Marguerite de Provence

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Marguerite de Provence
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Sceau de la reine Marguerite de Provence.

Titre

Reine de France


(36 ans, 2 mois et 29 jours)

Prédécesseur Blanche de Castille
Successeur Isabelle d'Aragon
Biographie
Dynastie Maison de Barcelone
Naissance
(Provence)
Décès (à 74 ans)
Paris (France)
Sépulture Nécropole royale de la basilique de Saint-Denis
Père Raimond-Bérenger IV de Provence
Mère Béatrice de Savoie
Conjoint Louis IX
Enfants Blanche
Isabelle
Louis
Philippe III
Jean
Jean Tristan
Pierre
Blanche
Marguerite
Robert
Agnès
Religion Catholicisme

Marguerite de Provence est née en 1221 en Provence et morte le à Paris. Elle est la fille du comte de Provence Raimond-Bérenger V et de Béatrix de Savoie. Elle est reine de France de 1234 à 1270, à la suite de son mariage avec Louis IX (1214-1270), devenu roi en 1226 et canonisé en 1297.

Biographie[modifier | modifier le code]

Date et lieu de naissance[modifier | modifier le code]

La date de naissance de Marguerite de Provence n'est pas connue avec certitude. Il est admis qu'elle serait née en 1221. D'après le site de généalogie Foundation for Medieval Genealogy, sa naissance se situerait entre 1232 et 1234[1],[2].

Son lieu de naissance est incertain : soit le château de Brignoles[3],[4] (actuel département du Var) soit le château de Saint-Maime[1], près de Forcalquier (actuel département des Alpes-de-Haute-Provence).

Origines familiales et enfance[modifier | modifier le code]

Elle est la fille de Raimond-Bérenger V[5] (1198-1245), comte de Provence.

Sa mère est Béatrice de Savoie (1198-1267), fille du comte de Savoie Thomas 1er (1178-1233). Elle est réputée pour son intelligence et sa beauté. Elle est le sujet de plusieurs chants de troubadours et contribue à la renommée de la cour de Provence[6]. À cette époque, le comté de Provence est un fief du Saint-Empire romain germanique, de même que le comté de Savoie. Marguerite grandit à la cour de Provence, accompagne son père dans ses déplacements à travers le comté de Provence, nécessaires pour garder le contrôle de l'ensemble du territoire.[réf. nécessaire]

Comme ses sœurs, Éléonore, Sancie et Béatrice, elle reçoit l'éducation des jeunes filles de son rang.

Fiançailles et mariage avec Louis IX[modifier | modifier le code]

Le mariage de Louis et Marguerite (à gauche) ; Le roi et la reine pratiquant l'abstinence (à droite), miniatures dans : Guillaume de Saint-Pathus, Vie et miracles de saint Louis, 1330-1340.

Blanche de Castille choisit Marguerite pour devenir l'épouse de son fils, dans l'idée d'annexer la Provence[7], et de contrôler le comte Raimond-Bérenger[8]. Selon l'historien Gérard Sivéry (1925-2012), en 1233, Louis IX aurait envoyé le chevalier Gilles de Flagy se renseigner sur Marguerite[N 1]. Les deux jeunes gens ne se sont jamais vus, lorsque Louis IX découvre sa fiancée d'environ 12 ans, il en tombe amoureux[7].

Louis IX et Marguerite ont un ancêtre commun : Raimond-Bérenger Ier de Barcelone. Il est leur arrière-arrière-arrière-grand-père[9]. Le pape Grégoire IX lève l'empêchement de mariage pour consanguinité[10], le .

Le contrat de mariage et le paiement de la dot[modifier | modifier le code]

Le , à Sisteron, le comte et la comtesse de Provence reconnaissent devoir une dot de 8 000 marcs d'argent. Elle doit être payée avant le . En gage, ils donnent au roi de France le château de Tarascon et ses revenus.

Jean de Nesle et Gauthier Cornut accompagnent Marguerite de Provence jusqu'au lieu prévu pour le mariage (Sens). Ils font signer au roi une promesse de mariage : il s'engage à épouser Marguerite avant l'Ascension (le , cette année-là)[10].

Le , Raimond Bérenger complète la dot de 2 000 marcs supplémentaires et désigne Raimond Audibert, archevêque d'Aix-en-Provence, comme garant. Le comte cède les revenus du château d'Aix ainsi que la baillie d'Aix détenue par Guillaume de Cotignac. La somme de 10 000 marcs d'argent dépassant les capacités du comte, il n'en paiera que le cinquième[11].

Le mariage[modifier | modifier le code]

Le , le mariage a lieu dans la cathédrale de Sens[2]. Tous les grands du royaume sont présents : Blanche de Castille, Robert et Alphonse, frères du roi, Alphonse de Portugal, cousin du roi[12].

La cérémonie commence par la jonction des mains des fiancés par Guillaume de Savoie, évêque de Valence et oncle de Marguerite. Elle symbolise leur consentement devant l'église. Elle continue avec l'échange des anneaux, suivi de la bénédiction et de l'encensement des époux[13]. Elle se termine par une messe dans la cathédrale[14]. Au moment de l'invocation, le roi reçoit de l'archevêque un baiser qu'il va porter à sa jeune épouse, lui promettant ainsi amour et protection.

Vient ensuite la bénédiction de la chambre nuptiale, un rite accentuant le devoir de procréation[15]. Selon Guillaume de Saint-Pathus, confesseur et confident de la reine, le mariage n'est pas consommé durant la nuit de noces. Louis IX passe ses trois premières nuits de jeune marié à prier. Il respecte ainsi les trois « nuits de Tobie » recommandées par l'Église[15].

Le , Marguerite est couronnée reine de France[16].

Descendance de Louis et Marguerite[modifier | modifier le code]

Après six ans de mariage, naît un premier enfant[17]. Marguerite de Provence aura onze enfants[18] avec son mari :

Personnalité[modifier | modifier le code]

Marguerite de Provence.

Marguerite de Provence suit son époux en Égypte lors de la croisade de 1248-1254. Elle y accouche de trois de ses enfants (Jean-Tristan, Pierre et Blanche)[19]. Cette période révèle la femme de pouvoir : elle négocie la libération du roi prisonnier en 1250[11].

Marguerite de Provence et sa belle-mère, Blanche de Castille ne s'entendaient pas[20]. La reine mère pouvait se montrer trop présente dans la relation des deux époux.

La reine entretient une correspondance avec sa sœur cadette Éléonore, devenue reine d'Angleterre en 1236. Ces échanges facilitent les relations avec le Royaume d'Angleterre[17]. Elle a de moins bonnes relations avec sa benjamine, Béatrice de Provence, mariée à Charles Ier d'Anjou (frère de Louis IX), car l'héritage provençal revient à cette dernière[17].

Marguerite était une femme cultivée. Son influence sur le domaine littéraire est avérée, au fil de ses lettres en latin, puis en français, après 1272[11]. Elle contribue à faire de Paris un foyer des lettres, accueillant les artistes de l'époque[réf. souhaitée].

Dernières années[modifier | modifier le code]

.

En 1285, elle se retire de la cour de France, au moment où son petit-fils, Philippe IV, monte sur le trône[17].

Mort et funérailles[modifier | modifier le code]

Elle meurt le [2], à l'âge de soixante-quatorze ans, à l'abbaye Saint-Marcel en Tarn-et-Garonne[21].

Elle est inhumée auprès de son époux dans l'église de l'abbaye de Saint-Denis, nécropole des rois de France.

Ascendance[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Georges Sivèry, Marguerite de Provence. Une reine au temps des cathédrales, Paris, Fayard, , 302 p. (ISBN 2213020175, lire en ligne), p. 33.
  1. Sivéry 2003, p. 16.

Références[modifier | modifier le code]

  1. a et b Emmanuel Davin, « Béatrice de Savoie, Comtesse de Provence, mère de quatre reines (1198-1267) », Bulletin de l'Association Guillaume Budé, vol. 1, no 2,‎ , p. 176-189 (lire en ligne).
  2. a b et c MedLands.
  3. Alix Ducret, Les femmes et le pouvoir dans l'histoire de France, vol. 669, Levallois-Perret, Groupe Studyrama, , 110 p. (ISBN 978-2-7590-0111-8), p. 57.
  4. Christian Bouyer, Les Enfants Rois, Pygmalion, , 288 p. (ISBN 978-2-7564-0865-1, lire en ligne), p. 41.
  5. Parfois appelé Raimond-Bérenger IV.
  6. Emmanuel Davin, « Béatrice de Savoie, Comtesse de Provence, mère de quatre reines (1198-1267) », Bulletin de l'Association Guillaume Budé, vol. 1, no 2,‎ , p. 176–189 (DOI 10.3406/bude.1963.4029, lire en ligne, consulté le ).
  7. a et b « MARGUERITE DE PROVENCE - Tombes Sépultures dans les cimetières et autres lieux », sur www.tombes-sepultures.com (consulté le )
  8. Hélène, « La Reine Marguerite de Provence, épouse de Saint Louis », sur Carnet d'Histoire, (consulté le )
  9. Sivéry 1987, p. 19
  10. a et b Le Goff 1996, p. 154.
  11. a b et c Monique Sommé, « Compte-rendu. Gérard Sivèry, Marguerite de Provence. Une reine au temps des Cathédrales,1987 », Revue du Nord,‎ , pp. 639-640 (lire en ligne).
  12. Le Goff 1996, p. 155.
  13. Le Goff 1996, p. 156.
  14. Le Goff 1996, p. 157.
  15. a et b Le Goff 1996, p. 158.
  16. Le Goff 1996, p. 159.
  17. a b c et d Christian Bouyer, Dictionnaire des reines de France, Perrin, (ISBN 2-262-00789-6 et 978-2-262-00789-8, OCLC 28081252, lire en ligne).
  18. « Généalogie de Marguerite de PROVENCE », sur Geneanet (consulté le )
  19. Pierre-Vincent Claverie, « Un nouvel éclairage sur le financement de la première croisade de saint Louis », Mélanges de l'école française de Rome, vol. 113, no 1,‎ , p. 621–635 (lire en ligne, consulté le ).
  20. Monique Sommé, « Gérard Sivéry, Blanche de Castille, 1990 », Revue du Nord, vol. 72, no 287,‎ , p. 644–645 (lire en ligne, consulté le ).
  21. La formule donnée dans la source indiquée, « Paris, Abbaye de Saint-Marcel », renvoie probablement à la collégiale Saint-Marcel de Paris et non pas à l'abbaye Saint-Marcel, située à 10 km de Montauban.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Gérard Sivéry, Marguerite de Provence : Une reine au temps des cathédrales, vol. 2, Fayard, , 302 p. (ISBN 978-2-213-64782-1, lire en ligne).
  • Audrey Duchatel, « Le testament de Marguerite de Provence (1221-1295) : enjeux et essai de restitution des dernières volontés d’une reine de France », Cahiers de recherches médiévales et humanistes, no 1 (41),‎ , p. 407-425 (DOI 10.48611/isbn.978-2-406-11996-8.p.0407, lire en ligne)
  • Audrey Duchatel, « Le roi et la reine font compte à part : Marguerite de Provence et la séparation des comptes royaux de l’Hôtel (1261) », Clio. Femmes, Genre, Histoire, no 56,‎ , p. 231–249 (ISSN 1252-7017, DOI 10.4000/clio.23026).
  • Audrey Duchatel, « L’influence de l’œuvre de Joinville sur l’image et la postérité de la reine Marguerite de Provence (1221–1295) », Le Moyen Age, vol. CXXVIII, no 3,‎ , p. 679–703 (ISSN 0027-2841, DOI 10.3917/rma.283.0679).

Iconographie[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]