Abbaye de Freistroff

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Abbaye de Freistroff
image de l'abbaye
Article à illustrer
Diocèse Diocèse de Metz
Patronage Sainte Marie
Saint Gengoul
Numéro d'ordre (selon Janauschek) DCCXXXIV (734)[1]
Fondation 1130
Dissolution 1790
Abbaye-mère Saint-Pierremont (1130-1144)
Justemont (fin XIIe siècle)
Sainte-Croix (?-1210)
Morimond (1470-1790)
Lignée de Morimond (1470-1790)
Abbayes-filles Aucune
Congrégation Augustiniens (1130-1144)
Prémontrés (?-1210)
Cisterciennes (1210-1460)
Cisterciens (1460-1790)
Coordonnées 49° 16′ 54″ N, 6° 29′ 32″ E[2]
Pays Drapeau de la France France
Province Duché de Lorraine
Région Grand Est
Département Moselle
Commune Freistroff
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Abbaye de Freistroff
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Abbaye de Freistroff
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Abbaye de Freistroff

L’abbaye de Freistroff est une ancienne abbaye cistercienne située sur l'actuelle commune éponyme, dans le département de la Moselle. Elle fut fondée au XIIe siècle.

Toponymie[modifier | modifier le code]

Anciennes mentions : Abbatissa et conventus de Fristorf (1292), Monasterium Sanctæ-Mariæ in Fristorff (1334), Conventus monasterii de Freistorff ordinis Cisteriencis (1338), Abbaye de Notre-Dame de Freistroff (1573), Fraystorff, abb. de l'ordre de Cisteaux (1594)[3].

Histoire[modifier | modifier le code]

Premières fondations[modifier | modifier le code]

L'abbaye est fondée en 1130 ou peu avant par Viric[4] (ou Wirich, ou encore Werry) de Walcourt (près de Namur en Belgique), avec l'appui de sa femme et de ses deux fils et cinq filles[5]. D'autres bienfaiteurs interviennent en 1137, en la personne du duc de Lorraine, Simon Ier, et de son épouse Adélaïde[4]. Cette première abbaye, confiée aux chanoines réguliers de saint Augustin, est placée sous la tutelle de l'abbaye de Saint-Pierremont et consacrée à sainte Marie ainsi qu'à saint Gengoul[6]. Parallèlement à cette installation de chanoines réguliers à Freistroff, l'évêque de Metz Étienne de Bar installe des cisterciens à l'abbaye de Villers-Bettnach[5].

Les moines de Freistroff ont cherché à acquérir une rapide émancipation vis-à-vis de la maison-mère de Saint-Pierremont, allant jusqu'à falsifier les chartes de fondation pour couper tout lien avec cette dernière[7]. D'autre part, Drogon se rend à Rome entre 1134 et 1137 pour faire confirmer sa position par le pape Innocent II. La crise institutionnelle se ressent dans les finances de l'abbaye : les moines ne restent que peu de temps en place, car le second abbé, Simon, en a dilapidé les biens, et le monastère est abandonné. Selon Augustin Calmet, cet abandon a lieu en 1137[4]. En réalité, cette date est à reconsidérer, car Drogon accomplit un second voyage à Rome en 1144[8].

Après une longue période de vacance, l'évêque de Metz Bertram (ou Bertrand) y installe des Prémontrés venus de l'abbaye de Justemont, puis de l'abbaye de Sainte-Croy. Mais ceux-ci abandonnent également rapidement l'abbaye[4]. À noter que Michel Parisse ne se prononce pas sur la présence de Prémontrés ; il mentionne, après Simon, trois autres abbés attestés vers la fin du XIIe siècle, sans préciser s'ils font partie, comme le pense Augustin Calmet, de l'ordre des Prémontrés, ou si ce sont toujours des chanoines de Saint-Augustin[9].

Les moniales cisterciennes[modifier | modifier le code]

En accord avec le duc de Lorraine Mathieu Ier, Bertram installe en 1210 des moniales cisterciennes[4], et les maintient malgré les protestations des Prémontrés[10].

En 1414, elles sont rejointes par des moniales de Marienfloss, située à Rettel, que Charles II de Lorraine avait décidé de transformer en chartreuse[4].

Les moines cisterciens[modifier | modifier le code]

En 1460, sans qu'on sache pour quelle raison, les religieuses sont remplacées par des moines du même ordre. L'abbaye de Freistroff s'affilie alors à celle de Morimond[2].

Au début du XVIIe siècle, et malgré les interdictions édictées par l'Église, l'abbaye de Freistroff se fait créditeur financier auprès des paysans de la région[11].

En 1658, un incendie ravage entièrement l'abbaye. Elle est reconstruite en 1681, et passe sous le régime de la commende : l'abbé est désormais un noble, qui ne réside que peu ou pas du tout au monastère, nommé par le roi, et qui en tire principalement des bénéfices financiers. L'abbaye de Freistroff subit ce régime jusqu'à la Révolution ; cependant, en 1749, Nicolas-Judes-Thadée Klély se démet volontairement de l'abbaye, qu'il confie à son neveu, Nicolas-Joseph Protais Sevin, qui, quoique commendataire, rétablit une forme de piété dans le monastère[12].

Fermeture à la Révolution[modifier | modifier le code]

Quoi qu'il en soit, l'état général de l'abbaye n'est guère brillant à la fin du XVIIIe siècle. Un autre incendie se produit en 1775. Il reste en 1790, en plus de l'abbé, trois religieux, trois convers, un novice et trois serviteurs. Le relevé des comptes indique que l'abbaye a une dette de 32 000 livres envers l'abbaye voisine de Villers-Bettnach[13].

L'abbaye est vendue le à Jacques Berweiller. En 1794, elle est réquisitionnée pour servir d'infirmerie militaire. En 1799, le domaine est démembré entre les familles Salmon, Berweiller, Brem, Poirier et Kiffer[13].

Après la Révolution[modifier | modifier le code]

Au XIXe siècle, la propriété de l'abbaye reste morcelée entre plusieurs propriétaires. L'église est partiellement détruite dès 1850[14].

La famille Salmon installe en 1844 une sucrerie, puis une brasserie dans l'ancienne abbaye. En 1880, une partie des terrains est cédée à une compagnie ferroviaire, qui fait passer la ligne près de l'usine, au milieu des terres de l'ancienne abbaye, la coupant en deux. Les bâtiments de la brasserie sont surélevés en 1884. À la fin du XIXe siècle, l'usine emploie treize ouvriers et produit cinq mille hectolitres de bière par an[15].

La partie orientale de l'ancienne abbaye appartient à la famille Didion en 1939. Elle subit un incendie destructeur en 1939. La famille Salmon est toujours propriétaire de la partie ouest de l'abbaye lorsque éclate la Seconde Guerre mondiale. L'usine est réquisitionnée par la Wehrmacht, et, le jour de Noël 1942, à la suite d'un négligence des soldats, le bâtiment est incendié. Tout est reconstruit après la guerre. À la fin du XXe siècle, seuls restent de l'abbaye originelle, dans la partie orientale, renommée « Domaine de l'abbaye », quelques piliers disposés le long de l'ancien mur de clôture[16].

Architecture et description[modifier | modifier le code]

Filiation et dépendances[modifier | modifier le code]

La Freistroff est fille de l'abbaye de Morimond

Liste des abbesses et abbés[modifier | modifier le code]

Ordre non connu
Prémontrés ?
  • Arnoul (date inconnue)
  • Jean (attesté en 1178)
  • Beaudoin (attesté de 1179 à au moins 1186)
Abbesses cisterciennes
  • 1283-1310 : Marie
  • 1310-1314 : Isabelle de Maingues
  • 1314-1346 : Guille de Salle-Bruche
  • 1346-1379 : Helé
  • 1379-1399 : Ermenson de Bergh
  • 1399-1402 : ?
  • 1402-1410 : Avels Aubrione
  • 1410-1430 : Agnès
  • 1430-1446 : Schmit de Dermenstein
  • 1446-1460 : Irmengarde de Dahlem
Abbés cisterciens réguliers
  • 1461-1480 : Mathias de Betting
  • 1480-1504 : Jacques
  • 1504-1512 : Claude de Dampbelin
  • 1512-1524 : Jean
  • 1524-1556 : Étienne de Senones
  • 1556-1594 : Didier Colligny
  • 1594-1600 : Nicolas Sellier
  • 1600-1626 : François Genneval
  • 1626-1652 : Claude Genneval
  • 1652-1658 : Claune Aubry
Abbés cisterciens commendataires
  • 1681-1705 : François-Nicolas Perin
  • 1705-1740 : Pierre Aubertot
  • 1740-1749 : Nicolas-Judes-Thadée Klély
  • 1749-1790 : Nicolas-Joseph Protais Sevin[12]

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Les actes disponibles dans les archives de l'abbaye, et qui ont induit en erreur Augustin Calmet, évoquent un début d'abbatiat en 1130. En réalité, Drogon n'est abbé qu'à partir de 1134 ; c'est le document falsifié qui indique une date antérieure afin de se démarquer de l'abbaye mère de Saint-Pierremont[7].

Références[modifier | modifier le code]

  1. (la) Leopold Janauschek, Originum Cisterciensium : in quo, praemissis congregationum domiciliis adjectisque tabulis chronologico-genealogicis, veterum abbatiarum a monachis habitatarum fundationes ad fidem antiquissimorum fontium primus descripsit, t. I, Vienne, , 491 p. (lire en ligne), p. 279.
  2. a et b « Freistroff », sur cistercensi.info, Ordre cistercien (consulté le ).
  3. Ernest de Bouteiller, Dictionnaire topographique de l'ancien département de la Moselle : comprenant les noms de lieu anciens et modernes ; rédigé en 1868 sous les auspices de la Société d'archéologie et d'histoire de la Moselle, Paris, Imprimerie nationale, (1re éd. 1868), 316 p. (OCLC 4307736, lire en ligne), « Freistroff (l'abbaye de) », p. 91.
  4. a b c d e et f Augustin Calmet 1840, p. 394.
  5. a et b Michel Parisse 2000, « Les conditions de la fondation », p. 31.
  6. Michel Parisse 2000, « Les conditions de la fondation », p. 30.
  7. a et b Michel Parisse 2000, « Les conditions de la fondation », p. 32.
  8. Michel Parisse 2000, « Les bulles », p. 33 & 34.
  9. Michel Parisse 2000, « En résumé : les débuts de Freistroff », p. 35.
  10. Michel Parisse 2000, Avant-propos, p. 29.
  11. Jean-Michel Benoît 1992, p. 75.
  12. a b et c Augustin Calmet 1840, p. 395.
  13. a et b Jean-Michel Benoît 1992, « Inventaire révolutionnaire ».
  14. « Carte d'État-Major » sur Géoportail (consulté le 28 janvier 2015)..
  15. Jean-Michel Benoît 1992, « XIXe siècle ».
  16. Jean-Michel Benoît 1992, « XXe siècle ».

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • [Augustin Calmet 1840] Augustin Calmet, Notice de la Lorraine : qui comprend les duchés de Bar et de Luxembourg, l'électorat de Trèves, les trois évêchés (Metz, Toul et Verdun), t. 1er, Lunéville, George, , 2e éd. (1re éd. 1756), 521 p. (lire en ligne), « Freistroff, abbaye de Cîteaux », p. 394-397
  • [Jean-Michel Benoît 1992] Jean-Michel Benoît, L'abbaye cistercienne de Freistroff, Société d'histoire et d'archéologie de la Lorraine, section des Pays de la Nied, , 120 p. (lire en ligne)
  • [Michel Parisse 2000] Michel Parisse, « L’abbaye de Freistroff au XIIe siècle », Les cahiers lorrains, vol. 79, no 1,‎ , p. 29-46 (ISSN 0758-6760, lire en ligne, consulté le )

Liens externes[modifier | modifier le code]