« Femmes sous le Régime français au Canada » : différence entre les versions

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Contenu supprimé Contenu ajouté
m v2.04 - Err 81 - / Correction syntaxique (Argument dupliqué dans un appel de modèle)
m v2.04 - Correction syntaxique (Référence en double - Orthographe et typographie)
Balises : WPCleaner Révoqué
Ligne 15 : Ligne 15 :
Au Canada, la fragilité sociale de la colonie est surtout due au désordre sexuel des colons{{sfn|Catherine Tourangeau|2012|p=64}}. Le libertinage des colons entraine un métissage non contrôlé{{sfn|Catherine Tourangeau|2012|p=64}}. Ce métissage va à l’encontre du modèle sociétal européen et rend l’implantation française beaucoup plus fragile sur le territoire américain{{sfn|Catherine Tourangeau|2012|p=64}}. L’envoi des [[Filles du Roy]] est une réponse au libertinage des colons{{sfn|Catherine Tourangeau|2012|p=64}}. Ainsi, le corps féminin, celui qui est voué à être mère et épouse, est un vecteur de stabilité sociale. Jennifer Spear et Doris Garraway l’énoncent ; « la sexualité pouvait devenir un instrument de contrôle aux mains des autorités coloniales et métropolitaines »{{sfn|Catherine Tourangeau|2012|p=75}}.
Au Canada, la fragilité sociale de la colonie est surtout due au désordre sexuel des colons{{sfn|Catherine Tourangeau|2012|p=64}}. Le libertinage des colons entraine un métissage non contrôlé{{sfn|Catherine Tourangeau|2012|p=64}}. Ce métissage va à l’encontre du modèle sociétal européen et rend l’implantation française beaucoup plus fragile sur le territoire américain{{sfn|Catherine Tourangeau|2012|p=64}}. L’envoi des [[Filles du Roy]] est une réponse au libertinage des colons{{sfn|Catherine Tourangeau|2012|p=64}}. Ainsi, le corps féminin, celui qui est voué à être mère et épouse, est un vecteur de stabilité sociale. Jennifer Spear et Doris Garraway l’énoncent ; « la sexualité pouvait devenir un instrument de contrôle aux mains des autorités coloniales et métropolitaines »{{sfn|Catherine Tourangeau|2012|p=75}}.


== La réalité sociale au Canada, le clivage du 17e siècle versus 18e siècle ==
== La réalité sociale au Canada, le clivage du {{s-|17}} versus {{s-|18}} ==


=== La surmasculinité du 17e siècle ===
=== La surmasculinité du {{s-|17}} ===
La société aux débuts de la colonie de Québec est majoritairement masculine{{sfn|Micheline Dumont|1992|p=27}}. Il y a peu de femmes européennes. Ceci dit, il y a des femmes autochtones, mais les autorités coloniales ne voient pas d’un bon œil cette présence{{sfn|Micheline Dumont|1992|p=27}}. Cette surmasculinité provoque des comportements sociaux propres à la colonie. Tout d’abord, celle-ci offre un marché matrimonial favorable pour les femmes. Le ratio femmes/hommes favorise un mariage à un très jeune âge chez les femmes et favorise le remariage des veuves<ref>Danielle Gauvreau, ''Québec, Une Ville et sa Population au temps de la Nouvelle-France'', Sillery, Presses de l'Université du Québec,1991, p.82.</ref>. Même que les veuves sont recherchées, car le fait qu’elles détiennent un patrimoine de biens immobiliers déjà construit attire des hommes plus jeunes et sans enfants{{sfn|Micheline Dumont|1992|p=63}}. Cette situation matrimoniale pour les veuves est exceptionnelle et va disparaitre lorsque l’équilibre va s’amorcer entre les sexes{{sfn|Micheline Dumont|1992|p=82}}.
La société aux débuts de la colonie de Québec est majoritairement masculine{{sfn|Micheline Dumont|1992|p=27}}. Il y a peu de femmes européennes. Ceci dit, il y a des femmes autochtones, mais les autorités coloniales ne voient pas d’un bon œil cette présence{{sfn|Micheline Dumont|1992|p=27}}. Cette surmasculinité provoque des comportements sociaux propres à la colonie. Tout d’abord, celle-ci offre un marché matrimonial favorable pour les femmes. Le ratio femmes/hommes favorise un mariage à un très jeune âge chez les femmes et favorise le remariage des veuves<ref>Danielle Gauvreau, ''Québec, Une Ville et sa Population au temps de la Nouvelle-France'', Sillery, Presses de l'Université du Québec,1991, p.82.</ref>. Même que les veuves sont recherchées, car le fait qu’elles détiennent un patrimoine de biens immobiliers déjà construit attire des hommes plus jeunes et sans enfants{{sfn|Micheline Dumont|1992|p=63}}. Cette situation matrimoniale pour les veuves est exceptionnelle et va disparaitre lorsque l’équilibre va s’amorcer entre les sexes{{sfn|Micheline Dumont|1992|p=82}}.


Cette démographie déséquilibrée va entrainer des mariages de jeunes femmes impubères{{sfn|Micheline Dumont|1992|p=27}}. Cette réalité est illustrée par les cas connus des mariages précoces des enfants du couple de [[Marie Rollet]] et de [[Louis Hébert]] ; l’une se marie à l’âge de 11 ans et l’autre à 12 ans{{sfn|Micheline Dumont|1992|p=27}}. Cette tendance n’est pas que celle d’une classe sociale ou des groupes plus défavorisés, mais est une caractéristique pour les deux premières générations de femmes au Canada{{sfn|Micheline Dumont|1992|p=27}}.
Cette démographie déséquilibrée va entrainer des mariages de jeunes femmes impubères{{sfn|Micheline Dumont|1992|p=27}}. Cette réalité est illustrée par les cas connus des mariages précoces des enfants du couple de [[Marie Rollet]] et de [[Louis Hébert]] ; l’une se marie à l’âge de 11 ans et l’autre à 12 ans{{sfn|Micheline Dumont|1992|p=27}}. Cette tendance n’est pas que celle d’une classe sociale ou des groupes plus défavorisés, mais est une caractéristique pour les deux premières générations de femmes au Canada{{sfn|Micheline Dumont|1992|p=27}}.


Il est important de mentionner que le 17e siècle est aussi caractérisé par l’attention particulière des autorités judiciaires envers les crimes contre les mœurs, surtout envers la moralité sexuelle. Le double standard est très présent ; la fidélité est un devoir féminin{{sfn|Micheline Dumont|1992|p=64}}.
Il est important de mentionner que le {{s-|17}} est aussi caractérisé par l’attention particulière des autorités judiciaires envers les crimes contre les mœurs, surtout envers la moralité sexuelle. Le double standard est très présent ; la fidélité est un devoir féminin{{sfn|Micheline Dumont|1992|p=64}}.


== L’installation coloniale ==
== L’installation coloniale ==
Ligne 35 : Ligne 35 :
Il y a peu de preuves historiques de femmes combattantes. L’un des rares récits conservés aujourd’hui est celui de Martine Messier. Cette femme aurait été attaquée par trois Iroquois à l’extérieur du fort de Montréal en 1652{{sfn|André Vachon|1966/2003}}. Cette femme a été associée à une « amazone » et à une « lionne », car celle-ci se serait défendue même si elle était blessée de plusieurs coups de hache{{sfn|André Vachon|1966/2003}}.
Il y a peu de preuves historiques de femmes combattantes. L’un des rares récits conservés aujourd’hui est celui de Martine Messier. Cette femme aurait été attaquée par trois Iroquois à l’extérieur du fort de Montréal en 1652{{sfn|André Vachon|1966/2003}}. Cette femme a été associée à une « amazone » et à une « lionne », car celle-ci se serait défendue même si elle était blessée de plusieurs coups de hache{{sfn|André Vachon|1966/2003}}.


Une autre figure féminine très connue dans l’historiographie est [[Madeleine de Verchères]]. [[File:Madeleine de Vercheres.jpg|Madeleine de Vercheres, Gerald Sinclair Hayward, painting: watercolour on ivory; 9.1 x 7.1cm, 1915, collectionscanada.gc.ca|vignette|droite]] Cette femme s’est positionnée comme héroïne dans l’histoire du Canada, car elle a défendu le [[fort Verchères]] en 1692{{sfn|André Vachon|1974/2003}}. Elle était alors âgée de 14 ans. Le jour de l’attaque iroquoise sur le fort, les parents de cette dernière étaient absents{{sfn|André Vachon|1974/2003}}. Elle a « donné l’impression que le fort est bien gardé, même si ce n’est pas le cas. Elle tire du canon et des coups de feu à partir de divers endroits dans les fortifications. Elle réussit à faire croire que plusieurs hommes armés défendent le fort, bien qu’il ne s’y trouve en réalité que des enfants, un homme âgé et quelques soldats »{{sfn|André Vachon|1974/2003}}. Toutefois, son exploit ne va pas être mentionné dans le rapport du gouverneur [[Louis de Buade de Frontenac|Frontenac]] sur l’évènement{{sfn|André Vachon|1974/2003}}. Sept années plus tard, Marie Madeleine demande à être reconnue officiellement par le ministre de la Marine{{sfn|André Vachon|1974/2003}}. L’Histoire a conservé le récit de cette jeune femme qui se défend courageusement contre « l’envahisseur » iroquois. Il est important de souligner que Madeleine de Verchère est la seule femme à revendiquer le titre de « héros » au 17e siècle{{sfn|Micheline Dumont|1992|p=39}}. Toutefois, les correspondances personnelles de cette dernière permettent de comprendre que celle-ci acceptait totalement l’ « échelle de valeurs basée sur une conception masculine, militaire et élitiste du courage »{{sfn|Micheline Dumont|1992|p=39}}. Il semble évident pour cette femme que « féminin » était un concept inférieur à l’héroïsme. Elle utilise sa sortie du cadre féminin pour revendiquer son acte d’héroïsme, mais ceci n’empêche pas qu’elle partage l’image collective d’« une femme inférieure » {{sfn|Micheline Dumont|1992|p=39}}.
Une autre figure féminine très connue dans l’historiographie est [[Madeleine de Verchères]]. [[File:Madeleine de Vercheres.jpg|Madeleine de Vercheres, Gerald Sinclair Hayward, painting: watercolour on ivory; 9.1 x 7.1cm, 1915, collectionscanada.gc.ca|vignette|droite]] Cette femme s’est positionnée comme héroïne dans l’histoire du Canada, car elle a défendu le [[fort Verchères]] en 1692{{sfn|André Vachon|1974/2003}}. Elle était alors âgée de 14 ans. Le jour de l’attaque iroquoise sur le fort, les parents de cette dernière étaient absents{{sfn|André Vachon|1974/2003}}. Elle a « donné l’impression que le fort est bien gardé, même si ce n’est pas le cas. Elle tire du canon et des coups de feu à partir de divers endroits dans les fortifications. Elle réussit à faire croire que plusieurs hommes armés défendent le fort, bien qu’il ne s’y trouve en réalité que des enfants, un homme âgé et quelques soldats »{{sfn|André Vachon|1974/2003}}. Toutefois, son exploit ne va pas être mentionné dans le rapport du gouverneur [[Louis de Buade de Frontenac|Frontenac]] sur l’évènement{{sfn|André Vachon|1974/2003}}. Sept années plus tard, Marie Madeleine demande à être reconnue officiellement par le ministre de la Marine{{sfn|André Vachon|1974/2003}}. L’Histoire a conservé le récit de cette jeune femme qui se défend courageusement contre « l’envahisseur » iroquois. Il est important de souligner que Madeleine de Verchère est la seule femme à revendiquer le titre de « héros » au {{s-|17}}{{sfn|Micheline Dumont|1992|p=39}}. Toutefois, les correspondances personnelles de cette dernière permettent de comprendre que celle-ci acceptait totalement l’ « échelle de valeurs basée sur une conception masculine, militaire et élitiste du courage »{{sfn|Micheline Dumont|1992|p=39}}. Il semble évident pour cette femme que « féminin » était un concept inférieur à l’héroïsme. Elle utilise sa sortie du cadre féminin pour revendiquer son acte d’héroïsme, mais ceci n’empêche pas qu’elle partage l’image collective d’« une femme inférieure » {{sfn|Micheline Dumont|1992|p=39}}.




Ligne 43 : Ligne 43 :
Ces femmes, religieuses ou laïques sont la preuve qu’il est possible pour le sexe féminin d’avoir une certaine influence sociale, voir une liberté économique dans la société canadienne. Par contre, les fondatrices religieuses mentionnées ci-haut étaient soumises à une hiérarchie ecclésiale dirigée par membres du clergé masculin. Pour les femmes marchandes et entrepreneuses, elles étaient des exceptions. Ces vies hors normes appuient le propos de Danielle Haase Dubosc et d’Éliane Viennot « …Parler des pouvoirs et des femmes sous l’Ancien Régime, c’est avant tout parler des contradictions et des failles dans les institutions comme dans les codes culturels, juridiques et sociaux. Ces contradictions et ces failles ont permis, malgré l’antique et réitérée condamnation qui pesait sur le « sexe imbécile » que des femmes exercent dans les domaines les plus divers non, pas LE pouvoir, mais DU pouvoir »<ref>Danielle Haase Dubosc et Eliane Viennot, dir. ''Femmes et pouvoirs sous l’ancien régime''. Paris, Éditions Rivages, p.7.</ref>. Ainsi ces femmes avaient du pouvoir, mais elles n’étaient pas pour autant intégrées dans LE pouvoir spécifiquement masculin de l’époque.
Ces femmes, religieuses ou laïques sont la preuve qu’il est possible pour le sexe féminin d’avoir une certaine influence sociale, voir une liberté économique dans la société canadienne. Par contre, les fondatrices religieuses mentionnées ci-haut étaient soumises à une hiérarchie ecclésiale dirigée par membres du clergé masculin. Pour les femmes marchandes et entrepreneuses, elles étaient des exceptions. Ces vies hors normes appuient le propos de Danielle Haase Dubosc et d’Éliane Viennot « …Parler des pouvoirs et des femmes sous l’Ancien Régime, c’est avant tout parler des contradictions et des failles dans les institutions comme dans les codes culturels, juridiques et sociaux. Ces contradictions et ces failles ont permis, malgré l’antique et réitérée condamnation qui pesait sur le « sexe imbécile » que des femmes exercent dans les domaines les plus divers non, pas LE pouvoir, mais DU pouvoir »<ref>Danielle Haase Dubosc et Eliane Viennot, dir. ''Femmes et pouvoirs sous l’ancien régime''. Paris, Éditions Rivages, p.7.</ref>. Ainsi ces femmes avaient du pouvoir, mais elles n’étaient pas pour autant intégrées dans LE pouvoir spécifiquement masculin de l’époque.


== L’équilibre démographique des effectifs masculins et féminins dans la colonie du 17e au 18e siècle ==
== L’équilibre démographique des effectifs masculins et féminins dans la colonie du 17e au {{s-|18}} ==
La particularité démographique du début de la colonisation au Canada n’est pas une situation permanente. La surmasculinité entraine un caractère social inusité et « non traditionnel » qui permet à plusieurs femmes dans la colonie d’être plus indépendantes et autonomes que la majorité des membres de leur sexe. Pour reprendre l’argumentaire de Micheline Dumont, elle expose un concept pour illustrer ce changement démographique, la Conjoncture de 1701. D’après cette historienne, l’année 1701 caractérisée par la [[Grande Paix de Montréal]]<ref>Jaenen, Cornelius J. et Andrew McIntosh, « La Grande Paix de Montréal, 1701 », ''l'Encyclopédie Canadienne'', 13 novembre 2019, Historica Canada, [En ligne], https://www.thecanadianencyclopedia.ca/fr/article/grande-paix-de-montreal-1701.</ref>, a facilité un retour à une démographie stable, car la menace iroquoise n’est plus perturbatrice de la stabilité économique et sociale{{sfn|Micheline Dumont|1992|p=67}}. Toutefois, le changement sociétal au Canada ne peut être perçu comme un changement immédiat, mais plutôt comme une évolution progressive vers la stabilité. Dans cette société nouvellement équilibrée, les femmes sont les premières laissées-pour-compte{{sfn|Micheline Dumont|1992|p=67}}.
La particularité démographique du début de la colonisation au Canada n’est pas une situation permanente. La surmasculinité entraine un caractère social inusité et « non traditionnel » qui permet à plusieurs femmes dans la colonie d’être plus indépendantes et autonomes que la majorité des membres de leur sexe. Pour reprendre l’argumentaire de Micheline Dumont, elle expose un concept pour illustrer ce changement démographique, la Conjoncture de 1701. D’après cette historienne, l’année 1701 caractérisée par la [[Grande Paix de Montréal]]<ref>Jaenen, Cornelius J. et Andrew McIntosh, « La Grande Paix de Montréal, 1701 », ''l'Encyclopédie Canadienne'', 13 novembre 2019, Historica Canada, [En ligne], https://www.thecanadianencyclopedia.ca/fr/article/grande-paix-de-montreal-1701.</ref>, a facilité un retour à une démographie stable, car la menace iroquoise n’est plus perturbatrice de la stabilité économique et sociale{{sfn|Micheline Dumont|1992|p=67}}. Toutefois, le changement sociétal au Canada ne peut être perçu comme un changement immédiat, mais plutôt comme une évolution progressive vers la stabilité. Dans cette société nouvellement équilibrée, les femmes sont les premières laissées-pour-compte{{sfn|Micheline Dumont|1992|p=67}}.


Ligne 85 : Ligne 85 :


=== Comment le droit permet de comprendre les avantages sociaux des femmes ===
=== Comment le droit permet de comprendre les avantages sociaux des femmes ===
L'[[Histoire du genre]] permet une approche qui tente de saisir quelles sont les dynamiques qui régissent les rapports masculins et féminins<ref>France Parent et Geneviève Postolec, « Quand Thémis rencontre Clio: les femmes et le droit en Nouvelle-France », ''Les Cahiers de droit'', vol. 36, no. 1, 1995, p.297.</ref>. En effet, le droit apporte un angle d’analyse intéressant pour comprendre l’application des rapports sociaux entre les genres, liés aux statuts civils caractéristiques de l’Ancien Régime<ref>''Ibid''.</ref>.
L'[[Histoire du genre]] permet une approche qui tente de saisir quelles sont les dynamiques qui régissent les rapports masculins et féminins<ref>France Parent et Geneviève Postolec, « Quand Thémis rencontre Clio: les femmes et le droit en Nouvelle-France », ''Les Cahiers de droit'', vol. 36, no. 1, 1995, p.297.</ref>. En effet, le droit apporte un angle d’analyse intéressant pour comprendre l’application des rapports sociaux entre les genres, liés aux statuts civils caractéristiques de l’Ancien Régime<ref name="+1">''Ibid''.</ref>.


=== Les femmes célibataires ===
=== Les femmes célibataires ===
Premièrement, les femmes célibataires mineures étaient, tous comme les jeunes hommes, sous l’autorité paternelle<ref>''Ibid''., p.303.</ref>. Durant l’Ancien Régime, la majorité est atteinte à 25 ans tant chez les hommes que chez les femmes<ref>France Parent, « Entre le juridique et le social : le pouvoir des femmes à Québec au XVIIe siècle. Québec », ''Université Laval, Groupe de recherche et d'échange multidisciplinaires féministes'', 1991, p.32.</ref>. Toutefois, les femmes sont, dans la majorité des cas, mariées avant cet âge, sauf si le voile est pris<ref>''Ibid''., p.33.</ref>. Lors de l’union maritale, l’autorité paternelle est transférée au mari. Ainsi la femme ne sera plus perçue comme un individu majeur (voir section suivante sur les femmes mariées)<ref>France Parent et Geneviève Postolec, ''op.cit''., p.303.</ref>. Donc, pour exercer pleinement des droits de la [[Coutume de Paris]], la femme doit être « majeure et célibataire »<ref>''Ibid''.</ref>.
Premièrement, les femmes célibataires mineures étaient, tous comme les jeunes hommes, sous l’autorité paternelle<ref>''Ibid''., p.303.</ref>. Durant l’Ancien Régime, la majorité est atteinte à 25 ans tant chez les hommes que chez les femmes<ref>France Parent, « Entre le juridique et le social : le pouvoir des femmes à Québec au XVIIe siècle. Québec », ''Université Laval, Groupe de recherche et d'échange multidisciplinaires féministes'', 1991, p.32.</ref>. Toutefois, les femmes sont, dans la majorité des cas, mariées avant cet âge, sauf si le voile est pris<ref>''Ibid''., p.33.</ref>. Lors de l’union maritale, l’autorité paternelle est transférée au mari. Ainsi la femme ne sera plus perçue comme un individu majeur (voir section suivante sur les femmes mariées)<ref>France Parent et Geneviève Postolec, ''op.cit''., p.303.</ref>. Donc, pour exercer pleinement des droits de la [[Coutume de Paris]], la femme doit être « majeure et célibataire »<ref name="+1" />.


=== Les femmes mariées ===
=== Les femmes mariées ===
Les femmes mariées sont considérées, selon le droit coutumier, comme mineures, dépendantes de l’autorité du mari<ref>''Ibid''.</ref>. Bref, les femmes mariées ont une incapacité juridique. Ces femmes peuvent posséder des biens, mais ne peuvent « ni engager des transactions commerciales ou financières, ni intenter des poursuites au civil, ni même gérer ses biens propres sans l'autorisation de son mari gestionnaire »<ref>''Ibid''.</ref>. Le rôle des femmes mariées s’efface au profit de celui du mari dans les causes judiciaires<ref>''Ibid''.</ref>. Cette singularité permet d’éclairer une tendance sociale qui régit le dynamisme entre les hommes et les femmes durant l’Ancien Régime<ref>''Ibid.'', p.301.</ref>. Ceci illustre que l’homme était le patron de la communauté de biens et le maitre du noyau familial<ref>Allan Greer, ''op.cit''., p.95.</ref>.
Les femmes mariées sont considérées, selon le droit coutumier, comme mineures, dépendantes de l’autorité du mari<ref name="+1" />. Bref, les femmes mariées ont une incapacité juridique. Ces femmes peuvent posséder des biens, mais ne peuvent « ni engager des transactions commerciales ou financières, ni intenter des poursuites au civil, ni même gérer ses biens propres sans l'autorisation de son mari gestionnaire »<ref name="+1" />. Le rôle des femmes mariées s’efface au profit de celui du mari dans les causes judiciaires<ref name="+1" />. Cette singularité permet d’éclairer une tendance sociale qui régit le dynamisme entre les hommes et les femmes durant l’Ancien Régime<ref>''Ibid.'', p.301.</ref>. Ceci illustre que l’homme était le patron de la communauté de biens et le maitre du noyau familial<ref>Allan Greer, ''op.cit''., p.95.</ref>.


Le droit coutumier offre des mesures légales pour que les femmes mariées puissent obtenir une séparation de biens ou de corps. La séparation de biens est une décision judiciaire qui, tout en conservant les liens matrimoniaux, dispense les couples de partager leurs biens, chacun détient une libre disposition sur ses avoirs<ref>« Séparation de biens », Edictionnaire, ''Dictionnaire de droit québécois et canadien'', 2016, [En ligne], https://dictionnairereid.caij.qc.ca/recherche#q=S%C3%A9paration%20de%20biens&t=edictionnaire&sort=relevancy&m=search.</ref>. Ceci pouvait protéger les femmes d’une mauvaise gestion ou d’une liquidation de leurs biens par un mari non vigilant<ref>France Parent et Geneviève Postolec, ''op.cit''., p.309.</ref>. La séparation de corps, quant à elle, n’est pas un divorce dans le sens moderne du terme, c’était un « relâchement du lien conjugal » qui permettait à un couple de ne plus vivre sous le même toit<ref>« Séparation de corps », ''Edictionnaire, Dictionnaire de droit québécois et canadien'', 2016, [En ligne], https://dictionnairereid.caij.qc.ca/recherche#q=S%C3%A9paration%20de%20corps&t=edictionnaire&sort=relevancy&m=search.</ref>. Malgré tout, cette disposition judiciaire ne protège pas les femmes de violences physiques infligées par leur mari<ref name="Geneviève Postolec p.310">France Parent et Geneviève Postolec, ''op.cit''., p.310.</ref>. Il faut aussi préciser que ce genre de démarche judiciaire était coûteux et donc, difficile d’accès pour les femmes moins fortunées<ref>Marie-Aimée Cliche, « Les procès en séparation de corps dans la région de Montréal, 1795-1879 », ''Revue d'histoire de l'Amérique française'', Vol 49, no. 1, 1995, p.6, [En ligne], https://doi.org/10.7202/305398ar.</ref>. Ces mesures légales permettent aux femmes une certaine protection, mais celles-ci ont des limites évidentes. Par exemple, les lois permettaient aux hommes mariés de « porter une accusation d'adultère contre sa femme, la faire enfermer dans un couvent et obtenir facilement la séparation de corps pour ce motif, sans que l'inverse soit possible »<ref>Marie-Aimée Cliche, ''op.cit''., p.5.</ref>, aucune femme ne pouvait faire de même <ref>''Ibid''.</ref>. De plus, une séparation de biens ou de corps ne rend pas les femmes plus autonomes au niveau judiciaire, elles restent dépendantes de leur mari, que celui-ci soit un violent alcoolique ou qu’il ait dilapidé l’entièreté de son héritage<ref>Josette Brun, ''Vie et mort du couple en Nouvelle-France, Québec et Louisbourg au XVIIIe'', Québec, McGill-Queen’s University Press, 2006, 185 p.</ref>. Les femmes vont seulement devenir pleinement autonomes au niveau juridique s’il y a une annulation de mariage ou lorsqu’elles seront veuves<ref name="Geneviève Postolec p.310"/>.
Le droit coutumier offre des mesures légales pour que les femmes mariées puissent obtenir une séparation de biens ou de corps. La séparation de biens est une décision judiciaire qui, tout en conservant les liens matrimoniaux, dispense les couples de partager leurs biens, chacun détient une libre disposition sur ses avoirs<ref>« Séparation de biens », Edictionnaire, ''Dictionnaire de droit québécois et canadien'', 2016, [En ligne], https://dictionnairereid.caij.qc.ca/recherche#q=S%C3%A9paration%20de%20biens&t=edictionnaire&sort=relevancy&m=search.</ref>. Ceci pouvait protéger les femmes d’une mauvaise gestion ou d’une liquidation de leurs biens par un mari non vigilant<ref>France Parent et Geneviève Postolec, ''op.cit''., p.309.</ref>. La séparation de corps, quant à elle, n’est pas un divorce dans le sens moderne du terme, c’était un « relâchement du lien conjugal » qui permettait à un couple de ne plus vivre sous le même toit<ref>« Séparation de corps », ''Edictionnaire, Dictionnaire de droit québécois et canadien'', 2016, [En ligne], https://dictionnairereid.caij.qc.ca/recherche#q=S%C3%A9paration%20de%20corps&t=edictionnaire&sort=relevancy&m=search.</ref>. Malgré tout, cette disposition judiciaire ne protège pas les femmes de violences physiques infligées par leur mari<ref name="Geneviève Postolec p.310">France Parent et Geneviève Postolec, ''op.cit''., p.310.</ref>. Il faut aussi préciser que ce genre de démarche judiciaire était coûteux et donc, difficile d’accès pour les femmes moins fortunées<ref>Marie-Aimée Cliche, « Les procès en séparation de corps dans la région de Montréal, 1795-1879 », ''Revue d'histoire de l'Amérique française'', Vol 49, no. 1, 1995, p.6, [En ligne], https://doi.org/10.7202/305398ar.</ref>. Ces mesures légales permettent aux femmes une certaine protection, mais celles-ci ont des limites évidentes. Par exemple, les lois permettaient aux hommes mariés de « porter une accusation d'adultère contre sa femme, la faire enfermer dans un couvent et obtenir facilement la séparation de corps pour ce motif, sans que l'inverse soit possible »<ref>Marie-Aimée Cliche, ''op.cit''., p.5.</ref>, aucune femme ne pouvait faire de même <ref name="+1" />. De plus, une séparation de biens ou de corps ne rend pas les femmes plus autonomes au niveau judiciaire, elles restent dépendantes de leur mari, que celui-ci soit un violent alcoolique ou qu’il ait dilapidé l’entièreté de son héritage<ref>Josette Brun, ''Vie et mort du couple en Nouvelle-France, Québec et Louisbourg au XVIIIe'', Québec, McGill-Queen’s University Press, 2006, 185 p.</ref>. Les femmes vont seulement devenir pleinement autonomes au niveau juridique s’il y a une annulation de mariage ou lorsqu’elles seront veuves<ref name="Geneviève Postolec p.310"/>.


Ces mesures judiciaires de la Coutume de Paris sont devenues un trait de l’argumentaire historique d’une colonie favorable aux femmes. Jan Noël, à contre-courant de l’historiographie actuelle sur l’histoire des femmes, affirme que les femmes sont favorisées au niveau judiciaire sous l’Ancien Régime au Canada<ref>Benoit Grenier, « Along a River. The First French-Canadian Women by Jan Noel (review) », ''Le Travail'', vol. 73, 2014, p.315.</ref>. Bien que cette thèse s’appuie sur la comparaison des Common laws des colonies anglaises au sud du Canada<ref>Jan Noel, ''Along a River, The first French-Canadian women'', Toronto, University of Toronto press, 2013, p.145.</ref>, cette position est une thèse d’un « âge d’or » des femmes dans la colonie. Cette recherche a d’ailleurs ravivé des débats dans la communauté scientifique<ref>Benoit Grenier, « Along a River. The First French-Canadian Women by Jan Noel (review) », ''op.cit''., p.315.</ref>. Une autre mesure juridique qui est utilisée dans l’argumentaire d’une situation favorisée pour les femmes, est le [[douaire]]. Ce douaire facilitait l’assurance de revenus lors du décès du mari<ref>Suzanne Gousse, ''op.cit''., p.135.</ref>, mais cette mesure n’empêche toutefois pas les veuves de vivre dans une situation précaire.
Ces mesures judiciaires de la Coutume de Paris sont devenues un trait de l’argumentaire historique d’une colonie favorable aux femmes. Jan Noël, à contre-courant de l’historiographie actuelle sur l’histoire des femmes, affirme que les femmes sont favorisées au niveau judiciaire sous l’Ancien Régime au Canada<ref>Benoit Grenier, « Along a River. The First French-Canadian Women by Jan Noel (review) », ''Le Travail'', vol. 73, 2014, p.315.</ref>. Bien que cette thèse s’appuie sur la comparaison des Common laws des colonies anglaises au sud du Canada<ref>Jan Noel, ''Along a River, The first French-Canadian women'', Toronto, University of Toronto press, 2013, p.145.</ref>, cette position est une thèse d’un « âge d’or » des femmes dans la colonie. Cette recherche a d’ailleurs ravivé des débats dans la communauté scientifique<ref>Benoit Grenier, « Along a River. The First French-Canadian Women by Jan Noel (review) », ''op.cit''., p.315.</ref>. Une autre mesure juridique qui est utilisée dans l’argumentaire d’une situation favorisée pour les femmes, est le [[douaire]]. Ce douaire facilitait l’assurance de revenus lors du décès du mari<ref>Suzanne Gousse, ''op.cit''., p.135.</ref>, mais cette mesure n’empêche toutefois pas les veuves de vivre dans une situation précaire.


=== Les femmes veuves ===
=== Les femmes veuves ===
Les femmes veuves sont affranchies du pouvoir de leur mari. Les veuves sont donc monoparentales et détentrices de l’autorité sur le noyau familial. Le veuvage est une situation sociale courante et environ le trois quarts des veuves vont vivre une situation de monoparentalité<ref>''Ibid''., p.311</ref>. Cette situation sociale permet aux femmes une gestion intéressante du patrimoine familial et certaines ont tiré profit de cette réalité, comme [[Marie-Anne Barbel]], [[Éléonore de Grandmaison]], Marie Couillard ou encore Marie-Catherine Peuvret<ref>''Ibid''.</ref>. Les femmes de l’élite vont utiliser leur rang et user de la vision que les autorités détiennent de leur sexe pour revendiquer leurs intérêts<ref>Josette Brun, ''op.cit''., p.87.</ref>. Il y a plusieurs femmes de l’Élite qui ont détenu sur une courte ou une longue période, la place de seigneuresse en raison de leur veuvage<ref>Benoit Grenier, « Réflexion sur le pouvoir féminin au Canada sous le Régime français: le cas de la « seigneuresse » Marie-Catherine Peuvret (1667–1739) », ''op.cit.'', p.308.</ref>. Toutefois, l’absence d’hommes dans la dynamique familiale, permettant une prise de pouvoir féminin, ne plait pas aux autorités <ref>''Ibid''.</ref>.
Les femmes veuves sont affranchies du pouvoir de leur mari. Les veuves sont donc monoparentales et détentrices de l’autorité sur le noyau familial. Le veuvage est une situation sociale courante et environ le trois quarts des veuves vont vivre une situation de monoparentalité<ref>''Ibid''., p.311</ref>. Cette situation sociale permet aux femmes une gestion intéressante du patrimoine familial et certaines ont tiré profit de cette réalité, comme [[Marie-Anne Barbel]], [[Éléonore de Grandmaison]], Marie Couillard ou encore Marie-Catherine Peuvret<ref name="+1" />. Les femmes de l’élite vont utiliser leur rang et user de la vision que les autorités détiennent de leur sexe pour revendiquer leurs intérêts<ref>Josette Brun, ''op.cit''., p.87.</ref>. Il y a plusieurs femmes de l’Élite qui ont détenu sur une courte ou une longue période, la place de seigneuresse en raison de leur veuvage<ref>Benoit Grenier, « Réflexion sur le pouvoir féminin au Canada sous le Régime français: le cas de la « seigneuresse » Marie-Catherine Peuvret (1667–1739) », ''op.cit.'', p.308.</ref>. Toutefois, l’absence d’hommes dans la dynamique familiale, permettant une prise de pouvoir féminin, ne plait pas aux autorités <ref name="+1" />.


Toutefois, ces cas d’exception ne sont pas la norme. Le veuvage entraine, la plupart du temps, une désorganisation économique et une perte de revenus<ref>Danielle Gauvreau, ''op.cit''., p.136.</ref>. Le veuvage, sans soutien familial, peut souvent mener à la mendicité et à la prostitution, car cette situation sociale marque un appauvrissement considérable<ref name="ReferenceB"/>. Les veuves sont des individus détenant une capacité juridique, mais celles-ci sont aussi des pauvres reconnues par la société. Josette Brun prénomme les veuves « bonnes pauvres », car la société reconnait que le sexe « faible » avec sa dite « fragilité féminine » est en détresse matérielle lorsque le mari décède<ref>Josette Brun, ''op.cit''., p.84.</ref>. La société patriarcale, les autorités coloniales acceptent et soutiennent les femmes dans cette situation économique précaire<ref>''Ibid''.</ref>. Cette vision de pauvres de prédilections favorise les veuves, car celles-ci éveillent la compassion des autorités coloniales et ecclésiales. Toutefois, malgré ce soutien, elles sont surveillées de très près par les instances ecclésiastiques pour ne pas qu’elles empruntent le mauvais chemin de la prostitution pour arrondir les fins de mois<ref>''Ibid''.</ref>. Cette dualité d’ « aide/jugement » est un autre exemple du double standard qui dicte la conduite morale que doivent avoir les femmes en société.
Toutefois, ces cas d’exception ne sont pas la norme. Le veuvage entraine, la plupart du temps, une désorganisation économique et une perte de revenus<ref>Danielle Gauvreau, ''op.cit''., p.136.</ref>. Le veuvage, sans soutien familial, peut souvent mener à la mendicité et à la prostitution, car cette situation sociale marque un appauvrissement considérable<ref name="ReferenceB"/>. Les veuves sont des individus détenant une capacité juridique, mais celles-ci sont aussi des pauvres reconnues par la société. Josette Brun prénomme les veuves « bonnes pauvres », car la société reconnait que le sexe « faible » avec sa dite « fragilité féminine » est en détresse matérielle lorsque le mari décède<ref>Josette Brun, ''op.cit''., p.84.</ref>. La société patriarcale, les autorités coloniales acceptent et soutiennent les femmes dans cette situation économique précaire<ref name="+1" />. Cette vision de pauvres de prédilections favorise les veuves, car celles-ci éveillent la compassion des autorités coloniales et ecclésiales. Toutefois, malgré ce soutien, elles sont surveillées de très près par les instances ecclésiastiques pour ne pas qu’elles empruntent le mauvais chemin de la prostitution pour arrondir les fins de mois<ref name="+1" />. Cette dualité d’ « aide/jugement » est un autre exemple du double standard qui dicte la conduite morale que doivent avoir les femmes en société.


De plus, les femmes veuves ne sont pas affranchies du patriarcat. Elles vont détenir une autonomie plus grande que la plupart des femmes dans la société, mais elles demeurent femmes de leur temps<ref>Benoit Grenier, « Réflexion sur le pouvoir féminin au Canada sous le Régime français: le cas de la « seigneuresse » Marie-Catherine Peuvret (1667–1739) », ''op.cit''., p.305.</ref>. Elles restent des individus détenant une liberté freinée par le cadre d’une société et d’une autorité patriarcale, qu’elles soient seigneuresses, marchandes, aubergistes ou journalières<ref>''Ibid''., p.307.</ref>.
De plus, les femmes veuves ne sont pas affranchies du patriarcat. Elles vont détenir une autonomie plus grande que la plupart des femmes dans la société, mais elles demeurent femmes de leur temps<ref>Benoit Grenier, « Réflexion sur le pouvoir féminin au Canada sous le Régime français: le cas de la « seigneuresse » Marie-Catherine Peuvret (1667–1739) », ''op.cit''., p.305.</ref>. Elles restent des individus détenant une liberté freinée par le cadre d’une société et d’une autorité patriarcale, qu’elles soient seigneuresses, marchandes, aubergistes ou journalières<ref>''Ibid''., p.307.</ref>.
== Les conditions des femmes durant le Régime britannique ==
== Les conditions des femmes durant le Régime britannique ==


La [[Guerre de la Conquête]] change que légèrement le portrait sociodémographique de Québec, la position des femmes reste sensiblement semblable à celle octroyée sous le Régime français. C’est la [[Guerre d’indépendance des États-Unis]] qui va modifier la composition ethnolinguistique du territoire; les [[Loyalistes (révolution américaine)|loyalistes]] qui trouvent refuge sur les terres de la couronne britannique vont demander des institutions politiques<ref>Baillargeon, ''op.cit''.</ref>. Ceci mène à l’[[Acte constitutionnel]] de la [[Province de Québec]] de 1791 <ref>''Ibid''.</ref>. Cet acte permet à un électorat restreint de pouvoir voter. Il fallait être membre des groupes sociaux plus aisés pour pouvoir revendiquer ce droit. L’Acte de 1791 est intéressant pour l’analyse de la réalité du groupe social féminin, car certaines femmes ont la possibilité d’exercer le droit de vote. En effet, les femmes veuves, les femmes majeures et célibataires et les femmes mariées en séparation de biens peuvent voter. Il est important de mentionner que ce droit va être abolit en 1849<ref>''Ibid''.</ref>. Ainsi, entre 1791 et 1849, certaines femmes peuvent prétendre à un pouvoir de la sphère publique. Toutefois, ce pouvoir est réservé aux groupes sociaux privilégiés<ref>''Ibid''.</ref>.
La [[Guerre de la Conquête]] change que légèrement le portrait sociodémographique de Québec, la position des femmes reste sensiblement semblable à celle octroyée sous le Régime français. C’est la [[Guerre d’indépendance des États-Unis]] qui va modifier la composition ethnolinguistique du territoire; les [[Loyalistes (révolution américaine)|loyalistes]] qui trouvent refuge sur les terres de la couronne britannique vont demander des institutions politiques<ref>Baillargeon, ''op.cit''.</ref>. Ceci mène à l’[[Acte constitutionnel]] de la [[Province de Québec]] de 1791 <ref name="+1" />. Cet acte permet à un électorat restreint de pouvoir voter. Il fallait être membre des groupes sociaux plus aisés pour pouvoir revendiquer ce droit. L’Acte de 1791 est intéressant pour l’analyse de la réalité du groupe social féminin, car certaines femmes ont la possibilité d’exercer le droit de vote. En effet, les femmes veuves, les femmes majeures et célibataires et les femmes mariées en séparation de biens peuvent voter. Il est important de mentionner que ce droit va être abolit en 1849<ref name="+1" />. Ainsi, entre 1791 et 1849, certaines femmes peuvent prétendre à un pouvoir de la sphère publique. Toutefois, ce pouvoir est réservé aux groupes sociaux privilégiés<ref name="+1" />.


== Notes et références ==
== Notes et références ==

Version du 27 juillet 2021 à 23:09

Les femmes sous le Régime français au Canada représentent un groupe social qui, les débuts de la colonie du Canada, a vécu des situations hors du commun. Ces situations particulières ont engendré de nombreux comportements sociodémographiques uniques aux habitants de la vallée laurentienne. Plusieurs femmes se sont démarquées durant l’installation coloniale. La surmasculinité au Canada a permis à des femmes marchandes, entrepreneuses ou seigneuresses, un accès unique à l’espace public.

Pour émettre un portrait complet sur ces femmes, il est aussi important de prendre en considération les différentes réalités selon les groupes sociaux. La situation sociale des femmes n’est pas homogène et va varier selon l’appartenance aux groupes dominants ou à ceux subordonnés. Pour comprendre plus spécifiquement la réalité des femmes au Canada, l’analyse du statut juridique apporte une meilleure compréhension de la dynamique entre les sexes. Les femmes célibataires ou les femmes en situation de veuvage ont plus de droits que les femmes mariées. Ces dernières sont des personnes considérées « mineures » ce qui occasionne une incapacité juridique contribuant au renforcement du contrôle patriarcal.

Les femmes dans la marge de la société de l’Ancien Régime

Le double standard en matière sexuelle

Les femmes au Canada se font imposer par la société un double standard en matière sexuelle, aussi appelé double échelle de valeurs[1]. Il n’y a pas de loi qui régit ce standard, mais il est bien ancré dans les mentalités[2]. La société de l’Ancien Régime exige des femmes une chasteté irréprochable en dehors du mariage et condamne les relations extraconjugales des femmes tout en tolérant celles des hommes[2]. Donc, les filles mères, les prostitués et les servantes violées qui abandonnent leurs enfants sont jugées moralement par la société qui les entoure, car elles transgressent cette double échelle de valeurs qui cadre leur vie[2].

L’Ordre et le désordre, le corps féminin sous l’Ancien Régime

Le corps féminin durant l’Ancien Régime peut être tant un vecteur d’ordre que de désordre social. Dans le contexte du règne de Louis XIV, les mœurs sociales sont un vecteur d’ordre[3]. Ceux qui sont en marge de ces mœurs, sont les cibles des autorités publiques de l’époque, car ces individus marginalisés sont une atteinte à la stabilité et à la moralité d’une société[3]. Durant l’Ancien Régime un mythe nait, celui de la « femme utérus »[3]. Comme le dit Rousseau ; « Le mâle n’est mâle qu’en certains instants, la femelle est femelle toute sa vie ou du moins toute sa jeunesse ; tout la rappelle sans cesse à son sexe [...] »[4]. Les femmes sont de plus en plus perçues comme des reproductrices. Le devoir qui est attribué aux femmes de cette époque est celui de mère et d’épouse[3]. Toute sortie de ce cadre est perçue comme une menace à l’ordre social[3]. La prostitution est identifié comme un désordre qui va à l’encontre de l’image des femmes, les femmes se prostituant son des micro-agressions à la stabilité d’une société[5]. Le corps féminin doit être utilisé dans la sphère domestique et doit servir à la reproduction[5].

Au Canada, la fragilité sociale de la colonie est surtout due au désordre sexuel des colons[6]. Le libertinage des colons entraine un métissage non contrôlé[6]. Ce métissage va à l’encontre du modèle sociétal européen et rend l’implantation française beaucoup plus fragile sur le territoire américain[6]. L’envoi des Filles du Roy est une réponse au libertinage des colons[6]. Ainsi, le corps féminin, celui qui est voué à être mère et épouse, est un vecteur de stabilité sociale. Jennifer Spear et Doris Garraway l’énoncent ; « la sexualité pouvait devenir un instrument de contrôle aux mains des autorités coloniales et métropolitaines »[7].

La réalité sociale au Canada, le clivage du 17e siècle versus 18e siècle

La surmasculinité du 17e siècle

La société aux débuts de la colonie de Québec est majoritairement masculine[8]. Il y a peu de femmes européennes. Ceci dit, il y a des femmes autochtones, mais les autorités coloniales ne voient pas d’un bon œil cette présence[8]. Cette surmasculinité provoque des comportements sociaux propres à la colonie. Tout d’abord, celle-ci offre un marché matrimonial favorable pour les femmes. Le ratio femmes/hommes favorise un mariage à un très jeune âge chez les femmes et favorise le remariage des veuves[9]. Même que les veuves sont recherchées, car le fait qu’elles détiennent un patrimoine de biens immobiliers déjà construit attire des hommes plus jeunes et sans enfants[10]. Cette situation matrimoniale pour les veuves est exceptionnelle et va disparaitre lorsque l’équilibre va s’amorcer entre les sexes[11].

Cette démographie déséquilibrée va entrainer des mariages de jeunes femmes impubères[8]. Cette réalité est illustrée par les cas connus des mariages précoces des enfants du couple de Marie Rollet et de Louis Hébert ; l’une se marie à l’âge de 11 ans et l’autre à 12 ans[8]. Cette tendance n’est pas que celle d’une classe sociale ou des groupes plus défavorisés, mais est une caractéristique pour les deux premières générations de femmes au Canada[8].

Il est important de mentionner que le 17e siècle est aussi caractérisé par l’attention particulière des autorités judiciaires envers les crimes contre les mœurs, surtout envers la moralité sexuelle. Le double standard est très présent ; la fidélité est un devoir féminin[1].

L’installation coloniale

L’installation coloniale entraine une spécificité dans la dynamique entre les femmes et les hommes. Lorsque les colons s’installent sur une terre dans les balbutiements de la colonie, tout est à faire ; il faut défricher la forêt, construire une maison, etc. Ce besoin d’installation pousse les femmes à aider leur mari, elles vont mettre la « main à la pâte », elles vont partager « le travail quotidien avec les hommes »[12]. Les premières installations font disparaitre la division sexuelle des tâches qui limitait la sphère d’action des femmes[13]. Le travail de ces femmes européennes était semblable à celui des femmes autochtones[2]. Le travail physique du défrichement va redevenir une tâche associée à la gent masculine lorsque les familles pionnières sont mieux installées[2]. Au 20e siècle, cette spécificité coloniale a été perçue comme un phénomène de libération des femmes[8]. Toutefois, les rares témoignages des femmes des premiers colons conservés indique que cette situation n’était pas appréciée par celles-ci[8]. Cette sortie des tâches ménagères provoquait une anxiété de vivre une situation loin du modèle familial établi[8]. Il faut préciser aussi que cette sortie du cadre des tâches structurées en fonction du sexe est un phénomène féminin. L’inverse, que les hommes aident aux tâches dites ménagères, n’est pas une possibilité, car cette sphère d’action domestique est réservée uniquement aux femmes[8].

Un autre vecteur doit être pris en considération pour faire un portrait complet de la spécificité coloniale qui affecte le rôle féminin au Canada ; celui du voisinage avec les peuples autochtones. Les premières décennies de l’établissement colonial sont caractérisées par les luttes iroquoises[14]. Ces luttes ont permis aux femmes d’avoir une place enviable au sein de l’espace public et masculin à Québec[14]. Toutefois, cette tendance sociale n’est que temporaire et s’estompe lorsque la paix est signée avec les Iroquois en 1701[14].

Ces luttes iroquoises bouleversent la vie des colons. Environ 10% de la population est tuée dans ce contexte de guerre[15]. Il va de soi que ces circonstances modifient la vie des femmes dans la colonie en comparaison à la vie des Françaises de la même époque[15]. Il est important de préciser que cette fréquentation autochtone ne modifie pas la mentalité des femmes d’origine européenne[15]. Il est tentant de conclure que les femmes européennes enviaient la liberté sexuelle des autochtones[15]. Toutefois, la moralité chrétienne qui est, pour la plupart des pionnières européennes, une valeur intégrée, empêche celles-ci d’inclure ces mœurs sexuelles dans leur vie[15].

Est-ce que les femmes européennes combattaient durant une attaque iroquoise ? Il y a peu de preuves historiques qu’elles auraient combattu aux côtés des hommes pour défendre leur terre. Toutefois, Micheline Dumont affirme que les femmes de la colonie auraient possiblement combattu et soutient son hypothèse par le fait que les femmes, lorsqu’elles étaient capturées par les Iroquois, se faisaient infliger les mêmes tortures que les soldats et les hommes européens[16]. D’après Dumont, ceci serait un indicateur que les Françaises défendaient aussi les établissements[16].

Il y a peu de preuves historiques de femmes combattantes. L’un des rares récits conservés aujourd’hui est celui de Martine Messier. Cette femme aurait été attaquée par trois Iroquois à l’extérieur du fort de Montréal en 1652[17]. Cette femme a été associée à une « amazone » et à une « lionne », car celle-ci se serait défendue même si elle était blessée de plusieurs coups de hache[17].

Une autre figure féminine très connue dans l’historiographie est Madeleine de Verchères.

Madeleine de Vercheres, Gerald Sinclair Hayward, painting: watercolour on ivory; 9.1 x 7.1cm, 1915, collectionscanada.gc.ca

Cette femme s’est positionnée comme héroïne dans l’histoire du Canada, car elle a défendu le fort Verchères en 1692[18]. Elle était alors âgée de 14 ans. Le jour de l’attaque iroquoise sur le fort, les parents de cette dernière étaient absents[18]. Elle a « donné l’impression que le fort est bien gardé, même si ce n’est pas le cas. Elle tire du canon et des coups de feu à partir de divers endroits dans les fortifications. Elle réussit à faire croire que plusieurs hommes armés défendent le fort, bien qu’il ne s’y trouve en réalité que des enfants, un homme âgé et quelques soldats »[18]. Toutefois, son exploit ne va pas être mentionné dans le rapport du gouverneur Frontenac sur l’évènement[18]. Sept années plus tard, Marie Madeleine demande à être reconnue officiellement par le ministre de la Marine[18]. L’Histoire a conservé le récit de cette jeune femme qui se défend courageusement contre « l’envahisseur » iroquois. Il est important de souligner que Madeleine de Verchère est la seule femme à revendiquer le titre de « héros » au 17e siècle[19]. Toutefois, les correspondances personnelles de cette dernière permettent de comprendre que celle-ci acceptait totalement l’ « échelle de valeurs basée sur une conception masculine, militaire et élitiste du courage »[19]. Il semble évident pour cette femme que « féminin » était un concept inférieur à l’héroïsme. Elle utilise sa sortie du cadre féminin pour revendiquer son acte d’héroïsme, mais ceci n’empêche pas qu’elle partage l’image collective d’« une femme inférieure » [19].


Les pionnières de la colonie

De nombreuses femmes ont joué un rôle de premier plan dans la colonie naissante. Plusieurs religieuses comme Marie de l'Incarnation, fondatrice des Ursulines [20], Jeanne Mance, fondatrice de l’Hôtel Dieu à Montréal[21] ou encore Marguerite Bourgeoys, fondatrice de la congrégation de Notre-Dame de Montréal[22], sont des figures importantes qui marquent l’installation de la communauté catholique sur le territoire canadien.

Portrait de Mère Marie de l'Incarnation, attribué à Hugues Pommier, huile, 100,0 x 77,0 cm. 1672. Archives des ursulines de Québec.

Il y a aussi des femmes laïques qui ont réussi à s’imposer comme des figures de proue dans l’espace public telles que Marie-Anne Barbel, marchande et entrepreneuse[23], Agathe de Saint-Père, une manufacturière de Montréal, Marie-Thérèse Baby, fondatrice d’une entreprise de commerce[2], Louise de Ramezay, administratrice de seigneuries, de scieries et d’une tannerie avec ses sœurs [24], pour nommer que celles-ci.

Ces femmes, religieuses ou laïques sont la preuve qu’il est possible pour le sexe féminin d’avoir une certaine influence sociale, voir une liberté économique dans la société canadienne. Par contre, les fondatrices religieuses mentionnées ci-haut étaient soumises à une hiérarchie ecclésiale dirigée par membres du clergé masculin. Pour les femmes marchandes et entrepreneuses, elles étaient des exceptions. Ces vies hors normes appuient le propos de Danielle Haase Dubosc et d’Éliane Viennot « …Parler des pouvoirs et des femmes sous l’Ancien Régime, c’est avant tout parler des contradictions et des failles dans les institutions comme dans les codes culturels, juridiques et sociaux. Ces contradictions et ces failles ont permis, malgré l’antique et réitérée condamnation qui pesait sur le « sexe imbécile » que des femmes exercent dans les domaines les plus divers non, pas LE pouvoir, mais DU pouvoir »[25]. Ainsi ces femmes avaient du pouvoir, mais elles n’étaient pas pour autant intégrées dans LE pouvoir spécifiquement masculin de l’époque.

L’équilibre démographique des effectifs masculins et féminins dans la colonie du 17e au 18e siècle

La particularité démographique du début de la colonisation au Canada n’est pas une situation permanente. La surmasculinité entraine un caractère social inusité et « non traditionnel » qui permet à plusieurs femmes dans la colonie d’être plus indépendantes et autonomes que la majorité des membres de leur sexe. Pour reprendre l’argumentaire de Micheline Dumont, elle expose un concept pour illustrer ce changement démographique, la Conjoncture de 1701. D’après cette historienne, l’année 1701 caractérisée par la Grande Paix de Montréal[26], a facilité un retour à une démographie stable, car la menace iroquoise n’est plus perturbatrice de la stabilité économique et sociale[27]. Toutefois, le changement sociétal au Canada ne peut être perçu comme un changement immédiat, mais plutôt comme une évolution progressive vers la stabilité. Dans cette société nouvellement équilibrée, les femmes sont les premières laissées-pour-compte[27].

L’étude démographique réalisée par Danielle Gauvreau soutient un retour vers l’équilibre entre les sexes. Ce retour à la stabilité est percevable avec l’étude de l’écart d’âge entre les femmes et les hommes le jour de leur union ; en 1660 l’écart d’âge est en moyenne de 10,3 ans et entre 1740 et 1759, l’écart diminue considérablement, avec une différence moyenne de 5,6 ans[28]. Il faut aussi spécifier que la « division du travail » abordée dans cet écrit est une division sexuelle du travail différente de celle de l’époque industrielle.

Les spécificités des femmes selon leur appartenance à un groupe social

Modalités de comparaison

Il est important d’aborder l’oppression féminine de l’époque de l’Ancien Régime. Toutefois l’oppression n’est pas le seul vecteur de l’étude des femmes. Il ne faut pas que souligner les sorties du cadre privé et ainsi mettre en lumière que les femmes qui se sont démarquées par rapport au statut « normal » des femmes de cette époque[29]. Il faut analyser, utiliser des techniques variées de l’histoire sociale et comparer « systématiquement les caractéristiques de toutes les classes sociales »[30] pour comprendre la place des femmes dans cette société. Il faut mettre en relation les modes de production, les niveaux de vie et les différents « aspects des rôles sociaux » des femmes[30]. Cette section de l’article a pour but de présenter les caractéristiques communes de ces femmes et tente de présenter de façon brève les différences entre les groupes sociaux pour démontrer que le quotidien féminin n’est pas qu’une réalité générale, mais plutôt un amalgame de différentes réalités sociales. Le mode de vie des femmes dépend du statut social de leur père ou de leur mari[31]. Ainsi, il est inutile de tenter de créer un « portrait homogène » des femmes[31].

Expériences communes

Les femmes au Canada vivent une expérience commune, celle de la maternité. Toutes les femmes mariées de la colonie, de tous les groupes sociaux, vont être enceintes tous les deux ans environ et ce, jusqu’à la ménopause[32]. Les femmes en union ont pour fonction de mettre au monde des enfants, leur rôle est tout d’abord celui de reproductrice[31]. Cette expérience commune exclut toutefois les femmes qui entrent dans les ordres religieux.

La seconde expérience commune est le mariage. Comme exprimé dans la section Ordre et le désordre, le corps féminin sous l’Ancien Régime, le rôle du mariage dans la colonie est un vecteur d’ordre social[style à revoir][33]. L’union maritale n’est pas un évènement homogène et semblable dans tous les cas, le vecteur du rang social entraîne des exigences contraignantes dépendamment de l’appartenance des femmes à certains groupes sociaux[34]. En plus des exigences spécifiques à certains groupes, l’âge moyen du mariage diffère selon l’appartenance à un groupe ou un autre[35].

La dernière expérience commune ciblée est le confinement à la sphère privée. Il faut reconnaitre que le confinement à la sphère privée est une pratique reconnue par les femmes qui, lors de l’éducation de leurs enfants, vont séparer leur marmaille en fonction des tâches spécifiques à leur sexe. Donc, les jeunes femmes de la colonie vont, dès leur plus jeune âge, assister leur mère dans les tâches ménagères et domestiques propres à leur sexe[36].

Différences entre les groupes sociaux

Cette section a pour but de démontrer que la réalité coloniale peut varier d’un groupe social à l’autre. Cette multiplicité des réalités que vit le sexe féminin va être démontrée par des exemples pour chaque groupe social.

Les domestiques et les esclaves

La vie de domestique est dans la majorité des cas une situation passagère pour les femmes[37]. Celles-ci sont jeunes et célibataires, elles attendent d’avoir l’âge pour se marier et pour remplir les devoirs que la société attend de toute femme de cette époque[38]. Il faut toutefois préciser que cette situation passagère ne s’applique pas à la tranche des domestiques réduites en situation d’esclavage.

Les femmes paysannes

L’étude de Danielle Gauvreau sur la ville de Québec permet de souligner une différence comparative entre les paysannes et les filles urbaines ; les filles vivant à la campagne ont tendance à se marier plus tôt que les autres groupes sociaux en ville[39].

Les femmes journalières/ artisanes

La vie des femmes journalières est sensiblement différente que celle des autres groupes. Malgré le modèle économique patriarcal, la réalité des personnes vivant dans une situation précaire entraine les femmes à chercher un emploi rémunéré pour pouvoir « boucler les fins de mois », même si elles sont mariées et que leur époux travaille[31]. Les femmes d’artisans peuvent trouver une rémunération en tenant des auberges ou des cabarets[27]. De plus, l’étude de Suzanne Gousse, Les Couturières de Montréal au XVIIIe siècle, démontre que la grande majorité des femmes couturières provenaient « du milieu qui comprend les sous-officiers et les soldats ainsi que les artisans divers, les petits commerçants et les habitants »[40].

Les femmes de la bourgeoisie

Le groupe social des femmes bourgeoises détient des comportements sociaux démographiques différents comme une plus grande taille des familles et un âge plus élevé au mariage[41]. Ces comportements sont liés aux « objectifs de carrière et d’exigences matrimoniales liées au rang social »[41].

Un comportement spécifique attribué aux femmes de la bourgeoisie, plus spécifiquement aux femmes de marchands, est leur rôle de procuratrice naturelle[42]. Les femmes des marchands sont souvent les responsables désignées de l’entreprise familiale lorsque le mari s’absente[42]. Bien que d’autres groupes puissent avoir détenu des comportements semblables, ils sont aujourd’hui impossibles de les retracer si l’acte n’a pas été rédigée chez un notaire. L’absentéisme masculin chez les marchands illustre la réalité économique du Canada qui oblige des déplacements parfois très longs pour réaliser du commerce au niveau intercolonial[42]. Les femmes de marchands détenaient donc, par procuration, l’autorité entière sur l’entreprise de leur mari. Cet absentéisme masculin issu d’une réalité coloniale unique crée ainsi une dynamique sociale favorable à l’intégration des femmes dans la sphère publique[43].

Les femmes nobles

À la différence des autres groupes, la noblesse accorde plus d’importance au rôle de procréatrice, car il y a un besoin, voir un devoir de perpétuer les lignées[43]. Ceci explique pourquoi les femmes nobles ont plus souvent recours à des nourrices pour pouvoir augmenter leur fertilité[43]. Les femmes nobles ont aussi un rôle de médiatrice entre les membres de l’élite. Elles jouent un rôle d’arrière-scène pour calmer les enjeux commerciaux et économiques. Elles accomplissent cette médiation en raison de leurs connaissances aiguës des relations des membres de l’élite[43].

Un autre comportement spécifique est que les femmes nobles décident, trois fois plus que les autres groupes sociaux, de ne pas se marier[44]. Nombreuses de ces célibataires deviennent religieuses[44].

La capacité juridique et le pouvoir des femmes selon leur statut dans la colonie

Comment le droit permet de comprendre les avantages sociaux des femmes

L'Histoire du genre permet une approche qui tente de saisir quelles sont les dynamiques qui régissent les rapports masculins et féminins[45]. En effet, le droit apporte un angle d’analyse intéressant pour comprendre l’application des rapports sociaux entre les genres, liés aux statuts civils caractéristiques de l’Ancien Régime[46].

Les femmes célibataires

Premièrement, les femmes célibataires mineures étaient, tous comme les jeunes hommes, sous l’autorité paternelle[47]. Durant l’Ancien Régime, la majorité est atteinte à 25 ans tant chez les hommes que chez les femmes[48]. Toutefois, les femmes sont, dans la majorité des cas, mariées avant cet âge, sauf si le voile est pris[49]. Lors de l’union maritale, l’autorité paternelle est transférée au mari. Ainsi la femme ne sera plus perçue comme un individu majeur (voir section suivante sur les femmes mariées)[50]. Donc, pour exercer pleinement des droits de la Coutume de Paris, la femme doit être « majeure et célibataire »[46].

Les femmes mariées

Les femmes mariées sont considérées, selon le droit coutumier, comme mineures, dépendantes de l’autorité du mari[46]. Bref, les femmes mariées ont une incapacité juridique. Ces femmes peuvent posséder des biens, mais ne peuvent « ni engager des transactions commerciales ou financières, ni intenter des poursuites au civil, ni même gérer ses biens propres sans l'autorisation de son mari gestionnaire »[46]. Le rôle des femmes mariées s’efface au profit de celui du mari dans les causes judiciaires[46]. Cette singularité permet d’éclairer une tendance sociale qui régit le dynamisme entre les hommes et les femmes durant l’Ancien Régime[51]. Ceci illustre que l’homme était le patron de la communauté de biens et le maitre du noyau familial[52].

Le droit coutumier offre des mesures légales pour que les femmes mariées puissent obtenir une séparation de biens ou de corps. La séparation de biens est une décision judiciaire qui, tout en conservant les liens matrimoniaux, dispense les couples de partager leurs biens, chacun détient une libre disposition sur ses avoirs[53]. Ceci pouvait protéger les femmes d’une mauvaise gestion ou d’une liquidation de leurs biens par un mari non vigilant[54]. La séparation de corps, quant à elle, n’est pas un divorce dans le sens moderne du terme, c’était un « relâchement du lien conjugal » qui permettait à un couple de ne plus vivre sous le même toit[55]. Malgré tout, cette disposition judiciaire ne protège pas les femmes de violences physiques infligées par leur mari[56]. Il faut aussi préciser que ce genre de démarche judiciaire était coûteux et donc, difficile d’accès pour les femmes moins fortunées[57]. Ces mesures légales permettent aux femmes une certaine protection, mais celles-ci ont des limites évidentes. Par exemple, les lois permettaient aux hommes mariés de « porter une accusation d'adultère contre sa femme, la faire enfermer dans un couvent et obtenir facilement la séparation de corps pour ce motif, sans que l'inverse soit possible »[58], aucune femme ne pouvait faire de même [46]. De plus, une séparation de biens ou de corps ne rend pas les femmes plus autonomes au niveau judiciaire, elles restent dépendantes de leur mari, que celui-ci soit un violent alcoolique ou qu’il ait dilapidé l’entièreté de son héritage[59]. Les femmes vont seulement devenir pleinement autonomes au niveau juridique s’il y a une annulation de mariage ou lorsqu’elles seront veuves[56].

Ces mesures judiciaires de la Coutume de Paris sont devenues un trait de l’argumentaire historique d’une colonie favorable aux femmes. Jan Noël, à contre-courant de l’historiographie actuelle sur l’histoire des femmes, affirme que les femmes sont favorisées au niveau judiciaire sous l’Ancien Régime au Canada[60]. Bien que cette thèse s’appuie sur la comparaison des Common laws des colonies anglaises au sud du Canada[61], cette position est une thèse d’un « âge d’or » des femmes dans la colonie. Cette recherche a d’ailleurs ravivé des débats dans la communauté scientifique[62]. Une autre mesure juridique qui est utilisée dans l’argumentaire d’une situation favorisée pour les femmes, est le douaire. Ce douaire facilitait l’assurance de revenus lors du décès du mari[63], mais cette mesure n’empêche toutefois pas les veuves de vivre dans une situation précaire.

Les femmes veuves

Les femmes veuves sont affranchies du pouvoir de leur mari. Les veuves sont donc monoparentales et détentrices de l’autorité sur le noyau familial. Le veuvage est une situation sociale courante et environ le trois quarts des veuves vont vivre une situation de monoparentalité[64]. Cette situation sociale permet aux femmes une gestion intéressante du patrimoine familial et certaines ont tiré profit de cette réalité, comme Marie-Anne Barbel, Éléonore de Grandmaison, Marie Couillard ou encore Marie-Catherine Peuvret[46]. Les femmes de l’élite vont utiliser leur rang et user de la vision que les autorités détiennent de leur sexe pour revendiquer leurs intérêts[65]. Il y a plusieurs femmes de l’Élite qui ont détenu sur une courte ou une longue période, la place de seigneuresse en raison de leur veuvage[66]. Toutefois, l’absence d’hommes dans la dynamique familiale, permettant une prise de pouvoir féminin, ne plait pas aux autorités [46].

Toutefois, ces cas d’exception ne sont pas la norme. Le veuvage entraine, la plupart du temps, une désorganisation économique et une perte de revenus[67]. Le veuvage, sans soutien familial, peut souvent mener à la mendicité et à la prostitution, car cette situation sociale marque un appauvrissement considérable[31]. Les veuves sont des individus détenant une capacité juridique, mais celles-ci sont aussi des pauvres reconnues par la société. Josette Brun prénomme les veuves « bonnes pauvres », car la société reconnait que le sexe « faible » avec sa dite « fragilité féminine » est en détresse matérielle lorsque le mari décède[68]. La société patriarcale, les autorités coloniales acceptent et soutiennent les femmes dans cette situation économique précaire[46]. Cette vision de pauvres de prédilections favorise les veuves, car celles-ci éveillent la compassion des autorités coloniales et ecclésiales. Toutefois, malgré ce soutien, elles sont surveillées de très près par les instances ecclésiastiques pour ne pas qu’elles empruntent le mauvais chemin de la prostitution pour arrondir les fins de mois[46]. Cette dualité d’ « aide/jugement » est un autre exemple du double standard qui dicte la conduite morale que doivent avoir les femmes en société.

De plus, les femmes veuves ne sont pas affranchies du patriarcat. Elles vont détenir une autonomie plus grande que la plupart des femmes dans la société, mais elles demeurent femmes de leur temps[69]. Elles restent des individus détenant une liberté freinée par le cadre d’une société et d’une autorité patriarcale, qu’elles soient seigneuresses, marchandes, aubergistes ou journalières[70].

Les conditions des femmes durant le Régime britannique

La Guerre de la Conquête change que légèrement le portrait sociodémographique de Québec, la position des femmes reste sensiblement semblable à celle octroyée sous le Régime français. C’est la Guerre d’indépendance des États-Unis qui va modifier la composition ethnolinguistique du territoire; les loyalistes qui trouvent refuge sur les terres de la couronne britannique vont demander des institutions politiques[71]. Ceci mène à l’Acte constitutionnel de la Province de Québec de 1791 [46]. Cet acte permet à un électorat restreint de pouvoir voter. Il fallait être membre des groupes sociaux plus aisés pour pouvoir revendiquer ce droit. L’Acte de 1791 est intéressant pour l’analyse de la réalité du groupe social féminin, car certaines femmes ont la possibilité d’exercer le droit de vote. En effet, les femmes veuves, les femmes majeures et célibataires et les femmes mariées en séparation de biens peuvent voter. Il est important de mentionner que ce droit va être abolit en 1849[46]. Ainsi, entre 1791 et 1849, certaines femmes peuvent prétendre à un pouvoir de la sphère publique. Toutefois, ce pouvoir est réservé aux groupes sociaux privilégiés[46].

Notes et références

  1. a et b Micheline Dumont 1992, p. 64.
  2. a b c d e et f Denyse Baillargeon 2012.
  3. a b c d et e Catherine Tourangeau 2012, p. 67.
  4. Jean-Jacques Rousseau, Émile, ou De l’éducation, Paris, Gallimard, 1969, p. 693.
  5. a et b Catherine Tourangeau 2012, p. 70.
  6. a b c et d Catherine Tourangeau 2012, p. 64.
  7. Catherine Tourangeau 2012, p. 75.
  8. a b c d e f g h et i Micheline Dumont 1992, p. 27.
  9. Danielle Gauvreau, Québec, Une Ville et sa Population au temps de la Nouvelle-France, Sillery, Presses de l'Université du Québec,1991, p.82.
  10. Micheline Dumont 1992, p. 63.
  11. Micheline Dumont 1992, p. 82.
  12. France Parent 2004.
  13. Micheline Dumont 1992, p. 29.
  14. a b et c France Parent, p. 27.
  15. a b c d et e Micheline Dumont 1992, p. 33.
  16. a et b Micheline Dumont 1992, p. 36.
  17. a et b André Vachon 1966/2003.
  18. a b c d et e André Vachon 1974/2003.
  19. a b et c Micheline Dumont 1992, p. 39.
  20. Marie-Emmanuel Chabot, o.s.u., « Guyart, Marie, dite de l’Incarnation (Martin) », Dictionnaire biographique du Canada, vol. 1, Université Laval/University of Toronto, 2003, [En ligne], http://www.biographi.ca/fr/bio/guyart_marie_1F.html.
  21. Marie-Claire Daveluy, «Mance, Jeanne», Dictionnaire biographique du Canada, vol. 1, Université Laval/University of Toronto, 2003, [En ligne], http://www.biographi.ca/fr/bio/mance_jeanne_1F.html.
  22. Hélène Bernier, « Bourgeoys, Marguerite, dite du Saint-Sacrement », Dictionnaire biographique du Canada, vol. 1, Université Laval/University of Toronto, 2003, [En ligne], http://www.biographi.ca/fr/bio/bourgeoys_marguerite_1F.html.
  23. Dale Miquelon, « Barbel, Marie-Anne (Fornel) », Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4, Université Laval/University of Toronto, 2003, [En ligne], http://www.biographi.ca/fr/bio/barbel_marie_anne_4F.html.
  24. Hélène Paré, « Ramezay, Louise De », Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4, Université Laval/University of Toronto, 2003, [En ligne], http://www.biographi.ca/fr/bio/ramezay_louise_de_4F.html.
  25. Danielle Haase Dubosc et Eliane Viennot, dir. Femmes et pouvoirs sous l’ancien régime. Paris, Éditions Rivages, p.7.
  26. Jaenen, Cornelius J. et Andrew McIntosh, « La Grande Paix de Montréal, 1701 », l'Encyclopédie Canadienne, 13 novembre 2019, Historica Canada, [En ligne], https://www.thecanadianencyclopedia.ca/fr/article/grande-paix-de-montreal-1701.
  27. a b et c Micheline Dumont 1992, p. 67.
  28. Danielle Gauvreau, op.cit., p.94.
  29. Micheline Dumont 2001, p. 40.
  30. a et b Micheline Dumont 2001, p. 41.
  31. a b c d et e Denyse Baillargeon, op.cit., [En ligne].
  32. Allan Greer, op.cit., p. 91.
  33. Catherine Tourangeau 2013, p. 62.
  34. Catherine Tourangeau 2013, p. 99.
  35. Catherine Tourangeau 2013, p. 103.
  36. Micheline Dumont, op.cit., p.33.
  37. Arnaud Brassière, « Les domestiques canadiens, ces oublié(e)s de l’histoire de la Nouvelle-France », Études Canadiennes, 87, 2017, p.30, [En ligne], https://journals.openedition.org/eccs/845.
  38. Florent Panzani, « Les domestiques au Canada en 1681 », Mémoire de Maitrise, Québec, Université Laval, 2002, p.36.
  39. Danielle Gauvreau, op.cit., p.101
  40. Suzanne Gousse, Les Couturières de Montréal au XIIIe siècle, Québec, Septentrion, 2013, p.81.
  41. a et b Danielle Gauvreau 1991, p. 200.
  42. a b et c Grenier et Ferland 2013, p. 199.
  43. a b c et d Grenier et Ferland 2013, p. 221.
  44. a et b Lorraine Gadoury 1993, p. 4.
  45. France Parent et Geneviève Postolec, « Quand Thémis rencontre Clio: les femmes et le droit en Nouvelle-France », Les Cahiers de droit, vol. 36, no. 1, 1995, p.297.
  46. a b c d e f g h i j k l et m Ibid.
  47. Ibid., p.303.
  48. France Parent, « Entre le juridique et le social : le pouvoir des femmes à Québec au XVIIe siècle. Québec », Université Laval, Groupe de recherche et d'échange multidisciplinaires féministes, 1991, p.32.
  49. Ibid., p.33.
  50. France Parent et Geneviève Postolec, op.cit., p.303.
  51. Ibid., p.301.
  52. Allan Greer, op.cit., p.95.
  53. « Séparation de biens », Edictionnaire, Dictionnaire de droit québécois et canadien, 2016, [En ligne], https://dictionnairereid.caij.qc.ca/recherche#q=S%C3%A9paration%20de%20biens&t=edictionnaire&sort=relevancy&m=search.
  54. France Parent et Geneviève Postolec, op.cit., p.309.
  55. « Séparation de corps », Edictionnaire, Dictionnaire de droit québécois et canadien, 2016, [En ligne], https://dictionnairereid.caij.qc.ca/recherche#q=S%C3%A9paration%20de%20corps&t=edictionnaire&sort=relevancy&m=search.
  56. a et b France Parent et Geneviève Postolec, op.cit., p.310.
  57. Marie-Aimée Cliche, « Les procès en séparation de corps dans la région de Montréal, 1795-1879 », Revue d'histoire de l'Amérique française, Vol 49, no. 1, 1995, p.6, [En ligne], https://doi.org/10.7202/305398ar.
  58. Marie-Aimée Cliche, op.cit., p.5.
  59. Josette Brun, Vie et mort du couple en Nouvelle-France, Québec et Louisbourg au XVIIIe, Québec, McGill-Queen’s University Press, 2006, 185 p.
  60. Benoit Grenier, « Along a River. The First French-Canadian Women by Jan Noel (review) », Le Travail, vol. 73, 2014, p.315.
  61. Jan Noel, Along a River, The first French-Canadian women, Toronto, University of Toronto press, 2013, p.145.
  62. Benoit Grenier, « Along a River. The First French-Canadian Women by Jan Noel (review) », op.cit., p.315.
  63. Suzanne Gousse, op.cit., p.135.
  64. Ibid., p.311
  65. Josette Brun, op.cit., p.87.
  66. Benoit Grenier, « Réflexion sur le pouvoir féminin au Canada sous le Régime français: le cas de la « seigneuresse » Marie-Catherine Peuvret (1667–1739) », op.cit., p.308.
  67. Danielle Gauvreau, op.cit., p.136.
  68. Josette Brun, op.cit., p.84.
  69. Benoit Grenier, « Réflexion sur le pouvoir féminin au Canada sous le Régime français: le cas de la « seigneuresse » Marie-Catherine Peuvret (1667–1739) », op.cit., p.305.
  70. Ibid., p.307.
  71. Baillargeon, op.cit.

Annexes

Bibliographie

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

Ouvrages

  • [Micheline Dumont 1992] Micheline Dumont, L’histoire des femmes au Québec depuis quatre siècles, Québec, Le Jour, , 324 p. (ISBN 9782890444409). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • [Micheline Dumont 2001] Micheline Dumont, Découvrir la mémoire des femmes. Une historienne face à l'histoire des femmes, remue-ménages, , 159 p. (ISBN 978-2-89091-193-2). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • [Denyse Baillargon 2012] Denyse Baillargon, Brève histoire des femmes au Québec, Montréal, Boréal, , 288 p. (ISBN 9782764622056). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • [Danielle Gauvreau 1991] Québec. Une Ville et sa Population au temps de la Nouvelle-France, Sillery, Presses de l'Université du Québec, , 258 p.

Articles

  • [France Parent 2004] France Parent, « Au-delà des rôles, la place des femmes », Cap-aux-Diamants,‎ , p. 25-29 (lire en ligne). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • [Arnaud Bessière 2017] Arnaud Bessière, « Les domestiques canadiens, ces oublié(e)s de l’histoire de la Nouvelle-France », Études canadiennes, no 82,‎ , p. 27-45 (lire en ligne). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • [Catherine Tourangeau 2013] Catherine Tourangeau, « Un corps de désordre : la prostituée dans l’Atlantique Français », Cahiers d'histoire, vol. 1, no 23,‎ , p. 57–76 (DOI 10.7202/1020231ar). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • [Grenier et Ferland 2013] Benoît Grenier et Catherine Ferland, « « Quelque longue que soit l’absence » : procurations et pouvoir féminin à Québec au xviiie siècle » », Clio. Femmes, Genre, Histoire, no 37,‎ (DOI 10.4000/clio.11053, lire en ligne). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • [Lorraine Gadoury 1993] Lorraine Gadoury, « Les nobles en Nouvelle-France », Cap-aux-Diamants, no 34,‎ (lire en ligne). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article

Dictionnaire

  • [André Vachon 1966/2003] Dictionnaire biographique du Canada (André Vachon), Messier, Martine (Primot), vol. 1, Université Laval/University of Toronto, 1966/2003 (lire en ligne). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • [André Vachon 1974/2003] Dictionnaire biographique du Canada (André Vachon), Jarret de Verchère, Marie-Madeleine (Madeleine, Madelon) (Tarieu de La Pérade), vol. 1, Université Laval/University of Toronto, 1974/2003 (lire en ligne). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article

Articles connexes

Liens externes