Démystificateur
Un démystificateur ou debunker (anglicisme) est une personne ou une organisation qui tente d'exposer ou de discréditer des revendications supposées fausses, exagérées ou prétentieuses[1]. Le terme est souvent associé à des enquêtes sceptiques de sujets controversés tels que les OVNIS, prétendus phénomènes paranormaux, cryptides, théorie du complot, médecines alternatives, religions, ou l'étude de science marginale ou de pseudo-science.
Selon le dictionnaire en ligne Merriam-Webster, « debunk » est défini comme « exposer l'imposture ou la fausseté de »[2].
Si les debunkers ne font pas attention, leurs communications peuvent se retourner contre eux, renforçant la croyance à long terme du public dans les mythes. Un effet de retour de flamme peut se produire si un message passe trop de temps sur le côté négatif, s'il est trop complexe ou s'il est menaçant[3].
Étymologie
L'American Heritage Dictionary (en) retrace le passage des mots bunk (nom), debunk (verbe) et debunker (nom) en anglais américain en 1923 sous la forme d’une excroissance tardive de bunkum, dont la premier utilisation enregistrée était en 1828, apparemment liée à un « discours pour le comté de Buncombe, Caroline du Nord » mal reçu par le représentant de Caroline du Nord Felix Walker au cours du 16e Congrès des États-Unis (en) (1819-1821)[4].
Le terme « debunk » est originaire d'un roman de 1923 Bunk, écrit par le journaliste Américain et historien populaire William Woodward (1874–1950) qui l'a utilisé pour signifier « extraire le non-sens (bunk (en)) des choses »[5].
Le terme « démystification » ne se limite pas aux arguments concernant la validité scientifique; il est également utilisé dans un sens plus général pour tenter de discréditer tout point de vue opposé, tel que celui d'un opposant politique.
Debunkers notable
- Stephen Barrett a fondé le site internet Quackwatch (en) et a écrit sur le charlatanisme médical (en anglais Quackery (en))[6].
- Brian Dunning (en) produit le podcast Skeptoid[7].
- Stanton Friedman a démystifié à la fois les supposés cas d'ovnis et les tentatives de démystification sur d'autres cas d'ovnis[8].
- Martin Gardner était un écrivain des mathématiques et des sciences qui avait largement critiqué la parapsychologie dans ses articles de magazines et livres[9].
- Susan Gerbic est la fondatrice et dirigeante de Guerrila Skepticism sur Wikipedia qui a pour mission d'améliorer le contenu sceptique de Wikipedia[10],[11]. Elle a concentré son activisme sceptique à démystifier de prétendus sujets psi, tels que Sylvia Browne, Chip Coffey et Tyler Henry[12],[13].
- Harry Houdini a démystifié les spiritualistes[9],[14].
- Ray Hyman est un psychologue connu pour avoir démystifié des études scientifiques liées à la parapsychologie[9].
- Philip Klass a été un pionnier dans les enquêtes sceptiques des ovnis[9],[15].
- Alan Melikdjanian (Captain Disillusion) démystifie, entre autres choses, des vidéos virales et paranormales « canular », le faisant avec humour, et en se focalisant fortement sur les effets visuels[16].
- Donald Menzel a été le prédécesseur de Philip Klass dans la démystification des ovnis[réf. nécessaire].
- Joe Nickell écrit régulièrement pour le magazine Skeptical Inquirer[9].
- Penn et Teller est un duo de divertissement démystifiant souvent les tours de magie et les illusions[17]. Ils ont également démystifié de nombreux autres aspects de la croyance populaire dans leur émission, Penn & Teller: Bullshit! .
- Dorothy Dietrich est une magicienne professionnelle, experte et historienne d'Houdini. Elle a été nommé responsable du site funéraire de Houdini et est la fondatrice du musée Houdini à Scranton, en Pennsylvanie[18].
- Philip Plait est un astronome et un écrivain scientifique spécialisé dans la lutte contre les pseudosciences liées à l'espace et à l'astronomie. Il a créé Badastronomy.com pour lutter contre les idées fausses sur l'astronomie et les sciences spatiales en fournissant une analyse critique des théories pseudoscientifiques relatives à ces sujets[19],[20],[21].
- Basava Premanand, fondateur de Indian CSICOP et de la fédération des associations rationalistes indiennes[22], a exposé divers god-men (en) indien (fakirs, sâdhus, Swamis, gurus, guérisseurs par la foi)[23],[24] et était connu pour être le critique le plus féroce de Sathya Sai Baba et de ses fraudes[23].
- James Randi a exposé des guérisseurs par la foi, sujets psi et d'autres qui prétendaient avoir des pouvoirs paranormaux[9],[25].
- Carl Sagan a été un astronome réputé qui a démystifié des prétendues rencontres du troisième type telles que l'abduction de Betty et Barney Hill, et des pseudosciences comme celle de Immanuel Velikovsky Worlds in Collision (en)[9],[26].
- Michael Shermer, directeur exécutif et fondateur de l'organisation à but non lucratif The Skeptics Society, et rédacteur en chef du magazine Skeptic (en)[9].
- Britt Marie Hermes est une debunker éminent de la naturopathie ayant elle même pratiquée la naturopathie par le passé[27].
- Benjamin Radford est un écrivain, chercheur et sceptique qui a écrit, coécrit ou contribué à plus de vingt livres et écrit plus de mille articles et chroniques traitant de sujets tels que les légendes urbaines, mystères inexpliquées et le paranormal[28],[29].
Organisations notable
- Committee for Skeptical Inquiry
- The Skeptics Society
- Les MythBusters, un programme de Discovery Channel. Deux ancien techniciens d'effets spéciaux, Jamie Hyneman et Adam Savage, testent la validité de légendes urbaines.
- La National Institute of Standards and Technology démystifie l'hypothèse de la démolition contrôlée du World Trade Center.
- Popular Mechanics est à l'origine de plusieurs publications qui réfutent également les théories du complot du 11 septembre, en particulier celles mentionnées dans Loose Change.
- Snopes debunke ou valide des légendes urbaines.
- Quackwatch (en)
- Le site internet Bad Astronomy, de l'astronome Philip Plait, démystifie l'astrologie et d'autres mythes liés au ciel.
- James Randi Educational Foundation
- American Council on Science and Health
Effet de retour de flamme
Les professeurs australiens Stephan Lewandowsky[30] et John Cook, chercheurs en communication sur le climat au Global Change Institute de l'Université du Queensland (et auteur sur SkepticalScience.com)[31] ont co-écrit le livre Debunking Handbook[3], dans lequel ils avertissent que les efforts de démystification peuvent se retourner contre nous. Les effets de retour de flamme se produisent lorsque des communicateurs scientifiques renforcent accidentellement de fausses croyances en essayant de les corriger[32], un phénomène connu sous le nom de persévérance de croyance (en)[33],[34].
Cook et Lewandowsky proposent des solutions possibles aux effets de retour de flammes comme décrits dans différentes études psychologiques. Ils recommandent de passer peu ou pas de temps à décrire les idées fausses car les gens ne peuvent s’empêcher de se rappeler des idées qu’ils ont entendues auparavant. Ils écrivent : « Votre objectif est d'augmenter la familiarité qu'on les gens avec les faits »[3],[35],[36]. Ils recommandent de fournir des arguments peu nombreux mais plus clairs, postulant que les gens retiennent plus facilement un message quand il est plus simple et plus facile à lire. Less is more (Moins, c'est plus) est particulièrement important, car les vérités scientifiques peuvent être extrêmement détaillées ; des images, des graphiques et des slogans mémorables aident à garder les choses simples[3],[37].
Les auteurs écrivent que les debunkers devraient essayer de développer l'ego des personnes d'une manière ou d'une autre avant d'affronter de fausses croyances, car il est difficile de considérer des idées qui menacent la vision du monde d'une personne[3],[38] (en effet, les idées menaçantes causent une dissonance cognitive). Il est également conseillé d'éviter les mots à connotation négative[3],[39]. Les auteurs décrivent des études qui ont montré que les gens détestent les explications incomplètes. Ils écrivent ceci : « En l'absence d'une meilleure explication, [les gens] optent pour une explication erronée ». Il est important de combler les lacunes conceptuelles et d'expliquer la cause de l'idée fausse en premier lieu[3],[40]. Les auteurs pensent que ces techniques peuvent réduire les risques de « retour de flamme » - qu'une tentative de démystification d'une mauvaise science augmentera la croyance du public dans les idées fausses.
Voir aussi
Liens externes
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Debunker » (voir la liste des auteurs).
Références
- (en) « the definition of debunker », sur www.dictionary.com (consulté le ) : « "to expose or excoriate (a claim, assertion, sentiment, etc.) as being pretentious, false, or exaggerated: to debunk advertising slogans." »
- (en) « Definition of DEBUNK », sur www.merriam-webster.com (consulté le )
- (en) John Cook et S. Lewandowsky, The debunking handbook, St. Lucie, Australie, Université de Queensland, (ISBN 9780646568126 et 0646568124, OCLC 768864362, lire en ligne)
- (en) « debunk. The American Heritage® Dictionary of the English Language: Fourth Edition. 2000. », sur web.archive.org, (consulté le )
- (en) Woodward, William E., 1874-1950., Bunk, Da Capo Press, 1976, ©1923 (ISBN 0306708469 et 9780306708466, OCLC 2331679, lire en ligne)
- "Area parents seek answer for Autism", Times Leader, April 1, 2002, "That is coincidence, said Dr. Stephen Barrett of Allentown, a veteran debunker and operator of Quackwatch.com."
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