Le violon merveilleuxpage 2 / 4
Le renard s'approcha, et lui dit: "Eh! cher musicien, que tu joues bien! Je voudrais bien apprendre ton art."
- "La chose est facile," répondit le musicien, "il suffit pour cela que tu fasses exactement tout ce que je te dirai."
- "Oh! cher musicien," reprit le renard, "je te promets de t'obéir, comme un écolier obéit à son maître."
- "Suis-moi," dit le ménétrier. Quand ils eurent marché pendant quelques minutes, ils arrivèrent à un sentier bordé des deux côtés par de hauts arbustes. En cet endroit, le musicien s'arrêta, saisit d'un côté du chemin un noisetier qu'il inclina contre terre, mit le pied sur sa cime; puis de l'autre côté, il en fit de même avec un autre arbrisseau; après quoi, s'adressant au renard: "Maintenant, camarade, s'il est vrai que tu veuilles apprendre quelque chose, avance ta patte gauche."
Le renard obéit, et le musicien lui lia la patte à l'arbre de gauche. "Renard, mon ami," lui dit-il ensuite, "avance maintenant ta patte droite." L'animal ne se le fit pas dire deux fois, et le ménétrier lui lia cette patte à l'arbre de droite. Cela fait, il lâcha les deux arbustes qui se redressèrent soudain, emportant avec eux dans l'air le renard qui resta suspendu et se débattit vainement. "Attends-moi jusqu'à ce que je revienne," dit le musicien.
Et il continua sa route. Il ne tarda pas à penser pour la troisième fois: "Le temps me semble long dans cette forêt; il faut que je tâche de me procurer un autre compagnon." En conséquence, il prit son violon, et les accords qu'il en tira retentirent à travers le bois. Alors arriva, à bonds légers, un levraut. "Ah! voilà un levraut," se dit le musicien. "Ce n'est pas là le compagnon que je désire."
- "Eh! cher musicien," dit le levraut, "que tu joues bien! je voudrais bien apprendre ton art."
- "La chose est facile," répondit le ménétrier, "il suffit pour cela que tu fasses exactement tout ce que je te dirai."