Recy Taylor

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Recy Taylor
Recy Taylor en 1944.
Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 97 ans)
AbbevilleVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Activité

Recy Taylor, née le à Abbeville dans l'Alabama et morte le dans la même ville, est une personnalité afro-américaine victime d'un viol commis par six hommes non jugés malgré les aveux partiels de plusieurs d'entre eux. Ce crime impuni est considéré comme l'un des événements précurseurs du mouvement américain des droits civiques.

Circonstances[modifier | modifier le code]

Le 3 septembre 1944 au soir, Recy Taylor, une jeune métayère afro-américaine, mère de famille ayant la charge de ses frères et sœurs depuis le décès de leur mère, se rend à l'église pour un service de chants et de prières[1]. Elle est enlevée à la sortie de l'office par sept hommes blancs, puis victime d'un viol collectif[2]. Six des kidnappeurs y participent, le septième refusant d'y prendre part car il la connaît personnellement[1].

Le lendemain, alors que les six hommes ont été identifiés, Recy Taylor est victime de menaces de mort et une bombe incendiaire est lancée sur son domicile par des suprémacistes blancs[2].

Un grand jury, réuni une semaine après les faits, refuse d'inculper les violeurs, aucune charge n'étant retenue contre eux[1].

Un événement précurseur du mouvement pour les droits civiques[modifier | modifier le code]

En parallèle des investigations officielles, cette agression, « catalyseur précoce du Mouvement américain des droits civiques »[1], fait l'objet d'une enquête menée par la National Association for the Advancement of Colored People de Montgomery (Alabama) qui attribue le dossier à Rosa Parks[3]. Son action est rendue difficile par l'attitude hostile du shériff d'Abbeville[1].

Le 25 novembre 1944, Rosa Parks crée le Committee for Equal Justice for Mrs Recy Taylor. Les initiatives de ce comité forcent le gouverneur Chauncey Sparks à faire rouvrir l'enquête, ce qui aboutit à un second grand jury. Quatre des six hommes admettent des relations sexuelles avec Recy Taylor, mais prétendent qu'elle était consentante et qu'ils l'avaient payée pour cela. Tous sont de nouveau laissés en liberté. Recy Taylor et sa famille déménagent en Floride où elle retombe dans l'anonymat[1].

Reconnaissance[modifier | modifier le code]

L'affaire attire de nouveau l'attention avec la publication en 2010 du livre Black Women, Rape and Resistance de l'historienne Danielle L. McGuire[1]. Sa parution entraîne la présentation d'excuses officielles de la part de la législature de l'Alabama l'année suivante[2].

La cinéaste américaine Nancy Buirski consacre en 2017 un documentaire au viol de Recy Taylor qui est primé à la Mostra de Venise[4], Recy Taylor mourant trois semaines après sa sortie[1]. Le , alors qu'elle reçoit le Cecil B. DeMille Award lors de la 75e cérémonie des Golden Globes, dans le contexte de l'affaire Harvey Weinstein, Oprah Winfrey rappelle l'histoire de Recy Taylor dans son discours[5].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d e f g et h (en) Sewell Chan, « Recy Taylor, Who Fought for Justice After a 1944 Rape, Dies at 97 », New York Times,‎ (lire en ligne, consulté le )
  2. a b et c (en) Danielle L. McGuire, At the Dark End of the Street : Black Women, Rape, and Resistance—A New History of the Civil Rights Movement from Rosa Parks to the Rise of Black Power, New York, Random House, , 324 p. (ISBN 978-0-307-26906-5)
  3. (en) Southern black women find justice elusive for civil rights-era rapes, Associated Press, 15 octobre 2010.
  4. (en-US) Sam Roberts, « Nancy Buirski, Award-Winning Documentary Filmmaker, Dies at 78 », The New York Times,‎ (ISSN 0362-4331, lire en ligne, consulté le )
  5. (en-GB) Alice Vincent, « Recy Taylor: the woman whose rape inspired Rosa Parks in 1944, and is inspiring Oprah Winfrey today », The Telegraph,‎ (ISSN 0307-1235, lire en ligne, consulté le )

Liens externes[modifier | modifier le code]