Josephine Fallscheer-Zürcher

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Josephina Therese Zürcher
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Josephine Fallscheer-Zürcher, née le à Zurich et décédée le à Stuttgart, est une médecin germano-suisse connue pour être l'une des premières femmes médecin de l'Empire ottoman.

Biographie[modifier | modifier le code]

Famille[modifier | modifier le code]

Josephine Zürcher est le quatrième enfant d'Anna-Barbara Hirt et de Karl Joseph Eduard Zürcher, concierge[2] de l'École polytechnique fédérale de Zurich[3]. Ses parents sont des amis proches du nouvelliste Gottfried Keller, qui assiste à son baptême[3]. Après la mort de son père en 1876[4], elle passe quatre ans dans un orphelinat[2].

Éducation[modifier | modifier le code]

Après l'École normale pour institutrices[2], seul moyen à l'époque pour les femmes d'obtenir une maturité[5], Josephine Zürcher entame en 1886 des études de médecine à l'Université de Zurich. Elle est la cinquième femme à s'inscrire à l'examen d'État pour devenir médecin en 1891[6]. Mais même si elle est autorisée à travailler comme médecin en Suisse, les hôpitaux refusent de l'employer[7]. De décembre 1891 à avril 1894, elle remplace une femme médecin dans son cabinet à Berne[8]. Elle retourne se concentrer sur ses études et obtient son doctorat avec une thèse sur Jeanne d'Arc d'un point de vue psychologique et psychopathologique en 1895[9],[10]. Elle est la treizième Suissesse à obtenir un doctorat en médecine[10]. Son directeur de thèse est le psychiatre suisse Auguste Forel, qui lui a également suggéré le sujet de sa thèse[9].

Vie professionnelle[modifier | modifier le code]

Après avoir obtenu son diplôme, Josephine Zürcher part à Dresde où elle travaille dans le service de gynécologie du sanatorium d'Heinrich Lahmann (en)[11]. C'est à Dresde qu'elle entre en contact avec Alfred Ilg, un conseiller suisse du roi d'Abyssinie Menelik II qui veut la recruter comme infirmière pour les femmes nobles d'Addis Abeba[10]. Josephine Zürcher refuse après avoir appris que Menelik II ne la paiera qu'en territoire et non en monnaie[10]. À peu près au même moment, l'orientaliste allemand Johannes Lepsius[2],[12] l'encourage à créer une clinique pour les Arméniens à Urfa[2]. Après quelques négociations, elle est autorisée à entrer dans l'Empire ottoman en tant que médecin à la condition qu'elle s'habille en homme quand elle n'est pas dans un environnement exclusivement féminin[13].

Empire Ottoman[modifier | modifier le code]

En mai 1897, elle quitte la Suisse et voyage de Trieste à Beyrouth sur un navire de la Lloyds autrichien[14]. En passant par Sandjak d'Alexandrette et Alep, elle atteint Urfa le 3 juillet 1897[14]. Au cours de ce voyage au sein d'une caravane, elle séjourne dans plusieurs villages kurdes et soigne le chef tribal kurde Ibrahim Pacha[15]. À Urfa, elle établi une clinique pour la Charité arménienne (plus tard la Mission orientale allemande)[2] dans laquelle elle est assistée par l'Arménien Abraham Attarian[16]. Les soins sont généralement gratuits, mais avec les personnes aisées, une rémunération est convenue[17]. Son séjour à Urfa est écourté, car les autorités ottomanes lui interdisent de continuer son travail de médecin à Urfa[18]. En mars 1898, Josephine Zürcher reçoit un permis pour exercer comme médecin dans le Vilayet d'Alep[18] à la suite de quoi elle et son mari s'installent à Alep où ils établissent un cabinet[19]. Elle est le seul médecin européen dans la région[20], ce qui lui donne un statut auprès de la population locale aussi bien que dans les cercles européens[20]. Lors d'une épidémie de choléra, elle ouvre une pharmacie[12]. Peu de temps après, le responsable du gouvernement local exige un renouvellement de la licence de la clinique[12]. Plus tard, il exige également que les pharmacies ne soient autorisées à fournir des services qu'avec une licence ottomane[12]. Après davantage d'obstacles[12], elle décide de passer à autre chose[21].

Entre 1904 et 1905, elle remplace le médecin de l'hôpital missionnaire allemand de Marash[22]. En 1905, elle établit un cabinet à Antakya[23]. En 1905, son mari se voit offrir un emploi de comptable à la Deutsche Palästina-Bank (en) et elle accepte de le suivre à Haïfa, la ville de la jeunesse de son mari[24]. La décision n'est pas été facile, car sa passion est son travail de médecin et l'emploi de son mari signifie qu'elle doit mettre fin à son travail à Antakya[20]. Mais son salaire dépend de ce que ses clients peuvent donner et du fait que l'emploi de son mari fournit à la famille un revenu régulier et donc elle accepte de déménager à Haïfa[20].

Palestine[modifier | modifier le code]

À Haïfa, Josephine Fallscher est médecin pour les villages environnants et la communauté Bahai à Haïfa[2]. Elle s'installe à Naplouse en 1912 et y ouvre un cabinet médical privé. En octobre 1915, son mari doit liquider la succursale locale de la Deutsche Palästina-Bank (en) à Naplouse en raison du déclenchement de la Première Guerre mondiale[25].

Après l'installation de la famille à Jérusalem, Josephine Zürcher empêche la fermeture de l'hôpital allemand car, contrairement au médecin-chef par intérim, elle est en possession d'un permis des autorités ottomanes pour agir en tant que médecin dans les provinces syriennes[26].

Comme son mari est enrôlé pour se battre dans la Premiere Guerre mondiale[25], elle décide de retourner en Allemagne en 1917 où elle est médecin à Stuttgart[27].

Elle retourne une fois de plus au Proche-Orient entre 1922 et 1930 avant de s'installer à Stuttgart pour les deux dernières années de sa vie[28].

Vie privée[modifier | modifier le code]

En 1899, Josephine Zürcher épouse Henry Fallscher[2] au consulat allemand et devient citoyenne allemande[29]. Elle donne naissance à une fille en septembre 1901[30].

Elle meurt le 10 juillet 1932 à Stuttgart[2].

Références[modifier | modifier le code]

  1. « https://zbcollections.ch/home/#/content/314fb45a2dd54d9aa8e05bab286536ac » (consulté en )
  2. a b c d e f g h et i Hans-Lukas Kieser (trad. Eva Maier), « Josephine Fallscheer-Zürcher » dans le Dictionnaire historique de la Suisse en ligne, version du .
  3. a et b Tewarson 2018, p. 53-54
  4. Tewarson 2018, p. 57
  5. (de) Roland Jeanneret (de), « Unsere verkannten Visionäre », sur Journal21 (de), (consulté le )
  6. Frutiger 1987, p. 44–45.
  7. Frutiger 1987, p. 46.
  8. Frutiger 1987, p. 49–50.
  9. a et b Frutiger 1987, p. 51.
  10. a b c et d Stalder 2020, p. 188.
  11. Frutiger 1987, p. 58–59.
  12. a b c d et e Stalder 2020, p. 189.
  13. Frutiger 1987, p. 61.
  14. a et b Frutiger 1987, p. 64.
  15. Frutiger 1987, p. 64–72.
  16. Frutiger 1987, p. 72.
  17. Frutiger 1987, p. 74.
  18. a et b Frutiger 1987, p. 78–79.
  19. Frutiger 197, p. 83.
  20. a b c et d Frutiger 1987, p. 85.
  21. Stalder 2020, p. 190.
  22. Frutiger 197, p. 91.
  23. Frutiger 1987, p. 98–99.
  24. Frutiger 1987, p. 101.
  25. a et b Tewarson 2018, p. 63-64
  26. Frutiger 1987, p. 131.
  27. Frutiger 1987, p. 138.
  28. Frutiger 1987, p. 149–159.
  29. Frutiger 1987, p. 84.
  30. Tewarson 2018, p. 65.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (de) Uarda Frutiger, Ärztin im Orient auch wenn's dem Sultan nicht gefällt: Josephina Th. Zürcher (1866-1932), Schwabe, (ISBN 978-3-7965-0861-5)
  • (de) Helmut Stalder, « Verkannte Visionäre », Neue Zürcher Zeitung,‎ (ISBN 978-3-907291-21-4, lire en ligne, consulté le )
  • (de) Heidi Thomann Tewarson, Die ersten Zürcher Ärztinnen: Humanitäres Engagement und wissenschaftliche Arbeit zur Zeit der Eugenik, Schwabe AG, (ISBN 978-3-7965-3876-6, lire en ligne)

Liens externes[modifier | modifier le code]