« Loi de l'immigration chinoise de 1923 » : différence entre les versions

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La '''loi de l'immigration chinoise de 1923''' (''Chinese Immigration Act'', parfois aussi appelée au sein de la communauté [[Sino-Canadiens|sino-canadienne]] en anglais ''Chinese Exclusion Act'', ou « loi d'exclusion des Chinois »<ref>La loi de l'immigration chinoise de 1923 ne doit pas être confondue avec des lois [[États-Unis|américaine]] similaires, notamment la [[loi d'exclusion des Chinois]].</ref>) était une loi votée par le gouvernement canadien visant à interdire la plupart des formes d'[[immigration]] de ressortissants chinois vers le [[Canada]].
La '''loi de l'immigration chinoise de 1923''' (''{{lang|en|Chinese Immigration Act}}'', parfois aussi appelée au sein de la communauté [[Sino-Canadiens|sino-canadienne]] en anglais ''{{lang|en|Chinese Exclusion Act}}'', ou « loi d'exclusion des Chinois »<ref>La loi de l'immigration chinoise de 1923 ne doit pas être confondue avec des lois [[États-Unis|américaine]] similaires, notamment la [[loi d'exclusion des Chinois]].</ref>) était une loi votée par le gouvernement canadien visant à interdire la plupart des formes d'[[immigration au Canada|immigration de ressortissants chinois vers le Canada]].


Avant 1923, l'immigration chinoise vers le Canada était fortement régulée par la [[loi de l'immigration chinoise de 1885]], qui imposait une [[taxe d'entrée]] à tous les immigrés de Chine. Suite à la pression de membres du gouvernement fédéral et de gouvernements [[Province du Canada|provinciaux]] (notamment celui de la [[Colombie Britannique]]), la loi de l'immigration chinoise fut votée, et entra en vigueur au {{1er}} juillet 1923. La loi interdisait l'entrée du territoire à toute personne chinoise, à l'exception des marchands, [[Diplomatie|diplomate]]s, étudiants étrangers, et sauf «&#160;circonstances spéciales&#160;» (une exception dont bénéficia la famille de [[Adrienne Clarkson]], la vingt-sixième [[Gouverneur général du Canada|gouverneure générale du Canada]]).
Avant 1923, l'immigration [[Chinois (nation)|chinoise]] vers le Canada était fortement régulée par la [[loi de l'immigration chinoise de 1885]], qui imposait une [[taxe d'entrée]] à tous les immigrés de Chine. À la suite de la pression de membres du gouvernement fédéral et de gouvernements [[Province du Canada|provinciaux]] (notamment celui de la [[Colombie-Britannique]]), la loi de l'immigration chinoise fut votée, et entra en vigueur au {{date-|1 juillet 1923}}. La loi interdisait l'entrée du territoire à toute personne chinoise, à l'exception des marchands, [[Diplomatie|diplomates]], étudiants étrangers, et sauf « circonstances spéciales » (une exception dont bénéficia la famille de [[Adrienne Clarkson]], la vingt-sixième [[Gouverneur général du Canada|gouverneure générale du Canada]]).


Cette loi ne s'appliquait pas qu'aux ressortissants de [[Civilisation chinoise|Chine]], mais aussi aux populations considérées d'« ethnicité chinoise », y compris notamment les ressortissants de [[Hong Kong]] possédant la citoyenneté [[Royaume-Uni|britannique]].
Cette loi ne s'appliquait pas qu'aux ressortissants de [[Chine]], mais aussi aux populations considérées d'« ethnicité chinoise », y compris notamment les ressortissants de [[Hong Kong]] possédant la citoyenneté [[Royaume-Uni|britannique]].


L'entrée en vigueur de la loi correspond à la [[fête du Dominion]] (''Dominion Day''), et de nombreux Sino-canadiens refusent alors de participer à la célébration, baptisant ce jour ''Humiliation Day''.
L'entrée en vigueur de la loi correspond à la [[Fête du Canada|fête du Dominion]] (''Dominion Day''), et de nombreux Sino-canadiens refusent alors de participer à la célébration, baptisant ce jour ''Humiliation Day''.


Au lendemain de la [[Seconde Guerre mondiale]], la prise de conscience provoquée par la découverte des [[Camp de concentration|camps de concentration]] et d'[[Camp d'extermination|extermination]] [[Allemagne nazie|nazi]]s et le rôle joué par les soldats sino-canadiens et sino-américains pendant le conflit aboutit à l'abrogation de la loi le 14 mai [[1947]], nécessaire pour l'entrée en vigueur de la [[loi sur la citoyenneté canadienne de 1946]] le {{1er}} juillet 1947. L'immigration chinoise indépendante vers le Canada n'aura cependant véritablement lieu qu'après la libéralisation des politiques d'immigrations canadiennes en 1967.
Au lendemain de la [[Seconde Guerre mondiale]], la prise de conscience provoquée par la découverte des [[Camp de concentration|camps de concentration]] et d'[[Camp d'extermination|extermination]] [[Allemagne nazie|nazis]] et le rôle joué par les soldats sino-canadiens et sino-américains pendant le conflit aboutit à l'abrogation de la loi le {{date|14 mai 1947}}, nécessaire pour l'entrée en vigueur de la [[loi sur la citoyenneté canadienne de 1946]] le {{date-|1 juillet 1947}}. L'immigration chinoise indépendante vers le Canada n'aura cependant véritablement lieu qu'après la libéralisation des politiques d'immigrations canadiennes en 1967.


==Compensation==
== Compensation ==
[[Image:Chinese-Canadian Soldiers-WW2.jpg|thumb|300px|right|Soldats sino-canadiens de la ''[[South East Asia Command]]'' à Thursley, en [[Angleterre]], en novembre [[1945]].]]
[[Image:Chinese-Canadian Soldiers-WW2.jpg|vignette|300px|droite|Soldats sino-canadiens de la ''[[South East Asia Command]]'' à Thursley, en [[Angleterre]], en novembre [[1945]].]]
Les descendants d'immigrés forcés à payer la [[taxe d'entrée]] ont fait pression pour réclamer un dédommagement et des excuses de la part du gouvernement chinois. Plusieurs propositions de loi ont été discutées par la [[Chambre des communes du Canada]] visant à l'indemnisation des populations immigrées chinoises, la première ayant été rédigée en 2002 et adoptée une première fois à la Chambre en décembre 2003, intitulée «&#160;loi sur la reconnaissance et l’indemnisation des Canadiens d’origine chinoise&#160;» (aussi abrégée C-333).
Les descendants d'immigrés forcés à payer la [[taxe d'entrée]] ont fait pression pour réclamer un dédommagement et des excuses de la part du gouvernement canadien. Plusieurs propositions de loi ont été discutées par la [[Chambre des communes du Canada]] visant à l'indemnisation des populations immigrées chinoises, la première ayant été rédigée en 2002 et adoptée une première fois à la Chambre en {{date-|décembre 2003}}, intitulée « loi sur la reconnaissance et l’indemnisation des Canadiens d’origine chinoise » (aussi abrégée C-333).


Le [[député]] à la Chambre des communes [[Raymond Chan]], premier [[Sino-Canadiens|Sino-Canadien]] à obtenir un poste au [[Cabinet du Canada|Cabinet fédéral]], fut pressé de militer pour ces réparations lors de sa campagne électorale en [[2006]].
Le [[député]] à la Chambre des communes [[Raymond Chan]], premier [[Sino-Canadiens|Sino-Canadien]] à obtenir un poste au [[Cabinet du Canada|Cabinet fédéral]], fut pressé de militer pour ces réparations lors de sa campagne électorale en [[2006]].


Le 22 juin 2006, le [[Premier ministre]] [[Stephen Harper]] prononça une allocution reconnaissant «&#160;les stigmates et l’exclusion subies à cette occasion par les Chinoises et les Chinois&#160;», «&#160;le coût élevé que représentait cette taxe pour les nombreux parents restés en Chine et qui n’avaient pu se retrouver&#160;» et annonçant que «&#160;le gouvernement du Canada offrira des paiements symboliques aux personnes qui ont été soumises à la taxe d’entrée et qui sont encore vivantes et aux conjoints de celles qui sont décédées&#160;»<ref>{{fr}} [http://www.pm.gc.ca/fra/media.asp?id=1220 Allocution du Premier ministre sur la réparation pour la taxe d'entrée imposée aux Chinois, sur le site du Cabinet du Premier ministre]</ref>.
Le {{date-|22 juin 2006}}, le [[Premier ministre]] [[Stephen Harper]] prononça une allocution reconnaissant « les stigmates et l’exclusion subies à cette occasion par les Chinoises et les Chinois », « le coût élevé que représentait cette taxe pour les nombreux parents restés en Chine et qui n’avaient pu se retrouver » et annonçant que « le gouvernement du Canada offrira des paiements symboliques aux personnes qui ont été soumises à la taxe d’entrée et qui sont encore vivantes et aux conjoints de celles qui sont décédées »<ref>{{fr}} [http://www.pm.gc.ca/fra/media.asp?id=1220 Allocution du Premier ministre sur la réparation pour la taxe d'entrée imposée aux Chinois, sur le site du Cabinet du Premier ministre]</ref>.


==Notes==
== Notes ==
{{Références}}
<references/>


== Articles connexes ==
==Voir aussi==
* [[Loi d'exclusion des Chinois]]
* [[Loi d'exclusion des Chinois]] (États-Unis)
* [[Sino-Canadiens]]
* [[Sino-Canadiens]]


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[[en:Chinese Immigration Act, 1923]]
[[Catégorie:Diaspora chinoise au Canada]]
[[zh:1923年華人移民法案]]

Dernière version du 25 avril 2024 à 16:12

La loi de l'immigration chinoise de 1923 (Chinese Immigration Act, parfois aussi appelée au sein de la communauté sino-canadienne en anglais Chinese Exclusion Act, ou « loi d'exclusion des Chinois »[1]) était une loi votée par le gouvernement canadien visant à interdire la plupart des formes d'immigration de ressortissants chinois vers le Canada.

Avant 1923, l'immigration chinoise vers le Canada était fortement régulée par la loi de l'immigration chinoise de 1885, qui imposait une taxe d'entrée à tous les immigrés de Chine. À la suite de la pression de membres du gouvernement fédéral et de gouvernements provinciaux (notamment celui de la Colombie-Britannique), la loi de l'immigration chinoise fut votée, et entra en vigueur au . La loi interdisait l'entrée du territoire à toute personne chinoise, à l'exception des marchands, diplomates, étudiants étrangers, et sauf « circonstances spéciales » (une exception dont bénéficia la famille de Adrienne Clarkson, la vingt-sixième gouverneure générale du Canada).

Cette loi ne s'appliquait pas qu'aux ressortissants de Chine, mais aussi aux populations considérées d'« ethnicité chinoise », y compris notamment les ressortissants de Hong Kong possédant la citoyenneté britannique.

L'entrée en vigueur de la loi correspond à la fête du Dominion (Dominion Day), et de nombreux Sino-canadiens refusent alors de participer à la célébration, baptisant ce jour Humiliation Day.

Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, la prise de conscience provoquée par la découverte des camps de concentration et d'extermination nazis et le rôle joué par les soldats sino-canadiens et sino-américains pendant le conflit aboutit à l'abrogation de la loi le , nécessaire pour l'entrée en vigueur de la loi sur la citoyenneté canadienne de 1946 le . L'immigration chinoise indépendante vers le Canada n'aura cependant véritablement lieu qu'après la libéralisation des politiques d'immigrations canadiennes en 1967.

Compensation[modifier | modifier le code]

Soldats sino-canadiens de la South East Asia Command à Thursley, en Angleterre, en novembre 1945.

Les descendants d'immigrés forcés à payer la taxe d'entrée ont fait pression pour réclamer un dédommagement et des excuses de la part du gouvernement canadien. Plusieurs propositions de loi ont été discutées par la Chambre des communes du Canada visant à l'indemnisation des populations immigrées chinoises, la première ayant été rédigée en 2002 et adoptée une première fois à la Chambre en , intitulée « loi sur la reconnaissance et l’indemnisation des Canadiens d’origine chinoise » (aussi abrégée C-333).

Le député à la Chambre des communes Raymond Chan, premier Sino-Canadien à obtenir un poste au Cabinet fédéral, fut pressé de militer pour ces réparations lors de sa campagne électorale en 2006.

Le , le Premier ministre Stephen Harper prononça une allocution reconnaissant « les stigmates et l’exclusion subies à cette occasion par les Chinoises et les Chinois », « le coût élevé que représentait cette taxe pour les nombreux parents restés en Chine et qui n’avaient pu se retrouver » et annonçant que « le gouvernement du Canada offrira des paiements symboliques aux personnes qui ont été soumises à la taxe d’entrée et qui sont encore vivantes et aux conjoints de celles qui sont décédées »[2].

Notes[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]