Viaduc de Grandfey

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Viaduc de Grandfey
Le viaduc actuel avec un train le 9 avril 2009.
Le viaduc actuel avec un train le .
Géographie
Pays Suisse
Canton canton de Fribourg
District de la Sarine
Commune Granges-Paccot
Coordonnées géographiques 46° 49′ 34″ N, 7° 10′ 03″ E
Fonction
Franchit la Sarine
Fonction Pont ferroviaire et piéton
Caractéristiques techniques
Longueur 343 m
Portée principale 5 travées de 48,85 m au centre,
et de chaque côté,une travée de 43,3 m
Hauteur 82 m
Matériau(x) Premier pont : treillis métallique et maçonnerie
Pont actuel : béton armé
Construction
Construction Premier pont : 1857 à 1862
Pont actuel : 1925 à 1927
Architecte(s) Premier pont : Ferdinand Mathieu
Pont actuel : Robert Maillart
Entreprise(s) Premier pont : Schneider et Cie
Wirth, Studer & Co.
Géolocalisation sur la carte : Suisse
(Voir situation sur carte : Suisse)
Viaduc de Grandfey

Le viaduc de Grandfey est situé sur la ligne de chemin de fer Berne-Lausanne, et est un des plus grands ponts de Suisse, dans le canton de Fribourg.

Localisation[modifier | modifier le code]

Le viaduc traverse la vallée de la Sarine, profonde et large à cet endroit du hameau de Grandfey, commune des Granges-Paccot, à environ trois kilomètres au nord de la gare de Fribourg en direction de Guin.

Histoire[modifier | modifier le code]

Premier viaduc[modifier | modifier le code]

Le viaduc en 1862.

En 1856, la compagnie de chemin de fer Lausanne- Fribourg-Berne charge l’ingénieur Leopold Blotnitzki de l’étude du projet de construction de cet ouvrage complexe. La conception est réalisée par une équipe de quatre personnes : Durbach, Karl Etzel (en), François Jacqmin et Wilhelm Nördlinger, ingénieur (alors actif en France sous le nom de Nordling) appelé de Stuttgart. Cette étude prend en compte le viaduc de Crumlin (en), construit récemment à Crumlin au pays de Galles, terminé en 1857, et le viaduc Sitter (de) près de Saint-Gall. Le processus de construction est planifié par Ferdinand Mathieu, ingénieur de la société Schneider et Cie au Creusot qui a reçu le contrat pour les parties métalliques. Les travaux de génie civil et de maçonnerie sont confiés à la compagnie suisse Wirth, Studer & Co[1].

Le pont de 380 m de long[1], haut de 80 m[1], à double voie ferrée, construit entre 1857 et 1862, est formé de six fermes en treillis métalliques, reposant sur de grands piliers avec une embase en pierre et supportant une solide poutre en treillis sur laquelle est fixée la superstructure des voies de chemin de fer. Les cinq travées centrales ont une longueur de 48,75 m chacune, et les travées d’extrémité 43,30 m. À l’intérieur des treillis, une voie permet le passage des piétons et des petits chariots. Le viaduc de Grandfey crée ainsi un passage pour les petits transports terrestres au-dessus de la longue gorge infranchissable de la Sarine[1].

Le viaduc par Isidore Laurent Deroy

Les socles en maçonnerie des piliers font jusqu’à 32 m de hauteur pour que leurs sommets soient tous au même niveau. Les socles des piliers IV et V, qui sont dans le lit de la rivière, sont protégés du courant par un revêtement en pierre calcaire. Les piliers sont faits de tuyaux en fonte de 3,93 m chacun, empilés sur onze niveaux, reliés par des armatures en treillis de fer forgé, le tout pour une longueur totale de 43,20 m. Le support de la voie ferrée est fait de poutres en treillis, parallèles et espacées de 2,09 m d’axe en axe. Le passage pour les piétons est situé entre les deux poutres centrales. Pour les piliers, 1 300 tonnes de fonte et 700 tonnes d'acier forgé sont utilisées ; 1 250 tonnes d'acier forgé sont utilisées pour les poutres.[1].

Le viaduc de Grandfey est considéré comme le premier pont construit où Ferdinand Mathieu, ingénieur principal chez Schneider et Cie, utilisa la méthode du lancement par poussage progressif qu’il avait inventée. Dans cette méthode, la poutre en treillis, poussée au-dessus de la vallée, sert de grue pour chaque travée[2]. Le viaduc de Grandfey a influencé la conception du Viaduc de Busseau, construit de 1863 à 1864 par Nordling. Il a aussi servi de modèle pour le Viaduc du Malleco au Chili, également construit par Schneider et Cie de 1886 à 1891.

Du fait de la circulation de trains plus lourds, le viaduc de Grandfey est modifié en 1892 avec une voie unique, et une vitesse limitée à 40 km/h[3].

Second viaduc[modifier | modifier le code]

Second viaduc de Grandfey.
Le viaduc, avec un train juste pile au milieu. Décembre 2022.

Avec l’électrification du réseau des Chemins de fer fédéraux (CFF), le pont doit supporter des trains plus lourds et plus rapides. Le viaduc de Grandfey est reconstruit dans une nouvelle forme de 1925 à 1927, en suivant les principes développés par le bureau de construction des ponts des CFF qui avaient déjà été utilisés pour le Viaduc du Day. Robert Maillart, pionnier des grands ponts en béton en Suisse, est nommé ingénieur-conseil par les CFF. Les six piliers en fonte et fer forgé, totalement enrobés dans du béton, supportent six larges arches en béton construites selon le système de Josef Melan. Chacune des cinq grandes arches centrales a une ouverture de 42 m[4].

Le passage piéton est conservé sur le dessus des grandes arches, sous la voie de chemin de fer. Les deux longues rangées d’arcades qui portent la voie de chemin de fer reposent sur les grandes arches. Cette double rangée d’arches supérieures donne à ce grand ouvrage la forme d’une structure très classique. Fait remarquable, la circulation des trains n'a jamais été interrompue durant les travaux de modification depuis le premier viaduc vers le second[5],[a].

Du fait de la construction du barrage du lac de Schiffenen, terminé en 1964[6], les pieds du pont sont désormais dans l’eau du lac.

Passage et sculpture de Richard Serra[modifier | modifier le code]

Le passage dans le viaduc de Grandfey, une passerelle sous les voies, est l’un des plus beaux points de vue du réseau de randonnée pédestre et cycliste du canton de Fribourg[5].

Une installation minimaliste de l’artiste américain Richard Serra (nommée Maillart Bridge extended) et créée en 1988 est située dans ce passage[5]. Elle représente une poutre en forme de L. Pour des raisons de sécurité, en , les CFF complètent l’œuvre par deux garde-corps, qui sont enlevés plus tard.

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

(en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Grandfey Viaduct » (voir la liste des auteurs).
  1. Voir la vidéo RTS en lien externe.

Références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d et e Bühler 1925, p. 301.
  2. Marrey 1990, p. 210.
  3. Bühler 1925, p. 304.
  4. Bühler 1925, p. 305.
  5. a b et c « Viaduc de Grandfey, description », sur Fribourg Tourisme et Région (consulté le ).
  6. « Barrage du lac de Schiffenen », sur torpille.ch, (consulté le ).

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Adolphe Bühler, « La reconstruction du viaduc de Grandfey », Bulletin Technique de la Suisse Romande, no 25,‎ , p. 301-307 (lire en ligne).
  • Adolphe Bühler, La reconstruction du viaduc de Grandfey des chemins de fer fédéraux suisses, L'Entreprise, , 32 p. (présentation en ligne).
  • Klaus Uhr, « Le pont de Grandfey : prouesse technique », revue Pro Fribourg, no 71 (n° spécial Noël),‎ , p. 42-45 (lire en ligne [PDF]).
  • Bernard Marrey, Les Ponts Modernes : 18e–19e siècles, Paris, Éditions Picard, (ISBN 2-7084-0401-6), p. 210.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]