Utilisateur:Othrod/Guerre soviéto-lituanienne

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Guerre soviéto-lituanienne
Photo noir et blanc d'un grand nombre d'hommes sur plusieurs rangs devant des baraquements en bois.
Prisonniers de guerre soviétiques dans un camp lituanien. Au , les Lituaniens détiennent 1 773 prisonniers soviétiques[1].
Informations générales
Date -
Lieu Drapeau de la Lituanie Lituanie
Casus belli Invasion de la Lituanie par la RSFSR
Issue Défaite soviétique
Belligérants
Drapeau de la Lituanie Lituanie
Drapeau de la république de Weimar Volontaires saxons
Drapeau de la république socialiste fédérative soviétique de Russie RSFS de Russie
 RSS lituano-biélorusse
Drapeau de la Pologne Pologne (à partir de mars 1919) Armée occidentale des volontaires (à partir de juin 1919)
Commandants
Silvestras Žukauskas
Povilas Plechavičius (en)
Walter von Eberhardt
Andreï Snesarev
Vladimir Olderogge (en)
Vincas Mickevičius-Kapsukas
Feliksas Baltušis-Žemaitis (en)
Józef Piłsudski
Władysław Belina-Prażmowski (en)
Edward Rydz-Śmigły
Pavel Bermondt-Avalov
Forces en présence
Drapeau de la Lituanie 8 000 Lituaniens[2]
Drapeau de la république de Weimar 10 000 Allemands
Entre 18 et 20 000 10 000[3] 52 000 hommes opérants à cheval entre la Lettonie et la Lituanie

La guerre soviéto-lituanienne ( - ), aussi connue sous le nom de guerre lituano-bolchévique (en lituanien : karas su bolševikais) est l'un des multiples conflits qui marque les premières années d'indépendance de la Lituanie. Elle débute le , lorsque l'Armée rouge franchit la frontière lituanienne dans le cadre de son offensive vers l'ouest de 1918-1919.

Cette offensive bolchévique suit le retrait des troupes allemandes du front de l'Est après la fin de la Première Guerre mondiale et vise à établir des républiques soviétiques en Ukraine, en Biélorussie, en Lituanie, en Lettonie, en Estonie, en Pologne et à faire le lien avec la révolution allemande, alors en cours. Ne rencontrant d'abord aucune opposition, les forces bolchéviques se rendent maîtresses en un mois et demi des deux tiers de la Lituanie. En , leur avance est stoppée par des troupes de volontaires lituaniens et allemands (envoyés avec le soutien de la République de Weimar), qui les empêchent de s'emparer de Kaunas, la capitale provisoire de la Lituanie.

À partir d', le conflit se complexifie sensiblement avec l'entrée en jeu de la Pologne, elle aussi aux prises avec les Soviétiques, et qui revendiquent également la possession de parties du territoire lituanien. Parallèlement, tous les camps en présence doivent composer avec l'armée occidentale des volontaires, une vaste troupe hétéroclite, anti-bolchévique et germanophile, qui lutte à la fois contre les indépendances lettones et lituaniennes et contre les Bolchéviques dans les pays baltes.

Après une offensive débutée à la mi-, les Lituaniens acculent les forces communistes dans la région de Zarasai, près de la frontière lettone, dans une zone parsemée de collines et de lacs. Le front reste stable sans affrontements majeurs à partir d'août. Les Soviétiques et les Lituaniens, séparés par la rivière Daugava, maintiennent ce statu-quo jusqu'à la bataille de Daugavpils en . Le traité de paix soviéto-lituanien est finalement signé le . Par ce traité, la Russie soviétique reconnaît l'indépendance de la Lituanie.

L'historien anglo-polonais Norman Davies a résumé ainsi ce conflit complexe : « l'armée allemande soutenait les nationalistes lituaniens, les Soviétiques soutenaient les communistes lituaniens et l'armée polonaise les combattait tous ».

Contexte[modifier | modifier le code]

Carte administrative de l'Ober Ost.
Carte administrative de l'Ober Ost.

La Lituanie est intégrée à l'empire russe en 1795 lors de la partition de la république des Deux Nations entre la Prusse, l'Autriche et la Russie suite à l'insurrection de Kościuszko. Cette situation reste inchangée jusqu'à la Première Guerre mondiale et l'invasion allemande de 1915. Après la chute de Vilnius le , la Lituanie est intégrée à l'Ober Ost jusqu'en 1918[4].

Le , le Conseil de Lituanie déclare l'indépendance du pays malgré des pressions de l'Allemagne, qui maintient des troupes sur son territoire[5]. Trois semaines plus tard, le traité de Brest-Litovsk met fin aux combats sur le front de l'Est et la Russie bolchévique (occupée par la guerre civile russe) renonce à ses prétentions sur la Finlande, l'Estonie, la Lettonie, l'Ukraine, la Lituanie et la Pologne[6]. Cependant, l'occupation allemande empêche encore la Lituanie d'être de facto indépendante. Toujours sous l'influence du Conseil de Lituanie, le pays devient officiellement un royaume reconnu par l'Allemagne (ainsi que par la Russie bolchévique après le traité de Berlin du 27 août 1918) avec Guillaume d'Urach à sa tête[7]. Cet éphémère royaume disparaît le lorsque l'homme d'Etat lituanien Augustinas Voldemaras fonde un cabinet chargé d'organiser un régime républicain proclamé trois jours plus tôt[8]. Après l'armistice de Rethondes du , l'armée allemande est contrainte de retirer ses troupes de Lituanie pour les faire rentrer dans les frontières allemandes de 1914[9].

Carte administrative du Royaume de Lituanie en 1918.
Carte administrative du Royaume de Lituanie en 1918.

Le , les Bolchéviques russes dénoncent de traité de Brest-Litovsk, qui assurait l'indépendance de la Lituanie[6]. L'Armée de l'Ouest, créée spécialement dans ce but, franchit les lignes de démarcation établies par le traité et suit les troupes allemandes en retraite en se maintenant à une dizaine de kilomètres derrière elles[10]. Ce faisant, les soldats soviétiques récupèrent des armes et des équipements abandonnés par les Allemands démoralisés[11]. Leur but est d'étendre la révolution mondiale en rejoignant les forces communistes des révolutions allemandes et hongroises[12]. Pour cela, les États Baltes naissants sont vu comme un pont vers ces régions. Fin , les forces bolchéviques atteignent l'est de la Lituanie[12].

Principaux acteurs[modifier | modifier le code]

Gouvernement lituanien[modifier | modifier le code]

Portrait d'un homme en noir et blanc.
Augustinas Voldemaras, le Premier ministre lituanien jusqu'au .

Augustinas Voldemaras, le premier Premier ministre de Lituanie, ne considère pas la formation d'une armée comme une priorité et prône la neutralité lituanienne[13], convaincu que des mercenaires allemands suffiraient à protéger le pays en attendant une paix définitive après la conférence de la paix de Paris en 1919[14]. Des groupes d'auto-défense sont cependant organisés localement en Lituanie pour protéger les civils des troupes Allemandes en retraite. Les premières lois concernant l'armée ne sont promulguées que le . Cependant, des bataillons de volontaires sont mis sur pied spontanément par certains anciens officiers lituaniens de l'armée impériale russe, notamment à Kaunas, Gardinas et Alytus[13]. Ces bataillons manquent toutefois de tout, à commencer par des armes, des munitions et de l'encadrement[13].

Portrait d'un homme moustachu en noir et blanc.
Mykolas Sleževičius, Premier ministre lituanien à partir du .

Fin décembre 1918, alors que les Bolchéviques franchissent les frontières lituaniennes, le pays se trouve sans chef. Augustinas Voldemaras, Antanas Smetona (le président du Conseil de Lituanie) et Martynas Yčas (lt) (le ministre des Finances), sont en Allemagne pour demander une aide financière[2]. Le général Kіpryian Kandratovіtch (en), vice-ministre de la Défense, propose une retraite à Gardinas et refuse de commander la défense lituanienne[13]. Le premier cabinet des ministres démissionne le , après quoi Mykolas Sleževičius forme un nouveau gouvernement. Le , il lance le premier appel de masse à des volontaires pour rejoindre les rangs de l'armée lituanienne[15]. Le gouvernement de Sleževičius adopte une nouvelle politique agraire afin de saisir les terres des grands propriétaires pour les redistribuer en priorité aux volontaires de l'armée gratuitement, puis aux petits paysans contre une redevance[16]. La mobilisation des officiers, elle, est décrétée le et amène 400 hommes[15].

Volontaires saxons[modifier | modifier le code]

Photo en noir et blanc d'un groupe d'hommes en costume
Délégation du Conseil de Lituanie à Berlin en . Assis de gauche à droite : Justinas Staugaitis, Antanas Smetona, Konstantinas Olšauskas (en), debout de gauche à droite: Jokūbas Šernas, Jurgis Šaulys, Juozas Purickis (en), Vilius Gaigalas, Martynas Yčas (lt), Augustinas Voldemaras.

A Berlin, Smetona et Yčas signent un accord de prêt avec l'Allemagne pour 100 millions de marks destinés principalement à l'équipement de l'armée lituanienne naissante[17] . Ils négocient en outre un soutien allemand direct dans la guerre contre les Soviétiques. L'Allemagne est contrainte par l'article 12 de l'armistice du 11 novembre à protéger la Lituanie de toute tentative d'invasion venue de Russie[18], mais un tel engagement est vu d'un bon œil par les dirigeants de la nouvelle république de Weimar, qui y voient un moyen de maintenir l'influence allemande dans la région et d'affaiblir la Russie[19].

Dans un premier temps, les Allemands cherchent en vain des volontaires parmi les membres de la 10e armée du général Erich von Falkenhayn, qui se retire de Minsk[20]. Ces troupes sont épuisées et démoralisées, et ne fournissent donc pas beaucoup de volontaires[21]. Les recrutements se poursuivent donc en Allemagne, principalement en Saxe, ce qui donne aux troupes allemandes engagées en Lituanie le surnom de « volontaires saxons ». Ces derniers sont engagés contractuellement pour trois mois et touchent 30 marks par mois plus une solde de 5 marks par jour[22]. Les premiers d'entre eux arrivent à Kaunas au début du mois de janvier 1919, mais beaucoup sont jugés inaptes au service et renvoyé chez eux. A la fin du mois, 4000 Allemands sont présents dans les environs de Kaunas[22]. Ils sont cependant assez peu fiables, car la révolution allemande a fait gagner en popularité la cause communiste et la ligue spartakiste[22].

Dans un premier temps, ces volontaires sont organisés dans la 46e division de Landwehr (de) en sous les ordres du Generalleutnant Walter von Eberhardt[22] . La division est cependant dissoute en avril-mai et les volontaires allemands sont réorganisés dans la brigade de Lituanie du Sud, composée de trois régiments (les 18e, 19e et 20e) ainsi que d'un bataillon séparé basé à Raseiniai[23]. Preuve du manque de fiabilité des troupes allemandes, le bataillon séparé rejoint rapidement les forces de l'armée occidentale des volontaires, une anti-bolchévique, germanophile et opposée aux indépendances lettones et lituaniennes[22]. D'autres corps de volontaires allemands sont impliqués dans la guerre contre les Soviétiques, à la fois en Lituanie et en Lettonie, comme la Baltische Landeswehr, dirigée par le général Rüdiger von der Goltz. Ce dernier prend d'assaut Riga et tente de renverser le gouvernement letton en mai 1919 pour couper court aux velléités d'indépendance totale des nationalistes lettons, ce qui entraîne une réaction des puissances alliées à la conférence de paix de Paris[24]. Les Alliés somment l'Allemagne de retirer ses troupes de Lettonie et de Lituanie dès que les armées locales seront en mesure de se défendre[24]. En conséquence, les derniers volontaires saxons quittent le territoire lituanien à la mi-juillet 1919[25].

Gouvernement soviétique[modifier | modifier le code]

Portrait en noir et blanc d'un homme.
Vincas Mickevičius-Kapsukas.

La république de Lituanie naissante doit composer avec d'intenses troubles politiques jusqu'au cœur de sa capitale, tiraillée entre trois forces politiques : le Conseil de Lituanie, mais aussi les paramilitaires pro-polonais de l'autodéfense de la Lituanie et du Bélarus (en) et un gouvernement révolutionnaire communiste formé le par l'activiste Vincas Mickevičius-Kapsukas[26]. Le 16, cette dernière entité proclame la création de la République socialiste soviétique de Lituanie (en)[27]. Avec le départ des dernières troupes allemandes de Vilnius entre le et le , la capitale tombe dans un vide de pouvoir duquel profitent les paramilitaires du général Władysław Wejtko lorsque le gouvernement républicain quitte Vilnius pour Kaunas[28]. Les miliciens d'autodéfense de la Lituanie et du Bélarus assiègent et capturent le soviet de Vilnius entre le 1er et le , avant d'être chassés de la ville par l'avancée de l'Armée rouge le 5. Deux jours plus tard, Kapsukas regagne Vilnius avec son gouvernement révolutionnaire venu de Daugavpils[29]. Il est officiellement fondu dans la République socialiste soviétique lituano-biélorusse le [30].

Au cours de la guerre, dans les territoires qu'ils occupent, les Soviétiques mettent en place des comités révolutionnaires et des soviets basés sur des structures développées en Russie[31]. Contrairement à d'autres endroits, les organisations communistes lituaniennes sont encore jeunes et n'ont pas développé un réseau de soutien en dehors de la petite classe ouvrière, trop peu nombreuse dans le pays pour véritablement compter[32]. Les communistes s'aliènent en outre une bonne partie de la population par leur politique de collectivisation agricole ainsi que par leur propagation d'idées internationalistes et athées dans un pays animé d'un fort sentiment nationaliste et catholique[31],[32]. Ils exigent également de fortes contributions financières à l'effort de guerre, ce qui augmente encore leur impopularité auprès des populations. Vincas Mickevičius-Kapsukas reconnaît ce manque de soutien en envoyant en février 1919 un télégramme à Moscou pour informer les autorités bolchéviques que la conscription de citoyens lituaniens dans l'Armée rouge aurait pour seul effet de les inciter à rejoindre l'armée nationaliste[31]. Toutes ces raisons expliquent en partie la défaite soviétique dans cette guerre[32].

Avance soviétique[modifier | modifier le code]

Début de l'invasion[modifier | modifier le code]

Invasion de la Lituanie dans le contexte plus général de l'offensive soviétique vers l'Ouest de 1918-1919 (front en janvier 1919).

                     Ligne de front soviétique en janvier 1919                      Ligne de front germano-soviétique en mars 1918 pendant la Première Guerre mondiale (au moment du traité de Brest-Litovsk)                      Frontière de la Lituanie (1945 - aujourd'hui) États :
Territoires contestés :

Les troupes soviétiques (fortes d'environ 18 000[33] à 20 000 hommes[34], dont 5000 Lituaniens[34]) atteignent la frontière lituanienne le . Elles sont réparties en trois divisions, dépourvues de commandement unifié[35] : la division Pskov (rebaptisée plus tard division lituanienne), la division internationale (rebaptisée plus tard 2e division lettone de fusiliers) et la 17e division (rebaptisée plus tard division occidentale)[36]. Plus tard dans la guerre, ces trois divisions initiales sont renforcées par des troupes fraîches venues de Russie et s'appuient sur des groupes de partisans qui rejoignent leurs rangs[37]. En face, l'armée lituanienne n'aligne que 3000 volontaires non formés[38] et ne dispose pas encore de ses mercenaires saxons. Le gros de la défense repose donc sur des groupes de partisans armés d'équipements allemands abandonnés dans la retraite de l'armée allemande[38]. Malgré leur supériorité numérique, les Bolchéviques sont très mal approvisionnés et doivent compter sur des réquisitions de nourriture, de chevaux et de vêtements[31].

L'Armée rouge capture cependant sans grande résistance plusieurs villes importantes : Zarasai et Švenčionys tombent le 22 décembre, Utena le 23 décembre, Rokiškis le 27 décembre, Vilnius le (après plusieurs jours de combats contre l'autodéfense de la Lituanie et du Bélarus (en)), Ukmergė et Panevėžys le 9 janvier, Šiauliai le 15 janvier et Telšiai le 25 janvier[34]. En un peu plus d'un mois, les troupes soviétiques ont envahi les 2/3 du territoire lituanien. Elles sont cependant arrêtées près de la rivière Venta par des unités lettones et allemandes de la Baltische Landeswehr, ce qui stabilise le front[39]. De plus, l'armée allemande ralentit son retrait de Lituanie après l'écrasement du soulèvement spartakiste de Berlin le 12 janvier. L'avancée soviétique est également enrayée par le fait que le sud de la Lituanie est encore étroitement contrôlé par les Allemands, qui utilisent Gardinas comme point de passage pour retirer leurs troupes d'Ukraine. Pour éviter les combats entre leurs troupes, les Soviétiques et les Allemands signent le un traité qui fixe une ligne de démarcation temporaire qui passe par Daugai et Stakliškės et court 10km à l'est de la voie ferrée Kaišiadorys-Jonava-Kėdainiai[40]. Cette disposition empêche les Bolchéviques d'attaquer frontalement Kaunas, la deuxième plus grande ville de Lituanie. Pour capturer la capitale provisoire de la république de Lituanie, ils doivent donc l'encercler puis attaquer depuis Alytus au sud et Kėdainiai au nord[41].

Encerclement de Kaunas[modifier | modifier le code]

Attaques soviétiques planifiées pour encercler et capturer Kaunas

Kėdainiai est attaquée en février par le 2e régiment de fusiliers de la division lituanienne (anciennement Pskov), soit un millier d'hommes. Les forces lituaniennes de Panevėžys, commandées par Jonas Variakojis (en), et de Kėdainiai ne comptent qu'environ 200 hommes[41]. Cependant, les Lituaniens réussissent (avec l'aide allemande) à repousser l'avance de l'Armée rouge près de Kėdainiai. Le , Povilas Lukšys (en) est le premier soldat lituanien à mourir, au cours d'une mission de reconnaissance[42]. Le , les forces conjointes lituaniennes et allemandes réussissent à capturer le petit village de Šėta (en) et forcent l'Armée rouge à battre en retraite. Ce succès remonte le moral de l'armée lituanienne et empêche l'Armée rouge d'encercler Kaunas par le nord[41].

Le , le 7e régiment de fusiliers soviétique (900 hommes) s'empare de Jieznas, au sud de Kaunas[43]. Le lendemain, les forces lituaniennes (300 hommes) de Prienai et Kaunas contre-attaquent avant que l'Armée rouge ne puisse consolider sa position[43]. Le premier assaut lituanien de la bataille de Jieznas (en) est enrayé par la trahison d'un officier d'origine russe qui incite son unité à se rendre. Finalement, au cours d'un deuxième assaut et avec l'aide d'éléments de la 46e division de Landwehr (de), les Lituaniens reprennent la ville le [43].

Photo noir et blanc d'un groupe d'hommes en uniforme, certains assis et d'autres debout derrière.
Soldats du 7e régiment de fusiliers soviétiques en 1919.

Les Soviétiques continuent cependant leur avancée vers Kaunas. Les 3e et 4e régiments de fusiliers (environ 2 000 hommes) attaquent Alytus le . Après le retrait des troupes allemandes de la ville, les soldats lituaniens ne peuvent résister à la pression soviétique et se retirent vers Marijampolė et Prienai[44]. Dans la nuit du 14 au , des forces allemandes et une compagnie de Lituaniens réussissent à contre-attaquer et à reprendre Alytus[45]. Kaunas est ainsi défendue au nord comme au sud et le front se stabilise provisoirement lorsque les Soviétiques reçoivent l'ordre d'abandonner l'offensive et de maintenir une position défensive[46]. Cette stabilisation permet aux Lituaniens de mieux s'organiser et de former les volontaires[46].

Contre attaque[modifier | modifier le code]

Offensive allemande[modifier | modifier le code]

L'avancée des forces polonaises (flèches bleues), lituaniennes/allemandes (flèches violet foncé), lettones/allemandes (flèches blanches venant de l'ouest) et estoniennes/lettones (flèches blanches venant du nord). La ligne bleue montre le front polonais en mai 1920.

Le nord de la Lituanie ( Samogitie ) est dépassé par la Division internationale soviétique (environ 3 000 hommes). Son objectif était d'atteindre la mer Baltique et de couper les approvisionnements allemands aux Lettons dans leur guerre contre les Soviétiques . [47] Les communistes locaux étaient plus actifs dans le nord de la Lituanie, car le chemin le plus court pour que les prisonniers russes retournent en Russie passait par la Samogitie. [48] Leur plus grande réussite a été de former un régiment samogitien de 1 000 hommes, commandé par Feliksas Baltušis-Žemaitis, dans la ville de Šiauliai . Le régiment comprenait des prisonniers de guerre russes, des déserteurs allemands et des criminels. [49] Il n'y avait pas d'unités de l'armée régulière lituanienne en Samogitie, à l'exception des partisans de Skuodas, ralliés par Povilas Plechavičius et son frère Aleksandras, et de Joniškėlis . [41]

Le mouvement des bolcheviks vers la Prusse orientale inquiétait l'Allemagne, et ils envoyèrent des volontaires ( brigade Schaulen ) commandés par le général Rüdiger von der Goltz pour libérer une section de la ligne de chemin de fer Libau-Romny reliant Liepāja, Mažeikiai, Radviliškis et Kėdainiai . [50] Cela faisait partie d'une plus grande contre-offensive en Lettonie. [51] Fin février, les partisans lituaniens, soutenus par l'artillerie allemande, libèrent Mažeikiai et Seda, et poursuivent les bolcheviks jusqu'à Kuršėnai . Le 27 février 1919, des volontaires allemands soutenus par les partisans de Plechavičius et les partisans de Joniškėlis battirent le régiment samogitien dans une bataille près de Luokė . [49] Le régiment est dissous. Avant la mi-mars, les Allemands prennent Kuršėnai, Šiauliai, Radviliškis, Šeduva, Joniškis et s'arrêtent. [52] À quelques reprises, ils ont été aidés par des partisans lituaniens et des unités régulières. Les partisans de Joniškėlis ont continué à garder le front le long de la rivière Mūša . [53] Ils ont ensuite été incorporés dans l'armée régulière lituanienne. [54]

Préparatifs lituaniens[modifier | modifier le code]

Alors que les forces soviétiques étaient arrêtées, l'armée lituanienne commençait lentement à se préparer à une offensive. Après la bataille de Kėdainiai, le régiment de volontaires Panevėžys avait sécurisé ses positions et s'était renforcé. [55] Entre la mi-février et la fin mars, il a effectué de petites expéditions dans les villes voisines. Leur objectif principal était de démoraliser les forces ennemies et de renforcer la confiance des habitants et des volontaires lituaniens. [56] En récompense de ses opérations réussies, le régiment de volontaires a été nommé bataillon séparé Panevėžys ( lituanien : Panevėžio atskirasis batalionas ) le 22 mars. [57] La campagne de démoralisation a réussi: les forces bolcheviques stationnées à Panevėžys et Kupiškis se sont rebellées et n'ont été réprimées que par une division de l'Armée rouge de la Lettonie voisine. [58] Le moral des bolcheviks a subi des déclins plus profonds et, entre le 19 mars et le 24 mars, leurs forces ont quitté Panevėžys. Les forces lituaniennes sont entrées dans la ville le 26 mars, mais l'Armée rouge l'a reprise le 4 avril. [59]

L'accalmie entre les attaques soviétiques a été utilisée pour renforcer et organiser l'armée. Le 5 mars, les Lituaniens ont annoncé la mobilisation des hommes nés en 1887-1889. [60] Les forces lituaniennes ont rapidement augmenté leurs effectifs. Au 3 mai, l'effectif officiel atteignait 440 officiers et 10 729 soldats. [61] Cependant, seulement environ la moitié d'entre eux étaient correctement entraînés, armés et affectés à des unités militaires. [61] En février-avril, les soldats lituaniens suivaient activement une formation, la chaîne de commandement a été rationalisée, de nouvelles unités militaires formées. La Lituanie a également reçu de nouvelles cargaisons d'armes et de munitions. Les soldats ont reçu les premiers uniformes. [62]

La première offensive lituanienne organisée a été menée du 3 au 8 avril 1919. Les Lituaniens ont décidé de profiter des grandes attaques polonaises contre les Soviétiques dans la région près de Gardinas pour tester la force ennemie et libérer Vilnius. [62] Le groupe sud, formé sur la base du 1er régiment d'infanterie et dirigé par Kazys Ladiga, devait attaquer depuis Alytus le long de la ligne Daugai - Valkininkai . [62] Le groupe nord, formé sur la base du 2e régiment d'infanterie et dirigé par Juozas Butkus, devait attaquer depuis Kaišiadorys le long de la ligne Žasliai - Vievis . [62] Les Allemands n'ont pas participé. Les deux régiments ont d'abord réussi, mais les Soviétiques ont rassemblé leurs forces et ont arrêté l'avance. Les flancs lituaniens n'étant pas défendus, ils décidèrent d'abandonner l'offensive. Les Soviétiques ont également accusé les Allemands d'avoir violé la ligne de démarcation fixée le 18 janvier et les ont poussés à battre en retraite. [53]

Offensive polonaise[modifier | modifier le code]

La Pologne lance une offensive contre les Soviétiques en mars 1919. Ils ont poussé vers l'est et le nord, entrant dans la région de Vilnius, le territoire revendiqué par les Lituaniens. Entre le 19 et le 21 avril, les Polonais ont capturé Vilnius lors de l' offensive de Vilna et en mai ont sécurisé leurs positions. [63] L'armée polonaise a forcé les Soviétiques à retirer leur aile gauche des territoires au sud de la rivière Neris . Cette avancée polonaise a considérablement raccourci la ligne de front lituanienne-soviétique et a permis à la Lituanie de concentrer ses forces pour des opérations dans le nord-est de la Lituanie. [64] Cependant, cela signifiait également qu'une nouvelle ligne de front avec la Pologne était ouverte. Au début, les Polonais et les Lituaniens ont coopéré contre les Soviétiques, mais bientôt la coopération a cédé la place à une hostilité croissante. [65] Les premiers affrontements entre soldats polonais et lituaniens ont eu lieu les 26 avril et 8 mai près de Vievis . [66]

La Pologne n'a pas reconnu la Lituanie comme son chef d'État Józef Piłsudski voulait une union avec la Lituanie dans l'espoir de faire revivre l'ancien Commonwealth polono-lituanien (voir fédération Międzymorze ). [67] La Pologne a justifié ses actions non seulement dans le cadre d'une campagne militaire contre les Soviétiques, mais aussi comme le droit à l'autodétermination des Polonais locaux, qui formaient une minorité significative dans l'est de la Lituanie. [68] Les Lituaniens ont revendiqué Vilnius comme leur capitale historique et se sont opposés à toute fédération avec la Pologne, désirant un État national lituanien indépendant. [63] Le gouvernement lituanien à Kaunas considérait la présence polonaise à Vilnius comme une occupation. En plus de la région de Vilnius, la région voisine de Suwałki a également été contestée. Les relations polono-lituaniennes n'étaient pas immédiatement hostiles mais se sont aggravées à mesure que chaque partie refusait de faire des compromis. [65]

Offensive lituanienne[modifier | modifier le code]

Offensive lituanienne mai-juin 1919. Les dates indiquent quand la ville a été prise par les forces lituaniennes. La ligne rose marque la frontière de la Lituanie depuis 1990.

Les avancées polonaises contre les Soviétiques ont nécessité des changements dans la stratégie lituanienne. Le 26 avril, le général Silvestras Žukauskas, qui vient de se remettre du typhus, est désigné chef d'état-major général . [69] Il a décidé de monter une offensive dans le nord-est de la Lituanie. Le premier objectif était de reprendre Ukmergė . Le 3 mai, le régiment de volontaires séparés Panevėžys, soutenu par le 18e régiment de volontaires saxons, avait sécurisé la ville. L'opération était risquée car pendant un moment Kėdainiai était sans protection ouvrant un chemin vers Kaunas, [70] mais aussi très réussie : quelque 500 soldats soviétiques ont été faits prisonniers et environ 50 Polonais, capturés par les Soviétiques dans les batailles près de Vilnius, ont été libérés et retourné en Pologne. [71] Le 7 mai, les Lituaniens entrent dans Širvintos, où ils trouvent des troupes polonaises. Les Lituaniens et les Polonais ont monté une opération conjointe pour prendre Giedraičiai le 9 mai. [70]

La chaîne de commandement de l'armée lituanienne a été réformée. Le 7 mai, le général Žukauskas a pris le commandement de toute l'armée lituanienne et a lancé une réorganisation complète des forces lituaniennes en deux groupes. [72] La première brigade, stationnée à Ukmergė, s'appelait le groupe Vilkmergė et comprenait un bataillon de volontaires saxons. Son premier commandant Kazys Ladiga a reçu l'ordre de pousser le long de la ligne Utena - Zarasai . [70] La deuxième brigade, appelée le groupe Panevėžys, a été chargée de capturer Panevėžys puis de pousser le long de la ligne Kupiškis - Rokiškis - Obeliai . [70] Le groupe, initialement commandé par Jonas Variakojis, a été aidé par les partisans de Joniškėlis du nord. Le ministère de la Défense et l' état-major ont également été réorganisés. [72]

Le 18 mai, l'armée réorganisée effectue sa première opération. Le groupe Vilkmergė a capturé Kurkliai et Anykščiai . [73] Le 22 mai, le Groupe a lancé une attaque contre Utena. L'initiative a été accueillie par une contre-attaque soviétique et les forces lituaniennes se sont retirées. D'autres attaques ont été arrêtées pendant plusieurs jours pour attendre les résultats de l'avance sur Kupiškis. [74] La route vers Utena a repris le 31 mai et la ville a été sécurisée le 2 juin. Le groupe Panevėžys a lancé une campagne vers Panevėžys le 18 mai et a sécurisé la ville le lendemain, mais l'a perdue lors d'une contre-attaque bolchevique, menée le 21 mai. [70] Cependant, les Soviétiques ont quitté Panevėžys sans combat deux jours plus tard. [75] Le groupe a chargé vers Kupiškis et a sécurisé Subačius . Le 30 mai, les partisans de Joniškėlis ont franchi les lignes soviétiques et ont libéré Rokiškis à l'arrière soviétique; [76] Les forces bolcheviques, craignant d'être encerclées, ont quitté Kupiškis dans la nuit du 30 au 31 mai, et la Lituanie a sécurisé cette ville le 1er juin. [77]

Après la libération d'Utena, les volontaires saxons ont quitté le front et à la mi-juillet ont quitté la Lituanie. [70] Cependant, l'avancée lituanienne se poursuit et, le 10 juin, les forces lituaniennes atteignent le territoire contrôlé par les partisans lettons (Green Guard) et leur fournissent des munitions. [78] Le 12 juin, les Soviétiques contre-attaquent et les Lituaniens sont arrêtés. Une autre poussée soviétique est survenue le 20 juin et le front s'est stabilisé. [79] Les Soviétiques ont été acculés dans une petite région autour de Zarasai . Entre le 6 et le 12 juillet, les Lituaniens avec une aide lettone ont tenté de chasser les bolcheviks. Les Soviétiques ont rassemblé leurs forces sur des fronts plus calmes et ont forcé les Lituaniens à se replier sur leurs anciennes positions. [76]

Conflit polono-lituanien[modifier | modifier le code]

Carte des lignes de démarcation du 18 juin (vert clair) et du 26 juillet (vert foncé) entre la Pologne et la Lituanie. La Pologne a ignoré les deux lignes [67] et a continué à avancer jusqu'à la ligne orange. Les chemins de fer sont marqués par des lignes noires piquées.

Alors que les forces lituaniennes combattaient les Soviétiques dans le nord-est de la Lituanie, la tension entre la Pologne et la Lituanie augmentait. Les négociations directes entre le 28 mai et le 11 juin 1919 ont échoué car aucune des parties n'était encline à faire des compromis. [80] Essayant d'empêcher un conflit militaire direct, le Conseil suprême allié a tracé la première ligne de démarcation le 18 juin 1919. [68] La ligne a été tracée à plusieurs kilomètres à l'ouest du chemin de fer Saint-Pétersbourg-Varsovie . Le ministère polonais des Affaires étrangères l'a rejeté car il obligeait les forces polonaises à se retirer jusqu'à 30 Unité « – » inconnue du modèle {{Conversion}}. (Erreur d’expression : opérateur round inattendu. Unité « 35 » inconnue du modèle {{Conversion}}.) ; Les Lituaniens étaient également mécontents, car cela laissait Vilnius et Gardinas sous contrôle polonais. [81] Alors que les volontaires allemands partent de Lituanie (leurs dernières unités quittent Kaunas à la mi-juillet), la Pologne lance une offensive sur 100 km ( Unité «  » inconnue du modèle {{Conversion}}.) front large se déplaçant 20 Unité « – » inconnue du modèle {{Conversion}}. (Erreur d’expression : opérateur round inattendu. Unité « 30 » inconnue du modèle {{Conversion}}.) plus profondément dans le territoire lituanien. [82] Préoccupée par la menace soviétique, la Lituanie ne parvient pas à organiser une défense efficace et l'Entente intervient à nouveau en traçant la deuxième ligne de démarcation, dite ligne Foch, le 26 juillet 1919. Deux modifications majeures ont été apportées : la région de Suwałki a été attribuée à la Pologne et toute la ligne a été déplacée d'environ 7 km ( Unité «  » inconnue du modèle {{Conversion}}.) ouest. [83] Ni les Lituaniens, ni les Polonais, ni les Allemands (toujours présents dans la région de Suwałki) n'étaient satisfaits de la nouvelle ligne de démarcation. [84] Entre le 29 juillet et le 2 août, les troupes polonaises ont attaqué à plusieurs reprises les Lituaniens. [85] Le 3 août, une mission diplomatique polonaise à Kaunas a déclaré que la Pologne n'envisageait pas d'annexer la Lituanie et a proposé un plébiscite dans les territoires contestés, permettant aux habitants locaux de déterminer leur avenir. [86] Lorsque le gouvernement lituanien a rejeté la proposition polonaise, Józef Piłsudski a décidé que la poursuite de l'action militaire n'était pas une solution. Au lieu de cela, le gouvernement lituanien lui-même devait être remplacé par un parti plus disposé à négocier un compromis. [86] [87] Le front s'est stabilisé, mais les relations bilatérales se sont détériorées à la suite du soulèvement de Sejny (23 août - 9 septembre) qui a à son tour ruiné la tentative de coup d'État de l' Organisation militaire polonaise contre le gouvernement lituanien (28-29 août). [88]

Batailles finales[modifier | modifier le code]

En raison de la menace polonaise, le front avec les Soviétiques est resté calme pendant plus d'un mois. Il y a eu des incidents mineurs impliquant des éclaireurs ou des gardes d'avant-poste. [89] L'Armée rouge a utilisé le temps pour réorganiser et renforcer ses forces, en utilisant des barrières naturelles, comme de nombreux lacs, rivières et collines, renforcées par des tranchées et des barbelés, pour sécuriser leur position. [90] Ils avaient également des fortifications de campagne de la Première Guerre mondiale environ 10 km ( Unité «  » inconnue du modèle {{Conversion}}.) au sud de Daugavpils . [76] Les Soviétiques avaient des forces plus importantes : les Lituaniens avaient deux régiments d'infanterie et cinq bataillons distincts ; les Soviétiques avaient six régiments et un bataillon séparé. [76] Ensemble, les Lituaniens et les Polonais prévoyaient d'avancer vers Daugavpils à partir du 9 août, mais les plans ont été retardés jusqu'au 23 août. [91]

Le groupe Ukmergė a attaqué le premier et a libéré Zarasai le 25 août. Le Groupe a déménagé environ 30 km ( Unité «  » inconnue du modèle {{Conversion}}.) dans le territoire contrôlé par les Soviétiques, mais ni les flancs droit ni gauche n'étaient suffisamment protégés par les unités polonaises ou le groupe Panevėžys. [92] Le groupe Panevėžys a commencé à avancer le 26 août et les troupes polonaises se sont déplacées le long du chemin de fer vers Turmantas . [93] Les Lituaniens ont manœuvré autour des anciennes fortifications russes, forçant l'Armée rouge à battre en retraite. [76] Convergeant vers Daugavpils, le front lituanien-soviétique s'est raccourci et les Lituaniens ont pu concentrer leurs forces. [94] Le 28 août, les Soviétiques ont commencé à battre en retraite vers le nord à travers la rivière Daugava . [95] Le 31 août, sur la rive sud de la Daugava, les Soviétiques ne tenaient plus que Grīva, une banlieue de Daugavpils. [96]

L'ennemi bolchevique a été chassé du territoire lituanien et le front étroit s'est stabilisé alors que les Lituaniens et les Soviétiques étaient séparés par la rivière Daugava. Les principales forces lituaniennes pourraient être redéployées ailleurs, y compris la protection de la ligne de démarcation avec la Pologne et les attaques prévues contre les Bermontiens dans le nord de la Lituanie. [97] En septembre 1919, les forces conjointes polonaises et lettones prirent la rive sud de Daugava, y compris Grīva. Le front lituanien-soviétique est resté ouvert jusqu'à la bataille de Daugavpils lorsque les forces lettones et polonaises ont capturé Daugavpils en janvier 1920. Les Lituaniens n'ont pas participé à ces opérations. [98] Les Lituaniens ont revendiqué le territoire, pris par leurs soldats, pour eux-mêmes malgré les protestations lettones. [99] Cela a conduit à plusieurs escarmouches entre les troupes lettones et lituaniennes, mais la question de la frontière a été négociée avec succès par la Grande-Bretagne et finalement résolue en mars 1921. [99]

Traité de paix[modifier | modifier le code]

Avance des forces soviétiques (flèches rouges) contre les troupes polonaises en juin-août 1920

La première tentative de négociation lituano-soviétique eut lieu le 11 septembre 1919, après que le commissaire du peuple aux affaires étrangères de la Russie soviétique, Georgy Chicherin, eut envoyé une note avec une proposition de traité de paix . [100] Cependant, la Lituanie a retardé les pourparlers car elle craignait que les négociations avec la Russie communiste, qui était isolée de la politique européenne, ne nuisent à ses relations avec les puissances alliées qui n'avaient pas encore reconnu la Lituanie. [100] Les pourparlers ne commencèrent qu'en mai 1920 et furent fortement influencés par les événements de la guerre polono-soviétique . Le traité de paix soviéto-lituanien a été conclu le 12 juillet. la Russie a reconnu l'indépendance de la Lituanie et son droit à la région de Vilnius ; en échange, la Lituanie a accordé aux forces soviétiques un mouvement sans restriction pendant la guerre contre la Pologne. [88] Cela a compromis la neutralité déclarée de la Lituanie et a encore aggravé la crise polono-lituanienne. [101]

Le 14 juillet 1920, les Soviétiques occupent Vilnius mais ne transfèrent pas la ville à l'administration lituanienne comme convenu dans le traité de paix. Au lieu de cela, les Soviétiques ont planifié un coup d'État pour renverser le gouvernement lituanien et établir une république soviétique. [101] Cependant, les Soviétiques ont perdu la bataille de Varsovie et ont été repoussés par les Polonais. Certains historiens attribuent à cette victoire le fait de sauver l'indépendance de la Lituanie du coup d'État soviétique. [88] [102] Le 26 août, l'Armée rouge quitte Vilnius et les Lituaniens sont prêts à défendre leurs frontières. Comme la Pologne n'a pas reconnu le traité, cela a conduit à de nouvelles hostilités. Finalement, la Lituanie a perdu la région de Vilnius au profit de la Pologne lors de la mutinerie de Żeligowski . Lorsque la médiation de la Société des Nations n'a pas réussi à changer la situation, la Lituanie et la Pologne ont été suspendues dans l'état de "ni guerre, ni paix" jusqu'à l' ultimatum polonais de 1938 . [103] Pendant tout ce temps, la Russie soviétique est devenue l'allié le plus puissant de la Lituanie contre la Pologne. [104]




Notes et références[modifier | modifier le code]

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Articles connexes[modifier | modifier le code]

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