Site néolithique du Montgué à Asnan

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Site néolithique du Montgué à Asnan
Image illustrative de l’article Site néolithique du Montgué à Asnan
Site néolithique du Montgué à Asnan
Localisation
Pays Drapeau de la France France
Département Nièvre
Commune Asnan

Le site néolithique du Montgué se trouve dans la commune d'Asnan, à une altitude comprise entre 355 et 360 mètres. Il se positionne sur l'extrémité sud d'un plateau en étoile, culminant lui-même à 391 mètres, un kilomètre plus au nord du Montgé. Le point culminant du plateau se trouve plus profondément dans la forêt, dans ce que l'on appelle le Bois des Menées. Du Montgué, il est possible d'avoir une vue panoramique et dégagée sur la vallée de l'Yonne, faisant face à la façade occidentale du Morvan. Le site et ses alentours ont fait l'objet de trouvailles préhistoriques au début du XXe siècle. Il faudra attendre les années 1970 pour que le Montgué puisse bénéficier de fouilles archéologiques. Les fouilles ont permis de mettre au jour des structures et divers outils en pierre, caractérisant le site comme étant un site néolithique de 0,5 ha dit en éperon barré doté d'un rempart lui-même adossé à un fossé[1]

Situation et accès[modifier | modifier le code]

Les découvertes du début du XXe siècle[modifier | modifier le code]

Il a fallu attendre les prospections sur le terrain des préhistoriens amateurs de la Société Nivernaise des Lettres, Sciences et Arts pour découvrir les premiers vestiges dans la commune. Parmi eux, le Docteur Jules Subert, résidant à Nevers, a effectué en 1925 une prospection de surface sur une station préhistorique près d'Asnan. Il y a mis au jour un certain nombre de silex taillés datant du Paléolithique, semblant être du Moustérien et du Magdalénien. De cette collection, il a fait don d'une partie à la société savante de Nevers. La présentation de sa découverte a eu lieu lors de la séance du 26 novembre 1925 dont le procès verbale a été publié par la Société Nivernaise dans son bulletin de l'année 1926[2].

En 1937, le docteur Jules Subert entreprend d'étendre la recherche des lieux à signaux de la province nivernaise, datant de l'époque gauloise jusqu'au télégraphe Chappe. Il se lance ainsi dans l'établissement d'un inventaire potentiel de ces lieux, s'inscrivant dans la continuité des travaux de M. Bulliot, mentionnés par Viollet-le-Duc, qui avait dressé l'inventaire entre Decize et le mont Beuvray. Au cours de cette prospection, il identifiera la "montagne" au-dessus d'Asnan comme étant un poste de signal à feu, avec la présence de silex rassemblés en un endroit restreint, sans pour autant préciser en détail l'époque et le contexte archéologique[3].

Henri Coqblin nous informe que les pentes du Montgué ont fourni, bien avant les fouilles des années 1970, plusieurs matériaux lithiques, tandis que d'autres ont été retrouvés à ses pieds. Parmi eux, on compte des nucléus, des grattoirs, des burins, des armatures de flèches et des hachettes polies[4].

Les fouilles archéologiques du site[modifier | modifier le code]

Le site néolithique d'Asnan a été soumis à des sondages puis à des fouilles sur trois espaces distincts. Ces travaux archéologiques ont été effectué par le Groupe Nivernais de Recherches archéologiques (Préhistoire) sous la direction d'Henri Coqblin de 1970 à 1971. Les rapports ont été publiés dans les bulletins de 1972 et 1978 du Groupe Nivernais, ainsi que dans les Annales des Pays Nivernais de 1972.

Le point culminant du plateau, à 390 mètres d'altitude[modifier | modifier le code]

Les archéologues y ont réalisé uniquement des sondages et des forages qui ont mis au jour des silex très peu retravaillés, sans débris de taille[4].

La zone de ravinement, située au niveau du calvaire, entre 370 et 380 mètres d'altitude[modifier | modifier le code]

Jean Arnoux résume les observations et la prospection sur le terrain effectuées au pied du calvaire sous la direction d'Henri Coqblin dans le Tome VII du bulletin du Groupe Nivernais, fascicule 2, publié en juillet 1978. Il en résulte que la matière première locale en termes de silex ne présente pas une qualité suffisante, selon les indices de débitage (des nucléus de petites tailles et des éclats irréguliers). Les hommes préhistoriques parviennent uniquement à produire des éclats lamellaires, mais pas des lamelles au sens strict du terme. L'outillage répertorié sur place est néanmoins significatif : des racloirs, trois grattoirs, des perçoirs et quatorze burins robustes, dont un burin à double face. C'est la présence de ces burins en nombre qui amène Jean Arnoux à conclure à l'existence d'une activité forestière à l'époque préhistorique[5].

Le replat de l'éperon et son rempart, entre 355 et 360 mètres d'altitude[modifier | modifier le code]

Henri Coqblin nous expose dans son article "Le site néolithique d'Asnan" les résultats de la fouille de cette zone en 1971. Au cours de cette campagne, les archéologues se sont concentrés exclusivement sur le rempart de 37 mètres et son fossé, qui barre l'éperon rocheux du Montgué d'est en ouest, formant ainsi à sa pointe sud ce qui ressemblerait à un camp retranché. La zone de fouille couvrait une superficie de 42 mètres carrés, avec une profondeur allant de 0,9 mètre à 1 mètre 10. Trois ensembles se dégagent très nettement : l'intérieur du camp, le rempart et le fossé[4].

L'intérieur du camp : ossements d'animaux et de pierres brûlées accompagnés de silex[modifier | modifier le code]

Henri Coqblin nous présente dans son article que l'intérieur du camp est parsemé d'ossements d'animaux calcinés parmi des pierres elles-mêmes brûlées. Les découvertes lithiques sont peu abondantes en quantité (un éclat avec retouche, un grattoir, un fragment de lame...), ce qui conduit Henri Coqblin à conclure que le camp retranché du Montgué n'était sans doute pas occupé en permanence, mais seulement pour faire face à un danger venant de l'extérieur[4].

La composition du rempart : mur de pierres sans parement mais muni possiblement de claies[modifier | modifier le code]

Les archéologues ont fouillé la moitié Est du rempart, qui mesure 4 mètres de large et est pourvu de trous de poteaux dans le sol primitif (cinq au total), tous renforcés de grosses pierres. Ceci conduit Henri Coqblin à déduire que la masse de terre et de pierre formant initialement le rempart a pu être maintenue par des claies[4].

Le fossé du rempart : entre deux rangées de pierre des ossements humains[modifier | modifier le code]

Au fond du fossé, disposé entre deux rangées de pierres, se trouve un mélange de quelques tessons de céramique, de couleur rouge ou noire, ainsi que d'une multitude d'ossements humains émiettés et calcinés. Les archéologues retranscrivent approximativement la position du corps, en particulier du crâne, qui semble être plus orienté vers l'ouest. Parmi les ossements, ils identifient des racines dentaires et une vertèbre intacte. Ils en envoient à la circonscription archéologique régionale pour obtenir une datation au carbone 14[4].

Voir aussi[modifier | modifier le code]

L'inventaire archéologique des fouilles et prospections de 1969 à 1971 est disponible dans le projet Wikimedia Commons ci-dessous.

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Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Sébastien Chevrier, « Les enceintes pré-médiévales du Nivernais-Morvan : de la documentation ancienne aux prospections récentes », Revue archéologique de l'Est, vol. 58, no 180,‎ , p. 133-174 (lire en ligne)
  2. « Séances tenues en 1925 », Bulletin de la Société Nivernaise des lettres, sciences et arts,‎ , p. XIV (lire en ligne)
  3. Docteur Jules Subert, « Les lieux à signaux : Des endroits qui servirent de lieux à signaux, depuis l'époque Gauloise jusqu'au Télégraphe Chappe », Les Cahiers du Pays : Bourgogne, Bourbonnais, Nivernais, Berry, Orléanais,‎ , p. 12 (lire en ligne)
  4. a b c d e et f « Le site néolithique d'Asnan », Les Annales des Pays Nivernais, nos 4/5,‎ , p. 7
  5. Jean Arnoux, « Le Néolithique du Calvaire du Montgué à Asnan (Nièvre) », Groupe Nivernais de Recherche Archéologique "Préhistoire", vol. Tome VII, no Fascicule 2,‎ , pages 37 à 40