« ANZUS » : différence entre les versions

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Contenu supprimé Contenu ajouté
Aucun résumé des modifications
Balises : Modification par mobile Modification par le web mobile
 
(29 versions intermédiaires par 18 utilisateurs non affichées)
Ligne 1 : Ligne 1 :
{{confusion|AUKUS}}
{{ébauche|militaire|États-Unis|Australie|Nouvelle-Zélande|histoire}}
{{Infobox Organisation2
[[Fichier:P-3B RNZAF USN MirageIII RAAF 1983.jpeg|vignette|[[Mirage III]] de la [[Royal Australian Air Force]] et [[Lockheed P-3 Orion]] des 3 membres de l'ANZUS lors des exercices Sandgroper '82.]]
| logo = ANZUS Logo (20921987801).jpg
L''''ANZUS''' (''Australia, New Zealand, United States Security Treaty'') est un pacte militaire signé à [[San Francisco]] le {{date|1 septembre 1951}}, entre l'[[Australie]], la [[Nouvelle-Zélande]] et les [[États-Unis]]. Depuis les années 1980, les États-Unis considèrent que le traité est suspendu entre les États-Unis et la Nouvelle-Zélande. Le traité trilatéral a donc peu de sens à ce jour, et a cédé la place à des rapports bilatéraux entre [[États-Unis|Washington]] et [[Canberra]] d'une part, et [[Wellington]] et Canberra de l'autre.
| membre = {{Australie}}{{-}}{{Nouvelle-Zélande}}{{-}}{{États-Unis}}
}}


L{{'}}'''ANZUS''' (de l'[[anglais]] ''ANZUS Security Treaty'', acronyme d{{'}}''{{Langue|en|Australia, New Zealand, United States Security Treaty}}'') est un pacte militaire d'alliance (traité trilatéral) signé à [[San Francisco]], en [[Californie]], le {{date|1 septembre 1951}}, entre l'[[Australie]], la [[Nouvelle-Zélande]] et les [[États-Unis]].
À l'origine, le traité se dressait contre l'éventuelle renaissance du [[Expansionnisme du Japon Shōwa|militarisme japonais]]. Puis, l'alliance se fonda rapidement dans la politique américaine de ''[[containment]]'' face au développement du [[communisme]] en Asie, dans le contexte de la [[guerre froide]]. Les États-Unis remplacèrent dès lors le [[Royaume-Uni]] comme puissance tutélaire dans le [[Pacifique]].


Le traité prévoit notamment que les trois pays se consultent vis-à-vis des questions de sécurité touchant à la zone [[Océan Pacifique|Pacifique]]. Un organisme permanent de consultation a été établi au ministère australien des Affaires étrangères, à [[Canberra]]. Selon ''The Strategist'', l'ANZUS {{Citation|tire d'énormes avantages de la culture et de la langue partagées par ses membres. La collaboration entre l'Australie et les États-Unis est étendue, avec des centaines de membres des forces de défense australiennes intégrés dans l'armée américaine}}, notamment grâce à une interopérabilité naturelle des États de l'ANZUS, qui a par exemple facilité leur collaboration dans la lutte contre les [[mégafeu]]x de brousse en Australie ({{Citation|les pompiers des États-Unis ont déclaré qu'il n'avait pas été difficile d'assumer leurs rôles et de se mettre au travail dans un nouveau pays. Le système de commandement des interventions utilisé pour lutter contre les incendies est standardisé dans tous ces pays}}), mais contrairement à l'[[Organisation du traité de l'Atlantique nord|OTAN]], l'ANZUS ne dispose pas d'un quartier général et n'a pas de stratégie claire en termes de contribution à la sécurité régionale<ref>{{Lien web |langue=en-AU |prénom=Vanessa |nom=Newby |titre=Pandemics and climate change mean it’s time to consider ANZUS hospital ships |url=https://web.archive.org/web/20231129150146/https://www.aspistrategist.org.au/pandemics-and-climate-change-mean-its-time-to-consider-anzus-hospital-ships/ |site=The Strategist |date=2020-03-30 |consulté le=2024-03-14}}.</ref>.
Le traité prévoit notamment que les trois pays se consultent vis-à-vis des questions de sécurité touchant à la zone Pacifique. Un organisme permanent de consultation a été établi au ministère australien des Affaires étrangères, à Canberra.


Depuis les années 1980, les États-Unis considèrent que le traité est suspendu entre les États-Unis et la Nouvelle-Zélande. Le traité trilatéral a donc peu de sens à ce jour, et a cédé la place à des rapports bilatéraux entre [[Washington (district de Columbia)|Washington]] et [[Canberra]] d'une part, et [[Wellington]] et [[Canberra]] de l'autre.
== Invocations du traité et coopération en temps de guerre ==
Les États-Unis, l'Australie et la Nouvelle-Zélande participent ensemble à la [[guerre de Corée]] et à la [[guerre du Viêt Nam]]. En [[2001]], malgré la suspension du traité entre Wellington et Washington, la Nouvelle-Zélande participe à l'opération ''[[Enduring Freedom]]'' en [[Afghanistan]], aux côtés des États-Unis et de l'Australie. Toutefois, la Nouvelle-Zélande ne participe pas à la [[guerre en Irak]] en [[2003]], alors que l'Australie y participe.


== Histoire ==
== Rupture entre Nouvelle-Zélande et États-Unis ==
[[Fichier:ANZUS map.svg|vignette|Carte des États membres de l'ANZUS.]]
En [[1985]], le gouvernement néo-zélandais du Premier ministre [[David Lange]] interdit à tout navire à [[propulsion nucléaire navale]] et/ou muni d'[[armes nucléaires]] de pénétrer les [[eaux territoriales]] néo-zélandaises, dans le cadre de la politique anti-nucléaire de ce pays. Or, les États-Unis refusent de préciser si leurs navires sont munis de la sorte, ce qui amène la Nouvelle-Zélande à bannir tout navire de la marine américaine de ses ports. Les États-Unis répliquent alors en considérant que l'ANZUS ne les lie plus à la Nouvelle-Zélande. Le gouvernement américain affirme peu après que la Nouvelle-Zélande est désormais « un pays ami, mais pas un allié ».
[[Fichier:P-3B RNZAF USN MirageIII RAAF 1982.jpg|vignette|[[Mirage III]] de la [[Royal Australian Air Force]] et [[Lockheed P-3 Orion]] des 3 membres de l'ANZUS lors des exercices Sandgroper '82.]]
À l'origine, le traité se dressait contre l'éventuelle renaissance du [[Expansionnisme du Japon Shōwa|militarisme japonais]]. Puis, l'alliance se fonda rapidement dans la politique américaine de ''[[containment]]'' face au développement du [[communisme]] en [[Asie]], dans le contexte de la [[guerre froide]]. Les États-Unis remplacèrent dès lors le [[Royaume-Uni]] comme puissance tutélaire dans le Pacifique.


Les États-Unis, l'Australie et la Nouvelle-Zélande participent ensemble à la [[guerre de Corée]] et à la [[guerre du Viêt Nam]]. En [[2001]], malgré la suspension du traité entre Wellington et Washington, la Nouvelle-Zélande participe à l'opération ''{{Langue|en|[[Enduring Freedom]]}}'' en [[Afghanistan]], aux côtés des États-Unis et de l'Australie. Toutefois, la Nouvelle-Zélande ne participe pas à la [[guerre en Irak]] en [[2003]], alors que l'Australie y participe.
L'application du traité entre ces deux pays demeure suspendue à ce jour mais avec l'abandon des armes nucléaires embarquées (hors SNLE) depuis 1992, cette rupture est, ''dixit'' [[Christopher Hill]] en 2006, une {{Citation|relique}}.

=== Rupture entre Nouvelle-Zélande et États-Unis ===
En [[1985]], le gouvernement néo-zélandais du Premier ministre travailliste [[David Lange]] interdit à tout navire à [[propulsion nucléaire navale]] et/ou muni d'[[armes nucléaires]] de pénétrer les [[eaux territoriales]] néo-zélandaises, dans le cadre de la politique anti-nucléaire du pays. Or, les États-Unis refusent de préciser si leurs navires sont munis de la sorte, ce qui amène la Nouvelle-Zélande à bannir tout navire de la [[United States Navy|marine américaine]] de ses ports. Les États-Unis répliquent alors en considérant que l'ANZUS ne les lie plus à la Nouvelle-Zélande<ref>{{chapitre |langue=en |prénom1=Andrea |nom1=Leva |titre chapitre=New Zealand’s Exit from ANZUS in the Mid-1980s: A Case of Alliance Termination |titre ouvrage=The Weaker Voice and the Evolution of Asymmetric Alliances |pages=91–108 |éditeur=Springer International Publishing |date=2023 |isbn=978-3-031-35448-9 |doi=10.1007/978-3-031-35448-9_5 |lire en ligne=https://doi.org/10.1007/978-3-031-35448-9_5 |consulté le=2024-03-14}}.</ref>. Le gouvernement américain affirme peu après que la Nouvelle-Zélande est désormais « un pays ami, mais pas un allié ».

L'application du traité entre ces deux pays demeure suspendue à ce jour mais avec l'abandon des armes nucléaires embarquées (hors [[Sous-marin nucléaire lanceur d'engins|SNLE]]) depuis 1992, cette rupture est, ''dixit'' [[Christopher Hill (diplomate)|Christopher Hill]] en 2006, une {{Citation|relique}}.

Selon Amy Catalinac, chercheuse à l'[[université Harvard]] (2010), ce « différend » est un exemple d'opposition intra-alliance d'un petit État envers son allié le plus fort dans le cadre d'un traité dissymétrique. En se basant sur {{Citation|des entretiens avec 22 personnes impliquées dans le différend et l'analyse du contenu des débats au parlement néo-zélandais de 1976 à 1984}}, il est conclu que {{Citation|le désir d'une plus grande autonomie en matière de [[politique étrangère]] a été le facteur moteur de l'opposition de la Nouvelle-Zélande}}<ref>{{Article |langue=en |prénom1=Amy L. |nom1=Catalinac |titre=Why New Zealand Took Itself out of ANZUS: Observing “Opposition for Autonomy” in Asymmetric Alliances1: Why New Zealand Took Itself Out of ANZUS |périodique=Foreign Policy Analysis |volume=6 |numéro=4 |pages=317–338 |date=2010-09-22 |doi=10.1111/j.1743-8594.2010.00115.x |lire en ligne=https://academic.oup.com/fpa/article-lookup/doi/10.1111/j.1743-8594.2010.00115.x |consulté le=2024-03-14}}.</ref>. Divers auteurs ont estimé que ce « différend » est un cas d'école dans lequel une superpuissance a échoué à gérer un différend au sein d'une alliance avec un petit pays, alors que diverses études ont prouvé qu'en général, {{Citation|les superpuissances jouissent de positions avantageuses et manipulent facilement l'opposition de leurs alliés de moindre importance}}.

Dans ce cas, le David néo-zélandais a gagné contre le Goliath américain qui n'a pas pu ou su modifier la politique néo-zélandaise de dénucléarisation (NFP), incompatible avec le traité ANZUS<ref>{{Article |langue=en |prénom1=Leo |nom1=Tamamizu |titre=The Losing Battle of Goliath: the Failed Management of an American Alliance and the Asymmetric Intra-Alliance Negotiation under the ANZUS Dispute (1984-1986) |périodique=Political Science |pages=1–24 |date=2023-12-27 |issn=0032-3187 |issn2=2041-0611 |doi=10.1080/00323187.2023.2290524 |lire en ligne=https://www.tandfonline.com/doi/full/10.1080/00323187.2023.2290524 |consulté le=2024-03-14}}.</ref>.

=== Liens Australie-États-Unis ===
L’Australie, où l'ANZUS a été l'un des piliers majeurs de la politique étrangère du pays, reste un partenaire important des États-Uni<ref>Leva, A. (2023). The US–Australia Relations in the Mid-1980s: A Case of Alliance Persistence. In The Weaker Voice and the Evolution of Asymmetric Alliances (pp. 109-125). Cham: Springer International Publishing.</ref>{{,}}<ref name=US_Austr>{{Article |langue=en |prénom1=Dr Noor Imad |nom1=Turki |titre=Anzus treaty and its role in the Australian-US relations after 2001 |périodique=Iraqi Journal Of Political Science |numéro=9 |date=2023 |lire en ligne=https://www.iasj.net/iasj/article/291023 |consulté le=2024-03-14}}</ref>. Elle continue à s'appuyer sur le traité ANZUS (par exemple en offrant son aide aux États-Unis après les [[attentats du 11 septembre 2001]]) et elle a un rôle clé dans la promotion de la stabilité régionale en Asie du Sud-Est et dans le Pacifique Sud-Ouest ; l'Australie soutient aussi les États-Unis, en lien avec les principaux États de la région, dans la lutte contre le terrorisme en Asie du Sud-Est, et en dirigeant les efforts de maintien de la paix dans la zone Asie-Pacifique<ref name=US_Austr/>.
{{...}}

== Références ==
{{Références}}


== Voir aussi ==
== Voir aussi ==
=== Articles connexes ===
=== Articles connexes ===
* [[Liste des alliances internationales de la guerre froide]]
* [[Liste des alliances internationales de la guerre froide]]
* [[Forces armées australiennes]] | [[New Zealand Defence Force|Forces armées néo-zélandaises]]
* [[Forces armées australiennes]] | [[New Zealand Defence Force]]
* [[ANZUK]]
* [[ANZUK]] (dissoute)
* [[AUKUS]]


=== Lien externe ===
=== Liens externes ===
* {{en}} [http://www.austlii.edu.au/au/other/dfat/treaties/1952/2.html Texte du traité]
* {{en}} [http://www.austlii.edu.au/au/other/dfat/treaties/1952/2.html Texte du traité]
{{Liens}}


=== Bibliographie ===
=== Bibliographie ===
* Lange, David, ''Nuclear Free: The New Zealand Way'', 1991. {{ISBN|978-0-14-014519-9}}
* {{en}} David Lange, ''Nuclear Free: The New Zealand Way'', 1991. {{ISBN|978-0-14-014519-9}}
* {{en}} DBrands Jr, H. W. (1987). [https://www.tandfonline.com/doi/pdf/10.1080/07075332.1987.9640442 From ANZUS to SEATO: United States Strategic Policy towards Australia and New Zealand, 1952–1954]. The International History Review, 9(2), 250-270. URL=https://www.tandfonline.com/doi/pdf/10.1080/07075332.1987.9640442
* McKinley Michael, « Alliance Australie-États-Unis : Les avantages officiels à l'épreuve des faits », Outre-Terre, 2014/1 (N° 38), p. 359-371. DOI : 10.3917/oute1.038.0359. [https://www.cairn.info/revue-outre-terre2-2014-1-page-359.htm en ligne]



{{Palette
{{Palette
Ligne 33 : Ligne 57 :
}}
}}


{{Portail|droit|Australie|États-Unis|Nouvelle-Zélande|Guerre froide|forces armées des États-Unis}}
{{Portail|droit|Australie|Nouvelle-Zélande|Guerre froide|forces armées des États-Unis}}


[[Catégorie:Histoire de l'Australie]]
[[Catégorie:Traité de la guerre froide]]
[[Catégorie:Traité de la guerre froide]]
[[Catégorie:Organisation militaire internationale]]
[[Catégorie:Organisation militaire internationale]]
[[Catégorie:Traité militaire]]
[[Catégorie:1951]]
[[Catégorie:1951]]
[[Catégorie:Traité d'Australie]]
[[Catégorie:Traité signé par l'Australie]]
[[Catégorie:Traité de Nouvelle-Zélande]]
[[Catégorie:Traité signé par la Nouvelle-Zélande]]
[[Catégorie:Traité des États-Unis]]
[[Catégorie:Traité signé par les États-Unis]]
[[Catégorie:Alliance militaire impliquant l'Australie]]
[[Catégorie:Alliance militaire impliquant l'Australie]]
[[Catégorie:Alliance militaire impliquant la Nouvelle-Zélande]]
[[Catégorie:Alliance militaire impliquant la Nouvelle-Zélande]]
Ligne 51 : Ligne 73 :
[[Catégorie:Relations entre l'Australie et la Nouvelle-Zélande]]
[[Catégorie:Relations entre l'Australie et la Nouvelle-Zélande]]
[[Catégorie:Relations entre l'Australie et les États-Unis]]
[[Catégorie:Relations entre l'Australie et les États-Unis]]
[[Catégorie:Traité militaire du XXe siècle]]

Dernière version du 12 avril 2024 à 14:12

L'ANZUS (de l'anglais ANZUS Security Treaty, acronyme d'Australia, New Zealand, United States Security Treaty) est un pacte militaire d'alliance (traité trilatéral) signé à San Francisco, en Californie, le , entre l'Australie, la Nouvelle-Zélande et les États-Unis.

Le traité prévoit notamment que les trois pays se consultent vis-à-vis des questions de sécurité touchant à la zone Pacifique. Un organisme permanent de consultation a été établi au ministère australien des Affaires étrangères, à Canberra. Selon The Strategist, l'ANZUS « tire d'énormes avantages de la culture et de la langue partagées par ses membres. La collaboration entre l'Australie et les États-Unis est étendue, avec des centaines de membres des forces de défense australiennes intégrés dans l'armée américaine », notamment grâce à une interopérabilité naturelle des États de l'ANZUS, qui a par exemple facilité leur collaboration dans la lutte contre les mégafeux de brousse en Australie (« les pompiers des États-Unis ont déclaré qu'il n'avait pas été difficile d'assumer leurs rôles et de se mettre au travail dans un nouveau pays. Le système de commandement des interventions utilisé pour lutter contre les incendies est standardisé dans tous ces pays »), mais contrairement à l'OTAN, l'ANZUS ne dispose pas d'un quartier général et n'a pas de stratégie claire en termes de contribution à la sécurité régionale[1].

Depuis les années 1980, les États-Unis considèrent que le traité est suspendu entre les États-Unis et la Nouvelle-Zélande. Le traité trilatéral a donc peu de sens à ce jour, et a cédé la place à des rapports bilatéraux entre Washington et Canberra d'une part, et Wellington et Canberra de l'autre.

Histoire[modifier | modifier le code]

Carte des États membres de l'ANZUS.
Mirage III de la Royal Australian Air Force et Lockheed P-3 Orion des 3 membres de l'ANZUS lors des exercices Sandgroper '82.

À l'origine, le traité se dressait contre l'éventuelle renaissance du militarisme japonais. Puis, l'alliance se fonda rapidement dans la politique américaine de containment face au développement du communisme en Asie, dans le contexte de la guerre froide. Les États-Unis remplacèrent dès lors le Royaume-Uni comme puissance tutélaire dans le Pacifique.

Les États-Unis, l'Australie et la Nouvelle-Zélande participent ensemble à la guerre de Corée et à la guerre du Viêt Nam. En 2001, malgré la suspension du traité entre Wellington et Washington, la Nouvelle-Zélande participe à l'opération Enduring Freedom en Afghanistan, aux côtés des États-Unis et de l'Australie. Toutefois, la Nouvelle-Zélande ne participe pas à la guerre en Irak en 2003, alors que l'Australie y participe.

Rupture entre Nouvelle-Zélande et États-Unis[modifier | modifier le code]

En 1985, le gouvernement néo-zélandais du Premier ministre travailliste David Lange interdit à tout navire à propulsion nucléaire navale et/ou muni d'armes nucléaires de pénétrer les eaux territoriales néo-zélandaises, dans le cadre de la politique anti-nucléaire du pays. Or, les États-Unis refusent de préciser si leurs navires sont munis de la sorte, ce qui amène la Nouvelle-Zélande à bannir tout navire de la marine américaine de ses ports. Les États-Unis répliquent alors en considérant que l'ANZUS ne les lie plus à la Nouvelle-Zélande[2]. Le gouvernement américain affirme peu après que la Nouvelle-Zélande est désormais « un pays ami, mais pas un allié ».

L'application du traité entre ces deux pays demeure suspendue à ce jour mais avec l'abandon des armes nucléaires embarquées (hors SNLE) depuis 1992, cette rupture est, dixit Christopher Hill en 2006, une « relique ».

Selon Amy Catalinac, chercheuse à l'université Harvard (2010), ce « différend » est un exemple d'opposition intra-alliance d'un petit État envers son allié le plus fort dans le cadre d'un traité dissymétrique. En se basant sur « des entretiens avec 22 personnes impliquées dans le différend et l'analyse du contenu des débats au parlement néo-zélandais de 1976 à 1984 », il est conclu que « le désir d'une plus grande autonomie en matière de politique étrangère a été le facteur moteur de l'opposition de la Nouvelle-Zélande »[3]. Divers auteurs ont estimé que ce « différend » est un cas d'école dans lequel une superpuissance a échoué à gérer un différend au sein d'une alliance avec un petit pays, alors que diverses études ont prouvé qu'en général, « les superpuissances jouissent de positions avantageuses et manipulent facilement l'opposition de leurs alliés de moindre importance ».

Dans ce cas, le David néo-zélandais a gagné contre le Goliath américain qui n'a pas pu ou su modifier la politique néo-zélandaise de dénucléarisation (NFP), incompatible avec le traité ANZUS[4].

Liens Australie-États-Unis[modifier | modifier le code]

L’Australie, où l'ANZUS a été l'un des piliers majeurs de la politique étrangère du pays, reste un partenaire important des États-Uni[5],[6]. Elle continue à s'appuyer sur le traité ANZUS (par exemple en offrant son aide aux États-Unis après les attentats du 11 septembre 2001) et elle a un rôle clé dans la promotion de la stabilité régionale en Asie du Sud-Est et dans le Pacifique Sud-Ouest ; l'Australie soutient aussi les États-Unis, en lien avec les principaux États de la région, dans la lutte contre le terrorisme en Asie du Sud-Est, et en dirigeant les efforts de maintien de la paix dans la zone Asie-Pacifique[6].

Références[modifier | modifier le code]

  1. (en) Vanessa Newby, « Pandemics and climate change mean it’s time to consider ANZUS hospital ships », sur The Strategist, (consulté le ).
  2. (en) Andrea Leva, « New Zealand’s Exit from ANZUS in the Mid-1980s: A Case of Alliance Termination », dans The Weaker Voice and the Evolution of Asymmetric Alliances, Springer International Publishing, , 91–108 p. (ISBN 978-3-031-35448-9, DOI 10.1007/978-3-031-35448-9_5, lire en ligne).
  3. (en) Amy L. Catalinac, « Why New Zealand Took Itself out of ANZUS: Observing “Opposition for Autonomy” in Asymmetric Alliances1: Why New Zealand Took Itself Out of ANZUS », Foreign Policy Analysis, vol. 6, no 4,‎ , p. 317–338 (DOI 10.1111/j.1743-8594.2010.00115.x, lire en ligne, consulté le ).
  4. (en) Leo Tamamizu, « The Losing Battle of Goliath: the Failed Management of an American Alliance and the Asymmetric Intra-Alliance Negotiation under the ANZUS Dispute (1984-1986) », Political Science,‎ , p. 1–24 (ISSN 0032-3187 et 2041-0611, DOI 10.1080/00323187.2023.2290524, lire en ligne, consulté le ).
  5. Leva, A. (2023). The US–Australia Relations in the Mid-1980s: A Case of Alliance Persistence. In The Weaker Voice and the Evolution of Asymmetric Alliances (pp. 109-125). Cham: Springer International Publishing.
  6. a et b (en) Dr Noor Imad Turki, « Anzus treaty and its role in the Australian-US relations after 2001 », Iraqi Journal Of Political Science, no 9,‎ (lire en ligne, consulté le )

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]