Un vieil homme et sa femme, un jour, étaient assis devant la porte de leur pauvre maison pour respirer un peu au milieu du travail, quand tout à coup s'arrêta devant eux un superbe carrosse attelé‚ de quatre chevaux.
Un seigneur magnifiquement vêtu en descendit et le vieux paysan se leva, alla au-devant du seigneur pour lui demander ce qu'il désirait et en quoi il pouvait le servir. L'étranger serra la main du vieillard et lui dit : " Je voudrais seulement me régaler d'un plat paysan. Préparez-moi un plat de pommes de terre comme vous les mangez d'ordinaire et je me mettrai à table avec vous ; cela me fera grand plaisir. "
Le paysan s'en amusa. " Vous êtes un comte, lui dit-il. Ou un prince, ou peut-être même un duc, est-ce que je sais ? Les grands seigneurs ont quelquefois des caprices de ce genre... On va satisfaire votre désir, en tout cas. "
Sa femme s'en alla dans la cuisine laver et râper les pommes de terre dont elle voulait faire des boulettes à la mode paysanne, et pendant qu'elle était occupée à la cuisine, le paysan proposa à l'inconnu de l'accompagner à son jardin, derrière la maison, où il avait encore un petit travail à finir, Au jardin, il avait déjà creuse les trous et il lui restait à planter de jeunes arbres fruitiers.
- Vous n'avez donc pas d'enfant ? demanda l'étranger. Un fils vous donnerait un bon coup de main dans votre travail.
- Non, répondit le paysan ou plutôt, j'ai bien eu un garçon autrefois, mais il y a un bon bout de temps qu'il est parti de par le monde. C'était de la mauvaise graine : un garçon intelligent et malin, mais qui ne voulait rien apprendre et ne faisait que de mauvais tours ; pour finir, il s'en est allé et je n'ai plus jamais entendu parler de lui.
Tout en parlant, le vieux paysan avait pris un arbrisseau, l'avait placé dans le trou, puis il avait planté un tuteur à coté et enfin, après avoir ramené et bien tassé la terre, il attacha solidement au pied, en bas et au milieu, le jeune tronc contre le tuteur avec de la paille tressée.