Aller au contenu

Utilisateur:Uriel1022/sandbox

Une page de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

La présence de l'Église catholique dans la province chinoise du Sichuan (anciennement romanisée comme Sutchuen, Setchuen ou Sétchouan en français, et Szechwan ou Szechuan en anglais ; latin : Ecclesia Catholica in Seciuen) remonte à 1640, lorsque deux missionnaires, Ludovico Buglio et Gabriel de Magalhães, par l'intermédiaire de la mission jésuite en Chine, entrèrent dans la province et passèrent une grande partie des années 1640 à faire de l'évangélisation[1].

Histoire[modifier | modifier le code]

XVIIe siècle[modifier | modifier le code]

En 1640, Ludovico Buglio, un jésuite italien, arrive à Chengdu (Tchentou), la capitale du Sichuan, à l'invitation de Liu Yuliang (zh), le grand secrétaire de la dynastie Ming. Trente personnes ont reçu le baptême l'année suivante, qui étaient les premiers catholiques du Sichuan. Il y avait un certain Pierre parmi eux, selon la Relation de l'entrée de la religion catholique dans le Sétchouan, il était un descendant du prince de Shu et assez actif dans la congrégation[2]. Gabriel de Magalhães, un jésuite portugais, rejoignit la mission en août 1642. L'évangélisation commença immédiatement à Tchentou, Baoning (Paolin) et Chongqing (Tchongkin)[3].

Après la dévastation du Sichuan par Zhang Xianzhong (1644–1646), et par conséquent, le mouvement d'immigration du repeuplement du Sichuan (zh-yue), une recherche des convertis survivants a été menée dans les années 1660 par deux catholiques, Basile Xu (no), alors intendant du circuit du Sichuan oriental (zh), et sa mère Candide Xu (en). Ils trouvèrent un nombre considérable de convertis à Paolin, puis Candide invita le prêtre Claudius Motel à servir la congrégation. Plusieurs églises ont été construites à Tchentou, Paolin et Tchongkin sous la supervision de Motel, et il a baptisé 600 personnes en un an[4].

XVIIIe siècle[modifier | modifier le code]

Le vicariat apostolique du Sutchuen a été créé le 15 octobre 1696, avec son siège à Tchentou. Artus de Lionne, missionnaire français, fut le premier vicaire apostolique. De Lionne réussit à recruter quatre prêtres pour son vicariat. En 1700, il confie aux pères de la Société des Missions étrangères de Paris (MEP) Jean Basset (en) et Jean-François Martin de La Baluère la ville de Tchentou et la partie occidentale du Sichuan. Deux Lazaristes, disciples de saint Vincent de Paul, un Italien, Luigi Antonio Appiani, et un Allemand, Johannes Müllener (ru), sont également mis à sa disposition. De Lionne leur a confié Tchongkin et la partie orientale du Sichuan. Deux congrégations missionnaires différentes assumaient ainsi des responsabilités dans la même province. Bien que peu nombreux et confrontés à des difficultés considérables, les pères de ces deux sociétés se disputent le territoire[5].

Le Lyonnais Jean Basset écrivit un long mémoire en 1702 à Tchentou sous le titre d'Avis sur la Mission de Chine, déplorant le triste état de l'Église au Sichuan après tant d'efforts passés. Pour Basset, un seul remède est la traduction de la Bible et l'autorisation d'une liturgie en chinois. « Ce fut », a-t-il souligné, « la pratique des apôtres et c'est le seul moyen de familiariser les Chinois avec le message chrétien »[5]. Basset se mit à travailler sur la traduction avec l'aide d'un converti local, Johan Su. Ensemble, ils ont produit une traduction du Nouveau Testament en six gros volumes qui est maintenant connue sous le nom de Nouveau Testament chinois de Basset-Su[6].

En 1723, l'arrivée des Lo à Kiangtsin fait de la région un centre catholique important dans l'est du Sichuan. Grâce aux dons des fidèles locaux, la famille Lo a construit une église et un presbytère. À partir de 1736, pendant une période de dix ans, Giovanni Battista Kou (également Joannes-Baptista Kou ; 1701–1763) avait résidé dans le presbytère tout en effectuant un travail missionnaire[7]. Kou était un Pékinois, formé au Collegio dei cinesi de Naples[8]. Les fidèles des villes environnantes se réunissaient à l'église de Kiangtsin pour chanter la messe et recevoir les sacrements administrés par le père Kou. Le sheng et la xiao étaient utilisés pendant les principales fêtes catholiques[7].

Au cours de cette période, un phénomène émergent de vierges consacrées est apparu dans le Sichuan. L'une des premières vierges de ce type était Agnès Yang, une femme du district de Mingshan, dans l'ouest du Sichuan. Son baptême a été confirmé par Joachim-Enjobert de Martiliat, missionnaire des MEP et auteur des Règles pour les vierges consacrées publiées pour la première fois en 1744[9]. Ce dernier rendit visite à Agnès en 1733 alors qu'elle avait plus de 50 ans et constata qu'elle était restée fidèle et chaste[10]. Ces femmes catholiques célibataires servaient de baptiseuses et de catéchistes pour l'évangélisation des femmes. Le rôle qu'ils jouèrent fut important dans la croissance de l'Église du Sichuan, en raison de la ségrégation des sexes en Chine[11]. Le promoteur le plus convaincu de cette nouvelle forme d'apostolat fut le Père Jean-Martin Moyë, pro-vicaire du Sutchuen oriental et du Kouytcheou (en) depuis 1773, qui a fondé la Congrégation des Sœurs de la Providence en Lorraine avant d'entrer dans le champ missionnaire du Sichuan[5].

En 1753, la Société des Missions étrangères de Paris (MEP) assume l'entière responsabilité de la mission du Sichuan[12]. En 1756, François Pottier, jeune prêtre ordonné à Tours il y a tout juste trois ans, arrive au Sichuan, qui prend en charge comme pro-vicaire les cinq ou six mille catholiques dispersés dans la province. Après trois ans de visites pastorales, il est arrêté et torturé, passe quelques mois en prison à Tchongkin. En 1767, il est nommé évêque titulaire d'Agathopolis et vicaire apostolique du Sutchuen. Sa consécration épiscopale le 10 septembre 1769 eut lieu à Xi'an, capitale de la province du Shaanxi, où il dut fuir lors d'une persécution. Après avoir vendu sa maison à Tchentou en 1764, Pottier se retira avec sept étudiants dans une chaumière à Fenghuangshan (montagne du phénix), à 7 kilomètres à l'ouest de Tchentou. Son école pauvre lui rappelait l'étable de Bethléem, il l'appelait le « séminaire de la Nativité ». En 1770, son école est dénoncée aux autorités, et la chaumière est détruite. Quelques années plus tard, Mgr Pottier reprend le travail de formation des futurs prêtres en fondant en 1780 un séminaire à Long-ki dans la région frontalière du Sichuan et du Yunnan. De 1780 à 1814, quarante prêtres quittent ce séminaire et s'installent à Lo-lang-keou dans le sud du Sichuan peu après son ouverture[5].

En 1783, Pottier choisit Jean-Didier de Saint-Martin comme coadjuteur et l'ordonna évêque à Tchentou le 13 juin 1784. Saint-Martin fut emprisonné puis expulsé de Chine l'année suivante, mais il réussit à reprendre son poste en 1792, l'année de la mort de Pottier. Il assure sa propre succession en prenant Gabriel-Taurin Dufresse comme coadjuteur, qu'il ordonne évêque de Tabraca en 1800. Ce nouvel évêque a déjà vingt ans d'expérience dans le Sichuan, où il arrive en 1776. Son ministère est interrompu par la persécution de 1784. Dufresse fut emprisonné, amené à Pékin puis exilé à Macao portugais et aux Philippines espagnoles, il retourna clandestinement à Tchentou en 1789 et fut chargé des missions du Sutchuen oriental et du Kouytcheou. A la mort de Saint-Martin en 1801, il prend en charge toute la province. Malgré l'insécurité et les multiples déboires, l'Église du Sichuan est alors relativement prospère. En 1756, il y avait 4 000 catholiques et deux prêtres locaux dans la province. En 1802, le nombre décuple avec 40 000 catholiques et 16 prêtres locaux. L'expérience pastorale accumulée au cours du XVIIIe siècle a permis d'établir un directoire général des conditions de la vie chrétienne et du ministère des sacrements[5].

XIXe siècle[modifier | modifier le code]

En 1803, Mgr Dufresse convoqua le premier synode de Chine près de Chongqingzhou, à 40 kilomètres à l'ouest de Tchentou[5]. Treize prêtres chinois et deux prêtres français ont participé, à savoir, Dufresse et Jean-Louis Florens (no)[13]. Les décisions se réfèrent principalement à la pastorale des sacrements. Le chapitre 10 traite du ministère des prêtres, recommandant la ferveur dans la vie spirituelle et la discrétion dans les choses temporelles. Les dispositions du synode du Sichuan devaient guider l'apostolat dans cette province jusqu'au concile plénier de Shanghaï en 1924[5].

En 1815, Dufresse fut arrêté et décapité, avec un autre évêque et neuf prêtres à Tchentou le 14 septembre[14]. Sa tête était attachée à un poteau et son corps fut exposé pendant trois jours en guise d'avertissement aux autres. Il a été canonisé saint par le pape Jean-Paul II le 1er octobre 2000[15].

À Dengchigou dans la ville de Moupin, la société de vie apostolique des Missions étrangères de Paris qui avait pour but l'évangélisation des pays d'Asie non chrétiens, ouvre vers 1830 un collège, dit « séminaire de Moupin » ou « collège de l'Annonciation » (l'actuelle église de l'Annonciation de Dengchigou), pour recruter un clergé indigène. Nombre de ses missionnaires avaient une bonne formation en sciences naturelles (botanique, zoologie, géologie) et cherchaient à entrer en contact avec les établissements scientifiques de Paris[16].

Aujourd'hui, l'église de l'Annonciation est bien connue grâce à Armand David, missionnaire lazariste, zoologiste et botaniste, le « découvreur » des pandas, arrivé en 1869 à Moupin en chaise à porteurs. Une cinquantaine d'élèves locaux ont étudié au séminaire de Moupin sous la direction de M. Dugrité, supérieur du collège de l'Annonciation. A cette époque, le collège et la station missionnaire appartenaient au vicariat apostolique du Sutchuen occidental dont l'évêque était Annet-Théophile Pinchon[17].

À Bailu (en), Pengzhou, la construction du Seminarium Annuntiationis (en) a été lancée en 1895 par Mgr Marie-Julien Dunand (en), successeur de Mgr Pinchon décédé en 1891[18]. Le séminaire a été conçu par deux missionnaires français, Alexandre Perrodin et Léon Rousseau. La construction a duré 13 ans, après son achèvement en 1908, il est devenu un important institut pour la formation des prêtres de la province à cette époque[19].

Cette même année (1895) fut marquée par une grave émeute d'agitation anti-étrangère qui commença à Tchentou, la capitale, et se répandit de là dans toute la province[20]. Dans la capitale, les biens des catholiques et ceux de trois missions protestantes sont détruits[21] ; et tous les missionnaires de toutes les missions, catholiques et protestants, étaient reconnaissants de s'être échappés de leur vie[22].

En 1897, le Père Adolphe Roulland est nommé vicaire par la Société des Missions étrangères à Yeou-yang, dans la ville de Tchongkin. Cinq ans plus tard (1902), il est nommé curé de Ma-pao-tchang (aujourd'hui fusionné avec le bourg de Shima (zh)) dans la même ville, où il reste sept ans[23]. Le Père Roulland était un frère spirituel de sainte Thérèse de Lisieux. Il a offert au couvent des Carmélites de Lisieux l'ouvrage de Léonide Guiot, La Mission du Su-tchuen au XVIIIme siècle : Vie et Apostolat de Mgr Pottier, son fondateur (1892), qui eut une grande influence sur Thérèse[24]. Dans sa lettre à Roulland du 30 juillet 1896, Thérèse exprime son espoir d'une visite au Sichuan : « J'ai fixé la carte du Su-tchuen sur le mur de l'emploi où je travaille, [...] je demanderai à Jésus la permission d'aller vous visiter au Su-tchuen et nous continuerons ensemble notre apostolat[25]. »

XXe siècle[modifier | modifier le code]

En 1905, quatre missionnaires français sont tués lors de la révolte de Batang, dont Jean-André Soulié, qui travaillait au vicariat apostolique du Tibet. Il a été capturé, torturé et fusillé près de Yaregong (en), par des lamas lors de la révolte[26]. Neuf ans plus tard (1914), Jean-Théodore Monbeig, un autre missionnaire français travaillant dans la région frontalière du Sichuan et du Tibet, est tué par des lamas près de Litang, peu de temps après avoir aidé à raviver la communauté chrétienne de Batang[27].

En 1918, le missionnaire français François-Marie-Joseph Gourdon a édité et publié à Tchongkin la Relation de l'entrée de la religion catholique dans le Sétchouan, sous l'autorité de Célestin Chouvellon, évêque du Sutchuen oriental. Cet ouvrage serait basé sur la Relação das tyranias obradas por Canghien Chungo famoso ladrão da China em o anno de 1651 de Gabriel de Magalhães[28].

Références[modifier | modifier le code]

  1. Gourdon 1981, p. 6.
  2. Gourdon 1981, p. 4.
  3. Gourdon 1981, p. 5.
  4. Gourdon 1981, p. 63–65.
  5. a b c d e f et g Jean Charbonnier, « Partir en mission "à la Chine" — Place aux prêtres chinois » [archive du ], sur mepasie.org (consulté le ).
  6. (en) Gang Song, The Oxford Handbook of the Bible in China, Oxford, Oxford University Press, coll. « Oxford Handbooks », (ISBN 9780190909796, lire en ligne), « The Basset-Su Chinese New Testament », p. 79–94.
  7. a et b Gourdon 1981, p. 75–76.
  8. (en) Yangwen Zheng, Sinicizing Christianity, Leyde, Éditions Brill, coll. « Studies in Christian Mission » (no 49), (ISBN 9789004330382, lire en ligne), p. 37.
  9. (zh-Hant) Joachim-Enjobert de Martiliat, 童貞修規 [« Règles pour les vierges consacrées »], Tchongkin, Sheng Chia Book-Printing Bureau,‎ , « 守貞修規明述 [Introduction aux règles] », p. 1–4.
  10. (en) Ji Li, Missions Étrangères de Paris (MEP) and China from the Seventeenth Century to the Present, Leyde, Éditions Brill, coll. « Studies in the History of Christianity in East Asia » (no 6), (ISBN 978-90-04-47210-5, lire en ligne), p. 64–65.
  11. (en) David Emil Mungello, This Suffering Is My Joy : The Underground Church in Eighteenth-Century China, Lanham, MD, Rowman & Littlefield, (ISBN 9781538150306, lire en ligne), « Christian Virgins (Chaste Women) in Sichuan », p. 120.
  12. (en) Te Ma, « On the Trail of Sichuan's Catholic Past », sur u.osu.edu, (consulté le ).
  13. (en) Arnulf Camps, Handbook of Christianity in China, Volume Two : 1800–present, Leyde, Brill Publishers, (ISBN 978-90-04-19018-4, lire en ligne), « Catholic Missionaries (1800–1860) », p. 115.
  14. « Canonisation de martyrs de l'église en Chine », sur missionsetrangeres.com, (consulté le ).
  15. (en) « Saint Jean-Gabriel-Taurin Dufresse », sur catholicsaints.info, (consulté le ).
  16. Gilles van Grasdorff, La belle histoire des Missions étrangères 1658–2008, Paris, Éditions Perrin, , 492 p. (ISBN 9782262025663).
  17. Jérôme Pouille, « Il y a 150 ans, le Père Armand David arrivait dans la principauté de Moupin, l'actuel comté de Baoxing », sur panda.fr, (consulté le ).
  18. (nl) Liao Yiwu, God is rood : Het geheime verhaal over het voortbestaan en de bloei van het christendom in communistisch China, Amsterdam, Uitgeverij Atlas Contact, (ISBN 9789045023441, lire en ligne), « De nieuwe bekeerde ».
  19. (en) Tan Tieniu, Ruan Qiuqi, Chen Xilin, Ma Huimin et Wang Liang, Advances in Image and Graphics Technologies : Chinese Conference, IGTA 2013, Beijing, China, April 2-3, 2013, Proceedings, Berlin/Heidelberg, Springer, (ISBN 9783642371493, lire en ligne), p. 120–121.
  20. (en) Missionary Cameralogs : West China, New York, American Baptist Foreign Mission Society, , 44 p. (lire en ligne), p. 20.
  21. (en) Emily Lily Stewart, Forward in Western China, Londres, Church Missionary Society, (lire en ligne), « Chapter II. The Way Reviewed ».
  22. (en) AA.VV., Our West China Mission : Being a Somewhat Extensive Summary by the Missionaries on the Field of Work during the First Twenty-five Years of the Canadian Methodist Mission in the Province of Szechwan, Western China, Toronto, Missionary Society of the Methodist Church, , 478 p. (lire en ligne), p. 42.
  23. « Adolphe ROULLAND », sur irfa.paris (consulté le ).
  24. Catherine Marin, Thérèse de Lisieux et les missions, Paris, Éditions Karthala, coll. « Histoire et missions chrétiennes (Histoire, monde et cultures religieuses) » (no 15), (ISBN 9782811104238, lire en ligne), « L'union apostolique de Thérèse de l'Enfant-Jésus et d'Adolphe Roulland, missionnaire en Chine (1896-1897) ».
  25. Ste Thérèse de Lisieux, Thérèse de Lisieux : Lettres, Paris, Éditions Emmanuel, , 380 p. (ISBN 9782384330317, lire en ligne).
  26. Adrien Launay, « Un Missionnaire Massacré au Thibet : M. Soulié » [archive du ], sur archives.mepasie.org, (consulté le ).
  27. « Jean-Théodore MONBEIG », sur irfa.paris (consulté le ).
  28. (zh-Hant) Hok-lam Chan, « 傳教士對張獻忠據蜀稱王的記載:《聖教入川記》的宗教與文化觀點 » [« Impressions des jésuites sur Zhang Xianzhong dans le Sichuan (1644–1647) de Buglio, Magalhães et Gourdon : Perspectives religieuses et culturelles contrastées de Shengjiao Ru Chuan Ji »], Journal of Chinese Studies, Hong Kong, Institute of Chinese Studies, no 52,‎ , p. 68 (ISSN 1016-4464, lire en ligne, consulté le ).

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]