Parti agraire national

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Parti agraire national
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Cadre
Forme juridique Syndicat professionnel
Fondation
Fondation 1897
Fondateur Paul-Antonin d'Hugues
Identité
Siège 30 avenue Rapp, Paris
Président Paul-Antonin d'Hugues
Secrétaire général Camille Jarre (d)
Membres 1 500 revendiqués en 1898[1]

Le Parti agraire national (P-A-N) est une formation politique agrarienne française fondée en 1897 par le vicomte d'Hugues, député royaliste et antisémite des Basses-Alpes.

Histoire[modifier | modifier le code]

Paul-Antonin d'Hugues, président-fondateur du P-A-N

Le Parti agraire national (P-A-N) est fondé en mai 1897 par le vicomte d'Hugues[2]. Membre de la Société des agriculteurs de France (SAF), D'Hugues considère que l'action de celle-ci est entravée par son ouverture aux industriels et aux financiers, dont certains sont juifs ou protestants[3]. Déjà président-fondateur du Syndicat agricole des Alpes, le vicomte d'Hugues utilise la loi Waldeck-Rousseau de 1884 pour créer le P-A-N sous la forme juridique d'un syndicat professionnel[4], ce qui doit permettre au parti de s'affranchir de l'approbation gouvernementale nécessaire à la constitution des autres types de société[3].

Publicité antisémite pour le P-A-N

Au moment du lancement du P-A-N, en juillet 1897, D'Hugues annonce que le parti aura « des tendances nettement antisémites », accueillant exclusivement des propriétaires et exploitants agricoles catholiques. Ses statuts excluent d'ailleurs les juifs et les protestants[5]. Ce sectarisme affiché fait écrire au journaliste républicain Édouard Sylvin que le P-A-N n'est qu'un « faux nez » du « parti clérical »[6]. De fait, plusieurs membres du parti, dont son fondateur, appartiennent également au comité Justice-Égalité (d) du Père Adéodat (d) Debauge[7].

Le P-A-N, qui compte présenter des candidats aux élections, réclame la réduction des impôts et des taxes concernant les agriculteurs[5]. Ses modèles sont la Ligue agraire allemande, le Parti agraire autrichien du comte Johann Ledebur-Wicheln (d) et la Ligue des paysans belges[4].

Le P-A-N a la même devise que plusieurs syndicats agricoles : « Le sol, c'est la patrie ». Elle figure sur une publicité, dessinée par Charles Huard, qui est diffusée dans la presse : on y voit une allégorie de la France agricole tenant d'une main une charrue et de l'autre le bluet, signe de ralliement des étudiants antisémites[5].

Le siège du parti est domicilié chez son président, le vicomte d'Hugues, au no 30 de l'avenue Rapp, à Paris, tandis que ses bureaux sont installés au no 6 de la rue de Monttessuy. Son secrétaire général est Camille Jarre (d)[8], ancien président du Groupe des étudiants antisémites. Le vice-président du parti est d'abord Émile Garnot, président du Syndicat des agriculteurs de la Manche[9], puis Jules Davost[8], vice-président du Syndicat des agriculteurs de la Loire-Inférieure.

Au début de l'année 1898, le P-A-N revendique 1 500 adhérents[1].

En vue des élections législatives de 1898, le P-A-N publie un manifeste contenant une plateforme programmatique en trois points : élection, sur le modèle des chambres de commerce, de chambres d'agricultures composées d'agriculteurs ; diminution des impôts agraires ; répression de l'agiotage et adoption de mesures visant à « défendre les intérêts français contre les Juifs et les spéculateurs cosmopolites »[10]. Le parti soutient notamment la candidature d'Henry de Coursac (d) dans la première circonscription de Poitiers[2] et celle de Joseph Lasies dans le Gers[11]. Malgré un contexte favorable à l'élection de plusieurs nouveaux députés « antijuifs », De Coursac est battu et D'Hugues perd son siège.

Encore actif en 1899[12], le P-A-N se fait ensuite oublier et semble avoir disparu moins de dix ans plus tard[13].

Adhérents notables[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b La Croix, 20 février 1898, p. 3.
  2. a b et c L’Écho du Centre (Blois), 11 décembre 1897, p. 1-2.
  3. a b c d e f g h i j k l et m La Libre Parole, 31 août 1897, p. 1.
  4. a et b L'Agriculture nationale, 24 juillet 1897, p. 469.
  5. a b et c La Libre Parole, 17 juillet 1897, p. 1.
  6. La Petite Gironde, 13 décembre 1897, p. 3.
  7. Bertrand Joly, Nationalistes et conservateurs en France : 1885-1902, Paris, Les Indes savantes, 2008, p. 329.
  8. a b c d e et f La Mayenne, 10 décembre 1897, p. 1.
  9. a b c et d La Croix, 21 octobre 1897, p. 4.
  10. L'Union conservatrice (Saint-Jean-d'Angély), 31 mai 1898, p. 1.
  11. La Croix, 4 juin 1898, p. 2.
  12. La Croix, 17 juin 1899, p. 3.
  13. L'Union nationale (Saint-Jean-d'Angély), 10 septembre 1908, p. 3.
  14. Le Peuple français, 7 décembre 1897, p. 2.
  15. La Vérité, 8 décembre 1897, p. 2.
  16. Bertrand Joly, Dictionnaire biographique et géographique du nationalisme français (1880-1900), Paris, Honoré Champion, 2005, p. 203.

Liens externes[modifier | modifier le code]

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