« Traité de Paris (1763) » : différence entre les versions

Traité de paix entre la Grande-Bretagne, la France, l'Espagne et le Portugal
Langues	Français
Signé	10 février 1763; Paris, France

Navigation interactive dans l’historique

← Modification précédente

Contenu supprimé Contenu ajouté

VisuelWikicode

Intégrés

Dernière version du 13 mai 2024 à 09:25

Les changements territoriaux en Amérique du Nord conséquemment au traité de paix.

Le traité de Paris de 1763 est un traité de paix signé le 10 février 1763 entre les royaumes de France et d’Espagne d’un côté et la Grande-Bretagne et du Portugal de l’autre. Il met fin à leur engagement dans la guerre de Sept Ans (1756-1763). Les préliminaires de ce traité furent négociés à Fontainebleau et ratifiés le 3 novembre 1762.

Ce traité, conjugué à celui d'Hubertsbourg entre l'Empire autrichien et le royaume de Prusse, met fin à ce que Winston Churchill nommera la première des guerres mondiales. Il est un des traités les plus importants de l'histoire européenne, voyant la France céder définitivement son statut de plus grande puissance mondiale, au profit de la Grande-Bretagne qui le conservera jusqu'à la Seconde Guerre mondiale. L'Empire britannique prend une position dominante en Amérique du Nord avec l'annexion de la Nouvelle-France tandis que le transfert de la Louisiane à l'Espagne confirme l'expulsion de la France du continent. La situation nouvelle ainsi créée jettera les fondations des révolutions américaines puis françaises.

Contexte[modifier | modifier le code]

Article détaillé : Guerre de Sept Ans.

Tout au long des XVI^e, XVII^e et XVIII^e siècles, les puissances européennes (principalement Espagne, Portugal, Hollande, France et Angleterre) se livrent une compétition économique, territoriale et coloniale. Les nombreuses guerres qui éclatent en Europe se transportent donc logiquement dans les colonies des pays engagés, pavent la voie aux nombreuses guerres intercoloniales qui ensanglanteront le reste du monde. La guerre de 7 ans, le plus grand de ces conflits s’en démarque néanmoins, car elle commence dans les colonies pour s’étendre à l’Europe. Les combats éclatent en 1754 en Amérique du Nord avec l’Affaire Jumonville et se prolongeront après la paix avec la rébellion de Pontiac.

Si la France et ses alliés concentrent leurs efforts principalement sur le continent européen, la Grande-Bretagne se contente de soutenir son allié, la Prusse, et peut ainsi concentrer ses efforts dans les colonies. En Europe, Français, Russes et Autrichiens affrontent les Prussiens soutenus par les Britanniques au Hanovre et en Silésie. Les prouesses militaires du Roi de Prusse, Frédéric le Grand, évitent de justesse l'effondrement de son royaume, envahi par les forces supérieures en nombre de ses ennemis. En Amérique du Nord, Français et Britanniques se disputent la possession de la vallée de l'Ohio, de l'Acadie ainsi que du Canada. Surnommé « guerre contre les Français et les Indiens » (French and Indian War) dans l'historiographie anglophone, le conflit en Amérique septentrionale mobilise en nombre jamais vu les tribus autochtones intégrées aux systèmes d'alliance européens. Si les Iroquois et les Mohicans notamment rejoignent le camp britannique, la vaste majorité, des nations autochtones impliquées prennent les armes aux côtés des Français au nom d'Onontio. En Inde, France et Angleterre se font la guerre par compagnies de commerce interposées : British East India Compagny contre Compagnie française des Indes orientales. Les mercenaires des deux organisations s'affrontent, renforcés par les contingents fournis par leurs alliés locaux. Tant en Inde qu'en Amérique, la faiblesse de la marine française empêche les généraux français d'exploiter leurs victoires sur le terrain et malgré une longue résistance, les points d'appui français tombent les uns après les autres : Québec en 1759, Montréal en 1760 et Pondicherry en 1761.

Le Grand Débat[modifier | modifier le code]

Les belligérants sont entrés en guerre avec des objectifs bien précis. Or, non seulement les Britanniques et les Prussiens ont-ils atteint les leurs, soit annexer les colonies françaises et conserver la Silésie et le Hanovre, mais les Russes sont sortis de la guerre et les Franco-Autrichiens constatent que leurs objectifs (tenir les colonies, prendre le Hanovre et la Silésie) sont hors de la portée de leurs pays épuisés par des années de défaites^[1]. La paix est désormais la seule option possible. II apparaît rapidement que la Grande-Bretagne devra rendre certaines de ses conquêtes afin de récupérer ses bases occupées par la France, notamment Minorque. Le choix se résumera rapidement entre le Canada et la Guadeloupe.

Prélude à l'éventuelle indépendance américaine, les colons et les métropolitains Anglais ne partagent pas les mêmes points de vue sur la suite des choses. Pour les habitants de la Nouvelle-Angleterre, notamment Benjamin Franklin, il est impensable que le Canada demeure français et puisse ainsi continuer à nuire au développement de leurs colonies. Vue de Londres, la crainte est plutôt que, désormais libérées de la menace française, les colonies n'en viennent à se dire qu'elles n'ont plus besoin de la protection de l'Empire britannique et ne cherchent à s'en séparer^[2]. Pour ces derniers, la rentabilité du sucre de la Guadeloupe peut justifier qu'on y sacrifie le rêve d'une Amérique entièrement anglaise. D'autant plus que, privée de sa capacité de croissance et limitée à la vallée du Saint-Laurent, la colonie française du Canada serait neutralisée et appauvrie^[3]. Plusieurs voient également avec envie un possible monopole britannique sur la fourrure qui permettrait bien des enrichissements personnels^[4]. À Versailles, Louis XV et son ministre responsable des négociations, Choiseul, pensent déjà à la reconstruction et à la revanche et misent déjà sur une éventuelle guerre d'indépendance des colonies^[2].

Le souvenir de ce débat qui fut très divisé sur les deux rives de la Manche est en grande partie occulté par le rôle de Voltaire. Grand admirateur du modèle anglais et contempteur de la monarchie française, il critiqua sans cesse l'aventure coloniale de la Nouvelle-France, ce «petit terrain litigieux vers le Canada^[5]». Ses écrits immortalisèrent son mépris des terres perdues en les comparant à «quelques arpents de neige» et en affirmant que «la France peut être heureuse sans Québec^[6]».

Au Canada même, la population s'attend à se voir rendue à la France. Néanmoins, les élites sont plus circonspectes. Cet échange entre Malartic, officier français et Murray, général anglais, en fait foi^[7] :

« - Croyez-vous que nous vous rendions le Canada ?
- Je ne suis pas assez versé dans la politique pour voir les choses de si loin.
- Si nous sommes sages, nous ne le garderons pas. Il faut que la Nouvelle-Angleterre ait un frein à ronger et nous lui en donnerons un qui l'occupera en ne gardant pas ce pays-ci. »

Conditions[modifier | modifier le code]

Aux termes de ce traité, en Europe :

la France restitue Minorque, qu’elle avait prise le 29 juin 1756 ;
elle évacue les territoires des alliés de la Grande-Bretagne en Allemagne et les territoires du Hanovre, propriété personnelle du roi de Grande-Bretagne ;
la Grande-Bretagne rend Belle-Île à la France, prise en 1761.

En Amérique :

La Grande-Bretagne obtient de la France l'île Royale, l'Isle Saint-Jean, l'Acadie, et le Canada, y compris le bassin des Grands Lacs et la rive gauche (est) du Mississippi. La France abandonne également certaines îles des Antilles (Saint-Vincent, la Dominique, Grenade et Tobago) ;
conformément à la capitulation conditionnelle de 1760, la Grande-Bretagne garantit une liberté de religion limitée aux Canadiens ; ainsi que le droit de quitter la colonie sous 18 mois si leurs biens sont vendus à des sujets britanniques. Ces mêmes protections ne seront pas accordées aux Acadiens rescapés du nettoyage ethnique de 1755.
L'Espagne reçoit l'ouest du Mississippi, soit la Louisiane (Nouvelle-France), le delta et La Nouvelle-Orléans^[8]^,^[9] ;
l'Espagne cède la Floride à la Grande-Bretagne ;
la France conserve des droits de pêche à Terre-Neuve et dans le golfe du Saint-Laurent ;
en retour, elle acquiert Saint-Pierre-et-Miquelon et recouvre la plupart de ses îles à sucre (Martinique, Guadeloupe et surtout Saint-Domingue).
À noter que les Amérindiens sont totalement absents du traité. Pontiac invoquera notamment cette réalité pour justifier sa rébellion.

Dans le reste du monde :

La France cède son empire des Indes aux Britanniques, ne conservant que ses cinq comptoirs de Pondichéry, Kârikâl, Mahé, Yanaon et Chandernagor. En Afrique, elle est autorisée à garder son poste de traite des esclaves sur l'île de Gorée (Sénégal) mais elle cède Saint-Louis du Sénégal.

Bilan[modifier | modifier le code]

Le traité propulse la Grande-Bretagne au rang de première puissance mondiale, mais, paradoxalement, est vu comme un succès diplomatique français. En effet, face à une situation désespérée, Versailles parvient à négocier des conditions qui lui permettront de relever la France^[10]. Les réjouissances en France démontrent d’ailleurs que le peuple en a conscience à l’époque. Néanmoins, plusieurs parlent également d’une « paix humiliante qui vient de terminer une guerre honteuse^[5].

En conservant Saint-Pierre-et-Miquelon et des droits de pêche à Terre-Neuve, Choiseul sauve le principal vivier de marins français. Sans l'expérience maritime de ces pêcheurs, il deviendrait impossible pour la France de trouver suffisamment de matelots expérimentés pour servir efficacement sur ses navires en temps de guerre et espérer vaincre un jour la Grande-Bretagne^[11].
En conservant des comptoirs en Inde, en Afrique et en Amérique, la France peut continuer à profiter du commerce international
La Grande-Bretagne étant désormais plus menaçante que la France, il sera plus facile à celle-ci de trouver des alliés pour reprendre un jour le combat.
La rupture entre les colonies et la métropole étant vue comme inévitable maintenant que la menace française n'existait plus, la Grande-Bretagne s'exposait à éventuellement perdre son empire et sa puissance sans que la France ait à tirer un seul coup de canon. « Nous les tenons », s'est même exclamé Choiseul.

Néanmoins, Londres fête également cette paix qui lui donne le contrôle des mers et du commerce pour deux siècles et assure de sa langue et de sa culture la domination qu'on leur connaît encore aujourd'hui.

Les conséquences du traité de Paris sont encore aujourd'hui ressenties au Québec, état successeur de la Nouvelle-France. Les Québécois sont les descendants des survivants de la Conquête de 1760 et perpétuent encore aujourd'hui leur langue et leur culture. Comme le disait l'historien Maurice Séguin, le développement normal de la société québécoise a été interrompu brutalement par l'annexion de la Nouvelle-France et les Québécois en paient encore aujourd'hui le prix^[12].

Les nations amérindiennes impliquées, dont l'immense majorité combattait aux côtés de leurs alliés français et canadiens, réagirent très fortement à cette paix pour laquelle ils n'avaient pas été consultés. Le gouverneur de la Louisiane, le chevalier de Kerlérec, écrira que les alliés amérindiens de la France : « qui ont sacrifié leur vie et leur tranquillité pour le service des Français... disent hautement qu'ils ne sont point encore tous morts, que le Français n'est point en droit de donner leurs terres et qu'enfin, ils savent ce qu'il leur reste à faire quand il sera question de cette cession »^[13].

Notes et références[modifier | modifier le code]

↑ Fowler Jr., William M., author., Empires at War : the French and Indian War and the Struggle for North America, 1754-1763 (ISBN 978-0-8027-1935-5 et 0-8027-1935-X, OCLC 955210725, lire en ligne), p. 271
↑ ^{a et b} Guy Frégault, La Guerre de la Conquête, Québec, Fides, 2009, 514 p. (ISBN 978-2-7621-2989-2), p. 412
↑ MICHEL BRUNET., LA FRANCE IMPERIALE ET LA NOUVELLE-FRANCE;UN REGARD NEUF SUR 1759, PIERRE TISSEYRE, 2022 (ISBN 2-89633-485-8 et 978-2-89633-485-8, OCLC 1296676654, lire en ligne), p. 223
↑ Craig Brown, Histoire générale du Canada, Montréal, Boréal, 1990, 694 p. (ISBN 2-89052-343-8), p. 228
↑ ^{a et b} Edmond Dziembowski, La guerre de Sept Ans, Éditions Perrin, 2015 (ISBN 978-2-262-05063-4, lire en ligne), p. 481
↑ Laurent Veyssière et Bertrand Fonck (dir), La guerre de Sept ans en Nouvelle France, Paris, Presses universitaires de la Sorbonne, 2011, 426 p. (ISBN 978-2-84050-777-2), p. 79
↑ Guy Frégault, La guerre de la conquête, 1754-1760, Fides, 2009 (ISBN 978-2-7621-2989-2 et 2-7621-2989-3, OCLC 302062310, lire en ligne), p. 396
↑ Jean Meyer, Jean Tarrade, Annie Rey-Goldzeiguer, Histoire de la France coloniale. Tome I, La conquête, éd. Armand Colin, Paris, 1991 (ISBN 2266070452), p. 279.
↑ Gilles Havard, Cécile Vidal, Histoire de l’Amérique française, éd. Flammarion, Paris, 2003 (ISBN 208080121X), p. 664.
↑ Saint-Martin, Gérard., Québec 1759-1760! : les plaines d'Abraham : l'adieu à la Nouvelle-France?, Economica, 2007 (ISBN 978-2-7178-5350-6 et 2-7178-5350-2, OCLC 506119492, lire en ligne), p. 225
↑ Havard, Gilles, 1967- auteur., Histoire de l'Amérique française (ISBN 978-2-08-147029-3 et 2-08-147029-2, OCLC 1127566147, lire en ligne), p. 659
↑ Pierre Graveline, Dix journées qui ont fait le Québec, 2020 (ISBN 978-2-89295-430-2 et 2-89295-430-4, OCLC 1125153277, lire en ligne), p. 130-133
↑ Villiers du Terrage, Marc de, 1867-1936., Les derniéres années de la Louisiane française : Le Chevalier de Herlérec, d'Abbadie, Aubry, Laussat. (OCLC 795536708, lire en ligne), p. 149

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Ouvrages[modifier | modifier le code]

Edmond Dziembowski, La guerre de Sept Ans, Éditions Perrin, 2015, 670 pages.
Guy Frégault, , Québec, Fides, 2009, 514 p. (ISBN 978-2-7621-2989-2),
Pierre Graveline (dir), Dix journées qui ont fait le Québec, Montréal, Typo, 2020, 406 pages.
Gilles Havard et Cécile Vidal, Histoire de l'Amérique française, Paris, Flammarion, 2003, 560 p.
Jean Meyer et al., Histoire de la France coloniale: des origines à 1914, t. 1, Paris, Armand-Colin, 2016, 848 p.
Denis Vaugeois, 10 février 1763, Le traité de Paris, VLB éditeur, 2013

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

Sur les autres projets Wikimedia :

Traité de Paris (1763), sur Wikisource

[1] Fowler Jr., William M., author., Empires at War : the French and Indian War and the Struggle for North America, 1754-1763 (ISBN 978-0-8027-1935-5 et 0-8027-1935-X, OCLC 955210725, lire en ligne), p. 271

[:1-2] {a et b} Guy Frégault, La Guerre de la Conquête, Québec, Fides, 2009, 514 p. (ISBN 978-2-7621-2989-2), p. 412

[3] MICHEL BRUNET., LA FRANCE IMPERIALE ET LA NOUVELLE-FRANCE;UN REGARD NEUF SUR 1759, PIERRE TISSEYRE, 2022 (ISBN 2-89633-485-8 et 978-2-89633-485-8, OCLC 1296676654, lire en ligne), p. 223

[4] Craig Brown, Histoire générale du Canada, Montréal, Boréal, 1990, 694 p. (ISBN 2-89052-343-8), p. 228

[:0-5] {a et b} Edmond Dziembowski, La guerre de Sept Ans, Éditions Perrin, 2015 (ISBN 978-2-262-05063-4, lire en ligne), p. 481

[6] Laurent Veyssière et Bertrand Fonck (dir), La guerre de Sept ans en Nouvelle France, Paris, Presses universitaires de la Sorbonne, 2011, 426 p. (ISBN 978-2-84050-777-2), p. 79

[7] Guy Frégault, La guerre de la conquête, 1754-1760, Fides, 2009 (ISBN 978-2-7621-2989-2 et 2-7621-2989-3, OCLC 302062310, lire en ligne), p. 396

[meyer-8] Jean Meyer, Jean Tarrade, Annie Rey-Goldzeiguer, Histoire de la France coloniale. Tome I, La conquête, éd. Armand Colin, Paris, 1991 (ISBN 2266070452), p. 279.

[9] Gilles Havard, Cécile Vidal, Histoire de l’Amérique française, éd. Flammarion, Paris, 2003 (ISBN 208080121X), p. 664.

[10] Saint-Martin, Gérard., Québec 1759-1760! : les plaines d'Abraham : l'adieu à la Nouvelle-France?, Economica, 2007 (ISBN 978-2-7178-5350-6 et 2-7178-5350-2, OCLC 506119492, lire en ligne), p. 225

[11] Havard, Gilles, 1967- auteur., Histoire de l'Amérique française (ISBN 978-2-08-147029-3 et 2-08-147029-2, OCLC 1127566147, lire en ligne), p. 659

[12] Pierre Graveline, Dix journées qui ont fait le Québec, 2020 (ISBN 978-2-89295-430-2 et 2-89295-430-4, OCLC 1125153277, lire en ligne), p. 130-133

[13] Villiers du Terrage, Marc de, 1867-1936., Les derniéres années de la Louisiane française : Le Chevalier de Herlérec, d'Abbadie, Aubry, Laussat. (OCLC 795536708, lire en ligne), p. 149

[1]

[2]

[3]

[4]

[5]

[6]

[7]

[8]

[9]

[10]

[11]

[12]

[13]

@@ Ligne 2 : / Ligne 2 : @@
 {{Infobox Traité
  | nom                 = Traité de Paris et leurs alliés.
- | nom_complet         = Traité de paix définitif et alliance entre la Grande-Bretagne, la France et l'Espagne
+ | nom_complet         = Traité de paix entre la Grande-Bretagne, la France, l'Espagne et le Portugal
- | image               = NorthAmerica1762-83.png
+ | image               = Traité de paix entre le Roi, le roi d'Espagne et le roi de la Grande-Bretagne, conclu à Paris le 10 février 1763, Une.png
  | image_taille        =
- | légende             = Les changements territoriaux en [[Amérique du Nord]] conséquemment au traité de paix.
+ | légende             = Traité de paix qui met fin à la [[Guerre de Sept Ans]], Paris, 10 février 1763
  | type                =
  | dépositaire         =
  | langue              =
  | langues             = [[Français]]
  | date_d'ébauche      =
  | date_de_signature   = {{date|10|février|1763}}
  | lieu_de_signature   = [[Paris]], France
  | date_du_sceau       =
  | date_effective      =
  | condition_effective = [[Ratification]] par l'Allemagne<br />et les trois principales puissances alliées.
  | date_expiration     =
  | signataires_1       = {{France monarchie}}<br />{{Espagne (1701-1748)}}
- | signataires_2       = {{Royaume de Grande-Bretagne}}<br />{{Royaume de Prusse}}
+ | signataires_2       = {{Royaume de Grande-Bretagne}}<br />{{Royaume de Portugal}}
- | parties_1           = Perdants
+ | parties_1           = Vaincus
  | parties_2           = Vainqueurs
  | ratifieurs_1        = [[César Gabriel de Choiseul-Praslin]]<br />[[Jerónimo Grimaldi]]
@@ Ligne 26 : / Ligne 26 : @@
 }}
+[[Fichier:NorthAmerica1762-83.png|vignette|Les changements territoriaux en [[Amérique du Nord]] conséquemment au traité de paix.]]
 [[File:Gravure allégorique sur le traite de paix de 1763.jpg|thumb|Estampe française allégorique représentant le traité de Paris en 1763.]]
+[[Fichier:Jean-Baptiste Deshays - Le Prévôt des marchands et les Échevins de la Ville de Paris , allégorie au traité de Paris (10 février 1763) - P1712 - Musée Carnavalet.jpg|vignette|Jean-Baptiste Deshays.- Le Prévôt des marchands et les Échevins de la Ville de Paris, allégorie au traité de Paris du 10 février 1763]]
-Le '''traité de Paris de 1763''' met fin à la [[guerre de Sept Ans]] et réconcilie, après trois ans de négociations, la [[Royaume de France|France]], l'[[Espagne]] et la [[Royaume de Grande-Bretagne|Grande-Bretagne]]. Les préliminaires sont signés le {{date|3|novembre|1762}} à [[Traité de Fontainebleau (1762)|Fontainebleau]]. Le traité définitif est signé le {{Date|10|février|1763}}.
+Le '''traité de Paris''' de 1763 est un traité de paix signé le 10 février 1763 entre les royaumes de [[Royaume de France|France]] et [[Royaume d'Espagne|d’Espagne]] d’un côté et la [[Grande-Bretagne (royaume)|Grande-Bretagne]] et du [[Portugal]] de l’autre. Il met fin à leur engagement dans la [[guerre de Sept Ans]] (1756-1763). Les préliminaires de ce traité furent négociés à [[Fontainebleau]] et ratifiés le 3 novembre 1762.
+Ce traité, conjugué à celui d'[[Traité de Hubertsbourg|Hubertsbourg]] entre l'[[Autriche|Empire autrichien]] et le [[royaume de Prusse]], met fin à ce que [[Winston Churchill]] nommera la première des guerres mondiales. Il est un des traités les plus importants de l'histoire européenne, voyant la France céder définitivement son statut de plus grande puissance mondiale, au profit de la Grande-Bretagne qui le conservera jusqu'à la [[Seconde Guerre mondiale]]. L'Empire britannique prend une position dominante en Amérique du Nord avec l'annexion de la [[Nouvelle-France]] tandis que le transfert de la [[Louisiane (Nouvelle-France)|Louisiane]] à l'Espagne confirme l'expulsion de la France du continent. La situation nouvelle ainsi créée jettera les fondations des révolutions américaines puis françaises.
-Ce traité consacre la Grande-Bretagne comme première puissance mondiale, puisqu'elle évince la France de presque tous les espaces coloniaux indiens et nord-américains. En [[Amérique du Nord]], le traité officialise notamment le passage de la [[Nouvelle-France]] aux mains des Britanniques, qui ont conquis le territoire lors de la [[Conquête de 1759-1760]].
-Le traité de Paris est signé cinq jours avant le [[traité de Hubertsbourg]], qui met fin à la troisième [[Guerres de Silésie|guerre de Silésie]].
 == Contexte ==
 {{Article détaillé|Guerre de Sept Ans}}
+Tout au long des {{XVIe|s}}, {{s2-|XVII|XVIII}}, les puissances européennes (principalement Espagne, [[Portugal]], [[Pays-Bas|Hollande]], France et Angleterre) se livrent une compétition économique, territoriale et coloniale. Les nombreuses guerres qui éclatent en Europe se transportent donc logiquement dans les colonies des pays engagés, pavent la voie aux nombreuses guerres intercoloniales qui ensanglanteront le reste du monde. La guerre de 7 ans, le plus grand de ces conflits s’en démarque néanmoins, car elle commence dans les colonies pour s’étendre à l’Europe. Les combats éclatent en 1754 en Amérique du Nord avec l’[[Bataille de Jumonville Glen|Affaire Jumonville]] et se prolongeront après la paix avec la [[rébellion de Pontiac]].
-Dans la seconde moitié du 18{{E}} siècle, le [[royaume de France]], alors dirigé par [[Louis XV]], est embourbé dans un conflit majeur que certains qualifient même de première guerre mondiale: la [[guerre de Sept Ans]]. Cette guerre, qui débute en 1756 et se conclut en 1763 avec la signature du traité de Par
+Si la France et ses alliés concentrent leurs efforts principalement sur le continent européen, la Grande-Bretagne se contente de soutenir son allié, la Prusse, et peut ainsi concentrer ses efforts dans les colonies. En Europe, Français, Russes et Autrichiens affrontent les Prussiens soutenus par les Britanniques au [[Province de Hanovre|Hanovre]] et en [[Silésie]]. Les prouesses militaires du Roi de Prusse, [[Frédéric II (roi de Prusse)|Frédéric le Grand]], évitent de justesse l'effondrement de son royaume, envahi par les forces supérieures en nombre de ses ennemis. En Amérique du Nord, Français et Britanniques se disputent la possession de la vallée de l'Ohio, de l'[[Acadie (Nouvelle-France)|Acadie]] ainsi que du [[Canada]]. Surnommé « guerre contre les Français et les Indiens » (''[[:en:French_and_Indian_War|French and Indian War]]'') dans l'historiographie anglophone, le conflit en Amérique septentrionale mobilise en nombre jamais vu les tribus autochtones intégrées aux systèmes d'alliance européens. Si les [[Iroquois]] et les [[Mohicans]] notamment rejoignent le camp britannique, la vaste majorité, des nations autochtones impliquées prennent les armes aux côtés des Français au nom [[Onontio|d'Onontio]]. En Inde, France et Angleterre se font la guerre par compagnies de commerce interposées : [[Compagnie britannique des Indes orientales|British East India Compagny]] contre [[Compagnie française des Indes orientales]]. Les mercenaires des deux organisations s'affrontent, renforcés par les contingents fournis par leurs alliés locaux. Tant en Inde qu'en Amérique, la faiblesse de la marine française empêche les généraux français d'exploiter leurs victoires sur le terrain et malgré une longue résistance, les points d'appui français tombent les uns après les autres : [[Québec (ville)|Québec]] en 1759, [[Montréal]] en 1760 et [[Pondichéry|Pondicherry]] en 1761.
-es coloniales (Royaume de France, [[Royaume d'Espagne]], [[Grande-Bretagne]], [[Royaume de Prusse]], [[Empire russe]], etc.) et leurs alliés sur plusieurs continents. La France et la Grande-Bretagne sont les principaux belligérants du conflit, plongés dans une guerre sans merci aux quatre coins du globe. L'Amérique du Nord est alors le principal théâtre des affrontements, alors que les deux grandes puissances se disputent la possession du [[Canada]]. Cette «guerre franco-indienne» (''French and Indian War'') mobilise les tribus autochtones intégrés aux systèmes d'alliance européens, notamment les [[Algonquiens]], alliés des Français, et les [[Iroquois]], alliés des Britanniques.
+== Le Grand Débat ==
-Les Français sont toutefois dépassés numériquement et militairement et peinent à protéger leur colonies nord-américaines.
+Les belligérants sont entrés en guerre avec des objectifs bien précis. Or, non seulement les Britanniques et les Prussiens ont-ils atteint les leurs, soit annexer les colonies françaises et conserver la Silésie et le Hanovre, mais les Russes sont sortis de la guerre et les Franco-Autrichiens constatent que leurs objectifs (tenir les colonies, prendre le Hanovre et la Silésie) sont hors de la portée de leurs pays épuisés par des années de défaites<ref>{{Ouvrage|prénom1=Fowler Jr., William M.,|nom1=author.|titre=Empires at War : the French and Indian War and the Struggle for North America, 1754-1763|passage=271|isbn=978-0-8027-1935-5|isbn2=0-8027-1935-X|oclc=955210725|lire en ligne=http://worldcat.org/oclc/955210725|consulté le=2022-07-06}}</ref>. La paix est désormais la seule option possible. II apparaît rapidement que la Grande-Bretagne devra rendre certaines de ses conquêtes afin de récupérer ses bases occupées par la France, notamment [[Minorque]]. Le choix se résumera rapidement entre le Canada et la [[Guadeloupe]].
+Prélude à l'éventuelle indépendance américaine, les colons et les métropolitains Anglais ne partagent pas les mêmes points de vue sur la suite des choses. Pour les habitants de la [[Nouvelle-Angleterre]], notamment [[Benjamin Franklin]], il est impensable que le Canada demeure français et puisse ainsi continuer à nuire au développement de leurs colonies. Vue de Londres, la crainte est plutôt que, désormais libérées de la menace française, les colonies n'en viennent à se dire qu'elles n'ont plus besoin de la protection de l'Empire britannique et ne cherchent à s'en séparer<ref name=":1">{{Ouvrage|auteur1=Guy Frégault|titre=La Guerre de la Conquête|passage=412|lieu=Québec|éditeur=Fides|date=2009|pages totales=514|isbn=978-2-7621-2989-2}}</ref>. Pour ces derniers, la rentabilité du sucre de la Guadeloupe peut justifier qu'on y sacrifie le rêve d'une Amérique entièrement anglaise. D'autant plus que, privée de sa capacité de croissance et limitée à la vallée du Saint-Laurent, la colonie française du Canada serait neutralisée et appauvrie<ref>{{Ouvrage|prénom1=MICHEL|nom1=BRUNET.|titre=LA FRANCE IMPERIALE ET LA NOUVELLE-FRANCE;UN REGARD NEUF SUR 1759|passage=223|éditeur=PIERRE TISSEYRE|date=2022|isbn=2-89633-485-8|isbn2=978-2-89633-485-8|oclc=1296676654|lire en ligne=http://worldcat.org/oclc/1296676654|consulté le=2022-07-06}}</ref>. Plusieurs voient également avec envie un possible monopole britannique sur la fourrure qui permettrait bien des enrichissements personnels<ref>{{Ouvrage|auteur1=Craig Brown|titre=Histoire générale du Canada|passage=228|lieu=Montréal|éditeur=Boréal|date=1990|pages totales=694|isbn=2-89052-343-8}}</ref>. À Versailles, [[Louis XV]] et son ministre responsable des négociations, Choiseul, pensent déjà à la reconstruction et à la revanche et misent déjà sur une éventuelle guerre d'indépendance des colonies<ref name=":1" />.
-La Conquête de 1759-1760, qui s'achève par la [[Siège de Québec (1759)|capitulation de Québec]] le 18 septembre 1759 et l'ultime tentative infructueuse de la [[Bataille de la Ristigouche]] en juillet 1760, aura finalement raison des ambitions françaises.
+Le souvenir de ce débat qui fut très divisé sur les deux rives de la Manche est en grande partie occulté par le rôle de [[Voltaire]]. Grand admirateur du modèle anglais et contempteur de la monarchie française, il critiqua sans cesse l'aventure coloniale de la Nouvelle-France, ce «petit terrain litigieux vers le Canada<ref name=":0">{{Ouvrage|prénom1=Edmond|nom1=Dziembowski|titre=La guerre de Sept Ans|passage=481|éditeur=Éditions Perrin|date=2015|isbn=978-2-262-05063-4|lire en ligne=http://dx.doi.org/10.3917/perri.dziem.2015.01|consulté le=2022-07-06}}</ref>». Ses écrits immortalisèrent son mépris des terres perdues en les comparant à «quelques arpents de neige» et en affirmant que «la France peut être heureuse sans Québec<ref>{{Ouvrage|auteur1=Laurent Veyssière et Bertrand Fonck (dir)|titre=La guerre de Sept ans en Nouvelle France|passage=79|lieu=Paris|éditeur=Presses universitaires de la Sorbonne|date=2011|pages totales=426|isbn=978-2-84050-777-2}}</ref>».
-En prélude du futur Traité de Paris, le {{Date|24|septembre|1760}}, le [[Pierre de Rigaud de Vaudreuil|gouverneur Vaudreuil]] a cédé le [[Canada (Nouvelle-France)|Canada]] et toutes ses dépendances à [[Montréal]], mais les [[Autochtones du Canada|alliés autochtones]] des Français avaient conclu une entente avec les Britanniques à [[Oswegatchie (ville)|Oswegatchie]] ([[25 août]]), tout comme l'avaient fait à [[Longueuil]] les [[Hurons]] de Lorette ([[5 septembre]]), et la colonie demeurait donc sous occupation d'un régime militaire (1760-1763) jusqu'à la négociation d'un traité de paix définitif.
+Au Canada même, la population s'attend à se voir rendue à la France. Néanmoins, les élites sont plus circonspectes. Cet échange entre [[Anne-Joseph-Hippolyte de Maurès de Malartic|Malartic]], officier français et [[James Murray (gouverneur)|Murray]], général anglais, en fait foi<ref>{{Ouvrage|prénom1=Guy|nom1=Frégault|titre=La guerre de la conquête, 1754-1760|passage=396|éditeur=Fides|date=2009|isbn=978-2-7621-2989-2|isbn2=2-7621-2989-3|oclc=302062310|lire en ligne=https://www.worldcat.org/oclc/302062310|consulté le=2022-11-07}}</ref> :
-== Conditions ==
-{{multiple image
- | align     = right
- | direction = vertical
- | header    = Robert Sayer, ''Accurate Map of North America'', 1775
- | width     = 250
- | image1    = Sayer Accurate Map of North America 1775 UTA (top).jpg
- | image2    = Sayer Accurate Map of North America 1775 UTA (bottom).jpg
-}}
+{{Citation bloc|- Croyez-vous que nous vous rendions le Canada ?
+- Je ne suis pas assez versé dans la politique pour voir les choses de si loin.
+- Si nous sommes sages, nous ne le garderons pas. Il faut que la Nouvelle-Angleterre ait un frein à ronger et nous lui en donnerons un qui l'occupera en ne gardant pas ce pays-ci.}}
+== Conditions ==
 Aux termes de ce traité, en [[Europe]] :
-* la France restitue [[Minorque]], qu'elle avait prise le {{Date|29|juin|1756}} ;
+* la France restitue [[Minorque]], qu’elle avait prise le {{Date|29|juin|1756}} ;
 * elle évacue les territoires des alliés de la Grande-Bretagne en [[Allemagne]] et les territoires du [[Électorat de Hanovre|Hanovre]], propriété personnelle du roi de Grande-Bretagne ;
 * la Grande-Bretagne rend [[Belle-Île-en-Mer|Belle-Île]] à la France, prise en [[1761]].
 En [[Amérique]] :
-* la Grande-Bretagne obtient de la France l'[[Île Royale (Cap-Breton)|île Royale]], l'[[Isle Saint-Jean]], l'[[Acadie]], et le [[Nouvelle-France|Canada]], y compris le bassin des [[Grands Lacs (Amérique du Nord)|Grands Lacs]] et la rive droite du [[Mississippi (fleuve)|Mississippi]]. La France abandonne également certaines îles des Antilles ([[Saint-Vincent (île)|Saint-Vincent]], la [[Dominique (pays)|Dominique]], [[Grenade (île)|Grenade]] et [[Tobago]]) ;
+* La Grande-Bretagne obtient de la France l'[[Île Royale (Cap-Breton)|île Royale]], l'[[Isle Saint-Jean]], l'[[Acadie]], et le [[Nouvelle-France|Canada]], y compris le bassin des [[Grands Lacs (Amérique du Nord)|Grands Lacs]] et la rive gauche (est) du [[Mississippi (fleuve)|Mississippi]]. La France abandonne également certaines îles des Antilles ([[Saint-Vincent (île)|Saint-Vincent]], la [[Dominique (pays)|Dominique]], [[Grenade (île)|Grenade]] et [[Tobago]]) ;
-* conformément à la [[Articles de capitulation de Montréal|capitulation conditionnelle]] de 1760, la Grande-Bretagne garantit une liberté de religion limitée aux Canadiens ;
+* conformément à la [[Articles de capitulation de Montréal|capitulation conditionnelle]] de 1760, la Grande-Bretagne garantit une liberté de religion limitée aux Canadiens ; ainsi que le droit de quitter la colonie sous 18 mois si leurs biens sont vendus à des sujets britanniques. Ces mêmes protections ne seront pas accordées aux Acadiens rescapés du [[Grand Dérangement|nettoyage ethnique de 1755]].
-* l'[[Espagne]] reçoit l'Ouest du Mississippi, soit la [[Louisiane (Nouvelle-France)]], le [[Delta du Mississippi|delta]] et [[La Nouvelle-Orléans]]<ref name="meyer">Jean Meyer, Jean Tarrade, [[Annie Rey-Goldzeiguer]], ''Histoire de la France coloniale. Tome I, La conquête'', éd. Armand Colin, Paris, 1991 {{ISBN|2266070452}}, {{p.}}279.</ref>{{,}}<ref>Gilles Havard, Cécile Vidal, ''Histoire de l’Amérique française'', éd. Flammarion, Paris, 2003 {{ISBN|208080121X}}, {{p.|664}}.</ref> ;
+* L'[[Espagne]] reçoit l'ouest du Mississippi, soit la [[Louisiane (Nouvelle-France)]], le [[Delta du Mississippi|delta]] et [[La Nouvelle-Orléans]]<ref name="meyer">Jean Meyer, Jean Tarrade, [[Annie Rey-Goldzeiguer]], ''Histoire de la France coloniale. Tome I, La conquête'', éd. Armand Colin, Paris, 1991 {{ISBN|2266070452}}, {{p.}}279.</ref>{{,}}<ref>Gilles Havard, Cécile Vidal, ''Histoire de l’Amérique française'', éd. Flammarion, Paris, 2003 {{ISBN|208080121X}}, {{p.|664}}.</ref> ;
 * l'Espagne cède la [[Floride]] à la Grande-Bretagne ;
 * la France conserve des droits de pêche à [[Terre-Neuve]] et dans le [[golfe du Saint-Laurent]] ;
 * en retour, elle acquiert [[Saint-Pierre-et-Miquelon]] et recouvre la plupart de ses îles à sucre ([[Martinique]], [[Guadeloupe]] et surtout [[Saint-Domingue (colonie française)|Saint-Domingue]]).
+* À noter que les Amérindiens sont totalement absents du traité. Pontiac invoquera notamment cette réalité pour justifier sa [[Rébellion de Pontiac|rébellion]].
 Dans le reste du monde :
-* la France cède son empire des [[Inde française|Indes]] aux Britanniques, ne conservant que ses cinq comptoirs de [[Pondichéry]], [[Kârikâl]], [[Mahé (Inde)|Mahé]], [[Yanaon]] et [[Chandernagor]]. En Afrique, elle est autorisée à garder son poste de traite des esclaves sur l'[[île de Gorée]] ([[Sénégal]]) mais elle cède [[Saint-Louis (Sénégal)|Saint-Louis du Sénégal]].
+* La France cède son empire des [[Inde française|Indes]] aux Britanniques, ne conservant que ses cinq comptoirs de [[Pondichéry]], [[Kârikâl]], [[Mahé (Inde)|Mahé]], [[Yanaon]] et [[Chandernagor]]. En Afrique, elle est autorisée à garder son poste de traite des esclaves sur l'[[île de Gorée]] ([[Sénégal]]) mais elle cède [[Saint-Louis (Sénégal)|Saint-Louis du Sénégal]].
+[[Fichier:Louis XV, King of France (1710-1774).jpg|vignette|Louis XV.]]
 == Bilan ==
+Le traité propulse la Grande-Bretagne au rang de première puissance mondiale, mais, paradoxalement, est vu comme un succès diplomatique français. En effet, face à une situation désespérée, Versailles parvient à négocier des conditions qui lui permettront de relever la France<ref>{{Ouvrage|prénom1=Saint-Martin,|nom1=Gérard.|titre=Québec 1759-1760! : les plaines d'Abraham : l'adieu à la Nouvelle-France?|passage=225|éditeur=Economica|date=2007|isbn=978-2-7178-5350-6|isbn2=2-7178-5350-2|oclc=506119492|lire en ligne=http://worldcat.org/oclc/506119492|consulté le=2022-07-06}}</ref>. Les réjouissances en France démontrent d’ailleurs que le peuple en a conscience à l’époque. Néanmoins, plusieurs parlent également d’une « paix humiliante qui vient de terminer une guerre honteuse<ref name=":0" />.
-Le bilan de ce traité est très positif pour la Grande-Bretagne, qui acquiert un [[Empire britannique|grand empire]]. La France perd son [[premier empire colonial]] et sort grande perdante, mais fête toutefois ce traité de paix, le [[17 juin]], par un [[feu d'artifice]] sur la [[place de Grève]], devant l'[[hôtel de ville de Paris]].
+* En conservant Saint-Pierre-et-Miquelon et des droits de pêche à Terre-Neuve, Choiseul sauve le principal vivier de marins français. Sans l'expérience maritime de ces pêcheurs, il deviendrait impossible pour la France de trouver suffisamment de matelots expérimentés pour servir efficacement sur ses navires en temps de guerre et espérer vaincre un jour la Grande-Bretagne<ref>{{Ouvrage|prénom1=Havard, Gilles, 1967-|nom1=auteur.|titre=Histoire de l'Amérique française|passage=659|isbn=978-2-08-147029-3|isbn2=2-08-147029-2|oclc=1127566147|lire en ligne=http://worldcat.org/oclc/1127566147|consulté le=2022-07-06}}</ref>.
-Le traité marque un tournant dans l'histoire de l'Europe et du monde, la France n'étant plus la nation européenne dominante. La Grande-Bretagne peut étendre librement son influence et sa culture sur le globe puisqu'elle s'est neutralisée et a pactisé avec les deux seules puissances capables de rivaliser avec elle. Cela explique aussi l'étendue de l'[[anglais]] comme langue en [[Amérique du Nord]] au détriment du [[français]], bien que la Nouvelle-France comprenait une grande partie des [[États-Unis]] et du [[Canada]] actuels.
+* En conservant des comptoirs en Inde, en Afrique et en Amérique, la France peut continuer à profiter du commerce international
+* La Grande-Bretagne étant désormais plus menaçante que la France, il sera plus facile à celle-ci de trouver des alliés pour reprendre un jour le combat.
+* La rupture entre les colonies et la métropole étant vue comme inévitable maintenant que la menace française n'existait plus, la Grande-Bretagne s'exposait à éventuellement perdre son empire et sa puissance sans que la France ait à tirer un seul coup de canon. « Nous les tenons », s'est même exclamé Choiseul.
+Néanmoins, Londres fête également cette paix qui lui donne le contrôle des mers et du commerce pour deux siècles et assure de sa langue et de sa culture la domination qu'on leur connaît encore aujourd'hui.
+Les conséquences du traité de Paris sont encore aujourd'hui ressenties au Québec, état successeur de la Nouvelle-France. Les Québécois sont les descendants des survivants de la Conquête de 1760 et perpétuent encore aujourd'hui leur langue et leur culture. Comme le disait l'historien Maurice Séguin, le développement normal de la société québécoise a été interrompu brutalement par l'annexion de la Nouvelle-France et les Québécois en paient encore aujourd'hui le prix<ref>{{Ouvrage|prénom1=Pierre|nom1=Graveline|titre=Dix journées qui ont fait le Québec|passage=130-133|date=2020|isbn=978-2-89295-430-2|isbn2=2-89295-430-4|oclc=1125153277|lire en ligne=https://www.worldcat.org/oclc/1125153277|consulté le=2022-11-07}}</ref>.
+Les nations amérindiennes impliquées, dont l'immense majorité combattait aux côtés de leurs alliés français et canadiens, réagirent très fortement à cette paix pour laquelle ils n'avaient pas été consultés. Le gouverneur de la Louisiane, le chevalier de [[Louis Billouart de Kerlerec|Kerlérec]], écrira que les alliés amérindiens de la France : « qui ont sacrifié leur vie et leur tranquillité pour le service des Français... disent hautement qu'ils ne sont point encore tous morts, que le Français n'est point en droit de donner leurs terres et qu'enfin, ils savent ce qu'il leur reste à faire quand il sera question de cette cession »<ref>{{Ouvrage|prénom1=Villiers du Terrage, Marc de,|nom1=1867-1936.|titre=Les derniéres années de la Louisiane française : Le Chevalier de Herlérec, d'Abbadie, Aubry, Laussat.|passage=149|oclc=795536708|lire en ligne=http://worldcat.org/oclc/795536708|consulté le=2022-07-06}}</ref>.
 == Notes et références ==
@@ Ligne 82 : / Ligne 92 : @@
 == Annexes ==
-== Bibliographie ==
+=== Bibliographie ===
-=== Ouvrages ===
-{{Ouvrage|langue=|auteur1=Gilles Havard et Cécile Vidal|titre=Histoire de l'Amérique française|passage=|lieu=Paris|éditeur=Flammarion|date=2003|pages totales=560|isbn=|lire en ligne=}}
-{{Ouvrage|langue=|auteur1=Jean Meyer et al.|titre=Histoire de la France coloniale: des origines à 1914|tome=1|passage=|lieu=Paris|éditeur=Armand-Colin|date=2016|pages totales=848|isbn=|lire en ligne=}}
-=== Sites internet ===
+==== Ouvrages ====
+* Edmond Dziembowski, ''La guerre de Sept Ans'', Éditions Perrin, 2015, 670 pages.
-{{Lien web |langue= |auteur=Denis Vaugeois |titre=Le 10 février 1763 — Le traité de Paris : la France peut être heureuse sans Québec |url=https://www.fondationlionelgroulx.org/Le-10-fevrier-1763-Le-traite-de.html#:~:text=Le%2010%20f%C3%A9vrier%201763%20%E2%80%94%20Le,Qu%C3%A9bec%20%2D%20La%20Fondation%20Lionel%2DGroulx |site= |date=23 février 2012 |consulté le=}}
+* Guy Frégault, , Québec, Fides, 2009, {{nb p.|514}} {{ISBN|978-2-7621-2989-2}},
+* Pierre Graveline (dir), ''Dix journées qui ont fait le Québec,'' Montréal, Typo, 2020, 406 pages.
+* {{Ouvrage|auteur1=Gilles Havard et Cécile Vidal|titre=Histoire de l'Amérique française|lieu=Paris|éditeur=Flammarion|date=2003|pages totales=560|isbn=|lire en ligne=}}
+* {{Ouvrage|auteur1=Jean Meyer et al.|titre=Histoire de la France coloniale: des origines à 1914|tome=1|lieu=Paris|éditeur=Armand-Colin|date=2016|pages totales=848|isbn=|lire en ligne=}}
+* Denis Vaugeois, ''10 février 1763, Le traité de Paris,'' VLB éditeur, 2013
 === Articles connexes ===
@@ Ligne 111 : / Ligne 121 : @@
 * [http://mjp.univ-perp.fr/traites/1763paris.htm Traité de paix définitif et alliance entre la Grande-Bretagne, la France et l'Espagne, conclus à Paris, avec les articles séparés y afférant – 10 février 1763 (Digithèque MJP)].
 * [http://www.herodote.net/histoire/evenement.php?jour=17630210 {{date-|10 février 1763}} – La France renonce à Québec], sur le site ''herodote.net.''
+* [https://fondationlionelgroulx.org/programmation/12/02/23/le-10-fevrier-1763-le-traite-de-paris Conférence sur le traité de Paris de la fondation Lionel Groulx].
-* Denis Vaugeois, ''1763. Le traité de Paris bouleverse l'Amérique'', les [[éditions du Septentrion]], Québec, 2013, 456 p. {{lire en ligne|lien=http://www.septentrion.qc.ca/catalogue/9782894487570|texte=présentation en ligne}}.
+{{Portail|droit|Nouvelle-France|Royaume de France|relations internationales|Empire britannique|années 1760}}
-{{Palette|Autochtones du Québec}}
-{{Portail|droit|histoire|Nouvelle-France|Royaume de France|relations internationales|Empire britannique|XVIIIe siècle}}
 [[Catégorie:Histoire du Canada]]
@@ Ligne 126 : / Ligne 135 : @@
 [[Catégorie:Traité de paix signé à Paris|1763]]
 [[Catégorie:Février 1763]]
+[[Catégorie:Relations entre la France et la Grande-Bretagne]]


Parties	Vaincus	Vainqueurs
Signataires	Royaume de France Royaume d'Espagne	Grande-Bretagne Royaume de Portugal
Ratifieurs	César Gabriel de Choiseul-Praslin Jerónimo Grimaldi	John Russell