Voir la source de Simone de Beauvoir

{{Semi-protection longue}}
{{Voir homonymes|Bertrand de Beauvoir|Beauvoir}}
{{Infobox Biographie2|charte=philosophe|tombe=-
 | nom                     = Simone de Beauvoir
 | date de naissance       = {{Date de naissance|9|janvier|1908}}
 | lieu de naissance       = [[Paris]] ([[France]])
 | date de décès           = {{Date de décès|14|avril|1986|9|1|1908}}
 | lieu de décès           = [[Paris]] [[14e arrondissement de Paris|14{{e}}]] ([[France]])
 | région                  = Philosophe occidentale
 | époque                  = Époque contemporaine
 | image                   = Simone de Beauvoir2.png
 | légende                 = Simone de Beauvoir en 1967.
 | tradition philosophique = [[Existentialisme]]<br/>[[Féminisme]]<br/>[[Phénoménologie (philosophie)|Phénoménologie]]
 | principaux intérêts     = [[Politique]]<br/>[[Éthique]] <br/> [[Philosophie]]
 | influencé par           = [[René Descartes|Descartes]], [[François Poullain de La Barre|Poullain de La Barre]], [[Mary Wollstonecraft|Wollstonecraft]], [[Emmanuel Kant|Kant]], [[Georg Wilhelm Friedrich Hegel|Hegel]], [[Edmund Husserl|Husserl]], [[Søren Kierkegaard|Kierkegaard]], [[Martin Heidegger|Heidegger]], [[Karl Marx|Marx]], [[Friedrich Engels|Engels]], [[Friedrich Nietzsche|Nietzsche]], [[Jean-Paul Sartre|Sartre]], [[Alfred Adler|Adler]]
 | a influencé             = [[Christine Delphy|Delphy]], [[Colette Guillaumin|Guillaumin]], [[Nicole-Claude Mathieu|Mathieu]], [[Paola Tabet|Tabet]], [[Judith Butler|Butler]], [[Betty Friedan|Friedan]], [[Germaine Greer|Greer]], [[Julia Kristeva|Kristeva]], [[Camille Paglia|Paglia]], [[Adrienne Rich|Rich]], [[Jean-Paul Sartre|Sartre]], [[Monique Wittig|Wittig]], [[Annie Ernaux|Ernaux]]
 | idées remarquables      = Éthiques du féminisme, féminisme existentialiste, éthiques de l'ambigüité
 | œuvres principales      = ''[[Le Deuxième Sexe]]''<br/>''[[Les Mandarins]]''<br/>''[[L'Invitée (roman)|L'Invitée]]''<br/>''[[Mémoires d'une jeune fille rangée]]''<br/>''[[La Force de l'âge]]''
 | signature               = Simone de Beauvoir (signature).jpg
}}
'''Simone de Beauvoir''' ({{MSAPI|/simɔn də bovwaʁ/}}<ref>[[Prononciation du français|Prononciation]] en [[français de France]] [[Transcription phonétique|retranscrite]] selon la norme [[Alphabet phonétique international|API]].</ref> {{prononciation|Fr-Simone de Beauvoir.ogg}}), née le {{Date de naissance|9|janvier|1908}} dans le [[6e arrondissement de Paris|{{6e|arrondissement}} de Paris]], ville où elle est morte le {{Date de décès|14|avril|1986}}, est une [[philosophe]], [[Romancier|romancière]], [[Mémoires|mémorialiste]] et [[Essai|essayiste]] [[France|française]].

En 1954, après plusieurs romans dont ''[[L'Invitée (roman)|L'Invitée]]'' (1943) et ''[[Le Sang des autres (roman)|Le Sang des autres]]'' (1945), elle obtient le [[prix Goncourt]] pour ''[[Les Mandarins]]''. Puis, de 1958 (''[[Mémoires d'une jeune fille rangée]]'') et jusqu'à la fin de sa vie (''[[La Cérémonie des adieux]]'', 1981), Beauvoir rédigea une œuvre monumentale composée de mémoires et de récits autobiographiques comprenant également ''[[La Force de l'âge]]'' (1960), ''[[La Force des choses]]'' (1963), ''[[Une mort très douce]]'' (1964), ''[[Tout compte fait (récit)|Tout compte fait]]'' (1972), la distinguant alors parmi les plus importantes mémorialistes du {{s-|XX}}. Ses œuvres sont alors parmi les plus lues dans le monde.

Souvent considérée comme une théoricienne majeure du [[féminisme]], notamment grâce à son ''[[Grand œuvre (art)|magnum opus]]'' ''[[Le Deuxième Sexe]]'' publié en 1949, ouvrage encyclopédique s'inscrivant dans le courant philosophique de la [[Phénoménologie (philosophie)|phénoménologie]] et en particulier dans son moment [[Existentialisme|existentialiste]], Simone de Beauvoir a également participé au [[Mouvement de libération des femmes]] dans les [[années 1970]].

Elle a partagé sa vie avec le philosophe [[Jean-Paul Sartre]]. Leurs philosophies, bien que très proches, ne sauraient être confondues. 

Dans les années 2010, son aura de féministe est écornée par une réévaluation controversée du trio amoureux ambigu formé entre elle-même, ses élèves et Sartre. 

== Biographie ==
=== Enfance et jeunesse ===
Simone Lucie Ernestine Marie [[Famille Bertrand de Beauvoir|Bertrand de Beauvoir]]<ref>[http://archives.paris.fr/arkotheque/visionneuse/visionneuse.php?arko=YTo2OntzOjQ6ImRhdGUiO3M6MTA6IjIwMTgtMDEtMDkiO3M6MTA6InR5cGVfZm9uZHMiO3M6MTE6ImFya29fc2VyaWVsIjtzOjQ6InJlZjEiO2k6NDtzOjQ6InJlZjIiO2k6Mjg0MTI0O3M6MTY6InZpc2lvbm5ldXNlX2h0bWwiO2I6MTtzOjIxOiJ2aXNpb25uZXVzZV9odG1sX21vZGUiO3M6NDoicHJvZCI7fQ==#uielem_move=0%2C0&uielem_rotate=F&uielem_islocked=0&uielem_zoom=64 Acte de naissance] (le prénom y est orthographié Simonne), Archives de Paris ({{p.|15/31}}).</ref> est la fille de Georges Bertrand de Beauvoir, alors [[avocat (métier)|avocat]], comédien amateur et de Françoise Brasseur, jeune femme issue de la bourgeoisie [[verdun|verdunoise]].

==== Enfance ====
Elle voit le jour à Paris dans un appartement cossu au 103, [[boulevard du Montparnasse]]<ref>Il s'agit de l'adresse mentionnée sur l'acte de naissance.</ref> et entre à l'âge de cinq ans au [[cours Desir]] (où elle restera jusqu'au baccalauréat)<ref>[https://www.en-vols.com/inspirations/culture/paris-simone-de-beauvoir/ Le cours Desir] sur ''En-Vols.com''.</ref>{{,}}<ref>[http://www.desmoulin.net/cogedim-a-50-ans-suite-5/ Le cours Desir] sur ''Desmoulin.net'' : {{Citation|Le cours Desir, du nom d’Adeline Desir, qui le fonda rue Jacob en 1853, était un institut d’enseignement de jeunes filles très connu et apprécié dans le quartier de Saint-Germain-des-Prés.}}.</ref> où sont scolarisées les filles de « bonnes familles ». Sa sœur cadette, [[Hélène de Beauvoir|Hélène]] (dite Poupette), l'y rejoint deux ans plus tard. Dès le plus jeune âge, Simone de Beauvoir se distingue par ses capacités intellectuelles et se partage chaque année la première place avec [[Élisabeth Lacoin]] (dite Élisabeth Mabille ou « Zaza » dans son autobiographie), fille de l'ingénieur [[Maurice Lacoin]]. Zaza devient rapidement sa meilleure amie.

Dans sa jeunesse, Simone de Beauvoir passe ses vacances d'été en [[Corrèze (département)|Corrèze]], à [[Saint-Ybard]], dans le parc de Meyrignac, créé vers [[1880]] par son grand-père Ernest Bertrand de Beauvoir. La propriété avait été acquise par son arrière-grand-père Narcisse Bertrand de Beauvoir au début du {{s-|XIX}}. On retrouve de multiples évocations de ces séjours heureux en compagnie de sa sœur Hélène dans ses ''[[Mémoires d'une jeune fille rangée]]'' :
{{citation bloc|Mon amour pour la campagne prit des couleurs mystiques. Dès que j'arrivais à Meyrignac, les murailles s'écroulaient, l'horizon reculait. Je me perdais dans l'infini tout en restant moi-même. Je sentais sur mes paupières la chaleur du soleil qui brille pour tous et qui ici, en cet instant, ne caressait que moi. Le vent tournoyait autour des peupliers : il venait d'ailleurs, il bousculait l'espace, et je tourbillonnais, immobile, jusqu'aux confins de la terre. Quand la lune se levait au ciel, je communiais avec les lointaines cités, les déserts, les mers, les villages qui au même moment baignaient dans sa lumière. Je n'étais plus une conscience vacante, un regard abstrait, mais l'odeur houleuse des blés noirs, l'odeur intime des bruyères, l'épaisse chaleur du midi ou le frisson des crépuscules ; je pesais lourd, et pourtant je m'évaporais dans l'azur, je n'avais plus de bornes<ref>{{Ouvrage |auteur1=Simone de Beauvoir |titre=Mémoires d'une jeune fille rangée |passage=174 |lieu=Paris |éditeur=[[Éditions Gallimard]] |collection=Le livre de poche |numéro dans collection=1315-1316 |année=1964 |année première édition=1958 |pages totales=512}}.</ref>.}}

C'est au contact de la nature et au cours de longues promenades solitaires dans la campagne que le désir d'une vie {{citation|hors du commun}} se forge en elle.

Après la [[Première Guerre mondiale]], son grand-père maternel, Gustave Brasseur, ancien président de la Banque de la Meuse<ref>{{Citation|La Banque de la Meuse ["A. et G. Brasseur, Martinois et Cie"] est créée à Verdun en octobre 1878 à la suite de la faillite des frères Pasquin, en tant que société en commandite simple au capital de {{unité|400000|francs}} […]. Cette banque fera faillite en 1909.}}<br>Dans {{Ouvrage |auteur1=Antoine-Paul Naegel |champ libre=Thèse de doctorat |titre=Le département de la Meuse (France) |sous-titre=industrialisation entre 1790 et 1914 |passage=153-154 |lieu=Nantes |année=2006 |pages totales=549 |lire en ligne=http://p.naegel.free.fr/Thèse%20Meuse%20Paul%20Naegel.pdf}}.</ref> qui a fait [[faillite]], est déclaré [[Banqueroute|banqueroutier]], précipitant toute sa famille dans le déshonneur et la déconfiture. Aussi les parents de Simone de Beauvoir sont-ils contraints, par manque de ressources, de quitter l'appartement du boulevard du Montparnasse (à côté de l'actuel restaurant ''[[La Rotonde (brasserie)|La Rotonde]]'') pour un appartement sombre, exigu, au cinquième étage sans ascenseur, d'un immeuble de la [[Rue de Rennes (Paris)|rue de Rennes]]<ref>[[Danièle Sallenave]], ''Castor de guerre'', Gallimard, « Folio », 2008, {{p.|55}}.</ref>. Simone souffre de voir les relations entre ses parents se dégrader.

La suite de son enfance en sera marquée. Dans son milieu, à cette époque, il est incongru qu'une jeune fille fasse des études poussées. Pourtant son père, un passionné de [[théâtre]] et d'art dramatique, qui pense que {{Citation|le plus beau métier est celui d'écrivain}}, est convaincu que ses filles doivent s'y résoudre pour sortir de la condition dans laquelle elles se trouvent :
{{Citation bloc|Quand il déclara : {{Citation|Vous, mes petites, vous ne vous marierez pas, il faudra travailler}}, il y avait de l'amertume dans sa voix. Je crus que c'était nous qu'il plaignait ; mais non, dans notre laborieux avenir il lisait sa propre déchéance<ref>''Mémoires d'une jeune fille rangée'', {{opcit}}, {{p.|245}}.</ref>.}}

Il regrette à la fois qu'elle ne soit pas un homme car elle aurait pu faire [[École polytechnique (France)|Polytechnique]] et à la fois qu'elle ne soit pas assez féminine. Il lui répète : {{Citation|Tu as un cerveau d'homme.}}

==== Émancipation progressive ====
Élevée par une mère très pieuse, puis devenue elle-même croyante exaltée et mystique pendant quelques années, Simone de Beauvoir perd progressivement la foi à quatorze ans<ref>''Ibid.'', {{p.}}187-196.</ref>, bien avant son départ du cours Desir. Elle commence alors à s'émanciper intellectuellement de sa famille, sans pouvoir immédiatement l'assumer au grand jour.

À quinze ans, son choix est déjà fait : elle sera un écrivain célèbre. Après le baccalauréat en 1925, malgré son attirance pour la philosophie elle se dirige d'abord vers une licence classique, pour obéir à ses parents qui ont été mis en garde par les enseignantes de son ancienne école : {{Citation|en un an de Sorbonne, je perdrais ma foi et mes mœurs. Maman s'inquiéta […], j'acceptais de sacrifier la philosophie aux lettres}}<ref>''Ibid.'', p.225.</ref>. Elle entame des études supérieures à l'[[Institut catholique de Paris]] pour les mathématiques et à l'Institut [[Sainte-Marie de Neuilly]] pour les lettres.

Son professeur de [[littérature française]], [[Robert Garric]], catholique fervent mais surtout socialiste et humaniste très engagé, l'impressionne beaucoup. Il dirige un mouvement, les Équipes sociales, qui se propose de répandre la culture dans les couches populaires. Grâce à son cousin Jacques, dont elle est secrètement amoureuse et qui se trouve être un des équipiers de Garric, sa culture littéraire s'élargit. {{Citation|Je trouvais sur sa table une dizaine de volumes aux fraiches couleurs de bonbons acidulés : des [[Henry de Montherlant|Montherlant]] vert pistache, un [[Jean Cocteau|Cocteau]] rouge framboise, des [[Maurice Barrès|Barrès]] jaune citron, des [[Paul Claudel|Claudel]], des [[Paul Valéry|Valéry]] d'une blancheur neigeuse rehaussée d'écarlate. À travers le papier transparent, je lus et je relus les titres : ''Le Potomak''<ref>{{Ouvrage |auteur1=Jean Cocteau |titre=Le Potomak |lieu=Paris |éditeur=Société littéraire de France |année première édition=1919 |pages totales=356}}</ref>, ''[[Les Nourritures terrestres]]''<ref>{{Ouvrage |auteur1=André Gide |titre=Les Nourritures terrestres |lieu=Paris |éditeur=[[Mercure de France]] |année=1897 |pages totales=213}}</ref>, ''[[L'Annonce faite à Marie]]''<ref>{{Ouvrage |auteur1=Paul Claudel |titre=L'Annonce faite à Marie |lieu=Paris |éditeur=[[Éditions de la Nouvelle Revue Française]] |année=1912 |pages totales=210}}</ref>, ''Le Paradis à l'ombre des épées''<ref>{{Ouvrage |auteur1=Henry de Montherlant |titre=Le Paradis à l'ombre des épées |lieu=Paris |éditeur=B. Grasset |année=1924 |pages totales=190}}</ref>, ''Du sang de la volupté et de la mort''<ref>{{Ouvrage |auteur1=Maurice Barrès |titre=Du sang, de la volupté et de la mort |sous-titre=Un amateur d'âmes. Voyage en Espagne, Voyage en Italie, etc. |lieu=Paris |éditeur=G. Charpentier et E. Fasquelle |année=1894}}.</ref>. Bien des livres déjà m'avaient passé par les mains, mais ceux-ci n'appartenaient pas à l'espèce commune : j'en attendais d'extraordinaires révélations […]. Soudain, des hommes de chair et d'os me parlaient, de bouche à oreille, d'eux-mêmes et de moi ; ils exprimaient des aspirations, des révoltes que je n'avais pas su me formuler, mais que je reconnaissais. J'écumais la [[bibliothèque Sainte-Geneviève]] : je lisais [[André Gide|Gide]], [[Paul Claudel|Claudel]], [[Francis Jammes|Jammes]], la tête en feu, les tempes battantes, étouffant d'émotion<ref>''Mémoires d'une jeune fille rangée'', {{opcit}}, {{p.|259-260}}.</ref>}}.

Elle obtient, au cours de cette première année à l'université de Paris, les [[Certificat d'études supérieures préparatoires|certificats]] de mathématiques générales, de littérature et de latin.

L'année d'après, elle suit les cours de philosophie et obtient en {{date|juin 1927}} le certificat de philosophie générale. Elle obtient finalement la [[licence ès lettres]] mention philosophie au printemps 1928, après l'obtention des certificats d'éthique et de psychologie<ref>Elle n'obtient cependant pas la licence ès lettres mention lettres classiques, ayant renoncé à préparer le certificat de [[philologie]].</ref> et entame alors la rédaction d'un mémoire sur [[Gottfried Wilhelm Leibniz|Leibniz]] pour le diplôme d'études supérieures.

À la faculté des lettres de l'université de Paris, elle rencontre d'autres jeunes intellectuels, dont [[Jean-Paul Sartre]], qu'elle regarde comme un génie. Dès cette époque, se noue entre eux une relation qui deviendra mythique, longtemps supposée libre et égalitaire<ref>{{Lien web |auteur=Ingrid Galster |titre=Le couple modèle ? |url=https://www.lhistoire.fr/le-couple-modèle |périodique=L'Histoire |date=février 2005}}.</ref>. Elle sera son « amour nécessaire », par rapport aux « amours contingentes » qu’ils seront amenés à connaître l'un et l'autre. Simone de Beauvoir est reçue deuxième au concours d'[[agrégation de philosophie]] en 1929, juste derrière Jean-Paul Sartre.

La mort de son amie d'enfance Zaza, quelques mois plus tard, la plonge dans une grande affliction. Elle marque définitivement pour elle la fin de ce chapitre de sa vie.

=== Enseignante ===
==== Début du Castor ====
À la suite de l'obtention de son agrégation en [[1929]], Simone de Beauvoir devient professeure de philosophie.
Elle est surnommée ''Castor'' par ''Herbaud'' ([[René Maheu]] dans ''[[Mémoires d'une jeune fille rangée]]'') car « Beauvoir » est proche de l'anglais ''{{lang|en|beaver}}'' (signifiant castor<ref>{{Article |auteur1=Agathe Logeart |titre=Simone, la scandaleuse |périodique=Bibliobs |jour=02 |mois=01 |année=2008 |lire en ligne=http://bibliobs.nouvelobs.com/essais/20080102.BIB0555/simone-la-scandaleuse.html}}.</ref>), et que, comme elle, « Les Castors vont en bande et ils ont l'esprit constructeur<ref>''Mémoires d'une jeune fille rangée'', {{opcit}}, {{p.|459}}.</ref> ». Ce surnom est ensuite repris et conservé par Jean-Paul Sartre qui publie à l'édition Blanche chez Gallimard, ''Lettres au Castor''<ref>{{Ouvrage |langue=fr |auteur1=Jean-Paul Sartre |titre=Lettres au castor |lieu=Paris |éditeur=[[Éditions Gallimard]] |année=1983 |pages totales=520 |isbn=2-07-026078-X}}.</ref>, un recueil de lettres qu'il a écrites à celle qui a été son « charmant Castor »<ref>{{Lien web |langue=fr|auteur=Bibliothèque nationale de France |titre=Exposition virtuelle Sartre |url=http://expositions.bnf.fr/sartre/feuilletoirs/manuscrits/04.htm |site=BNF}}.</ref>{{,}}<ref>{{Ouvrage |langue=fr|auteur1=Jean-Paul Sartre |titre=Lettres au Castor et à quelques autres, Tome 1: 1926-1939 |lieu=Paris |éditeur=Gallimard |date=22 septembre 1983 |pages totales=528 |isbn=978-2-070-260782}}.</ref>.

Entre 1929 et 1931, elle est professeure agrégée et donne des cours au [[lycée Victor-Duruy]] (Paris)<ref>[[Perrine Simon-Nahum]], « Chronologie de Simone de Beauvoir », ''[[Le Magazine littéraire]]'' {{n°|566}}, {{date-|avril 2016}}, {{p.|77}}.</ref>, ce qu'elle vit comme une libération : {{Citation|Maintenant j'étais là, sur l'estrade, c'est moi qui faisais le cours. Et plus rien au monde ne me semblait hors d'atteinte}}<ref>[[Odile Roynette]], [https://www.lhistoire.fr/la-mixité%C2%A0-une-révolution-en-danger%C2%A0 « La mixité : une révolution en danger ? »], ''[[L'Histoire]]'' {{n°|455}}, {{date-|janvier 2019}}, {{p.|12-19}}.</ref>. Elle se trouve ensuite nommée à [[Marseille]] au [[lycée Montgrand]]. La perspective de quitter Sartre, lui-même nommé au [[Le Havre|Havre]] en {{date|mars 1931}}, la jette dans l'angoisse et ce dernier lui propose de l'épouser afin d'obtenir un poste dans le même lycée. Bien que viscéralement attachée à Sartre, elle rejette la proposition : « Je dois dire, écrit-elle dans ''[[La Force de l'âge]]''<ref>{{Ouvrage |langue=fr |auteur1=Simone de Beauvoir |titre=La force de l'âge |passage=89 |lieu=Paris |éditeur=[[Éditions Gallimard]] |collection=Le livre de poche |numéro dans collection=1458-1459-1460 |année=1965 |année première édition=1960 |pages totales=701}}.</ref>, que pas un instant je ne fus tentée de donner suite à sa suggestion. Le mariage multiplie par deux les obligations familiales et toutes les corvées sociales. En modifiant nos rapports avec autrui, il eût fatalement altéré ceux qui existaient entre nous. Le souci de préserver ma propre indépendance, ajoute-t-elle cependant, ne pesa pas lourd ; il m'eût paru artificiel de chercher dans l'absence une liberté que je ne pouvais sincèrement retrouver que dans ma tête et mon cœur. » L'année suivante, elle parvient à se rapprocher de Sartre en obtenant un poste au [[Lycée Jeanne-d'Arc (Rouen)|lycée Jeanne-d'Arc]] de [[Rouen]] où elle fait la connaissance de [[Colette Audry]], enseignante dans le même lycée<ref>{{Ouvrage |auteur=Malka Ribowska |titre=Simone de Beauvoir |passage=40 |éditeur=[[Éditions Gallimard]] |année=1979}}.</ref>{{,}}{{Note|texte=Elle loge [[rue du Petit Mouton]].}}.

Elle entretient des relations amoureuses avec certaines de ses élèves mineures, mais réfute jusqu'à sa mort toute idée de [[bisexualité]] — sujet qui fait l'objet de controverses entre ses dernières biographes<ref>{{Lien web |auteur=Jeannine Hayat |titre=Ambiguïtés de Simone de Beauvoir ? |url=https://www.huffingtonpost.fr/jeannine-hayat/ambiguietes-de-simone-de-beauvoir_b_9063160.html |date=25 janvier 2016}}.</ref>— le « pacte » la liant à Sartre lui permettant de connaître des « amours contingentes ». Elle présente ces élèves à Sartre qui forment avec lui, selon un {{Citation|contrat pervers}} comme le qualifie [[Marie-Jo Bonnet]]<ref>{{Ouvrage |auteur1=[[Marie-Jo Bonnet]] |titre=Simone de Beauvoir et les femmes |éditeur=[[Éditions Albin Michel|Albin Michel]] |année=2015 |lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=XUvJCgAAQBAJ&pg=PT38}}.</ref>, des trios, voire des quatuors, amoureux<ref>{{Ouvrage |auteur1=[[Annie Cohen-Solal]] |titre=Sartre |passage=246 |éditeur=[[Éditions Gallimard]] |année=1985}}.</ref>. Elle se lie également avec un élève de Sartre, [[Jacques-Laurent Bost|« le petit Bost »]], futur mari d'[[Olga Kosakiewicz]], pour laquelle Sartre s'est pris entre-temps de passion (non réciproque). L'amitié de ce groupe d'amis surnommé « la petite famille », ou encore « les petits camarades », reste indéfectible jusqu'à la mort de chacun d'entre eux, malgré petites brouilles comme graves conflits.

[[Fichier:P1260652 Paris XIV rue Cels n24 rwk.jpg|vignette|Le {{n°|24}} de la [[rue Cels]] où Simone de Beauvoir habita à plusieurs reprises pendant la guerre.]]

L'année où elle enseigne à Marseille, elle se découvre une passion pour la randonnée, et elle ne cesse dans les années qui suivent d'arpenter les chemins de France, souvent en solitaire, à chaque fois qu'elle en a l'occasion. Avec Sartre, elle voyage aussi beaucoup en Europe, dans des conditions très frugales, ce qui leur permet de visiter presque chaque été un nouveau pays : ils voient ainsi l'Espagne, l'Italie, la Grèce, l'Allemagne, et le Maroc. À côté de cela, même avant d'être finalement tous les deux mutés à Paris, leur vie sociale reste très parisienne. C'est là qu'ils se retrouvent souvent, ensemble ou avec leurs amis, ils sortent au théâtre, et suivent assidument l'actualité littéraire et cinématographique.

==== Après 1936 ====
En 1936, elle obtient enfin un poste à Paris. Elle enseigne au [[Lycée Molière (Paris)|lycée Molière]] de 1936 à 1939<ref>''Bulletin 2006 de l'Association amicale des anciens et anciennes élèves du lycée Molière'', 2006, {{p.|22}}.</ref> ; elle en est suspendue à la suite de sa liaison avec [[Bianca Lamblin|Bianca Bienenfeld]], l'une de ses élèves âgée de seize ans, fille d'un [[Histoire des Juifs en Pologne|juif polonais]] réfugié en France avec ses deux filles et leur mère qui est gravement malade.

Son premier roman ''Primauté du spirituel'', écrit entre 1935 et 1937, est refusé par [[Éditions Gallimard|Gallimard]] et [[Éditions Grasset|Grasset]] (il paraîtra beaucoup plus tard en 1979 sous le titre ''[[Quand prime le spirituel]]'' puis ''Anne ou quand prime le spirituel'').

Un second roman, ''[[L'Invitée (roman)|L'Invitée]]'' est publié en [[1943 en littérature|1943]] par [[Gaston Gallimard]], en plein [[Paris sous l'occupation allemande|Paris occupé]]. Elle y décrit, à travers des personnages imaginaires, la relation entre [[Jean-Paul Sartre]], Xavière et elle-même, tout en dévoilant une réflexion philosophique concernant la lutte entre les consciences et les possibilités de la réciprocité. Cette Xavière est une autre jeune fille mineure polonaise, [[Olga Kosakiewicz]], que Simone de Beauvoir avait séduite avant Bianca Bienenfeld, et livrée à Jean-Paul Sartre.

Simone de Beauvoir est à nouveau suspendue le {{date-|17 juin 1943}} à la suite d'une plainte pour « [[corruption de mineur en France|incitation de mineure à la débauche]] » déposée en {{date-|décembre 1941}} par la mère d'une autre de ses élèves, [[Natalie Sorokin]] (1921-1967). La plainte aboutira à un [[Non-lieu en procédure pénale française|non-lieu]]<ref name="2001_online.liverpooluniversitypress.co.uk">{{Article |prénom1=Ingrid |nom1=Galster |titre=Juin 43: Beauvoir est exclue de l'université retour sur une affaire classée |périodique=Contemporary French Civilization |volume=25 |numéro=1 |date=2001-04-01 |issn=0147-9156 |lire en ligne=http://online.liverpooluniversitypress.co.uk/doi/abs/10.3828/cfc.2001.25.1.007 |pages=139–150}}.</ref>, mais elle est définitivement révoquée de l'Éducation nationale<ref>Lisa Appignanesi, ''Simone de Beauvoir'', Haus Publishing, {{1er}} septembre 2008 <small>([[International Standard Book Number|ISBN]] [[Spécial:Ouvrages de référence/978-1-912208-86-9|978-1-912208-86-9]], lire en ligne [archive])</small>, {{p.|74-75}}</ref>.

L'incertitude sur la raison réelle de son éviction a suscité une polémique jusqu'à la publication en 1993 par une de ses précédentes victimes, Bianca Lamblin, de ''[[Mémoires d'une jeune fille dérangée]]'', en réponse à la publication en 1990 des ''[[Lettres au Castor|Lettres au Castor et à quelques autres]]'' de Jean-Paul Sartre, dans lesquelles elle s'était aperçu qu'elle était désignée sous le pseudonyme de ''Louise Védrine''. Elle révèle alors au public comment Simone de Beauvoir et Jean-Paul Sartre ont abusé d’elle à l’âge de seize ans et écrit : {{Citation|J’ai découvert que Simone de Beauvoir puisait dans ses classes de jeunes filles une chair fraîche à laquelle elle goûtait avant de la refiler, ou faut-il dire plus grossièrement encore, de la rabattre sur Sartre.}}

Simone de Beauvoir décrit dans ses mémoires une relation de simple amitié avec cette élève. Elle écrit en outre que l’accusation de détournement de mineur, mensongère, est une vengeance de la mère de cette élève à la suite du refus que lui aurait opposé Simone de Beauvoir d’user de son influence auprès de sa fille pour lui faire accepter un mariage avec un « parti avantageux ». Pourtant, la nature charnelle des relations qu'elle entretenait avec Nathalie Sorokine ne fait plus aucun doute aujourd'hui<ref>{{Ouvrage |langue=fr |auteur1=Michel Onfray |titre=Contre-histoire de la philosophie t.9, les consciences réfractaires |passage=406-408 |lieu=Paris |éditeur=[[Éditions Grasset]] |année=2013 |pages totales=468 |isbn=978-2-253-15652-9}}.</ref>{{Source insuffisante}}.

En 1943, elle travaille pour [[Radio nationale|Radio Vichy]] où elle organise des émissions consacrées à la musique à travers les époques. Elle s'installe avec Jean-Paul Sartre à l'[[hôtel La Louisiane]]<ref>{{Lien web |titre=Sur les pas des écrivains : Simone de BEAUVOIR à Paris, Marseille, Rouen et ailleurs |url=http://www.terresdecrivains.com/Simone-de-BEAUVOIR-a-Paris |site=terresdecrivains.com |consulté le=2019-10-20}}.</ref>, à [[Quartier Saint-Germain-des-Prés|Saint Germain des Prés]] en 1943 mais dispose de sa propre chambre, elle écrira « Jamais aucun de mes abris ne s'était tant approché de mes rêves ; j'envisageais d'y rester jusqu'à la fin de mes jours »<ref>{{Lien web |titre=Hôtel La Louisiane - K-Films Amérique |url=http://kfilmsamerique.com/fiches/hotel-la-louisiane.shtml |site=kfilmsamerique.com |consulté le=2019-10-20}}.</ref>.

Simone de Beauvoir est réintégrée dans l'Éducation nationale à la [[Libération de la France|Libération]] par arrêté du {{date-|30 juillet 1945}}, mais n'enseignera plus jamais<ref>Marie-Jo Bonnet, « La lesbienne dans ''Le Deuxième Sexe'' », {{date|10|novembre|2005}}.</ref>.

=== Femme de lettres engagée ===
[[Fichier:Sartre and de Beauvoir at Balzac Memorial.jpg|vignette|redresse|Simone de Beauvoir et Jean-Paul Sartre devant la [[Monument à Balzac (Rodin)|statue de Balzac]] à [[Paris]].]]

Avec [[Jean-Paul Sartre]], [[Raymond Aron]], [[Michel Leiris]], [[Maurice Merleau-Ponty]], [[Boris Vian]] et quelques intellectuels de gauche, elle fonde la revue : ''[[Les Temps modernes (revue)|Les temps modernes]]'' qui a pour but de faire connaître l'existentialisme à travers la littérature contemporaine. Mais elle continue cependant son œuvre personnelle. Après plusieurs romans et essais où elle parle de son engagement pour le [[communisme]], l'[[athéisme]] et l'[[existentialisme]], elle obtient son indépendance financière et se consacre totalement à son métier d'écrivaine. Elle voyage dans de nombreux pays ([[États-Unis]], [[Chine]], [[Russie]], [[Cuba]], etc.) où elle fait la connaissance d'autres personnalités communistes telles que [[Fidel Castro]], [[Che Guevara]], [[Mao Zedong]], [[Richard Wright (écrivain)|Richard Wright]].

Beauvoir a rencontré l'écrivain américain [[Nelson Algren]] à [[Chicago]] en 1947, alors qu'elle voyageait à travers les États-Unis pendant quatre mois en utilisant divers moyens de transport : automobile, train et [[Greyhound Lines|Greyhound]]. Aux États-Unis, elle engage une relation passionnée, qui durera plus de {{nobr|15 ans}}, avec l'écrivain américain, et lui envoie plus de {{nobr|300 lettres}}. Elle a tenu un journal détaillé du voyage, qui a été publié en France en 1948 sous le titre ''[[L'Amérique au jour le jour]]''. La publication de sa correspondance avec Algren en 1997 provoque le rejet de certains féministes qui ne retrouvent pas la femme libre qui leur a servi d'[[Icône culturelle|icône]], mais une Simone de Beauvoir qui a {{Citation|biaisé sur sa bisexualité, construit littérairement avec Sartre un couple mythique, ou plutôt une mystification, triché en construisant par omission dans son œuvre mémoriale une image d'elle non conforme à la vérité}}<ref>{{Ouvrage |auteur1=Annabelle Martin Golay |titre=Beauvoir intime et politique. La fabrique des Mémoires |passage=154 |éditeur=[[Presses universitaires du Septentrion]] |année=2017 |lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=EE8rDwAAQBAJ&pg=PA154&lpg=PA154}}.</ref>.

En [[1949 en littérature|1949]], elle obtient la consécration en publiant ''[[Le Deuxième Sexe]]''. Le livre se vend à plus de {{unité|22000|exemplaires}} dès la première semaine, occasionne la publication des articles contradictoires de Armand Hoog (contre) et de [[Francine Bloch]] (pour) dans la revue ''[[La Nef (revue)|La Nef]]'', et fait scandale au point que le [[Vatican]] le mette à l'index. [[François Mauriac]] écrira aux ''Temps modernes'' : {{Citation|à présent, je sais tout sur le vagin de votre patronne}}. Le livre est traduit dans plusieurs langues et aux États-Unis, se vend à un million d'exemplaires et nourrit la réflexion des principales théoriciennes du ''[[Women's Lib]]''<ref>[[Maïté Albistur]] et Daniel Armogathe, ''Histoire du féminisme français du Moyen Âge à nos jours'', éd. Des femmes, Paris, 1977, {{p.|434}}.</ref>. Beauvoir devient la figure de proue du féminisme en décrivant une société qui maintient la femme dans une situation d'infériorité. En totale rupture avec l'[[essentialisme]], son analyse de la condition féminine à travers les mythes, les civilisations, les religions, l'anatomie et les traditions fait scandale, et tout particulièrement le chapitre où elle parle de la maternité et de l'[[avortement]], assimilé à un homicide à cette époque. Quant au mariage, elle le considère comme une institution bourgeoise aussi répugnante que la prostitution lorsque la femme est sous la domination de son mari et ne peut en échapper. Selon Stephen Law, Beauvoir proposa que le rapport entre les sexes biologiques et les constructions genrées de la société est délibérément confus pour la femme. Cette confusion qui sert bien la société dominée par l'homme (en 1950) rend difficile à la femme de se sortir d'un tel [[déterminisme]]. Ces stéréotypes sociaux entrainent la femme loin de ses aspirations<ref>{{Ouvrage |langue=en|auteur1=Stephen Law |titre=DK Eyewitness Companions, Philosophy |passage=p.338 |lieu=New York |éditeur=Dorling Kinderley Publishing |date=avril 2007 |pages totales=352 |isbn=978-0-7566-2625-9}}.</ref>.

[[Fichier:Simone de Beauvoir. Maison 1.JPG|vignette|left|redresse|Immeuble où vécut Simone de Beauvoir de 1955 à 1986, [[rue Victor-Schœlcher]].]]
[[Fichier:Simone de Beauvoir. Maison 2.jpg|vignette|Plaque sur l'immeuble où vécut Simone de Beauvoir de 1955 à 1986, rue Victor-Schœlcher.]]

En 1954, elle obtient le [[prix Goncourt]] pour ''[[Les Mandarins]]'' et devient l'un des auteurs les plus lus dans le monde. Ce roman qui traite de l'après-guerre met en lumière sa relation avec Nelson Algren, toujours à travers des personnages imaginaires. Algren ne peut pas supporter le lien qui unit Beauvoir à Sartre. Celle-ci ne pouvant y mettre un terme, ils décident de rompre. De {{date-|juillet 1952}} à 1958, elle vit avec [[Claude Lanzmann]]<ref>[[Josyane Savigneau]], « L'amour en toutes lettres », ''[[Vanity Fair (magazine)|Vanity Fair]]'' {{n°|57}}, {{date-|mai 2018}}, {{p.|54-63}}.</ref>.

À partir de 1958, elle entreprend son autobiographie où elle décrit son milieu bourgeois rempli de préjugés et de traditions avilissantes et les efforts pour en sortir en dépit de sa condition de femme. Elle décrit aussi sa relation avec Sartre en la qualifiant de totale réussite. Pourtant, bien que la relation qui les unit soit toujours aussi passionnée, ils ne sont plus un couple au sens sexuel du terme, et ce depuis longtemps, même si Beauvoir laisse entendre le contraire à ses lecteurs.

En 1960, elle signe le ''[[Manifeste des 121]]'', déclaration sur le « droit à l'insoumission » dans la [[guerre d'Algérie]].

En 1964, elle publie ''[[Une mort très douce]]'' qui retrace la mort de sa mère. D'après Sartre, c'est son meilleur écrit. Le thème de l'[[acharnement thérapeutique]] et de l'[[euthanasie]] y sont évoqués. Durant cette période de deuil, elle est soutenue par une jeune fille dont elle a fait la connaissance à la même époque : [[Sylvie Le Bon de Beauvoir|Sylvie Le Bon]], une jeune étudiante en philosophie. La relation qui unit les deux femmes est obscure : relation « mère-fille », « amicale », ou « amoureuse ». Simone de Beauvoir déclare dans ''[[Tout compte fait (récit)|Tout compte fait]]'', son quatrième tome autobiographique, que cette relation est semblable à celle qui l'unissait à Zaza cinquante ans plus tôt. Sylvie Le Bon devient sa fille adoptive et héritière de son œuvre littéraire et de l'ensemble de ses biens.

L'influence de Beauvoir, associée à [[Gisèle Halimi]], a été décisive pour obtenir la reconnaissance des tortures infligées aux femmes lors de la guerre d'Algérie<ref>{{Lien web |titre=Gisèle Halimi, défenseuse passionnée de la cause des femmes, est morte |url=https://www.lemonde.fr/disparitions/article/2020/07/28/l-avocate-gisele-halimi-defenseuse-passionnee-de-la-cause-des-femmes-est-morte_6047506_3382.html |site=Le Monde |date=2020-07-28 |consulté le=2020-11-17}}.</ref> et le droit à l'[[avortement]]. Elle rédige le [[Manifeste des 343]], publié en {{date-|avril 1971}} par ''[[Le Nouvel Observateur]]''<ref>« La liste des {{nobr|343 Françaises}} qui ont le courage de signer le manifeste : {{Citation|Je me suis fait avorter}} », [[Le Nouvel Observateur]] {{n°|334}}, {{date-|5 avril 1971}}.</ref>. Avec Gisèle Halimi, elle a cofondé le mouvement [[Choisir la cause des femmes|Choisir]], dont le rôle a été déterminant pour la légalisation de l'[[interruption volontaire de grossesse]]. Tout au long de sa vie, elle a étudié le monde dans lequel elle vivait, en visitant usines et institutions, à la rencontre d'ouvrières et de hauts dirigeants politiques.

[[Fichier:Montparnasse cimetiere sartre beauvoir.JPG|vignette|gauche|redresse|Tombe de Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir en 2013 au [[cimetière du Montparnasse]].]]

[[féminisme radical|Féministe radicale]], elle participe en 1977 en tant que directrice de la rédaction à la création de la revue ''[[Questions féministes]]'', principal organe de publication du courant [[féminisme matérialiste|féministe matérialiste]]. Puis, après la dissolution du comité de rédaction, elle reprend le poste de directrice pour la revue ''[[Nouvelles Questions féministes]]'' qui se crée en 1981, poste qu'elle gardera jusqu'à sa mort<ref>[[Christine Delphy]], {{Lien web |titre=Trente ans de ''Nouvelles Questions féministes'' |url=https://www.cairn.info/revue-nouvelles-questions-feministes-2011-2-page-4.htm |consulté le=30 mars 2019}}, Dans ''[[Nouvelles Questions féministes]]'' 2011/2 ({{vol.|30}}), p. 4-22.</ref>.

Après la mort de Jean-Paul Sartre en [[1980 en littérature|1980]], elle publie ''[[La Cérémonie des adieux]]'' où elle décrit les dix dernières années de son compagnon avec des détails médicaux et intimes si crus qu'ils choquent bon nombre des disciples du philosophe. Ce texte est suivi des ''Entretiens avec Jean-Paul Sartre'' qu'elle enregistra à Rome, en août et {{date-|septembre 1974}}, et dans lesquels Sartre revient sur sa vie et précise certains points de son œuvre. Elle veut surtout montrer comment celui-ci a été manipulé par [[Benny Lévy]] pour lui faire reconnaître une certaine « inclination religieuse » dans l'existentialisme alors que l'athéisme en était l'un des piliers.

Pour Beauvoir, Sartre ne jouissait plus de toutes ses facultés intellectuelles et n'était plus en mesure de lutter philosophiquement. {{refnec|Elle dit également à mi-mot combien l'attitude de la fille adoptive de Sartre, [[Arlette Elkaïm-Sartre]], avait été détestable à son égard}}. Elle conclut avec cette phrase : {{citation bloc|Sa mort nous sépare. La mienne ne nous réunira pas. C'est ainsi ; il est beau déjà que nos vies aient pu si longtemps s'accorder.}}

De 1955 à 1986, elle vit au {{numéro|11 bis}} de la [[rue Victor-Schœlcher]]<ref>D'après la plaque située à l'entrée de l'immeuble du {{numéro|11 bis}} rue Victor-Schœlcher.</ref> à Paris où elle meurt le {{date-|14 avril 1986}}<ref>{{Lien web |titre=Simone de Beauvoir |url=https://web.archive.org/web/20111213135908/http://www.britannica.com/women/article-9014010 |site=web archive}}</ref>, entourée de sa fille adoptive Sylvie Le Bon de Beauvoir et de Claude Lanzmann.

Elle est inhumée au [[cimetière du Montparnasse]] à [[Paris]], dans la {{20e|division}} {{incise|juste à droite de l'entrée principale [[boulevard Edgar-Quinet]]}} aux côtés de Jean-Paul Sartre<ref>{{Lien web |titre=Cimetière du Montparnasse à Paris : sentiers pédestres et tombes célèbres |url=https://www.parisunlocked.com/best-of-paris/parks-and-gardens/a-stroll-through-montparnasse-cemetery-in-paris/ |site=paris unlocked}}</ref>. Elle est enterrée avec à son doigt l'anneau en argent aux motifs incas offert par son amant Nelson Algren au matin de leur première nuit d'amour<ref>{{Article |auteur1=[[Irène Frain]], auteur de ''Beauvoir in love'' |titre=La passion selon Beauvoir |périodique=[[Paris Match]] |numéro=3307 |date=3 octobre 2012 |pages=6}}.</ref>.

== Pensée et philosophie ==
=== Théorie ===
[[Fichier:Simone de Beauvoir & Jean-Paul Sartre in Beijing 1955.jpg|vignette|Simone de Beauvoir et Jean-Paul Sartre à [[Pékin]] en 1955.]]
Ardente avocate de l’[[existentialisme]], elle soulève des questionnements afin de trouver un sens à la vie dans l’absurdité d’un monde dans lequel nous n’avons pas choisi de naître. Associée à celle de Sartre, son œuvre s’en différencie dans la mesure où elle aborde le caractère concret des problèmes, privilégiant une réflexion directe et ininterrompue sur le vécu.

Elle raconte dans ''[[La Force de l'âge]]'' comment la guerre l'a arrachée à {{Citation|l'illusoire souveraineté de [ses] vingt ans}}<ref>''La force de l’âge'', {{opcit}}, {{p.|426}}.</ref>. En {{date-|septembre 1939}} elle écrit dans son journal : {{Citation|Pour moi, le bonheur était avant tout une manière privilégiée de saisir le monde ; si le monde change au point de ne plus pouvoir être saisi de cette façon, le bonheur n'a plus tant de prix}}<ref>''Ibid.''</ref>. Sa philosophie évolue et elle cesse de concevoir sa vie comme une entreprise autonome et fermée sur soi : {{Citation|Je savais à présent que, jusques dans la moelle de mes os, j'étais liée à mes contemporains ; je découvris l'envers de cette dépendance : ma responsabilité […] ; selon qu'une société se projette vers la liberté ou s'accommode d'un inerte esclavage, l'individu se saisit comme un homme parmi les hommes, ou comme une fourmi dans une fourmilière : mais nous avons tous le pouvoir de mettre en question le choix collectif, de le récuser ou de l'entériner}}<ref>''Ibid.'', {{p.}}541.</ref>.

Dans ''[[Le Deuxième Sexe]]'', elle affirme : {{Citation|On ne naît pas femme, on le devient}}<ref name="Beauvoir-1949">{{Ouvrage |auteur1=Simone de Beauvoir|titre=Le deuxième sexe |tome={{II}} (L'expérience vécue) |passage=13 |lieu=Paris |éditeur=[[Gallimard]] |année=1949 |pages totales=577 |numéro chapitre=1 |titre chapitre=Formation : Enfance}}.</ref> : c'est la construction sociale<ref name="www.universalis.fr">{{Lien web |langue=fr|titre=LE DEUXIÈME SEXE |url=https://www.universalis.fr/encyclopedie/le-deuxieme-sexe/ |site=Encyclopædia Universalis |consulté le=2021-05-09}}</ref> des individualités qui impose des rôles différents, [[genre (sciences sociales)|genrés]], aux personnes des deux [[sexe]]s<ref>{{Lien web |titre=Existentialisme - Simone de Beauvoir, On ne naît pas femme, on le devient |url=http://www.philo5.com/Les%20philosophes%20Textes/Beauvoir_OnNeNaitPasFemme.htm |site=philo5.com |consulté le=11 février 2019}}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web |titre=Le deuxième sexe, de Simone de Beauvoir |url=http://www.leconflit.com/article-le-deuxieme-sexe-de-simone-de-beauvoir-102878746.html |site=leconflit.com |date=5 avril 2012 |consulté le=11 février 2019}}.</ref>. Cette citation est souvent considérée comme une étape annonciatrice qui mènera vers les [[études de genre]] dans les [[sciences sociales]]<ref>{{Lien web |titre=La construction sociale des catégories de sexe : Simone de Beauvoir, ''Le deuxième sexe'' |description=Texte choisi et présenté par Bernard Dantier |url=http://classiques.uqac.ca/collection_methodologie/beauvoir_simone_de/categories_soc_sexe/categories_soc_sexe_texte.html |site=classiques.uqac.ca |date=9 mai 2007 |consulté le=11 février 2019}}.</ref>. Dans cet ouvrage, elle analyse la place des femmes dans la société<ref name="www.universalis.fr" />, notant que celles-ci sont souvent considérées, définies et assignées comme étant « l'Autre » du point de vue de l'homme dans une société patriarcale<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Simone de Beauvoir|titre=Le deuxième sexe}}</ref>. [[Sylvie Chaperon]], une spécialiste du féminisme, avance qu'au-delà de cette phrase emblématique, Simone de Beauvoir passe en revue une grande variété de domaines au sein desquels se construit la différence sociale entre hommes et femmes, dessinant ainsi des pistes des recherches pour les décennies suivantes, dont certaines, selon elle, restent encore à explorer<ref>{{Article |auteur1=Sylvie Chaperon |titre=Simone de Beauvoir : la promesse faite aux femmes |périodique=[[L'Humanité]] |date=9 janvier 2008 |lire en ligne=https://www.humanite.fr/node/384540}}.</ref>.

== Polémiques, antisémitisme et détournement de mineures ==
En 1977, elle soutient le terroriste [[Bruno Bréguet]] et milite pour sa libération<ref>{{Lien web |langue=fr|titre=Il y a vingt-cinq ans disparaissait Bruno Bréguet |url=https://lecourrier.ch/2020/11/12/il-y-a-vingt-cinq-ans-disparaissait-bruno-breguet/ |site=Le Courrier |date=2020-11-12 |consulté le=2023-04-03}}</ref>.

Elle signe aux côtés de 68 autres intellectuels français une tribune de [[Gabriel Matzneff]] publiée le {{date|26 janvier 1977}} dans le journal ''[[Le Monde]]''<ref>{{Article|langue=fr|titre=À PROPOS D'UN PROCÈS|périodique=Le Monde.fr|date=1977-01-26|lire en ligne=https://www.lemonde.fr/archives/article/1977/01/26/a-propos-d-un-proces_2854399_1819218.html|consulté le=2020-12-30}}.</ref>, demandant la relaxe de trois hommes accusés d'{{Citation|attentat à la pudeur sans violence sur des mineurs de quinze ans}} dans le procès de l'[[affaire de Versailles]]. À la suite de ce procès, elle est cosignataire d'une lettre ouverte à la commission de révision du [[Code pénal (France)|Code pénal]] exigeait que soient « abrogés ou profondément modifiés » les articles de loi concernant « le [[Majorité sexuelle|détournement de mineur]] », dans le sens « d'une reconnaissance du [[Droits de l'enfant|droit de l'enfant]] et de l'adolescent à entretenir des relations avec les personnes de son choix »<ref>{{Lien web|auteur=Cédric Mathiot|titre=Libération a-t-il soutenu la pédophilie en 1974 ? |url=https://www.liberation.fr/checknews/2017/09/24/liberation-a-t-il-soutenu-la-pedophilie-en-1974_1652441/ |site=[[Libération (journal)|Libération]]|consulté le=2023-04-03}}</ref>. « Trois ans de prison pour des caresses et des baisers, cela suffit ! » écrivaient les signataires<ref>{{Lien web|auteur=Françoise Dolto|titre=Françoise Dolto et la révision du code pénal à propos de la sexualité des grands mineurs|url=https://www.dolto.fr/fd-code-penal-crp.html |site=dolto.fr|consulté le=2023-04-03}}</ref>{{,}}<ref name="Quand des intellectuels français défendaient la pédophilie">{{Lien web|auteur=Fiona Moghaddam|titre=Quand des intellectuels français défendaient la pédophilie |url=https://www.radiofrance.fr/franceculture/quand-des-intellectuels-francais-defendaient-la-pedophilie-2026242 |site=[[France Culture]]|date=2020-01-03|consulté le=2023-04-03}}</ref>. Ce mouvement pro [[Pédophilie|pédophile]] est alors soutenu par de nombreux intellectuels, tels [[Jean-Paul Sartre]], [[Michel Foucault]], [[Roland Barthes]], [[Alain Robbe-Grillet]], [[Jacques Derrida]], [[Philippe Sollers]] ou encore [[Françoise Dolto]]<ref name="Quand des intellectuels français défendaient la pédophilie" />.

En 1943, Simone de Beauvoir est suspendue de son poste d'enseignante pour avoir séduit une lycéenne de {{nb|17 ans}}, [[Natalie Sorokin]], en 1939<ref>''Tête-à-tête: Simone de Beauvoir and Jean-Paul Sartre'', Hazel Rowley, HarperCollins, 2005, pp. 130–135, <nowiki>ISBN 0-06-052059-0</nowiki>; <nowiki>ISBN 978-0-06-052059-5</nowiki>.</ref>. Natalie Sorokin, [[Bianca Lamblin]] et [[Olga Kosakiewicz]] déclarent plus tard que leurs relations avec de Beauvoir les avaient blessées psychologiquement<ref>Rodgers; Thompson (2004). ''Philosophers Behaving Badly''. London: Peter Owen Publishers. pp. 186–187. ISBN <bdi>072061368X</bdi>.</ref>.

En 2008, la Britannique {{lien|langue=en|Carole Seymour-Jones}}, auteure du livre ''A Dangerous Liaison'', décrit le comportement de Beauvoir comme un « abus d’enfant » se rapprochant de la « pédophilie »<ref>{{Ouvrage|langue=br|auteur1=Carole Seymour-Jones|titre=Uma Relacao Perigosa|éditeur=Record|date=2011|isbn=9788501085184}}</ref>. En 2015, dans ''Simone de Beauvoir et les femmes'', [[Marie-Jo Bonnet]] qualifie de « contrat pervers » le modus operandi entre Beauvoir et Sartre, qui consistait en ce que la première séduisait de jeunes étudiantes mineures pour les envoyer ensuite au second. Le blogueur du ''Journal de Montréal'' Normand Lester accuse quant à lui Beauvoir d’être une « prédatrice sexuelle »<ref>{{Article|langue=fr-CA|prénom1=Nathalie|nom1=Collard|titre=Faut-il juger Simone de Beauvoir ?|périodique=La Presse|date=2019-05-20|lire en ligne=https://www.lapresse.ca/societe/2019-05-20/faut-il-juger-simone-de-beauvoir|consulté le=2023-04-03}}</ref>.

Dans ses ''Mémoires d’une jeune fille dérangée'', Bianca Lamblin relate son admiration pour Simone de Beauvoir, qui était alors sa professeur, alors qu'elle avait seize ans. Cette dernière la poussera vers Sartre. L'écrivaine raconte que {{citation|Simone de Beauvoir puisait dans ses classes de jeunes filles une chair fraîche à laquelle elle goûtait avant de la refiler, ou faut-il dire plus grossièrement encore, de la rabattre sur Sartre}}<ref>{{Lien web |langue=fr|titre=Jean-Paul Sartre, Simone de Beauvoir: Bianca, leur jouet sexuel - Gala |url=https://www.gala.fr/l_actu/news_de_stars/jean-paul_sartre_simone_de_beauvoir_bianca_leur_jouet_sexuel_346146 |site=Gala.fr |consulté le=2023-04-03}}</ref>. Bianca Lamblin découvre, lors de la parution de la correspondance, que Beauvoir recourt aux poncifs [[Antisémitisme|antisémites]] pour parler d’elle<ref>[[Michel Onfray]], ''Les consciences réfractaires. Contre-histoire de la philosophie,'' t. 9, Paris, Grasset, 2013, chap. 7</ref>. Par exemple, Simone de Beauvoir écrit de la jeune victime qu’elle {{citation|hésite entre le camp de concentration et le suicide. […] Je me suis réjouie de votre rupture}}<ref>{{Lien web |langue=fr|titre=Simone de Beauvoir, abus et servitudes|url=https://journal.alinareyes.net/2018/04/11/simone-de-beauvoir-abus-et-servitudes/|site=journal.alinareyes.net|consulté le=2023-04-03}}</ref>.

Elle déclenche également la polémique à la suite de ses propos d'admiration et de justification de la politique de l'[[Union des républiques socialistes soviétiques|URSS]] : « L'adversaire de l'URSS use d'un sophisme quand, soulignant la part de violence criminelle assumée par la politique stalinienne, il néglige de la confronter avec les fins poursuivies. […] On ne peut juger un moyen sans la fin qui lui donne son sens. Le lynchage est un mal absolu, il représente la survivance d'une civilisation périmée. C'est une faute sans justification, sans excuse. Supprimer cent oppositionnels, c'est sûrement un scandale, mais il se peut qu'il ait un sens, une raison... peut-être représente-t-elle seulement cette part nécessaire d'échec que comporte toute construction positive » ; ou encore « Jusqu'en 1936, c'était vraiment des centres de rééducation, un travail modéré, un régime libéral, des théâtres, des bibliothèques, des causeries, des relations familières, presque amicales, entre les responsables et les détenus » (à propos des [[Goulag|goulags]] qu'elle a visité en 1963)<ref>{{Lien web |titre=Simone de beauvoir agente du stalinisme » Indymedia Nantes |url=https://www.nantes.indymedia.org/posts/32355/ |site=nantes.indymedia.org |consulté le=2023-04-03}}</ref>{{,}}<ref>''Les musulmans ne sont pas des bébés phoques'', André Versaille, éditions de l'Aube.</ref>.

Elle est accusée de [[lesbophobie]] par le sociologue [[Sam Bourcier]] pour son chapitre consacrée à « la lesbienne » dans ''Le Deuxième Sexe'', mais aussi pour son choix en faveur de la revue ''[[Nouvelles Questions féministes]]'' en 1981, excluant les lesbiennes politiques radicales comme [[Monique Wittig]], à la suite d'un désaccord au sein du comité de rédaction de ''[[Questions féministes]]'' au sujet de l'[[hétérosexualité]]<ref>{{Ouvrage|auteur1=Monique Wittig|préface=Sam Bourcier|titre=La pensée straight|passage=36|lieu=Paris|éditeur=Éditions Amsterdam|date=2018|pages totales=153|isbn=978-2-35480-175-5|titre chapitre=Wittig La Politique}}.</ref>.

== Citations ==
* {{Citation|[[On ne naît pas femme : on le devient]]}}<ref>{{Ouvrage |titre=Le deuxième sexe |tome={{II}} (L'expérience vécue)}}, {{opcit}}, {{p.|13}}.</ref>.
* {{Citation|Jusqu’ici les possibilités de la femme ont été étouffées et perdues pour l’humanité et il est grand temps dans son intérêt et dans celui de tous qu’on lui laisse enfin courir toutes ses chances}}<ref>''Ibid.'', {{p.|559}}.</ref>.
* {{Citation|Dans les deux sexes se jouent les mêmes drames de la chair et de l’esprit, de la finitude et de la transcendance, les deux sont rongés par le temps, guettés par la mort, ils ont un même essentiel besoin de l’autre ; ils peuvent tirer de leur liberté la même gloire ; s’ils savaient la goûter, ils ne seraient plus tentés de se discuter de fallacieux privilèges ; et la fraternité pourrait alors naître entre eux}}<ref>''Ibid.'', {{p.|573}}.</ref>.
* {{Citation|La femme libre est seulement en train de naître}}<ref>''Ibid.'', {{p.|577}}.</ref>.
* {{Citation|Se vouloir libre, c'est aussi vouloir les autres libres}}<ref>{{Ouvrage |auteur1=Simone de Beauvoir |titre=Pour une morale de l’ambiguïté |lieu=Paris |éditeur=[[Éditions Gallimard]] |collection=Les Essais |numéro dans collection=26 |année=1947 |pages totales=227}}.</ref>.
* {{Citation|Je suis un intellectuel. Ça m'agace qu'on fasse de ce mot une insulte : les gens ont l'air de croire que le vide de leur cerveau leur meuble les couilles}}<ref>Prononcé par un des personnages dans {{Ouvrage |auteur1=Simone de Beauvoir |titre=Les Mandarins |lieu=Paris |éditeur=[[Éditions Gallimard]] |année=1954 |pages totales=579}}.</ref>.
* {{Citation|N'oubliez jamais qu'il suffira d'une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question. Ces droits ne sont jamais acquis. Vous devez rester vigilantes votre vie durant !}} - Phrase rapportée par [[Claudine Monteil]] dans son livre ''Simone de Beauvoir et les femmes aujourd'hui'', éd. Odile Jacob, 2011, p. 41.

== Réception de l'œuvre au Québec ==
En 1959, [[Wilfrid Lemoine]] se rend à Paris pour réaliser une entrevue avec Simone de Beauvoir. La diffusion est programmée dans le cadre de l’émission ''Premier Plan'', au mois de novembre de cette même année. Puis, [[Société Radio-Canada|Radio-Canada]] décide finalement de ne pas diffuser cette entrevue et nie toute intervention extérieure les ayant influencés dans leur choix.

Radio-Canada justifie la non diffusion de l'entrevue de cette manière :
{{citation bloc|Or, au cours de cette interview, Simone de Beauvoir exprime sans ambages des opinions qui s'opposent carrément aux convictions de notre population concernant l'existence de Dieu, l'institution du mariage et d'autres réalités de première grandeur. De telles informations auraient pu surprendre et choquer durement toute une partie des auditeurs peu préparée à de telles énonciations. La direction a donc décidé de ne pas projeter ce film sur nos écrans<ref>{{Article|langue=fr|titre=Radio-Canada s'explique au sujet de Simone de Beauvoir|périodique=Le Devoir|date=1959-11-14|lire en ligne=https://numerique.banq.qc.ca/patrimoine/details/52327/2792745|accès url=libre|pages=1}}</ref>.}}

Assez rapidement, l'implication d’une personne extérieure (surnommée la « voix mystérieuse »<ref>Un article, en ligne, de La Presse revient sur cette affaire et précise l’identité de la « voix mystérieuse » (<nowiki>https://www.lapresse.ca/arts/livres/201604/12/01-4970311-lheritage-de-simone-de-beauvoir.php</nowiki>)</ref>) est envisagée<ref>{{Article|langue=fr|auteur1=Rufi|titre=L'affaire Simone de Beauvoir rebondit dans "Time Magazine"|périodique=Radiomonde et télémonde|date=1959-11-28|lire en ligne=https://numerique.banq.qc.ca/patrimoine/details/52327/3425055|accès url=libre|pages=3}}</ref>. Cette personne se révéla être le cardinal [[Paul-Émile Léger]].

Quelques semaines après le décès de Simone de Beauvoir, Radio-Canada décide de présenter aux ''[[Les Beaux Dimanches (émission de télévision)|Beaux Dimanches]]'' l’entrevue censurée de 1959 mais ce sera annulé car les séries éliminatoires de hockey avaient lieu ce jour-là. L'entrevue, de 40 minutes<ref>Un article de Radio-Canada issu des archives permet de visionner l’entrevue censurée (<nowiki>https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1144992/simone-beauvoir-ecrivaine-philosophe-entrevue-censure-archives</nowiki>)</ref>, sera finalement présentée le 25 mai 1986 et fut précédée d’une discussion entre Wilfrid Lemoine et Normand Harvey pour revenir sur cette affaire.

== Œuvres ==
=== Romans ===
* [[1943 en littérature|1943]] : ''[[L'Invitée (roman)|L'Invitée]]''
* [[1945 en littérature|1945]] : ''[[Le Sang des autres (roman)|Le Sang des autres]]''
* [[1946 en littérature|1946]] : ''[[Tous les hommes sont mortels]]''
* [[1954 en littérature|1954]] : ''[[Les Mandarins]]'', [[Prix Goncourt]]
* [[1966 en littérature|1966]] : ''[[Les Belles Images (roman)|Les Belles Images]]''
* [[2020 en littérature|2020]] : ''Les Inséparables''

=== Recueils de nouvelles ===
* [[1967 en littérature|1967]] : ''[[La Femme rompue]]''
* [[1979 en littérature|1979]] : ''[[Quand prime le spirituel]]''

=== Essais ===
* [[1944 en littérature|1944]] : ''[[Pyrrhus et Cinéas]]'', essai philosophique
* [[1947 en littérature|1947]] : ''[[Pour une morale de l'ambiguïté]]'', traité philosophique
* [[1949 en littérature|1949]] : ''[[Le Deuxième Sexe]]'', essai philosophique
* [[1955 en littérature|1955]] : ''[[Privilèges (essai)|Privilèges]]'', essai
* [[1957 en littérature|1957]] : ''[[La Longue Marche (essai)|La Longue Marche]]'', essai
* [[1970 en littérature|1970]] : ''[[La Vieillesse]]'', essai
* [[1972 en littérature|1972]] : ''Faut-il brûler Sade ?'', essai

=== Théâtre ===
* [[1945 en littérature|1945]] : ''[[Les Bouches inutiles]]'', pièce de théâtre représentée au théâtre des Carrefours (actuel [[théâtre des Bouffes-du-Nord]]) en 1945 (première le {{date|29 octobre}}), puis reprise en 1966 au festival de Marvejols, et publiée aux [[éditions Gallimard]].

=== Récits autobiographiques ===
* [[1958 en littérature|1958]] : ''[[Mémoires d'une jeune fille rangée]]''
* [[1960 en littérature|1960]] : ''[[La Force de l'âge]]''
* [[1963 en littérature|1963]] : ''[[La Force des choses]]''
* [[1964 en littérature|1964]] : ''[[Une mort très douce]]''
* [[1972 en littérature|1972]] : ''[[Tout compte fait (récit)|Tout compte fait]]''
* [[1981 en littérature|1981]] : ''[[La Cérémonie des adieux]]'' suivi de ''Entretiens avec Jean-Paul Sartre : août - {{date-|septembre 1974}}''

* Ces ouvrages sont réédités en 2018 en deux volumes dans la [[Bibliothèque de la Pléiade]] sous le titre {{Ouvrage |champ libre=Édition publiée sous la direction de [[Jean-Louis Jeannelle]] et Éliane Lecarme-Tabone avec la collaboration d'Hélène Baty-Delalande, Alexis Chabot, Valérie Stemmer, Jean-François Louette, Delphine Nicolas-Pierre, et Élisabeth Russo ; Chronologie par Sylvie Le Bon de Beauvoir |titre=Simone de Beauvoir, Mémoires |lieu=Paris |éditeur=[[Éditions Gallimard]] |collection=Bibliothèque de la Pléiade |numéro dans collection=633-634 |année=2018}} :
** {{Ouvrage |titre=Tome {{I}} = Mémoires d'une jeune fille rangée, La force de l'âge, La force des choses première partie |pages totales=1470 |isbn=978-2-07-012068-0}}.
** {{Ouvrage |titre=Tome {{II}} = La force des choses deuxième partie, Une mort très douce, Tout compte fait, La cérémonie des adieux |pages totales=1547 |isbn=978-2-07-017859-9}}.

=== Autres publications ===
* [[1948 en littérature|1948]] : ''[[L'Amérique au jour le jour]]'', récit.
* [[1962]] : ''[[Djamila Boupacha]]'' en collaboration avec [[Gisèle Halimi]] et des témoignages de [[Henri Alleg]], {{Mme}} [[Maurice Audin]], [[Jacques Pâris de Bollardière|Général de Bollardière]], [[Marie-Dominique Chenu|R.P. Chenu]], {{Dr|Jean}} Dalsace, [[Jacques Fonlupt-Espéraber|J. Fonlupt-Esperaber]], [[Françoise Mallet-Joris]], [[Daniel Mayer]], [[André Philip]], [[Jean-François Revel|J.F. Revel]], [[Jules Roy]], [[Françoise Sagan]], un portrait original de [[Pablo Picasso]] et un hommage des peintres [[Robert Lapoujade]] et [[Roberto Matta]].

=== Œuvres posthumes ===
Sylvie Le Bon de Beauvoir, héritière de l'œuvre de Beauvoir, a traduit, annoté et publié de nombreux écrits de sa mère adoptive, en particulier sa correspondance avec Sartre, Bost et Algren.
* {{Ouvrage |titre=[[Lettres à Sartre]], tome {{I}} : 1930-1939 |lieu=Paris |éditeur=Gallimard |année=1990}}.
* {{Ouvrage |titre=Lettres à Sartre, tome {{II}} : 1940-1963 |lieu=Paris |éditeur=Gallimard |année=1990}}.
* {{Ouvrage |titre=Journal de guerre, {{date-|septembre 1939}}-{{date-|janvier 1941}}|année=1990}}.
* {{Ouvrage |traducteur=Sylvie Le Bon |langue originale=en |titre=Lettres à Nelson Algren |année=1997}}.
* {{Ouvrage |titre=Correspondance croisée avec Jacques-Laurent Bost |année=2004}}.
* {{Ouvrage |titre=Cahiers de jeunesse, 1926-1930 |année=2008}}.
* {{Ouvrage |titre=Malentendu à Moscou |lieu=Paris |éditeur=[[L'Herne]] |collection=Carnets |année=2013}}.
* {{Ouvrage |titre=Les Inséparables|lieu=Paris |éditeur=[[L'Herne]] |collection=Romans |année=2020|isbn=1031902740}}

== Dossiers de la CIA ==
Parmi les {{unité|2891|[[Information classée secrète|documents classés secrets]]}} dont la déclassification a été autorisée par le président américain [[Donald Trump]] le {{date-|26 octobre 2017}} en rapport avec l'[[Assassinat de John F. Kennedy|assassinat]] de [[John Fitzgerald Kennedy]] {{incise|selon une loi signée en 1992 en réponse à la sortie du film ''[[JFK (film)|JFK]]'' d’[[Oliver Stone]], il aurait dû y en avoir {{unité|3100}}, mais au dernier moment, sur les conseils de la [[Central Intelligence Agency|CIA]] et du [[Federal Bureau of Investigation|FBI]], Trump en a enlevé quelques centaines de la liste<ref>{{Lien web |auteur=Luc Vinogradoff |titre=Assassinat de Kennedy : ce qu’on a appris par les documents déclassifiés |url=https://www.lemonde.fr/big-browser/article/2017/10/27/assassinat-de-kennedy-ce-qu-on-a-appris-dans-les-documents-declassifies_5207029_4832693.html |site=lemonde.fr |date=27 octobre 2017 |consulté le=12 février 2019}}.</ref>}} la CIA affirme que dans les années 1960, [[Jean-Paul Sartre]], Simone de Beauvoir et [[Catherine Deneuve]] auraient financé un « réseau d'activistes » qui « aidait les déserteurs » de la [[guerre du Viêt Nam]]<ref>{{Lien web |titre=Deneuve, Sartre et Beauvoir apparaissent dans les archives Kennedy de la CIA |url=http://www.lefigaro.fr/culture/2017/10/31/03004-20171031ARTFIG00225-deneuve-sartre-et-beauvoir-apparaissent-dans-les-archives-kennedy-de-la-cia.php|site=lefigaro.fr|date=31 octobre 2017 |consulté le=12 février 2019}}.</ref>.

Selon le rapport de la CIA, la planque se serait située au {{numéro|3}}, rue Gabrielle-Josserand, à [[Pantin]]. Les lieux auraient été loués par l'association étudiante américaine [[Students for a Democratic Society]] pour héberger des [[Opposition à la guerre du Viêt Nam|déserteurs et des activistes américains]]. Un de ces contestataires aurait été Larry Cox, un [[Désertion#Guerre du Viêt Nam|déserteur]] ayant refusé d'intégrer l'[[Forces armées des États-Unis|armée américaine]] et de partir au [[Viêt Nam]] {{incise|et devenu quelques années plus tard directeur exécutif d'[[Amnesty International]] aux États-Unis|stop}}.

Le rapport déclassifié, écrit le {{date-|11 juillet 1969}} par Paul K. Chalemsky, alors directeur de l'antenne de la CIA à Paris, précise même les sommes versées par Jean-Paul Sartre ({{nobr|100 $}}) et Catherine Deneuve ({{unité|1500 Francs}}). Il ne précise pas celles versées par Simone de Beauvoir.

== Hommages ==
* En 1982, le [[centre audiovisuel Simone-de-Beauvoir]], fondé à Paris, par [[Carole Roussopoulos]], [[Delphine Seyrig]] et [[Ioana Wieder]].
* En 1983, elle reçoit le [[prix Sonning]] de l'[[université de Copenhague]] au [[Danemark]].
* En 1991, le [[Cratère d'impact|cratère]] [[Vénus (planète)|vénusien]] [[De Beauvoir (cratère)|de Beauvoir]] est nommé en son honneur<ref>{{Lien web |langue=en |titre=Planetary Names: Crater, craters: de Beauvoir on Venus |url=https://planetarynames.wr.usgs.gov/Feature/1436 |site=planetarynames.wr.usgs.gov |consulté le=2020-05-04}}.</ref>.
* En 1998, un [[astéroïde]] est nommé [[(11385) Beauvoir]] en son honneur, suivant [[(11384) Sartre]].
* En 2000, une [[place Jean-Paul-Sartre-et-Simone-de-Beauvoir]] est inaugurée dans le [[6e arrondissement de Paris|{{6e}} arrondissement de Paris]], à l'intersection du [[boulevard Saint-Germain]], de la [[rue de Rennes (Paris)|rue de Rennes]] et de la [[place Saint-Germain-des-Prés]]<ref>[http://www.leparisien.fr/paris/sartre-et-beauvoir-honores-a-saint-germain-12-04-2000-2001308263.php « Sartre et Beauvoir honorés à Saint-Germain »], ''leparisien.fr'', {{date-|12 avril 2000}}.</ref>.
* En 2006 est inaugurée la [[passerelle Simone-de-Beauvoir]], entre les [[12e arrondissement de Paris|{{12e}}]] et [[13e arrondissement de Paris|{{13e|arrondissements}}]].
* En 2008, le [[prix Simone de Beauvoir pour la liberté des femmes]] est créé.
* Le {{date-|8 mars 2021}}, [[La Poste (entreprise française)|La Poste]] émet un [[Timbre postal|timbre-poste]] à son effigie<ref>[https://www.lavoixdunord.fr/954025/article/2021-03-08/un-timbre-l-effigie-de-simone-de-beauvoir-tire-plus-de-700-000-exemplaires Un timbre à l’effigie de Simone de Beauvoir tiré à plus de {{nombre|700000|exemplaires}}], sur ''La Voix du Nord'', article du 8 mars 2021.</ref>.
* En 2024, l'école Beauvoir formant aux arts du numérique porte le nom de Simone de Beauvoir<ref>{{Lien web |langue=Français |titre=Site Beauvoir, formation aux arts du numérique |url=https://www.beauvoir.co/ |site=www.beauvoir.co |consulté le=2024-04-02}}</ref>.

304 rues, impasses, allées (etc.) portent le nom de Simone de Beauvoir<ref>{{Lien web |langue=fr-FR |titre=https://rues.openalfa.fr/rues?q=Simone+de+Beauvoir |url=https://rues.openalfa.fr/rues?q=Simone+de+Beauvoir |site=rues.openalfa.fr |consulté le=2023-10-14}}</ref> en avril 2024.

== Notes et références ==
{{Références nombreuses|taille=25}}

== Voir aussi ==
{{Autres projets|wikiquote=Simone de Beauvoir|commons=Category:Simone de Beauvoir}}

=== Bibliographie ===
* [[Deirdre Bair]], ''Simone Beauvoir: A Biography'', New York, Summit Books, 1990, paru en français sous le titre ''Simone de Beauvoir'', Fayard, 1991, traduit de l'anglais (États-Unis) par Marie-France de Paloméra.
* [[Marie-Jo Bonnet]], ''Simone de Beauvoir et les femmes'', édition Albin Michel, 2015 {{ISBN|978-2-7373-7006-9}}.
* [[Catharine Savage Brosman]], ''Simone de Beauvoir Revisited'', Twayne, 1991 {{ISBN|0-8057-8269-9}}.
* Claude Francis et [[Fernande Gontier]], ''Simone de Beauvoir'', Perrin, 1985.
* Ingrid Galster, ''Beauvoir dans tous ses états'', Tallandier, 2007.
* Manon Garcia, ''On ne naît pas soumise, on le devient'', Flammarion, 2018.
* Annabelle Martin Golay, ''Beauvoir intime et politique : la fabrique des Mémoires'', Presses universitaires du Septentrion, 2013
* Magali Guaresi, « Les réceptions contemporaines de l’œuvre de Simone de Beauvoir en Méditerranée (France, Italie, Espagne, Israël – 1949-2019) », [https://www.cairn.info/revue-cahiers-sens-public-2019-3-page-I.htm ''Cahiers Sens public''], 2019-3/4, 25-26, I-X.
* [[Jean-Louis Jeannelle]] (dirigé par), ''Simone de Beauvoir, « Mémoires d’une jeune fille rangée'' », Rennes, Presses universitaires de Rennes, coll. « Didact concours », 2018.
* Michel Kail, ''Simone de Beauvoir philosophe'', Paris, PUF, 2006, {{coll|Philosophie}}.
* Kate Kirkpatrick, ''Devenir Beauvoir. La force de la volonté'', Flammarion, 2020.
* {{Ouvrage |auteur1=Claire Largillier |titre=Mémoires d'une jeune fille rangée, Simone de Beauvoir : ressaisir l'unité du « Moi » dans sa mise en récit. |éditeur=Sciences de l'Homme et Société |année=2019 |lire en ligne=https://dumas.ccsd.cnrs.fr/dumas-02160350}}.
* Éliane Lecarme-Tabone et [[Jean-Louis Jeannelle]], ''Beauvoir'', Paris, Cahier de [[L'Herne]], 2013.
* {{Ouvrage |prénom1=Claudine |nom1=Monteil |titre=Simone de Beauvoir et les femmes aujourd'hui |éditeur=éditions Odile Jacob |année=2011}}.
* Claudine Monteil, ''Les Amants de la Liberté, Sartre et Beauvoir dans le siècle'', Calmann-Lévy, 1999 ; édition poche, Paris, Flammarion, {{coll|J'ai Lu}}, {{n°|6133}}.
* Claudine Monteil, ''Les Sœurs Beauvoir'', Paris, Calmann-Lévy, 2003.
* {{ouvrage|auteur=Catherine Poisson|titre=Sartre-Beauvoir: du je au nous|lieu=Amsterdam|éditeur=Éditions Rodopi B.V.|date=2002|pages totales=211|isbn= 9789042014701}}, lire en ligne sur books.google: [https://books.google.com/books?id=D75gscMsnA0C&printsec=frontcover&hl=fr#v=onepage&q&f=false]. Consulté le {{date|6-6-2022}}.
* Hazel Rowley, ''Tête-à-tête, Beauvoir et Sartre : un pacte d'amour'', Grasset, 2006.
* {{Ouvrage |prénom1=Danièle |nom1=Sallenave |lien auteur1=Danièle Sallenave |titre=Castor de guerre |éditeur=[[Éditions Gallimard]] |année=2008 |pages totales=601 |isbn=978-2-07-078146-1 |isbn2=2-07-078146-1}}.
* Marianne Stjepanovic-Pauly, ''Simone de Beauvoir, le défi d'une femme'', éditions du Jasmin, 2008.
* Annabelle Bonnet, ''La barbe ne fait pas le philosophe. Les femmes et la philosophie en France (1880-1949)'', Paris, CNRS Éditions, 2022.
* {{article|auteur= Sylviane Saugues|titre=Le [[Mont Mézenc|Mézenc]] dans les écrits de [[George Sand]] et de Simone de Beauvoir|périodique= [[Les Cahiers du Mézenc]] |lieu=Privas |tome=cahier n° 20|année=2008| présentation en ligne= http://www.lesamisdumezenc.fr/wa_res/files/mezenc-dans-ecrits-p1.pdf}}

=== Filmographie ===
* [[2006 au cinéma|2006]] : ''[[Les Amants du Flore]]'', téléfilm de [[Ilan Duran Cohen]] avec [[Anna Mouglalis]] dans le rôle de Simone de Beauvoir.
* [[2006 au cinéma|2006]] : ''[[Sartre, l'âge des passions]]'', téléfilm de [[Claude Goretta]] en deux épisodes avec [[Anne Alvaro]] dans le rôle de Simone de Beauvoir.
* [[2007 au cinéma|2007]] : ''Simone de Beauvoir - une femme actuelle'', documentaire de [[Dominique Gros]] produit par [[Arte]].
* [[2013 au cinéma|2013]] : ''[[L'Écume des jours (film, 2013)|L'Écume des jours]]'', film de [[Michel Gondry]] ; Marina Rozenman joue « la duchesse de Bovouard ».
* [[2013 au cinéma|2013]] : ''[[Violette (film)|Violette]]'', film de [[Martin Provost]] ; [[Sandrine Kiberlain]] joue Simone de Beauvoir.

=== Articles connexes ===
{{catégorie principale}}
* [[Existentialisme]]
* [[Féminisme]] - [[Manifeste des 343]] - [[Mouvement de libération des femmes]]
* [[Claude Lanzmann]] - [[Jean-Paul Sartre]] - [[Hélène de Beauvoir]] (sœur cadette)
* [[Prix Simone de Beauvoir pour la liberté des femmes]]
* [[Passerelle Simone-de-Beauvoir]] ([[Liste des ponts de Paris|Ponts de Paris]])
* [[French Theory]]

=== Liens externes ===
{{Liens}}
* [http://archives.radio-canada.ca/recherche?q=Beauvoir&RTy=0&RC=1&RP=1&RD=1&RA=0&th=1&x=0&y=0 Archives de Radio-Canada] ; cette entrevue de 1959 avait été censurée à l'époque.
* [http://www.ina.fr/recherche/search?search=Simone+de+Beauvoir&vue=Video&x=22&y=16 Toutes les archives télé sur Simone de Beauvoir] INA Archives Télé.

{{Palette|Athéisme|Féminisme}}
{{Portail|littérature française|philosophie|athéisme|femmes|politique française}}

{{CLEDETRI:Beauvoir, Simone de}}
[[Catégorie:Simone de Beauvoir|*]]
[[Catégorie:Nom de convenance]]
[[Catégorie:Romancière française du XXe siècle]]
[[Catégorie:Nouvelliste française du XXe siècle]]
[[Catégorie:Dramaturge française du XXe siècle]]
[[Catégorie:Essayiste française du XXe siècle]]
[[Catégorie:Philosophe français du XXe siècle]]
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[[Catégorie:Philosophe française]]
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[[Catégorie:Épistolière française]]
[[Catégorie:Journaliste de presse écrite]]
[[Catégorie:Journaliste française du XXe siècle]]
[[Catégorie:Féministe française du XXe siècle]]
[[Catégorie:Féministe universaliste]]
[[Catégorie:Féministe matérialiste]]
[[Catégorie:Signataire du Manifeste des 121]]
[[Catégorie:Signataire du Manifeste des 343]]
[[Catégorie:Auteur publié par les éditions Gallimard]]
[[Catégorie:Auteur publié dans la Bibliothèque de la Pléiade]]
[[Catégorie:Lauréat du prix Goncourt]]
[[Catégorie:Lauréat du prix Jérusalem]]
[[Catégorie:Écrivain professeur]]
[[Catégorie:Jean-Paul Sartre]]
[[Catégorie:Docteur honoris causa de l'Université Concordia]]
[[Catégorie:Agrégée de philosophie]]
[[Catégorie:Enseignant au lycée Victor-Duruy]]
[[Catégorie:Enseignant au lycée Molière (Paris)]]
[[Catégorie:Éponyme d'un objet céleste]]
[[Catégorie:Membre du comité de lecture des éditions Gallimard]]
[[Catégorie:Antifranquiste français]]
[[Catégorie:Personnalité de Choisir la cause des femmes]]
[[Catégorie:Personnalité du Mouvement de libération des femmes]]
[[Catégorie:Naissance en janvier 1908]]
[[Catégorie:Naissance dans le 6e arrondissement de Paris]]
[[Catégorie:Décès en avril 1986]]
[[Catégorie:Décès à 78 ans]]
[[Catégorie:Décès dans le 14e arrondissement de Paris]]
[[Catégorie:Personnalité inhumée au cimetière du Montparnasse (division 20)]]