S'étant approchées, elles reconnurent avec effroi leur vieille rencontre, le nain, qu'un aigle avait saisir dans ses serres et allait emporter. Courageusement, les deux enfants se saisirent d'un bâton et se précipitèrent à son secours. Elles se battirent tant et tant pour arracher le petit homme aux serres de l'oiseau qu'à la fin, elles vainquirent.
Tout juste remis de sa peur, le nain glapit:
- Vous avez déchiré mon bel habit. Vous êtes toujours aussi sottes et maladroites, et toujours aussi laides, tout juste bonnes pour aller au diable!
Chargeant alors sur son dos un sac de pierres précieuses qui se trouvait derrière un gros rocher, il se faufila dans une crevasse ouverte dans le sol.Les fillettes, habituées à cette ingratitude, ne s'émurent pas outre mesure, et continuèrent leur chemin jusqu'à la ville.
Le soir, en revenant, elles prirent le même sentier qu'au matin; elles surprirent le nain en contemplation devant les pierres précieuses qu'il avait vidées de son sac et qui éclataient de mille feux aux lueurs du couchant. Émerveillées, elles s'arrêtèrent:
-Vous ne savez que bayer aux corneilles, décidément! jeta le nain, tout rouge. Partez d'ici!
Et, tandis qu'il criait sa colère, un grand ours brun sortit pesamment des buissons.
Le nain, fou de terreur, fit un saut en arrière en hurlant:
- Monsieur l'ours, laissez-moi la vie; je vous donne toutes ces pierres précieuses. Je suis tout petit, si chétif. Voyez ces deux fillettes, grasses comme des oies. Elles feront bien mieux votre affaire.
D'un seul coup de patte, sans autre forme de procès, l'ours supprima le méchant nain pour toujours. Les deux sœurs affolées allaient s'enfuir quand l'ours murmura: