Question de temps (émission)

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Question de temps était un magazine hebdomadaire d'actualité[1] de la télévision publique française, alors en situation de monopole, enregistré au studio de la rue Cognacq-Jay[2] et diffusé sur Antenne 2. Conçue, dirigée et présentée par Louis Bériot et Jean-Pierre Elkabbach, directeur de l'information de la chaîne, l'émission a alterné des épisodes jugés trop complaisants envers le pouvoir avec d'autres consacrés à des sujets de société jusque-là peu évoqués à la télévision.

Thèmes abordés[modifier | modifier le code]

  • L'un des premiers numéros, diffusé en direct sur Antenne 2 le 8 juin 1977, permet au président Valéry Giscard d'Estaing de dialoguer avec vingt-cinq élèves d'une classe de terminale d'un lycée lyonnais, peu de temps après le même type de dialogue, avec un panel de 70 Français dans l'émission Les Dossiers de l'écran, dans les deux cas « au coeur d'un dispositif pour servir ses intérêts »[3], qui renforce les critiques, dans le sillage de l'éviction de Maurice Siegel, directeur d’Europe 1, alors que les présidents de chaîne doivent « avoir l’aval du ministre de l’Intérieur » avant de nommer tout responsable de l’information[4].
  • En 1977 aussi, il consacre une émission aux différents aspects de la mort[5].
  • A partir de 1977 et les années suivantes, "Question de temps" consacre trois numéros aux questions énergétiques dont un sur les énergies douces[1].
  • Le 27 novembre 1978, trois semaines après qu'ait émergée l'idée d'un "bateau pour le Vietnam", clash entre André Glucksmann et René Andrieu, qui se lève et s'en va, devant Bernard Kouchner et la présidente du comité vietnamien pour la défense des droits de l'homme, André Glucksmann se levant ensuite à son tour pour partir aussi[2],[6]. Claude Sarraute, dans Le Monde du 29 novembre 1978, ironise sur un "incident bien parisien" dans un article titré "C'est lui qui a commencé";
  • 8 janvier 1979, François Mitterrand est invité et il rappelle la nature même du Premier ministre dans les institutions : c'est lui conduit la politique de la nation, pas le président de la République[7].
  • le 10 décembre 1979, "Question de temps", prétendant faire œuvre "de pédagogie de crise", met à l’antenne un journal télévisé entièrement fictif[8]. Le public n’ayant pas bien vu la mention « fiction » en haut à gauche de l’écran, le standard fut bloqué. Derrière le présentateur PPDA apparait la reproduction gros plan d’une fausse dépêche AFP annonçant que l'Arabie saoudite "cesse définitivement toute exportation de pétrole"[8]. L'émission « Vive la crise! » sur Antenne 2 utilisera le même procédé le 22 février 1984, avec une énumération d'une série d’augmentations en tous genres et de restrictions drastiques des aides[8], dans une émission qualifiée de «Groland de droite», prêchant pour un tournant politique encore plus néolibéral[9].
  • En 1979, le 5 novembre 1979, l’émission « Question de temps » s’interroge sur « ces hommes qui aiment les hommes » et diffuse un micro-trottoir à ce sujet[10];
  • En 1979, l’émission « Question de temps » reçoit Jacques Attali, qui fait alors la promotion de son livre "L'ordre cannibale", avec Jean-Pierre Elkabbach[11].
  • En 1979, l'émission reçoit Polanski, qui est interrogés syr son goût pour « les jeunes filles »[12];
  • En septembre 1980, Question de temps est consacrée à "L'été polonais";
  • En 1981, « Question de temps » est consacré le 25 janvier à « La France dans dix ans »[13];
  • En janvier 1981, "Question de temps" est parti interviewer des membres de l'équipe du président américain élu en décembre 1980, Ronald Reagan, et propose des reportages sur le potentiel militaire des États-Unis[14];
  • En février 1981, parmi les émissions spéciales qu'Antenne 2 consacre à la préparation de l'élection présidentielle, l'un des numéros de "Question de temps" aborde les questions de politique étrangère dans le débat électoral, avec un " Question de temps " au sujet du Zaïre et du Salvador le lundi 2 février 1980[15];

Fin[modifier | modifier le code]

Disparu des écrans de télévision en 1981, pour avoir trop fortement incarné le symbole de l'information télévisée suspecte de "giscardisme" et avoir vu son nom conspué à la Bastille le 10 mai 1981[16], Jean-Pierre Elkabbach perd cette émission et écrit un livre-plaidoyer avec Nicole Avril, sa femme, puis fait sa rentrée en 1982 sur les ondes d'Europe 1, avec "Découvertes", émission du début d'après-midi (15 h -16 h 30)[17].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b "Les écologistes dans les médias, de René Dumont à Dominique Voynet", par Patrick Salmon aux Editions L'Harmattan en 2001 [1]
  2. a et b "C'est lui qui a commencé", par Claude Sarraute, dans Le Monde du 29 novembre 1978 [2]
  3. "Jupiter et Mercure - Le pouvoir présidentiel face à la presse" par Alexis Lévrier aux Editions Petits matins en 2021 [3]
  4. "L'affaire Europe-1", par Hector de Galard dans Le Nouvel Observateur du 4 novembre 1974 [4]
  5. "Les couleurs de la vieillesse" par Dominique Dirlewanger, en 2018 chez Alphil-Presses universitaires suisses
  6. Archives INA, 27 novembre 1978 sur Antenne 2, clash entre André Glucksmann et René Andrieu [5]
  7. "Les partis politiques français. Attention danger" par Jacques Girardot en 2016 [6]
  8. a b et c "Le tigre, la peur et l’info' par Hervé Brusini, ancien rédacteur en chef de France Télévisions, prix Albert Londres [7]
  9. Vive la crise (1984) : mea culpa de Joffrin dans Slate, par Anne-Sophie Jacques, dans Arrêt sur image en 2014 [8]
  10. Article par Aurélie Champagne le 17 novembre 2016 dans L'Obs [9]
  11. Article Marianne par Youness Rhounna le 28/08/2017 dans Marianne [10]
  12. "1979, Polanski et son goût pour « les jeunes filles » Archives INA [11]
  13. "Les émissions de Cartes sur table diffusées en périodes électorales" par Lou Delhommeau, Mémoire de Master 2 préparé sous la direction de Pascale Goetschel, septembre 2019 [12]
  14. "La machine américaine" le 19 janvier 1981 dans Le Monde [13]
  15. "La campagne présidentielle sur Antenne 2" dans Le Monde du 19 janvier 1981 [14]
  16. "À bas la presse bourgeoise !Deux siècles de critique anticapitaliste des médias. De 1836 à nos jours", par Dominique Pinsolle en 2022 aux Editions Agone [15]
  17. "Que devenez-vous Elkabbach ?" par Annick Cojean le 28 novembre 1983 dans Le Monde [16]