Le Fils du Roi qui n'a peur de rienpage 1 / 6
Il était une fois un fils de roi qui ne se plaisait plus dans la maison de son père, et comme il n'avait peur de rien, il se dit: « Je vais aller de par le vaste monde, je n'y connaîtrai pas l'ennui et je verrai des quantités de choses étonnantes. » Il dit donc adieu à ses parents et partit, marchant sans relâche du matin au soir, et peu lui importait de savoir où son chemin le menait.
Il se trouva qu'un jour, il arriva devant la maison d'un géant, et comme il était fatigué, il s'assit devant la porte pour se reposer. Et tandis qu'il laissait son regard errer de-ci de-là, il vit dans la cour les jouets du géant: c'étaient plusieurs énormes boules et des quilles de la taille d'un homme. Au bout d'un petit moment, il eut envie de jouer; il posa les quilles debout et se mit à les viser avec les boules, et quand il les touchait, il s'exclamait et criait, et il était de bonne humeur.
Le géant entendit ce bruit, passa la tête par la fenêtre et vit un homme qui n'était pas plus grand que d'autres, mais qui jouait avec ses quilles. « Petit vermisseau, lui cria-t-il, pourquoi joues-tu avec mes quilles? Qui t'a donné la force nécessaire? » Le fils de roi leva les yeux, vit le géant et lui dit: « Lourdaud que tu es, tu crois sans doute être le seul à avoir de la force dans les bras? Je peux faire tout ce dont j'ai envie. » Le géant descendit dans la cour, le regarda jouer aux quilles, très étonné, puis il lui dit:
- Petit d'homme, puisque tu es de cette trempe, va donc me chercher une pomme de l'arbre de vie.
- Que veux-tu en faire? demanda le fils de roi.
- La pomme, je ne la veux pas pour moi, mais j'ai une fiancée qui en désire une. Je suis allé très loin dans le monde, mais je ne parviens pas à trouver cet arbre.
- Je le trouverai, moi, dit le fils de roi, et je ne sais pas ce qui pourra me retenir d'aller cueillir la pomme.
- Crois-tu que cela soit si facile? dit le géant. Le jardin dans lequel pousse cet arbre est entouré d'une grille de fer, et devant la grille, des bêtes sauvages sont couchées l'une près de l'autre, qui montent la garde et qui ne laissent entrer personne.