative est favorisée par nouveau système d'achat à crédit d'actions mis en place en 1926 à Wall Street. Les investisseurs peuvent ainsi acheter des titres avec une couverture de seulement 10 %.

«Le cours des titres augmente aussi plus que les profits des entreprises, qui eux-mêmes augmentent plus que la production, la productivité, et enfin plus que les salaires, bons derniers dans cette course. », résumera l’économiste Jacques Brasseul. Le jeudi 24 octobre 1929 voit les cours s'effondrer. À midi, l'indice Dow Jones a perdu 22,6 %. Une émeute éclate à l'extérieur du New York Stock Exchange, après que les gardes du bâtiment et la police ont empêché des actionnaires d'entrer.

La chute de 1930 à 1932 est supérieure à celle de l'année 1929. Le , le Dow Jones tombe à 41,22, son plus bas niveau depuis sa création en 1896. Dans les années 1930, la Bourse change de nature et devient extrêmement volatile. Sept des plus forts gains du Dow Jones ont eu lieu entre 1929 et 1933. Mais sept des dix plus fortes baisses historiques ont aussi été enregistrées avant la Seconde Guerre mondiale, et notamment dans les années 1930 avec cinq des plus forts replis quotidiens. Son plus fort repli reste celui du 19 octobre. La plus forte progression de l’indice américain reste à ce jour celle du 15 mars 1933 (+ 15,34 %). «L'indice Dow Jones fête 115 ans de krachs et de bulles », par Nessim Aitkacimi, dans Les Echos du 30 mai 2011. lle krach de 1929 a conduit à la séparation entre banques de dépôts et banques d'investissement aux États-Unis, en vertu de la loi du Glass Steagall Act, qui vise à éviter que des banques d’affaires n’utilisent la caution implicite que constitue les dépôts de millions d’épargnants pour prendre des risques excessifs sur le marché boursier.« 2008 L'année du krach: Premiers enseignements d'une crise », par Bruno Colmant et Chantal Samson, chez Larcier, 2008, page 68

Les trente glorieuses, période médiocre pour Wall Street

Après 1945, la défaite des puissances de l'Axe, Allemagne, Italie et Japon a fait s'effondrer les actions dans ces trois pays. Cependant, sur plusieurs décennies, de 1926 aux années 2000, le rendement réel cumulé annuel, en dollars, des actions au Royaume-Uni, en Allemagne et aux Etats-Unis se tient dans une fourchette d'un point de pourcentage. Les actions japonaises sont restées à la traîne mais leur rendement a été supérieur à ceux des obligations dans n'importe quel pays au cours de la période considérée. Le niveau des indices boursiers Nikkei et Dow Jones était approximativement les mêmes en 1950, avec environ 500 points et en 2000, avec près de 10 000 points, mais ce parcours proche masque une divergence, les actions japonaises progressant beaucoup plus vite jusqu’en 1990, pour atteindre 40000 points contre 3000 pour le Dow Jones. Sur les quatre premières décennies, la Bourse de Tokyo a été multipliée par 80 et la Bourse de New York par cinq.

L’une des thèses développées par les disciples de l’économiste John Maynard Keynes veut que le mouvement de transformation du capitalisme entrepreneurial en un capitalisme financier ait connu une pause durant la période des Trente glorieuses qui a suivit la Seconde Guerre mondiale. Pendant cette période, si l’on excepte l’immédiat après-guerre, période de rattrapage, les pays de l’OCDE ont connu un taux de croissance annuel moyen de 4%. La capacité d'autofinancement des entreprises cotées en bourse est imparfaitement utilisée selon les époques en fonction de l’imperfections de ce que les économistes appellent les « contrats d'agence » entre les actionnaires et les directions d'entreprises. Jusqu'aux années 80, cette masse d'épargne a été utilisée en fonction des perspectives de rentabilité "normale" des entreprises. Faute d’importants flux de capitaux internationaux, les stratégies d'investissement des entreprises n’étaient pas encore dédiées à un objectif de "performance financière cible". C’est le prix de leurs actions qui s’adaptaient à leurs perspectives de rentabilité, selon l’économiste turc Rauf Gönenç. Les évolutions des années 80, notamment la multiplication des rachats d'entreprises sous-performantes ont modifié les stratégies et entraîné l’apparition d’objectifs financiers s’imposant aux stratégies d’entreprise."De la finance pour l’industrie à l’industrie pour la finance", par Rauf Gönenç, Revue d’économie financière, 1993. En France, les besoins de financement des entreprises se réduisent fortement à partir du milieu des années 1980. De 1959 à 1982, les besoins de financement atteignent 10,7 % en moyenne de la valeur ajoutée brute, puis ne représentent plus que 3,1 % de cette valeur ajoutée brute de 1983 à 2005.[31]

Références

<refrences/>

  1. D'autres berceaux de la Bourse également cités sont le Portugal, l'Italie et l'Espagne (cf. Pierre-André Julien, Entrepreneuriat régional et économie de la connaissance, Presse de l'Université du Québec, coll. « Entrepreneuriat & PME », (ISBN 2760513297, présentation en ligne, lire en ligne), p. 322)
  2. cf. Joseph Antoine, Marie-Claire Capiau-Huart, H. Olivier et H. Carpentier, Titres et Bourse, vol. 1 : Valeurs mobilières, De Boeck Université, coll. « Comptabilité, Contrôle & Finance », (ISBN 2804123456, ISSN 13730150[à vérifier : ISSN invalide], présentation en ligne, lire en ligne), p. 22
  3. Doris Stöckly, Le Système de l'Incanto des galées du marché à Venise(fin XIIIe-milieu XVe siècle, Brill, 1995, 434 p., (ISBN 9004100024) Google Books
  4. http://books.google.fr/books?id=znq5Akv5KXEC&printsec=frontcover&dq=%22carats+de+venise%22&source=gbs_summary_r&cad=0#PPA2,M1
  5. Histoire de la Bourse de Paris, de 1250 à 1900, sur Edubourse.com
  6. Louis XIV face à l'Europe du Nord: l'absolutisme vaincu par les libertés", par Hervé Hasquin, page 27
  7. Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : aucun texte n’a été fourni pour les références nommées Louis XIV Europe du Nord
  8. http://books.google.fr/books?id=p4oDKgcYM0sC&pg=PA17&dq=Louis+de+Geer&lr=&ei=ledfSa7KJqOOyQSWgq3DBQ#v=onepage&q=Louis%20de%20Geer&f=false
  9. Soit entre 25 et 50 milliards d'euros.
  10. Britain 1750-1900", par Walter Robson, page 26
  11. "Socializing Capital: The Rise of the Large Industrial Corporation in America", par William G. Roy, page 123
  12. « Le financement des infrastructures par la Bourse de Paris au XIX° siècle »", Revue d'économie financière, n°57, pages 28 à 30, par Pedro Arbulu et Jacques-Marie Vaslin (2000), page 332
  13. [http://books.google.fr/books?id=ECLZ9R-HzXcC&pg=PR1&lpg=PR1&dq=Pedro+Arbulu+et+Jacques-Marie+Vaslin&source=bl&ots=3OrctsXGWe&sig=Tnz9-HEaNFCMCZW69J_Sb0xboVw&hl=fr&ei=tl0VTsm1K8jpOfmOnRE&sa=X&oi=book_result&ct=result&resnum=1&ved=0CBcQ6AEwADgK#v=onepage&q=Pedro%20Arbulu%20et%20Jacques-Marie%20Vaslin&f=false «Le marché financier français au XIXe siècle: Aspects quantitatifs des acteurs et des instruments à la Bourse de Paris », par Pierre-Cyrille Hautcoeur, Georges Gallais-Hamonno, Université de Paris 1 Panthéon-Sorbonne? Publications de la Sorbonne, 2007, page 388]
  14. selon le journal L’Actionnaire
  15. "Histoire des industries culturelles en France, XIXe – XXe siècle: actes du colloque en Sorbonne, décembre 2001, par Jacques Marseille et Patrick Éveno, Association pour le développement de l'histoire économique, 2002
  16. A study in trade-cycle history: economic fluctuations in Great Britain, 1833, par Robert Charles Oliver Matthews, page 193.
  17. "Le marché financier français au XIXe siècle", par Pierre-Cyrille Hautcoeur, Georges Gallais-Hamonno, Université Paris I Panthéon-Sorbonne, Publications de la Sorbonne, 2007
  18. * "Industrialisation et sociétés d'Europe occidentale, 1880-1970" par Patrick Fridenson, page 143
  19. "De la houille: traité théorique et pratique des combustibles minéraux (houille, anthracite, lignite, etc.)" , par Amédée Burat, page 476, chez Langlois et Leclercq, 1851
  20. Charbon et sciences humaines: actes du colloque du colloque organisé par la Faculté des Lettres del'Université de lille en mai 1963
  21. "La bourse et les agents de change: études suivies d'un aperçu sur la lettre de change et d'une notice sur toutes les valeurs cotées a la bourse de Bruxelles", Volume 2, par Edouard Limauge, 1864
  22. "Site très complet sur l'histoire des charbonnages du Hainaut"
  23. "Questions d'economie politique et de droit public", par Gustave Molinari, page 217
  24. « Le Dow Jones par le South Daily Pipelette »
  25. «L'indice Dow Jone, un centenaire bon pied bon oeuil», par Philippe Guillaume dans Les Echos du 28 Mai 1996
  26. "The Cornish overseas: a history of Cornwall's 'great emigrationé, page Philip Payton, Dundurn Press Ltd., 2005, page 359
  27. Le marché financier français au XIXe siècle: Aspects quantitatifs, par Pierre-Cyrille Hautcoeur, Georges Gallais-Hamonno, Université de Paris I: Panthéon-Sorbonne - 2007, page 76
  28. Les richesses minérales de l'Afrique: l'or, les métaux le diamant, les phosphates, le sel, par Louis de Launay (1903)
  29. http://www.archive.org/stream/lesrichessesmin00laungoog/lesrichessesmin00laungoog_djvu.txt
  30. The Boer War, par Carol DeBoer-Langworthy, mars 2007
  31. « La financiarisation de l’économie », par Celia FIRMIN, économiste, 23 octobre 2008