Les trois cheveux d'or du diablepage 4 / 7
- Alors, dit le passager, rends-moi le service de m'apprendre si je dois toujours rester à ce poste, sans jamais être relevé.
- Attends, répondit-il, je te le dirai à mon retour. » De l'autre côté de l'eau, il trouva la bouche de l'enfer. Elle était noire et enfumée. Le diable n'était pas chez lui; il n'y avait que son hôtesse, assise dans un large fauteuil.
« Que demandes-tu? lui dit-elle d'un ton assez doux. « Il me faut trois cheveux d'or de la tête du diable, sans quoi je n'obtiendrai pas ma femme.
- C'est beaucoup demander, dit-elle, et si le diable t'aperçois quand il rentrera, tu passeras un mauvais quart d'heure. Cependant tu m'intéresses, et je vais tâcher de te venir en aide. »
Elle le changea en fourmi et lui dit: « Monte dans les plis de ma robe; là tu seras en sûreté
- Merci, répondit-il, voilà qui va bien; mais j'aurais besoin en outre de savoir trois choses: pourquoi une fontaine qui versait toujours du vin ne fournit même plus d'eau; pourquoi un arbre qui portait des pommes d'or n'a plus même de feuilles; et si un certain passager doit toujours rester à son poste sans jamais être relevé. - Ce sont trois questions difficiles, dit-elle; mais tiens-toi bien tranquille, et sois attentif à ce que le diable dira quand je lui arracherai les trois cheveux d'or. » Quand le soir arriva, le diable revint chez lui.
A peine était-il entré qu'il remarqua une odeur extraordinaire. « Il y a du nouveau ici, dit-il; je sens la chair humaine. » Et il alla fureter dans tous les coins, mais sans rien trouver. L'hôtesse lui chercha querelle. « Je viens de balayer et de ranger, dit-elle, et tu vas tout bouleverser ici, tu crois toujours sentir la chair humaine. Assieds-toi et mange ton souper. » Quand il eut soupé, il était fatigué; il posa su tête sur les genoux de son hôtesse, et lui dit de lui chercher un peu les poux; mais il ne tarda pas à s'endormir et à ronfler. La vieille saisit un cheveu d'or, l'arracha et le mit de côté.