Nobuyoshi Tamura

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Nobuyoshi Tamura
Nobuyoshi Tamura à La Colle-sur-Loup en août 2005
Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 77 ans)
Nom dans la langue maternelle
田村 信喜Voir et modifier les données sur Wikidata
Nationalités
Activité
Autres informations
Propriétaire de
Dojo Shumeikan (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Sport
Distinction

Nobuyoshi Tamura (田村信喜), né le à Osaka au Japon, et mort le à Saint-Maximin en France, est un célèbre pratiquant d'aïkido fondateur de la première fédération d'Aïkido en France.

Biographie[modifier | modifier le code]

Nobuyoshi Tamura au stage international d'Aïkido de Lesneven en 2006.
Nobuyoshi Tamura au stage international d'aïkido de Lesneven en 2006.

Jeunesse[modifier | modifier le code]

Nobuyoshi Tamura est l’aîné d’une famille de 6 enfants (une fille et 5 garçons). Sa mère était institutrice[1]. Son père était professeur de kendo de l'école Busen. Il est parti pour la guerre quand il avait cinq ans et juste après son retour de la guerre, il a eu des complications d’un rhume et est décédé de la tuberculose[2]. Tamura perd son père à l’âge de 16 ans.

Ses débuts d'Aïkido[modifier | modifier le code]

Il commence par la pratique du Kendo et du judo (dont il arrêta lorsqu'il devient ushi deshi).

Il découvre l'aïkido en 1952. Il débute la pratique avec Seigo Yamaguchi, Hirokazu Kobayashi, Hiroshi Tada et Sadateru Arikawa[3].

Il s'occupa de la maison de Seigo Yamaguchi lorsqu'il se rendit sur l'île de Kyushu pour son mariage. A son retour, Nobuyoshi Tamura devait trouver un autre toit. La situation étant difficile, Yamaguchi lui suggéra de s'installer à l'Hombu dojo, qui proposait un toit et le couvert gratuitement pour les ushi-deshi (élève résident)[3].

Tamura intègre l'Hombu dojo comme élève interne le 5 août 1952[4]. Il suit principalement l’enseignement de Kisshomaru Ueshiba et de Kisaburo Osawa.

Nobuyoshi Tamura devient officiellement disciple (uchi deshi) de Morihei Ueshiba (fondateur de l'aïkido) en 1953.

Il est nommé shodan le 13 mai 1955. Devenu instructeur au Hombu Dojo, il enseigne également au US Navy Special Service Center de Yokohama ainsi que dans sept autres dojos de Tokyo[4].

Le 25 octobre 1959, il est promu 5e dan[4].

Tamura devint le responsable des uchi deshi de l’Aïkikaï[5].

Du 27 février au 11 avril 1961, avec Koichi Tohei, Tamura accompagne Morihei Ueshiba à Hawaï. A cette occasion, le 11 mars à 19h30, Ueshiba donna une démonstration publique d'Aïkido à l'auditorium du lycée McKinley à Honolulu. Tamura officia comme maître de cérémonie. Ueshiba inaugura le 12 mars le Honolulu Aïki Dojo, le premier Dojo en dehors du Japon construit spécifiquement pour la pratique de l’Aïkido[6]. Dans le brochure de la démonstration, il est précisé que Tamura "étant l’un des favoris, il est souvent appelé par le professeur Ueshiba pour accompagner l’instructeur pour des démonstrations et des instructions dans divers dojosé"[4].

Rencontre et mariage avec Rumiko[7][modifier | modifier le code]

Rumiko pratiquait l'aïkido au Hombu Dojo de Tokyo qu'elle débuta à 18 ans. Lors d'un cours de Nobuyoshi Tamura, celui-ci pris comme partenaire Misogi Araï (alors 1er dan). Lors d'une chute, le pied de Misogi percuta le ventre de Rumiko. Pour se faire pardonner, Nobuyoshi Tamura invita Rumiko à boire un café. Plus tard, il l'invita à un repas.

Le 23 mai 1964, après la fin des études à l'Université de musicologie de Tokyo, ils se marièrent. Rumiko avait 22 ans. Ils firent leur voyage de noces dans le nord du Japon ( Akita et Sendaï).

Rumiko travailla quelques mois dans l'orchestre du Japon avant de prendre la direction de l'Europe avec son mari.

Elle était violoniste.

Arrivée en France[modifier | modifier le code]

Masamichi Noro et Mutsuro Nakazano proposèrent par courrier à Nobuyoshi Tamura de venir enseigner dans un dojo à Paris, dont il avait le projet de construction, pour y développer la pratique de l'aïkido en France et en Europe.

En octobre 1964, le couple prend le bateau pour la France. Ils arrivent le 13 Novembre 1964 à Marseille[1].Il n'était plus question d'un dojo à Paris à leur arrivée. Le couple fut accueilli dans un premier temps dans la maison de Mutsuro Nakazano. Nakazano enseignait l'aïkido au Provence Judo Club. Le couple Tamura décida de rester sur Marseille où Jean Zin, judoka, a proposé à mon mari des cours d’Aïkido dans son dojo de Marseille, ainsi qu’un logement au-dessus du dojo[7].

Dès son arrivée, Nobuyoshi Tamura devient le délégué de l'Aïkikaï So Hombu de Tokyo en Europe[8].

Tamura enseigna à la légion étrangère avec Tadashi Abe.

En 1989, il reçoit la visite du Doshu Kisshomaru Ueshiba venu le féliciter à l’occasion du 25ème anniversaire de son arrivée en Europe[9].

Fédération[modifier | modifier le code]

Il adhère à l’Association Culturelle Française d’Aïkido (ACFA) créée par Masamichi Noro pour rejoindre en 1971 la Fédération Française de Judo et Disciplines Associées (FFJDA). Il concourt également la même année à la fondation de l’Union Nationale d’Aïkido (UNA) et établit en 1973 le programme des épreuves techniques et pédagogiques pour l'obtention du Brevet d'Etat de professeur d'Aïkido. Collaborant avec Hiroo Mochizuki et André Nocquet, il crée en 1975, une “Méthode Nationale d'Aïkido”.

En 1982, Nobuyoshi Tamura se prononce pour une scission de la FFJDA au profit de la Fédération Française Libre d’Aïkido et de Budo (FFLAB).

En 1985 la FFLAB devient la Fédération Française d’Aïkido et de Budo (FFAB), organisme habilité auprès du Ministère de la Jeunesse et des Sports, dont il sera le directeur technique national (DTN).

Enseignement[modifier | modifier le code]

Il devient directeur technique national (DTN) de la fédération française d'aïkido et de budo (FFAB) à sa création dans les années 1980. Dès lors, il œuvrera au développement de l'Aïkido en France (et dans le monde), formant des dizaines de hauts gradés et assurant la dynamique de la Fédération FFAB.

Souhaitant se concentrer sur une transmission plus profonde et intime de la pratique, comme c'est la tradition, il fonde alors un Dojo. En septembre 1995, Tamura inaugure son dojo personnel à Bras, dans le Var. L’inauguration officielle du « Shumeikan dojo » est faite dans la tradition shinto, grâce à la présence de son ami Masando Sasaki, prêtre Yamagake San'in Shinto et Shihan 8e dan de l’Aïkikaï de Tokyo. Il partagera alors sa vie entre l'enseignement de l'Aïkido dans son Dojo et des stages assurés dans le monde entier[10].

Ce dojo est géré par une association, l’Ecole Nationale d’Aïkido (ENA), partie intégrante de la FFAB.

Grades[modifier | modifier le code]

Kisshomaru Ueshiba lui attribue le 8e dan, diplôme numéro 25, délivré le [11].

Nobuyoshi Tamura se vit proposer le 9e dan. Il refusa cependant ce grade, que seul aurait pu lui remettre son maître alors décédé. Ce cas n'est pas unique dans le monde des arts martiaux traditionnels. Ainsi, maître Tatsuo Suzuki, 8e dan de karaté, refusa plusieurs fois le 10e dan qu'on lui proposait, considérant que seul le fondateur de l'école, Hironori Ohtsuka, était en droit de lui accorder ce grade (et il était décédé).

Nobuyoshi Tamura dispose du titre de shihan, mais les pratiquants l'appellent sensei (« maître »), ce qui est une marque de respect vis-à-vis de sa personne et de son niveau. Pendant toutes ses années en France, il anime, comme de nombreux autres maîtres, des stages d'aïkido dans de nombreux pays.

Zen[modifier | modifier le code]

Particulièrement attiré par le Zen durant sa jeunesse, il devient adepte de la macrobiotique fondé par Georges Ohsawa (de son vrai nom : Sakurazawa Nyoichi).

Par l’intermédiaire de Mutsuro Nakazono et du cercle de macrobiotique, Tamura fait la connaissance du Maître Zen Taisen Deshimaru et devient son ami[12].Deshimaru s'installa en France au Temple de La Gendronnière et écrira notamment Zen et arts martiaux.

Vie personnelle[modifier | modifier le code]

De son mariage avec Rumiko, il a eu trois fils, dont l’un, Yoshimichi, a eu une carrière réussie dans l’industrie cinématographique en tant qu’animateur. Il a animé pour Disney principalement pour des longs métrages d’animation : Dingo, Le Bossu de Notre-Dame, Hercule, Tarzan et Atlantis[13].

Un autre de ses fils, Masamichi enseigne l'aïkido[14],[15].

Décès[modifier | modifier le code]

Nobuyoshi Tamura est décédé le 9 juillet 2010 à Saint-Maximin-La-Sainte-Baume, à l'âge de 77 ans.

Stage international de Lesneven[modifier | modifier le code]

En 1978, Jean-Yves Le Vourc'h et Jean-Claude Cueff, ont invité Nobuyoshi Tamura à animer le premier stage international de Lesneven[16]. Tamura dirigea ce stage d'une semaine en juillet de chaque année jusqu'à son décès (31 éditions)[17].Le stage a continué sous la direction de Yoshimitsu Yamada[18].Ce stage prit fin avec le décès en 2023 de maître Yamada.

Quelques éditions :

  • 30e édition (2008): stage encadré par Tamura, Yamada et d'un nouveau venu, Motohiro Fukakusa : tous trois élèves directs de O'Sensei Morihei Ueshiba[19].
  • 31e édition (2009) : à cette occasion, Tamura convie de nouveau son élève Motohiro Fukakusa (7e dan), né le 11 mars 1943 à Kyoto. En 1964, il a été envoyé en Thaïlande par les dirigeants du Hombu dojo pour y enseigner l'aïkido. Il est devenu le directeur technique de la fédération thaïlandaise et a contribué au développement de l'aïkido à Singapour et en Malaisie. De plus, il a été chargé par le Hombu de délivrer les grades au Laos[20].
  • 32e édition (2010) : stage dirigé par Yamada car Tamura est retenu dans le Midi pour cause de maladie. Tamura décédera la vieille du début du stage laissant celui-ci en deuil[17].
  • 33e édition (2011) : en présence des maîtres: Yoshimitsu Yamada et Motohiro Fukakusa, 8e dan; Mitsuo Funakoshi (instructeur à l'aïkikaï de Tokyo), 7e dan; Toshiro Suga et Tiki Shewan, 6e dan[21].
  • 36e édition (2014) : ce stage était l'occasion de fêter les 50e anniversaire de la création de l'aïkikaï de New York, de l'arrivée en France de maître Tamura et de celle, en Thaïlande, de maître Fukakusa[22].Le stage est animé par Yamada, Kukakusa et Funakoshi[23].
  • 39e édition (2017) : dirigé par Yoshimitsu Yamada, accompagnée de Robert Le Vourch (6e dan) et d'un nouveau venu, Yoshinobu Irié, 7e dan et instructeur à l'Aïkikaï de Tokyo[24].

Anciens élèves[modifier | modifier le code]

Parmi ses anciens élèves figurent les noms suivant (liste non exhaustive) :

  • Mickaël Martin (6° Dan)[25]
  • M'barek Alaoui, décédé en 2014, premier 8e dan d'aïkido en Afrique du Nord[26]
  • Jacques Bardet (7e dan)
  • Jacques Bonemaison (7e dan)
  • Michel Bécart (7e dan)
  • Guy Bonnefond
  • Luc Bouchareu (7e dan)
  • Roberto Dalessandro (7e dan)
  • Paul Marotta (7e dan)
  • Gilbert Milliat (7e dan)
  • André Palmeri (6e dan)
  • Claude Pellerin (8e dan CSDGE - 7e dan Aïkikaï)
  • Alain Peyrache
  • Claude Nottebaere
  • Malcolm Tiki Shewan (7e dan)
  • Tony Thielemans
  • René Trognon (7e dan)
  • René Van Droogenbroeck
  • Jean-Claude Joannès (7e dan)
  • Aziz Belhasssan (7e dan)
  • Didier Cagnet (6e dan)

ainsi que des élèves hauts gradés de la FFAB, selon la liste des chargés d'enseignement au niveau national (CEN)[27].

Distinctions[modifier | modifier le code]

En 1982, Nobuyoshi Tamura a été fait citoyen d'honneur de la ville de Lesneven, dans laquelle il organisait et animait chaque année un stage international d'aïkido, avec maître Yamada.

En 1999, il a reçu la médaille de chevalier de l'ordre national du Mérite.

Le 15 janvier 2011, le gouvernement japonais lui décerne à titre posthume la Médaille de l'Ordre du Soleil Levant, Or et Argent[28].

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Nobuyoshi Tamura et Guy Bonnefond, L'Aïkido : méthode nationale, Chancellerie européenne de l'aikido-so-honbu, Paris, 1977.
  • Nobuyoshi Tamura, 8e dan, Aïkido, Budo Éditions, 2003, 143 p. (ISBN 9782846170130).
  • Nobuyoshi Tamura, Son message, son héritage, volume 1 : L'Esprit shumeikan, France, École nationale d'aïkido, 2015, 150 p.
  • Nobuyoshi Tamura, Aïkido: Etiquette et transmission, Les Editions du Soleil Levant, 1991.

Références[modifier | modifier le code]

  1. a et b Jean-Paul AVY (Président du Département Technique de la FFAB), « Journée de commémoration en hommage à Tamura Senseï », SESERAGI - Le magazine officiel de la Fédération Française d’Aïkido et de Budo (FFAB), no 50,‎ , p. 4 (lire en ligne)
  2. Interview de Nobuyoshi Tamura publiée dans le livre “Profiles of the Founder”
  3. a et b « Interview Nobuyoshi Tamura », Aïkido Journal, no 12F/2004,‎ , p. 44-46
  4. a b c et d Brochure "Public Demonstration of Aïkido - McKinley High School Auditorium" ; 7 pages ; p.4
  5. Jean-Paul AVY, « Tamura Nobuyoshi shihan, 8e dan », SESERAGI - Le magazine officiel de la Fédération Française d’Aïkido et de Budo, no 52,‎ , p. 6
  6. Brochure "Public Demonstration of Aïkido - McKinley High School Auditorium" ; 7 pages ; p. 5
  7. a et b Interview de Maryse Morin, pratiquante d’Aïkido FFAB, « Rencontre avec Rumiko Tamura », Revue Shumeikan, no 25,‎ , p. 8-9 (lire en ligne)
  8. « Biographie de TAMURA Shihan », SESERAGI - Le magazine officiel de la Fédération Française d’Aïkido et de Budo, no Spécial,‎ , p. 2 (lire en ligne)
  9. Cdt J.G. Gresle, « Visite du représentant de l'Aïkido mondial », INTRADO - publication bimestrielle d'information du personnel de la direction des opérations aériennes d'Air France, no 81,‎ , p. 22
  10. « Dojo Shumeikan »
  11. Nobuyoshi Tamura, Aïkido : Étiquette et transmission, Aix-en-Provence, Les Éditions du Soleil Levant, , 143 p. (ISBN 2 84028 000 0), page 84.
  12. Léo Tamaki, « Interview Tamura Nobuyoshi, l'aigle de l'Aïkido » (consulté le )
  13. (en) « Yoshimichi TAMURA teacher » (consulté le )
  14. « Tomblaine. Un double anniversaire partagé par les aikidokas avec Masamichi Tamura » (consulté le )
  15. « Laneuveville-devant-Nancy. Stage et anniversaires dans les rangs de l’aïkido » (consulté le )
  16. Ouest-France, « Aïkido : le stage à Kerjézéquel attire les cinq continents », (consulté le )
  17. a et b « Aïkido. Le 32e stage international en deuil », (consulté le )
  18. « Stage d'aïkido. Une nouvelle ère débute », (consulté le )
  19. « Aïkido. Le 31e stage débute aujourd'hui », (consulté le )
  20. « Maître Fukakusa, la référence », (consulté le )
  21. « Stage international. Les Aïkidokas sont là ! », (consulté le )
  22. « Aïkido. Les cinquantièmes réjouissants », (consulté le )
  23. « Aïkido. Le 36e stage réunit 350 participants », (consulté le )
  24. « Stage international. Les aïkidokas sont là », (consulté le )
  25. Le Maine Libre, « Changé. Aïkido : Mickaël Martin a animé un stage », (consulté le )
  26. « L'Aikido dit adieu à M’barek Alaoui », sur radiomars.ma via Wikiwix (consulté le ).
  27. CEN FFAB
  28. Jean-Pierre HORRIE, « Kagami Biraki à l’ENA : une haute distinction décernée à TAMURA Senseï », SESERAGI - Le magazine officiel de la Fédération Française d’Aïkido et de Budo (FFAB), no 48,‎ , p. 4 (lire en ligne)

Liens externes[modifier | modifier le code]