La Soupe à la brochette IV : Ce que dit la quatrième souris lorsqu'elle prit la parole avant la troisièmepage 2 / 2
- Allons donc ! disait-il, ne faites donc pas de soupe à la brochette. Quand ils entendaient cela, les jeunes savaient qu'ils avaient dit une sottise. Le hibou me donna la bienvenue et me promit de me protéger contre tous les animaux malfaisants, mais il me prévint que, si l'hiver était dur, il me croquerait. Comme je vous ai dit, c'était un animal très avisé, et rien ne lui en imposait.
- Tenez, me dit-il une fois, le veilleur de nuit s'imagine être un personnage parce que, quand il y a un incendie, il réveille toute la ville avec les fanfares qu'il tire de son cor, mais il ne sait absolument rien faire au monde que de sonner de la trompe. Tout cela, c'est de la soupe à la brochette. Je l'interrompis pour le prier de me donner la recette de ce mets :
- Comment ! dit-il, vous ne savez pas que c'est une façon de parler inventer par les hommes ? Chacun la prend plus ou moins dans son sens, mais au fond ce n'est que l'équivalent de rien du tout.
- Bien ! m'écriai-je frappée de cette explication. Ce que vous dites là anéantit toutes mes illusions sur cette fameuse soupe, mais après tout, c'est bien la vérité, et la vérité est ce qu'il y a de plus précieux au monde. Et je quittai la tour et je me hâtai de revenir parmi vous, vous apportant non pas la soupe, mais quelque chose de bien plus estimable, la vérité. Les souris, me disais-je, passent avec raison pour une race éclairée, et notre roi, renommé pour son esprit, sera enchanté de posséder la vérité, et il me fera reine.
- Ta vérité n'est que mensonge ! s'écria la troisième souris qui n'avait pas eu son tour de parole. Je sais préparer la soupe, vous allez le voir de vos yeux.