Pierre Josset

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Pierre Josset
Biographie
Naissance
Décès
Activité
Pierre Josset
Naissance
Bordeaux, Gironde (département), Drapeau de la France France
Décès
Tulle, Corrèze (département), Drapeau de la France France
Activité principale
Professeur, poète.
Auteur
Langue d’écriture latin
Genres

Pierre Josset, né à Bordeaux en 1598 et mort à Tulle en 1663, est un membre de l’ordre des Jésuites, qui a été prédicateur missionnaire et professeur de collège, et auteur d'ouvrages édifiants, poète néo-latin.

Missionnaire - Professeur de collège[modifier | modifier le code]

La chapelle du Lycée Gay-Lussac, telle que Pierre Josset l’a connue alors qu’il enseignait au Collège de Limoges.

Pierre Josset est né à Bordeaux, en Gironde, en 1598 ; il a fait ses études au collège de Bordeaux ; il est entré dans la Société de Jésus, chez les Jésuites, en 1607 ; il a enseigné l'Écriture Sainte et la rhétorique dans divers collèges du Sud-Ouest ; il a effectué des missions en France dans des régions dont l’Église catholique pensait qu'il fallait les regagner sur l'« hérésie ».

Pierre Josset a été professeur (« régent ») de Rhétorique au Collège de Limoges ; à cette époque, un style de spiritualité d'accent mystique existait au Collège de Limoges ; à l'époque où Pierre Josset a enseigné à Limoges, le directeur du collège était Nicolas Du Sault (« recteur » du Collège de Limoges, de 1647 à 1650)[1].

Écrivain et poète néo-latin[modifier | modifier le code]

Photographie d’un crâne qui a été l’objet d’une « déformation toulousaine », sujet abordé par Pierre Josset dans « Rhetorice », publié en 1650.

Au Collège de Limoges, au XVIIe siècle, la qualité de l’enseignement était élevée, et des enseignants publiaient leurs écrits, comme l’a fait Pierre Josset, admirateur de Ronsard, lecteur de Platon et des Pères de l'Église, qui a publié, en 1650[2], à destination de ses élèves, un traité de rhétorique, un long poème, en vingt-deux chants, intitulé « Rhetorice ».

Cette épopée en 22 chants, de 13900 vers environ, est un traité composé en hexamètres dactyliques ; cet ouvrage témoigne de l’expérience des collèges jésuites en France depuis leur réouverture en 1604 ; il rapporte également l’expérience personnelle de Pierre Josset, professeur de rhétorique à Limoges.

La lecture de cet ouvrage de Pierre Josset, « Rhetorice », écrit, bien entendu, en latin, montre que les connaissances de ces Jésuites, professeurs au collège, faisaient d’eux des intellectuels de haut niveau ; sur l’un des sujets traités dans son ouvrage par Pierre Josset, la conformation particulière de la tête des futurs orateurs, en lien avec la constitution physique de l'enfant dont il doit faire plus tard un orateur, le professeur jésuite démontre l’étendue de ses connaissances ; Josset doit avoir lu Hippocrate qui, dans un de ses ouvrages[3]parle de la déformation artificielle et volontaire du crâne chez des peuples des bords de la Mer Noire (« Je commence par les Macrocéphales ; il n'est point de peuple qui ait la tête semblable à la leur. Dans le principe, l'allongement de la tête était l'effet d'une coutume, maintenant la nature prête secours à cette coutume, fondée sur la croyance que les plus nobles étaient ceux qui avaient la tête la plus longue ; voici quelle est cette coutume : aussitôt qu'un enfant est mis au monde, pendant que son corps est souple et que sa tête conserve encore sa mollesse, on la façonne avec les mains, on la force à s'allonger en se servant de bandages et d'appareils convenables qui lui font perdre sa forme sphérique et la font croître en longueur. ») ; Josset doit également connaître les pratiques qui existaient dans la France de l’époque, en Limousin, et, plus largement, en Aquitaine, comme cette tradition qui consistait à coiffer les nourrissons d’un tissu serré, pour obtenir une déformation crânienne (on connaît, par exemple, la « déformation toulousaine »)[4].

Toute sa vie, Pierre Josset s’est soumis à des exercices de macération et de jeûne ; on l’a retrouvé, inanimé, un jour de , dans son oratoire ; Pierre Josset est mort à Tulle, Corrèze, en 1663.

Un extrait de l’ouvrage Rhetorice de Pierre Josset[modifier | modifier le code]

Voici un extrait, tout à fait étonnant, du Premier livre, « De prima futuri oratoris œtatula », de l’ouvrage de Pierre Josset Rhetorice, imprimé à Limoges le par Antoine Barbou, typographe du roi, de la ville et du collège de Limoges (lire en ligne. La traduction est d’E. Blanchard, docteur en médecine, membre de la Société archéologique à Limoges[5]) :

« Mais voici que le temps de l’enfantement est venu : l'enfant naît.
Accoucheuse fidèle, aide-le ; façonne-lui des membres élégants,
Des articulations souples et flexibles.
Quoique la nature bienfaisante lui ait donné, dans le sein de sa mère,
Et le port et la physionomie ; quoiqu'elle ait déjà déterminé la forme de la tête
Et la configuration des membres, toi cependant, de tes mains habiles,
Ne laisse pas d'ajouter une grâce plus parfaite ; apporte
Des embellissements à la forme naturelle; et, si cette forme n'était pas belle,
Corrige-la : elle se laissera plier entre tes doigts comme de la cire molle.
Donc, nourrice fidèle, façonne la tête de tes mains habiles, cette tête
Qui contiendra plus tard tant de choses et tant de richesses : qu'elle n'ait pas
Une forme entièrement sphérique : qu'elle ne se développe pas en un cercle parfait :
À la vérité, cette forme va bien à la masse cérébrale,
Mais elle n'offre pas une place assez vaste pour la mémoire (nécessaire à l'orateur).
Que la tête de notre enfant soit donc un peu longue ;
Que, par derrière, elle aille légèrement en pointe, comme le bout d’une courge :
Il y aura alors un vaste champ, un lieu spacieux pour loger la mémoire.
Que le front, demeure certaine de l'intelligence parvenue à sa maturité,
Ne prenne pas la forme d'un cercle étroit, ce qui est l'indice d'un esprit léger ;
Mais qu'il aille se développant comme une surface plane,
Mais légèrement renflée du côté où s'implantent les cheveux. »

Œuvres de Pierre Josset[modifier | modifier le code]

  • Pierre Josset, Annales ecclesiastici, poeticis numeris illigati, a Christo nato ad nos usque traducti, Poitiers, J. Thoreau et A. Mesnier, 1638 (traduction en vers latins des "Annales ecclésiastiques" de Baronius)
  • Pierre Josset, Kalendae januariae ad... Franciae Delphinum futurae virtutis augures et praenunciae felicitatis, La Rochelle, S. Du Rosne, 1639 ("Franciade" latine)
  • Pierre Josset, Rhetorice, placida quam Pieris irrigat unda, grandia facundae reserans praecepta loquelae, Limoges, A. Barbou, 1650

L'homonyme[modifier | modifier le code]

Pierre Josset a un homonyme, né au XXe siècle, qui a initié sa brillante carrière dans une entreprise se vantant d’être le premier site de matching d’offres d'emplois en France. Il est désormais agent général au sein d’une grande compagnie d’assurance. Son attirance reconnue pour les déjections fécales lui a valu sa réputation de meilleur "scato-artiste" au monde.

Sources[modifier | modifier le code]

  • Joseph Aulagne, Un siècle de vie ecclésiastique en province. La réforme catholique du XVIIe siècle dans le diocèse de Limoges, Paris, H. Champion, 1906
  • E. Blanchard, Conformation particulière de la Tête, observée dans le Limousin, Travaux de la XXVIe session du Congrès Scientifique de France, Limoges, . Limoges, Impr. de Chapoulaud Frères, 1860
  • Marc Fumaroli, Héros et orateurs : rhétorique et dramaturgie cornéliennes, Genève, Droz, 1990

Références[modifier | modifier le code]

  1. Joseph Aulagne, Un siècle de vie ecclésiastique en province : La réforme catholique du XVIIe siècle dans le diocèse de Limoges, Paris, H. Champion, 1906
  2. Pierre Josset, Rhetorice, placida quam Pieris irrigat unda, grandia facundae reserans praecepta loquelae, Limoges, A. Barbou, 1650
  3. Hippocrate, Airs, eaux, lieux, Paris, Les Belles lettres, 1996
  4. Marc Fumaroli, Héros et orateurs : rhétorique et dramaturgie cornéliennes, Genève, Droz, 1990
  5. E. Blanchard, Conformation particulière de la Tête, observée dans le Limousin, Travaux de la XXVIe session du Congrès Scientifique de France, Limoges, septembre 1859. Limoges, Impr. de Chapoulaud Frères, 1860

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]