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« Trahison de l'Ouest » : différence entre les versions

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* la période [[1936]]-[[1939]], lorsque les Occidentaux laissent [[Adolf Hitler|Hitler]] remilitariser la [[Rhénanie]], puis [[Anschluss|annexer l'Autriche]] et enfin démembrer, envahir et occuper la [[Tchécoslovaquie]] ([[accords de Munich]]) ;
* la période [[1936]]-[[1939]], lorsque les Occidentaux laissent [[Adolf Hitler|Hitler]] remilitariser la [[Rhénanie]], puis [[Anschluss|annexer l'Autriche]] et enfin démembrer, envahir et occuper la [[Tchécoslovaquie]] ([[accords de Munich]]) ;
* la période [[1939]]-[[1940]], lorsqu'ayant déclaré la guerre à l'Allemagne, France et Royaume-Uni n'attaquent pas celle-ci et se contentent d'[[Offensive de la Sarre|occuper temporairement la Sarre]] pendant [[Campagne de Pologne (1939)|l'invasion de la Pologne]], pour rester également sans réaction face à [[Joseph Staline|Staline]] lorsque celui-ci, après s'être allié avec l'Allemagne nazie par le [[Pacte germano-soviétique|Pacte de non-agression]], [[Invasion soviétique de la Pologne|attaque la Pologne]] à revers par l'Est en septembre 1939 (pendant que l'armée polonaise essaie de résister aux Allemands à l'Ouest), puis la [[Finlande]] en décembre 1939, et annexe les trois [[pays baltes]] en juin 1940 (profitant des déboires franco-britanniques lors de l'[[Bataille de France|invasion de la France]] par les troupes nazies) ;
* la période [[1939]]-[[1940]], lorsqu'ayant déclaré la guerre à l'Allemagne, France et Royaume-Uni n'attaquent pas celle-ci et se contentent d'[[Offensive de la Sarre|occuper temporairement la Sarre]] pendant [[Campagne de Pologne (1939)|l'invasion de la Pologne]], pour rester également sans réaction face à [[Joseph Staline|Staline]] lorsque celui-ci, après s'être allié avec l'Allemagne nazie par le [[Pacte germano-soviétique|Pacte de non-agression]], [[Invasion soviétique de la Pologne|attaque la Pologne]] à revers par l'Est en septembre 1939 (pendant que l'armée polonaise essaie de résister aux Allemands à l'Ouest), puis la [[Finlande]] en décembre 1939, et annexe les trois [[pays baltes]] en juin 1940 (profitant des déboires franco-britanniques lors de l'[[Bataille de France|invasion de la France]] par les troupes nazies) ;
* la période [[1943]]-[[1945]], lorsque malgré les révélations d'agents tels [[Jan Karski]] et d'[[Erwin Respondek]], les Occidentaux ne font rien pour arrêter la [[Shoah|machine d'extermination nazie]] (voies ferrées desservant les camps de la mort) ni pour secourir la [[Armia Krajowa|résistance polonaise]] durant l'[[insurrection de Varsovie]]<ref>[[Jan Karski]], ''Mon témoignage devant le monde : histoire d'un état clandestin'' Robert Laffont, 2010</ref>. La tenue à l'écart du [[gouvernement polonais en exil]] des tractations avec les Soviétiques concernant le sort des frontières de la Pologne, et notamment le retour à la version soviétique de la [[Ligne Curzon]] à l'est (donnant [[Lviv|Lwow]] à l'URSS), a créé un sentiment d'amertume au sein des troupes de l'[[Armée polonaise de l'ouest]] encore en lutte<ref>Général [[Wladyslaw Anders]], ''Mémoires 1939-1945'', La Jeune Parque Paris1948</ref>. S'y ajoutent des changements de politique comme l'abandon de la [[Armée yougoslave de la patrie|résistance loyaliste yougoslave]] au profit de la [[Armée populaire de libération et détachements de Partisans de Yougoslavie|résistance communiste]], ou encore leur refus d'accueillir ou de laisser débarquer des [[réfugié]]s [[Tragédie du Struma|fuyant la Shoah]] ou le [[Goulag]]<ref>Georges Coudry, ''Les Camps soviétiques en France : les Russes livrés à Staline en 1945'', Albin Michel, ISBN. : 2-226-08936-5</ref> ;
* la période [[1943]]-[[1945]], lorsque malgré les révélations d'agents tels [[Jan Karski]] et d'[[Erwin Respondek]], les Occidentaux ne font rien pour arrêter la [[Shoah|machine d'extermination nazie]] (voies ferrées desservant les camps de la mort) ni pour secourir la [[Armia Krajowa|résistance polonaise]] durant l'[[insurrection de Varsovie]]<ref>[[Jan Karski]], ''Mon témoignage devant le monde : histoire d'un état clandestin'' Robert Laffont, 2010</ref>. La tenue à l'écart du [[gouvernement polonais en exil]] des tractations avec les Soviétiques concernant le sort des frontières de la Pologne, et notamment le retour à la version soviétique de la [[Ligne Curzon]] à l'est (donnant [[Lviv|Lwow]] à l'URSS), a créé un sentiment d'amertume au sein des troupes de l'[[Armée polonaise de l'ouest]] encore en lutte<ref>Général [[Wladyslaw Anders]], ''Mémoires 1939-1945'', La Jeune Parque Paris1948</ref>. S'y ajoutent des changements de politique comme l'abandon de la [[Armée yougoslave de la patrie|résistance loyaliste yougoslave]] au profit de la [[Armée populaire de libération et détachements de Partisans de Yougoslavie|résistance communiste]], ou encore leur refus d'accueillir ou de laisser débarquer des [[réfugié]]s [[Tragédie du Struma|fuyant la Shoah]] ou le [[Goulag]]<ref>Georges Coudry, ''Les Camps soviétiques en France : les Russes livrés à Staline en 1945'', Albin Michel, {{ISBN|2-226-08936-5}}</ref> ;
* la période [[1945]]-[[1949]] avec le fameux accord des « [[Zone d'influence|zones d'influence]] », lorsque, conformément aux [[Conférences interalliées|accords]] du [[9 octobre]] [[1944]] à [[Moscou]] et de [[Conférence de Yalta|Yalta]], les Occidentaux laissent [[Joseph Staline|Staline]] imposer des [[dictature]]s [[Communisme|communistes]] qui dureront autour de 45 ans dans les pays de l'Est ; les Grecs, pour leur part, estiment que la « trahison de l'Occident » les a au contraire empêchés de construire le régime socialiste qu'une [[ELAS|majorité d'entre eux souhaitait]], provoqué une [[Guerre civile grecque|guerre civile]] et abouti ultérieurement à la [[dictature des colonels]] et à la partition de [[Chypre (île)|Chypre]] ;
* la période [[1945]]-[[1949]] avec le fameux accord des « [[Zone d'influence|zones d'influence]] », lorsque, conformément aux [[Conférences interalliées|accords]] du [[9 octobre]] [[1944]] à [[Moscou]] et de [[Conférence de Yalta|Yalta]], les Occidentaux laissent [[Joseph Staline|Staline]] imposer des [[dictature]]s [[Communisme|communistes]] qui dureront autour de 45 ans dans les pays de l'Est ; les Grecs, pour leur part, estiment que la « trahison de l'Occident » les a au contraire empêchés de construire le régime socialiste qu'une [[ELAS|majorité d'entre eux souhaitait]], provoqué une [[Guerre civile grecque|guerre civile]] et abouti ultérieurement à la [[dictature des colonels]] et à la partition de [[Chypre (île)|Chypre]] ;
* enfin la période [[1991]]-[[2007]], lorsqu’après l'effondrement du communisme, les Occidentaux ne proposèrent pas de nouveau [[plan Marshall]] aux pays livrés à la dictature durant près d'un demi-siècle, ne soutinrent pas les [[Dissidence|dissidents démocrates]] (sauf en [[Pologne]] et [[Tchécoslovaquie]]) mais négocièrent avec les dirigeants post-communistes issus de la [[nomenklatura]], et posèrent des conditions sévères à l'intégration de ces pays dans l'[[Union européenne]]<ref>[[Simone Veil]], travaux de la commission internationale pour les Balkans et du groupe de travail sur la libre circulation des personnes sur [http://www.fenetreeurope.com/php/page.php?section=actu&id=22007]</ref>; à cela s'ajoute, chez les [[Serbes]], le fait que les occidentaux ne firent rien pour décourager la dislocation de la [[Yougoslavie]], les déclarèrent « agresseurs » et soutinrent leurs adversaires indépendantistes [[Église catholique romaine|catholiques]] (en [[Slovénie]], [[Croatie]] et [[Bosnie-Herzégovine]]) et [[musulman]]s (en [[Bosnie-Herzégovine]] et au [[Kosovo]]).
* enfin la période [[1991]]-[[2007]], lorsqu’après l'effondrement du communisme, les Occidentaux ne proposèrent pas de nouveau [[plan Marshall]] aux pays livrés à la dictature durant près d'un demi-siècle, ne soutinrent pas les [[Dissidence|dissidents démocrates]] (sauf en [[Pologne]] et [[Tchécoslovaquie]]) mais négocièrent avec les dirigeants post-communistes issus de la [[nomenklatura]], et posèrent des conditions sévères à l'intégration de ces pays dans l'[[Union européenne]]<ref>[[Simone Veil]], travaux de la commission internationale pour les Balkans et du groupe de travail sur la libre circulation des personnes sur [http://www.fenetreeurope.com/php/page.php?section=actu&id=22007]</ref>; à cela s'ajoute, chez les [[Serbes]], le fait que les occidentaux ne firent rien pour décourager la dislocation de la [[Yougoslavie]], les déclarèrent « agresseurs » et soutinrent leurs adversaires indépendantistes [[Église catholique romaine|catholiques]] (en [[Slovénie]], [[Croatie]] et [[Bosnie-Herzégovine]]) et [[musulman]]s (en [[Bosnie-Herzégovine]] et au [[Kosovo]]).
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Lors des [[conférences interalliées]] [[Conférence de Téhéran|de Téhéran]] (28 novembre-9 octobre 1944), de Moscou (le {{date|9|octobre|1944}}), [[conférence de Malte|de Malte]] (du 30 janvier au 2 février 1945) et [[Conférence de Yalta|de Yalta]] (du 4 au 11 février 1945), fut décidé le déplacement vers l’ouest des frontières de la [[Pologne]] afin que l’URSS puisse garder les territoires polonais obtenus par le [[pacte germano-soviétique]] ; le [[Gouvernement polonais en exil|gouvernement polonais en exil à Londres]] n’en fut ni informé, ni consulté. On ne précisa pas les nouvelles frontières de la Pologne, les Britanniques pour éviter les protestations du gouvernement polonais et Roosevelt pour ne pas choquer les Américains d’origine polonaise. Après la Conférence, des fuites révélèrent que Britanniques et Américains avaient consenti à valider les frontières obtenues par Staline au [[pacte germano-soviétique]] : [[Anthony Eden]] (devant la [[Chambre des communes du Royaume-Uni|Chambre des Communes]] le 15 décembre 1943) et Franklin D. Roosevelt (devant le [[Congrès des États-Unis|Congrès]] le 11 janvier 1944) se livrèrent à des dénégations mensongères<ref>Céline Gervais-Francelle, ''Introduction'' à l'édition française 2011 de Jan Karski, ''Mon témoignage devant le monde'', format de poche, p. 18.</ref>. De plus, la frontière orientale de la Pologne ne fut pas, comme annoncé, calée sur la véritable [[ligne Curzon]] de 1919 qui laissait [[Lviv|Lwow]] à la Pologne (ligne surnommée par les Soviétiques « ligne Curzon B ») mais sur un tracé nommé « ligne Curzon A » proche du [[Pacte germano-soviétique|tracé germano-soviétique de 1939]] et donnant [[Lviv|Lwow]] à l'URSS. Plus symboliquement mais non moins douloureusement pour les Polonais, les membres de l’[[Armée polonaise de l'ouest]] ne furent pas invités à participer au défilé de la Victoire à Londres le 8 juin 1946 : du point de vue polonais, la Pologne a été traitée comme si elle avait été un ennemi des [[Alliés de la Seconde Guerre mondiale|Alliés]]<ref>Tadeusz Piotrowski, ''Poland's Holocaust: Ethnic Strife, Collaboration with Occupying Forces and Genocide in the Second Republic, 1918-1947'', McFarland & Company, 1997.</ref>.
Lors des [[conférences interalliées]] [[Conférence de Téhéran|de Téhéran]] (28 novembre-9 octobre 1944), de Moscou (le {{date|9|octobre|1944}}), [[conférence de Malte|de Malte]] (du 30 janvier au 2 février 1945) et [[Conférence de Yalta|de Yalta]] (du 4 au 11 février 1945), fut décidé le déplacement vers l’ouest des frontières de la [[Pologne]] afin que l’URSS puisse garder les territoires polonais obtenus par le [[pacte germano-soviétique]] ; le [[Gouvernement polonais en exil|gouvernement polonais en exil à Londres]] n’en fut ni informé, ni consulté. On ne précisa pas les nouvelles frontières de la Pologne, les Britanniques pour éviter les protestations du gouvernement polonais et Roosevelt pour ne pas choquer les Américains d’origine polonaise. Après la Conférence, des fuites révélèrent que Britanniques et Américains avaient consenti à valider les frontières obtenues par Staline au [[pacte germano-soviétique]] : [[Anthony Eden]] (devant la [[Chambre des communes du Royaume-Uni|Chambre des Communes]] le 15 décembre 1943) et Franklin D. Roosevelt (devant le [[Congrès des États-Unis|Congrès]] le 11 janvier 1944) se livrèrent à des dénégations mensongères<ref>Céline Gervais-Francelle, ''Introduction'' à l'édition française 2011 de Jan Karski, ''Mon témoignage devant le monde'', format de poche, p. 18.</ref>. De plus, la frontière orientale de la Pologne ne fut pas, comme annoncé, calée sur la véritable [[ligne Curzon]] de 1919 qui laissait [[Lviv|Lwow]] à la Pologne (ligne surnommée par les Soviétiques « ligne Curzon B ») mais sur un tracé nommé « ligne Curzon A » proche du [[Pacte germano-soviétique|tracé germano-soviétique de 1939]] et donnant [[Lviv|Lwow]] à l'URSS. Plus symboliquement mais non moins douloureusement pour les Polonais, les membres de l’[[Armée polonaise de l'ouest]] ne furent pas invités à participer au défilé de la Victoire à Londres le 8 juin 1946 : du point de vue polonais, la Pologne a été traitée comme si elle avait été un ennemi des [[Alliés de la Seconde Guerre mondiale|Alliés]]<ref>Tadeusz Piotrowski, ''Poland's Holocaust: Ethnic Strife, Collaboration with Occupying Forces and Genocide in the Second Republic, 1918-1947'', McFarland & Company, 1997.</ref>.


Concernant les opérations dans les [[Balkans]] occupés, Churchill annonça à Staline son intention de soutenir en [[Yougoslavie]] les [[Armée populaire de libération et détachements de Partisans de Yougoslavie|partisans]] [[Parti communiste de Yougoslavie|communistes]] dirigés par [[Josip Broz Tito|Tito]] plutôt que le groupe légitimiste des [[Tchetniks]] dirigés par [[Draža Mihailović]] et obéissant au [[Gouvernement yougoslave en exil|gouvernement yougoslave en exil à Londres]]. Churchill avait pris cette décision sur la base de rapports concluant que les Partisans infligeraient aux Allemands bien plus de dommages que les Tchetniks<ref>{{Ouvrage|auteur=Branko Miljuš|titre=La révolution yougoslave|éditeur=L'Âge d'homme|année=1982|pages totales=247|passage=119-133|titre chapitre=La collaboration avec l'ennemi|lire en ligne=http://books.google.fr/books?id=OSZjgQ55smgC&printsec=frontcover&hl=fr&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q&f=false}}</ref>{{,}}<ref>{{Ouvrage|auteur=Dusan-T Batakovic|titre=Histoire du peuple serbe|éditeur=L'Âge d'homme|année=2005|pages totales=386|passage=337|lire en ligne=http://books.google.fr/books?id=a0jA_LdH6nsC&printsec=frontcover&hl=fr&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q&f=false}}.</ref> (dont des groupes dissidents, en Bosnie-Herzégovine, en Croatie et en Dalmatie, distincts de ceux de Mihailović, collaboraient au contraire avec les occupants pour combattre les communistes) et sans se douter que ces rapports exagéraient largement le nombre des groupes dissidents et minimisaient les forces de Mihailović, grâce à l’influence des « [[Cinq de Cambridge]] », un groupe d’agents de renseignement britanniques du [[Secret Intelligence Service|SIS]] travaillant en fait pour le [[NKVD]]<ref>Christopher Andrew et Oleg Gordievsky, {{en}} ''Le KGB dans le monde, 1917-1990'', Fayard 1990, ISBN 2213026009 et Christopher Andrew, {{en}} ''Le KGB contre l'Ouest (1917-1991) : les archives Mitrokhine'', Fayard, 2000, 982 p.</ref>. [[Draža Mihailović]] et ses hommes, qui avaient déjà payé un lourd tribut à la répression nazie, furent tués ou mis au [[travail forcé]] dans des camps par le [[République fédérative socialiste de Yougoslavie|régime Titiste]], le gouvernement légitime réfugié à Londres se trouva abandonné et beaucoup de ses membres n’eurent plus qu’à demander l’asile politique<ref>Jean-Christophe Buisson, ''Le général Mihajlovic (1893-1946), héros trahi par les Alliés'', Perrin 1999, ISBN 2-262-01393-4.</ref>.
Concernant les opérations dans les [[Balkans]] occupés, Churchill annonça à Staline son intention de soutenir en [[Yougoslavie]] les [[Armée populaire de libération et détachements de Partisans de Yougoslavie|partisans]] [[Parti communiste de Yougoslavie|communistes]] dirigés par [[Josip Broz Tito|Tito]] plutôt que le groupe légitimiste des [[Tchetniks]] dirigés par [[Draža Mihailović]] et obéissant au [[Gouvernement yougoslave en exil|gouvernement yougoslave en exil à Londres]]. Churchill avait pris cette décision sur la base de rapports concluant que les Partisans infligeraient aux Allemands bien plus de dommages que les Tchetniks<ref>{{Ouvrage|auteur=Branko Miljuš|titre=La révolution yougoslave|éditeur=L'Âge d'homme|année=1982|pages totales=247|passage=119-133|titre chapitre=La collaboration avec l'ennemi|lire en ligne=http://books.google.fr/books?id=OSZjgQ55smgC&printsec=frontcover&hl=fr&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q&f=false}}</ref>{{,}}<ref>{{Ouvrage|auteur=Dusan-T Batakovic|titre=Histoire du peuple serbe|éditeur=L'Âge d'homme|année=2005|pages totales=386|passage=337|lire en ligne=http://books.google.fr/books?id=a0jA_LdH6nsC&printsec=frontcover&hl=fr&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q&f=false}}.</ref> (dont des groupes dissidents, en Bosnie-Herzégovine, en Croatie et en Dalmatie, distincts de ceux de Mihailović, collaboraient au contraire avec les occupants pour combattre les communistes) et sans se douter que ces rapports exagéraient largement le nombre des groupes dissidents et minimisaient les forces de Mihailović, grâce à l’influence des « [[Cinq de Cambridge]] », un groupe d’agents de renseignement britanniques du [[Secret Intelligence Service|SIS]] travaillant en fait pour le [[NKVD]]<ref>Christopher Andrew et Oleg Gordievsky, {{en}} ''Le KGB dans le monde, 1917-1990'', Fayard 1990, {{ISBN|2213026009}} et Christopher Andrew, {{en}} ''Le KGB contre l'Ouest (1917-1991) : les archives Mitrokhine'', Fayard, 2000, 982 p.</ref>. [[Draža Mihailović]] et ses hommes, qui avaient déjà payé un lourd tribut à la répression nazie, furent tués ou mis au [[travail forcé]] dans des camps par le [[République fédérative socialiste de Yougoslavie|régime Titiste]], le gouvernement légitime réfugié à Londres se trouva abandonné et beaucoup de ses membres n’eurent plus qu’à demander l’asile politique<ref>Jean-Christophe Buisson, ''Le général Mihajlovic (1893-1946), héros trahi par les Alliés'', Perrin 1999, {{ISBN|2-262-01393-4}}.</ref>.


== Notes et références ==
== Notes et références ==

Version du 4 décembre 2016 à 12:17

 : Neville Chamberlain, Édouard Daladier, Adolf Hitler et Benito Mussolini à Munich
Conservé à la Bildarchiv der Österreichischen Nationalbibliothek de Vienne, le fameux accord des « zones d'influence » contresigné par Churchill et Staline à Moscou le .
La conférence de Yalta. Les trois hommes assis :Winston Churchill, Franklin Delano Roosevelt et Joseph Staline.

La notion de trahison de l'Ouest se définit, dans une partie de l'historiographie des pays d'Europe centrale et orientale (PECO) et de la Grèce, en référence à la politique étrangère des puissances occidentales.

Substrat historique

Cette notion de « trahison » dont les pays d'Europe centrale et orientale et la Grèce seraient les « victimes » puise à plusieurs sources :

  • du fait qu'à partir de la fin du Mur de Berlin et du Rideau de fer, les pays de l'Ouest ont promu la démocratie, la liberté, la paix, la solidarité internationale et l'état de droit, mais ont posé des conditions draconiennes à l'intégration européenne, limité le droit des personnes à circuler, pris parti pour les mouvements centrifuges dans le conflit yougoslave et procédé à des expulsions de ressortissants des « PECO ».

Cette notion de « trahison de l'Ouest » pourrait se définir par la formule : « quand ils n'ont plus eu besoin de nous, ils nous ont abandonnés à la tyrannie »[2]. Il n'en demeure pas moins que cette « trahison » est plus l'effet d'une perception a posteriori de décisions souvent prises dans l'improvisation et ayant conduit au « sacrifice » des pays d'Europe centrale et orientale, que d'une politique planifiée des Occidentaux.

Périodes

Cinq périodes sont concernées :

Exemples polonais et yougoslave

Lors des conférences interalliées de Téhéran (28 novembre-9 octobre 1944), de Moscou (le ), de Malte (du 30 janvier au 2 février 1945) et de Yalta (du 4 au 11 février 1945), fut décidé le déplacement vers l’ouest des frontières de la Pologne afin que l’URSS puisse garder les territoires polonais obtenus par le pacte germano-soviétique ; le gouvernement polonais en exil à Londres n’en fut ni informé, ni consulté. On ne précisa pas les nouvelles frontières de la Pologne, les Britanniques pour éviter les protestations du gouvernement polonais et Roosevelt pour ne pas choquer les Américains d’origine polonaise. Après la Conférence, des fuites révélèrent que Britanniques et Américains avaient consenti à valider les frontières obtenues par Staline au pacte germano-soviétique : Anthony Eden (devant la Chambre des Communes le 15 décembre 1943) et Franklin D. Roosevelt (devant le Congrès le 11 janvier 1944) se livrèrent à des dénégations mensongères[7]. De plus, la frontière orientale de la Pologne ne fut pas, comme annoncé, calée sur la véritable ligne Curzon de 1919 qui laissait Lwow à la Pologne (ligne surnommée par les Soviétiques « ligne Curzon B ») mais sur un tracé nommé « ligne Curzon A » proche du tracé germano-soviétique de 1939 et donnant Lwow à l'URSS. Plus symboliquement mais non moins douloureusement pour les Polonais, les membres de l’Armée polonaise de l'ouest ne furent pas invités à participer au défilé de la Victoire à Londres le 8 juin 1946 : du point de vue polonais, la Pologne a été traitée comme si elle avait été un ennemi des Alliés[8].

Concernant les opérations dans les Balkans occupés, Churchill annonça à Staline son intention de soutenir en Yougoslavie les partisans communistes dirigés par Tito plutôt que le groupe légitimiste des Tchetniks dirigés par Draža Mihailović et obéissant au gouvernement yougoslave en exil à Londres. Churchill avait pris cette décision sur la base de rapports concluant que les Partisans infligeraient aux Allemands bien plus de dommages que les Tchetniks[9],[10] (dont des groupes dissidents, en Bosnie-Herzégovine, en Croatie et en Dalmatie, distincts de ceux de Mihailović, collaboraient au contraire avec les occupants pour combattre les communistes) et sans se douter que ces rapports exagéraient largement le nombre des groupes dissidents et minimisaient les forces de Mihailović, grâce à l’influence des « Cinq de Cambridge », un groupe d’agents de renseignement britanniques du SIS travaillant en fait pour le NKVD[11]. Draža Mihailović et ses hommes, qui avaient déjà payé un lourd tribut à la répression nazie, furent tués ou mis au travail forcé dans des camps par le régime Titiste, le gouvernement légitime réfugié à Londres se trouva abandonné et beaucoup de ses membres n’eurent plus qu’à demander l’asile politique[12].

Notes et références

  1. M. Chaulanges, J.M. D'Hoop, Histoire contemporaine, 1789-1848, Delagrave, Paris, 1960, p. 267-283 et L. Genet, L'époque contemporaine, 1848-1914, Hatier, Paris, 1961, p. 12-24, 56-62, 85, 295-338, 478-503.
  2. Oskar Krejčí : Geopolitics of the Central European Region. The view from Prague and Bratislava, éd. Veda, Bratislava 2005, 494 p., sur "Geopolitics of the Central European Region. The view from Prague and Bratislava".
  3. Jan Karski, Mon témoignage devant le monde : histoire d'un état clandestin Robert Laffont, 2010
  4. Général Wladyslaw Anders, Mémoires 1939-1945, La Jeune Parque Paris1948
  5. Georges Coudry, Les Camps soviétiques en France : les Russes livrés à Staline en 1945, Albin Michel, (ISBN 2-226-08936-5)
  6. Simone Veil, travaux de la commission internationale pour les Balkans et du groupe de travail sur la libre circulation des personnes sur [1]
  7. Céline Gervais-Francelle, Introduction à l'édition française 2011 de Jan Karski, Mon témoignage devant le monde, format de poche, p. 18.
  8. Tadeusz Piotrowski, Poland's Holocaust: Ethnic Strife, Collaboration with Occupying Forces and Genocide in the Second Republic, 1918-1947, McFarland & Company, 1997.
  9. Branko Miljuš, La révolution yougoslave, L'Âge d'homme, , 247 p. (lire en ligne), « La collaboration avec l'ennemi », p. 119-133
  10. Dusan-T Batakovic, Histoire du peuple serbe, L'Âge d'homme, , 386 p. (lire en ligne), p. 337.
  11. Christopher Andrew et Oleg Gordievsky, (en) Le KGB dans le monde, 1917-1990, Fayard 1990, (ISBN 2213026009) et Christopher Andrew, (en) Le KGB contre l'Ouest (1917-1991) : les archives Mitrokhine, Fayard, 2000, 982 p.
  12. Jean-Christophe Buisson, Le général Mihajlovic (1893-1946), héros trahi par les Alliés, Perrin 1999, (ISBN 2-262-01393-4).

Articles connexes